O47: Analyse d’une série de cas d’exposition au cannabis chez des nourrissons et des jeunes enfants : intérêt des prélèvements capillaires

O47: Analyse d’une série de cas d’exposition au cannabis chez des nourrissons et des jeunes enfants : intérêt des prélèvements capillaires

Friday 13 June 2014 / Toxicologie Analytique & Clinique (2014) 26, S25-S30 capillaire non segmentaire a été réalisée sur une mèche de 1 à 2 cm prélev...

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Friday 13 June 2014 / Toxicologie Analytique & Clinique (2014) 26, S25-S30

capillaire non segmentaire a été réalisée sur une mèche de 1 à 2 cm prélevée 5 jours après l’ingestion. Résultats. – Dans le cas n° 1, les concentrations plasmatiques retrouvées chez l’enfant sont respectivement de 5,5 ; 9,2 et 223,9 ng/mL pour le THC, le 11OH-THC et le THC-COOH. Au niveau urinaire, après hydrolyse, il est retrouvé pour ce patient des concentrations de THC, de 11OH-THC et de THC-COOH respectivement de 14,6 ; 20,2 et 336,9 ng/mL tandis que le dosage dans les urines non hydrolysées n’a permis de retrouver que du THC-COOH à 60,3 ng/mL. En ce qui concerne le deuxième patient, les concentrations plasmatiques de THC, de 11OH-THC et de THC-COOH sont respectivement de 4,5 ; 4,4 et 29,8 ng/mL. Les analyses urinaires après hydrolyse réalisées chez le troisième enfant ont permis de mettre en évidence du THC-COOH à une concentration de 236,4 ng/mL. L’analyse capillaire révèle la présence de cannabidiol et de THC à des concentrations respectives de 583 pg/mg et 137 pg/mg. Conclusion. – Si les intoxications pédiatriques aux cannabinoïdes restent peu décrites dans la littérature, elles sont le plus souvent graves, et d’interprétation délicate. Dans le premier cas, la plus forte concentration plasmatique de 11OH-THC est en faveur d’une prise orale comme observée chez l’adulte, mais cette particularité n’est pas retrouvée dans le cas 2. La présence de THC et 11OH-THC dans les urines (uniquement sous forme conjuguée) du premier enfant est peu fréquente, reflet possible de particularités cinétiques ou métaboliques chez les nourrissons. Ces molécules n’ont cependant pas été détectées dans les urines du troisième patient, alors qu’aucun des deux ne semblait souffrir de pathologie rénale. Les résultats des analyses de cheveux du dernier enfant gravement intoxiqué présentent des concentrations importantes de CBD et THC, supérieures à celles retrouvées dans les cheveux de consommateurs occasionnels. Ce résultat semble en faveur de contacts réguliers avec le cannabis et non d’une ingestion unique, mais les caractéristiques des cheveux des enfants, la vitesse de pousse non maitrisée ainsi que le manque de données dans cette tranche d’âge rendent l’interprétation de ces concentrations délicates, et ne permettent notamment pas d’exclure une contamination in utero. O47

Analyse d’une série de cas d’exposition au cannabis chez des nourrissons et des jeunes enfants : intérêt des prélèvements capillaires F. Lamoureux (1), C. Dubos (1), S. Dulaurent (2), J.-M. Gaulier (2), P. Compagnon (1) (1) Laboratoire de pharmacologie et toxicologie, CHU, Rouen, France ; (2) Laboratoire de pharmacologie et toxicologie, CHU, Limoges, France. Objectifs. – Nous rapportons les concentrations de cannabinoïdes dans le plasma et/ou les cheveux de nourrissons et de jeunes enfants hospitalisés aux urgences pédiatriques du CHU de Rouen pour ingestion et/ou suspicion d’exposition passive au cannabis. Parallèlement, nous avons étudié l’utilité d’un prélèvement capillaire réalisé au moins 1 mois après cette admission pour envisager de différencier une ingestion avérée d’une exposition passive et/ou in utéro. Méthodes. – La population étudiée se compose de 11 nourrissons et jeunes enfants (2 à 41 mois) exposés passivement au cannabis dans le cadre d’un contexte de consommation parentale. Sept de ces jeunes enfants ont été hospitalisés pour ingestion avérée de cannabis. Lors de la prise en charge initiale, il a été effectué un prélèvement de cheveux, analysé par LC-MS/MS, +/- un dépistage des cannabinoïdes urinaires par méthode immunochimique, +/- un dosage plasmatique du THC et de ses métabolites par LC-MS/MS. En cas d’ingestion avérée et dans la mesure du possible, une visite médicale de suivi ainsi qu’un prélèvement capillaire de contrôle ont été réalisés au moins un mois après la prise en charge initiale. Les concentrations de THC, THC-COOH, Cannabinol (CBN), Cannabidiol (CBD) ont été mesurées dans ces prélèvements capillaires et com-

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parées à celles observées dans les prélèvements capillaires réalisés lors de la prise en charge initiale. Résultats. – Le dépistage des cannabinoïdes urinaires s’est avéré positif chez tous les enfants hospitalisés pour ingestion déclarée au cours des dernières 24 heures. Dans les cas où un prélèvement sanguin a pu être réalisé, les concentrations plasmatiques de THC et de 11 OH-THC étaient respectivement comprises entre 1,4 à 86 ng/mL et 0,8 à 34 ng/mL. A l’admission, des troubles de la conscience étaient présents dans tous les cas d’ingestion et l’évolution clinique a été favorable en 12 à 48 h. Les échantillons capillaires prélevés à l’admission et analysés en tant que témoins de l’imprégnation passive ont révélé des concentrations moyennes de THC, CBN et CBD respectivement égales à 0,52 / 0,19 et 0,69 ng/mg de cheveux. Les prélèvements capillaires de contrôle ont pu être réalisés dans 4 cas d’ingestions avérées sur 6. Dans ces conditions, l’analyse des segments capillaires recouvrant la période d’intoxication par ingestion indiquait des concentrations moyennes de THC, CBN et CBD supérieures : 1,47 (p<0,05) / 0,38 (p=0,11) et 1,45 (p<0,05), respectivement. Le THC- COOH n’a pas été détecté dans les prélèvements capillaires. Conclusions. – Nos résultats suggèrent que les concentrations capillaires de THC et CBD sont significativement supérieures chez les jeunes enfants ayant ingéré du cannabis comparativement aux cas d’exposition passive. Ils montrent par ailleurs que le THC-COOH capillaire reste indétectable dans les cheveux, même en présence de concentrations plasmatiques importantes, ce qui peut s’expliquer par le caractère aigu de l’intoxication. Le dépistage urinaire et le dosage sanguin ou plasmatique du THC et de ses métabolites, réalisés à l’admission, et répétés à l’occasion d’une visite de suivi, restent les examens indispensables pour différencier une intoxication aigüe au cannabis d’une exposition passive. La comparaison individuelle des résultats de prélèvements capillaires réalisés au moment de la prise en charge, puis à distance de l’évènement (1 à 3 mois), apparaît complémentaire à l’interprétation du cas. Enfin, il apparaît nécessaire de sensibiliser les pédiatres sur l’importance du caractère systématique de ces analyses dans un contexte compatible avec une exposition cannabique.

SESSION 2 O48

Intoxication aiguë à la bétadine alcoolique : à propos d’un cas A.-S. Lemaire-Hurtel (1), S. Bodeau (1), Y. Bennis (1), M. Andrejak (1, 2), E. Lobjoie (3), D. Chatelain (4), J.-M. Gaulier (5) (1) Laboratoire de pharmacologie et toxicologie-CHU Amiens, France ; (2) Pharmacovigilance-CHU Amiens, France ; (3) Service de réanimation polyvalente-CHU Amiens, France ; (4) Service d’anatomie et de cytologie pathologique-CHU Amiens, France ; (5) Laboratoire de pharmacologie, toxicologie et pharmacovigilance-CHU Limoges, France. Objectifs. – La povidone iodée (Bétadine®) est un antiseptique très largement utilisé en usage cutané et en irrigation dans le traitement des infections profondes. L’absorption excessive d’iode libre par les tissus est responsable d’une toxicité systémique. Les symptômes de l’intoxication à l’iode sont multiples et de spécificité limitée : fièvre, nausées, diarrhées, confusion et agitation. L’intoxication conduit parfois à des défaillances organiques : insuffisance rénale aigue, dysthyroïdie, insuffisance hépatique, arrêt cardiaque. Le bilan biologique peut être également perturbé : acidose métabolique, hyperchlorémie, hypernatrémie, hyperosmolarité, anémie. Nous rapportons le cas d’une femme de 62 ans qui a présenté une intoxication aigue à la povidone iodée après ingestion de deux flacons de bétadine alcoolique 5 %. Cette patiente aux antécédents cardiaques (HTA, cardiomyopathie dilatée, arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire paroxystique) et psychiatriques (syndrome délirant et obsessionnel) avait été hospitalisée pour altération de l’état général