Travail manuel et maladie de dupuytren

Travail manuel et maladie de dupuytren

Maladies professionnelles TRAVAIL MANUEL ET MALADIE DE DUPUYTREN R6sultat d'une enqu te informatis e en milieu sid rurgique J.Y de la CAFFINII~RE ~,...

535KB Sizes 0 Downloads 89 Views

Maladies professionnelles

TRAVAIL MANUEL ET MALADIE DE DUPUYTREN R6sultat d'une enqu te informatis e en milieu sid rurgique

J.Y de la CAFFINII~RE ~, R. W A G N E R 2, J. ETSCHEID 3, F. M E T Z G E R 4

CAFFINIERE J.Y. (de la), WAGNER R., ETSCHEID J., METZGER F . Travail manuel et maladie de Dupuytren. Resultat d'une enquire informatisee en milieu siderurgique. Ann. Chir. Main, 1983, 2, 1, 66-72.

CAFFINII~RE J.Y. (de la), WAGNER R., ETSCHEID J., METZGER F. - Manual work and Dupuytren's disease. Results of an informatic survey made among iron workers. (In French). Ann. Chir. Main, 1983, 2, 1, 66-72.

RC:SUM¢: : Une enqu0te a 0re rOalisee en milieu siderurgique afin de savoir s i l e travail manuel a une incidence particuliere sur le declenchement de la maladie de Dupuytren : il s'avere que sur 5 206 sujets ouvriers examines, 196 etaient porteurs de la maladie et I'etude precise de leurs conditions de travail montre bien qu'effectivement il y a une indiscutable correlation entre le travail manuel dur et prolong0 pendant des annees et le declenchement de la maladie de Dupuytren, mais specialement dans les tranches d'&ge les plus jeunes. On a aussi pu degager de cette enquote la notion d'hyperpression arterielle familiale comme facteur favorisant. II nous est ainsi permis de dire que si la maladie de Dupuytren ne peut 0tre consid0ree comme maladie professionnelle, son developpement peut en tous cas 0tre favorise si les sujets ont execut0 des travaux manuels durs prealables sur une periode d'au moins dix ans. Enfin, on confirme le r~51e declenchant du traumatisme et plus particuli0rement fracture du poignet.

SUMMARY : A survey was made among ironworkers to determine if manual work had a special influence on the onset of Dupuytren's disease, In 5,206 workmen examined, 196 were affected, and a careful study of their working conditions showed a definite correlation between hard manual work over many years and the occurrence of Dupuytren's disease, especially in the younger age group. We observed that familial arterial hypertension is a contributory factor. Although Dupuytren's disease cannot be considered as an occupational disease, its development, is favored by hard manual work for at least 10 years. The initiating role of trauma, especially a fracture of the wrist, is confirmed.

MOTS-CL¢:S : Maladie de Dupuytren. - - EnquOte informatisOe. - - Maladie professionnelle.

KEY-WORDS : Dupuytren's disease. - - Informatic survey.- Professional disease.

Le d6bat sur le r61e des facteurs professionnels responsables de la maladie de Dupuytren reste toujours ouvert comme en t6moigne le peu de pays du monde qui l'acceptent c o m m e maladie professionnelle (URSS, Bulgarie et Danemark). Nombreuses sont les enqu~tes entreprises/t cet 6gard [3, 5, 10] et dont il faut bien avouer que les r6sultats sont assez contradictoires. Le climat g6n6ral 6tant que finalement s i l e travail manuel pout 6tre m i s e n cause, c'est peut-6tre sur un terrain particulier dont la pdn6trance g6ndtique serait variable. J.T. Hueston dans sa s6rie de 1968 [5] avait not6 en plus que le facteur manuel du travail pouvait intervenir spOcialement dans les couches jeunes de la population.

Enfin, nombre d'auteurs [1, 2, 4, 5, 6, 8, 9] s'accordent /~ penser que le traumatisme violent authentique est un facteur favorisant dont le mode d'action peut 6tre, non pas l'6pisode traumatique lui-m6me mais l'0edOme engendr6 et entretenu par l'immobilisation, tel qu'il est aprOs fracture du poignet. TeIles ManuscrR regu ~ la Redaction le 20 janvier 1982.

1. ,Service de Chirurgie Orthop~dique, Centre Hospitalier de Luxembourg, 4, rue Barbl(, L U X E M B O U R G (Grand Duch~ du Luxembourg). 2. Service de M~decine du Travail de I'ARBED, DIFFERDANGE. 3. Division d'Esch-Schifflange. 4. Division d'Esch-BEL VAL.

VOLUME 2 N° 1 - - 1983

T R A V A I L M A N U E L E T M A L A D I E DE D U P U Y T R E N

%

67

M. Dupuytren

45 40 35 30 /'!'

25

,,/"

/-

20 15 10

Fig. 1. - - Histogramme des =~ges montre une fr~quence maximum de la maladie de Dupuytren entre 50 et 55 anso

5

z,s J

Fig. 1. - - The age histogram shows the highest frequency of Dupuytren's disease between the ages of 50 to 55.

i

20

v

I

25

i

30

%

35

40

50

45

55

(~5

60

Age

M. D u p u y t r e n

55

sont tr6s r6sumdes les impressions retir6es de la litt6rature dont on soulignera cependant le dernier travail (O.A. Mikkelsen, 1978) qui, dans une petite ville de Norv6ge et sur une population gdndrale non sdlectionn6e et dans les deux sexes, r6pond oui ~ la question de l'influence du travail manuel dur. Disposant /t kuxembourg d'une population tr~s sp6cifique de sujets de sexe masculin, dans un cadre professionnel essentiellement manuel que propose I'ARBED, industrie sid6rurgique du pays, nous avons engag6 une enqu~te clinique men6e entre le 1°r mai 1979 et le 30 janvier 1980. Sur les 11 740 ouvriers, on a examin6 5 206, soit 44,3 % d'entre eux, population suffisamment importante pour permettre une 6tude valable au plan statistique. Chaque sujet porteur de signes de maladie de Dupuytren a subi un examen complet tenant compte des propridt6s cliniques de la maladie mais aussi de tousles facteurs g6n6raux, personnels et familiaux. Surtout une enqu~te tr6s prdcise a pu ~tre men6e au plan professionnel. Ceci fut facilit6 du fait d'un fichier individuel tr6s complet qui permettait de connaitre le type d'activit6 manuelle suivi par chaque sujet depuis son entr6e ~ l'usine jusqu'~ la date de l'examen. Chaque sujet poss6dait ainsi un <, d'autant plus utilisable qu'~ Luxembourg la main-d'oeuvre est rest6e jusqu'~ ces derni~res ann6es tr6s stable. Ces renseignements nous ont donc permis une enqufite tr6s appronfondie sur le r61e du travail manuel effectivement r6alis6 par ces sujets. T o u s l e s renseignements ont 6t6 collect6s sur des fiches pr6par6es ~t cet effet et en vue d'une 6tude informatisde qui a permis de pousser tr~s loin l'analyse des corr61ations.

50

45 40

35 30

25

20

15

10 5 O O

5

10

15

20

25

30

ANNCES

Fig, 2. - - Duree de la maladie. Cette serie releve prir~cipalement de maladies dont le debut par rapport b I'examen est relativement re-

cent : moins de 10 ans par rapport a la date de I'examen. Fig, 2. - - Durability of the disease, This series is comprised mainly of patients with recent onset : Less than 10 years prior to the examination.

TRA V A I L M A N U E L E T M A L A D I E D E D U P U Y T R E N

68

ANNALES DE CHIRURGIE DE LA MAIN

RI2SULTATS Sur les 5 206 ouvriers examin6s, nous n'avons trouv6 que 196 sujets porteurs d'une maladie de Dupuytren soit 3,76 % ce qui est un pourcentage inf6rieur 5 la s6rie de Mikkelsen [10] qui en rapportait 5,6 %. A premiere vue, ce r6sultat tendrait 5 signifier que s'agissant ici d'une population de sujets exclusivement mfiles et manuels, contrairement ~ la s6rie norv6gienne, le facteur ~ travail manuel ,, serait hors de cause. En r6alit6, il faut regarder de pros les diff6rentes cat6gories de travail manuel avant de conclure, nous verrons plus loin les r6sultats de l'analyse au plan professionnel.

48%

Materiel d ' e t u d e et facteurs g e n e r a u x

L"

Influence de l'@e Comme dans les autres s6ries, on trouve un maximum de maladie de Dupuytren entre 40 et 60 ans avec un taux tr6s 61ev6 entre 50 et 55 ans (fig. 1). Le pourcentage de maladie dont le ddbut 6tait proche de la date de l'examen 6tait le plus 61ev6, puisque 78 % (fig. 2) d'entre elles avaient d6but6 dans les 10 ans pr6c6dents et 54 % dans les 5 ann6es avant. Autrement dit, chez la majorit6 de ces sujets, la maladie avait d6but6 vers l'~ge de 45 ans.

L....

17,3%

Les ldsions anatomiques et leur topographie 41,8 % des sujets examin6s 6taient porteurs d'une atteinte bilat6rale. Les autres ne pr6sentaient de 16sion que d'un c6t6. Mais/i peine plus du c6t6 droit (34,6 %) que du c6t6 gauche (22,9 %). En rassemblant le groupe des mains dominantes, on constate qu'il n'y a pas d'influence particuli6re, simplement il y a plus de droitiers que de gauchers : 88,7 % de mains dominantes droites 6taient touch6es contre 10,7 % de gauches sur les 196 mains examin6es. Le quatri6me rayon 6tait le plus atteint, 89,7 % contre 31,6 % au cinqui6me, 27,5 % au troisi6me et 5,6 % au second. Enfin, les atteintes du pouce 6taient r a r e s : 1,5 % seulement. Cette formule n'a rien d'original par rapport aux autres sdries. Les 16sions anatomiques ont 6t6 r6pertori6es en trois cat6gories : nodule, bride et ombilication cutan6e. I1 y avait un pourcentage plus important d'atteinte/t la paume : 78 % de nodules, 50 % d'ombilication et 36,2 % de bride. Aux doigts, on compte 1 % d'ombilication, 8 , 1 % de nodule et 6,6 % de brides. Pour l'6valuation du degr# de la griffe, nous avons choisi la classification de R. Tubiana [11], mais en regroupant les 4 stades et leurs sous-groupes en trois cat6gories (fig. 3) : - - le groupe I rassemble les stades 0 et 1, i! y e n avait 48 % ; - - le groupe II rassemble les stades 2 d et 3, il y en avait 17,3 % ; - - enfin le groupe III regroupe les stades 3 d, 4 et 5, il n'y en avait que 5 % des cas.

5% Fig. 3. - - Degre de la griffe. 196 mains, 22 operees (11,2 %). Les griffes ont e~t6 classees en trois groupes, une fois sur deux il s'agit d'une griffe moderee. Fig. 3. - - Magnitude of the contracture. 196 hands, 22 operated hands (11,2 %). The contractures have been classified into 3 groups, half of them are of moderate degree.

On notera que seulement 22 sujets soit 11,2 % d'entre eux avaient subi une op6ration ce qui fait qu'au moment de l'examen, ceux-1/~ pouvaient 6tre situ6s sans Fun ou l'autre de ces trois groupes. On a pu noter que c'est surtout le cinqui6me doigt qui 6tait plus fr6quemment le si6ge d'une griffe sdv6re et particuli6rement dans les atteintes bilatdrales.

Evolutivit# de la maladie Selon la vitesse 6volutive de la maladie, on a choisi une division en trois cat6gories : les 6volutions tr6s lentes (en plus de 10 ans) c'6tait le cas de 32,6 % des cas, 6volution lente entre 5 et 10 ans d'dvolution, groupe le plus fourni = 46,9 % et les 6volutions rapides en moins de 2 a n s : 15,3 %. Enfin, quelle que soit la vitesse 6volutive on a rdpertori6 les cas qui avaient 6volu6 par poussdes : 7 , 1 %

V OLUME 2 N° 1 - - 1 9 8 3

69

T R A V A I L M A N U E L E T M A L A D I E DE DUPUYTREN

des cas seulement. Cette distribution l~-encore est assez habituelle. L'analyse d6taillde a permis de retenir comme statistiquement valable une plus grande fr6quence des vari6tds rapides sur l'index, les ldsions 6voluant par poussdes touchant plus sp6cialement l'auriculaire.

Les facteurs g~nOraux dOclenchants On sait la frdquence des maladies de Dupuytren qui suivent d'assez pros un authentique traumatisme. L'analyse prdsente confirme cette n o t i o n : 27,5 % des cas avaient comme ant6cddent une fracture du poignet, 18,8 % une plaie tendineuse l'avant-bras, au poignet ou /: la main, et 4,5 % un antdc6dent de plaie des nerfs p6riph6riques. Ces pourcentages sont statistiquement tr6s significatifs et m6ritent d'6tre mis en exergue comme l'avaient ddj/~ soulign6s bien des auteurs [4, 9]. Notre analyse a pu d'ailleurs remarquer que c'est principalement Fannulaire, le doigt le plus touch6 dans cette cat6gorie 6tiologique (IV = 27,2 %, 1 8 , 1 % ; III -- 1 6 , 1 % et V = 20,9 %). - - Les facteurs familiaux et gOnOtiques ont 6t6 souvent invoqu6s & l'occasion de cas particuliers fort fivocateurs [7J. Dans notre sdrie, si ce facteur n'apparah pas directement, par contre on trouve une nette influence familiale par l'existence chez ces porteurs de maladie de Dupuytren d'ant6c6dents, non pas personnels, mais familiaux (31,6 %) d'hyperpression art6rielle. Peut-6tre cette marque est-elle le tdmoin chez certains individus d'une p6n6trance gdn6tique parall61e ~ la maladie et ce, d'autant plus que le facteur vasculaire a toujours 6t6 consid6r6 comme un des moteurs pathogdniques de l'affection. - - Enfin, en ce qui concerne le mode de vie, il ne para~t pas possible dans cette sdrie de retenir le facteur alcoolique, par contre il apparatt bien que ruiner plus d'un paquet de cigarettes par jour durant plusieurs ann6es (42 %) peut favoriser la maladie. Ce fait n'est pas non plus pour 6tonner puisque, comme on le sait, l'usage du tabac est considdr6 comme gdn6rateur d'hyperpression art6rielle permanente. Nous avions dress6 une tr6s longue liste de m6dicaments 6ventuellement utilis6s. Parmi les consommateurs de drogues diverses, on a not6 que les neuros6datifs non barbituriques pouvaient 6tre g6n6rateurs de maladie de Dupuytren et sp6cialement des formes ~voluant par pouss6es. R61e du travail m a n u e l

La recherche du r61e 6ventuel du travail 6tait le but de ce travail. A priori, le pourcentage global assez bas de maladie de Dupuytren retrouv6 pouvait faire renoncer g pousser plus loin l'enqu~te. En r6alit6, il faut, pour 6tre certain de l'influence ou non de ce facteur, analyser de quel travail il s'agit exactement, de la dur6e de sa pratique, et des dventuels travaux ant6rieurs ou associds par exemple dans les loisirs (jardinage, bricolage, etc...). Nous avons r6alis6 cette enqu6te d6taillde.

M. Dupuyt ren

%t

401-351--

3ol251 2Ol-

/

151-

" /

ii 15

30 35 40 45 20 25 ANNI~ES DE TRAVAIL ACCOMPU

Fig. 4. - - La maladie de Dupuytren apparue de fagon croissante avec le nombre d'annees de travail accompli. Le maximum trouv@ se situe entre 35 et 40 ans d'anciennet@. Fig. 4. - - The incidence of Dupuytren's disease increases with the num ber of years worked. The greatest frequency was after 35 to 40 years of work.

En ce qui concerne les postes de travail occup6s, nous les avons classds en trois cat6gories selon le degr6 croissant d'activit6 manuelle effectivement rdalisde durant la journ6e du travail. Le groupe I correspond ~ une activit6 mod6r6e, (bobineur, pontonnier, magasinier, garde, machiniste, basculeur, aiguilleur) le groupe H une activit6 soutenue (ajusteur, 61ectricien, tourneur, tuyauteur, graisseur, accrocheur, conducteur) et le groupe IIl une activit6 manuelle (forgeron, mouleur, meuleur, maGon, man0euvre, h o m m e au four (aux poches), d6chargeur, lamineur, coupeur, cisailleur, d6criqueur, dresseur, c o u p e u r , r a b o t e u r , botteleur, m o n t e u r en charpente, ferrailleur, fondeur) que l'on peut consid6rer comme intense. Le r6sultat des corr61ations sera d'autant plus utilisable que le hasard a voulu que le pourcentage d'ouvriers appartenant ~ chacun des

TRA VAIL M A N U E L E T M A L A D I E DE D U P U Y T R E N

70

ANNALES DE CHIRURGIE DE LA MAIN

M. Dulouyt ren

/ 27%

f 21%

I

I

20

25

J

40%

\

i

I

30

35

40

50

45

55

60

65

Age

5a %

M. Dupuyt ren

45 40 35 30 Fig. 5. - - Correlation entre I'fige et le travail manuel effectue dans les deux cateories, I, travail mod~re, III travail intense. n a superpose sur les deux histogramrues la courbe de la fr~quence de la maladie en fonction de I'~ge sur I'ensemble de la serie et I'histogramme dans la catdgorie de poste de travail effectu~, a) Travail manuel moderd, b) Travail manuel intense.

?

25 2o

Z

15 10

40%

28%

33%~

5 I

20

AIJ 25

..... I

30

[

35

40

45

50

ss

5b

groupes soit approximativement identique : groupe I = 3 4 , 6 % , groupe II = 3 2 , 1 % et groupe I I I = 33,1%. Chacun des sujets retenus dans cette analyse occupait le poste depuis au moins 10 ans. La courbe de la figure 4 montre d'ailleurs que la grande majorit6 de ces sujets avaient travaillO dans l'usine, certes g des postes souvent diff6rents mais depuis plus de 20 ans.

Travail manuel et gtge Si l'on compare les deux catOgories de sujets appartenant aux deux groupes extremes, travail manuel mod6r6 (I) et intense (III), on constate que darts le groupe I (fig. 5 a) le pourcentage de sujets appartenant aux tranches d'figes les plus 61ev6es sont,

6o

Age

Fig. 5. - - Correlation between age and the two categories of work, category 1 (moderate work) and category 11 (heavy work). We have superimposed on the two histograms the curve of frequency of the disease in relation to the age of the entire series, and the histogram of the job category, a) Moderate manual work. b) Heavy manual work.

ceux qui sont le plus fr6quemment atteints de maladie de Dupuytren : 44 % des sujets entre 55 et 60 ans contre 2 1 % entre 40 et 45 ans. Cette distribution suit parfaitement la progression donnde par la courbe globale des figes. Par contre, dans la cat6gorie III (celle des travaiUeurs accomplissant des activitds manuelles intenses (fig. 5 b) la distribution est inverse, puisque, au contraire, on trouve 33 % de maladie dans la tranche des 55/t 60 ans et 43 % dans celle des 40/t 45 ans. Ainsi la maladie de Dupuytren serait effectivement influenc6e par la pratique du travail manuel, mais quand il s'agit d'un travail intense et dans les tranches d'figes les plus jeunes !

VOLUME 2 No 1 - - 1983

%,

T R A V A I L M A N U E L E T M A L A D I E DE D U P U Y T R E N

M.Dupuyt ren

% M.Dupuyt ren

55,

55

50.

50

L5.

/

45

1.0

4(~

35

35

30

71

I

30

i

25

25

'

ZO

20

15

10

10 % I :~%

5

5

5

10

15

20

25

30 ANNEES

(3 5

10

15

20

25

30 ANN~ES 6b

6a

Fig. 6. a et b. - - Comparaison du pourcentage de maladies en fonction des delais d'apparition de la maladie et selon les deux cat(~gories compardes de postes de travail,

Fig. 6 a and b. - - Comparison of the percent of patients with the delay in onset of the disease in relation to the job category.

Travail manuel et durOe de la maladie Le rdsultat prdc6dent nous est confirm6 par une approche un peu diffdrente, celle de la durde de la maladie : on constate que si darts la cat6gorie I (fig. 6 a) le pourcentage de malade est plus 61ev6 apr6s 10 ~ 15 ans d'6volution, par contre (fig. 6 b) le pourcentage s'inverse dans la catdgorie III o~ il y a plus de maladie r6cente (36 %) que ancienne (22,5 %).

de Dupuytren dans les tranches d'figes plus jeunes ayant accompli plus de 25 ans de travail.manuel. On peut d'ailleurs ajouter ~ ce rdsultat que l'index est plus souvent atteint dans la cat6gorie des travailleurs manuels ldgers, et plut6t l'auriculaire dans la cat6gorie des travailleurs manuels aux postes les plus lourds. De m6me, l'6volution parait plus lente dans cette derni6re cat6gorie, plus rapide et par poussde dans celle des travaux manuels plus 16gers.

Travail manuel et annOes de travail accompli En recherchant le pourcentage de maladie et la dur6e de travail accompli selon le poste occup6 (fig. 7), on constate 1~ encore ~ l'6vidence une nette discordance entre les deux groupes : plus grande frdquence (79 %) de maladie dans les travaux ~ activit6 manuelle mod6r6e chez ceux qui ddpassent 35 ans d'activit6 professionnelle, au contraire plus grande fr6quence dans le groupe I I I : 78 % avant 35 arts de dur6e de travail. Ainsi, cette triple analyse d6gage bien le r61e du travail manuel puisque en s6parant les deux groupes travail manuel ldger (I) et travail dur (III), on voit apparahre une diffdrence notoire et statistiquement valable de frdquence en maladie

CONCLUSION Ainsi cette enqu6te qui n'a ignor6 aucun facteur possible grfice ~ l'aide de l'ordinateur et dont on a retenu que les valeurs statistiquement valables, permet d'affirmer le r61e d6clenchant du travail manuel dans la maladie de Dupuytren. Cette notion n'apparaissait pas d'embl6e ~ la seule vue du chiffre de 3,76 % de cas trouv6s sur la population d'ouvriers examin6s. C'est sans doute pourquoi certaines enqu6tes n'ont pas abouti, telle celle de P.F. Early en 1962 qui sur une collection de 5 000 ouvriers des chemins de fer concluait ~ l'absence de

72

TRA VAIL MANUEL

ET MALADIE

ANNALES DE CHIRURGIE DE LA MAIN

DE D UPUYTREN

M. Dupuyt ren

~,[

M. Dupuyt ren

45 ]

J

40 35

/

30

/_

25 20

/ 33%

lOj

I

15

22%

35% [ 4

I~b

25 30 35 40 45 ANNI~ES DE TRAVAIL ACCOMPM

I i

44%

34/0

34%

22%~

50 .K.t

20

A

,

,

,

15

20

25

30

35

40

J\ 45

ANNEES DE TRAVAIL ACCOMPLI

7a

7b Fig. 7. a et b. - - M6me ¢omparaison mais en faisant la correlation avec le nombre d'annees de travail accompli,

Fig. 7 a and b. - - Same comparison, but correMting years worked.

l'influence du travail manuel. Notre chiffre global est meme inferieur ~ celui de O.A. Mikkelsen, qui a fait son enquete sur une population generale, mais qui concluait au rale du travail manuel grace ~ une etude plus precise des correlations. En ce qui concerne l'etude presente, c'est la separation en categories ~ activite manuelle croissante, ~ l'interieur d'une collection faite exclusivement de travailleurs manuels, qui a permis d'affirmer ce r01e indiscutable. Malgre tout, il n'a pas et6 possible de tirer plus de renseignements sur le r61e des facteurs associes eventuels, au risque de sortir du cadre de la certitude statistique. Cependant, il nous est bien apparu que le fait de posseder des antecedents familiaux d'hyperpression arterielle constituait un facteur favorisant, traduisant en cela sans doute la notion bien connue de terrain genetiquement predisposant.

REMERCIEMENTS

Au plan pratique, il apparait donc que si la maladie de Dupuytren ne saurait atre consideree ~ tout coup comme maladie professionnelle indemnisable, sous pretexte qu'elle survient chez un travailleur manuel, en tous cas, elle pourrait Otre consideree comme maladie ~ caract~re professionnel si une enquate detaillee a revele une activite manuelle professionnelle dure et soutenue.

it with

the number of

N o u s a d r e s s o n s n o s r e m e r c i e m e n t s ~ M e s s i e u r s M. B o r y s i a k et M. G e n g l e r d u S e r v i c e i n f o r m a t i q u e d e l ' A R B E D - L u x e m b o u r g , Division DIFFERDANGE.

REFERENCES 1. C L A R K S O N P. - - Considerations sur la maladie de Dupuytren. In : Monographie du GEM, pp. 87-88. Paris, Expansion Scientifique Fran~aise, 1972, 2. DUBOIS G. - - Recherche des facteurs 6tiologiques de la rnaladie de Dupuytren, Nouv. Presse M~d.. 1972, 1, 1995. 3. E A R L Y P.F. - - Population studies in Dupuytren's contracture, J. Bone Jt Surg.. 1962, 44 B, 602-613. 4. F1SK G. - - Les rapports entre maladie de Dupuytren et traumatismes. In : Monographie du GEM, pp. 61-62, Paris, Expansion Scientifique Fran~:aise, 1972. 5. H U E S T O N J.T. - - Dupuytren's contracture and specific injury. Med. J. Aust., 1968, 1, 1084-1085. 6. H U E S T O N J.T. - - ProblOmes ~tiologiques dans la maladie de Dupuytren. In : Monographie du GEM, pp. 43-52, Paris, Expansion Scientifique Fran~aise, 1972. 7. J A M E S J.I.P. - - Le caractOre g~n~tique de la maladie de Dupuytren et de l'~pilepsie idiopathique, l n : Monographie du GEM, pp. 53-59, Paris, Expansion Scientifique Fran~aise, 1972. 8, J O L Y J,P,F., LOUIS STANISLAS M. - - L'etiologie de la maladie de Dupuytren. Presse M~d., 1965, 73, 1743-1745. 9. L A R R A R D J, (de), H I J I E R C.P., D E R V I L L E E P., D O I G N O N J., R O B E R T M. - - Le rale du traumatisme darts l'etiologie de la maladie de Dupuytren. Arch. Mal. Prof.. 1969, 30. 721-724. 10. M1KKELSEN O . A . - - Dupuytren's diseases in the influence of occupations and previous hand injuries. The Hand, 1978, 10. 1, 1-8. 11. T U B I A N A R. - - Le traitement de la maladie de Dupuytren. Rev. Chir. Orthop., 1964, 50, 3. 311-334.