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un plan dosimétrique réalisé avant l’implantation des grains ou précocement après (scanographie à j30). Notre étude a porté sur la corrélation entre les zones « sous-dosées » évaluées au moment de la rechute et les sites de rechutes intraprostatiques. Patients et méthodes.– Vingt-quatre patients ont été pris en charge pour une rechute intraprostatique prouvée après implantation permanente de grains pour un cancer de la prostate. Sur chaque coupe d’IRM en T2 réalisée au moment de la rechute, une segmentation de la prostate et une identification de la position de chaque grain ont été réalisés. Une expansion isotropique de la position des sources et du volume prostatique au moment de la rechute a été effectuée pour reconstituer le volume prostatique au moment de l’implantation des grains Le volume prostatique a été divisé en 12 régions : apex/milieu/base, puis antérieur/postérieur, gauche/droit. Les zones de « sous-dosages » ont été définies ainsi : « sous-dosage » antérieur, postérieur ou diffus. Les paramètres D90 (dose rec¸ue par 90 % du volume) et V100 (volume recevant 100 % de la dose) évalués sur la scanographie à j30 ont été comparés avec les paramètres D90 et V100 évalués sur l’IRM réalisée au moment de la rechute. Résultats.– Les valeurs moyennes de D90 et V100 à t0 étaient respectivement de 145,23 Gy [100,0–167,5] et 94,85 % [69–100]. Les valeurs moyennes de D90 et V100 à tr étaient significativement inférieures : 96,45 Gy [39–147] et 77,12 % [55–166]. Vingt-trois sur 24 patients avaient au moins un sextant envahi sur les biopsies, qui était considéré comme étant « sous-dosées ». Au total, 77 % des sextants envahis histologiquement sur les biopsies étaient « sousdosés ». Les « sous-dosages » étaient principalement situés dans l’axe crâniocaudal (apex : 75,0 %, milieu : 0 %, base : 62,5 %). Les taux de « sous-dosages » antérieurs et postérieurs étaient respectivement de : 12,5 % et 25,0 % à l’apex, 70,8 % et 37,5 % au milieu, 20,8 % et 16,6 % à la base. Conclusion.– Notre étude a permis de démontrer une corrélation entre les biopsies positives et les « sous dosages », témoignant d’une mauvaise qualité de l’implantation des grains chez les patients en situation de rechute prostatique après cette implantation. doi:10.1016/j.canrad.2011.07.019 CO 19
Résultats cliniques à trois ans de l’essai randomisé accord 12 dans les cancers du rectum J.-P. Gérard a,∗ , S. Gourgou-Bourgade b , D. Azria b , I. Martel-Laffay c , C. Hennequin d , P.-L. Étienne e , V. Vandrely f , E. Franc¸ois a , P. Romestaing g , T. Conroy a a Centre Antoine-Lacassagne, Nice, France b Centre Léon-Bérard, Lyon, France c Hôpital Saint-Louis AP-HP, Paris, France d Clinique Armorique, Saint-Brieux, France e CHU Saint-André, Bordeaux, France f CHU Lyon Sud, Pierre-Bénite, France g Centre Alexis-Vautrin, Nancy, France ∗ Auteur correspondant. E-mail:
[email protected] (J.-P. Gérard).
Objectifs.– Présenter avec un recul de trois ans les résultats cliniques de l’essai randomisé ACCORD12 [1]. Patients et méthodes.– Entre novembre 2005 et juillet 2008, 598 patients ont été inclus. Les critères d’inclusion étaient : adénocarcinome du rectum accessible au toucher rectal, de stade T3 NX M0 (ou T2 NX du bas rectum). La randomisation était entre deux traitements néoadjuvants : cap 45 (radiothérapie de 45 Gy et capécitabine) et capox 50 (radiothérapie de 50 Gy, capécitabine et oxaliplatine). Le critère de jugement principal était la stérilisation de la pièce opératoire. Les critères secondaires étaient le contrôle local, la survie et la toxicité. La fonction intestinale a été analysée avec questionnaire spécifique (1 : très mauvaise ; 7 : excellente). La
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toxicité tardive a été évaluée avec le score CTC-NCI (National Cancer Institue Common Toxicity Criteria) V3.0. Au total, 253 patients ont rec¸u une chimiothérapie adjuvante, 133 dans le bras cap 45 et 120 dans le bras capox 50. Résultats.– Avec un recul médian de trois ans, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes en termes de survie et toxicité. Il y avait une tendance minime en faveur du groupe capox 50 en termes de contrôle local (Tableau 1). Conclusion.– Le protocole capox 50 n’a pas amélioré les probabilités de contrôle local et la survie. La toxicité identique à celle du protocole cap 45. Le protocole capox 50 a amélioré le taux de stérilisation ou presque de la pièce opératoire [1]. L’essai STAR 1, qui a inclus 654 patients a montré l’inefficacité de l’oxaliplatine sur la pièce opératoire (toxicité précoce accrue) [2]. Les résulats de ces deux essais conduisent à proposer le protocole cap 50 comme référence dans les cancers du rectum de stade T3 NX M0, avec une radiothérapie de 50 Gy en 25 fractions de 2 Gy et cinq semaines et une chimiothérapie concomitante par 1600 mg/m2 de capécitabine les jours de radiothérapie. Ce protocole sert de bras contrôle pour les futurs essais prospectifs franc¸ais Prodige et Greccar. Références [1] Gérard JP, Azria D, Gourgou-Bourgade S, Martel-Laffay I, Hennequin C, Étienne PL, et al. Comparison of two neoadjuvant chemoradiotherapy regimens for locally advanced rectal cancer: results of the phase III trial ACCORD 12/0405-Prodige 2. J Clin Oncol 2010;28:1638–44. [2] Aschele C, Pinto C, Cordio S, Rosati G, Tagliagambe A, Artale S, et al. Preoperative fluoro-uracil (FU)-based chemoradiation with and without weekly oxaliplatin in locally advanced rectal cancer : Pathologic response analysis of the Studio Terapia Adiuvante Retto (STAR)-01 randomized phase III trial. J Clin Oncol 2009;27(18S):804s. Tableau 1.– Résultats cliniques à trois ans. Critère de jugement
Cap45 (299 patients)
Capox50 (299 patients)
Récidive locale Survie sans évènement Survie globale Fonction intestinale (score médian) [extrêmes] Toxicité de grade 3 ou 4
6 % (16 patients) 69 % 88 % 5 [1–7]
4 % (14 patients) 74 % 88 % 5 [1–7]
2,7 %
1,4 %
doi:10.1016/j.canrad.2011.07.020 CO 20
Prise en charge de la douleur en cours de radiothérapie : évaluation et retour d’expérience
A. Marque ∗ , S. Thureau , S. Mezzani , L. Nkhali , A.-L. Schulz , D. Bulard , D. Sebag , P. Le Tallec , E. Charrier , B. Dubray CRLCC Henri-Becquerel, Rouen, France ∗ Auteur correspondant. E-mail:
[email protected] (A. Marque).
Objectifs.– La douleur est fréquente en cancérologie, avec un impact important sur la tolérance et la qualité technique de la radiothérapie (repositionnement des patients). Nous avons évalué la proportion de patients douloureux présents dans un département de radiothérapie et les modalités de leur prise en charge. Méthodes.– Pendant trois journées séparées de plusieurs mois, trois questionnaires (patients/médecins/manipulateurs) ont été remplis pour chaque patient en cours de radiothérapie. Les questions posées concernaient l’incidence, l’intensité et le traitement des douleurs.
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Résultats.– Parmi 454 patients, 67 % étaient douloureux (31 % avec une intensité > 4/10 sur l’échelle numérique). Trente-trois pour cent des patients douloureux et 19 % des patients avec une une intensité de plus de 4/10 ne recevaient aucun traitement antalgique. Les patients avec une intensité de plus de 4/10 déclaraient avoir été interrogés sur leur douleur au moins une fois depuis le début de la radiothérapie par un médecin (71 % des patients) ou par un manipulateur (38 % des patients). Pour les patients douloureux, l’existence d’une douleur dans les dix jours précédant l’évaluation était notée dans l’observation clinique dans 55 % des cas, avec utilisation d’une échelle de douleur dans 15 % des cas. Conclusion.– La douleur a été sous-évaluée et insuffisamment traitée au sein d’une population de 454 patients en cours de radiothérapie. Nous avons institué une formation des manipulateurs et des médecins à l’évaluation de la douleur et mis à la disposition des médecins et des internes une dotation en antalgiques, y compris en morphiniques injectables, à proximité des appareils de traitement. L’efficacité de ces mesures sera évaluée par un nouvel audit.
a
doi:10.1016/j.canrad.2011.07.021
∗ Auteur
CO 21
Facteurs pronostiques des métastases cérébrales dans le cancer du sein
A.-L. Braccini ∗ , W. Jacot , S. Thezenas , E. Chamorey , G. Romieu , J.-M. Ferrero , D. Azria Centre Antoine-Lacassagne, Nice, France ∗ Auteur
correspondant. E-mail:
[email protected] (A.-L. Braccini). Objectifs.– L’objectif de cette étude était de déterminer l’influence pronostique des sous-types biologiques et des différentes modalités thérapeutiques des métastases cérébrales dans le cancer du sein et de comparer les scores pronostiques existants. Méthodes.– Cette étude rétrospective bicentrique a porté sur 250 patients présentant des métastases cérébrales de cancer du sein dont le statut HER2 et le statut des récepteurs hormonaux étaient connus. Résultats.– La durée médiane de survie depuis le diagnostic de métastase cérébrale était de 8,9 mois (intervalle de confiance à 95 % : 6,9–10,3). L’analyse comparative des classifications et scores pronostiques des métastases cérébrales a montré une supériorité statistique du score RPA (Recursive Partitioning Analysis). En analyse multiparamétrique, les facteurs pronostiques indépendants avant traitement sont constitués par le score RPA, le phénotype tumoral HER2 exprimé, l’état général, le nombre de métastases cérébrales et la présence de métastases hépatiques. Une analyse limitée à la population RPA 1 ou 2, après traitement, a montré une valeur pronostique favorable des traitements locaux (traitement chirurgical ou stéréotaxique suivis par une radiothérapie panencéphalique adjuvante), de la chimiothérapie et du phénotype tumoral (récepteurs hormonaux exprimés mains non HER2, HER2 exprimé) alors que la présence de métastases hépatiques et une hypertension intracrânienne étaient associées à un pronostic défavorable. Dans la population exprimant HER2, le traitement par anti-HER2 après le diagnostic de métastase cérébrale était associé à une meilleure durée médiane de survie globale : 15,2 mois (11,5–19,4) contre 3,4 mois (1,4–6) (p < 0,001). Conclusion.– Le score RPA, le sous-type biologique tumoral, les traitements locaux mais aussi systémiques (chimiothérapie et traitements ciblés anti-HER2) influent indépendamment la survie globale des patients atteints de cancer du sein avec métastases cérébrales. doi:10.1016/j.canrad.2011.07.022
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Cancers du sein radio-induits présentant des caractéristiques anatomopathologiques agressives : étude rétrospective du comité de suivi à long terme de la Société franc¸aise des cancers de l’enfant C. Demoor a,∗ , F. de Vathaire b , O. Oberlin c , G. Noël d , V. Brillaud e , V. Bernier f , A. Laprie g , L. Claude h , M.-A. Mahé a , S. Supiot a ICO René-Gauducheau, Nantes, France Inserm UMRS 1018, institut de cancérologie Gustave-Roussy, Villejuif, France c Institut de cancérologie Gustave-Roussy, Villejuif, France d Centre Paul-Strauss, Strasbourg, France e Institut Bergonié, Bordeaux, France f Centre Alexis-Vautrin, Nancy, France g Institut Claudius-Regaud, Toulouse, France h Centre Léon-Bérard, Lyon, France b
correspondant. E-mail:
[email protected] (C. Demoor).
Objectifs.– La radiothérapie thoracique délivrée dans les trois premières décennies est connue pour induire des cancers du sein radio-induits. Nous présentons ici une analyse des caractéristiques clinicopathologiques des cancers du sein radio-induits issus de six centres franc¸ais, sous l’égide de la Société franc¸aise des cancers de l’enfant. Méthodes.– Les caractéristiques des carcinomes invasifs du sein développés chez des femmes moins de 50 ans ayant un antécédent de radiothérapie avant l’âge de 30 ans, pour une cause autre qu’un cancer du sein, délivrant plus de 5 Gy, au moins partiellement, dans la glande mammaire ou la région axillaire, ont été rétrospectivement étudiées. Ces cancers du sein radio-induits ont été comparés à ceux survenant chez des patientes ayant une mutation BRCA 1 ou 2 (groupes I et II), à ceux de de la femme de moins de 35 ans (groupe III) et ceux sans facteurs de risque connus (groupe IV). Résultats.– Quatre-vingt-deux cancers du sein radio-induits ont été analysés chez 75 femmes. Les effectifs des différents groupes contrôles étaient respectivement de 54, 34, 198 et 4378 dans les groupes I, II, III et IV). L’âge médian lors du cancer du sein radio-induit était de 36 ans [16–50] et il était de 15 ans [1–30] lors de la radiothérapie qui avait été délivrée pour un lymphome de Hodgkin (59,1 % des cas), une tumeur solide (36,4 %), une leucémie ou une maladie apparentée traitée entre autres par irradiation corporelle totale (4,1 %). L’intervalle médian entre les deux cancers était de 21 ans [3–43]. Les cancers du sein radio-induits présentaient des caractéristiques significativement (p < 0,05) plus agressives (pT3 : 14,1 % contre 6,1 %, SBR III : 33,3 % contre 18,8 %, phénotype triple négatif : 25,0 % contre 10,6 %) que ceux du groupe IV et cela de fac¸on comparable aux patientes ayant une mutation BRCA2. Conclusion.– Les cancers du sein radio-induits présentent des caractéristiques agressives. Cette étude confirme les recommandations de la Société franc¸aise des cancers de l’enfant de réaliser un dépistage chez ces jeunes femmes à haut risque de voir se développer un cancer du sein précocement dont les options thérapeutiques peuvent être limitées en raison des antécédents, dans le but de le diagnostiquer précocement. doi:10.1016/j.canrad.2011.07.023