Un patient D positif porteur d'anti-D

Un patient D positif porteur d'anti-D

Revue Fran~aise de Transfusion et Immuno-h~matologie Tome XXV -- N ° 5 -- 1982 577 CAS CONCRET Un patient D positif porteur d'anti-D par B. t t A ...

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Revue Fran~aise de Transfusion et Immuno-h~matologie Tome XXV -- N ° 5 --

1982

577

CAS CONCRET Un patient D positif porteur d'anti-D par

B. t t A B I B I , N. R O B E R T et P.Y. LE P E N N E C Centre National de Transfusion Sanguine, PARIS.

Le sang de M. H.D... est adressd Ie 3 0 avril 1 9 8 2 au" laboratoire pour une recherche d'agglutinines irrdguli~res (RAT) prdtransfusionnelle. Cet examen ddcouvre un faible anti-D inactif en Coombs indirect mais ddcelable vis-d~-vis des GR papa'inds et par l'autoanalyseur. Au phdnotypage Rhdsus, on obtient D + C + c + e + E - - , avec image de double population par l'anti-D et l'anti-C. Le test de Coombs direct est positi[ faiblement avec l'anti-IgG et f o r t e m e n t avec l'anti-compldment. Le sdrum contient par ailleurs une faibIe auto-agglutinine froide IgM sans spdcilicitd I ou i et l'dluat direct retrouve un anti-D.

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BSERVATION. ~

Ces rdsultats sont confirmds ?t 2 reprises sur le m ~ m e prdl~vement. Or, le laboratoire poss~de une fiche an nora de M. H.D..., datant de novembre 8 0 et indiquant une R A I ndgative et un phdnotype C + D + c + e + E - sans probl~me. E n t~ldphonant dt l'h6pital nous ayant adressd cet examen, on apprend que M. H.D... a une andmie rdfractaire actuellement ?t 1 8 0 0 0 0 0 G R / m m 3, qu'il est souvent transfusd, que les transfusions sont jugdes peu efficaces et que la derni~re, pratiqude en dehors de l'h6pital avec une unitd de sang dont on ne conna~t pas le groupe, datait du 2 9 avril 1 9 8 2 . Le mddecin nous ddclare par ailleurs son dtonnement devant nos rdsultats, puisque jusqu'ici ce malade dtait considdrd D +, non seulement par nous-mdmes mais aussi par le laboratoire d'un h6pital parisien o~t le malade dtait suivi sur le plan hdmatologique, que 3 R A I pratiqudes au cours des anndes 8 0 t~ 82, par ce m ~ m e laboratoire, ont dtd ndgatives et que s i m p l e m e n t au cours de l'annde 81, il avait dtd constatd un test de Coombs direct de type c o m p l d m e n t avec une [aible auto-agglutinine froide dluable. Quelles sont les hypotheses de travail ? Que [aire pour aboutir chacune d'elIes ? Quelle est l'attitude transfusionnelle ?t conseilIer ?

Manuscrit r e ~ u le 5-8-1982.

HABIB1 B. et coll.

578 Discussion et solution du probl~me au laboratoire

Parmi les hypotheses possibles, quatre paraissaient envisageables : 1 - - E n ignorant les r~suItats des autres laboratoires et ne consid~rant que ceux de novembre 80 de notre propre laboratoire, la premidre hypothdse dliminer ~tait l'homonymie entre 2 individus diff~rents. Nous avons donc t~Idphon~ au taboratoire qui nous l'avait adress~ en 80 pour s'enqudrir de la date de naissance, de l'adresse et du mddecin traitant. Les informations concordaient. II s'agissait donc du m~me matade et non d'un receveur D - - immunis~ ayant regu du sang D+. 2 - S'agissant d'une an~mie rdfractaire s'apparentant ~ un ~tat pr~leuc~mique, l'hypothdse d'un auto-anti-D lid ~ une modification antig~nique acquise se devait d'6tre envisagde. L'apparition d'anticorps rapprochait ce cas des rares exempIes d'auto-anticorps du syst~me Kell se d~veloppant chez les maIades aux antigdnes Kell transitoirement ddprim~s. La surveillance de l'~volution et l'~limination des autres hypothdses devaient apporter ta rdponse fz cette interrogation, mais l'image trop nette de double population D+_C± et le caract~re exceptionnel d'un tel schema plaidaient d~j~ contre. 3 - - Monsieur H.D... aurait pu, avec trds peu de vraisemblance, avoir un groupe D partiel avec anti-D, lequeI serait fix~ sur les globules rouges D + transfuses et serait ainsi responsable de la positivitd du test de Coombs direct et de l'~lution. Mais l'antigdne D des phdnotypes dits R h partiel ne para~t en gdn~ral pas affaibIi et les examens antdrieurs n'avaient signal~ aucune anomalie de cet antigdne. II ~tait donc peu concevable, d'une part que l'affaiblissement de l'image de double population constat~e ait pu se produire entre 80 et 82 et que, d'autre part, Ie malade n'ait produit cet anti-D que si tardivement (plusieurs R A I ndgatives) maIgr~ de nombreuses transfusions. 4 - - 4~ hypoth~se : anti-D passif transfus~ avec le plasma du donneur D--. L'image de double population et la faibtesse de l'anticorps ~taient en faveur de cette possibilit& On proc~de ~ une enquire et on apprend effectivement que Ies derni&res transfusions dont celle du 29 avril 1982 avaient dtd faites avec le sang total de groupe D--. On demande donc examiner le sdrum de ce dernier donneur ~ la recherche d'un anti-D et d surveiIler l'~voIution, attendue r~gressive, du taux de l'anti-D chez M. H.D... On d~couvre que le donneur est effectivement porteur d'un anti-D puissant (4 ~g/mI), inconnu du mddecin transfuseur et non ddtect~ avant la transfusion. L'anti-D de M. H.D... a disparu d'abord du s~rum puis de l'dluat en 5 semaines. Le faibIe auto-anticorps froid responsabIe de la positivit~ du test de Coombs du type compI~ment ne repr~sentait ici qu'une simple association mais iI aurait pu constituer un dldment trompeur. Dans ces conditions, l'attitude transfusionnelIe consistait ~ utiIiser les GR D - compatibilis~s ou non (selon la stratdgie transfusionnelIe choisie) tant

PATIENT D POS1T1F PORTEUR D'ANTI-D

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que persistait l'anti-D circulant, le passage aux unitds D+ phdnocompatibles se faisant g~ la disparition de cet anticorps. Cette observation illustre, entre autres, un exemple de l'utilitd pour les centres de transfusion, de la stratdgie de la recherche d'agglutinines irrdguli~res dans les plasmas des unites de sang.

Docteur B. HABIBI, Centre National de Transfusion Sanguine, Etablissements Saint-Antoine, 53, bd Diderot, 75012 PARIS.