Pneumo-hématologie : fin de la série, poursuite de l’aventure…

Pneumo-hématologie : fin de la série, poursuite de l’aventure…

Revue des Maladies Respiratoires (2010) 27, 552—553 ÉDITORIAL Pneumo-hématologie : fin de la série, poursuite de l’aventure. . . The lung in haematol...

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Revue des Maladies Respiratoires (2010) 27, 552—553

ÉDITORIAL

Pneumo-hématologie : fin de la série, poursuite de l’aventure. . . The lung in haematology diseases: End of a series, the adventure continues

Au moment où parait le dernier article de la série consacrée à la pneumo-hématologie, on ressent un sentiment de frustration tant le domaine est vaste et n’a pu qu’être effleuré. Nous espérons que cette série ouvrira la voie à de nombreux autres articles sur le sujet. Date est déjà prise pour certains ! Parallèlement, des collaborations locales entre pneumologues et hématologues se mettent en place, chacun découvrant de nouvelles perspectives. Les échanges transdisciplinaires ne peuvent qu’enrichir notre spécialité et ouvrir de nouveaux horizons. Comme nous avons pu le constater au fil des articles de la série, la pneumo-hématologie couvre tous les champs de la pneumologie : celui de l’infectiologie [1], de l’immunologie [2], des pneumopathies infiltrantes diffuses [2,3], des pathologies des voies aériennes [2], des maladies vasculaires [3], de la réanimation [4]. . . Le pneumologue ne doit pas être effrayé par les pathologies pulmonaires du patient d’hématologie sous prétexte qu’il n’a pas l’habitude de ces patients, car il peut y trouver ses repères. En effet, qui est mieux placé que le pneumologue pour analyser une situation pneumologique souvent complexe et évaluer de nouvelles approches diagnostiques ? Le scanner thoracique, qui constitue la première étape de l’algorithme diagnostique d’une pneumopathie d’un patient d’hématologie permet exceptionnellement de poser à lui seul un diagnostic précis dans ces contextes cliniques compliqués. Son résultat doit impérativement être croisé avec l’anamnèse, l’examen clinique, et le résultat des autres examens complémentaires. À titre d’exemple, dans un contexte d’immunosuppression, des images en verre dépoli analysées isolément orientent facilement vers une pneumocystose mais peuvent aussi correspondre à d’autres diagnostics comme une pneumopathie médicamenteuse ou un œdème pulmonaire. Le pneumologue a

en main des outils indispensables au diagnostic de ces pathologies et est à même d’en faire une analyse critique. Ainsi, le lavage bronchoalvéolaire reste l’outil de référence pour l’exploration des anomalies pulmonaires du patient d’hématologie mais son rendement diagnostique actuel est insuffisant et nous devons travailler à son optimisation ; de même, les résultats des épreuves fonctionnelles respiratoires ne peuvent qu’être interprétés en fonction de la symptomatologie clinique du moment ; un trouble ventilatoire obstructif identifié au cours du suivi systématique d’un patient allogreffé de cellules souches hématopoïétiques peut faire conclure à une bronchiolite oblitérante à tort alors que le patient a une infection respiratoire virale intercurrente. Les exemples du quotidien sont nombreux et seule une approche multidisciplinaire va permettre de mieux comprendre et prendre en charge une pneumopathie chez un patient suivi pour une hémopathie [5]. Outre la vision diagnostique du pneumologue, nous pouvons aussi proposer de nouvelles approches thérapeutiques. Pourquoi ne pas appliquer, par exemple, aux pathologies des voies aériennes en contexte hématologique les mêmes concepts thérapeutiques que ceux que nous connaissons bien et faisons évoluer chez l’asthmatique ou le patient ayant une broncho-pneumopathie obstructive post tabagique ? [6]. Nos connaissances pneumologiques ne demandent qu’à être appliquées à un contexte hématologique, et cela ouvre la voie à de nombreux projets de recherche tant cliniques que fondamentaux. Plusieurs articles de la série ont permis de mettre en avant des collaborations entre équipes pneumologiques et hématologiques. Nous espérons ainsi avoir donné l’envie à d’autres de s’y essayer. . .

0761-8425/$ — see front matter © 2010 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.rmr.2010.04.011

Pneumo-hématologie : fin de la série, poursuite de l’aventure. . .

Conflit d’intérêt L’auteur a declaré n’avoir aucun conflit d’intérêt.

Références [1] De Castro N, Pavie J, Lagrange-Xélot M, Molina JM. Pneumocystose chez les patients d’onco-hématologie : est-ce inévitable ? Rev Mal Respir 2007;24:741—50. [2] Bergeron A, Feuillet S, Meignin V, Socie G, Tazi A. Les complications pulmonaires tardives non infectieuses après allogreffe de cellules souches hématopoïétiques. Rev Mal Respir 2008;25:173—83. [3] Lamour C, Bergeron A. Complications pulmonaires non infectieuses des maladies myéloprolifératives et des syndromes myélodysplasiques. Rev Mal Respir 2009;26:655—65. [4] Azoulay E, de Miranda S, Bèle N, Schlemmer B. Stratégie diagnostique dans l’insuffisance respiratoire aiguë des patients d’onco-hématologie. Rev Mal Respir 2008;25:433—49.

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[5] Dhedin N, Rivaud E, Philippe B, Scherrer A, Longchampt E, Honderlick P, et al. Approche diagnostique d’une pneumopathie chez un malade atteint d’hémopathie maligne. Rev Mal Respir 2007;24:145—54. [6] Bergeron A, Chagnon K, Feuillet S, Chevret S, Tazi A. Efficacité de l’association budésonide/formotérol dans le trouble ventilatoire obstructif survenant après allogreffe de cellules souches hématopoïétiques. Rev Mal Respir 2009;2:794—800.

A. Bergeron Service de pneumologie, hôpital Saint-Louis, Assistance publique—Hôpitaux de Paris, UFR Denis-Diderot, université Paris 7, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75010 Paris, France Adresse e-mail : [email protected] Rec ¸u le 22 f´ evrier 2010 ; accepté le 17 avril 2010 Disponible sur Internet le 23 mai 2010