Pister les huîtres et leurs pathogènes

Pister les huîtres et leurs pathogènes

AGROBlOL6klE ,.,..=_ L’e’levage des hui’tres repose SW des transferts de coquillages - et done d’agents pathogknes entre pays, voire entre continents...

1MB Sizes 0 Downloads 92 Views

AGROBlOL6klE ,.,..=_

L’e’levage des hui’tres repose SW des transferts de coquillages - et done d’agents pathogknes entre pays, voire entre continents. Des w&bodes d’identification permettent aujourd’hui de retracer cette histoire complique’e, et laissent entrevoir une meilleure protection du cheptel face aux bpidhies. ’ Laboratoire de gBn&ique et pathologic, Ifremer, BP 133,17390 La Tremblade.

(1) Y. Gruet eta/. (1976) Cab. Biol. Ma,: 17.173-184

(2) J. Cigarria, Ft. Elston (1997) D/s. Aquat. Org. 29,

157-158. (3) H. Grizel, M. H&al (1991) Journal do Conseil international pour /‘exploration de la mef 47,399-403.

i L>:, ‘ostreiculture a connu historien France comme ‘) _,g quement, d‘ans de nombreux autres pays, une succession de phases de developpement, d’exploitation puis de crise, le plus souvent lites i la surexploitation des stocks ou a l’apparition de maladies. Ces dernieres ont parfois fortement perturb6 les productions et constituent, aujourd’hui encore, tine menace permanente. Uostreiculture repose en effet, traditionnellement et structurellement, sur des transferts d’animaux. Or, loin de voyager seules, les huitres ont souvent ete des vecteurs d’especes associees (protozoaires, algues, gasteropodes, etc.) et de maladies, comme le montrent les etudes retrospectives disponibles (I, 21. Paradoxalement, ces crises ont pu conduire 5 leur tour a l’introduction de nouvelles especes d’huitres, afin de reconstituer des populations exploitables. Pest ainsi, par exemple, que l’huitre creuse dite c*portugaise )) a ete exportee vers le reste de 1’Europe a partir du XVIP siecle, pour remplacer les populations locales declinantes d’huitres plates. Les consequences Ccologiques et economiques de telles pratiques Ctant particulierement imprevisibles en milieu marin, elles font I’objet de recommandations d’organismes 38 BlOFlJTUR195

l

Okembrel999

internationaux, comme le Conseil international pour I’exploitation de la mer (CIEM) ou 1’Office international des Cpizooties (OIE). Encore faut-il, pour les appliquer, ttre en mesure d’identifier saris ambigu’ite les differentes especes d’huitres et d’agents pathogenes, et disposer de traceurs fiables de leurs mouvements. Les don&es historiques n’etant pas toujours completes, et les comparaisons morphologiques souvent peu discriminantes, seules des methodes moleculaires reposant sur la comparaison de sequences d’acides nucleiques (genomes nucleaire et mitochondrial) peuvent apporter une reponse. Aujourd’hui, l’ostreiculture repose sur deux especes : l’huitre plate ou Ostreu edulis, et l’huitre creuse du Pacifique ou huitre japonaise, Crassostreu gigas. Leurs histoires sont bien differentes. Les banes naturels d’0. edulis, l’espece endemique en Europe, ont ete exploit& des l’epoque romaine. Au XVIIIe siecle, leur diclin, lit a une surexploitation croissante, Ctait tel qu’il a fallu importer des huitres du Portugal pour repondre a la demande, mais il s’agissait d’huitres creuses, de l’espece Crassostrea anguhtu. En 1868, l’un des navires assurant ce transport ayant ete contraint par le mauvais temps de

Costr6iculture repose sur de frbquents BpidBmie si un agent pathogene voyage

jeter sa cargaison par-dessus bord, les mollusques s’etablirent dans l’estuaire de la Gironde oti le bateau s’etait refugie, prenant rapidement le dessus sur les populations d’huitres plates le long de la c&e Atlantique. En 1960, la production francaise etait de 85 000 tonnes de C. angulata, contre 28 000 tonnes d’0. edulis.

> Arrivke, domination puis disparition La domination de l’huitre portugaise prit fin entre 1969 et 1973, avec la ccmaladie des branchies )j, une Cpidtmie virale qui provoqua rapidement sa disparition. On decida alors d’ilever une nouvelle espece originaire du Japon, deja introduite avec succes sur la c6te Ouest des l&at+ Unis et du Canada au debut du sitcle, puis en Australie en 1950 : Crassostrea gigus (31. Cette huitre connut Cgalement le succes en Europe,

et la France en produit actuellement environ 145 000 tonnes par an. Crassostrea gigas Aujourd’hui, reprisente a elle seule plus de 95 % des 3 millions de tonnes d’huitres comestibles produites chaque an&e dans le monde. Entre-temps, l’huitre plate a subi coup sur coup, durant la seconde moitie des an&es 1960, deux maladies dues a des protozoaires parasites : la marteiliose, ou

comme la Bretagne, la Normandie ou la Mediterranee. La tres forte fekondite des huitres assure en general un recrutement suffisant pour les besoins de l’ostreiculture francaise, mais le naissain peut aussi provenir de la reproduction en ecloseries. Celles-ci sont particulierement importantes en Europe du Nord ou aux Etats-Unis, oti les conditions naturelles sont moins propices a la reproduction. Ces transferts de cheptels ne se limitent pas au territoire national et les circuits, parfois complexes, sont facilites par la libre circulation des produits dans I’espace Cconomique europeen. Autant de mouvements qui tendent a brouiller les pistes pour qui veut Cclaircir l’histoire des c( migrations )) d’huitres et de leurs agents pathogenes. Les techniques moleculaires apparaissent alors souvent comme la seule solution, d’autant que la discrimination entre differentes especes ou sous-espkes d’huitres transfetis de coquillages, d’oti la menace permanente d’une n’est pas toujours ‘avec les huitres. aisee. C’est en particulier le cas pour les deux huitres creuses, <
pourvues d’un ADN propre, qui assurent la production d’inergie) Porte en effet un gene codant une enzyme appelee cytochrome oxydase, qui permet des comparaisons fines entre differentes souches d’une meme espece. En analysant I’ADN de plusieurs especes asiatiques (C. gigas, C. sikamea et C. ariakensis) et celui de C. angulata, il est apparu que la divergence genetique entre cette derniere et C. gigas Ptait inferieure a celle relevee entre les autres esptces etudices. Les auteurs ont logiquement con& a l’origine asiatique de C. angdata (6). La mime an&e, en analysant des Cchantillons d’origines geographiques diverses, nous avons constate la remarquable similarite gtnetique des populations d’huitres de Taiwan et de celles qui persistent encore au sud du Portugal et de l’Espagne (7).

(4) R.W. Menzel (1974) J. fish. Res. Board Can. 31, 453-455. (5) N.E. Buroker et al. (1979) Mar: Bid. 54, 157-l 69 (6) D. O’Foighil eta/. (I 998) Mar. Biol. 131, 497-503. (7) P. Boudry ef al. (1998)

J Exp.

Mar. Biol. Ecol. 226, 279-291. (8) D. Hedgecock et a/. (1999) Mar: Biol. 133, 65-68.

> Une portugaise n6e ti Taiwan Ces elements montrent que I’huitre dite ccportugaise )) a bien tte introduite d’Asie, et probablement de Taiwan, par les premiers navigateurs portugais au XV@ siecle. On ignore si cette introduction fut volontaire mais elle avait et& ou fortuite, oubliee ! Ces travaux ont aussi permis de decouvrir que les huitres cultivees h Taiwan sont precisement des C. angdata, et non des C. gigas, qui sont quant a elles originaires du Japon.. . Grace h ces memes techniques moleculaires, on a tout recemment retrouVC une autre espece proche de l’huitre de Kumamoto C. gigas, (8). Celle-ci avait ete (C. sikamea) introduite dans les an&es 1940 sur la tote Ouest des Stats-Unis, mais semblait avoir disparu au Japon. Comme elle peut s’hybrider avec sa conservation semblait C. gigas,

BIOFIJTUR 195

l

Decembre 1999 39

i AGROBIOLOGIE .-,..,._I__,",, - .,(I.)

(9) M.A. Banks eta/. (1994) Mar: Bid. 121 (l), 127-135. (10) M. Comps eta/. (1980) C R.Acad sci.Paris209 (D), 383-384.

problematique (9). Or, en analysant les genes codant la petite sous-unite du ribosome (un organite intracellulaire responsable de la synthese des proteines) et des zones d’ADN dites ccintertranscriptionnelles )) (portions non codantes, done plus variables), l’equipe de Dennis Hedgecock (Bodega Marine Laboratory, universite de Californie a Davies, Bodega Bay, Stats-Unis) a retrowe l’huitre de Kumamoto dans la mer d’Ariake, au Japon.

> Agents pathogknes et passagersclandestins Les importations d’huitres 1 des fins d’aquaculture ou de consommation favorisent aussi bien souvent, nous l’avons vu, des ccmigrations )) d’agents pathogines. L’histoire de la bonamiose, maladie des huitres plates, est a cet egard particulierement 40 BIOFUTUR 195

l

D-Scembre 1999

revelatrice. Comme la plupart des maladies des huitres, elle se traduit par une mortalite elevee, saris que I’on puisse en distinguer des signes clairs i l’examen oculaire. Settle l’analyse histologique des mollusques permet d’identifier le pathogene implique. Reconnue pour la premiere fois en 1979 chez des huitres plates de l’ile Tudy, dans le Finis&e, la bonamiose s’est rapidement propagee aux principaux centres de production europeens (IO). L’agent responsable, le protiste parasite Bonamia ostreae, est apparu de faGon concomitante en Bretagne et dans les Asturies (Espagne), a la suite d’importations de jeunes huitres plates, Ostrea edulis, en provenance de Californie (2). Des methodes comme I’anatomopathologie, l’observation au microscope tlectronique et l’utilisation d’anticorps monoclonaux ont en effet permis de confirmer

l’identite entre B. ostreae et un parasite decrit quelque 20 ans plus tot en Californie. Dans l’hemisphere Sud, cette maladie est provoquee par un protiste apparente : Bonamia sp. Au debut de ce siecle, les huitres plates consommees en Tasmanie etaient des Tiostrea chilensis produites en Nouvelle-Zelande. C’est I’introduction et la reimmersion, pendant plus de 10 annees consecutives, de stocks d’animaux infect&, qui fut h l’origine du transfert de la bonamiose entre ces deux iles. On pourrait multiplier les exemples d’apparitions de maladies directement likes aux Cchanges de bivalves. La encore, les mithodes moltculaires permettent de mieux retracer les voyages des agents pathogtnes. Ainsi, Haplosporidium nelsoni, protiste parasite qui affecte l’huitre creuse americaine, Crassostrea virginica, est apparu des la fin des

Huitre et qualit Par Hen:

Grizel,

Ifremer,

Sete

Selon

la norme

(poids

de chairipoids

actuelle

L non classties

s’ (IndIce

9) et I~ spkiales duites

(Afnor total)

g 6,5).

supCrieur

sent classes

d‘une

samples

La

categorre

nature

de

la

lIpIdes

La chair

blanc

lalteux.

texture

iaiteuse

Les sucres.

notammenl dans

me de chair. rapport

est longue et plus

B la Imasse digestive.

fibreux

de la texture

huitre

courte

d’autant

mais

combinaison

Coefficient

de longueur

(100

Coefficient

L/(I + e)/Z)

d’epaisseur

(100

plates

Huitres

e/(L + 1)/Z) : ~35

lorsqu’ils

sent trk

ou sucre.

reserves

tes reserves

ivolre

B la chair

abondants.

Ils sont abondants

lisse.

lorsque

les huitres

selon tine

et de largeur un indice

com-

+ Bpaisseur)/largeur)

qui ne sera

les huitres

(IM > 3).

longues

>250 moyennes

Huitres

Bpaisses

>45

de la coqclltle et presenter coqtitllees

s~~bs?~~~c:es

Ce cntere

et

leur quantit6.

en hiver

actuelles

sont

d‘entre

elles.

Comitk

national

Suite

aux

dolt

de

rerlfermant witsenbondes.

a i odorat 11’3 cependmt

pref&‘e;ice

U~I m~n~rnurn de

de

propositions

et a~ gotrt pc~s ete

SI on les

retenu

clans

dans

prk trois

de I’lfremer. (CNC)

a crk

le cinq

categories.

P6 : de 30 2 40 g

nn 4. de 40 d 60 g

P5 : de 40 d 500 g

nc 3 : de 60 B 90 g

M4

n’ 2 : de 90 g 120 g

de 50 B 65 g

ii’

G2

> 170 g

de 80 a 110 g

ou lnals perfore). la grille.

BIOFUTUR 195

l

Decembre

1999

41

I

120 g et plus

M3 : de 65 a 80 g

etre

toxlques

puisque

entrent

de la conchyliculture

charnbres

la vase

no,,

inadaptees.

d’huitres

TG1~de1108140g

desagreables

digestive

et une apparence Selon

1

des

a une

Bgal. une

nouvetles

(veslctdes

I’huitre

glycogeniques.

Les six classes

nncre

jaun&re.

BnergBtiques.

de la glande

de 90 ai de la production

L’trltkrleur

blanc

En bouche.

par

a propose

de longueur

35-45

h:en

alors

renfer-

OLI laiteuse

L’lfremer

ZOO-250

:
Categoric

devient

818.

des taux de

le cite

g poids

sera croquante

que pour signaler

en plein

Wvation

peu

pendant

sera prifCrable.

mais le CNC prCfkre

(IM = (longueur

utilw?

Done.

(8palsse)

de coefficients

le tahleaul.

plexe

ce qu1 renforce

biochimique.

leurs

morns elle

varie

En revanche.

d‘emballage blanc

a un goirt Bqtutlbrk

sont importantes

en bouche. profonde

que sa texture

la cornposItIon (voir

et Ctroite.

les branchies

a.

chair

se forme.

qui constitue

conjonctifs

une couleur

et charnue

accrolssent

appellations

/es photos).

en eau

de reproduction.

digestive

(CNC) a prB-

des huitres

par une forte

superficiel

le glycog8ne

tes tlssus

Ils donnent

rebondie

I’huitre

la masse velneux

>B

particulrere.

s’accumuleni voire

Plus une huitre

enveioppant

et un reseati

du manteau.

se tradwt

pro-

13. Le

trois

jj (voir

b’. c‘ bien

de I ann6e.

la periode des gonades

depasse

selon

en chair

Bquillbree

en 6,5 et

a done propose!

de la conchyculture

Le taux de proteines

le dCveluppement

entre

c‘ super-spkiales

I‘indice

les huitres

: .< blen

au long

les huitres

:a (indice

, L’tfremer

dont

natlonal

ferC Identifier bien

c’ fines

ti 9). Or. 64 DO des huitres

les huitres

Comite

du rapport

de repartir

II spktales

la creation pour

il s’agit

II permet

infkrleur

(indice

en France

NF V45-056).

x 100.