Relation amoureuse en unité de soins longue durée : qu’en pensent les résidents ?

Relation amoureuse en unité de soins longue durée : qu’en pensent les résidents ?

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Neurologie Gériatrie

Psychiatrie

Pratique psychologique

Relation amoureuse en unité de soins longue durée : qu’en pensent les résidents ? B.Tanguy (1),A. Sebaa (2) (1) Gériatre, Assistant du Service de moyen et long séjour. (2) Assistant Associé. Service de Gériatrie moyen et long séjour " Maison de l’Yvette ", Centre Hospitalier d’Orsay, 4, rue Guy-Moquet, 91400 Orsay. Correspondance : B. Tanguy, adresse ci-dessus. E-mail : [email protected]

Résumé

Summary

La problématique du couple en institution reste encore mal connue. Un couple de personnes atteintes de démence évoluée s'est formé au sein de notre service. Devant les questions qui se sont posées à notre équipe face à ce sujet «tabou», nous avons interrogé nos résidents à l'aide d'un questionnaire. Celui-ci portait sur les relations amoureuses des sujets âgés institutionnalisés. La grande majorité des résidents questionnés présentait une démence. Les réponses que nous avons obtenues méritent une analyse approfondie.

Love in the nursing home: what do the residents think?

Mots-clés

Key words

Démence, institution, relations amoureuses, tabou.

Dementia, institution, loving relations, taboo.

The problems of the couple in institution remain still poorly known. A couple of people suffering an advanced dementia were formed within our service. In front of the questions which arose for our team about this subject « taboo », we questioned our residents using a questionnaire. This one concerned the loving relations in the institutionalized old people. The majority of the questioned residents had a dementia. The answers which we obtained are rather astonishing.

Tanguy B., Sebaa A. NPG 2006; 6 (34): 44-48.

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Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie / Année 6/Août 2006. © 2006. Elsevier Masson SAS.Tous droits réservés.

Relation amoureuse en unité de soin longue durée

B.Tanguy, A. Sebaa

Actuellement, nous travaillons dans un service de Gériatrie com-

Cette résidente n’avait pas poursuivi cette relation amoureuse.

prenant une Unité de Soins longue durée (USLD) de 100 lits au

La deuxième avait, quant à elle, continué à entretenir une rela-

sein d’un Centre Hospitalier Général d’Ile-de-France.

tion privilégiée avec le résident. Le couple formé semblait heu-

En 2004, un de nos résidents atteint d’une démence évoluée a

reux. Le résident palpait les seins de la résidente, passait ses

présenté des désirs amoureux et sexuels vis-à-vis de plusieurs

mains sous sa jupe. Elle souriait, tout en soulevant son corsage

résidentes. Depuis, un couple s’est formé et entretient une rela-

et sa jupe. Ces caresses avaient lieu dans les couloirs du service

tion amoureuse complète avec rapports sexuels. De par cette

alors que d’autres résidents se trouvaient à proximité.

expérience, nous nous sommes interrogés sur les relations

Nous avions plutôt un regard «amusé » sur ce flirt, même si nous

amoureuses des résidents en USLD. Ce sujet tabou et caché reste

trouvions que les caresses effectuées en public pouvaient gêner

encore mal connu. Nous avons donc établi un questionnaire des-

les autres résidents. Mais, lorsque nous avons constaté qu’ils

tiné aux résidents. Ce questionnaire avait pour but d’évaluer :

entretenaient des rapports sexuels, une partie de l’équipe s’en

- le ressenti des résidents malgré leur démence par rapport aux

est trouvée mal à l’aise, voire choquée. Les rapports sexuels

relations amoureuses en USLD,

avaient été, en effet, clairement aperçus puisque deux aides soi-

- leurs désirs amoureux et sexuels,

gnantes les avaient « trouvés » dans un lit, appartenant à une

- l’attitude qu’attendent les résidents des équipes soignantes

autre résidente, au moment où la résidente faisait une fellation

face à une relation intime.

au résident.

Nous allons décrire dans un premier temps l’événement à l’origine de l’enquête, la population étudiée, le questionnaire soumis aux résidents. Puis, nous développerons les résultats que nous avons obtenus et leurs interprétations.

Motivation du questionnaire soumis aux résidents La sexualité entre deux personnes âgées reste un sujet

Cas clinique

« tabou ». Et plus encore lorsqu’il s’agit de deux personnes atteintes de démence sévère. En effet, plusieurs questions se

En 2004, un de nos résidents présentait des désirs sexuels vis-à-

sont posées à notre équipe :

vis d’autres résidentes.

- S’agissait-il d’une relation amoureuse « simple » entre deux

Ce patient vivait en USLD depuis 2003. Il était plutôt bel homme

personnes ou d’une désinhibition en rapport avec leur patholo-

et marchait seul. Il était atteint d’une démence évoluée (MMS

gie démentielle ? Dans ce cas, devions-nous intervenir dans cette

< 10, dysarthrie et troubles de la compréhension majeurs). Il était

relation ?

marié, sans enfant, et son épouse lui rendait visite régulière-

- Quelle attitude devions-nous avoir par rapport à ce couple ?

ment. Au début, il courtisait quatre résidentes. Il s’approchait des

Après plusieurs réunions pluridisciplinaires (cadre infirmier, infir-

résidentes et tentait des caresses en leur prenant tout d’abord la

mières, aides soignantes, psychologue et médecin), nous avons

main. Ces résidentes, de belles femmes, étaient toutes valides et

pris les décisions suivantes :

présentaient une démence évoluée.

- offrir au résident, par plusieurs changements de chambre, une

Parmi elles :

chambre individuelle afin qu’il puisse y inviter spontanément la

- deux l’avaient refoulé violemment en lui donnant des gifles ; il

résidente et y avoir plus d’intimité ;

n’avait donc pas insisté auprès d’elles ;

- les convier à aller dans cette chambre lorsque leur désir sexuel

- deux ne l’avaient pas repoussé et semblaient plutôt flattées

était présent ; en pratique, lorsque les caresses s'amplifiaient et

qu’il les courtise.

étaient exhibées en public ;

Ces deux résidentes présentaient toutes deux une aphasie et

- informer l’épouse du résident : en effet, nous avons craint sa

des troubles majeurs de la compréhension. Elles étaient veuves

réaction ; lors de ses visites, elle pouvait se trouver face à cette

et recevaient régulièrement la visite de leurs enfants respectifs.

relation adultérine (à la suite à cette information, elle a cherché

Ces deux femmes entretenaient donc des rapports amoureux

à connaître l’identité de la résidente, question à laquelle nous

avec le même homme. Celui-ci était tantôt avec l’une, tantôt

n’avons pas répondu ; elle semblait accepter cette situation ; à

avec l’autre. En couple, ils communiquaient par jargon et

l’inverse, les enfants de la patiente n’ont pas été informés, car, à

caresses. Une rivalité s’était installée entre les deux femmes.

cette époque, ils avaient des problèmes de santé et familiaux et

Pour l’une d’entre elles, il existait, aussi, une certaine jalousie vis-

nous avons pensé que la période ne s’y prêtait pas) ;

à-vis de l’épouse du patient. En effet, alors que nous ne l’avions

- effectuer un questionnaire auprès des résidents atteints de

quasiment jamais entendue s’exprimer, elle dit alors que

démence pour évaluer leur ressenti face aux relations amou-

l’épouse se trouvait dans la chambre du résident : «il est à moi».

reuses en institution.

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Méthodes

patients ont dit que « cela ne les intéressait pas », deux patients trouvaient cela « trop intime », un patient ne se sentait pas

Quatre-vingt-treize résidents vivent actuellement en USLD, dont

capable de répondre car, selon lui, « les gens de son âge ne sont

74 femmes et 19 hommes. Sur 93 résidents, 24 ont été interro-

plus vraiment en couple ».

gés. Les 69 autres résidents ont été exclus du questionnaire pour

Après un sourire amusé sur le sujet abordé, 18 résidents ont

les raisons suivantes : trouble de la compréhension majeur,

répondu à ce questionnaire.

trouble phasique majeur ou mutisme, trouble du comportement ou agitation ne permettant pas de répondre à l’enquête. Parmi

Réponses obtenues des 18 résidents

les 24 résidents interrogés : 3 n’ont pas de trouble des fonctions

Compte tenu du faible échantillon dont nous disposons, les

supérieures (MMS entre 25 et 30), 5 présentent des troubles psy-

chiffres ont été gardés en valeur absolue sur 18.

chiatriques et/ou une démence modérément évoluée (MMS

- Question 1 : Pensez-vous qu’une relation amoureuse puisse

entre 10 et 20), 16 sont atteints d’une démence diagnostiquée

s’installer entre deux résidents qui vivent ici ? : 11 résidents répon-

comme évoluée (MMS entre 0 et 10). La moyenne d’âge des rési-

dent : oui ; 6 : non ; 1 : ne sait pas.

dents interrogés est de 81,6 ans (extrême : 64-94 ans). Sur les 24

- Question 2 : Avez-vous déjà éprouvé un sentiment amoureux vis-

personnes, 16 sont des femmes.

à-vis d’un(e) autre résident(e) ici ? : 4 résidents répondent : oui ;

Le questionnaire a toujours été posé par le même interlocuteur.

14 : non.

Il a duré entre 5 et 10 minutes par résident, et a été pratiqué soit

- Question 3 : Si deux personnes (ou résidents) entretiennent une

dans un bureau clos, soit dans la chambre du résident.

relation, ici, dans le service : 10 résidents trouvent cela normal ; 3

L’enquête a été présentée comme suit à chaque résident :

sont mal à l’aise face à la situation ; 5 trouvent cela choquant.

«Cette enquête a pour but d’évaluer les désirs amoureux des

- Question 4 : Faites-vous une différence entre une relation amou-

résidents au sein d’une unité de soins longue durée. Toutes les

reuse avec ou sans rapport sexuel ? : 10 résidents répondent oui ;

réponses que vous allez me donner resteront strictement ano-

8 : non.

nymes.

Les explications pour les réponses positives sont les suivantes :

Souhaitez-vous y participer ? Oui / Non

- 3 personnes répondent qu’avec présence de rapports sexuels

Si non, pourquoi ?

la relation est différente car « plus intime » ;

Si oui, je vais vous poser sept questions.

- 3 personnes pensent que la relation est « plus réelle » ; une s’est

- Question 1 : Pensez-vous qu’une relation amoureuse puisse s’ins-

exprimée comme suit (nous citons) : « l’avoir tirée, c’est pas la

taller entre deux résidents qui vivent ici ?

même chose que pas l’avoir tirée !» ;

- Question 2 : Avez-vous déjà éprouvé un sentiment amoureux vis-

- 1 personne trouve que « c’est moins triste avec que sans » ;

à-vis d’un(e) autre résident(e) ici ?

- 1 personne dit qu’il y a une différence car « avec rapport, on

- Question 3 : Si deux personnes (ou résidents) entretiennent une

peut avoir des enfants » ;

relation, ici, dans le service, vous diriez que : 1- cela vous semble

- 1 personne pense que la relation est différente car « il y a un

normal, 2- cela vous met mal à l’aise, 3- cela vous choque.

engagement s’il y a rapport sexuel » ;

- Question 4 : Faites-vous une différence entre une relation amou-

-1 personne ne peut dire pourquoi, mais elle trouve cela diffé-

reuse avec ou sans rapports sexuels ? Expliquez votre réponse.

rent.

- Question 5 : Avez-vous déjà eu des désirs sexuels vis-à-vis d’un(e)

Parmi les huit résidents ne faisant pas de différence entre une

autre résident(e) ici ?

relation sans ou avec rapport sexuel :

- Question 6 : Pourriez-vous entretenir une relation intime avec

- 5 n’ont pas donné d’élément justifiant leur réponse ;

un(e) résident(e) ici ? Si non, pourquoi ?

- 2 trouvent que les deux relations sont complémentaires ;

- Question 7 : Si nous imaginons que vous entreteniez une rela-

- 1 pense que le sentiment prime sur le reste.

tion intime avec un(e) résident(e), quelle attitude souhaiteriez-

- Question 5 : Avez-vous déjà eu des désirs sexuels vis-à-vis d’un(e)

vous du personnel soignant ? »

autre résident(e) ici ? : 3 résidents disent : oui ; 15 : non. - Question 6 : Pourriez-vous entretenir une relation intime avec un(e) résident(e) ici ? : 3 résidents pensent qu’ils pourraient ; les

Résultats

15 résidents dont la réponse est « non » s’expliquent de manières différentes : trois parce qu’ils sont mariés ; trois parce qu’au

Parmi les 24 résidents interrogés, 6 (dont un homme ne présen-

décès de leur conjoint(e), ils ont éprouvé «trop de peine et qu’ils

tant pas de trouble des fonctions supérieures) n’ont pas souhaité

ne veulent pas revivre ça» ; deux parce que le lieu ne s’y prête

répondre à ce questionnaire.

pas (ces deux personnes ne présentent pas de trouble des fonc-

Cependant, ils ont exprimé les raisons de leur choix : trois

tions supérieures) ; deux parce qu’ils sont «trop vieux» ; deux

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B.Tanguy, A. Sebaa

parce que personne ne leur plaît ; un parce qu’ «on est bien seul»

invoquées sont, principalement, la notion d’intimité et de réa-

; un parce que cela ne l’intéresse plus ; un parce qu’il «ne fait

lité.Trois résidents pensent qu’ils pourraient entretenir une rela-

plus confiance aux femmes».

tion intime avec un(e) autre résident(e) en USLD ; les 15 autres

- Question 7 : Si nous imaginons que vous entreteniez une rela-

pensent qu’ils ne le pourraient pas. Malgré des fonctions supé-

tion intime avec un(e) résident(e), quelle attitude souhaiteriez-

rieures très altérées, les relations sexuelles adultérines ou après

vous du personnel soignant ? : les résidents interrogés ont donné

veuvage sont « proscrites ». La fidélité vis-à-vis de leur ex-

plusieurs éléments de réponse pour la même question : 9 rési-

conjoint est très présente. Cependant, nous avons eu le senti-

dents demandent de la discrétion ; 12 résidents souhaitent gar-

ment, pendant le questionnaire, que le « poids » des valeurs édu-

der leur chambre et qu’on ne leur impose pas de partager une

catives était aussi à prendre en compte. Seuls deux résidents se

chambre en couple (parmi ces 12 personnes, l’une a précisé

trouvent trop vieux pour des relations intimes. L’âge nous parais-

qu’elle souhaiterait que l’équipe veille sur ses affaires pour ne

sait pourtant être l’un des principaux critères pour lequel les

pas (nous citons) « se faire dépouiller encore par une femme »);

résidents n’entretiennent pas de relation intime. En effet,

5 résidents souhaiteraient que nous les laissions vivre cette rela-

comme pour beaucoup, les relations sexuelles entre deux per-

tion amoureuse sans aucune intervention ; par contre, une per-

sonnes du « quatrième âge » sont difficiles à concevoir. La dis-

sonne a demandé (nous citons) qu’«on la remette dans le droit

crétion de l’équipe soignante face à une relation intime est

chemin et qu’on l’empêche de vivre cette relation» ; 5 résidents

attendue par la moitié des résidents consultés. Ce qui nous a le

insistent pour que leur famille ou leurs proches ne soient pas

plus surpris dans les réponses à la question 7 est que les trois-

prévenus car ils ont peur qu’ils ne comprennent pas ou qu’ils

quarts des résidents ne souhaitent pas que l’équipe soignante

jugent cette relation ; 3 résidents n’ont pas répondu à cette ques-

leur demande de changer de chambre pour la partager avec leur

tion car ils n’avaient pas d’idée quant à l’attitude qu’ils souhai-

amoureux(se). Actuellement, la plupart d’entre eux vivent en

teraient du personnel soignant.

chambre double. Ce qui pose la question de la présence, au sein de l’USLD, d’un lieu indépendant permettant des relations intimes entre deux résidents. Ce qui paraît difficile. En effet, mettre un boudoir à la disposition de plusieurs couples semble

Discussion

difficile à imaginer dans notre société ! Cinq résidents ne souhaitent pas que leur famille ou proches

Parmi les résidents ayant répondu au questionnaire :

soient informés de cette relation. Nous avons eu le sentiment

- plus de la moitié pensent qu’une relation amoureuse peut

qu’ils avaient peur d’être « jugés » ou de choquer leurs enfants.

s’installer entre deux résidents hospitalisés en USLD ;

Le couple formé au sein de notre USLD a posé plusieurs ques-

- les trois-quarts disent n’avoir jamais éprouvé de sentiment

tions à notre équipe soignante. Il semble, au vu des réponses

amoureux vis-à-vis d’un(e) autre résident(e).

que nous avons obtenues, que les désirs amoureux et/ou

Les relations amoureuses entre deux résidents sont-elles pos-

sexuels des personnes atteintes de démence ne sont pas liés

sibles dans l’absolu, mais peu dans la réalité ? Les résidents ne

qu’à une désinhibition en rapport avec cette pathologie. En effet,

trouvent-ils peut-être pas de partenaire leur correspondant ? Ou

6 résidents déments évolués ont reconnu avoir des envies amou-

simplement, n’ont-ils pas envie d’entretenir de relation amou-

reuses et/ou sexuelles sans pour cela avoir des actes « compul-

reuse en USLD. Le regard porté sur deux résidents ayant une rela-

sifs » vis-à-vis d’un autre résident. Le faible échantillon ne nous

tion amoureuse au sein d’une USLD est aussi étonnant. En effet,

permet cependant pas de conclure. Par ailleurs, nous avions

sur les 18 résidents interrogés, 8 sont mal à l’aise ou choqués

décidé de mettre le patient en chambre seule afin que les désirs

face à une histoire amoureuse. Cela suppose-t-il qu’une telle

du couple puissent être assouvis. Comme nous l’avons écrit, les

relation doive, pour près de la moitié des résidents consultés, ne

trois-quarts des résidents interrogés ne souhaiteraient pas

pas être visible par les autres ?

changer de chambre s’ils entretenaient une relation intime avec

Bien que se sujet reste caché, 3 résidents ont dit qu’ils avaient

un autre résident. Notre décision pluridisciplinaire était-elle la

déjà eu des désirs sexuels vis-à-vis d’un(e) autre résident(e). Il

bonne ? Cependant, la chambre seule n’est-elle pas une solution

est à noter qu’à notre connaissance, ces 3 personnes n’entre-

au lieu de rencontre ?

tiennent pas de relation intime au sein de l’USLD. Ces désirs ne

Nous avions avisé l’épouse du patient de sa relation. Une fois

sont-ils donc pas satisfaits ? Ces désirs ont-ils été exprimés à

prévenue, elle cherchait à savoir à quelle femme son époux

l’autre résident ? Si oui, peut-être n’étaient-ils pas réciproques ?

s’était attaché. Cette information aurait-elle dû être donnée ?

Par ailleurs, malgré des troubles des fonctions supérieures évo-

En effet, la plupart des résidents consultés souhaitent que

lués, plus de la moitié des personnes consultées font une diffé-

l’équipe soignante soit discrète et ne souhaitent pas que leur

rence entre une relation avec ou sans rapport sexuel. Les raisons

famille soit informée.

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Pratique psycholoqique

Conclusion Nous avons effectué un total de 24 questionnaires sur les relations amoureuses des résidents en USLD. Parmi les résidents interrogés, 18 ont souhaité répondre. Ces 18 résidents sont atteints pour la grande majorité d’une démence plus ou moins sévère. Toutes ces personnes ont répondu au questionnaire avec le sourire et sans hésitation malgré le degré assez intime de certaines questions. Nous avons constaté que la moitié des résidents pensent qu’il est possible d’entretenir une relation amoureuse en USLD. Cependant, peu d’entre eux avouent des désirs amoureux ou sexuels. Contrairement à notre attente, l’âge ne semble pas être en cause. La fidélité envers leur ancien conjoint, l’éducation et le regard des autres apparaissent comme des facteurs importants quant au choix de ne pas avoir d’histoire d’amour. L’attitude de l’équipe soignante qu’attend la moitié des résidents vis-à-vis de leur relation amoureuse éventuelle est la discrétion. Deux tiers d’entre eux souhaitent garder une intimité propre en dehors de leur couple. Ils souhaitent, en effet, ne pas partager une chambre en couple. Les réponses que nous avons obtenues, par ce questionnaire, nous ont permis d’en savoir un peu plus sur le ressenti et les désirs amoureux des résidents atteints de démence vivant en USLD. Cependant, pour pouvoir évaluer les désirs intimes de ces résidents, un nombre plus important de personnes consultées serait nécessaire. ■

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