Annales de réadaptation et de médecine physique 46 (2003) 497–500 www.elsevier.com/locate/annrmp
179 Compréhension des actes de langage par des enfants et des adolescents porteurs de lésions frontales V. Dardiera, C. Delayeb, A. Laurent-Vannierb a
Université de Rennes 2, Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Education, 35043 Rennes cedex ; b Service de rééducation des pathologies neurologiques acquises de l’enfant, Hôpital National de Saint Maurice, 94410 Saint Maurice Mots clés : lésions frontales, langage, pragmatique Introduction : Le langage formel est généralement peu altéré après une lésion frontale. En revanche, des troubles pragmatiques sont souvent constatés mais restent cependant peu étudiés. Objectifs : Notre objectif était d’évaluer les capacités pragmatiques et métapragmatiques d’enfants et d’adolescents après lésion frontale par une épreuve de compréhension des demandes. Notre hypothèse était que ces patients auraient plus de difficultés que les sujets contrôles. Méthode : La population était constituée de dix patients de neuf à vingt ans et dix sujets contrôles. Seize situations de demandes (présentées sous forme de deux photographies) furent proposées aux sujets. La tâche des sujets était de dire si la fin de l’histoire (action de l’auditeur) allait avec le début (demande du locuteur) et de justifier leur réponse. Résultats : Les patients ont plus de difficultés que les sujets contrôles à interpréter des énoncés de demandes (capacités pragmatiques) et à fournir des justifications contenant uniquement une information centrale (capacités métapragmatiques). Discussion : Les lésions frontales sont à l’origine, comme chez l’adulte, de difficultés d’utilisation du langage en l’absence de troubles aphasiques. Cet aspect du langage doit donc être étudié après lésion cérébrale. Conclusion : Il faut aller plus loin dans la mise au point d’outils d’évaluation de l’aspect pragmatique du langage.
180 Consultation d’évaluation des compétences et des troubles cognitifs chez l’enfant Infirme Moteur d’Origine Cérébrale : bilan sur deux ans F. Marchal, V. Quentin Service de Rééducation des Pathologies Neurologiques congénitales, Hôpital National de Saint-Maurice, 94410, France Mots clés : Infirmité Motrice d’Origine Cérébrale, troubles cognitifs, évaluation Introduction :L’Infirmité Motrice d’Origine Cérébrale (IMOC est caractérisée par la survenue de lésions cérébrales en période anté- ou péri-natale entraînant des troubles de la posture et du mouvement auxquels peuvent s’associer des troubles cognitifs plus ou moins dissociés (langagiers, neurovisuels, gnosiques, mnésiques, dyséxécutifs) avec ou sans déficience mentale. Nous sommes confrontés à une demande croissante d’évaluation des compétences cognitives des enfants IMOC, évaluation toujours complexe du fait de l’interaction des troubles et de l’hétérogénéité des tableaux. Une consultation spécifique a donc été développée pour tenter de répondre à cette demande. Objectifs : Evaluer l’impact d’une consultation orientée vers l’évaluation des troubles des fonctions supérieures de l’enfant IMOC. Méthodes : Le protocole comporte une consultation médicale qui oriente l’évaluation en hôpital de jour faisant intervenir selon les besoins : psychologue, orthophoniste, orthoptiste, ergothérapeute, psychomotricien, éducateur, enseignant. Les professionnels qui interviennent habituellement auprès de l’enfant sont conviés à la réunion de synthèse qui suit l’évaluation (équipes médicodoi:10.1016/S0168-6054(03)00192-2
sociales, rééducateurs libéraux, équipes « médico- scolaires ») si la famille en est d’accord. Celle-ci est reçue ensuite par le médecin avec transmission de conclusions écrites. Résultats : Nous présentons une analyse rétrospective sur deux années de données quantitatives et qualitatives relatives aux motifs de la consultation, aux attentes des adresseurs et à celles de la famille, aux moyens mis en œuvre par le service, à l’étiologie et à la nature des troubles observés, aux propositions thérapeutiques et aux modifications effectives engendrées dans la prise en charge et le devenir de l’enfant. Discussion-Conclusion : Compte tenu des connaissances récentes sur les atteintes cognitives après lésion cérébrale anté-ou périnatale, nous discutons la pertinence du protocole mis en place et la qualité du service rendu par cette consultation
181 Rôle de l’attention divisée sur les capacités de lecture des traumatisés crâniens graves S. Zambona, V. Lespineta, H. Sauzéona, J.M. Mazauxa,b, C. De Paepea , S. Lozesb, M. Barata,b, B. N’Kaouaa a
EA 487 Sciences de la Cognition, Université VS Bordeaux 2, 33076 Bordeaux, France ; b Service MP Réadaptation, Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, 33076 Bordeaux, France Mots clés : Allocation attentionnelle, attention divisée, lecture, traumatisme crânien
Introduction : De nombreux travaux démontrent qu’un traumatisme crânien grave exerce de graves répercussions sur les capacités d’attention divisée [1], tandis que les capacités de lecture ne semblent pas, en dehors de cas d’aphasie évidente, être affectées. Cependant de nombreux blessés se plaignent de fatigabilité, ou de gène à la lecture [2]. Objectifs : Evaluer l’influence des troubles d’attention divisée sur les capacités de lecture des traumatisés crâniens. Méthodes : Deux groupes de sujets : huit patients traumatisés crâniens graves engagés dans un programme UEROS ne se plaignant pas de troubles de la lecture et huit sujets contrôles appariés en sexe, âge et niveau d’éducation. Procédure : les sujets effectuent une tâche simple de lecture à haute voix d’items isolés permettant de tester la voie d’adressage (mot) et la voie d’assemblage (logatome). Le temps de lecture est ensuite ajusté pour chaque catégorie d’items échoués. Une tâche double est ensuite proposée, qui consiste en la réalisation simultanée de la tâche de lecture (avec un temps de présentation ajusté) et d’une tâche de détection de sons. Le degré d’allocation des ressources attentionnelles est manipulé : tantôt les deux tâches ont le même degré de priorité, tantôt l’une des deux tâches est prioritaire. Résultats : Sur la tâche simple, les patients produisent moins de réponses correctes que les sujets contrôles (p = 0.0003). Les omissions (p = 0.06) et les temps d’ajustement (p = 0.01) sont plus importants pour les logatomes. Sur la tâche double, l’analyse de la tâche de détection de sons ne met pas en évidence un déficit de l’Administrateur central de la mémoire de travail (p > 0.400). Le nombre de réponses correctes est moindre pour les logatomes (p = 0.01), et les omissions sont majorées quand la tâche de détection de sons est la seule à être privilégiée et que les items sont des logatomes (p = 0.02). Discussion-Conclusion : Un déficit de lecture est retrouvé chez des traumatisés crâniens ne se plaignant pas de difficultés. Son origine est double : des troubles attentionnels d’une part, et une moindre efficacité de la voie d’assemblage d’autre part. 1 Azouvi P, Jokic C, Van der Linden M, Manier N, Bussel B. Working memory and supervisory control after severe closed head injury. A study of dual performance and random generation. J Clin Exp Neuropsychol 1996;18:317–37. 2 Valdois S, De Partz MP. Approche cognitive des dyslexies et des dysorthographies. In : Van der Linden M, Seron X (Eds). Traité de neuropsychologie clinique (T1). Marseille : Solal, 2000, p 185–204.
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182 Exécution de scripts et évaluation écologique du Syndrome frontal : simplification de la cotation pour une utilisation routinière du test M. Chevignarda, P. Pradat-Diehla, B. Pillonb, C. Taillefera, C. Picqa, B. Duboisb a
Service de Médecine Physique et de Réadaptation, Hôpital de la Salpêtrière, 47–83, Boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris ; b INSERM E007, Hôpital de la Salpêtrière, 75013 Paris Mots clés : syndrome dysexécutif, évaluation écologique, exécution de scripts Introduction : Les patients présentant un syndrome dysexécutif sont souvent très gênés dans la vie quotidienne, parfois même quand leurs performances aux tests neuropsychologiques classiques se sont normalisées. Dans une étude précédente [1], nous avions comparé l’exécution et la génération de scripts chez 11 patients présentant un syndrome dysexécutif et 10 témoins appariés et mis au point une méthode de cotation et d’analyse des erreurs. Nous avions montré significativement plus d’erreurs en exécution réelle qu’en génération écrite de scripts ; plus d’erreurs chez les patients que chez les contrôles. De plus, il y avait une interaction significative entre le groupe de sujets et la condition expérimentale. Par contre, la cotation des erreurs était très longue et ne pouvait être utilisée en pratique courante. Objectif : Simplifier la cotation des erreurs pour obtenir un test fiable et utilisable en pratique courante. Matériel et méthodes : L’étude a été poursuivie avec la même méthodologie. Quinze patients ont été inclus. Nous avons choisi l’exécution du script de cuisine car il était le plus sensible. Un examinateur cotait les erreurs selon la méthode originale après le test. Le deuxième utilisait une cotation simplifiée permettant de coter les erreurs au fur et à mesure qu’elles se produisaient. Nous avons recherché des corrélations entre les deux cotations (Test de Spearman). Résultats : Le nombre d’erreurs total et le nombre d’erreurs de chaque type étaient semblables à ceux de la population de la première étude. Les cotations du nombre total d’erreurs étaient significativement corrélées (p = 0.0041 ; rho = 0.767). Les deux cotations étaient également corrélées pour chaque type d’erreur (p = 0.0006, rho = 0.919 à p = 0.0255, rho = 0.619). Seules les « substitutions-inversions » n’étaient pas tout à fait corrélées (p = 0.0748, rho = 0.479). Discussion : Cette étude confirme les résultats précédents. La cotation simplifiée est moins précise et moins détaillée, mais elle est valide et fournit une analyse quantitative et qualitative des erreurs. Conclusion : Les deux cotations étant corrélées, la cotation simplifiée pourra être utilisée en pratique courante pour évaluer les difficultés des patients dans la vie quotidienne. 1 Chevignard M, Pillon B, Pradat-Diehl P, Taillefer C, Rousseau S, Le Bras C, Dubois B. An ecological approach to planning dysfunction : Script execution. Cortex 2000;36:649–69.
183 Elaboration d’une grille analysant quantitativement et qualitativement les troubles d’encodage phonologique S. Thiriet, J.M. Mazaux Service MP Réadaptation, Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, 33076 Bordeaux, France Mots clés : aphasie, encodage phonologique, phonologie multilinéaire Introduction : Actuellement les rééducateurs se trouvent dans l’incapacité d’évaluer les progrès des patients aphasiques qui présentent des troubles d’encodage phonologique [1]. Les cotations des tests classiques fonctionnent selon un mode binaire de type 0–1 où 0 correspond aux formes erronées et 1 aux formes correctes. Or aucun matériel ne permet d’évaluer les productions avant qu’elles ne soient normales. Objectifs : Elaborer une grille d’analyse quantitative et qualitative qui serait applicable à n’importe quel corpus et qui permettrait d’objectiver les progrès des patients quant à la phonologie. Méthode : Les grilles ont été réalisées à partir de l’analyse de corpus de 10 patients aphasiques présentant des troubles phonologiques et en s’appuyant sur des bases théoriques constituées par la phonologie multilinéaire [2].
Procédures : Deux applications, à 3 mois d’intervalle, sont proposées à deux patients aphasiques présentant des troubles phonologiques, en dénomination, lecture et répétition à l’aide des corpus du Boston Diagnostic Aphasia Examination et du test de dénomination DO80. Résultats : Les grilles permettent une meilleure analyse des erreurs. Au niveau quantitatif, elles proposent un barème spécifique qui comptabilise tous les types de réponses (bonne ou mauvaise, remaniée ou directe). Au niveau qualitatif, elles nous renseignent sur les caractéristiques de restructuration des formes. La récupération de l’information phonologique est dépendante de l’atteinte initiale et de sa nature, certaines composantes se normalisent rapidement (nombres de syllabes, squelette) d’autres plus tardivement (rythme, accent tonique{). Discussion-Conclusion : A trois mois d’intervalle et chez les deux patients choisis pour cette étude, les grilles visualisent les progrès réalisés au niveau de la phonologie. Ce matériel offre donc une perspective intéressante pour la prise en charge, il permet aux rééducateurs d‘établir des objectifs de rééducation précis et ciblés. 1 Béland R, Peretz I, Baum S,Valdois S. La sphère auditivo-vocale. In : Van der Linden M, Seron X (Eds). Traité de neuropsychologie clinique (T1). Marseille : Solal, 2000, p 157–86. 2 Paradis C. Phonologie générative multilinéaire. In J-L Tendances actuelles en linguistique. Neuchatel : Delachaux et Niestlé. 1993. p 11–47.
184 Inventaire d’adaptation sociale de MayoPortland : une version exploratoire francophone chez les traumatisés crâniens graves. H. Selmaouia, J.M. Mazauxa, M. Lezakb, J. Malecc, S. Lozesa, B. Fernandeza, M. De Sèzea, P.A. Josepha a
EA 487 Sciences de la Cognition, Université VS Bordeaux 2, 33076 Bordeaux, France ; b Oregon Health Sciences University, Portland, USA ; c Mayo Medical Center, Rochester, USA
Mots clés : adaptation sociale, comportement, traumatisme crânien Introduction : On dispose actuellement d’un certain nombre d’échelles et de tests pour évaluer les troubles du comportement des traumatisés crâniens, mais peu d’outils ont été développés et validés en français pour évaluer les difficultés d’adaptation que rencontrent ces blessés dans la vie sociale [2]. Objectifs : Etablir une version exploratoire francophone du MayoPortland Adaptability Inventory (MPAI) [1] et étudier ses propriétés sur un échantillon de patients traumatisés crâniens. Méthodes : Le MPAI se présente sous la forme d’un questionnaire à l’issue duquel on documente 34 rubriques à cotation ordinale, regroupées par analyse factorielle en 3 échelles principales. Une traduction provisoire a été établie, soumise aux auteurs, puis utilisée en même temps que l’Echelle Neurocomportementale Révisée (NRSR) chez 15 traumatisés crâniens graves (âge moyen 29 ans) examinés très à distance de leur traumatisme (5.8 ans en moyenne), et donc confrontés depuis longtemps aux difficultés de la vie sociale. Résultats : Des difficultés sont repérées sue les 3 échelles du MPAI : 38 % des patients pour l’Echelle Troubles physiques et cognitifs, 48.7 % pour l’Echelle Douleurs-troubles émotionnels, 39.6 % pour l’Echelle Participation sociale. Rubrique par rubrique, on retrouve les difficultés habituelles des traumatisés crâniens : vis-à-vis du travail et de l’école (93.3 % des cas), des capacités d’attention (68.3 %), de mémoire (60 %), diminution des contacts sociaux (56 %), et des loisirs (55 %), etc. Des corrélations significatives existent entre 2 des 3 échelles MPAI et 3 des 5 facteurs NRSR, mais il est clair que les 2 outils explorent des champs différents. Discussion-Conclusion : Dans une version exploratoire, le MPAI est facile à administrer, semble bien repérer les difficultés sociales des traumatisés crâniens, et ne fait pas double emploi avec la NRSR. Une version affinée va donc être établie, puis validée en collaboration avec les équipes du Pr North, de Strasbourg, et du Pr Truelle, de Suresnes. 1 Malec J, Moessner AM, Kragness M, Lezak M. Refining a measure of brain injury sequelae to predict post-acute rehabilitation outcome : rating scale analysis of the Mayo-Portland Adaptability Inventory. J Head Trauma Rehabil 2000;15:670–82. 2 Cohadon F, Castel JP, Richer E, Mazaux JM, Loiseau H. Les traumatisés crâniens : de l’accident à la réinsertion, 2e Ed. Paris : Arnette, 2002.
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185 Les troubles de la communication chez l’adulte traumatisé crânien : quelles prises en charge à long terme ? B. Mercatb, A. Renoufb, O. Kozlowskia,b, M. Rousseauxa a
Service de rééducation neurologique, Hôpital Swynghedauw, 2 av O. Lambret, 59037 Lille, France ; b Service Auprès TC, hôpital de La Bassée, BP 60, 59037 Wavrin cedex Mots clés : adultes cérébrolésés, communication, orthophonie, groupe Introduction : A long terme, les personnes traumatisées crâniennes (TC) présentent des troubles de la communication invalidant la réadaptation et la réinsertion professionnelle et sociale. Objectifs : Quelle peut être l’efficacité d’une prise en charge globale, en groupe, de la personne TC et de ses troubles en période post-hospitalière ? Méthodes : Six patients ont été suivis dans le service « Auprès TC » (accompagnement médico-psycho-social de personnes victimes d’un TC, ou d’une lésion cérébrale, et de leurs familles) et ont participé à divers accueils de jour. Nous sommes intervenues en tant qu’orthophonistes afin de prendre en considération les troubles de la communication pendant une période de sept mois. Les personnes et les familles ont été évaluées en début et fin de prise en charge par le test de communication lillois, l’échelle de communication verbale de Bordeaux, l’échelle neurocomportementale de Levin et Mazaux et une partie du document EBIS. Résultats : Les résultats suggèrent une évolution quantitative et qualitative de la communication chez la plupart des patients malgré le stade tardif. D’un point de vue qualitatif, cette évolution est à relativiser, l’environnement familial, institutionnel et la présence de troubles cognitifs et comportementaux influençant la communication des sujets. Discussion-Conclusion : La communication reste un concept subjectif, mettant en jeu la personnalité du sujet et son environnement. Le travail en groupe permet d’aborder la communication d’un point de vue écologique en favorisant les interactions. L’orthophoniste se positionne comme un intervenant privilégié dans l’approche de ces troubles, au sein d’une prise en charge pluridisciplinaire et globale.
186 Rééducation orthophonique intensive (Méthode LSVT) de la dysarthrie parkinsonienne : 22 Patients C. Özsancaka, L. Cabrejob, F. Vannierb, M. Janb, P. Auzouc, D. Hannequinb a
Service de Neurologie A et Pathologie du Mouvement, Hôpital Roger Salengro, CHRU de Lille, 59800 Lille, France ; b Département de Neurologie, CHRU de Rouen, 76000 Rouen, France ; c Service d’Explorations Fonctionnelles Neurologiques, Groupe HOPALE, 62608 Berck sur Mer, France Mots clés : dysarthrie, rééducation orthophonique, maladie de Parkinson Introduction : La méthode de rééducation orthophonique intensive LSVT (Lee Silverman Voice Therapy) est la méthode de référence dans la maladie de Parkinson. Son efficacité a été démontrée aux Etats-Unis tant sur des paramètres cliniques qu’instrumentaux, à court et long termes [2]. Objectifs : Evaluer l’effet de la méthode LSVT en pratique orthophonique libérale sur l’intelligibilité de la parole chez des patients parkinsoniens dysarthriques. Méthodes : Vingt quatre patients parkinsoniens ont été inclus. Une stabilité thérapeutique était requise dans la période allant du mois précédant la rééducation jusqu’à la fin de cette dernière. Les patients ont bénéficié de quatre séances d’une heure par semaine pendant quatre semaines. Quatre évaluations ont été réalisées : deux avant la rééducation (EV1 et EV2), une immédiatement après la rééducation (EV3) et une six mois après (EV4). Le critère principal était l’amélioration d’un score d’intelligibilité (SI) [1]. Une analyse de variance à un facteur (temps d’évaluation) a été réalisée. Résultat : 22 patients ont terminé l’étude (âge moyen : 66 ± 9 ). Le score UPDRS III était de 35 ± 15. Le SI moyen à EV1 et EV2 était de 15, à EV3 de 19 et à EV4 de 17. Il existe donc une amélioration significative du SI à EV3 et à EV4 par rapport à EV1 et EV2 (p = 0.008).
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Discussion-Conclusion : La méthode LSVT entraîne une amélioration de l’intelligibilité de la parole qui se maintient à six mois. Sa diffusion est limitée par la fréquence et la durée des séances ainsi que par le nombre encore insuffisant d’orthophonistes spécifiquement formées. Une étude multicentrique sur 112 patients est en cours afin d’évaluer son efficacité dans différents sous-groupes (fonction de l’âge, la sévérité de la dysarthrie ou de la maladie de Parkinson sous-jacente{). 1 Auzou P, Özsancak C, Jan M, Ménard JF, Eustache F, Hannequin D. Intérêt de l’évaluation motrice des organes de la parole dans le diagnostic différentiel des dysarthries. Rev Neurol 2000;156:47–52. 2 Ramig LO, Sapir S, Countryman S, Pawlas AA, O’Brien C, Hoehn M, Thompson LL. Intensive voice treatment (LSVT) for patients with Parkinson’s disease: a 2 year follow up. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2001;71:493–8.
187 Réhabilitation de la face paralysée par anastomose hypoglossofaciale : Analyse, résultats et intérêt d’une prise en charge précoce P. Gatignola, F. Tankéréb, D. Clérob, J. Soudantb, G. Lamasb Fédération de Neurologie, b Service ORL et Cervico-Facial Hôpital Pitié Salpêtrière, Paris, France XIII
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Mots clés : paralysie faciale, anastomose VII-XII, communication verbale et non verbale, déglutition Introdution : La paralysie faciale périphérique (PF) engendre une altération sévère de la communication verbale et non-verbale. L’anastomose hypoglossofaciale (AHF) permet la réinnervationn de la face paralysée lorsque le tronc du nerf facial ne peut être réparé et que les branches périphériques sont intactes. Le sacrifice du nerf hypoglosse est tenu comme responsable de troubles de l’articulation, de la déglutition et de la mastication sans que ceci ait été étudié précisément. Cette évaluation est d’importance puisque certaines équipes ont modifié leur technique chirurgicale pour essayer de préserver la fonction linguale. Notre étude poursuit un triple objectif : - Identifier l’émergence de troubles de l’articulation, de la déglutition, en préciser la nature et la sévérité au moyen d’un protocole d’évaluation que nous avons mis au point. - Mettre en évidence d’éventuels bénéfices d’une rééducation sur la régression de ces troubles. - Analyser le retentissement de l’AHF à partir d’une échelle de communication verbale proposée avant (c’est-à-dire avec PF) et après AHF et étudier le retentissement de la chirurgie et le niveau de qualité de vie sur des activités quotidiennes. Méthodes : C’est donc dans cette perspective et à partir d’un matériel d’évaluation de la motricité faciale, de l’articulation et de la déglutition que nous nous proposons d’analyser l’intelligibilité de la parole après anastomose hypoglossofaciale. Nous avons également, à partir d’une évaluation personnelle de chaque patiente sur une échelle de satisfaction , évalué le caractère fonctionnel et psychologique de cette chirurgie. Résultat : Les résultats confirment la régression des troubles dans chaque modalité en fonction du temps écoulé ainsi que l’intérêt d’une rééducation précoce dans la récupération de la motricité faciale. Cette étude souligne également une certaine satisfaction d’une telle chirurgie et justifie donc l’absence de troubles articulatoires nuisant à l’intelligibilité du discours après anastomose hypoglossofaciale. Cependant, si l’on se réfère à l’ensemble de la population évaluée, et grâce à l’homogénéité de nos résultats sur le plan inter-individuel, nous constatons des perturbations (schlintement exprimé aussi bien par les patients que par les auditeurs et phénomènes de « bavages ») non pas liées à la paralysie linguale mais à la paralysie faciale. Ces perturbations, présentes en phase initiale, régressent avec le temps et grâce à une prise en charge rééducative précoce. Enfin, contrairement aux études de Khuniro & al. et de l’Acoustic Neuroma Association, notre étude met en évidence une réelle satisfaction sur la qualité de vie par rapport à des tâches quotidiennes, plus spécifiquement concernant des activités verbales et alimentaires. 1 Gatignol P,Tankere F, Bernat I, Lobryau-Desnus C, Soudant J, Lamas G. Articulation et déglutition après anastomose hypo-glosso faciale. 2002. Rééducation Orthophonique. n° 210. JUIN 2002. FNO.
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2 Hammerschlag Facial reanimation with jump interpositional graft hypoglosso-facial anastomosis and hypoglosso-facial anastomosis: evolution in management of facial paralysis Laryngoscope 1999 Février 109 Supplément n° 90.
tation spatiale sévère, de la mémoire de travail et une HLH gauche. Cliniquement pas de déficit sensitivo-moteur, pas de négligence visuo-spatiale et aucun signe de détérioration intellectuelle. La rééducation de la mémoire antérograde, des fonctions exécutives, des gnosies visuelles, et de l’orientation temporo-spatiale a été effectuée en situation de test « papier-crayon » parallèlement à une rééducation « écologique » en milieu nouveau (Service, hôpital) et en milieu familier (Domicile, quartier).
188 Rééducation de la désorientation topographique. Etude d’un cas clinique
L’évolution à 4 mois a été marquée par une amélioration des troubles d’orientation dans des environnements antérieurement familiers, l’orientation dans des lieux nouveaux ou moins connus est restée perturbée. Discussion-Conclusion : L’orientation topographique exige au moins deux types de référentiels : l’un « égocentré » rapporté au corps propre, l’autre « allocentré » rapporté aux éléments de l’environnement. Le gyrus parahippocampique droit (atteint chez cette patiente) joue un rôle déterminant dans le codage de l’information visuo-spatiale. La rééducation du trouble de l’orientation topographique n’a été qu’exceptionnellement abordée malgré le nombre important de cas rapportés dans la littérature. La rééducation devrait comporter des mises en situations réelles et virtuelles, en espace familier et nouveau.
R. Ben Yahya, F. Colle, I. Bonan, A. Yelnik Service de Médecine Physique et de Réadaptation, G.H. Lariboisière – F. Widal, 200 rue Fg St Denis, 75010 Paris, France Mots clés : désorientation topographique, gyrus parahippocampique, rééducation Introduction : La désorientation topographique est définie par la difficulté à s’orienter dans un espace familier , elle peut être due à un trouble d’ordre mnésique (amnésie topographique) ou perceptif (agnosie topographique) [1, 2]. Description clinique : Nous rapportons le cas d’une patiente de 81 ans droitière sans aucun antécédent neurologique et qui a présenté brutalement un trouble d’orientation spatiale rapporté à un AVC ischémique temporooccipital médial droit. Le bilan a montré principalement un trouble d’orien-
1 Berthoz A. Bases neurales de l’orientation spatiale et de la mémoire des trajets : mémoire topo-graphique ou mémoire topo-kinsthésique. Rev Neurol 2001;157(8–9):779–89. 2 Aguirre GK, D’Esposito M. Topographical disorientation: A synthesis and taxonomy. Brain 1999;122:1613–28.