Place actuelle et perspectives de la médecine nucléaire pour le diagnostic d’embolie pulmonaire aiguë

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Place actuelle et perspectives de la médecine nucléaire pour le diagnostic d’embolie pulmonaire aiguë Diagnosis of acute pulmonary embolism: State of the art and prospect of nuclear medicine P.-Y. Le Roux a,*, G. Le Gal b,c, P.-Y. Salaün a a

Service de médecine nucléaire, CHRU de la Cavale-Blanche, université européenne de Bretagne, université de Brest, EA3878 (GETBO) IFR 148, boulevard Tanguy-Prigent, 29200 Brest, France b Inserm CIC 05-02 IFR148, CHRU de la Cavale-Blanche, département de médecine interne et de pneumologie, université européenne de Bretagne, université de Brest, boulevard Tanguy-Prigent, 29200 Brest, France c Ottawa Hospital Research Institute, University of Ottawa, Ottawa, Canada Reçu le 20 février 2017 ; accepté le 28 février 2017

La prise en charge diagnostique d’un patient présentant une suspicion d’embolie pulmonaire (EP) ne repose pas sur la réalisation d’un seul et unique examen, mais sur l’application de stratégies diagnostiques reposant sur l’utilisation séquentielle de la probabilité clinique, des D-dimères et d’examens d’imagerie. Les algorithmes diagnostiques validés à ce jour utilisent comme pierre angulaire l’angioscanner pulmonaire (Righini et al., 2008 [1]) ou la scintigraphie pulmonaire planaire de ventilation perfusion (Salaun et al., 2011 [2]), chacun présentant des inconvénients. La principale limite de la scintigraphie planaire est la proportion élevée d’examens non conclusifs conduisant à la réalisation d’examens supplémentaires et donc à l’utilisation de stratégies plus complexes. Les principales limites de l’angioscanner sont sa dosimétrie élevée, l’injection de produit de contraste iodé et la possibilité d’examens non conclusifs pour problèmes techniques. Surtout, une préoccupation actuelle concerne le possible surdiagnostic de l’EP par l’angioscanner (jusqu’à 30 % d’embolies pulmonaires diagnostiquées en plus [Anderson et al., 2007] [3]), à l’origine d’un surtraitement et donc d’un risque hémorragique inutile. La tomoscintigraphie pulmonaire offre des perspectives intéressantes pour se positionner comme une alternative idéale à ces deux examens. Différents travaux ont en effet montré les

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P.Y. Le Roux).

performances diagnostiques élevées de l’examen [4,5] et son intérêt potentiel pour simplifier les algorithmes diagnostiques [6]. La tomoscintigraphie pourrait ainsi se positionner comme une alternative idéale aux deux approches habituelles, en répondant aux deux problématiques de l’EP, i.e. ne pas « rater », mais également ne pas diagnostiquer à tort une EP, tout en combinant les avantages de l’angioscanner (simplicité des stratégies) et de la scintigraphie planaire (absence de surdiagnostic, faible dosimétrie, absence de contre-indications). Pourtant, bien que la technique soit aujourd’hui largement utilisée en pratique [7], il n’existe à l’heure actuelle aucune étude prospective pragmatique ayant validé les performances d’une stratégie intégrant la tomoscintigraphie. L’étude SPECTACULAR (ClinicalTrials.gov ID : NCT02983760 ; Fig. 1), étude prospective multicentrique randomisée qui débute actuellement en France, aura pour objectif de confirmer qu’une stratégie diagnostique reposant sur la tomoscintigraphie pulmonaire est sûre pour éliminer l’EP, mais également de comparer ses performances aux autres stratégies actuellement validées (angioscanner et scintigraphie planaire) afin de détecter un éventuel risque de surdiagnostic de l’EP. En parallèle, de nouvelles approches pour le diagnostic de la maladie veineuse thromboembolique sont en développement, notamment la TEP/TDM pulmonaire de ventilation/perfusion, reposant sur l’administration des mêmes molécules froides que pour une scintigraphie conventionnelle (macro-agrégats d’albumine humaine et aérosols carbonés), mais radiomarquées avec du gallium68 [8] ou des approches visant à cibler spécifiquement le thrombus [9].

http://dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2017.02.018 0928-1258/# 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Le P-Y, et al. Place actuelle et perspectives de la médecine nucléaire pour le diagnostic d’embolie pulmonaire aiguë. Médecine Nucléaire (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2017.02.018

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Fig. 1. Étude SPECTACULAR. SPECTACULAR study.

Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Righini M, et al. Diagnosis of pulmonary embolism by multidetector CT alone or combined with venous ultrasonography of the leg: a randomised non-inferiority trial. Lancet 2008;371:1343–52. [2] Salaun PY, et al. Noninvasive diagnosis of pulmonary embolism. Chest 2011;139:1294–8. [3] Anderson DR, et al. Computed tomographic pulmonary angiography vs. ventilation-perfusion lung scanning in patients with suspected pulmonary embolism: a randomized controlled trial. JAMA 2007;298:2743–53.

[4] Le Duc-Pennec A, et al. Diagnostic accuracy of single-photon emission tomography ventilation/perfusion lung scan in the diagnosis of pulmonary embolism. Chest 2012;141:381–7. [5] Le Roux PY, et al. Safety of ventilation/perfusion single photon emission computed tomography for pulmonary embolism diagnosis. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2014;41:1957–64. [6] Le Roux PY, et al. V/Q SPECT interpretation for pulmonary embolism diagnosis: which criteria to use? J Nucl Med 2013;54:1077–81. [7] Le Roux PY, et al. Pulmonary scintigraphy for the diagnosis of acute pulmonary embolism: a survey of current practices in Australia Canada and France. J Nucl Med 2015;56:1212–7. [8] Hofman MS, et al. 68Ga PET/CT ventilation-perfusion imaging for pulmonary embolism: a pilot study with comparison to conventional scintigraphy. J Nucl Med 2011;52:1513–9. [9] Morris TA. SPECT imaging of pulmonary emboli with radiolabeled thrombus-specific imaging agents. Semin Nucl Med 2010;40:474–9.

Pour citer cet article : Le P-Y, et al. Place actuelle et perspectives de la médecine nucléaire pour le diagnostic d’embolie pulmonaire aiguë. Médecine Nucléaire (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2017.02.018