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Nutrition clinique et métabolisme 27 (2013) S57–S175 / Cahiers de nutrition et de diététique 48 (2013) S57–S175
plus pour CD36 que des vésicules de phospholipides. De plus, les analyses montrent que les teneurs en cholestérol, phospholipides, vitamines liposolubles ainsi que la nature des acides gras des véhicules lipidiques modulent leur fixation sur les 2 protéines. Conclusion. – L’utilisation de la résonnance plasmonique de surface a permis de montrer que la nature et la composition des ligands lipidiques influencent leurs affinités pour les 2 récepteurs éboueurs SR-BI et CD36. Ces nouvelles données dégagent des perspectives prometteuses dans l’avancement des connaissances des mécanismes moléculaires régissant l’absorption intestinale des lipides.
P067 Influence de la nature de l’émulsifiant de l’huile de lin émulsionnée sur la biodisponibilité intestinale des lipides – approche in vivo-in vitro L. Couëdelo1,*, F. Carrière2, M. Cansell3, M.-C. Michalski4, C. Vaysse1 1 Équipe Nutrition Métabolisme & Santé, ITERG, Bordeaux, 2 EIPL, UMR7282, CNRS, Marseille, 3 Laboratoire CBMN, IPB/ENSCBP, Bordeaux, 4 CarMeN, INRA U1362, INSERM U1060, INRA, Villeurbanne, France Introduction et but de l’étude. – En France, le niveau d’apport en ALA est trois fois inférieur aux recommandations de l’ANSES. Il apparait ainsi nécessaire d’augmenter la consommation en ALA tout en maîtrisant le niveau d’apport en lipides. Nos précédents travaux ont montré que la biodisponibilité de l’ALA était améliorée quand l’huile de lin était fournie en émulsion. De plus, des données in vitro montrent un effet de l’émulsification de l’huile sur la lipolyse gastro-intestinale (GI). Dans ce contexte, notre étude vise à étudier chez le rat, l’influence de la nature des émulsifiants, couramment utilisés dans l’industrie agro alimentaire (IAA), sur la biodisponibilité intestinale de l’ALA apporté par l’huile de lin. Matériel et méthodes. – La digestibilité des 4 formules lipidiques à base d’huile de lin seule ou émulsionnée avec l’un des 3 surfactants utilisés en IAA : Tween 80, Caseinate de sodium ou lécithine de soja a été évaluée in vitro, en comparant le taux de lipolyse GI de chaque formule. Les mêmes formules ont été administrées à des rats mâles adultes Wistar porteurs d’une dérivation du canal lymphatique mésentérique (100 mg d’ALA), afin d’évaluer pendant la période post-prandiale i) l’évolution de l’absorption lymphatique de l’ALA ii) la variation de structure des chylomicrons (CM) et iii) l’expression de certains gènes codant pour des récepteurs membranaires impliqués dans l’absorption et le transport entérocytaire des lipides ainsi que ceux codant pour des protéines impliquées dans la formation des CM (FABP2, MTP, Sar1B). Résultats. – La présence de la lécithine de soja favorise la lipolyse GI (+30%) de l’huile de lin et l’absorption lymphatique globale de l’ALA (+120%). À l’inverse, la caséine réduit la lipolyse GI (– 20 %) ainsi que l’absorption entérocytaire de l’ALA (– 42 %). En outre, c’est avec la lécithine que le niveau d’expression de FABB2 est le plus élevé alors qu’il est plus faible (– 50 %) avec le groupe caseine comparativement à l’huile de lin seule. D’autre part le diamètre moyen des CM est augmenté, dans le groupe caséine (+35%) ainsi que dans le groupe lécithine (+100%) qui stimule, d’autre part, la synthèse du nombre de CM.
Conclusion. – La nature des émulsifiants module la lipolyse GI ainsi que l’absorption intestinale des lipides ce qui modifie leur biodisponibilité. Notamment la lécithine de soja favoriserait la biodisponibilité de l’ALA par une synthèse lymphatique de CM de diamètre plus important et en plus grand nombre.
P068 Incorporation de l’acide alpha-linolénique dans les lipides circulants et les tissus adipeux chez le rat : influence de la forme d’administration de l’huile de lin M. Cansell1,*, L. Couedelo2, B. Buaud2, A. Géloen3, P. Sauvant1, C. Vaysse2, C. Atgie1 1 CBMN UMR 5248, Univ. Bordeaux1-IPB-CNRS, 2 Unité de Nutrition Métabolisme et Santé, Iterg, Pessac, 3 Laboratoire CarMen, Inserm-Insa, Lyon, France Introduction et but de l’étude. – L’émulsification des matières grasses dans les aliments pourrait être une stratégie efficace pour satisfaire les apports nutritionnels conseillés en lipide. En effet, il est clairement démontré, chez le rat (composition des lipides lymphatiques) et l’Homme (composition des lipides plasmatiques), que l’émulsification des huiles avant administration, augmente la bio-accessibilité des lipides. Cependant, le rapport bénéfice/risque de ce flux augmenté de triglycérides vers les tissus utilisateurs n’est pas totalement établi. Le but de notre étude est donc d’évaluer l’impact de l’émulsification de l’huile de lin sur la bio-accessibilité des acides gras polyinsaturés (AGPI) n-3 à travers l’incorporation de l’acide a-linolénique (ALA) dans les lipides plasmatiques, les tissus adipeux (TA) et le tissu adipeux brun (TAB) chez le rat et d’étudier les conséquences sur le métabolisme au travers des mesures de l’expression génique de facteurs clés de régulation. Matériel et méthodes. – Les émulsions huile dans eau (45 % de phase huileuse) stabilisées par de la lécithine de soja (20 %) et du déoxycholate de sodium (1 %) sont préparées. Des rats mâles Wistar sont soumis pendant 14 jours à un régime normocalorique à 5 % de lipides par gavage quotidien avec une huile de lin émulsionnée ou en phase continue, comparée à une huile d’arachide non émulsionnée. A différents temps de l’étude cinétique (J0, J3, J6, J10 et J14), l’incorporation de l’ALA dans les lipides (plasmatiques – des TA – du TAB) est mesurée. Des mesures de l’expression génique des récepteurs nucléaires aux acides gras (PPARa et PPARg) sont réalisées à J14 dans les TA et le TAB. Résultats. – La consommation d’huile de lin favorise un enrichissement en ALA du compartiment plasmatique (triglycérides et acides gras libres), sans qu’il y ait de différence significative des deux formes d’administration de l’huile. Après 10 jours de consommation, le contenu en ALA des lipides circulants semble avoir atteint une valeur seuil. Dans les différents dépôts du TA, la proportion d’ALA est maintenue constante pendant les 14 jours sans influence de la forme d’administration, ni du type d’huile utilisé. La consommation d’huile de lin permet de maintenir les proportions en ALA dans les lipides totaux du TAB. L’expression génique des PPARa et g dans les TA n’est pas modifiée ni par la nature ni par la forme d’administration des
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lipides. En revanche, l’expression génique des PPARa et g est fortement augmentée (250 et 330 % respectivement) dans le TAB en réponse à la forme émulsionnée. Conclusion. – Deux semaines d’administration d’huile de lin (sous forme émulsionnée ou non) ne sont pas suffisantes pour faire varier les teneurs en ALA des tissus adipeux, malgré un enrichissement des lipides circulants. Néanmoins, il semble qu’au-delà de 6 à 10 jours, des régulations métaboliques se mettent en place conduisant à un taux maximal d’incorporation de l’ALA dans les lipides plasmatiques et le TAB. Ces régulations sont associées à une très forte augmentation de l’expression génique des PPAR uniquement dans le TAB et dans le cas du régime à base d’huile de lin émulsionnée.
P069 Effets d’un régime riche en acide α-linolénique sur le métabolisme secondaire de l’arginine N. Guelzim1, F. Mariotti1, D. Hermier2,* 1 Physiologie de la Nutrition et du Comportement Alimentaire, AgroParisTech, 2 Physiologie de la Nutrition et du Comportement Alimentaire, INRA, Paris, France Introduction et but de l’étude. – Les acides gras polyinsaturés (AGPI) n-3 jouent un rôle avéré dans la physiopathologie et la prévention du syndrome métabolique et des dysfonctionnements associés. Les mécanismes d’action des AGPI n-3 sont principalement liés à leurs effets connus sur l’homéostasie lipidique et glucidique et sur l’inflammation, mais aussi à un effet probable sur le métabolisme secondaire (II) des acides aminés. L’arginine est une cible particulièrement intéressante, car c’est le précurseur du monoxyde d’azote (NO). En effet, le NO est un régulateur central de la fonction endothéliale vasculaire (altérée lors de syndrome métabolique), et il intervient dans les processus d’inflammation et dans l’action physiologique de l’insuline. Les mécanismes de régulation possible du métabolisme ii de l’arginine par les AGPI n-3 ont donc été explorés chez la souris souris (soutien financier : GLN & Valorex). Matériel et méthodes. – Des souris mâles C57Bl6J ont reçu pendant 5 semaines des régimes riches en huile de lin (régime LIN), source d’acide α-linolénique (ALA), ou en huile de palme (régime PAL), riche en acides gras saturés, à hauteur de 50 % de l’énergie et de 20 % du poids de l’ingéré. Le métabolisme II de l’arginine a été exploré par une méthode de traceur isotopique ([15N2-guanido]-arginine administré en IP) permettant de déterminer la synthèse totale de NO par l’organisme et l’orientation, compétitive, de l’arginine systémique vers la synthèse d’urée. Ont été également mesurées les concentrations plasmatiques d’urée et des produits de dégradation terminaux du NO (nitrate et nitrite) ainsi que l’excrétion urinaire d’urée et de nitrates. L’expression hépatique des enzymes impliquées dans le métabolisme de l’arginine (Arginases et NO Synthases, NOS) a été quantifiée par PCR en temps réel, ainsi que celle de CYP4A14, un marqueur de l’activation génique par les AGPI n-3. Résultats. – La synthèse de NO est plus importante (+53%; P = 0,053) après le régime LIN qu’après le régime PAL. De même, les concentrations plasmatiques de nitrate sont plus élevées chez les souris ayant reçu le régime LIN (78,3 μM) que chez celles ayant reçu le régime PAL (62,3 μM), sans néanmoins de différence quant
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à l’excrétion urinaire de nitrate, ou à la concentration plasmatique de nitrite. Aucun effet du régime n’a été observé quant à l’expression hépatique des 2 isoformes de la NOS (constitutive et inductible). Concernant la production d’urée, la qualité des AG des régimes n’influence pas les concentrations plasmatiques et les quantités d’urée excrétées dans l’urine. En revanche, l’expression hépatique de l’isoforme 1 de l’arginase (impliquée dans la synthèse de l’urée) est deux fois plus importante chez les souris ayant reçu le régime LIN, sans aucun effet sur l’expression hépatique de l’arginase 2. Cependant, l’expression hépatique de CYP4A14 est 6 fois plus élevée avec le régime LIN, ce qui prouve que l’ALA active l’expression des mêmes gènes-cibles classique que ces dérivés à longue chaîne. Conclusion. – Dans le cadre d’un régime hyperlipidique, un régime riche en ALA favorise la synthèse de NO à partir de l’arginine. Ce résultat ne semble pas provenir d’une modification de la compétition systémique par l’activité arginase, et semble indépendant d’une régulation génique des enzymes de synthèse du NO.
P070 Effets des émulsifiants sur l’absorption intestinale des lipides chez le rat M. Sadouki1,*, M. Bouchoucha2 1 Technologie des industries agro-alimentaires et de nutrition humaine, école nationale supérieure d’agronomie, alger, Algérie, 2 CEFRED service de gastroentérologie, hopital avicennes, Bobigny, France Introduction et but de l’étude. – L’usage des émulsifiants est basé sur leurs propriétés complexante, foisonnante, surfactante, stabilisante, humectante, dispersante et lubrifiante de l’aliment. C’est pour leurs nombreuses applications technologiques que nous avons choisi deux émulsifiants : la lécithine(E322) et l’ester citrique de mono et diglycérides d’acides gras(E472c). Les émulsifiants participent également aux phénomènes digestifs des lipides ; on peut même ajouter que la présence d’émulsifiants est indispensable au bon déroulement de l’absorption des graisses alimentaires. Cependant, au-delà de ce contexte et parfois dans des conditions sensiblement différentes, nous avons voulu apporter notre contribution pour connaître les effets de ces deux émulsifiants sur l’absorption intestinale des lipides et des acides gras totaux. Matériel et méthodes. – 24 rats Wistar male adultes ont été nourris pendant 9 jours avec un régime alimentaire enrichi en graisse (huile de palme).12 rats constituaient le groupe témoin (T). Dans 2 autres groupes de 6 rats, 30 % de l’apport lipidique a été remplacé par de la lécithine (groupe L) ou par de l’ester citrique de mono et diglycéride (groupe A). La teneur en lipide de l’alimentation et des excréments a été mesurée par extraction à froid. Leur composition en acides gras a été déterminée par chromatographie gazeuse. Les coefficients d’utilisation digestive (CUD) des lipides et des acides gras totaux ont été calculés. Résultats. – L’ester citrique de mono et diglycéride (E472c) diminue l’absorption des lipides totaux (CUD : 75,68 vs 88,46 %, p < 0,05) alors que la lécithine n’a pas cette action (CUD : 88,02 %, p = ns).