Table ronde L’helicobacter pylori
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www.sciencedirect.com Mots clés : Ulcères
Particularités de la maladie ulcéreuse chez l’enfant Particularities of ulcer disease in children N. Kalach1,2,*, P. Bontems3, J. Raymond4 1 Clinique pédiatrique Saint-Antoine, Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Université Catholique, Lille, France 2 Service de pédiatrie-néonatalogie, Hôpital Cochin-Saint-Vincent-de-Paul, Université René-Descartes, Paris V, France 3 Service de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique, Hôpital Universitaire des Enfants Reine-Fabiola, Bruxelles, Belgique 4 Service de bactériologie, Hôpital Cochin-Saint-Vincent-de-Paul, Université Paris-Descartes, Paris, France
S
i la maladie ulcéreuse est bien documentée chez l’adulte, peu de données sont publiées chez l’enfant tant du point de vue de sa prévalence, de ses manifestations cliniques, des facteurs de risques et de son traitement. Cet article résume les données de la littérature pédiatrique concernant les ulcères et les érosions gastroduodénales chez l’enfant.
1. Fréquence des ulcères et des érosions gastroduodénales chez l’enfant 812
Les premières études épidémiologiques montrent que parmi les enfants infectés par Helicobacter pylori (H. pylori) seulement 10 à 20 % présentent des ulcères gastriques ou duodénaux lors d’une endoscopie digestive haute (Macarthur C 1995, Nijevitch AA 2001, Roma E 2001, El Mouzan MI 2004, Elitsur Y 2001, Egbaria R 2008). Il s’agissait toutefois le plus souvent d’études monocentriques incluant un faible nombre d’enfants. Une récente étude européenne multicentrique et prospective incluant plus de 1400 enfants symptomatiques infectés par H. pylori a montré qu’un ulcère gastrique ou duodénal était retrouvé lors de l’endoscopie chez 3,5 % des enfants de moins de 6 ans, chez 4,6 % des enfants âgés de 6 à 11 ans, et chez 10,4 % de ceux âgés de plus de 12 ans (Koletzko S 2006). Une deuxième étude menée par les membres de l’European Paediatric Task Force for Helicobacter pylori, incluant les mêmes patients, originaires de 14 pays a évalué la fréquence des lésions ulcérées ou érosives de l’estomac et du duodénum et analysé les différents facteurs de risque associés (Kalach, 2007). Cette étude montre une importante variation géographique dans la fréquence des lésions, 97/749 (12,9 %) dans les 3 centres russes, 56/694 (8,1 %) dans les autres centres Européens (Kalach, 2007).
* Auteur correspondant. e-mail :
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812 © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Archives de Pédiatrie 2010;17:812-813
2. Manifestations cliniques au cours des ulcères et des érosions gastroduodénales chez l’enfant Chez l’enfant, en l’absence de consensus pédiatrique et d’études méthodologiquement bien conduites, il est impossible d’individualiser des manifestations cliniques pathologiques liées spécifiquement à l’infection à H. pylori (Nijevitch, 2001). Certains auteurs ont suggéré que des douleurs abdominales réveillant l’enfant, des douleurs calmées par l’ingestion d’aliments, des douleurs associées aux repas, des douleurs postprandiales, ou une mauvaise haleine matinale (halitose) sont des arguments en faveur d’une pathologie ulcéreuse (Nijevitch, 2001). Dans l’étude européenne (Kalach, 2007), les principales indications de l’endoscopie digestive haute étaient les douleurs épigastriques ou abdominales (24 %) et la suspicion de reflux gastro-œsophagien (15 %). Une sensibilité épigastrique à la palpation abdominale, une hématémèse, un méléna ou un retard de croissance étaient des signes cliniques significativement associés à la présence d’un ulcère ou d’une érosion gastroduodénaux (Kalach, 2007).
3. Causes des ulcères et des érosions gastroduodénales chez l’enfant Les 2 causes principales de l’ulcère gastroduodénal chez l’adulte sont l’infection par H. pylori et les effets indésirables de certains médicaments comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Il est maintenant clairement établi que H. pylori est responsable de gastrites, d’ulcères gastriques ou duodénaux et de cancers (Bontems, 2003). H. pylori colonise uniquement l’homme, se transmet le plus souvent par voie oro-orale. La transmission est le plus souvent intrafamiliale (Raymond J 2004). L’infection a lieu dans l’enfance et persiste toute la vie et est favorisée par un environnement socio-économique faible (Malaty, 1994). Chez l’enfant comme chez l’adulte, une infection par H. pylori est plus fréquente en cas d’ulcère duodénal que d’ulcère gastrique (62 vs 20 %, p < 0,001) (Roma, 2001). La responsabilité de H. pylori
Particularités de la maladie ulcéreuse chez l’enfant
dans la genèse des ulcères semble varier selon les pays puisque, si en Russie l’infection est retrouvée chez 88/97 (90 %) des enfants présentant un ulcère ou des érosions gastroduodénales, elle n’est retrouvée que chez 15/56 (27 %) des enfants originaires des autres pays européens présentant la même pathologie (Kalach, 2007). Comparés aux enfants de moins de 10 ans, les enfants âgés de 10 à 18 ans présentent un risque accru de présenter un ulcère (risque relatif de 2,1) (Kalach, 2007). En revanche, dans l’étude européenne, le sexe, le niveau socio-économique et le mode de vie (tabac, alcool, drogue) ne sont pas des facteurs de risque significatifs de développer un ulcère (Kalach, 2007). L’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens favorise les lésions des muqueuses gastro-intestinales (ulcères) aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant (Cadranel, 2007). Dans l’étude européenne (Kalach, 2007), l’ingestion d’AINS ou de stéroïdes pendant les 4 semaines précédant l’endoscopie a été rapportée chez 29/56 (51 %) enfants (AINS chez 8/56 (14 %) enfants et stéroïdes chez 5/56 (9 %) enfants). La prise occasionnelle d’alcool et la consommation de tabac a été signalée dans respectivement 7cas (12 %) et 3 cas (5 %). Ces différents facteurs ne semblent dès lors que peu influencer la survenue d’ulcères ou d’érosions dans la population étudiée. La prise d’antagoniste-H2 ou d’inhibiteur de la pompe à proton pouvant masquer des lésions avant l’endoscopie est rapportée chez 6/56 (11 %) et 8/56 (14 %) enfants respectivement (Kalach, 2007). Les autres causes de lésions peptiques dans l’estomac et le duodénum sont le stress, certains agents exogènes ou les conditions sous-jacentes telles que les maladies inflammatoires du tube digestive (MICI), i.e. la maladie de Crohn (Macarthur, 1995 ; Nijevitch, 2001 ; Roma, 2001 ; El Mouzan, 2004 ; Kalach, 2007).
boisson gazeuse, exclusion des plats épicés et aliments acides) peuvent être prescrits en première intention. En cas d’échec, un réexamen de l’enfant s’impose ainsi que la réalisation d’une endoscopie avant la prescription d’antagoniste H2 ou d’un inhibiteur de la pompe à proton (IPP) qui ont l’inconvénient de masquer les lésions. L’utilisation d’un IPP est le traitement du choix offrant une amélioration rapide des symptômes avec un taux de guérison élevé. Une durée de traitement de 4 à 8 semaines sera nécessaire et une endoscopie de contrôle est justifiée. Il convient également de traiter les causes d’ulcère qui auront pu être identifiées : arrêt des traitements non nécessaires, utilisation préférentielle de paracétamol à la place des anti-inflammatoires comme l’ibuprofen, éradication de l’infection à H. pylori (Cadranel, 2007 ; Bontems, 2009).
5. Conclusions La fréquence des ulcères et des érosions gastroduodénales est plus élevée en pédiatrie que généralement admis. Les causes de ces lésions sont diverses, encore mal connues et surtout non identifiées 1 fois sur 2. Le risque de récurrence est probablement faible. Il semble inutile de pratiquer une endoscopie digestive haute dès qu’un enfant se plaint de douleurs abdominales, mais seulement lorsque les manifestations cliniques orientent vers une origine probable organique. Le traitement de la maladie ulcéreuse se base principalement sur les mesures diététiques quotidiennes et l’utilisation des IPP.
4. Traitement des ulcères et des érosions gastroduodénales chez l’enfant
Références
En cas de douleurs épigastriques, des pansements gastriques (hydroxydes d’alginate) et des conseils diététiques (absence de
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