Communications affichées / La Revue de médecine interne 32S (2011) S99–S191
l’odynophagie associée [2]. Les autres localisations laryngées (ventricules, aryténoïdes ou région supra-glottique) et oro-pharyngées sont plus rares. Les lésions peuvent prendre différents aspects : inflammatoire ulcéro-nécrotique, miliaire ou nodulaire pseudotumoral inquiétant. Dans un contexte épidémiologique et clinique évocateur (immunodépression, séjour en pays d’endémie, sujet âgé), la radiographie thoracique, indiquée même en l’absence de signes respiratoires comme dans nos deux observations, peut fréquemment révéler une tuberculose pulmonaire. La confirmation de l’atteinte ORL repose sur l’étude histologique et microbiologique des biopsies. Le traitement antituberculeux conventionnel de six mois est indiqué. Conclusion.– Le clinicien doit connaître les atteintes ORL de la tuberculose et l’aide diagnostique de la radiographie thoracique. Toute biopsie doit faire l’objet d’une recherche de mycobactéries. Menon K, et al. J Laryngol Otol 2007;121:362-368 Yencha MW, et al. Am J Otolaryngol 2000;21:122-126 doi:10.1016/j.revmed.2011.03.150 CA024
l’évolution peut être catastrophique avec envahissement méningé et lyse osseuse. (1). Des cas sont rapportés chez l’immunocompétent, avec souvent la notion d’une effraction dentaire en regard, comme ce fut le cas chez notre patiente (2). Le passé d’addiction a sans doute joué un rôle dans le développement de cette mycose sinusienne (3). Il n’y a pas d’intérêt à un traitement systémique en l’absence de signe d’agressivité (ostéolyse, angio invasion) chez l’immunocompétent, alors que celui-ci se justifie chez le patient immunodéprimé ou diabétique. Conclusion.– Les zygomycoses peuvent toucher le patient immunocompétent surtout en cas d’effraction dentaire en regard de la cavité sinusienne. Le tableau est généralement moins agressif, permettant parfois de ne pas recourir au traitement anti fungique comme chez notre patiente. Lakatos B et al. Orv Hetil. 2010 Sep 26;151(39) :1591-1596 Auxiliadora-Martins M et al. Braz J Med Biol Res. 2010 Aug; 43(8):794-798. Louati I et al. Rev Neurol (Paris). 2009 Nov;165(11):957-961. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.151
Mucormycose sinusienne : à propos d’un cas chez une patiente immunocompétente
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P. Bélénotti a , M. Migerel a , A. Benyamine a , A. Lagier b , A. Varoquaux c , N. Ene a , J. Michel b , O. Lortholary d , J. Serratrice a , P. Dessi b , PJ. Weiller a a Médecine interne service du Pr Weiller, CHU la Timone, Marseille, France b Fédération d’ORL, CHU la Timone, Marseille, France c Service de radiologie, CHU la Timone, Marseille, France d Service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Necker, Paris, France
R. Hajji , A. Mersni , A. Hamzaoui , M. Khanfir Smiti , I. Ben Ghorbel , M. Lamloum , MH. Houman Médecine interne, hôpital la Rabta, Tunis, Tunisie
Introduction.– Parmi les infections fungiques, la mucormycose est le plus souvent associée à un terain d’immunodéficience, en particulier le diabète (1). Elle est souvent agressive, ne respectant pas les limites anatomiques. La guérison est obtenue au prix de délabrement anatomique important et d’un traitement anti fungique prolongé. Patients et méthodes.– Nous rapportons un cas de mucormycose du sinus maxillaire droit survenu chez une patiente immunocompétente de 41 ans, dont l’évolution a été favorable sans recours aux anti fungiques. Observation.– Une femme de 41 ans est adressée par le service d’ORL pour une sinusite du maxillaire droit évoluant depuis trois ans. Elle a comme antécédents un tabagisme à huit paquets année sévré depuis cinq ans, la pose d’implant dentaire en maxillaire droit (matériel Biooss) il y a trois ans. L’état général est conservé ; elle ne se plaint que de douleurs du maxillaire droit, sans rhinorrhée. À l’interrogatoire elle avoue une consommation occasionnelle de LSD et de rails de cocaïne dans sa jeunesse. Sur l’IRM le sinus maxillaire droit est le siège d’un liquide non rehaussé par le produit de contraste en hypo-signal T2 et iso-signal T1 sur 23 × 26 mm dont l’asignal central évoque une truffe aspergillaire. La patiente subit une bi-méatotomie maxillaire droite et infundibulotomie droite. Les prélèvements retrouvent de larges filaments mycéliens non septés qui ne sont pas branchés à 45 ◦ C, sans angio invasion. Le bilan sanguin ne met en évidence ni syndrome inflammatoire, ni stigmate d’immunosuppression (phénotypage lymphocytaire normal, absence d’hypogammaglobulinémie, absence de pic à l’électrophorèse des protéines sériques, sérologie VIH négative). La patiente a été traitée par chirurgie seule et surveillance clinico radiologique. Le dernier contrôle scannographique à un an était tout à fait satisfaisant. Discussion.– Les mucormycoses touchent plus volontiers les patients immunodéprimés ou diabétiques. Sur ces terrains
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Les uvéites secondaires aux infections locorégionales dans un service de médecine interne
Introduction.– Les uvéites constituent une pathologie relativement fréquente. Leurs causes sont multiples regroupant des maladies purement ophtalmologiques, des maladies infectieuses, des maladies systémiques, voire des causes médicamenteuses. Potentiellement graves, elles peuvent mettre en jeu le pronostic visuel et sont responsables de 10 % des cécités. De ce fait, il est important d’en déterminer la cause afin d’améliorer l’efficacité de leur traitement en particulier les infections locorégionales dont l’antibiothérapie seule peut épargner au patient un traitement lourd au long cours par une corticothérapie et/ou des immunosuppresseurs. Patients et méthodes.– Nous rapportons les résultats d’une étude rétrospective colligeant tous les cas d’uvéites hospitalisés dans un service de médecine interne sur une période de huit ans (2001–2009) en précisant le profil épidémiologique, clinique, thérapeutique et évolutif des uvéites secondaires aux infections locorégionales. Résultats.– Cent cinquante-huit cas d’uvéites étaient recensés ; parmi eux, seulement 11 cas d’uvéites secondaires aux infections locorégionales (6,96 %). Ces patients étaient six hommes et cinq femmes d’âge moyen de 28 ans (extrêmes de 15 à 64 ans). Les uvéites étaient bilatérales dans huit cas, homolatérales au siège de l’infection dans deux cas et controlatérale dans un seul cas. Les étiologies sont réparties entre : des sinusites (cinq cas), des herpès cutanés (quatre cas), un abcès dentaire (un cas) et une otite moyenne (un cas). Le traitement, essentiellement étiopathogénique, était basé sur une antibiothérapie adaptée associé à des traitements locaux. En aucun cas, la corticothérapie et les immunosuppresseurs n’étaient indiqués. L’évolution était marquée par l’amélioration rapide de l’acuité visuelle et régression progressive des uvéites chez tous les patients. Conclusion.– La prise en charge d’une uvéite représente pour l’interniste un véritable défi tant la liste des étiologies potentielles est longue. Les infections locorégionales sont les causes des uvéites les plus pourvoyeuses d’un bon pronostic. Une bonne démarche diagnostique et thérapeutiques basées sur la collaboration entre les internistes et les ophtalmologues et d’autres spécialistes est de grand apport dans la stratégie de prise en charge des uvéites. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.152