Une cause rare de masse hypogastrique chez l'homme

Une cause rare de masse hypogastrique chez l'homme

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Une cause rare de masse hypogastrique chez l’homme

Images en médecine

Presse Med. 2007; 36: 1329–30 © 2007 Elsevier Masson SAS Tous droits réservés.

Bassam Abboud1, Ghassan Sleilaty1, Elie Helou2, Naji Safa1, Khalil Armache2

1. Département de chirurgie générale 2. Département d’urologie, Hôtel-Dieu de France, Faculté de Médecine, Université Saint-Josep, Beyrouth, Liban

Correspondance :

Disponible sur internet : le 05 juin 2007

Bassam Abboud, Département de chirurgie générale, Hôtel-Dieu de France, Rue Alfred Naccache, Beyrouth, Liban. Fax : 00961 1 615295 [email protected]

Unusual cause of hypogastric mass in men

U

Tomodensitométrie abdominopelvienne Masse de 12 cm de diamètre, rétropubienne, bien limitée, et sans évidence d’extension aux organes de voisinage.

tome 36 > n° 9 > septembre 2007 > cahier 2 doi: 10.1016/j.lpm.2006.12.039

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F ig u r e 1

n homme de 65 ans consultait pour une masse hypogastrique évoluant depuis 6 mois sans aucun signe digestif ou urinaire accompagnateur. Il avait été opéré 30 ans auparavant d’une hernie inguinale bilatérale, sans anorexie ni de perte de poids. À l’examen physique, il n’y avait pas de fièvre, la fréquence cardiaque était de 78 battements/min et la pression artérielle de 135/60 mmHg. La palpation de l’abdomen mettait en évidence une masse de 12 cm de diamètre, non douloureuse, localisée dans l’hypogastre, sur la ligne médiane et légèrement à gauche. Le testicule droit était de taille normale et en position intrascrotale alors que le testicule gauche était absent. Les examens biologiques, sanguins et urinaires étaient dans les limites de la normale. Une tomodensitométrie abdominopelvienne montrait la présence d’une masse de 12 cm de diamètre, rétropubienne, bien limitée, et sans évidence d’extension aux organes de voisinage. Cette masse était au contact avec l’intestin sans l’envahir (figure 1). Une laparotomie exploratrice par une incision médiane sousombilicale a été réalisée. On a mis en évidence une masse de consistance ferme, indépendante de la vessie, de l’intestin, bien circonscrite et sans aucune évidence d’extension locorégionale.

Abboud B, Sleilaty G, Helou E, Safa N, Armache K

F ig u r e 2 Excision totale d’une masse de 12 cm de diamètre

Le cordon spermatique gauche rentrait dans cette masse. Une excision complète a pu être réalisée dans de très bonnes conditions (figure 2). Les suites opératoires étaient simples et le patient quitta l’hôpital au 5e jour postopératoire en bon état. L’analyse histologique de la pièce opératoire montrait un séminome pur du testicule gauche. Le malade a subi une chimiothérapie adjuvante.

Commentaires

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Les tumeurs qui se développent sur un testicule ectopique, généralement de nature séminomateuse (75 à 90 %), sont rares. La non-descente du testicule augmente le risque de survenue du cancer testiculaire. Une histoire d’ectopie testiculaire est présente chez 3,5 à 14,5 % des patients ayant une tumeur testiculaire. La physiopathologie de la transfor-

mation maligne dans ces cas n’est pas complètement élucidée. Le risque de carcinome augmente avec le degré de l’ectopie. C’est ainsi que le testicule intra-abdominal a un plus grand risque de transformation maligne que celui qui se trouve dans le canal inguinal [1, 2]. D’un autre côté, l’effet de l’orchidopéxie sur la réduction du risque tumoral et sur le type de tumeur ou son stade au moment du diagnostic n’est pas bien établi. Il semble que cette procédure permettrait de faire plus tôt le diagnostic et pourrait influencer le type tumoral. En effet, l’âge moyen au moment du diagnostic de tumeur est moins élevé chez ceux qui ont eu une orchidopéxie que chez ceux qui ne l’ont pas eu [3]. Les manifestations cliniques varient, mais la présentation clinique est très souvent sous forme d’une masse abdominale.

Plusieurs techniques d’explorations sont possibles, l’examen de choix restant la tomodensitométrie. Les types histologiques de cette tumeur sont le séminome pur, le carcinome embryonnaire, le tératocarcinome et le pur choriocarcinome [1, 3]. Le traitement le plus adéquat dans ces cas est représenté par l’excision chirurgicale de la lésion primitive suivie par radiothérapie ou chimiothérapie. La survie semble dépendre du type histologique et du stade anatomique, que le testicule soit en place ou ectopique. Le pronostic des patients ayant un séminome sur testicule ectopique dépend plus du stade et de l’extension de la maladie que de la situation anatomique du testicule ectopique. Pour les patients avec un testicule en place, la survie à 2 ans pour le stade I est de 94 % et, pour le stade II avec des métastases ganglionnaires petites et non palpables, de 86 %. Pour les patients ayant un séminome de stade I ou de stade II sur testicule ectopique, une survie comparable peut être obtenue en donnant des doses similaires de radiothérapie. Le taux de survie à 5 ans est de 60 % pour les cas avec orchidopéxie et de 63 % pour les cas avec ectopie non corrigée. Cette survie est de 78 % chez les patients avec un séminome pur et de 48 % chez les patients ayant un autre type histologique de tumeurs germinales [1, 4]. Chez les patients ayant un testicule non palpable, il faut penser à la possibilité de tumeur sur testicule ectopique.

Références 1

Woodward PJ. Case 70: seminoma in an undescended testis. Radiology. 2004; 231: 388-92.

2

Muttarak M, Peh WC, Chaiwun B. Malignat germ cell tumours of undescended testes: imaging features with pathological correlation. Clin Radiol. 2004; 59: 198-204.

3

Nair SG, Rajan B. Seminoma arising in cryptorchid testis 25 years after orchiopexy: case report. Am J Clin Oncol. 2002; 25: 287-8.

4

Sham JS, Choy D, Chan KW, Choi PH. Seminoma of normally-descended and cryptorhid testis. Eur J Surg Oncol. 1990; 16: 33-6.

tome 36 > n° 9 > septembre 2007 > cahier 2