Actualités pharmaceutiques Ř n° 512 Ř Janvier 2012
actualités a 7
Santé publique
Prendre en charge les troubles du sommeil est primordial
D
ans un communiqué commun, les Académies nationales de médecine et de pharmacie rappellent la très grande fréquence des troubles du sommeil. Ainsi, 30 % de la population se plaignent de la qualité ou de la quantité de leur sommeil : entre 6 et 30 % souffrent d’insomnie, 5 % du syndrome d’apnées du sommeil et environ 10 % de celui des jambes sans repos. Or, « une dette minime de sommeil (moins de deux heures par jour) répétée plusieurs jours de suite produit le même effet qu’une privation totale de sommeil ». Toute désynchronisation de l’horloge interne a des
conséquences notables sur la vie quotidien ne et la santé : impacts sociaux, fatigue, troubles de l’humeur… A contrario, de multiples affections génèrent des troubles du sommeil, notamment les maladies neurodégénératives dont la fréquence augmente. Ce type de désynchronisation s’observe fréquemment chez les enfants et les adolescents qui veillent de plus en plus, mais aussi dans le travail posté et de nuit. Alors que des solutions thérapeutiques existent et que des conseils d’hygiène de vie peuvent venir à bout d’un certain nombre de ces troubles, leur prise en charge est
encore souvent insuffisante ou inadaptée. Les académies préconisent de : renforcer l’effort de recherche fondamentale biologique ; multiplier les équipes de recherche et les centres du sommeil ; développer l’enseignement de la médecine du sommeil (formation initiale et continue) ; appliquer et/ou adapter la réglementation sur
le travail de nuit ; sensibiliser sur le respect des rythmes de sommeil et l’hygiène de vie ; faire du sommeil de l’enfant et de l’adolescent une question de santé publique. O Élisa Derrien
Source Réunion commune Académie nationale de médecine-Académie nationale de pharmacie du 11 octobre 2011.
Prévention
Après le bisphénol A dans les biberons, l’oxyde d’éthylène dans les tétines
À
© Fotolia.com/Valentine
peine l’affaire du bisphénol A est-elle sanctionnée par une loi votée en octobre dernier, qu’un nouveau scandale sanitaire apparaît : la présence d’oxyde d’éthylène dans les tétines. Des tétines pour biberons, stérilisées à l’oxyde d’éthylène, seraient encore utilisées dans certaines maternités françaises. L’oxyde d’éthylène est un gaz incolore, inflammable, d’odeur douce, très couramment utilisé pour la stérilisation des dispositifs médicaux, en particulier ceux qui sont thermosensibles et qui ne supportent donc pas une stérilisation à la vapeur d’eau.
Pourtant, déjà dans les années 1990, une réglementation stricte avait été mise en place dans les pays de l’Union européenne, interdisant ce procédé de stérilisation pour tous les objets en contact avec les denrées alimentaires. En effet, ce gaz est classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérogène pour l’homme, pouvant induire des cancers des systèmes lymphatique et hématopoïétique. L’oxyde d’éthylène est électrophile et se fixe directement sur les protéines et les acides nucléiques, se répartissant rapidement et uniformément dans tout l’organisme. Le ministre de la Santé vient de diligenter une enquête auprès de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) concernant les fabricants qui commer-
cialisent les produits en contact direct avec les denrées alimentaires et stérilisés avec ce gaz, mais également sur les établissements de santé qui les auraient achetés, tout en connaissant la dangerosité du produit. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ainsi que l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) ont été sommées de réaliser rapidement des études complémentaires. La priorité est donc de retirer au plus vite les biberons, tétines et téterelles encore stérilisées avec l’oxyde d’éthylène, en trouvant bien évidemment des solutions alternatives pour éviter un nouveau scandale sanitaire. O Stéphane Berthélémy Pharmacien, Royan (17)
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