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r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 8 ( 2 0 1 2 ) A1–A55
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Inserm UPMC, UMRS 975, ICM, hôpital Pitié-Salpêtrière, 75651 Paris 13, France Mots clés : Membre fantôme surnuméraire ; Accident vasculaire cérébral ; Illusions sensorimotrices Introduction.– L’existence d’un membre fantôme (MF) est définie par la perception illusoire d’un membre absent (suite à une amputation) ou paralysé (suite à une lésion cérébrale). Observation.– Madame S., 58 ans, droitière, est hospitalisée suite à la survenue d’un hématome cérébral frontotemporal droit. Elle présente des séquelles d’hémiparésie gauche avec un déficit de sensibilité profonde aux membres inférieur et supérieur et de sensibilité superficielle au membre supérieur. Sur le plan cognitif, elle montre des signes de négligence spatiale gauche ainsi qu’un syndrome dysexécutif. La patiente rapporte, à un mois de l’accident, la survenue de sensations fantômes au niveau du membre supérieur gauche parétique, induisant l’impression de posséder « une troisième main ». Ces sensations sont principalement retrouvées au niveau moteur (sensation de mouvement) et somesthésique (sensation de chaleur). La patiente ne peut en revanche voir ce membre fantôme. Ce phénomène est enfin critiqué, la patiente étant parfaitement consciente que ce membre supplémentaire n’existe pas. La reconstruction de la lésion met en évidence une atteinte hémisphérique droite intéressant les régions frontales (gyrus pré- et post-central, opercule rolandique, opercule frontal inférieure, gyrus frontal inférieur), temporales (gyrus temporal supérieur, gyrus de Heschl), l’insula et les ganglions de la base (noyau caudé, putamen, pallidum). Discussion.– Les connexions thalamocorticales semblent impliquées dans la construction des représentations internes de notre environnement. L’interruption de ce réseau (que l’on pourrait démontrer en utilisant la tractographie avec tenseur de diffusion) pourrait conduire à une altération des afférentes et du feedback sensorimoteur et induire une phénoménologie illusoire très proche de l’expérience somatosensorielle d’un mouvement effectif. Conclusion.– L’écart entre l’intention de mouvement, les séquences sensorielles prédites et le feedback réel pourrait induire une perception erronée par l’ajout d’un MF. Une dysconnexion thalamocorticale pourrait expliquer ce phénomène. Informations complémentaires.– Remerciements à l’équipe des Trois-Soleils et Marika Urbanski. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.050
N03
To match or not to match : une étude en IRM fonctionnelle des processus de comparaison Jean Capron a , Emmanuelle Volle b , Bruno Dubois c , Richard Levy d a Service de neuro-oncologie, Pitié-Salpêtrière, 75013 Paris, France b Institut de recherche sur le cerveau et la moelle, Pitié-Salpêtrière, 75013 Paris, France c Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer, Pitié-Salpêtrière, 75013 Paris, France d Service de neurologie, Saint-Antoine, 75012 Paris, France Mots clés : Imagerie par résonance magnétique ; Neurologie comportementale ; Cortex préfrontal Introduction.– La capacité à comparer et à juger de l’identité ou de la différence est un mécanisme cognitif essentiel. C’est ainsi que nous adaptons nos comportements et nos croyances dans un environnement en perpétuelle évolution. Objectifs.– Nous avons étudié les régions cérébrales impliquées dans le processus de comparaison en fonction du résultat de la
comparaison (appariement ou non-appariement) et du niveau exécutif. Méthodes.– Nous avons mené une étude en IRM fonctionnelle chez 21 sujets sains. Les stimuli « indice » et « cible » apparaissaient successivement sur un écran et la réponse motrice du sujet (appariement ou non-appariement) était enregistrée. Le sujet devait comparer des stimuli (condition objet), des relations (condition relations) ou l’applicabilité d’une règle (condition applicabilité) ou réaliser une tâche de contrôle moteur. Chaque sujet réalisait quatre runs de 70 essais dans l’IRM, soit 40 essais de chaque condition. Résultats.– Le processus de comparaison au niveau de la Relation et de l’Applicabilité a activé un réseau frontopariétal gauche avec une activation frontale plus antérieure pour Relation. La détection d’un appariement a activé : au niveau de l’Objet, un réseau frontopariétal gauche dont l’activation préfrontale était plutôt postérieure ; au niveau de l’Applicabilité, une région du cortex frontopolaire médian droit. La détection d’un non-appariement de relation a activé une région du gyrus frontal. Discussion.– Les réseaux frontopariétaux ressemblent aux réseaux de manipulation en mémoire de travail et le gradient soutient une hiérarchie de traitement exécutif ObjetApplicabilité-Relation. Deux régions proches des gyri frontaux moyen et inférieur gauches permettent distinctement la comparaison de Relations et la détection d’un appariement de Relations. L’activation observée pour non-appariement Applicabilité doit être étayée par de nouvelles études. Conclusion.– Aucun système commun de comparaison, de détection de l’appariement ou de détection du nonappariement n’a pu être mis en évidence. À l’inverse, des systèmes spécifiques à chaque niveau exécutif semblent exister. Informations complémentaires.– Financement par la bourse d’année recherche de l’AP–HP. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.051
N04
Étude des capacités mnésiques résiduelles lors d’une amnésie massive par lésion bilatérale des noyaux thalamiques antérieurs Francesca De Anna , Natalina Gour , Eve Tramoni , Didic Mira , Ceccaldi Mathieu , Olivier Felician Neurologie et neuropsychologie, CHU timone adultes, 13005 Marseille, France Mots clés : Thalamus ; Mémoire sémantique ; Syndrome amnésique Introduction.– Les lésions bithalamiques antérieures sont classiquement associées à une amnésie épisodique antérograde et rétrograde. Dans ce cadre, il existe peu de données sur l’intégrité des aspects antérogrades de la mémoire sémantique. Observation.– Une femme de 63 ans (no 07-71), a été victime en 2007 d’un AVC ischémique. L’IRM cérébrale montrait une lésion isolée des noyaux bi-thalamiques antérieurs. À distance, la patiente conservait une désorientation temporelle et spatiale marquée, une amnésie épisodique rétrograde et antérograde sévère, contrastant avec des connaissances sémantiques rétrogrades spectaculairement préservées. La patiente fut soumise à un protocole d’apprentissage sans erreur de 48 mots de vocabulaire afin de tester sa capacité à mémoriser de nouvelles informations sémantiques. Ses performances furent comparées à celles d’un groupe de quatre