Une tumeur du canal anal

Une tumeur du canal anal

Ann Pathol 2005 ; 25 : 407-8 Une tumeur du canal anal Cas pour diagnostic A tumor of the anal canal Nathalie Mourad (1), Philippe Lasser (2), Jean ...

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Ann Pathol 2005 ; 25 : 407-8

Une tumeur du canal anal

Cas pour diagnostic

A tumor of the anal canal Nathalie Mourad (1), Philippe Lasser (2), Jean Christophe Sabourin (1, 3) (1) Département de Pathologie, (2) Département de Chirurgie, Institut Gustave Roussy, 39 rue Camille Desmoulins, 94800 Villejuif Cedex. (3) Service d’Anatomie et de Cytologie Pathologiques, Pavillon Jacques Delarue, 1 rue de Germont, 76031 Rouen Cedex.

Mourad N, Lasser P, Sabourin JC. Une tumeur du canal anal. Ann Pathol 2005 ; 25 : 407-8.

Observation Il s’agit d’une patiente âgée de 48 ans qui fut traitée en 2001 pour un carcinome du canal anal classé comme épidermoide T2 N0 M0, par radio-chimiothérapie puis curiethérapie. En 2003, lors d’une consultation systématique, il a été trouvé un nodule de la paroi antéro-latérale gauche du canal anal, confirmé par échoendoscopie, mesurant 2 cm de grand axe et envahissant le sphincter interne. Les biopsies effectuées sur ce nodule montraient une récidive de carcinome. La patiente a été admise pour amputation abdominopérinéale avec colostomie périnéale pseudocontinente. Macroscopiquement, la tumeur siègait sur la ligne pectinée et débordait sur le rectum. Elle présentait un aspect endophytique, infiltrait la totalité de la paroi et mesurait 3,4 cm de diamètre et 2,5 cm de hauteur. L’analyse histologique montrait une prolifération carcinomateuse mal délimitée qui infiltrait les plans musculaires profonds et qui arrivait au contact de la muqueuse sans authentification d’un véritable contingent intramuqueux. Cette prolifération était constituée de structures glanduliformes (figure 1) bordées par un épithélium pluristratifié peu atypique et peu mitotique qui, dans certains secteurs, présentait une assise interne cylindrique mucosécrétante alcianophile (figure 2) et, sur d’autres, une allure transitionnelle paramalpighienne. Des foyers peu différenciés ainsi que de fréquents engainements périnerveux étaientt observés. La population tumorale était CK7+/CK20–.

FIG. 1. — Infiltration de la paroi anale par une prolifération tumorale intramurale respectant la muqueuse constituée de structures glandulaires qui ressemblent aux glandes anales (HES × 25). FIG. 1. — Intramural tumor of the anal canal sparing the mucosa, composed of small glands that resemble anal glands (HES × 25).

FIG. 2. — Mise en évidence de la mucosécrétion alcianophile particulièrement au niveau de l’assise cellulaire interne (Bleu alcian, × 200). FIG. 2. — Mucin-containing glands, particularly within the internal epithelial cell layer (Alcian blue × 200).

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© Masson, Paris, 2005

Accepté pour publication le 18 janvier 2005 Tirés à part : J.C. Sabourin, voir adresse (3) en début d’article. e-mail : [email protected]

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Nathalie Mourad et al.

Diagnostic : adénocarcinome des glandes anales La classification de l’OMS [1] reconnaît trois catégories pour les adénocarcinomes du canal anal : l’adénocarcinome du type rectal, l’adénocarcinome des glandes anales et l’adénocarcinome developpé sur fistule anorectale. L’adénocarcinome des glandes anales représente une entité très rare, avec peu de cas publiés dans la littérature ; en effet, seulement 7 cas ont été recensés sur une période de 30 ans à partir des archives de deux centres de référence : l’Armed Forces Institute of Pathology et le Canadian Reference Center for Cancer Pathology [2]. Cette tumeur est définie selon l’OMS comme étant une prolifération endophytique à développement intramural, épargnant la muqueuse et constituée de structures glandulaires peu atypiques qui ressemblent aux glandes anales. Pour cela, une continuité de la tumeur avec les glandes anales doit être mise en évidence [3]. Cependant, ce dernier critère est très difficile à démontrer et certains auteurs ont proposé de l’abandonner [2]. Les glandes tumorales sont mucosécrétantes et sont de phénotype CK7+/CK20– [2]. Le pronostic de ces tumeurs semble être bon [4] si elles sont détectées à un stade précoce. Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec une métastase d’un adénocarcinome prostatique (CK7+/ CK20–/PSA+) ou bien avec un adénocarcinome du type rectal (le plus souvent CK7+/

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CK20+) [5]. Les carcinomes épidermoïdes du canal anal sont CK7–/CK20–. D’après Sobin, une tumeur primitive intramurale du canal anal composée de petites glandes tumorales dispersées qui ressemblent aux glandes anales, doit être considérée comme un adénocarcinome des glandes anales même en l’absence d’une étude immunohistochimique [2]. ■ Key words: anal canal, anal tumor, anal gland adenocarcinoma. Mots-clés : canal anal, tumeur du canal anal, adenocarcinome des glandes anales.

Références [1]

[2] [3]

[4] [5]

Fenger C, Frisch M, Martin MC, Parc R. Tumors of the anal canal. In : Hamilton SR, Aaltonen LA, eds. World Health Organization Classification of Tumors, Pathology and genetics of tumors of the digestive system. Lyon : IARC Press, 2000. Hobbs CM, Lowry MA, Owen D, Sobin LH. Anal gland carcinoma. Cancer 2001 ; 92 : 2045-49. Morson BC, Dawson IP, Day DW, Jass JR, Price AB, Williams GT. Morson and Dawson’s gastrointestinal pathology. Oxford: Blackwell Scientific Publications, 1991. Behan WM, Burnett RA. Adenocarcinoma of the anal glands. J Clin Pathol 1996 ; 49 : 1009-11. Zhang PJ, Shah M, Spiegel GW, Brooks JJ. Cytokeratin 7 immunoreactivity in rectal adenocarcinomas. Appl Immunohistochem Mol Morphol 2003 ; 11 : 30610.