Revue de la littérature des différentes techniques de réduction de la luxation glénohumérale antéro-interne, employées de l’Antiquité à nos jours

Revue de la littérature des différentes techniques de réduction de la luxation glénohumérale antéro-interne, employées de l’Antiquité à nos jours

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Journal de Traumatologie du Sport 25 (2008) 41–49

Mise au point

Revue de la littérature des différentes techniques de réduction de la luxation glénohumérale antéro-interne, employées de l’Antiquité à nos jours Review of the literature on different techniques for reducing anteromedial glenohumeral dislocation used from Antiquity to modern day B. Taisne a,∗ , C. Basquin b , O. Bailleul c a

Service de médecine, centre hospitalier d’Hazebrouck, 1, rue-de-l’Hôpital, 59190 Hazebrouck, France b Service de réanimation chirurgicale, CHRU de Rennes, 35000 Rennes, France c Service des urgences, centre hospitalier de Cambrai, 59400 Cambrai, France Disponible sur Internet le 10 mars 2008

Résumé L’articulation glénohumérale est l’articulation la plus mobile de l’organisme, son anatomie la rend particulièrement vulnérable. La luxation antéro-interne en est un événement traumatologique fréquent. Depuis l’Antiquité, de nombreuses méthodes de réduction ont été décrites, toutes ces méthodes ne sont pas désuètes. Beaucoup d’entre-elles sont encore utilisées de nos jours. . . Existe-t-il une méthode idéale ? © 2008 Publi´e par Elsevier Masson SAS. Abstract The glenohumeral joint is the most mobile articulation of the human body. Its anatomy makes it particularly vulnerable. Anteromedial dislocation is a very common traumatic event. Since antiquity, many methods for reduction have been described, all are far from obsolete. Many can still be used today. Is there an ideal method? © 2008 Publi´e par Elsevier Masson SAS. Mots clés : Antiquité ; Méthodes de réduction ; Luxation glénohumérale ; Non traumatique Keywords: Antiquity; Reduction method; glenohumeral dislocation; Non-traumatic

1. Introduction Par son anatomie, l’articulation glénohumérale est l’articulation la plus mobile de l’organisme mais aussi la plus vulnérable [1]. Cette articulation de type sphéroïde est le siège des luxations les plus fréquentes chez l’homme et plus de 95 des luxations glénohumérales sont des luxations antéro-internes [2].



Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (B. Taisne).

0762-915X/$ – see front matter © 2008 Publi´e par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.jts.2007.12.007

La fréquence de la luxation d’épaule concerne 50 % de toutes les luxations articulaires de l’organisme [3]. Elle représente, chaque année, près de dix cas pour 100 000 habitants dans la population franc¸aise [4]. Le mécanisme est généralement celui d’une chute sur le moignon de l’épaule ou d’un choc direct sur la face postérieure de celle-ci. Parfois, des traumatismes indirects, peuvent engendrer une luxation d’épaule comme lors d’une chute sur le bras en antépulsion ou en abduction et rotation externe, ou quelques fois lors d’un mouvement forcé ou contré d’abduction–rétropulsion–rotation externe (c’est le mouvement du lancer de balle).

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Le traitement consiste en la réduction de la luxation, après lecture attentive des radiographies qui doit éliminer une éventuelle contre-indication à la réalisation de ce geste, comme la fracture engrenée du col de l’humérus [2]. 2. Méthodes de réduction De nombreuses manœuvres ont été décrites. Le principe essentiel est d’une part, de ne pas perdre de temps pour débuter la réduction afin de diminuer la douleur, source de contractures musculaires qui rendront d’autant plus difficile la manœuvre et d’autre part, d’effectuer des manœuvres douces et progressives. Il existe deux grands types de méthodes de réduction de la luxation d’épaule : les méthodes de réduction avec contre-appui axillaire et les méthodes sans contre-appui axillaire. Une radiographie de face en rotation neutre sera effectuée après la réduction pour vérifier la qualité de celle-ci et l’existence ou non de lésions osseuses associées [2]. La radiographie constitue un élément médicolégal indispensable [5]. 2.1. Méthodes de réduction sans contre-appui axillaire Ces méthodes de réduction sont considérées pour être les moins traumatiques quand elles sont réalisées de fac¸on progressive et en douceur. L’expérience de l’opérateur compte beaucoup dans le succès de la réduction. 2.1.1. Méthode d’Hippocrate Hippocrate, 460-377 avant J.-C., considéré par beaucoup comme le père de la médecine, a décrit plusieurs méthodes, toutes fondées sur la traction du bras dans son axe. Certaines utilisent des techniques de contre-traction [6] (Fig. 1). La technique originelle consiste à appliquer une traction longitudinale sur le bras placé le long du corps sur un patient en décubitus dorsal [3]. Les variantes de cette méthode qui utilisent une contretraction vont être reprises par des opérateurs contemporains.

Fig. 1. Méthode d’Hippocrate.

originelle mais l’opérateur va exercer, en plus de la rotation externe, une traction douce dans l’axe du bras placé en légère adduction le long du corps. 2.1.3. Méthode de Stimson et ses variantes Décrite en 1900 par Stimson, professeur de chirurgie à l’université de Cornell, cette méthode consiste à placer sur une table d’examen le blessé en décubitus ventral, le bras luxé pen-

2.1.2. Méthode de Kocher et ses variantes En 1870, Theodor Kocher, chirurgien suisse du xixe siècle, propose une méthode qui a déjà été décrite par les égyptiens. Cette technique est retrouvée sur des hiéroglyphes du tombeau d’Ipuy, datant de 3000 ans avant J.-C. [6]. Cette technique de puissance jouit d’un discrédit dû à la fréquence des fractures du col huméral qu’elle provoque quand elle est pratiquée par des opérateurs inexpérimentés [7]. (Figs. 2–4) La méthode consiste à placer le bras en légère adduction le long du corps, sur un patient allongé en décubitus dorsal, et d’effectuer une rotation externe, l’avant-bras étant placé à 90◦ de flexion. La méthode originelle est effectuée sans aucune traction. Quand la tête humérale est réintroduite dans la glène, le bras est alors replacé en rotation interne et immobilisé coude au corps [3]. 2.1.2.1. Les variantes de la méthode de Kocher. La partie initiale de la méthode de réduction est identique à la méthode

Fig. 2. Méthode de Kocher, premier temps : avant bras à 90◦ de flexion, coude au corps en légère adduction.

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Fig. 3. Méthode de Kocher, deuxième temps : mise en rotation externe et adduction (coude à l’ombilic).

dant en dehors de la table, avec un poids de dix livres attaché par une sangle autour du poignet [6]. Cette mise en traction douce et continue permet un relâchement musculaire progressif, en quelques minutes, de la ceinture scapulaire, ce qui va pouvoir permettre à la tête humérale de réintégrer la glène sans aucune manœuvre particulière. (Fig. 5) 2.1.3.1. Les variantes de la méthode de Stimson. En 1982, Shackleford, chirurgien à Pittsburg, exaspéré de ne pas trouver de poids dans son service, va tirer profit des brancards à vérins hydrauliques, en fixant par une sangle le poignet du membre luxé sur l’armature du brancard, puis actionner la pédale de remontée du brancard pour permettre la traction vers le bas du bras luxé [6]. Hovelius propose de combiner avec la méthode de Stimson, une manipulation de la scapula, en effectuant une rotation de la scapula sur son axe ; la pointe tournant vers le dedans et la partie supérieure vers le dehors [1].

Fig. 4. Méthode de Kocher, troisième temps ; mise en rotation interne.

Fig. 5. Méthode de Stimson.

2.1.4. Méthode de Milch et ses variantes En 1949, Milch propose une méthode peu traumatisante de réduction de la luxation d’épaule sur un patient placé en décubitus dorsal (Figs. 6–8). Elle consiste à placer le bras luxé en abduction progressive. Quand le bras est en abduction complète, l’opérateur effectue alors une rotation externe et une traction douce dans l’axe du bras, avant d’effectuer une élévation du

Fig. 6. Méthode de Milch, premier temps : mise en élévation progressive coude en abduction, légèrement fléchi.

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Fig. 7. Méthode de Milch, deuxième temps : poursuite de l’élévation du bras et mise en rotation externe.

bras vers l’avant puis d’amener la main du patient derrière sa tête. Il peut aussi appliquer avec son autre main une pression douce sur la tête humérale pour l’aider à réintégrer la glène. 2.1.4.1. Les variantes de la méthode de Milch. La méthode de Milch-Berrehail : méthode identique à la méthode originelle, mais le patient est placé en position assise, la manœuvre d’abduction complète puis rotation externe et de traction douce dans l’axe du bras étant accomplie, l’opérateur peut effectuer une élévation en exerc¸ant une force vers le haut et le dehors en amenant la main du patient derrière la tête (Figs. 9–11). La méthode de Milch peut être appliquée en manœuvre d’autoréduction (Fig. 12) ; il s’agit de demander au patient de venir mettre sa main derrière la tête dans la position dite du « prisonnier de guerre ».

Fig. 8. Méthode de Milch, troisième temps : la main du patient est amenée derrière sa tête, avec traction dans l’axe.

Fig. 9. Méthode de Milch-Berrehail, premier temps : mise en élévation, coude fléchi en abduction.

2.1.5. Méthodes de manipulations de la scapula En 1979, Bosely et Miles vont décrire une méthode de réduction de la luxation antérieure d’épaule par une technique de manipulation de la scapula. Cette méthode se réalise sur un patient placé en décubitus ventral, le bras luxé pendant dans le vide le long de la table d’examen, la manoeuvre consiste à appliquer une rotation médiale sur l’angle inférieur de la scapula et une rotation latérale sur l’extrémité supérieure de la scapula [3]. (Figs. 13 et 14) L’omoplate tourne alors sur son axe par un mouvement de sonnette et permet le dégagement de la tête humérale qui peut réintégrer la glène grâce au relâchement musculaire obtenu par la mise en traction douce et continue du membre supérieur dans son axe. 2.1.6. Méthode des esquimaux Les esquimaux du Groenland ont leur propre méthode de réduction ; celle-ci consiste à placer le blessé sur le sol sur le côté

Fig. 10. Méthode de Milch-Berrehail, deuxième temps ; élévation antérieure et rotation externe.

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Fig. 13. Méthode de manipulation de la scapula, premier temps ; mise en rotation médiale de la pointe de la scapula et rotation latérale de l’extrémité supérieure.

Fig. 11. Méthode de Milch-Berrehail, troisième temps : la main du patient est amenée derrière sa tête, traction dans l’axe.

sain. L’opérateur va alors exercer une traction douce, progressive, dans un axe vertical, en soulevant délicatement le blessé. Cette méthode est considérée comme simple et non traumatique [8]. (Fig. 15) 2.1.7. Méthode de Spaso En 1998, Miljesic Spaso a décrit une nouvelle technique de réduction de la luxation antérieure d’épaule. Elle se réalise sur

Fig. 14. Méthode de manipulation de la scapula, deuxième temps ; mise en traction douce du membre supérieur dans son axe.

Fig. 12. Méthode de la position du « prisonnier de guerre ».

Fig. 15. Méthode des esquimaux.

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Fig. 16. Méthode d’Hippocrate avec contre-appui axillaire.

un patient placé en décubitus dorsal. Elle consiste à placer le membre luxé en position verticale, la main en supination. Quand le bras est au zénith l’opérateur effectue une traction douce dans l’axe accompagnée d’une rotation externe progressive. L’opérateur peut aussi s’aider de son autre main en poussant doucement la tête humérale vers sa glène afin de faciliter la réduction [9]. 2.2. Méthodes de réduction avec contre-appui Considérées comme étant relativement traumatisantes, ces manœuvres sont à réaliser en deuxième intention, après un éventuel échec des techniques de réduction sans contre-appui. 2.2.1. Les variantes de la méthode d’Hippocrate Traction longitudinale du bras placé dans son axe le long du corps, l’opérateur peut aider la tête humérale à réintégrer sa glène en appliquant une pression douce sur celle-ci (Figs. 16–18). 2.2.1.1. Procédé du talon selon Oribase. L’opérateur s’aide de son talon comme contre-appui axillaire et exerce une trac-

Fig. 18. Méthode d’Hippocrate avec contre-traction axillaire : procédé de Matsen.

tion longitudinale du bras placé dans son axe le long du corps [1]. 2.2.1.2. Utilisation d’une contre-traction axillaire selon Matsen. Tandis qu’un opérateur effectue la manœuvre classique d’Hippocrate, un aide opérateur effectue une contre-traction axillaire en utilisant une sangle ou une alèze enroulée qui passe autour du thorax du blessé, en passant par le creux axillaire de l’épaule luxée. Cette contre-traction peut s’exercer à 90◦ de l’axe du bras, ou dans son axe, mais à l’opposé de la traction longitudinale du bras luxé [3]. 2.2.1.3. Technique de l’Ambi d’Hippocrate. Cette technique [3] est un équivalent de méthode de réduction dite « de la chaise » : l’opérateur place son épaule dans le creux axillaire du patient blessé et le soulève délicatement en le maintenant par le poignet et en exerc¸ant une traction douce vers le bas. Hippocrate va aussi proposer une méthode similaire, en plac¸ant cette fois le genou de l’opérateur dans le creux axillaire du blessé assis sur une chaise [6]. 2.2.1.4. Technique de réduction selon Ambroise Paré. Chirurgien franc¸ais, Ambroise Paré s’inspire des méthodes d’Hippocrate et propose dans ses œuvres de chirurgie la méthode de l’échelle qui consiste à s’aider d’un barreau d’échelle comme contre-appui axillaire [6].

Fig. 17. Méthode d’Hippocrate, procédé du talon d’Oribase.

2.2.2. Méthode de traction ascendante ou Over the Head Cette méthode consiste à placer le bras luxé au-dessus de la tête du patient en exerc¸ant une traction dans l’axe et en s’aidant d’un contre-appui sur l’extrémité supérieure de l’épaule avec l’aide de la main, du genou ou du pied de l’opérateur. Cette technique est pratiquée en Angleterre durant tout le xixe siècle. En 1847, Lacour propose d’associer une rotation externe suivie d’une rotation interne à la méthode originelle. La méthode Over the Head est rarement utilisée de nos jours car le risque traumatique est trop important [6].

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Fig. 19. Méthode de la chaise, premier temps : mise en traction douce vers le bas du membre luxé.

2.2.3. Méthode de la chaise Le patient est assis sur le côté d’une chaise, le creux axillaire du membre luxé repose sur le dossier rembourré par un coussin ferme, le bras doit pendre derrière le dossier. (Figs. 19 et 20) L’opérateur va alors appliquer une traction douce vers le bas, et en effectuant une légère rotation externe. On peut aussi effectuer cette technique en utilisant un poids qui va être sanglé autour du poignet du membre luxé, afin d’exercer une traction plus douce et régulière [1]. 3. Méthodes d’autoréduction Plusieurs méthodes ont été décrites en 1986, la technique d’Aroen [6] paraît être la plus simple et la moins traumatique. (Fig. 21) Le patient s’assoit à même le sol et vient placer la paume de la main de son bras luxé sur son genou ipsilatéral, fléchi à 90◦ , la main controlatérale vient maintenir fixée la main du membre traumatisé autour du genou.

Fig. 20. Méthode de la chaise, deuxième temps : mise en rotation externe progressive.

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Fig. 21. Méthode d’autoréduction.

Le patient doit ensuite effectuer, en ayant la tête en hyperextension, un mouvement forcé et progressif du dos vers l’arrière, cela va alors permettre à la scapula d’avoir un mouvement d’avancement antérieur sur le grill thoracique et cela va mettre en traction douce le bras luxé dans son axe. La tête humérale se désengage et se replace dans la glène de la scapula [10]. 4. Méthodes annexes Bien d’autres méthodes existent, certains médecins vont spécifiquement utiliser leur propre méthode, qui sera issue de leur expérience personnelle, ou de leur ingéniosité. L’essentiel est de toujours utiliser une méthode douce et progressive pour effectuer la manœuvre de réduction la moins traumatisante possible. 4.1. Exemple de la méthode du « Base-Ball » Cette méthode (Figs. 22–24) utilise une contre-traction axillaire. L’opérateur effectue une traction dans l’axe du bras, celui-ci étant placé en abduction complète, il effectue ensuite

Fig. 22. Méthode du « Base-Ball », premier temps : mise en abduction et traction dans l’axe.

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Fig. 23. Méthode du « Base-Ball », deuxième temps, mise en rotation externe.

Fig. 24. Méthode du « Base-Ball », troisième temps, mise en élévation latérale de l’humérus.

une rotation externe avant de placer l’humérus en élévation latérale.

La méthode de Kocher serait meilleure que celle d’Hippocrate selon Hobbs [11], cette méthode serait la moins douloureuse selon Uglow [12] et Thakur [13], les complications semblent minimales lorsque la méthode de Kocher est réalisée sans contre-traction d’après Berkenblit et al.[14]. La méthode de Milch serait moins traumatisante et relativement moins douloureuse que la méthode de Kocher chez des patients âgés de moins de 40 ans et pour lesquels la prise en charge serait de moins de quatre heures après l’accident selon Beattie et al. [15]. Cette technique pourrait être plus facilement réalisée avec succès chez des opérateurs inexpérimentés d’après Jonhson et al. [16]. La méthode d’Hippocrate est une méthode simple, réalisable par un opérateur seul, peu douloureuse et rapide selon les médecins de montagne [1]. La méthode de rotation externe est une méthode peu douloureuse qui peut être utilisée en l’absence de fracture associée du trochiter ou du col engrenée d’après Eachempati et al. [17]. Cette méthode est utilisable pour les premiers épisodes et les luxations récidivantes d’épaule selon Mirick et al.[18]. Les méthodes de manipulation de la scapula sont des techniques fréquemment utilisées Outre-Atlantique. Elles seraient d’utilisation simple, rapide et d’efficacité remarquable, considérées comme méthodes douces. L’utilisation d’analgésie/sédation ne serait pas nécessaire selon l’expérience des opérateurs d’après Baykal et al. [19] et McNamara et al. [20]. Bien d’autres méthodes plus anecdotiques existent, comme la méthode de Spaso, qui est réputée pour être simple, efficace et réalisable par les novices selon Yuen [21] ou la méthode des esquimaux, méthode simple, non traumatique et qui peut être utilisée par des opérateurs non médicaux d’après Poulsen [22]. Selon les chiffres du réseau épidémiologique de l’association des médecins de montagne, un blessé sur dix présente un traumatisme de l’épaule lors de la pratique des sports d’hiver. La luxation glénohumérale antérieure représente 30 % des blessés. La luxation est réduite une fois sur cinq avant d’arriver au cabinet, il s’agit généralement de réductions spontanées. Celles qui arrivent au cabinet sont réduites par le médecin de montagne dans 92,8 % des cas. Les médecins de montagne utilisent le plus souvent la méthode de réduction décrite par Milch [1]. 6. Les travaux et études similaires

5. Conclusion Le principe essentiel de la réduction est de ne pas perdre de temps afin de diminuer la douleur qui est source de contractures musculaires et d’effectuer des manœuvres les plus douces et progressives possibles. Une radiographie sera réalisée avant et après la réduction [2]. Certains auteurs estiment que, peu importe la méthode de réduction utilisée, le plus important est d’effectuer le geste de réduction le plus rapidement possible, car plus le temps passe et plus la spasticité musculaire est grande et contraint la réduction. De nombreuses études ont tenté de comparer certaines méthodes de réductions à d’autres afin de déterminer quelles seraient les meilleures.

Depuis l’Antiquité, plusieurs méthodes de réduction ont été décrites : Hippocrate (460–377 avant J.-C.), Kocher (3000 ans avant J.-C. par les Egyptiens) [6]. Ces méthodes ne sont pas désuètes car elles sont toujours utilisées de nos jours. En mars 2003, une étude a été réalisée aux Pays-Bas afin de déterminer quelle était la prise en charge des premiers épisodes de luxation d’épaule aux urgences. La méthode de réduction la plus fréquemment employée est la méthode de Kocher, suivie de la méthode d’Hippocrate [23]. En 2004, une étude similaire à été réalisée en France où la méthode d’Hippocrate est utilisée en première intention, suivie par la méthode de Kocher puis par la méthode de Milch [24].

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