Troubles endocriniens à distance d’une agression cérébrale : quel retentissement ? Quel bilan ?

Troubles endocriniens à distance d’une agression cérébrale : quel retentissement ? Quel bilan ?

Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 31 (2012) e117–e124 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Re´union de neuroanesthe´sie...

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Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 31 (2012) e117–e124

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Re´union de neuroanesthe´sie-re´animation

Troubles endocriniens a` distance d’une agression ce´re´brale : quel retentissement ? Quel bilan ?§ Pituitary insufficiency after traumatic brain injury: Consequences? Screening? S. Ciancia Re´e´ducation et re´adaptation fonctionnelles, hoˆpital Henry-Gabrielle, hospices civils de Lyon, 20, route de Vourles, 69230 St-Genis-Laval, France

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Mots cle´s : Insuffisance hypophysaire Traumatisme craˆnien Hormone de croissance Hypogonadisme Qualite´ de vie

L’existence de troubles endocriniens au de´cours de traumatismes craˆniens graves a longtemps e´te´ conside´re´e comme une complication rare. Pourtant, plusieurs e´tudes re´centes ont mis en e´vidence un de´ficit ante´hypophysaire chez pre`s de 30 % des patients a` un de´lai de un an apre`s le traumatisme, les de´ficits gonadotropes et somatotropes e´tant les plus fre´quents. Ces de´ficits pourraient contribuer aux de´ficiences physiques et neuropsychologiques des patients victimes d’un traumatisme craˆnien (TC). Leur retentissement reste cependant peu e´tudie´, et si la prise en charge des de´ficits corticotropes et thyre´otropes est bien codifie´e, les indications des traitements gonodatropes et somatotropes restent moins bien de´finies. Une adaptation des strate´gies de de´pistage, tenant compte de ces donne´es, a e´te´ propose´e re´cemment. ß 2012 Socie´te´ franc¸aise d’anesthe´sie et de re´animation (Sfar). Publie´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. A B S T R A C T

Keywords: Pituitary insufficiency Traumatic brain injury Growth hormon Hypogonadism Quality of live

Traumatic brain injury has been considered for long as a rare cause of hypopituitarism. Recent studies have already shown a prevalence of 30% of pituitary dysfunction following moderate or severe head injury that may persist into the chronic phase of recovery, hypogonadism and GH deficiency being the most common hormonal deficiencies. Hypopituitarism may impede recovery and contribute to chronic disability in these patients. However, there are limited data available regarding the impact of hypopituitarism, and the indications of hormonal replacement (especially GH replacement and hypogonadism treatment) still remain to be defined. The screening strategy for TBI – induced hypopituitarism has recently been revised. ß 2012 Socie´te´ franc¸aise d’anesthe´sie et de re´animation (Sfar). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. E´tat des lieux 1.1. Incidence des de´ficits ante´hypophysaires apre`s traumatisme craˆnien Le traumatisme craˆnien (TC) est une pathologie fre´quente dont l’incidence est estime´e a` 200 a` 300 cas pour 100 000 habitants en France [1]. Il s’agit d’une des principales causes de morbidite´ et de mortalite´ au sein de la population adulte jeune, a` l’origine de de´ficiences motrices, sensorielles et cognitives. A` long terme, les troubles cognitifs et du comportement repre´sentent les se´quelles

§ Texte pre´sente´ aux 33es Journe´es de l’association de neuroanesthe´siere´animation de langue franc¸aise, Marseille, 17–18 novembre 2011.

Adresse e-mail : [email protected].

les plus fre´quentes et les plus invalidantes, et constituent le principal facteur limitant a` la re´insertion familiale et socioprofessionnelle de ces patients. La premie`re description d’insuffisance ante´hypophysaire (IAH) post-traumatique remonte a` 1942 lorsque Escamilla et Lisser [2] ont de´crit quatre cas d’IAH parmi 595 patients aux ante´ce´dents de TC. Au cours de cette pathologie, l’hypothalamus et l’hypophyse peuvent eˆtre expose´s a` des traumatismes directs, en particulier lors des fractures de la base du craˆne, a` des le´sions par cisaillement qui pre´dominent classiquement dans les parties me´dianes du cerveau, mais un me´canisme vasculaire est fre´quemment invoque´ dans la gene`se des le´sions observe´es [3–5]. Les atteintes de l’hypophyse ante´rieure peuvent occasionner des de´ficits corticotropes, thyre´otropes, ou plus fre´quemment gonadotropes et somatotropes ; celles de l’hypophyse poste´rieure, un diabe`te insipide.

0750-7658/$ – see front matter ß 2012 Socie´te´ franc¸aise d’anesthe´sie et de re´animation (Sfar). Publie´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2012.04.015

S. Ciancia / Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 31 (2012) e117–e124

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Mises a` part les de´compensations aigue¨s notamment corticotropes a` un stade pre´coce post-traumatique, souvent bruyantes en termes biologiques et/ou cliniques, les signes fonctionnels sont assez pauvres et peu spe´cifiques :  le de´ficit corticotrope se traduit par une asthe´nie croissante au cours de la journe´e, une hypotension orthostatique, une paˆleur, des troubles digestifs banaux associant anorexie, nause´es, perte de poids ;  le de´ficit thyre´otrope se manifeste classiquement par une asthe´nie, un ralentissement psychomoteur, une de´pression, une bradycardie, une prise de poids, une constipation ;  au cours des atteintes gonadotropes sont note´s ame´norrhe´e, de´pilation, troubles sexuels, troubles de l’humeur, asthe´nie, re´duction de masse musculaire et de´mine´ralisation osseuse ;  enfin, les conse´quences des de´ficits somatotropes chez l’adulte consistent essentiellement en des modifications de la composition corporelle et du profil lipidique, une diminution des capacite´s d’endurance et une alte´ration de la qualite´ de vie. Ces signes cliniques frustes et peu spe´cifiques sont souvent attribue´s au TC lui-meˆme, ou masque´s par la se´ve´rite´ des troubles neurologiques associe´s, ce qui rend le diagnostic clinique difficile et explique pourquoi les de´ficits ante´hypophysaires post-traumatiques ont longtemps e´te´ conside´re´s comme une complication rare. Dans une revue tre`s exhaustive de la litte´rature, Benvenga et al. [6] ont repris l’ensemble des donne´es publie´es entre 1970 et 1998 comprenant un total de 367 cas d’IAH chez des patients TC. Il ressort de cette revue un sex-ratio homme/femme de 5 pour 1, plus de 60 % des patients avaient moins de 30 ans dont 35 % avaient un aˆge compris entre 20 et 29 ans. Le diagnostic d’IAH e´tait pose´ de quelques jours a` plus de 40 ans apre`s le TC initial, la majorite´ (71 %) e´tant toutefois diagnostique´e au cours de la premie`re anne´e. L’origine du TC e´tait un accident de la voie publique dans 74 % des cas. Enfin, un coma e´tait pre´sent a` la phase initiale chez pre`s de 94 % des patients. A` la suite de cette revue, de nombreuses e´tudes se sont applique´es a` de´pister syste´matiquement l’existence de de´ficits ante´hypophysaires chez ces patients. Ainsi depuis 2000, six e´tudes re´trospectives [7–12] ont analyse´ l’incidence des de´ficits ante´hypophysaires au sein de populations de traumatise´s craˆniens (Tableau 1). L’ensemble regroupe 410 patients qui constituent une population tre`s he´te´roge`ne puisque les de´lais depuis le TC varient de trois mois a` 23 ans. La pre´sence d’au moins un de´ficit ante´hypophysaire a e´te´ note´e chez 28 a` 68 % des patients. La

grande variabilite´ dans l’incidence des de´ficits somatotropes, gonadotropes, thyre´otropes, corticotropes peut eˆtre explique´e par la diversite´ des tests diagnostiques et des seuils utilise´s. Les re´sultats de ces e´tudes re´trospectives ont incite´ de nombreuses e´quipes a` mettre en place des e´tudes prospectives afin d’e´valuer l’incidence des de´ficits et leurs cine´tiques d’e´volution. Les donne´es de dix e´tudes prospectives [8–17] conduites depuis 2004 (Tableau 2) et comprenant 809 patients ont e´te´ reprises dans une revue de Schneider et al. [18] en 2007. Il apparaıˆt que, un an apre`s le TC, 27,5 % des patients pre´sentaient au moins un de´ficit ante´hypophysaire et 7,7 % un de´ficit multiple (affectant deux ou plusieurs secteurs). Les de´ficits touchaient les secteurs gonadotrope (12,5 %), somatotrope (12,4 %), corticotrope (8,2 %) et thyre´otrope (4,1 %). La plupart des e´tudes publie´es au cours de ces dernie`res anne´es rapportent des re´sultats comparables, en faveur d’une incidence e´leve´e de ces de´ficits, d’environ 21 % [19,20]. L’e´tude de Schneider et al. [21] confirme la fre´quence de ces atteintes au de´cours de la pathologie traumatique, mais aussi des he´morragies sousarachnoı¨diennes (HSA). Ne´anmoins, selon les tests diagnostiques et les valeurs seuils choisies [22], des pre´valences beaucoup plus faibles (1 % et 5 %, respectivement) ont e´te´ de´crites dans deux e´tudes re´centes [23,24]. 1.2. E´volution des de´ficits au cours du temps Plusieurs e´tudes prospectives re´centes se sont inte´resse´es a` l’e´volution spontane´e de l’IAH post-traumatique : 70 patients traumatise´s craˆniens ont e´te´ e´value´s trois et 12 mois apre`s le traumatisme [12]. A` trois mois, un de´ficit ante´hypophysaire e´tait pre´sent chez 32,8 % des patients : 5,7 % pre´sentaient un panhypopituitarisme, 5,7 % des de´ficits multiples, touchant plusieurs axes, et 21,4 % un de´ficit isole´. Douze mois apre`s le traumatisme, un de´ficit e´tait mis en e´vidence chez 22,7 % des patients : complet chez 5,7 %, multiple chez 4,2 %, et isole´ chez 12,8 %. Lorsque le de´ficit e´tait complet a` trois mois, il e´tait toujours confirme´ a` 12 mois, tandis que les de´ficits isole´s et meˆme multiples n’e´taient confirme´s que chez 25 % des patients. Inversement, les auteurs ont de´crit l’apparition d’un de´ficit isole´ chez 5,5 % des patients, et l’apparition d’un de´ficit multiple chez 13,3 % des patients pre´sentant un de´ficit isole´ a` trois mois. La fonction hypophysaire peut donc s’ame´liorer au cours du temps, des de´ficits isole´s et meˆme multiples pouvant n’eˆtre que transitoires, mais elle peut e´galement se de´grader au cours des mois.

Tableau 1 E´tudes re´trospectives e´valuant la pre´valence d’une dysfonction ante´-hypophysaire chez des patients survivants de traumatisme craˆnien (TC). Effectif

Se´ve´rite´ du TC Glasgow Coma Scale (GSC)

De´lai de l’e´valuation apre`s le TC

Patients avec au moins un de´ficit (%)

Type de de´ficits hormonaux GH (%)

ACTH (%)

LH/FSH (%)

Hyper prolactine´mie (%)

Diabe`te insipide (%)

0

0

8 (traitement par neuroleptiques 5/6 patients)

0

12

21

TSH (%)

Kelly et al. [3]

22

Mode´re´ a` se´ve`re (GCS  12)

3 mois a` 23 ans

36

18

0

22

Lieberman et al. [7]

70

Connu pour 38 patients : GCS  8, n = 32 GCS > 8, n=6

13 mois (1 mois a` 23 ans)

68

14

7–45

ND

102

Mode´re´ a` se´ve`re (GCS  12)

117 mois (6 a` 36 mois)

28

11

13

12

1

Bondanelli et al. [9]

50

Faible a` se´ve`re (GCS  8, n = 27)

12–64 mois

54

28

0

17

10

8

3,5 (transitoire)

Leal-Cerro et al. [10]

99

Se´ve`re (GCS  8)

1–5 ans

42

22

11

29

10

ND

3

Popovic et al. [11]

67

Mode´re´ a` se´ve`re (GCS  12)

1 a` 22 ans

66

30

7

9

4,5

4,5

Agha et al. [8]

4

11

4,5

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Tableau 2 E´tudes prospectives e´valuant la pre´valence de l’insuffisance ante´hypophysaire post-traumatisme craˆnien (TC). Effectif

Type de de´ficit GH %

n Bondanelli et al. [5]

Aimarettiet al. [12] Agha et al. [8] Popovic et al. [11] Leal-Cerro et al. [10] Agha et al. [13]

50

4

n

n

% 7

14 [4,4–3,6]

% 0

n

n

TSH n

%

%

%

0

5

10 [1,7–18,3]

14

28 [15,6–40,5]

6

12 [3,0–21]

70

14

20 [10,6–29,4]

8

11,4

5

5,7

4

7,1

16

22,9

7

10

11

11,8 [4,8–16,8]

12

11,8

13

12,7

1

1

29

28,4

6

5,9 10,4

67

10

14,9 [6,4–23,5]

170

10

5,9 [2,3–9,3]

48

5

10,4 [1,8–19,1] 10 [3,0–17,0]

70

7

Tanriverdi et al. [15]

52

17

Klose et al. [17]

ACTH

De´ficit complet

102

Schneider et al. [14]

Herrmann et al. [16]

8 [0,5–15,5]

LH/FSH

Survenue d’au moins un de´ficit

76

6

104

16

32,7 [19,9–45,4] 7,9 [1,8–14,0] 15,4 [8,5––22,3]

5

7,5

3

4,5

23

34,3

7

29

6

9 17,1

11

6,5

10

5,9

42

24,7

15

8,8

6

12,5

9

18,8

1

2,1

ND

ND

14

20

6

8,6

2

2,9

25

35,7

3 (4,3)

4,3

4

7,7

10

19,2

3

5,8

26

50

5 (9,6)

9,6

17,1

2

2,6

2

2,6

18

23,7

5 (6,6)

6,6

1,9

5

4,8

2

1,9

16

15,4

6 (5,8)

5,8

13 2

[IC] : intervalle de confiance.

Dans une e´tude portant sur 50 patients victimes de TC mode´re´ a` se´ve`re, e´value´s en phase aigue¨, puis a` six et 12 mois, la re´gression de certains de´ficits ante´hypophysaires a e´galement e´te´ de´crite [13], le plus souvent au cours des six premiers mois. L’hyperprolactine´mie et l’atteinte du secteur gonadotrope re´gressaient spontane´ment chez la plupart des patients. Les auteurs de´crivent une re´gression du de´ficit en GH chez deux tiers des patients et du de´ficit corticotrope chez la moitie´ des patients ; la persistance d’un de´ficit pour ces deux axes e´tait associe´e a` une hypose´cre´tion plus se´ve`re de GH et de cortisol a` la phase aigue¨. Inversement, l’apparition tardive de de´ficits ante´hypophysaires a e´te´ note´e chez certains patients lors de l’e´valuation du sixie`me mois, atteignant surtout l’axe corticotrope ; aucun de´ficit nouveau en ACTH n’est apparu au-dela` du sixie`me mois, lors du controˆle a` un an. Schneider et al. [14] ont teste´ 78 patients traumatise´s craˆniens le´gers a` se´ve`res trois et 12 mois apre`s le traumatisme. L’e´valuation a e´te´ re´alise´e dans les deux cas avec des tests hormonaux de base, et des tests de stimulation (GHRH + arginine pour la GH, ACTH faible). A` trois mois, 56 % des patients avaient un de´ficit ante´hypophysaire, avec atteinte de l’axe gonadotrope dans 32 % des cas, corticotrope dans 19 %, somatotrope dans 9 %, et thyre´otrope dans 8 %. A` 12 mois, un de´ficit ante´hypophysaire e´tait encore note´ chez 36 % des patients : gonadotrope dans 21 % des cas, somatotrope dans 10 %, corticotrope dans 9 %, et thyre´otrope dans 3 %. Il e´tait e´galement note´ la possibilite´ d’une re´gression spontane´e, (surtout pour les de´ficits gonadotropes, corticotropes et thyre´otropes, tandis que les de´ficits en GH semblaient stables, contrairement a` d’autres auteurs [13]), mais aussi le risque d’apparition tardif d’un de´ficit, notamment pour l’axe corticotrope. Enfin, lors d’une e´tude prospective sur trois ans, incluant 35 patients TC le´gers a` se´ve`res [25], les auteurs ont distingue´ deux populations de patients : chez les patients traumatise´s craˆniens le´gers et mode´re´s, ils notent la re´gression a` trois ans de la moitie´ des de´ficits somatotropes de´tecte´s a` un an, alors qu’un nouveau de´ficit est apparu chez un patient apre`s un an. Les de´ficits corticotropes de´piste´s a` un an ont e´galement re´gresse´ dans la grande majorite´ des cas a` trois ans (80 %), tandis qu’un nouveau cas est apparu. En revanche, chez les patients victimes de traumatismes craˆniens se´ve`res, les de´ficits somatotropes et corticotropes de´piste´s un an apre`s le traumatisme persistaient a` trois ans.

1.3. Facteurs de risque, e´le´ments pre´dictifs de la survenue d’une insuffisance ante´hypophysaire A` ce jour, la plupart des e´tudes ayant tente´ d’identifier des facteurs de risque de de´ficit ante´hypophysaire dans les suites d’un TC e´taient des e´tudes re´trospectives aboutissant a` des re´sultats discordants. Les e´tudes prospectives plus re´cemment conduites tendent e´galement a` de´crire de fac¸on plus syste´matique les e´le´ments potentiellement pre´dictifs [15,19,26,27]. Il semble que la se´ve´rite´ du TC, e´value´e selon le score de Glasgow [28], soit un facteur de risque de survenue de de´ficits [9,12,14,15,26], bien que toutes les e´tudes ne s’accordent pas sur ce point [13]. Dans une me´ta-analyse portant sur 809 patients traumatise´s craˆniens [18], la pre´valence de l’insuffisance ante´hypophysaire e´tait respectivement de 16,8 %, 10,9 %, et 35,3 % chez les TC le´gers, mode´re´s et se´ve`res. Une e´tude re´cente [23] retrouve au sein d’une population de TC admis en service d’urgence et n’ayant pas ne´cessite´ d’hospitalisation dans la plupart des cas (72 % TC le´gers, 28 % TC mode´re´s et se´ve`res) une incidence de l’IAH beaucoup plus faible que celle habituellement de´crite dans la litte´rature. La pre´sence d’un œde`me ce´re´bral diffus, d’une hypotension arte´rielle ou d’une hypoxie initiale a e´galement e´te´ conside´re´e par certains auteurs comme un facteur de risque [3]. Dans l’e´tude de Klose et al. [26], un score de Glasgow initial bas (OR = 10,1 ; p = 0,004), l’augmentation de la pression intracraˆnienne (PIC) (OR = 6,5 ; p < 0,05), et la dure´e d’intubation au-dela` d’un jour (OR = 7,7 ; p = 0,005) e´taient associe´s a` la survenue d’un de´ficit ante´hypophysaire. Enfin, les fractures de la base du craˆne ont e´te´ identifie´es par certains [29] comme un facteur de risque majeur d’IAH post-traumatique (OR = 5,614). 1.4. Place de l’imagerie ce´re´brale L’importance de l’hypertension intracraˆnienne ou la pre´sence d’un œde`me ce´re´bral [26] ou encore la constatation de le´sions axonales diffuses [29] ont aussi e´te´ associe´es a` un plus grand nombre d’IAH ulte´rieures. L’e´tude prospective de Schneider et al. [29] a montre´ que la pre´sence de le´sions axonales diffuses, d’une fracture de la base du craˆne et un aˆge e´leve´ e´taient des facteurs de risque de survenue de de´ficit ante´hypophysaire. A` noter que dans cette e´tude l’imagerie ce´re´brale reposait uniquement sur une e´tude tomodensitome´trique.

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S. Ciancia / Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 31 (2012) e117–e124

L’imagerie des le´sions hypothalamo-hypophysaires reste peu connue. Seule une e´tude relate les anomalies hypophysaires en IRM a` la phase aigue¨ des traumatismes. Les anomalies observe´es (30 %) sont de quatre ordres : œde`me, he´morragie, ne´crose, interruption comple`te ou partielle de la tige. L’œde`me est en ge´ne´ral le te´moin de l’œde`me ce´re´bral, l’interruption comple`te de la tige est de´finitive, le pronostic des autres anomalies n’a pas e´te´ explore´ longitudinalement, l’exploration de cisaillements axonaux hypothalamiques reste a` de´finir [30].

dans cette pathologie devant encore eˆtre e´value´. Le traitement substitutif des de´ficits somatotropes confirme´s se´ve`res peut eˆtre discute´ au cas par cas, a` distance du TC, et apre`s substitution approprie´e des autres secteurs hypophysaires depuis au moins trois a` six mois le cas e´che´ant. 3. Quels be´ne´fices the´oriques attendre du traitement ˆ niens ? substitutif chez les patients traumatismes cra 3.1. Traitement des de´ficits corticotropes

2. Prise en charge actuelle de l’insuffisance ante´hypophysaire La plupart des e´tudes re´alise´es au cours de ces dix dernie`res anne´es ont donc montre´ que les de´ficits endocriniens posttraumatiques e´taient fre´quents, affectant surtout les secteurs gonadotropes et somatotropes, de diagnostic clinique difficile du fait d’une symptomatologie peu spe´cifique. Leur e´volution est marque´e par la re´gression spontane´e de bon nombre de de´ficits gonadotropes et somatotropes isole´s de´piste´s a` trois mois, mais aussi, plus rarement, par l’apparition tardive de de´ficits. Enfin, il n’existe pas a` l’heure actuelle de facteur pronostic fiable de survenue d’une IAH post-traumatique. L’ensemble de ces conside´rations a conduit les experts a` proposer en 2005 des strate´gies de de´pistage et de traitement [31] :  un de´pistage biologique syste´matique (Tableau 3) est pre´conise´ au troisie`me et au 12e mois post-TC, et plus pre´cocement en cas de symptoˆmes e´vocateurs d’IAH (hypotension orthostatique, hyponatre´mie. . .) lors d’e´valuations prospectives ;  une e´valuation re´trospective est indique´e chez les patients victimes de TC mode´re´s a` se´ve`res plus de 12 mois auparavant et repose sur les meˆmes dosages hormonaux.

En dehors de la phase initiale aigue¨ du traumatisme (ou` se pose la question de la de´finition du de´ficit corticotrope et de la difficulte´ de son diagnostic [32]), il n’y a aucune raison de conside´rer le patient traumatise´ craˆnien diffe´remment des autres patients pre´sentant un de´ficit corticotrope [33]. Un traitement substitutif par hydrocortisone a` la posologie de 15 a` 20 mg/j est donc recommande´ afin de pre´venir tout risque de de´compensation aigue pouvant mettre en jeu le pronostic vital et afin de corriger les signes d’insuffisance corticotrope : asthe´nie, anorexie, amaigrissement, labilite´ tensionnelle. 3.2. Traitement des de´ficits thyre´otropes En dehors de la phase aigue¨, le diagnostic repose sur l’abaissement de la T4. A` ce stade, un traitement substitutif doit eˆtre mis en place afin d’e´viter l’apparition des signes d’hypothyroı¨die. Comme pour la substitution corticotrope, une substitution thyre´otrope insuffisante peut limiter les performances physiques et neuropsychologiques de ces patients et interfe´rer ainsi avec les re´e´ducations propose´es [34]. 3.3. Traitement des de´ficits gonadotropes

En cas de re´sultats anormaux ou douteux, les patients doivent eˆtre adresse´s a` un endocrinologue pour la re´alisation e´ventuelle de tests dynamiques. Ces auteurs pre´conisent l’introduction d’un traitement substitutif de`s le diagnostic e´tabli en cas de de´ficit mettant potentiellement en jeu le pronostic vital : diabe`te insipide, insuffisance surre´nale secondaire, insuffisance thyroı¨dienne secondaire, apre`s que l’insuffisance surre´nale ait e´te´ substitue´e. En revanche, les de´ficits gonadotropes et somatotropes isole´s sont souvent transitoires. En l’absence de facteur pre´dictif de leur persistance, il est recommande´ d’explorer une nouvelle fois ces secteurs hypophysaires a` un an afin de confirmer le caracte`re de´finitif du de´ficit avant de discuter l’introduction d’un traitement substitutif. Il est recommande´ de traiter les de´ficits gonadotropes survenant dans le cadre d’un panhypopituitarisme de`s le diagnostic e´tabli. Le traitement substitutif du de´ficit gonadotrope isole´, confirme´, est le plus souvent propose´. La mise en route d’un traitement substitutif est e´galement pre´conise´e en cas d’association de´ficit gonadotrope et somatotrope. Il n’existe pas de recommandation claire quant au traitement du de´ficit somatotrope apre`s TC, le be´ne´fice e´ventuel de ce traitement Tableau 3 Dosages hormonaux pre´conise´s lors du de´pistage syste´matique. Dosages hormonaux de base

Horaire du test

Cortisol se´rique fT3, fT4, TSH IGF-1 FSH, LH, Testoste´rone (homme), 17bE2 (femme) PRL Cortisol libre urinaire des 24h

09 h 09 h 09 h 09 h 09 h 24 h

D’apre`s [31]. En cas de polyurie : diure`se, densite´ urinaire, Na++, osmolalite´ plasmatique.

Le de´ficit gonadotrope pourrait participer au de´ficit de force musculaire, au manque d’endurance, a` l’augmentation de la masse grasse et aux modifications de la libido souvent rapporte´s par ces patients, et attribue´s, peut eˆtre trop rapidement, au TC lui-meˆme [35], mais aucune e´tude n’a e´te´ re´alise´e a` l’heure actuelle pour e´valuer le retentissement d’un traitement substitutif gonadotrope chez ces patients. 3.4. Traitement des de´ficits somatotropes Les be´ne´fices potentiels du traitement substitutif en GH restent a` pre´ciser : le de´ficit somatotrope, quelle qu’en soit l’e´tiologie, est en effet associe´ a` une alte´ration de la qualite´ de vie [36–38] (fatigabilite´ physique et mentale, troubles de l’humeur, anxie´te´, de´pression) de meˆme qu’a` l’existence de troubles cognitifs [39– 41], notamment attentionnels et mne´siques, symptoˆmes tre`s fre´quemment rapporte´s par les patients victimes de TC. Une modification de la composition corporelle (diminution de la masse maigre, augmentation de la masse grasse) et une diminution des capacite´s d’endurance ont e´galement e´te´ de´crites, de meˆme qu’une diminution de la masse osseuse et des modifications du profil lipidique [17,42,43]. Les effets be´ne´fiques du traitement substitutif en GH chez des patients dont le de´ficit a e´te´ acquis a` l’aˆge adulte et n’e´tait pas d’origine post-traumatique sont maintenant mieux connus [42,44] mais restent controverse´s : sur le plan me´tabolique, il a e´te´ note´ une re´duction du LDL choleste´rol et du risque d’athe´roscle´rose, une augmentation de la masse musculaire et une re´duction de la masse grasse, ainsi qu’une augmentation de la masse osseuse apre`s 12 a` 24 mois de traitement. Une ame´lioration de la qualite´ de vie a e´galement e´te´ observe´e : ame´lioration de la sensation de bien-eˆtre, de l’humeur, diminution de l’anxie´te´ et de la fatigabilite´ [43].

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L’efficacite´ du traitement substitutif sur les troubles cognitifs est plus discute´e : certains auteurs de´crivent une ame´lioration des capacite´s mne´siques [39,43], d’autres des capacite´s attentionnelles [45], d’autres enfin ne de´crivent aucune ame´lioration [46]. Une me´ta-analyse de Faletti et al. [44] conclut a` une ame´lioration des performances cognitives, surtout mne´siques et attentionnelles. 4. Quel retentissement clinique ? Peu d’e´tudes a` l’heure actuelle ont e´value´ le retentissement clinique de ces de´ficits chez les patients traumatise´s craˆniens. Dans une e´tude portant sur 104 patients traumatise´s craˆniens, la survenue d’un de´ficit ante´hypophysaire post-traumatique e´tait, de manie`re inde´pendante, associe´e a` une alte´ration de la qualite´ de vie, une alte´ration de la composition corporelle et du profil me´tabolique, similaires a` ceux note´s dans les autres causes d’IAH [17]. Plusieurs e´tudes [47,48] ont e´galement montre´ un retentissement de l’IAH sur les performances fonctionnelles et la qualite´ de vie des patients traumatise´s craˆniens : les patients ayant un de´ficit ante´hypophysaire e´taient plus de´pendants huit mois en moyenne apre`s leur TC (scores de mesure d’inde´pendance fonctionnelle [MIF] [49] et Disability Rating Scale [DRS] [50]), et pre´sentaient des se´quelles cognitives plus se´ve`res (appre´cie´es par le Level of Cognitive Functioning Scale [LCFS]) [51]. Enfin, Srinivasan et al. [52] ont e´value´ 34 patients (18 TC et 16 HSA) cinq a` 12 mois apre`s le traumatisme : un hypopituitarisme e´tait retrouve´ dans pre`s de 59 % des cas. Le de´ficit somatotrope e´tait retrouve´ chez 17,6 % des patients et la pre´sence d’un tel de´ficit e´tait associe´e a` de moins bons scores fonctionnels. La plupart des e´tudes mene´es actuellement tentent de pre´ciser la contribution potentielle du de´ficit somatotrope aux se´quelles, en particulier cognitives et comportementales, des patients TC [36,53], les symptoˆmes de´crits au de´cours des TC e´tant proches des signes fonctionnels associe´s au de´ficit somatotrope (Tableau 4). Ainsi, les fonctions exe´cutives, mne´siques, attentionnelles, et les troubles du comportement ont e´te´ e´value´s chez 67 patients TC, dont dix pre´sentaient un de´ficit somatotrope se´ve`re et dix un de´ficit partiel, 12 mois apre`s le traumatisme [11]. Une corre´lation positive significative a e´te´ mise en e´vidence entre le pic plasmatique de GH apre`s test de stimulation et les capacite´s d’apprentissage verbal et de me´moire a` court terme pour du mate´riel verbal, et une corre´lation ne´gative entre le pic plasmatique de GH et l’existence d’ide´es paranoı¨aques et de somatisation. Les performances a` une batterie de tests neuropsychologiques et a` un questionnaire de qualite´ de vie d’un groupe de huit patients TC pre´sentant un de´ficit partiel ou se´ve`re en GH ont e´te´ compare´es a` celles d’un groupe de 36 patients TC sans de´ficit somatotrope, six Tableau 4 Plaintes fonctionnelles chez les patients aux ante´ce´dents de traumatisme craˆnien et les patients adultes de´ficitaires en GH. Symptoˆmes

TC mode´re´ ou se´ve`re

De´ficit en GH a` l’aˆge adulte

Troubles mne´siques Difficulte´s de concentration Baisse du quotient intellectuel Alte´ration de la capacite´ de jugement ou de la capacite´ a` re´soudre un proble`me Faible capacite´ d’organisation Diminution de la qualite´ de vie Fatigue Anxie´te´ De´pression Isolement Alte´ration da la libido

Oui Oui Oui Oui

Oui Oui Oui Non

Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui

Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui

D’apre`s [31].

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a` neuf mois apre`s le traumatisme [36]. Les deux populations de patients e´taient comparables en termes de gravite´ du traumatisme. Aucune diffe´rence n’a e´te´ mise en e´vidence concernant le devenir des patients, e´value´ par la Glasgow Outcome Scale (GOS) [54] et le DRS [50], ou les fonctions cognitives. La de´pression e´tait plus fre´quente chez les patients pre´sentant un de´ficit somatotrope, et la qualite´ de vie moins bonne sur certains crite`res de la SF-36 (sante´ [p = 0,02], e´nergie [p = 0,05], bien eˆtre [p = 0,02] et douleur [p = 0,01]) [55]. Leon-Carrion et al. [37] ont e´tudie´ deux groupes de patients traumatise´s craˆniens se´ve`res : 11 patients pre´sentant un de´ficit somatotrope ont e´te´ compare´s a` 11 patients sans de´ficit ante´hypophysaire. Tous les patients ont e´te´ e´value´s six mois apre`s le TC a` l’aide d’une batterie informatise´e (NECHAPI) : les capacite´s attentionnelles, les fonctions exe´cutives, la me´moire de travail, la me´moire ante´rograde et les capacite´s d’apprentissage ont e´te´ teste´es, de meˆme que le statut e´motionnel et les modifications de personnalite´. Les patients pre´sentant un de´ficit en GH avaient plus de difficulte´s attentionnelles et mne´siques, et e´taient de´crits comme moins sociables et plus de´tache´s sur le plan e´motionnel. Malheureusement, les donne´es concernant les caracte´ristiques de ces deux groupes de patients ne sont pas disponibles, notamment concernant le type et la topographie des le´sions. E´tant donne´e la grande he´te´roge´ne´ite´ des populations de traumatise´s craˆniens se´ve`res, il est difficile de de´terminer si ces groupes e´taient re´ellement comparables, ce qui doit nous inciter a` la prudence dans l’interpre´tation des re´sultats. Plus re´cemment, Wachter et al. [56] ont cherche´ a` de´terminer les relations potentielles entre hypopituitarisme, modifications neuropsychologiques et donne´es du scanner ce´re´bral sur une population de 55 TC e´value´s entre 12 et 36 mois post-traumatique. La pre´valence de l’IAH (atteinte isole´e d’un axe majoritairement) e´tait de l’ordre de 25 %, les plaintes d’ordre neuropsychologiques pre´sentes dans 67 % des cas, et semblant plus corre´le´es a` la pre´sence de le´sions he´morragiques intrace´re´brales qu’au de´ficit hormonal. Enfin, Pavlovic et al. [57] ont couple´ e´valuations neuropsychologiques et explorations endocriniennes chez 61 patients traumatise´s craˆniens, a` distance du traumatisme (3,9  0,6 ans). Un de´ficit en GH partiel ou se´ve`re a e´te´ identifie´ chez 20 patients. Aucune diffe´rence significative n’a e´te´ mise en e´vidence pour les re´sultats des e´valuations neuropsychologiques entre les diffe´rents groupes de patients (TC sans de´ficit en GH, TC avec de´ficit partiel ou se´ve`re en GH). Les auteurs n’ont pas retrouve´ de corre´lation entre alte´ration des fonctions cognitives et de´ficit somatotrope chez ces patients. Rares sont les e´tudes ayant e´value´ les effets du traitement substitutif en GH sur les troubles cognitifs des patients traumatise´s craˆniens. Ces e´tudes pre´liminaires portent dans tous les cas sur de faibles effectifs, ne permettant pas de tirer de conclusions ge´ne´rales [58]. Dans l’e´tude de High et al. [59], 23 patients pre´sentant un de´ficit somatotrope dans les suites d’un TC ont e´te´ traite´s par GH ou placebo durant 12 mois. Les auteurs rapportent une ame´lioration des fonctions exe´cutives et de certains scores de la WAIS dans le groupe traite´, et concluent que certains troubles cognitifs peuvent eˆtre en partie re´versibles apre`s traitement substitutif par GH. Une ame´lioration des fonctions mne´siques et du syndrome de´pressif a e´te´ de´crite chez six patients pre´sentant un de´ficit en GH dans les suites d’un TC (a` un de´lai minimum de trois ans apre`s le TC) apre`s trois mois de traitement substitutif. Douze mois apre`s l’arreˆt du traitement par GH, une de´gradation des capacite´s mne´siques (me´moire verbale et non verbale) et une majoration de certains symptoˆmes psychiatriques (anxie´te´, ide´es paranoı¨aques) ont e´te´ rapporte´es chez trois de ces patients [60]. Enfin, dans une e´tude re´cente [61], 11 patients pre´sentant un de´ficit en GH ont rec¸u un traitement substitutif en GH en plus d’une re´e´ducation cognitive quotidienne, tandis que huit patients TC

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Patients TC légers, modérés ou sévères avec facteurs de risque

Les TC hospitalisés au moins 24 heures présentant des anomalies sur le scanner cérébral ou des signes cliniques d’hypocortisolisme doivent être évalués quelle que soit la sévérité du TC

Rechercher un déficit corticotrope par la mesure de la cortisolémie au réveil dès la phase aiguë en cas de signe clinique évocateur

Réévaluer à 6 mois en cas de signe clinique évocateur d’hypopituitarisme A 12 mois, évaluation hormonale par des tests statiques et des tests dynamiques pour les déficits en ACTH et en GH

Pas de déficit

Présence d’un ou plusieurs déficits

TC légers et modérés

TC légers et modérés e

Réévaluer 1 fois /an jusqu’à la 3 année rarement, de nouveaux déficits peuvent apparaître

TC sévères Pas d’investigation au-delà de la 1re année pas de nouveau déficit après 1 an

Réévaluer 1 fois /an jusqu’à la 3e année récupération possible dans un certain nombre de cas

TC sévères Les déficits hormonaux doivent être substitués après la 1re année si indication clinique pas de récupération spontanée après 1 an

Décision de l’indication d’un traitement hormonal substitutif en fonction du contexte clinique Fig. 1. Arbre de´cisionnel pour le de´pistage des de´ficits hormonaux post-traumatisme craˆnien (TC) – 2011. D’apre`s [63].

sans de´ficit en GH recevaient un traitement placebo associe´ a` la meˆme re´e´ducation cognitive. Les donne´es cliniques concernant ces deux populations sont pauvres ; les auteurs pre´cisent que la plupart des patients pre´sentaient des contusions frontales. L’ame´lioration des performances inte´ressait de plus nombreux sous-scores de la Wechsler Adult Intelligence Scale [62] apre`s trois mois de traitement chez les patients traite´s en comparaison des patients te´moins. Cette ame´lioration e´tait significativement plus importante chez les patients traite´s pour certains sous-scores. 5. Conclusion Si les anomalies endocriniennes sont fre´quentes au de´cours des traumatismes craˆniens, leur retentissement fonctionnel, et en particulier celui des de´ficits gonadotropes et somatotropes isole´s, les plus fre´quents, reste donc insuffisamment e´tudie´, avec des

re´sultats parfois discordants. Les de´ficits gonadotropes et somatotropes isole´s mis en e´vidence a` trois mois ont ils une traduction clinique, ou s’agit-il d’anomalies biologiques transitoires observe´es au de´cours des situations de stress ? En l’absence d’indication the´rapeutique formelle a` ce de´lai pour ces de´ficits isole´s, il paraıˆt logique d’envisager une simplification des strate´gies de de´pistage, comme cela a e´te´ propose´ au cours d’une nouvelle re´union d’experts en avril 2011 (Fig. 1) [63]. Des e´tudes restent ne´cessaires pour e´valuer le retentissement fonctionnel a` distance des de´ficits ante´hypophysaires post-traumatiques et les effets des traitements substitutifs. ˆ ts De´claration d’inte´re L’auteur de´clare ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.

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