Ann Dermatol Venereol 2004;131:616–46
Actes : 1er semestre 2004
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 2004 – MATIN THÈME : THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE ET INSTRUMENTALE ORATEUR INVITÉ : D. Salomon, Genève Les substituts cutanés sont-ils une alternative aux greffes de peau dans la prise en charge des plaies chroniques ? COMMUNICATIONS – Traitement du lichen érosif buccal par le thalidomide A. MACARIO-BARREL, X. BALGUERIE, P. JOLY Clinique Dermatologique, CHU de Rouen.
Introduction. Le lichen plan buccal érosif est une dermatose chronique souvent difficile à contrôler malgré l’utilisation des corticoïdes. La maladie peut être grave soit du fait d’une corticodépendance à doses élevées, soit du fait d’érosions buccales hyperalgiques gênant ou empêchant l’alimentation et responsables d’altération de l’état général. Nous avons testé l’intérêt du thalidomide chez six malades atteints de lichen érosif buccal grave. Malades et méthode. Nous avons étudié rétrospectivement l’efficacité et la tolérance du thalidomide chez 6 malades atteints d’un lichen érosif buccal grave corticorésistant et/ou corticodépendant, retentissant sur leur état général. Le thalidomide était initialement administré à la dose de 50 à 100 mg/jour, puis progressivement diminué jusqu’à la dose minimale efficace. Une évaluation clinique était réalisée tous les deux mois par le même examinateur. Résultats. Une cicatrisation complète des lésions érosives a été obtenue chez 4 malades sur 6, après une moyenne de 4 mois de traitement à une dose moyenne de 83 ± 23 mg/jour de thalidomide. Une cicatrisation partielle des lésions avec disparition de la dysphagie et reprise de poids de 6 kg a été obtenue chez un malade. Le dernier malade a été considéré comme un échec. Trois malades recevaient simultanément une corticothérapie générale par prednisone à une dose moyenne de 37 mg/j au début de l’étude. Celle-ci a pu être diminuée à 7 mg/j à la fin de l’étude. Deux effets secondaires graves ont été observés : une phlé-
bite et une neuropathie. L’arrêt du thalidomide chez ces 2 malades a entraîné une rechute rapide des lésions buccales érosives. Discussion. Le thalidomide semble intéressant dans le traitement des lichens érosifs buccaux graves, corticorésistants, corticodépendants ou lorsqu’il existe une contre indication à la corticothérapie générale. Ses effets secondaires potentiellement graves doivent faire réserver son usage aux formes graves après échec des traitements habituels. – Périnéotomie médiane : un traitement simple et efficace des brides postérieures de la vulve S. BERVILLE-LEVY, M. MOYAL-BARRACCO, P. SAIAG, B.J. PANIEL Service Dermatologie, CHU Ambroise Paré, Boulogne.
But de l’étude. Le but de notre étude est d’évaluer les résultats de la périnéotomie médiane (PM) [1] (opération de Fenton) en cas de dyspareunie orificielle due à une bride postérieure de la vulve. Patientes et méthodes. Nous avons étudié rétrospectivement les dossiers de 32 patientes qui ont eu une PM pour dyspareunie orificielle postérieure. Ces patientes ont été opérées par deux chirurgiens gynécologues (BJP et SBL) entre janvier 1996 et décembre 2000 dans un service de dermatologie. L’âge moyen des patientes, leur statut hormonal, l’ancienneté de la dyspareunie et sa cause ont été colligés, ainsi que les complications et les résultats à long terme de l’intervention. La PM était pratiquée sous anesthésie locale. Elle consistait en une incision sagittale à cheval sur la bride entamant la crête du noyau fibreux central du périnée, suivie d’une libération des berges cutanée et muqueuse, puis d’une suture transversale par des points séparés. Les fils étaient enlevés 15
jours après l’intervention au cours d’une consultation médicale. Les résultats à long terme ont été évalués en avril 2001 par un questionnaire téléphonique. Résultats. L’âge moyen était de 46 ans (24-64). Seize des 32 patientes étaient ménopausées, et 13 d’entre elles étaient sous Traitement Hormonal Substitutif. L’ancienneté de la dyspareunie était de 46 mois en moyenne (6-120). La bride postérieure était due à un lichen scléreux (12 cas), une épisiotomie (7 cas), des fissures de la fossette naviculaire (7 cas), au traitement de condylomes vestibulaires (3 cas) par laser CO2 (2 cas) ou cryothérapie (1 cas). La bride postérieure était inexpliquée dans 3 cas (constitutionnelle ?). L’intervention durait 20 à 30 minutes. Son prix remboursé par la Sécurité Sociale était de 52 euros environ (Kc 20). Les complications ont été une désunion partielle de la cicatrice (6 cas) qui a toujours bien cicatrisé secondairement. La durée moyenne de suivi a été de 33 mois (6-60 mois). Les résultats à long terme ont été une guérison complète (rapports sexuels indolores) dans 27 cas (85 p. 100). Dans 3 cas, la dyspareunie a persisté malgré le traitement de la bride. Dans deux autres cas, les fissures de la fossette naviculaire ont récidivé. Conclusion. La PM est une solution simple, efficace et peu coûteuse en cas de dyspareunie orificielle due à une bride postérieure. Pour les fissures de la fossette naviculaire, la vulvopérinéoplastie [2] pourrait être plus efficace.
Références 1. Paniel BJ, Truc JB, Robichez B, Malouf A et al. Chirurgie des lésions bénignes de la vulve. Encyclopédie médicochirurgicale. Techniques chirurgicales gynécologie. Elsevier, Paris, France, No 41885.6.85. 2. Paniel BJ, Truc JB, Robichez B et al. Vulvopérinéoplastie. Presse Med 1984;13:1895-8.
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