Utilisation de la colle chirurgicale dans la promontofixation laparoscopique. Étude comparative à propos de 32 cas

Utilisation de la colle chirurgicale dans la promontofixation laparoscopique. Étude comparative à propos de 32 cas

Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 42 (2014) 822–826 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Article original Utilisation ...

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Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 42 (2014) 822–826

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Article original

Utilisation de la colle chirurgicale dans la promontofixation laparoscopique. E´tude comparative a` propos de 32 cas Use of glue in laparoscopic sacrocolpopexy. A comparative study about 32 cases C. Willecocq, A.-C. Pizzoferrato *, A. Fauconnier, G. Bader Service de gyne´cologie obste´trique et me´decine de la reproduction, centre hospitalier intercommunal de Poissy/Saint-Germain-en Laye, 10, rue du Champ-Gaillard, 78303 Poissy, France

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : ˆ t 2014 Rec¸u le 2 aou Accepte´ le 13 octobre 2014 Disponible sur Internet le 14 novembre 2014

Objectif. – E´valuer l’effet de l’utilisation d’une colle synthe´tique sur la dure´e globale de la promontofixation laparosocpique (PFL) et analyser les re´sultats fonctionnels, la morbidite´ et la satisfaction globale des patientes a` court terme. Patientes et me´thodes. – Il s’agit d’une e´tude de type quasi expe´rimentale, prospective, a` propos de 32 patientes ayant be´ne´ficie´ d’une PFL au CHI Poissy Saint-Germain. Les patientes ont e´te´ ope´re´es soit exclusivement par sutures laparoscopiques (Groupe S), soit par colle chirurgicale synthe´tique en comple´ment des sutures utilise´es sur les sites subissant des contraintes me´caniques (Groupe combine´ C). Les patientes ont e´te´ apparie´es sur le nombre de prothe`ses utilise´es et les chirurgies associe´es. L’e´valuation de la satisfaction globale a e´te´ re´alise´e par le questionnaire valide´ PGI-I. Re´sultats. – La dure´e moyenne d’intervention (173,1 [Groupe C] vs 178,7 minutes [Groupe S]) et la dure´e moyenne de se´jour (3,31 [Groupe C] vs 3,94 jours [Groupe S]) n’e´taient pas significativement diffe´rentes. Trois re´cidives ont e´te´ constate´es dans le groupe S dont une re´ope´re´e a` 7 mois. Le score de satisfaction moyen e´value´ par le questionnaire PGI-I e´tait de 1,30 dans le Groupe C vs 1,67 dans le Groupe S. Discussion et conclusion. – L’utilisation de la colle chirurgicale synthe´tique en comple´ment des sutures n’a pas significativement diminue´ la dure´e ope´ratoire de la PFL. Cette pratique a cependant montre´ son innocuite´ par rapport a` la technique conventionnelle avec une morbidite´ et des re´sultats anatomiques et fonctionnels identiques a` court terme. Une e´tude prospective incluant des effectifs plus importants et un suivi plus long restent a` re´aliser. ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Mots cle´s : Promontofixation laparoscopique Colle synthe´tique chirurgicale Sutures laparoscopiques Morbidite´ Satisfaction

A B S T R A C T

Keywords: Laparoscopic sacrocolpopexy Glue Laparoscopic sutures Operative time Morbidity Satisfaction rate

Aim. – To study the impact of the use of glue instead of some laparoscopic sutures, on the operative time, the morbidity, and the short-term anatomical and functional results in the laparoscopic sacrocolpopexy (LSCP). Patients and methods. – Thirty-two patients underwent a LSCP at Poissy-St-Germain-en-Laye University Hospital. The fixation of prostheses was made either exclusively by sutures (Group S), or by associating sutures (on traction sites) and biological glue (Group C). Comparison was made after pairing on the number of prostheses associated surgery. Patients’ satisfaction was assessed thanks to the validated PGII questionnaire. Results. – The mean operative time (178.7 [Group S] vs 173.1 minutes [Group C]) and the mean hospital stay (3.94 [Group S] vs 3.31 days [Group C]) were not significantly different. Anatomical results (POP-Q) and the mean satisfaction rate in the short-term were similar in both groups (1.67 [Group S] vs 1.30 [Group C]. Morbidity was also similar in both groups; no serious complications have been experienced.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A.-C. Pizzoferrato). http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2014.10.008 1297-9589/ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

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Discussion and conclusion. – The use of the glue in the LSCP did not significantly reduce the operative time. However, the use of glue for the adhesion of prostheses in addition to sutures has shown its safety and efficacy compared to the conventional technique (sutures exclusively) since the morbidity, the anatomical results and satisfaction rate are identical in the short-term. A study involving a larger number of patients with a longer follow-up seems necessary. ß 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction

2. Patientes et me´thodes

L’usage des renforts prothe´tiques dans la chirurgie re´paratrice des prolapsus des organes pelviens (POP) a de´montre´ sa supe´riorite´ en termes de re´sultats anatomiques par rapport a` l’utilisation des tissus natifs [1]. La promontofixation laparoscopique (PFL) est conside´re´e comme la technique de re´fe´rence pour la re´paration des POP. Les essais cliniques ont de´montre´ sa supe´riorite´ par rapport a` l’utilisation de renfort prothe´tique transvaginal [2]. Outre la re´paration globale des POP, cette technique se caracte´rise par une morbidite´ faible et d’excellents re´sultats anatomiques et fonctionnels a` long terme. Le principal obstacle a` la diffusion de cette intervention ne´cessitant la maıˆtrise des sutures et de la dissection laparoscopique est la dure´e ope´ratoire relativement longue. Selon la litte´rature, la courbe d’apprentissage est acquise apre`s 15 a` 60 proce´dures [3–6]. La colle chirurgicale est largement utilise´e depuis pre`s d’une de´cennie pour la re´paration des hernies parie´tales avec des re´sultats satisfaisants et comparables a` la fixation des prothe`ses a` l’aide de sutures ou d’agrafes. La colle synthe´tique chirurgicale a de´montre´ son innocuite´ et son efficacite´ en chirurgie digestive, simplifiant notamment les techniques de re´paration herniaires [7–12]. Aucune e´tude sur son utilisation en chirurgie urogyne´cologique n’a e´te´ publie´e a` ce jour. Son utilisation en PFL permettrait de simplifier cette intervention complexe et, par conse´quent, acce´le´rer sa diffusion dans les milieux urogyne´cologiques. L’objectif principal est d’e´tudier la re´duction de la dure´e ope´ratoire globale (incision-fermeture) par le remplacement de certaines sutures laparoscopiques par l’utilisation d’une colle synthe´tique chirurgicale pour l’e´talement des prothe`ses. Les objectifs secondaires comportent l’analyse de la morbidite´ de la PFL, des re´sultats anatomiques et fonctionnels et de la satisfaction globale des patientes a` court terme.

Il s’agit d’une e´tude prospective comparative unicentrique (CHI de Poissy-St-Germain-en-Laye) a` propos de 32 patientes ayant be´ne´ficie´ d’une PFL par le meˆme chirurgien. La fixation des prothe`ses de polypropyle`ne e´tait re´alise´e soit exclusivement par des sutures laparoscopiques intracorporelles aux fils (Groupe S, janvier 2012–fe´vrier 2013), soit en associant sutures et colle pour l’e´talement des prothe`ses (Groupe C, novembre 2012–mars 2013). Dans le groupe S, la prothe`se poste´rieure e´tait fixe´e par des points de sutures aux fils multi-filaments tresse´s non re´sorbables (Mersuture1 0) sur les muscles e´le´vateurs de l’anus, les ligaments ute´ro-sacre´s et le torus uterinum. La partie arciforme de la prothe`se e´tait fixe´e sur le bas du vagin par un point de suture au fil multi-filaments tresse´ re´sorbable (Vicryl1 2/0). La prothe`se ante´rieure e´tait fixe´e sur le vagin par 6 points de fils tresse´s non re´sorbables : 1 point au niveau du trigone ve´sical et 4 points late´raux sur la partie large de la prothe`se (Mersuture1 2/0), 1 point de Mersuture1 0 sur l’isthme ute´rin. Dans le groupe C, nous avons utilise´ un amarrage au fils sur les sites subissant des contraintes me´caniques (torus ute´rinum an arrie`re, isthme ute´rin et trigone ve´sical en avant). Dans les 2 groupes, la fixation au promontoire e´tait re´alise´e par 2 points se´pare´s de fils tresse´s non re´sorbables (Mersuture1 0). La technique combine´e nous a permis d’e´conomiser 8 sutures laparoscopiques par rapport a` la technique standard (Fig. 1). La colle chirurgicale utilise´e dans l’e´tude est une colle synthe´tique ste´rile IfabondTM (Ifame´dical, ZA les Treilles, 69430 Quincie en Beaujolais, France). Cet adhe´sif liquide, fabrique´ a` partir de cyanoacrylate n-hexyl (monome`res acryliques pouvant polyme´riser par re´action de polyme´risation anionique et/ou radicalaire), est exempt de toute toxicite´ et be´ne´ficie du marquage CE. La re´sorption de ce produit est partielle a` 3 mois.

Fig. 1. Sche´ma des points de fixation des prothe`ses. A. Groupe S. B. Groupe C (a : prothe`se ante´rieure ; b : prothe`se poste´rieure).

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Les premie`res patientes ope´re´es avec utilisation de la colle chirurgicale (groupe C) ont e´te´ incluses selon un mode prospectif. Les patientes du groupe S ont ensuite e´te´ se´lectionne´es re´trospectivement apre`s appariement sur les crite`res suivants : nombre de prothe`ses et gestes associe´s (hyste´rectomie subtotale  annexectomie, bandelette sous-ure´trale). Les caracte´ristiques de la population ont e´te´ e´tudie´es dans chaque groupe puis compare´es : aˆge, indice de masse corporelle (IMC), parite´ vaginale, ante´ce´dents de chirurgie abdomino-pelvienne, type et grade du prolapsus selon la stadification du POP-Q de´finie par l’International Continence Society [13]. Les donne´es intra- et postope´ratoires ont e´te´ ensuite e´tudie´es, puis compare´es dans les deux groupes : dure´e ope´ratoire, complications intra- et postope´ratoires, re´sultats anatomiques et fonctionnels a` court terme et satisfaction des ope´re´es a` l’aide d’un questionnaire valide´ patient global impression of improvement (PGI-I) [14]. Les analyses statistiques ont e´te´ re´alise´es a` l’aide du test du Chi2 pour comparer les variables qualitatives, et du test de Student pour les variables quantitatives. La diffe´rence e´tait conside´re´e comme significative lorsque p e´tait < 0,05. Ces analyses ont e´te´ effectue´es a` l’aide du logiciel STATA version 12 (Stata-Corp1). 3. Re´sultats Les deux groupes e´taient comparables pour le grade du prolapsus, l’IMC, l’aˆge et le statut me´nopausique, la parite´ vaginale et les ante´ce´dents de chirurgie abdomino-pelvienne. Il s’agissait exclusivement de primo-prolapsus puisqu’aucune patiente n’a e´te´ ope´re´e pour prolapsus re´cidive´. Les caracte´ristiques de la population sont repre´sente´es dans le Tableau 1. Le suivi moyen e´tait de 7,01 ( 4,4) mois (10,0  4,6 [Groupe S], 4,02  1,03 [Groupe C] mois, p < 10 4). Une bandelette sous-ure´trale a e´te´ associe´e a` la re´paration du prolapsus dans 75 % des cas (12/16 dans chaque groupe) et une hyste´rectomie subtotale concomitante a e´te´ re´alise´e dans 62,5 % des cas (10/16 dans chaque groupe). La dure´e moyenne d’intervention (178,7  29,1 [Groupe S] vs 173,1  37,5 [Groupe C] minutes,

p = 0,64) et la dure´e moyenne de se´jour (DMS) (3,94  1,12 [Groupe S] vs 3,31  0,79 [Groupe C] jours, p = 0,08) e´taient identiques. La perte d’he´moglobine a` j2 e´tait similaire (1,17 [Groupe C] vs 1,21 [Groupe S] g/dL, p = 0,85). Concernant la morbidite´, aucune complication intra-ope´ratoire n’est a` de´plorer. Les taux d’e´ve´nements inde´sirables mineurs postope´ratoires (dysurie, incontinence urinaire d’effort (IUE) « de novo », infection du tractus urinaire, constipation, fissure anale) e´taient similaires dans les deux groupes : 53,3 % (8 patientes) dans le Groupe C vs 37,5 % (6 patientes) dans le Groupe S. Dans le groupe C, une complication infectieuse se´ve`re inhe´rente a` la BSU transobturatrice a ne´cessite´ une re´intervention (retrait de la BSU, drainage guide´ par scanner des abce`s cruraux et traitement antibiotique par voie intraveineuse). Dans le groupe S, nous de´plorons deux cas de re´intervention pour e´rosion vaginale de la BSU transobturatrice, complication inde´pendante de la re´paration du POP. Dans le groupe S (suivi plus long), trois re´cidives du prolapsus ont e´te´ identifie´es, dont une ayant ne´cessite´ une re´intervention a` 7 mois ; aucune re´cidive n’est a` de´plorer dans le groupe C a` 1 mois de la chirurgie (Tableau 2). S’agissant de la douleur postope´ratoire, 2 patientes du groupe C (22 %) et 4 du groupe S (57 %) de´clarent pre´senter des douleurs « de novo » (p = 0,15). Dans le groupe S, une patiente (14 %) a pre´sente´ une dyspareunie « de novo », tandis qu’aucun cas n’a e´te´ rapporte´ dans le groupe C (p = 0,6). Aucun cas d’e´rosion vaginale sur prothe`se n’a e´te´ constate´ dans les deux groupes. La satisfaction globale des patientes, mesure´e par une EVA et des questions spe´cifiques, e´tait excellente dans les deux groupes : 90 % dans le groupe C et 100 % dans le groupe S (p = 0,36). Le score moyen de satisfaction postope´ratoire PGI-I e´tait e´leve´ dans les deux groupes : 1,3 dans le groupe C et 1,7 dans le groupe S sans diffe´rence significative (Tableau 3). 4. Discussion Il est actuellement admis que la promontofixation (PF) par voie abdominale est la technique de re´fe´rence pour la re´paration

Tableau 1 Caracte´ristiques de la population. Total (n = 32) Moyenne ( SD)/n (%)

Groupe C (n = 16) Moyenne ( SD)/n (%)

Aˆge (anne´es)

58,1 (11,1)

59,1 (13,0)

57 (9,1)

0,59

IMC (kg/m2)

24,2 (2,6)

24,6 (2,3)

23,7 (3,0)

0,35

Parite´ moyenne

2,34 (0,7)

2,31 (0,5)

2,37 (0,8)

0,79

Nombre AVB 1 2 et plus

Groupe S Moyenne ( SD)/n (%)

p

1 (6,2) 15 (60,5)

2 (12,5) 14 (50,0)

0,67

Me´nopause Oui Non

22 (75,9) 7 (24,1)

11 (73,3) 4 (26,7)

11 (78,6) 3 (21,4)

0,74

Ante´ce´dent de chirurgie pelvienne

19 (59,4)

7 (43,7)

12 (75,0)

0,07

Cystoce`le pre´ope´ratoirea 1 2 3

2 (6,20) 16 (50,0) 14 (43,8)

0 (0,00) 9 (56,2) 7 (43,8)

2 (12,5) 7 (43,75) 7 (43,75)

Hyste´roce`le pre´ope´ratoirea 1 2 3

10 (31,2) 16 (50,0) 6 (18,8)

4 (25,0) 8 (50,0) 4 (25,0)

6 (37,5) 8 (50,0) 2 (12,5)

0,59

Rectoce`le pre´ope´ratoirea 1 2 3

16 (50,0) 14 (43,7) 2 (6,30)

8 (50,0) 7 (43,7) 1 (6,30)

8 (50,0) 7 (43,7) 1 (6,30)

1,00

IMC : Indice de Masse Corporelle ; AVB : accouchements voie basse. a Les grades de prolapsus ont e´te´ coˆte´s selon la classification POP-Q.

0,32

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Tableau 2 Donne´es intra et postope´ratoires.

Dure´e ope´ratoire globale (min) Hyste´rectomie supracervicale Bandelette sous-ure´trale Perte d’he´moglobine (g/dL) DMS (jours) Re´intervention pour e´ve`nement inde´sirable grave E´ve`nements mineurs postope´ratoires (dysurie, IUE « de novo », IU, constipation, fissure anale) Re´cidive du POP Re´intervention pour re´cidive de POP

Groupe C (n = 16) Moyenne ( SD)/n (%)

Groupe S (n = 16) Moyenne ( SD)/n (%)

p

173,1 (37,5) 10 (62,5) 12 (75,0) 1,17 (0,61) 3,31 (0,79) 1 (6,25) (abce`s crural/TVT-O) 8 (53,3) 0 (0,00) 0 (0,00)

178,7 (29,1) 10 (62,5) 12 (75,0) 1,21 (0,50) 3,94 (1,12) 2 (12,5) (e´rosion vaginale/TVT-O) 6 (37,5) 3 (18,8) 1 (6,25)

0,64 1,00 1,00 0,85 0,08 0,54 0,38 0,07 0,31

DMS : dure´e moyenne de se´jour ; POP : prolapsus des organes pelviens ; IUE : incontinence urinaire d’effort ; IU : incontinence urinaire.

des POP. La PFL est une technique efficace a` long terme avec une morbidite´ faible. Outre la connaissance de l’anatomie pelvienne, la longueur de cette intervention complexe ne´cessitant la maıˆtrise de la dissection et des sutures laparosocopiques constitue un frein a` sa diffusion dans les milieux urogyne´cologiques, en particulier parmi les jeunes chirurgiens. Selon la litte´rature, la courbe d’apprentissage est acquise apre`s 15 a` 60 proce´dures [3–6], traduisant les difficulte´s de cette technique meˆme pour des chirurgiens expe´rimente´s en cœliochirurgie [5]. La complexite´ de la PFL est inhe´rente a` la dissection des espaces anatomiques, a` savoir la cloison rectovaginale, l’espace ve´sicovaginal et le promontoire sacre´ [15]. Les techniques de dissection e´tant actuellement standardise´es [16], la simplification de la technique en cœlioscopie conventionnelle passe par l’utilisation de techniques d’amarrage et d’adhe´sion des prothe`ses plus simples et plus rapides que les sutures cœlioscopiques. Ainsi, la fixation des prothe`ses au promontoire a` l’aide d’agrafage automatique (Takers1) a, par exemple, e´te´ propose´e comme alternative a` la fixation aux fils afin de diminuer le risque de plaie vasculaire [17] meˆme si celle-ci semble augmenter le risque de spondylodiscite [18]. De meˆme, la fixation de la prothe`se sur la paroi vaginale par agrafage automatique est utilise´e avec un risque d’e´rosion vaginale et d’exposition prothe´tique plus important [19]. Re´cemment, Bui et al. ont retrouve´, dans une e´tude re´trospective portant sur 86 patientes, une diminution significative de la dure´e ope´ratoire en cas de fixation de la prothe`se poste´rieure par des agrafes en comparaison avec la suture [20].

L’utilisation de la colle chirurgicale synthe´tique pour la stabilisation des renforts prothe´tiques a de´montre´ son efficacite´ et son innocuite´ en chirurgie digestive [7–12]. Une me´ta-analyse re´alise´e en 2013 a notamment compare´ l’utilisation de la colle versus une fixation par suture au fils dans la cure de hernie inguinale selon la technique Lichtenstein. Elle a retrouve´ une diminution significative du temps ope´ratoire et de la douleur postope´ratoire en cas d’utilisation de colle avec un taux de re´cidive comparable [7]. Son utilisation dans la re´paration cœlioscopique des hernies inguinales n’a pas montre´ de diffe´rence significative du risque de re´currence, compare´e a` l’utilisation d’agrafes, tout en diminuant le risque de douleur inguinale chronique [10]. D’autres e´tudes sur son utilisation en renforcement des sutures (Sleeve, pancre´atectomie), comme film he´mostatique (he´patectomie ou lobectomies) sont en cours. En chirurgie gyne´cologique, un essai randomise´ e´valuant l’efficacite´ de l’ajout de la colle sur la formation de lymphoce`le apre`s mastectomie partielle, chez des patientes ayant un cancer du sein, est e´galement en cours (registre des essais cliniques, Institut National Contre le Cancer). Les re´sultats de notre e´tude ont montre´ l’innocuite´ de l’utilisation de la colle synthe´tique par rapport au groupe S te´moin dans le cas de la PFL. Aucun e´ve`nement inde´sirable grave lie´ a` l’usage de la colle n’a effectivement e´te´ rapporte´, puisque les deux complications reque´rant une re´intervention e´taient lie´es a` la BSU transobturatrice. Cette e´tude n’a pas pu mettre en e´vidence de re´duction significative de la dure´e ope´ratoire globale. Ne´anmoins, l’usage de

Tableau 3 Re´sultats fonctionnels et satisfaction. Groupe C (n = 16) Moyenne ( SD)/n (%)

Groupe S (n = 16) Moyenne ( SD)/n (%)

p

1,3 8 1 1 0 0 0 0

1,7 7 1 0 0 0 1 0

(0,67) (77,8) (11,1) (0,00) (0,00) (0,00) (11,1) (0,00)

0,57

2 (22,2)

4 (57,1)

0,15

Dyspareunie « de novo »

0 (0,00)

1 (14,3)

0,60

Referait la meˆme intervention

9 (90,0)

8 (100,0)

0,36

PGI-I 1 (beaucoup mieux) 2 (mieux) 3 (le´ge`rement mieux) 4 (pas de changement) 5 (le´ge`rement moins bien) 6 (moins bien) 7 (beaucoup moins bien) Douleur « de novo »

Conseillerait l’intervention a` une amie ? Troubles urinaires « de novo » Constipation « de novo » PGI-I : patient global impression of improvement.

(1,66) (80,0) (10,0) (10,0) (0,00) (0,00) (0,00) (0,00)

9 (90,0)

8 (100,0)

0,36

12 (75,0)

9 (56,3)

0,72

1 (6,3)

2 (12,5)

0,54

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la colle a permis la suppression de 8 a` 9 sutures laparoscopiques. Les effectifs faibles, le de´but d’expe´rience de l’ope´rateur dans l’usage de la colle (16 premiers cas) et les interventions associe´es (hyste´rectomie subtotale, BSU) pourraient expliquer ce re´sultat ne´gatif. Dans notre pratique, un seul flacon d’1,5 mL de colle a e´te´ suffisant pour chaque intervention dans le groupe C : une seule goutte, d’environ 0,2 mL, e´tant ne´cessaire pour chaque site d’amarrage. Sur un plan me´dico-e´conomique, et au regard de nos re´sultats, l’usage de la colle est significativement plus one´reux que l’utilisation de deux fils. Les faiblesses de notre e´tude sont inhe´rentes a` sa puissance (effectifs faibles et faible nombre de re´ponse au questionnaire postope´ratoire) et au recul insuffisant. En effet, notre e´tude retrouve des re´sultats anatomiques et une satisfaction a` court terme e´quivalents dans les deux groupes. Mais, s’agissant de chirurgie fonctionnelle, les crite`res de jugement les plus inte´ressants sont la morbidite´ et les re´sultats anatomiques et fonctionnels a` long terme. Une e´tude sur un plus grand nombre de patientes et a` plus long terme apparaıˆt donc ne´cessaire afin de valider cette proce´dure. De meˆme, l’absence d’avis d’un CPP est importante a` prendre en conside´ration avant la ge´ne´ralisation des re´sultats, car il a e´te´ rapporte´ des cas non publie´s de complications inhe´rentes a` l’utilisation de la colle. L’expe´rience du chirurgien (plus de 300 PFL) constitue un biais, notamment pour la dure´e ope´ratoire. Enfin, dans le groupe C, l’utilisation de sutures sur les sites subissant des contraintes me´caniques (4 au total) en comple´ment de la colle chirurgicale ne peut eˆtre argumente´e mais il nous a semble´ logique de passer par une phase interme´diaire entre le « tout sutures » et le « tout colle ». La principale force de notre e´tude re´side dans le fait qu’il s’agit de la premie`re e´tude e´valuant un proce´de´ innovant dans la PFL. Les autres points forts sont le caracte`re prospectif de l’e´tude, l’appariement sur le nombre de prothe`ses et les gestes associe´s (hyste´rectomie subtotale  annexectomie, bandelette sous-ure´trale) pour la se´lection du groupe te´moin, et l’utilisation de scores standardise´s tels que le POP-Q pour la stadification du prolapsus [13] et le PGI-I pour e´valuer la satisfaction des patientes apre`s la chirurgie [14].

5. Conclusion L’utilisation de la colle synthe´tique chirurgicale en comple´ment des sutures dans la PFL n’a pas re´duit la dure´e ope´ratoire de manie`re significative. Cependant, la morbidite´, les re´sultats anatomiques et fonctionnels et la satisfaction a` court terme e´taient similaires. L’inte´reˆt de ce proce´de´ innovant devra eˆtre de´montre´ par une e´tude prospective incluant des effectifs plus importants avec une e´valuation de la morbidite´ et des re´sultats anatomiques a` plus long terme.

ˆ ts De´claration d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Maher C, Feiner B, Baessler K, Schmid C. Surgical management of pelvic organ prolapse in women. Cochrane Database Syst Rev 2013;CD004014. [2] Maher CF, Feiner B, DeCuyper EM, Nichlos CJ, Hickey KV, O’Rourke P. Laparoscopic sacral colpopexy versus total vaginal mesh for vaginal vault prolapse: a randomized trial. Am J Obstet Gynecol 2011;204(4):360 [e1–e7]. [3] Akladios CY, Dautun D, Saussine C, Baldauf JJ, Mathelin C, Wattiez A. Laparoscopic sacrocolpopexy for female genital organ prolapse: establishment of a learning curve. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2010;149(2):218–21. [4] Claerhout F, De Ridder D, Roovers JP, Rommens H, Spelzini F, Vandenbroucke V, et al. Medium-term anatomic and functional results of laparoscopic sacrocolpopexy beyond the learning curve. Eur Urol 2009;55(6):1459–67. [5] Claerhout F, Roovers JP, Lewi P, Verguts J, De Ridder D, Deprest J. Implementation of laparoscopic sacrocolpopexy–a single centre’s experience. Int UrogynecolJ Pelvic Floor Dysfunct 2009;20(9):1119–25. [6] Mustafa S, Amit A, Filmar S, Deutsch M, Netzer I, Itskovitz-Eldor J, et al. Implementation of laparoscopic sacrocolpopexy: establishment of a learning curve and short-term outcomes. Arch Gynecol Obstet 2012;286(4):983–8. [7] de Goede B, Klitsie PJ, van Kempen BJ, Timmermans L, Jeekel J, Kazemier G, et al. Meta-analysis of glue versus sutured mesh fixation for Lichtenstein inguinal hernia repair. Br J Surg 2013;100(6):735–42. [8] Ladwa N, Sajid MS, Sains P, Baig MK. Suture mesh fixation versus glue mesh fixation in open inguinal hernia repair: a systematic review and meta-analysis. Int J Surg 2013;11(2):128–35. [9] Kaul A, Hutfless S, Le H, Hamed SA, Tymitz K, Nguyen H, et al. Staple versus fibrin glue fixation in laparoscopic total extraperitoneal repair of inguinal hernia: a systematic review and meta-analysis. Surg Endosc 2012;26(5):1269–78. [10] Sajid MS, Ladwa N, Kalra L, McFall M, Baig MK, Sains P. A meta-analysis examining the use of tacker mesh fixation versus glue mesh fixation in laparoscopic inguinal hernia repair. Am J Surg 2013;206(1):103–11. [11] Shah NS, Bandara AI, Sheen AJ. Clinical outcome and quality of life in 100 consecutive laparoscopic totally extra-peritoneal (TEP) groin hernia repairs using fibrin glue (TisseelTM): a United Kingdom experience. Hernia 2012;16(6):647–53. [12] Tolver MA, Rosenberg J, Juul P, Bisgaard T. Randomized clinical trial of fibrin glue versus tacked fixation in laparoscopic groin hernia repair. Surg Endosc 2013;27(8):2727–33. [13] Bump RC, Mattiasson A, Bø K, Brubaker LP, DeLancey JO, Klarskov P, et al. The standardization of terminology of female pelvic organ prolapse and pelvic floor dysfunction. Am J Obstet Gynecol 1996;175(1):10–7. [14] Srikrishna S, Robinson D, Cardozo L. Validation of the patient global impression of improvement (PGI-I) for urogenital prolapse. Int Urogynecol J 2010;21(5):523–8. [15] Claerhout F, Verguts J, Werbrouck E, Veldman J, Lewi P, Deprest J. Analysis of the learning process for laparoscopic sacrocolpopexy: identification of challenging steps. Int Urogynecol J 2014;25:1185–91. [16] Wagner L, Boileau L, Delmas V, Haab F, Costa P. Traitement chirurgical du prolapsus par promontofixation cœlioscopique. Techniques et re´sultats. Prog Urol 2009;19(13):994–1005. [17] Boukerrou M, Orazi G, Nayama M, Boodhun R, Cre´pin G, Cosson M. Technique de la promontofixation: suspension au promontoire par fils ou Tackers1 ? JGynecol Obstet Biol Reprod 2003;32(6):524–8. [18] Cosson M, Narducci F, Querleu D, Cre´pin G. Experimental use of laparoscopic material: report of a case of spondylodiscitis after laparoscopic sacropexy with Taker. Ann Chir 2001;126(6):554–6. [19] Cosson M, Vinatier D, Rajabally R, Querleu D, Crepin G. Rejection of stapled prosthetic mesh after laparoscopic sacropexy. Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct 1999;10(5):349–50. [20] Bui C, Ballester M, Che´reau E, Guillo E, Daraı¨ E. Comparaison entre suture et agrafage de la prothe`se poste´rieure lors de promontofixation cœlioscopique. Gynecol Obstet Fertil 2010;38(12):723–8.