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Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S20–S52 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 2011(2011) S20–S52
(CAF) et de compensation calorique (CC) et (2) d’étudier les relations entre leur niveau de régulation, leur âge, leur genre et leur corpulence. Matériel et Méthodes. – Les mesures de CAF et de CC se sont déroulées dans quatre restaurants scolaires, auprès de 232 enfants (107 filles ; 4,5 ± 0,1 ans). Trois repas similaires ont été organisés dans chaque restaurant, durant lesquels les quantités consommées par chaque enfant ont été mesurées. Le 1er repas était le repas contrôle (566 Kcal). Pour évaluer la capacité de CC, lors du 2e repas un pain au chocolat (135Kcal) était distribué 30 minutes avant le repas. Pour évaluer la CAF, le 3e repas était suivi d’une animation durant laquelle 10 aliments palatables différents (615 Kcal – 22 unités proposées) étaient disponibles pendant 10 min. Des scores définissent le niveau individuel de compensation calorique (score CC = (Kcal repas CTR – Kcal repas CC)*100/Kcal snack CC) et de consommation en l’absence de faim (score CAF = (Kcal snack CAF *100)/ Kcal repas CAF). Les enfants ont été pesés et mesurés, et la déviation standard de l’IMC calculée. Résultats. – Les consommations ont varié selon le repas (P < 0,0001) : repas CC (353 ± 15 kcal) < repas CTR (421 ± 14 Kcal) = repas CAF (422 ± 15 Kcal). En additionnant les consommations des snacks à celles des repas, les consommations ont également varié selon la situation (P < 0,0001) : situation CTR (421 ± 14 Kcal) < situation CC (483 ± 15 Kcal) < situation CAF (514 ± 17 Kcal). Les scores étaient de 52 ± 9 % pour le CC et de 24 ± 3 % pour le CAF. Les scores CC et CAF ne sont pas corrélés entre eux (r = 0,06, n = 181, P = 0,40), ce qui traduit deux comportements alimentaires distincts. Ils ne sont corrélés ni avec l’âge (CC : r = – 0,06, P = 0,43 ; CAF : r = – 0,05, P = 0,50) ni avec la corpulence (CC : r = – 0,03, P = 0,65 ; CAF : r = 0,01, P = 0,90) des enfants. Aucune différence de CC n’est relevée selon le genre, alors qu’en situation de CAF, les garçons consomment davantage que les filles (28 ± 4 % vs 19 ± 4 %, F = 7,9, P < 0,005). Conclusion. – Cette étude suggère que la consommation en l’absence de faim (CAF) et la surconsommation après une précharge sont sous-tendues par des mécanismes différents. Pour la tranche d’âge étudiée, la régulation de la prise alimentaire est imparfaite et varie fortement d’un enfant à l’autre. En deçà de 6 ans les différences de régulation ne sont pas liées à la corpulence de l’enfant. La présente étude a reçu un financement de la communauté européenne (Seventh Framework Program – FP7/2007-2013) sous le numéro d’agrément FP7-245012-HabEat.
O24 Obésité et perception oro-sensorielle des lipides alimentaires : impact sur la triglycéridémie et le taux de cholécystokinine Chevrot M*1, Martin C1, Enderli G2, Passilly-Degrace P1, RobinI 3, Nicklaus S2, Issanchou S 2, Vergès B 3, Besnard P1 1Physiologie de la Nutrition, Inserm U866/université de Bourgogne/Agrosup Dijon, 2 Centre des Sciences du goût et de l’alimentation, Inra/CNRS/ Agrosup Dijon, 3 Service d’Endocrinologie, Inserm U866/CHU de Dijon, France Introduction et but de l’étude. – La perception oro-sensorielle des lipides alimentaires récemment mise en évidence chez le rongeur de laboratoire (rat, souris) et chez l’Homme semble jouer un
rôle essentiel dans le comportement alimentaire en favorisant la préférence spontanée pour les aliments gras. Les travaux réalisés chez l’Homme suggèrent que l’obésité pourrait modifier cette perception, favorisant ainsi la surconsommation de lipides. Le but de cette expérience était : 1°/ de rechercher des marqueurs prédictifs de la perception oro-sensorielle des lipides, 2°/ de vérifier si l’obésité pouvait affecter ces marqueurs et 3°/ d’explorer les mécanismes impliqués. Pour ce faire des expériences ont été réalisées à la fois chez l’Homme et chez la souris. Matériel et Méthodes. – Des volontaires « sains » (Indice de Masse Corporel – IMC – compris entre 18 et 25) et des sujets obèses non diabétiques (IMC > 30), tous majeurs et de sexe masculin, ont été inclus dans le protocole. Les principaux critères d’exclusion établis étaient le tabagisme ainsi que les troubles du comportement alimentaire. Suite à un « bain de bouche » avec une émulsion contenant ou non 1 % d’acide linoléique (LA), une cinétique de prélèvements sanguins a été réalisée chez chacun des sujets, à jeun depuis la veille. Le plasma récolté a servi à doser les taux de triglycérides (TG) et de cholécystokinine (CCK) circulant à l’aide de kits de dosages enzymatiques et ELISA. Cette étude a été complétée par des expériences similaires réalisées chez la souris. Résultats. – Les résultats obtenus indiquent qu’une stimulation orale avec l’émulsion contenant 1 % de LA induit une augmentation significative de la triglycéridémie ainsi que du taux de CCK dans les 30 minutes qui suivent le « bain de bouche » chez les sujets sains. De façon intéressante, ces changements ne sont pas reproduits chez les sujets obèses, suggérant un rôle jouer par l’obésité dans la perception oro-sensorielle des lipides. Chez la souris de type sauvage, nos données indiquent également une augmentation de la triglycéridémie suite à une stimulation orale avec la même émulsion contenant 1 % de LA. Cette similarité nous a conduits à investiguer chez la souris les mécanismes moléculaires mis en jeu, notamment le rôle éventuel joué par le CD36, une glycoprotéine membranaire impliquée dans la détection orale des lipides. Les résultats préliminaires obtenus chez des souris dont le gène codant pour CD36 a été invalidé indiquent une absence de variation du taux de TG suite à un dépôt oral de l’émulsion contenant 1 % de LA, suggérant une implication du CD36 dans ce phénomène. Conclusion. – En conclusion, ces travaux indiquent que la détection orale des lipides alimentaires s’accompagne d’une augmentation de la teneur plasmatique en TG et en CCK chez les sujets sains. Ce phénomène, qui n’est pas reproduit en cas d’obésité, semble être dépendant du CD36 lingual.
SFNEP 3 – SUPPORT NUTRITIONNEL O25 La dépense énergétique normalisée pour la masse non-grasse est plus élevée chez les femmes âgées que chez les hommes Karsegard VL*1, Genton L 1, Pichard C1 1 Nutrition clinique, hôpital universitaire de Genève, Genève, Suisse Introduction et but de l’étude. – La masse maigre (MM) ou la masse cellulaire (MC) corporelles sont des déterminants essentiels de la dépense énergétique de repos (DER). Cependant on connaît mal leur contribution à la variation de la DER en fonction de l’âge
Abstracts / Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S21–S52 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 (2011) S21–S52
et du sexe. Le but de cette étude est d’évaluer l’impact de l’âge et du sexe sur la DER normalisée pour la MM et la MC chez les sujets âgés en bonne santé. Matériel et Méthodes. – Soixante-cinq femmes et 73 hommes âgés en bonne santé, vivant à domicile, ont été recrutés par annonce dans la communauté. Chaque volontaire a été mesuré en une seule session de trois heures maximum par calorimétrie indirecte (30 minutes au repos, à jeûn, Deltatrac II®, Finlande) pour la DER, par absorptiométrie bi-photonique à rayon X (DEXA) (Discovery®, Hologic) pour leur MM ainsi que leur masse musculaire squelettique appendiculaire (MMSA) et par potassium corporel total (TBK) pour leur MC, calculée comme 0,00833*potassium corporel total [1]. Les variables continues ont été comparées entre sexes et catégorie d’âge (70-79 ans ; 80 ans) par t-test non apparié. Résultats. – L’âge et l’IMC étaient similaires entre les hommes et les femmes (79,0 ± 5,6 ans, 25,9 ± 4,2 kg/m2). La DER normalisée pour les compartiments corporels maigres était plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Hommes (moyenne ± DS)
Femmes (moyenne ± DS)
DER/poids (kcal/kg)
19,5 ± 2,4
19,3 ± 2,8
NS
DER/MM (kcal/kg)
25,8 ± 2,7
29,2 ± 2,9
< 0,0001
DER/MMSA (kcal/kg)
60,9 ± 7,1
71,5 ± 8,2
< 0,0001
DER/MC (kcal/kg)
60,4 ± 9,5
69,1 ± 11,9
< 0,0001
p
En comparant les catégories d’âge, la DER/MM et la DER/MC des femmes 80 ans étaient plus élevées que celles des femmes de 70-79 ans (p < 0,05). Chez les hommes, la DER ajustée pour les compartiments corporels maigres ne diffère pas entre les catégories d’âge. Conclusion. – La DER normalisée pour la masse maigre et pour la masse cellulaire est plus élevée chez les femmes que chez les hommes chez les sujets âgés en bonne santé. Chez les femmes, mais pas chez les hommes, la DER ajustée pour les compartiments corporels maigres est plus élevée chez les sujets 80 ans que ceux de 7079 ans. Référence : 1. Moore FD et al., The body cell mass and its supporting environment. Philadelphia : W.B. Saunders, 1963
O26 Facteurs pronostiques d’une réponse sub-optimale à une renutrition entérale Zeanandin G*1, Badan L1, Eyraud E1, Hébuterne X 1, Schneider S1 1CHU de Nice, Nice, France Introduction et but de l’étude. – Il est reconnu que des situations comme un âge élevé (> 65 ans) ou l’existence d’une inflammation systémique impactent négativement le gain pondéral lors d’une renutrition entérale. Notre étude, rétrospective, a eu pour but d’identifier précocement chez des patients hospitalisés pour une nutrition entérale (NE) ceux qui présentaient une moins bonne évolution pondérale et de décrire les paramètres cliniques et biologiques qui influençaient cette évolution défavorable. Matériel et Méthodes. – Le travail a inclus tous les patients ayant bénéficié d’au moins deux semaines de NE à l’hôpital. Chaque dossier a fait l’objet d’un recueil de données cliniques (âge, sexe, poids à l’admission, poids et cinétique de perte à un et six mois avant l’hospitalisation, traitements en cours, indication, abord et modali-
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tés de la NE, ingesta) et biologiques (biomarqueurs nutritionnels et inflammatoires). Une mauvaise réponse à la NE était définie par un gain de poids < 1 % au terme de deux semaines de NE. L’analyse statistique univariée a eu recours à des tests Anova et Khi-2 et la multivariée à une régression logistique binomiale. Résultats. – Selon les critères d’inclusion, 264 épisodes patients correspondant à 104 patients différents ont pu être retenus et ces séjours concernaient, sur la période 2002 à 2010, 158 femmes et 106 hommes d’âge moyen 57 ± 21 ans. La NE était indiquée pour anorexie mentale (n = 63), cancer (n = 55), suites de chirurgie digestive (44), maladies neurologiques (25), dépression (12), autres (65). Après quatre jours de NE, les apports énergétique et protéique moyens étaient respectivement de 27,9 ± 10,9 kcal/kg/j et 1,4 ± 0,6 g/kg/j. 33 patients (32 %) répondaient à la définition de « mauvais répondeurs » à la NE. L’évolution pondérale était respectivement à 1 semaine, 2 semaines, 1 mois et 6 mois de NE de – 1,4 ± 3,8 %, – 1,0 ± 1,9 %, 1,4 ± 4,3 % et 4,9 ± 9,3 % dans le groupe « mauvais répondeurs », de 3,0 ± 3,8 %, 6,4 ± 4,3 %, 10,1 ± 7,0 % et 10,3 ± 14,5 % dans le groupe « bons répondeurs » (p < 0,05 pour chaque point). En analyse univariée, la mauvaise réponse à la NE était corrélée au niveau clinique à la présence d’un cancer (p < 0,001), à l’absence d’anorexie mentale (p < 0,001), des ingesta faibles (p < 0,001), un traitement morphinique (p < 0,001), l’absence de corticothérapie (p < 0,001), un IMC bas (p = 0,001), une radiochimiothérapie en cours (p = 0,003), une perte d’autonomie (p = 0,005), un âge > 55 ans (p = 0,03), une perte de poids > 25 % du poids habituel (p = 0,01) ; au niveau biologique à une élévation plasmatique de l’orosomucoïde (p = 0,002), de la ferritine (p = 0,002), de la CRP (p = 0,004), une anémie (p = 0,07). En analyse multivariée, elle était significativement influencée par l’usage de corticoïdes (OR = 25,1, IC95 % = 2,7-233,1), une perte de poids > 25 % en 6 mois (OR = 5,0, IC95 % = 1,4-18,2), une CRP > 50 mg/L (OR = 3,1, IC95 % = 1,2-8,1), des ingesta < 500 kcal/j (OR = 3,4, IC95 % = 1,6-7,4), l’absence d’anorexie mentale (OR = 0,2, IC95 % = 0,0-0,8). Conclusion. – La mauvaise réponse à la NE est une réalité clinique qui traduit le concept de résistance à la renutrition. Même si elle semble être multifactorielle, le dénominateur commun semble être l’inflammation systémique. Les stratégies nutritionnelles devront prendre en considération ce paramètre pour optimiser rapidement le bénéfice de la NE.
O27 La nutrition entérale : un support nutritionnel de premier choix pour les enfants recevant une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques ? Azarnoush S*1, Bruno B1, Beghin L2, Guimber D3, Nelken B1, Yakoub-Agha I4, Seguy D5 1Hématologie, Pédiatrie, 2 Centre d’Investigation clinique pédiatrique CIC-9301, 3 Gastro-entérologie Pédiatrie, 4Maladies du sang, Hématologie, 5 Nutrition, EA 2694, CHRU de Lille, Lille, France Introduction et but de l’étude. – La nutrition parentérale (NP) reste le support nutritionnel de référence chez les patients recevant une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (allo-GCSH) après un conditionnement myéloablatif (CMA). Le but de ce travail