A. PClissolo l, M. Lecendreux *, M.C. Mouren-Simkoni
*
‘Service 2service 75019
75010 Paris 48, boulevard
de psychiatric, de psychopathologic Paris, France
(Requ le 7 avril
hdpitul
Fernandde I’enfint
Widul, 200, rue du FuubourR-Saint-Denis, et de l’adolescent, hdpital Robert-Deb&,
1998 ; accept6 le 15 dkembre
: S&trier,
1998)
Resume Les troubles du sommeil sent une cause frkquente de consultation chez I’enfant d’Lge prtscolaire et conduisent souvent, dans la population franqaise, & la prescription de stdatifs et d’hypnotiques, faisant de cette pathologie un Gritable problkme de santt publique pour cette tranche d’ige. Patients et m&/zodes. - Nous avons &udiC la prise de mtdicaments hypnotiques chez des enfants consultant en milieu hospitalier pour <> et LgCs de I mois ?I 4 ans (23 f 11.3 mois). Deux cent trois questionnaires portant sur les troubles du sommeil et les prises d’hypnotiques des enfants (112 gar$ons et 91 filles) ont ttc remplis par les parents. L’investigation portait egalement sur le sommeil des parents et sur leur Cventuelle prise d’hypnotiques. Rbultats. - Les rkultats montrent que 70 % des enfants ont refu au moins une fois un mCdicament hypnotique pour leur trouble, et ce, quel que soit leur ige. Cette exposition est corkICe avec I’existence d’une consommation d’hypnotiques par les m&es, notamment chez les garqons (odds-ratio = 4,8; l,l-8,7). Ces rksultats confirment I’exposition prkcoce de jeunes enfants B des prises de mkdicaments hypnotiques, avec des schtmas familiaux de consommation influenck surtout par l’attitude maternelle. Conclusion. - Ces donnCes devraient permettre d’identifier des sous-populations ?I risque d’exposition prkoce aux traitements psychotropes. Elles devraient tgalement inciter g developper des strattgies thkapeutiques non mCdicamenteuses. 0 1999 Elsevier, Paris. sommeil
(troubles
du) I insomnie
I hypnotiques
Summary - Use of hypnotics in children. Background. - Sleep disorders are frequent
in pre-school children and in the French population, often leading to the or sedatives. Therefore, this represents an important health problem in this population. Patients and methods. - We studied the hypnotic consumption in children, aged between I month to 4 years (23 2 11.3 months), who complained of insomnia. Parents completed 203 sleep questionnaires including information on the hypnotics consumption of their offspring (112 boys and 91 girls). The questionnaire was also related to the purent’s sleep patterns and hypnotics consumption. Seventy percent of the sample had received medication, at least once before the evaluation, and at any age. A positive correlation between hypnotics consumption in mothers and children, particularly boys (odds-ratio = 4.8; 1.1-8.7) was found. Conclusion. - These data confirm the early exposition to hypnotics of children in the French population, and the existence of a familial pattern of consumption, mostly influenced by the mother. These data should permit the identijcation of subgroups at risk for early exposition and to encourage non-pharmacologic approaches in the treatment of insomnia in young children. 0 1999 Elsevier. Paris.
prescription
of hypnotics
sleep disorders
I insomnia
I hypnotics
and sedatives
Les troubles du sommeil sont une cause frkquente de consultation chez l’enfant d’gge prkscolaire. L’origine des troubles est diverse et peut rkpondre B des facteurs Cducatifs, psychopathologiques, mkdicaux, environnementaux qu’il conviendra d’kvaluer avant toute d&ision thkrapeutique [I]. Les insomnies primaires de
I child
type extrinskque ou environnemental sont les plus frCquentes chez l’enfant de moins de 3 ans et concerneraient 15 2 20 % des enfants de cette tranche d’gge. Ces insomnies sont dCfinies selon la Classification internationale des troubles du sommeil [2] par la difficult6 pour l’enfant B s’endormir sans la prksence
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A. PClissolo
d’une condition exterieure (trouble des associations a l’endormissement). Ces troubles sont le plus souvent reversibles par une modification des conditions qui les ont crCCs et les entretiennent, et ont un lien Ctroit avec des facteurs environnementaux et comportementaux. Les hypnotiques ne sauraient representer la reponse therapeutique la mieux adaptee a ces troubles et leur prescription de premiere intention est rarement justifree. Prescrits ponctuellement, sur des ptriodes courtes (n’excedant pas 4 semaines et si possible 8 a 10 jours) et sous controle medical strict, ils peuvent presenter un inter&t en association a des regles d’hygittne de sommeil ou a une therapie comportementale. Cependant, leur prescription demeure de pratique t&s courante et pour des durees excedant parfois plusieurs mois. De fait, la consommation de medicaments psychotropes en France est plus importante que dans la plupart des pays industrialids, m&me si ce phdnomene touche en fait l’ensemble des medicaments [3]. L’utilisation des anxiolytiques et des hypnotiques, des benzodiazepines en particulier, est souvent presentee comme excessive et posant un probleme de sank publique dans notre pays. I1 est un fait que ce type de medicament est deux a trois fois plus consomme en France que dans les pays comparables ; environ 5 a 7 % des Franqais les utilisent quotidiennement, et 25 a 30 % occasionnellement sur une an&e [3]. Les raisons de cette consommation importante ne sont pas bien connues, mtme si diverses hypotheses notamment socioculturelles ont CtC formulees. Chez l’adulte, des facteurs de risque associes aux prises d’anxiolytiques et d’hypnotiques ont CtC identifies en France comme a l’etranger [4-61: sexe feminin, age superieur a 60 ans, niveau de morbidite psychiatrique et somatique. Dans certains cas, semblent intervenir des facteurs socio-Cconomiques et familiaux. Les etudes pharmacoepidemiologiques sont plus rares chez l’enfant, mais confirment la prevalence notable de l’utilisation des psychotropes dans differentes tranches d’age. Certains auteurs [7] ont par exemple pu trouver sur 1 an une consommation de medicaments sedatifs chez 15 % des 1 367 enfants de tours preparatoire CtudiCs dans le Bas-Rhin. Egalement en France, quatre etudes menees chez des adolescents suggerent des taux d’utilisation de psychotropes variant entre 17 et 22 % [S-11]. A notre connaissance, une seule etude, ancienne, a CtC publiee sur l’exposition de tres jeunes enfants aux medicaments sedatifs [ 121. Elle Porte sur 1 100 nourrissons et montre que 16,4 % d’entre eux ont recu des sedatifs ou des somniferes (antihistaminiques, barbituriques ou somniferes) avant l’age de 9 mois. Des difficult& de sommeil sont frequemment rapportees par les parents (un enfant sur quatre), mais il est interessant de constater dans cette etude que I’utilisation de &da-
et al.
tifs donnes aux enfants est corklee a diverses difficult& psychologiques rencontrees par les parents et surtout par la mere. Differentes informations confirment done I’exposition importante des enfants aux mtdicaments sedatifs en France, ce qui represente une donnee importante par ses consequences immediates pour les enfants, mais egalement d’une maniere plus g&r&ale et a plus long terme dans une perspective de prevention et de Sante publique. Ces medicaments sont le plus souvent des antihistaminiques (niaprazine, Nopron@ ; hydroxyzine, Atarax@), des phenothiazines antihistaminiques (promethazine, PhCnergan@ ; alimemazine, ThCralene@), voire des phenothiazines neuroleptiques (thioridazine, Melleril@ ; cyamemazine, Tercian@). Les principaux inconvenients des produits derives de la phenothiazine sont ceux des neuroleptiques (dyskinesies aigues, syndrome extrapyramidal, sedation, hypotension orthostatique) et leur prescription necessite un controle medical strict. Leur utilisation doit se faire a la dose minimale efficace, en debutant a une posologie faible et en augmentant par paliers progressifs. Ces substances ont essentiellement un effet antiCveil, mais ne sont pas dtnuees d’effets sur l’architecture du sommeil [ 131. L’absence d’etudes realisees chez l’enfant restreint l’utilisation des hypnotiques et en particulier des hypnotiques non benzodiazepiniques (cyclopyrrolones et imidazopyridines). M&me si les etudes sont peu nombreuses dans ce domaine, il semble fondamental de prendre en compte le role joue par les attitudes parentales par rapport aux consommations precoces de psychotropes. Cela devrait autoriser une meilleure comprehension du probleme de la consommation de psychotropes dans la population generale. Dans cette perspective, nous avons choisi d’etudier les modalites d’exposition aux hypnotiques chez des enfants consultant pour des troubles du sommeil, en recherchant certains determinants cliniques et familiaux. 11 s’agit naturellement d’un Cchantillon non representatif de la population get&ale, qui ne peut autoriser aucune generalisation epidemiologique et qui rassemble des sujets plus particulierement c> et done susceptible de reveler certains mecanismes de man&e plus sensible. OBJECTIFS Cette etude Porte sur les traitements hypnotiques recus par de jeunes enfants montrant des troubles du sommeil. La population est constituee d’enfants vus dans le cadre d’une consultation hospital&e specialisee a l’hopital pediatrique Robert-DebrC a Paris. Les principaux objectifs sont :