Nutrition clinique et métabolisme 27 (2013) S57–S175 / Cahiers de nutrition et de diététique 48 (2013) S57–S175
Introduction et but de l’étude. – Identifier les déterminants précoces des préférences alimentaires est une condition nécessaire à l’amélioration de la qualité de l’alimentation de l’enfant (en termes de qualité et de fréquence). De nombreux déterminants ont été étudiés, mais souvent de façon isolée. Notre objectif est d’étudier dans un modèle global les déterminants précoces de l’appréciation des fruits et légumes chez le jeune enfant, dont des facteurs maternels et d’autres propres à l’enfant. Matériel et méthodes. – Un test d’appréciation hédonique, basé sur la présentation de 36 aliments, a été administré à 1142 enfants de 5 ans de la cohorte mère-enfant EDEN. Les associations entre l’appréciation des fruits et légumes et différents éléments de l’exposition et du comportement alimentaire de l’enfant au cours de sa vie antérieure ont été analysées à l’aide de modèles structuraux. Les éléments considérés ont été les consommations de la mère avant la grossesse, les profils d’alimentation pendant la 1re année de vie (1/ introduction tardive des produits laitiers et utilisation de produits pour bébé ; 2/allaitement long, introduction tardive des principaux constituants du repas et utilisation de produits maisons ; 3/ utilisation d’aliments pour adulte), les pratiques parentales évaluées à 2 ans (restriction pour le poids et « laissez faire »), sa consommation de fruits et légumes déclarées par ses parents à 3 ans, le degré de néophobie alimentaire de l’enfant entre 1 et 5 ans. Résultats. – Le score d’appréciation des fruits et légumes est associé modestement mais positivement aux consommations en fruits et légumes à 3 ans (r = .15). Il est par ailleurs associé négativement au degré de néophobie entre 1 et 5 ans (r = –.41), mais à aucun autre déterminant. Par contre, les consommations de fruits et légumes de l’enfant sont associées positivement aux consommations alimentaires maternelles (r = .30), de même que certains profils d’alimentation dans la 1re année de vie (r profil 2 = .17, r profil 3 = –.11). Les pratiques parentales à 2 ans ne sont associées ni à l’appréciation des fruits et légumes à 5 ans ni à leur consommation à 3 ans. Conclusion. – Nos résultats suggèrent que les deux déterminants majeurs de l’appréciation des fruits et légumes chez les enfants de 5 ans de la cohorte EDEN sont l’intensité de leur néophobie alimentaire et dans une moindre mesure leurs consommations à l’âge de 3 ans. Par ailleurs, la consommation maternelle en fruits et légumes pendant la grossesse ou les profils d’alimentation précoce ont un effet sur les consommations en fruits et légumes à 3 ans mais pas sur leur appréciation à 5 ans. Ces résultats soulignent la nécessité de familiariser les enfants avec les fruits et légumes pour qu’ils apprennent à les apprécier, mais peut-être aussi la nécessité de mieux prendre en compte leur niveau de néophobie alimentaire.
P028 Expérimentation d’un fléchage nutritionnel dans deux supermarchés à Marseille : le choix Vita+ N. Darmon1,*, H. Gaigi1, M. Maillot1, S. Raffin2, B. Ruffieux3 1 UMR NORT INRA 1260/Inserm 1062, Aix-Marseille Université, Marseille, 2 Link-Up, Levallois-Perret, 3 UMR GAEL, Grenoble, France Introduction et but de l’étude. – L’introduction d’un logo signalant les aliments de meilleur profil nutritionnel est envisagée pour orienter favorablement les consommateurs au moment de
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l’achat. L’objectif de l’intervention était d’évaluer l’impact sur les ventes de l’introduction d’un logo positif, le logo Vita+. Matériel et méthodes. – L’intervention a eu lieu pendant 10 semaines (oct-déc 2012) dans 2 magasins à Marseille. Elle a concerné les produits laitiers frais, les plats cuisinés (frais, conserve, surgelés), et les produits de « snacking » au rayon frais. Ces trois catégories (réparties dans 8 rayons) représentaient au total 1 milliers de références différentes. Dans chaque catégorie, les produits appartenant au meilleur tiers (sur la base de la densité énergétique ou de l’indicateur LIM) ont été signalés par l’apposition sur les rayonnages du logo Vita+. Une campagne de marketing (stop rayon, affiches, leaflets, spots radio…) a accompagné l’action. Pendant l’action, des entretiens qualitatifs et des suivis de parcours d’achat ont été réalisés auprès du personnel et des clients des magasins tests pour comprendre comment le logo et l’action étaient perçus. L’impact de l’action sur les achats de produits marqués a été analysé à partir des ventes des produits appartenant aux 3 catégories d’intervention, dans les 2 magasins tests et dans 2 magasins témoins appariés aux magasins tests sur la base de leur profil de vente, pendant et avant la période d’intervention, l’année de l’intervention (2012) ainsi que l’année précédente (2011). Les analyses ont porté soit sur l’ensemble des ventes, soit sur les données d’achat des clients porteurs de carte de fidélité, en tenant compte de leur statut socio-économique, estimé à travers l’indice de désavantage social (IDS) de leur quartier d’habitation. Résultats. – Les produits Vita+ n’étaient pas plus chers que les produits non fléchés. Les évolutions de chiffre d’affaire ainsi que les analyses des données d’achat de clients porteurs de carte ont montré que la campagne d’affichage Vita+ et de marketing associé n’a entraîné aucune modification significative des ventes de produits Vita+, quel que soit le statut socio-économique des clients. L’étude qualitative a mis en avant un intérêt pour ce type de dispositifs d’une partie de la clientèle et des équipes de magasins, mais elle a révélé dans le même temps un certain nombre de difficultés (visibilité insuffisante de l’action, discontinuité de l’information, mauvaise compréhension du logo, problème de crédibilité du message) susceptibles d’expliquer l’absence d’impact sur les ventes. Conclusion. – La présente étude n’a pas mis en évidence d’impact du logo Vita+ sur les ventes. On ignore si cet échec est dû à l’absence réelle d’effet de l’intervention, ou à l’impossibilité de révéler son impact propre à travers le protocole mis en œuvre, du fait des nombreux facteurs de confusion inhérents aux interventions en vie réelle. Notamment, l’activité commerciale est sans cesse ponctuée d’évènements (changement de packaging, de prix et d’emplacement des produits, offres promotionnelles, disparition ou introduction de produits fléchés, etc.) susceptibles de venir interférer avec la modification qui doit être évaluée en tant que telle.
P029 Association prospective entre le taux sérique de ferritine et les performances cognitives (analyses secondaires de l’étude SU.VI. MAX 2) V. A. Andreeva1,*, P. Galan1, J. Arnaud2, C. Julia1, S. Hercberg1, E. Kesse-Guyot1 1 INSERM U557 ; U1125 INRA ; CNAM ; UNIV PARIS 13, Bobigny, 2 2CHU Institut de Biologie et Pathologie, Grenoble, France
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Introduction et but de l’étude. – Le rôle majeur du fer dans de nombreux processus biochimiques impliqués dans le vieillissement cognitif est bien documenté. La concentration de la ferritine sérique est considérée comme un marqueur de l’état des réserves en fer de l’organisme. Concernant l’association entre le statut en fer et les performances cognitives, le niveau de preuve est élevé chez les enfants, alors que chez les adultes ce lien reste à l’heure actuelle très peu documenté. Dans ce contexte, nous avons évalué, dans un échantillon d’adultes de la cohorte SU.VI.MAX 2, âgés de 35 à 60 ans à l’inclusion, l’association entre la ferritine sérique et les performances cognitives. Matériel et méthodes. – 1 539 hommes, 1 431 femmes pré-ménopausées, et 962 femmes ménopausées à l’inclusion ont été sélectionnés. Le taux de ferritine sérique et la concentration en hémoglobine ont été mesurés, à l’inclusion, en 1995. Les performances cognitives ont été évaluées 13 années après l’inclusion et comprenaient des tests de mémoire verbale (RI-48, fluence verbale sémantique et phonémique) et de la fonction exécutive (TMT, empan direct et inversé). Les scores standardisés à chaque test ont été sommés afin de calculer un score composite reflétant la fonction cognitive. L’association entre la ferritine sérique et l’hémoglobine et les performances cognitives a été évaluée par des analyses de régression linéaire. Résultats. – Aucune association significative n’a été détectée chez les hommes. En revanche, chez les femmes ménopausées à l’inclusion, nous avons observé une association significative inverse entre la ferritine sérique et la fluence verbale phonémique (β ajusté = – 0,11, IC à 95 % : – 0,21, – 0,01). Par ailleurs, chez les femmes pré-ménopausées âgées de plus de 46 ans à l’inclusion, les concentrations de ferritine étaient inversement liées au score composite de performances cognitives (β ajusté = – 0,09, IC à 95 % : – 0,17, – 0,00) et au score d’empan direct (β ajusté = – 0,13, IC à 95 % : – 0,22, – 0,03). Conclusion. – Les concentrations sériques de ferritine pourraient être liées de façon différentielle avec la cognition mesurée à distance selon l’âge, le statut ménopausique et le type de fonction cognitive considérée. D’autres études de prévention utilisant des mesures sensibles de différents domaines cognitifs ainsi que des évaluations répétées du statut en fer sont nécessaires pour clarifier les liens observés. Référencesþ: Andreeva VA, Galan P, Arnaud J, Julia C, Hercberg S, Kesse-Guyot E. Midlife iron status is inversely associated with subsequent cognitive performance particularly in perimenopausal women. J Nutr 2013. Sous presse.
P030 Profil alimentaire inflammatoire et risque de dépression chez les femmes M. Lucas1,2,*, P. Chocano-Bedoya2, M. B. Shulze3, F. Mirzaei2, É. O’Reilly2,4, O. I. Okereke4, F. B. Hu2,4, W. C. Willett2,4, A. Ascherio 2,4 1 Département de médecine sociale et préventive, Université Laval, Québec, Canada, 2 Department of Nutrition, Harvard School of Public Health, Boston, États-unis, 3Department of Molecular Epidemiology, German Institute of Human Nutrition, Nuthetal, Allemagne,
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Channing Division of Network Medicine, Brigham and Women’s Hospital and Harvard Medical School, Boston, États-unis Introduction et but de l’étude. – L’inflammation est considérée comme un mécanisme pouvant conduire à la dépression, mais l’association entre un profil alimentaire inflammatoire et le risque de dépression est inconnue. Le but de l’étude est de déterminer un profil alimentaire associé à des biomarqueurs de l’inflammation et examiner la relation entre ce profil alimentaire inflammatoire et le risque de dépression. Matériel et méthodes. – En utilisant la régression de rang réduit, nous avons identifié un profil alimentaire associé à des marqueurs de l’inflammation dans le plasma (protéine C-réactive, interleukine6, facteur de nécrose tumorale-alpha). Ensuite, nous avons effectué une analyse prospective de la relation entre ce profil alimentaire inflammatoire et le risque de dépression chez les participants de la Nurses’ Health Study. Un total de 43,685 femmes (âgées de 50 à 77 ans) sans dépression au point de départ (1996) ont été incluses et suivies jusqu’en 2008. Les apports alimentaires ont été obtenus à partir de questionnaires de fréquences alimentaires complétés entre 1984 et 2002, et calculés par la moyenne cumulative avec l’application d’une latence de 2 ans. Nous avons utilisé une définition stricte de la dépression (autodéclaration de dépression diagnostiquée par un médecin et utilisation d’antidépresseurs) et une définition plus large (autodéclaration de dépression diagnostiquée par un médecin ou utilisation d’antidépresseurs). Résultats. – Pendant 12 ans de suivi, nous avons documenté 2,594 nouveaux cas de dépression à l’aide de la définition stricte et 6,446 cas en utilisant la définition plus large. Après ajustement pour l’indice de masse corporelle et d’autres facteurs de confusion potentiels, les risques relatifs comparant les quintiles extrêmes du profil alimentaire inflammatoire étaient de 1,41 (intervalle de confiance à 95 % [IC], 1,22, 1,63, P-tendance < 0,001) pour la définition stricte et 1,29 (IC 95 %, 1,18, 1,41, P-tendance < 0,001) pour la définition plus large de la dépression. Conclusion. – Un profil alimentaire inflammatoire est associé à un risque de dépression plus élevé. Cette constatation suggère que l’association entre l’alimentation et la dépression pourrait s’expliquer par un effet de l’alimentation sur l’inflammation chronique.
P031 Nutrigénomique et nutrigénétique destinées aux diététiciens diplômés ? A. Theubet1,*, R. Lalombongo2, R. Reinert3 1 Interprofessionnalité, Haute école de santé, Genève, 2 Médecine interne, Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne, 3 Nutrition et diététique, Haute école de santé, Genève, Suisse Introduction et but de l’étude. – L’essor des connaissances dans le domaine de la génétique a permis le développement de la génomique nutritionnelle. La nutrigénomique s’intéresse au rôle des nutriments dans l’expression des gènes et la nutrigénétique permet d’étudier les différentes réponses individuelles face aux aliments et aux maladies. Ces deux disciplines sont en pleine expansion. Spécialistes de l’alimentation, les diététiciens tiennent un rôle important dans la prévention et le traitement des maladies. La génomique nutritionnelle pourrait modifier de façon radicale leur pratique pro-