Quelles utilisations pour les vaccins coquelucheux acellulaires ?

Quelles utilisations pour les vaccins coquelucheux acellulaires ?

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Arch

P&&r

0 Elsevier,

1998 ; 5 : 55740 Paris

Quelles

utilisations

E Grimprel,

P Beg&

Consultation, 75012 Paris,

urgences, France

patholoaie -

pour les vaccins infectieuse

et tropicale,

hbpital

lusieurs vaccins coquelucheux acellulaires arriveront prochainement sur le marche francais. Ils ont ete mis au point pour obtenir une meilleure tolerance et, par voie de consequence, une meilleure acceptabilite. Deux indications potentielles sont actuellement proposees : la primovaccination elargie du nourrisson et les rappels (rappel classique a 18 mois et eventuellement rappels tardifs). Ces indications necessitent done I’inclusion de ces vactins au sein de combinaisons avec les vaccins diphterique (D), tetanique (T), polio et Haemophilus (Hib). Pourtant, ces indications potentielles ne font pas consensus actuellement, notamment en Europe, et chaque pays a pu definir sa position a cet egard. La discussion qui mene au choix de la meilleure strategie d’utilisation a fait appel a diverses considerations, dont celles qui portent sur les donnees actuelles de tolerance, d’immunogenicite et d’efficacite de ces vaccins dans leur utilisation pressentie, c’est-a-dire au sein de combinaisons chez le nourrisson et I’enfant.

TOLkRANCE DES VACCINS COQUELUCHEUX ACELLULAIRES

Une meilleure

tol&ance

Camelioration de la tolerance des vaccins coquelucheux acellulaires par comparaison avec les vaccins coquelucheux classiques dits a germes entiers est demontree grace aux nombreux essais comparatifs pratiques, tant avec les vaccins simples qu’avec les combinaisons, en primovaccination, comme en rappel : le benefice a toujours ete en faveur des vaccins acellulaires [l, 21. Toutefois, meilleure tolerance ne signifie pas absence totale de reactogenicite.

coquelucheux

d’enfants

Armand-Trousseau,

acellulaires avenue

?

du Docteur-Arnold-Netter,

Des effets secondaires toujours notamment lors des rappels

possibles,

Les effets secondaires classiques comme la fievre et la reaction inflammation locale sont trouves avec une frequence non negligeable, et ce, notamment avec les combinaisons vaccinales pour lesquelles une partie de ces effets peut etre mise sur le compte des autres valences, en particulier D et T. La reactogenicite des vaccins coquelucheux acellulaires combines augmente au moment du rappel [3], mais elle reste encore inferieure a celle observee avec les vaccins classiques. Toutefois, plusieurs etudes portant sur le rappel a 18 mois avec un vaccin coquelucheux acellulaires ont permis d’observer que la reactogenicite locale est plus forte lorsque la primovaccination a ete faite avec un vaccin coquelucheux acellulaire par comparaison avec une primovaccination avec un vaccin classique [4, 51. Si ce phenomene se confirmait au tours d’autres essais, notamment chez des enfants plus ages dans le cadre de rappels tardifs iteratifs, I’avantage d’une meilleure tolerance avec les vaccins coquelucheux acellulaires pourrait se reduire. Les reactions les plus rares mais egalement plus s&&es, et qui sont les plus redoutees, comme le syndrome des cris persistants [6, 71 et celui d’hypotonie-hyporeactivite [8], sont beaucoup plus rares avec les vaccins coquelucheux acellulaires, mais elles n’ont pas totalement disparu.

Maintien

des contre-indications

classiques

Les vaccins coquelucheux acellulaires n’ont pas ete testes pour leur tolerance chez les nourrissons et enfants presentant une contre-indication a la vaccination coquelucheuse avec un vaccin coquelucheux acellulaires, si bien que les contre-indications des vaccins coquelucheux acellulaires restent pour I’ins-

558

E Grimprel,

tant identiques a celles des vaccins classiques. Par consequent, en I’etat actuel des connaissances, la surveillance apres la mise sur le marche de ces nouveaux vaccins est essentielle.

IMMUNOGkNICIT~

ET EFFICACIT6

Vaccins combines

et interf&ences

immunes

L’immunogenicite est evaluee en dosant les anticorps postvaccinaux 1 mois apres I’injection. Dans le cas de vaccins combines, il est necessaire de tester la reponse immunologique de chaque composant et de comparer la reponse obtenue avec le vaccin classique, et les reponses selon que le vaccin coquelucheux acellulaires est administre en meme temps (deux injections separees) ou de facon combinee [9]. Pour certaines valences vaccinales comme D, T, polio et Hib, il existe une correlation entre les taux d’anticorps obtenus et la protection. Dans ces cas, les etudes d’immunogenicite permettent de prejuger de I’efficacite clinique ou protection. A 9~occasion

de ces Etudes,

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(PAP-O~P~,

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encore incertaine

La question de la duree de protection conferee par les combinaisons DTCa se pose egalement. Un essai clinique effect& au Senegal a montre que la protection diminue plus rapidement avec le temps avec la combinaison DTCa en comparaison avec le DTCe [15]. II nest pas possible de conclure sur ce point actuellement, et de plus amples informations sont necessaires qui seront apportees par les autres essais cliniques en tours.

WELLES UTILISATIONS POUR LES VACCINS COQUELUCHEUX ACELLULAIRES ?

9e t~9merosa9

PIToutefois ces interferences n’ont ete observees qu’au tours de la primovaccination des jeunes nourrissons et non au moment du rappel de 18 mois. La signification clinique (en termes de protection) de ce phenomene d’interference n’est pas etablie.

Bon taux de protection

Dur6e de protection

avee une combj~aison

t un vaccin Hib di~~refft

9is& actue99ement

diminu&e

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et la protection clinique. C’est pour cela que d’importants essais cliniques comparant plusieurs vaccins coquelucheux acellulaires et classiques ont ete menes de facon prospective, randomise a double insu, dans differents pays (Suede, Allemagne, Italie, Senegal) [12-l 51. Diverses combinaisons associant des vaccins coquelucheux acellulaires avec les valences D et T (DTCa) ont ainsi ete comparees avec des combinaisons comportant des vaccins classiques (DTCe) en primovaccination chez le nourrisson. Ces essais ont montre des taux de protection contre la coqueluthe compris entre 59 et 86 % pour les vaccins DTCa et entre 36 et 96 % pour les vaccins DTCe. Si la protection conferee par la plupart des combinaisons DTCa est bonne (85 %), elle demeure cependant legerement inferieure a celle conferee par les meilleures combinaisons DTCe, comme par exemple le Pentacoq ( francais actuel (96 %). La signification clinique de cette difference reste a determiner.

un ph~nom~ne

tie99emen t 9a rkponse

Cette r&ponse

P B6guC

contre la coqueluche

En ce qui concerne la coqueluche, il n’existe pas de correlation entre les taux d’anticorps postvaccinaux

Plusieurs pays utilisent les vaccins coquelucheux acellulaires en primovaccination et en rappel. Le premier a avoir fait ce choix des les annees 80 est le Japon [16]. Recemment, des pays europeens comme I’Allemagne, I’ltalie, la Suede ont fait de meme. Ce choix commun s’explique par le fait que ces pays ont d’une part une mauvaise couverture vaccinale (quasi-absence par I’interruption volontaire de la vaccination en Suede) [17] et, d’autre part, une population tres preoccupee par la reactogenicite des vaccins classiques.

Vaccins coquelucheux

Vaccin $i germes entiers pour la primovaccination, vaccin acellulaire pour les rappels D’autres pays europeens comme la France et le Royaume-Uni ont une autre situation qui justifie un choix different. Dans ces deux pays, les vaccins classiques utilises sont parmi les plus efficaces (efficacite superieure a 95 %). De plus, la couverture vaccinale est bonne avec ce type de vaccin (en continu depuis plus de 30 ans pour la France, avec une interruption transitoire et recente pour I’Angleterre) et la vaccination est globalement bien acceptee. Par consequent, le remplacement en primovaccination des vaccins actuels par des vaccins coquelucheux acellulaires semble premature tant que les donnees concernant la protection a plus long terme et I’absence d’interference immune du fait des multicombinaisons ne sont pas disponibles. En revanche, I’utilisation pour le rappel a 18 mois des vaccins coquelucheux acellulaires combines apparait interessante du fait de leur meilleure tolerance.

Importance

d’une stratbgie

de rappel tardif

Enfin, certains pays ont connu, sous I’effet d’une vaccination &endue et prolongee, une modification de I’epidemiologie de la coqueluche. En France, I’infection touche desormais avec predilection les t&s jeunes nourrissons non vaccines qui sont contamines dans leur entourage par de grands enfants ou des adultes [18, 191. La vaccination protege en effet remarquablement le nourrisson et le jeune enfant, mais son eff icacite diminue avec I’age en I’absence de rappel. Ainsi, en France, comme dans les autres pays a forte couverture vaccinale, I’agent de la coqueluche, Bordetella pertussis, circule desormais essentiellement chez le grand enfant et I’adulte [20], ce qui conduit a envisager une strategic de rappel tardif. A ces ages de la vie, la vaccination Hib n’etant plus necessaire, les vaccins coquelucheux acellulaires semblent les plus indiques du fait de leur meilleure tolerance et de leur excellente immunogenicite.

CONCLUSION Cancienne combinaison DTCePolio reste indiquee pour la primovaccination du nourrisson en France (a 2, 3 et 4 mois selon le calendrier 1998). Selon ce

acellulaires

559

nouveau calendrier, les vaccins coquelucheux acellulaires ont, en revanche, une indication pour le rappel. A 16-l 8 mois, les deux types de vaccins combines DTCePolio-Hib et DTCaPolio-Hib peuvent Qtre utilises. Depuis cette annee, un rappel tardif est recommande chez I’enfant de lo-11 ans, et seule la combinaison coquelucheuse acellulaire DTCaP est indiquee.

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560

E Grimprel,

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vaccin

coquelucheux

(acellulaire)

P BCguC

20

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I vaccination

Summary - The introduction of the acellular pertussis vaccine in the French immunization programm. E Grimprel, P Begut5 The acellular pertussis vaccine offers a better tolerance as compared with the whole cell pertussis vaccine. It has also a good protective effect against whooping cough. However given as a combined pentavalent vaccine for the primary immunization of infants, it appears to introduce an immune interference leading to a diminished response to the Haemophilus type b or poliomyelitis valence according to the type of vaccine. Thus it is recommended that immuniztion against whooping cough in France in the coming years uses whole cellpertussis combined vaccine for the primary immunization of infants at 2, 3 and 4 months, the acellular pertussis vaccine being used for the booster injections at 18 months and 1 O-11 years. 0 1998, Elsevier, Paris. pertussis

vaccine

/ immunization

program