Une nouvelle option dans le traitement de l’obésité La prévalence mondiale de la surcharge pondérale et de l’obésité ne cesse de progresser, et non pas seulement dans les pays industrialisés. Ces pathologies représentent ainsi un enjeu de santé publique majeur, en raison du sur-risque cardiovasculaire qui leur est associé, mais aussi un enjeu commercial considérable pour les laboratoires pharmaceutiques qui ne cessent d’investir en direction de ce marché potentiellement florissant. Après le retrait notable de ce marché de molécules efficaces mais dotées d’effets secondaires sérieux, une nouvelle classe thérapeutique donne des résultats prometteurs. Il s’agit des agonistes des récepteurs de la sérotonine, qui favorisent la perte de poids et/ou de l’adiposité centrale, en cas d’obésité. Un important essai a évalué l’un des chefs de file de cette famille, la lorcasérine, qui se comporte comme un agoniste sérotoninergique spécifique d’une sous-classe de ces récepteurs, les récepteurs 5-HT2c. Cette spécificité est importante car elle mettrait ce médicament à l’abri d’effets secondaires de type pulmonaire ou cardiaque. L’essai randomisé en double aveugle a inclus 3 182 sujets obèses ou en surcharge pondérale (IMC moyen : 36,2 kg/m 2 ), recevant pendant 1 an soit la lorcasérine (n = 1 595), à la dose quotidienne de 20 mg en 2 prises, soit un placebo (n = 1 587).
Les sujets des deux groupes recevaient des conseils hygiéno-diététiques adaptés, portant sur le régime alimentaire et l’activité sportive.
Efficace à condition d’y associer des mesures hygiéno-diététiques, indispensables dans la gestion au long cours de l’obésité.
la molécule, soit à leur passage au placebo, et ceci pour une année supplémentaire. Au terme de cette deuxième année, 67,9 % des sujets qui restaient sous lorcasérine et qui avaient perdu plus de 5 % de leur poids ont conservé cet acquis contre seulement 50,3 % des sujets ayant bien répondu initialement mais qui avaient été orientés vers le groupe placebo par la suite (p < 0,001). Aucun événement indésirable majeur n’a été observé au cours de l’étude, en particulier aucune anomalie cardiaque, en dépit d’une surveillance par échocardiographie régulière. Les événements indésirables les plus courants ont été des céphalées, des malaises ou des nausées, mais étaient aussi fréquents dans les deux groupes. Cet essai montre donc l’efficacité de la lorcasérine dans le traitement des surcharges pondérales, avec un bénéfice se maintenant au bout de 2 ans de traitement. Cet agoniste sérotoninergique spécifique pourrait ainsi améliorer certains paramètres métaboliques associés aux dysfonctionnements du tissu adipeux, à condition bien sûr de l’associer aux mesures hygiénodiététiques adaptées, qui restent indispensables dans la gestion au long cours de l’obésité.
À un an de traitement, la perte de poids moyenne était respectivement de 5,8 ± 0,2 kg chez les sujets lorcasérine contre 2,2 ± 0,1 kg chez les sujets placebo (p < 0,001). Ainsi, une perte de poids supérieure à 5 % a été observée chez 47,5 % dans le groupe de patients traités, contre seulement 20,3 % dans le groupe placebo (p < 0,001). Pour évaluer la durabilité éventuelle de cet effet sur le poids, un deuxième tirage au sort a été réalisé chez les sujets du groupe lorca- Smith SR Weissman NJ, Anderson CM, et al. N sérine, aboutissant soit à leur maintien sous Engl J Med 2010;363:245-56.
ACM contre tumeurs à cellules géantes Les tumeurs osseuses à cellule géantes (TOCG) sont des tumeurs primitives ostéolytiques rares. Elles sont le plus souvent bénignes ou à faible potentiel métastatique, mais grèvent fréquemment le pronostic fonctionnel des patients atteints. La chirurgie représente la seule option thérapeutique, mais seulement 80 % des tumeurs sont résécables. Les options thérapeutiques restent donc très limitées pour les patients non opérables, d’où l’intérêt de l’essai pilote rapporté dans Lancet Oncology. Cet essai a évalué, chez 37 sujets atteints de TOCG récidivantes et/ou non opérables, l’utilisation d’un anticorps mono-
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clonal humain (ACM), le dénosumab. Cet ACM est dirigé contre le médiateur-clef de l’activation ostéoclastique (résorption osseuse), la protéine RANK-ligand (RANKL), qui est fréquemment exprimée dans les cellules stromales infiltrant les tumeurs. Cet ACM est administré par voie sous-cutanée, à la dose de 120 mg toutes les quatre semaines. Sur les 35 patients évaluables, 30 montrent une réponse tumorale, identifiée soit histologiquement par l’élimination de plus de 90 % de cellules géantes sur les biopsies de contrôle (20 sur 20 patients évalués), soit par une absence de progression radiologique à la 25e semaine
// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2010 - N°425
(10 sur 15 patients évalués). Des effets secondaires mineurs sont fréquents (33 sur 37), à type de douleurs osseuses ou de céphalées, mais aucun effet indésirable plus sérieux n’a pu être relié à l’anticorps, hormis un cas d’augmentation inexpliquée des HCG, alors qu’aucune grossesse n’était en cours. Ces résultats restent préliminaires mais ouvrent une piste thérapeutique stimulante, à investiguer dans un essai de plus grande envergure.
Thomas D, Henshaw R, Skubitz K, et al. Lancet Oncol 2010;11(3):275-80. Epub 2010 Feb 10.