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comparant les résultats de la réanimation avec et sans PLYO dès la phase préhospitalière [6–8]. Ainsi, depuis 2010, des études prospectives sont menées sur les théâtres de guerre par le service de santé des armées franc¸aises et les forces spéciales américaines et en traumatologie civile hospitalière en France. L’expérience acquise autorise maintenant l’utilisation du PLYO par les praticiens des SAMU et pompiers militaires au travers d’un projet de recherche clinique comparant la réanimation transfusionnelle de terrain avec et sans plasma. Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Floccard B, Rugeri L, Faure A, Saint-Denis M, Boyle EM, Peguet O, et al. Early coagulopathy in trauma patients: an on-scene and hospital admission study. Injury 2012;43:26–32. [2] Radwan ZA, Bai Y, Matijevic N, del Junco DJ, McCarthy JJ, Wade CE, et al. An emergency department thawed plasma protocol for severely injured patients. JAMA Surg 2013;148:170–5. [3] Ignjatovic V, Barnes C, Newall F, Hamilton S, Burgess J, Monagle P. Point of care monitoring of oral anticoagulant therapy in children: comparison of Coagu-Chek Plus and Thrombotest methods with venous international normalised ratio. Thromb Haemost 2004;92:734–7. [4] Hagemo JS. Prehospital detection of traumatic coagulopathy. Transfusion 2013;53(Suppl. 1):48–51. [5] Martinaud C, Civadier C, Ausset S, Verret C, Deshayes AV, Sailliol A. In vitro hemostatic properties of French lyophilized plasma. Anesthesiology 2012;117:339–46. [6] Martinaud C, Ausset S, Deshayes AV, Cauet A, Demazeau N, Sailliol A. Use of freeze-dried plasma in French intensive care unit in Afghanistan. J Trauma 2011;71:1761–4. [7] Gonzalez EA, Moore FA, Holcomb JB, Miller CC, Kozar RA, Todd SR, et al. Fresh frozen plasma should be given earlier to patients requiring massive transfusion. J Trauma 2007;62:112–9. [8] Shuja F, Finkelstein RA, Fukudome E, Duggan M, Kheirbek T, Hamwi K, et al. Development and testing of low-volume hyperosmotic spray-dried plasma for the treatment of trauma associated coagulopathy. J Trauma 2011;70:664–71. http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2015.06.204
S04 – Sociologie et éthique du don Modérateurs : B. Pelletier et B. Cunéo S04-1
Bilan d’étape et perspective de la cellule nationale d’écoute après un an d’existence
L. Henry Baudot ∗ , R. Spinardi , R. Briat EFS Pays de la Loire, Nantes, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (L.H. Baudot) À l’heure où le modèle transfusionnel éthique est interrogé, les stratégies de fidélisation des donneurs constituent des leviers forts pour consolider la mission de service public de l’EFS visant à garantir l’autosuffisance de la France en produits sanguins. Comprendre les freins et les motivations au don de sang, identifier les leviers du passage à l’acte les plus pertinents, prendre en compte les attentes des donneurs constituent donc les premières étapes pour établir des stratégies de communication et de fidélisation adaptées. En complément de la réflexion stratégique sur l’offre de collecte et les cibles prioritaires à mobiliser pour répondre aux besoins des patients, le processus rationnel d’écoute permet d’enrichir la connaissance des donneurs dans une logique d’amélioration continue des pratiques et des stratégies. Impulsée par la norme ISO 9001 et le COP, encadrée par le Manuel Qualité, l’écoute client est multiforme. C’est dans ce cadre qu’un dispositif d’écoute a été structuré, en 2013, par la Direction de la chaîne transfusionnelle s’appuyant sur deux dispositifs complémentaires : un Observatoire des donneurs de sang visant à mesurer notamment l’évolution de la satisfaction
des donneurs, et le déploiement, pour les régions et les réseaux, d’une solution nationale permettant de réaliser et d’analyser des enquêtes ciblées. Ce dispositif d’écoute, dont la gouvernance et le pilotage ont été formalisés fin 2013, s’est structuré autour de la Cellule nationale d’écoute (CNE) qui réunit, outre les responsables marketing de chaque région, des référents métiers préalablement formés à l’utilisation de la plateforme. Le partage des informations, la mutualisation via des kits d’enquêtes clé en main, et l’harmonisation des pratiques constituent la clé de voûte de ce dispositif qui, après un an d’existence, est en phase d’appropriation par les régions et les réseaux. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2015.06.205 S04-2
Étude de la représentation du don et du passage à l’acte en fonction de l’âge et de la fréquence des dons S. Pesavento 1,∗ , M. Boisselon 2 1 EFS Rhône-Alpes, Lyon, France 2 Université de Savoie, Chambéry, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Pesavento) C’est avant tout grâce à la mobilisation des donneurs que l’EFS peut répondre aux besoins des patients dans le cadre des valeurs éthiques qui caractérisent le modèle transfusionnel franc¸ais. Ainsi, le recrutement et la fidélisation des donneurs sont des enjeux majeurs pour l’EFS pour garantir l’autosuffisance quantitative et qualitative en produits sanguins. Depuis une cinquantaine d’années, des chercheurs se sont intéressés à la compréhension du donneur et aux raisons qui le poussent à faire un don de sang. Une analyse de la littérature scientifique couplée à des connaissances de terrain ont permis de mettre en évidence que les motivations des donneurs et les facteurs impliqués dans le renouvellement de leur geste varient selon le profil des donneurs. Six sous-populations de donneurs ont ainsi été identifiées. Alors que la perception de l’utilité du don, la conscience des besoins en produits sanguins ou encore les caractéristiques pratiques de la collecte sont des facteurs importants quelle que soit la sous-population de donneurs, d’autres facteurs ont été identifiés comme ayant une influence facilitatrice ou inhibitrice sur le comportement du donneur. Par exemple, une attitude altruiste facilite le don alors que les expériences négatives du don comme les ajournements ou les malaises diminuent fortement la probabilité de voir revenir le donneur. Avec l’aide d’une étudiante spécialisée en psychologie comportementale, nous identifié l’ensemble des « déterminants » individuels et environnementaux qui entrent en jeu dans la répétition et la régularité des dons en agissant sur le passage à l’acte. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2015.06.206 S04-3
Don du sang et immigration. Stratégie de conquête et de fidélisation des donneurs de phénotypes d’intérêt B. Cuneo Viavoice, Paris, France Adresse e-mail :
[email protected] L’EFS, entendant développer son autosuffisance qualitative et notamment favoriser le don et la fidélisation des porteurs de phénotypes d’intérêt, en ajustant sa communication et l’organisation de ses collectes à leurs attentes, a fait réaliser une étude qualitative (40 entretiens en face à face) auprès des populations sub-sahariennes (Africains, Antillais, Comoriens) et d’une population témoin (Maghreb). Il apparaît d’abord que les points de vue de ces donneurs, non donneurs, et prescripteurs, comprennent des points de vue communs avec l’ensemble des donneurs de sang. Notamment la satisfaction que leur apporte le passage à l’acte, une vision homogène du monde et de soi, une confiance dans l’EFS, l’attachement à la gratuité et une attente d’information. Il apparaît ensuite qu’ils
Symposia / Transfusion Clinique et Biologique 22 (2015) 183–200 ont des points de vue spécifiques, qui leur sont communs. Notamment l’intérêt de donner pour quelqu’un qui leur est semblable mais ne pas s’en contenter, une vision positive de la rareté, une critique sur les modalités de la “révélation” (de leur statut particulier) par l’EFS, le don comme rassemblant une identité composite et favorisant l’intégration, les croyances (y compris religieuses) ne constituant pas un obstacle majeur. Ces points de vue spécifiques sont parfois précisés de manière secondaire en fonction de certains critères (origine géographique, génération d’immigration, etc.). Il apparaît enfin que certains de leurs points de vue sont propres aux sous-populations concernées. L’analyse de ces points de vue permet de comprendre comment ils sont construits, d’identifier les représentations sociales auxquelles ils font appel, et de dégager ainsi des logiques d’action. Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2015.06.207
S05 – Production de cellules sanguines Modérateurs : L. Douay et J. De Vos. S05-1
Production de plaquettes ex vivo dans une plateforme microfluidique D. Baruch Inserm U1140, Paris, France Adresse e-mail :
[email protected] Depuis plusieurs années, il devient possible de produire ex vivo des plaquettes en utilisant des cultures de mégacaryocytes. Nous avons précédemment démontré le rôle bénéfique du flux sur une surface de facteur Willebrand (VWF) à forces de cisaillement élevées. Les modèles microfluidiques « biomimétiques » s’inspirent tous de l’étape de sortie de la mœlle osseuse des mégacaryocytes qui franchissent la paroi des sinusoïdes. Cependant, ces systèmes ne prennent pas en compte les étapes de fragmentation en proplaquettes et en plaquettes qui se produisent dans la circulation au contact du VWF des vaisseaux. C’est pourquoi nous avons développé une plateforme microfluidique qui s’affranchit de la contrainte du franchissement de la mœlle. Notre approche a consisté à définir les étapes-clés de la production plaquettaire, en privilégiant la rapidité de recueil des plaquettes pour une meilleure préservation de leur état fonctionnel. Les mégacaryocytes sont cultivés en conditions statiques jusqu’à leur maturité, puis sont introduits dans une puce microfluidique comportant des forêts de piliers qui permettent de les capturer. Chaque mégacaryocyte ancré peut ensuite se déformer sous l’effet du flux. L’élongation aboutit à la réorganisation du cytosquelette et à la libération des plaquettes. La présentation décrira les avantages de cette méthode par rapport aux biomimétiques de la mœlle osseuse formés de membranes poreuses dont l’efficacité est limitée. La caractérisation des plaquettes produites démontre leur intégrité structurale et leur caractère activable par des activateurs exogènes, contrairement à celles obtenues dans un contrôle interne sans la puce microfluidique. Les perspectives sont d’augmenter le rendement de cette plateforme par parallélisation et de la rendre GMP compatible pour effectuer l’étude de preuve de concept chez l’homme dans les meilleurs délais. Déclaration d’intérêts L’auteur déclare avoir un conflit d’intérêt en lien avec ce résumé : elle est cofondatrice et consultante de la Société PlatOD. http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2015.06.208 S05-2
Production in vitro de globules rouges à partir de cellules souches : les enjeux L. Douay Hôpital Saint-Antoine, Paris, France Adresse e-mail :
[email protected]
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L’accroissement et le vieillissement de la population mondiale conduiront dans les prochaines décennies à une augmentation de l’incidence des pathologies nécessitant un support transfusionnel, et parallèlement diminueront la proportion de sujets en âge de donner. Ceci nous amène à repenser partiellement le modèle de l’approvisionnement en sang à moyen terme. Dans ce contexte où les difficultés d’approvisionnement en sang deviendront chroniques, l’intérêt de disposer des sources complémentaires de globules rouges (GR) pour la transfusion est évident. C’est une question de santé publique. L’approche de thérapie cellulaire qui consiste à générer des GR en culture in vitro après amplification des cellules souches (CS) fait donc sens. Des progrès essentiels ont permis d’établir la preuve de concept de cette approche. Toutes les étapes de recherche d’amont ont été franchies avec succès, y compris la démonstration de la faisabilité de l’injection à l’homme. Ceci nous conduit à penser que les globules rouges issus des CS in vitro seront les futurs acteurs de la transfusion sanguine. L’étape ultime à franchir et le passage de la paillasse à l’industrie. La compétition est aujourd’hui internationale. Une dizaine de consortium sont aujourd’hui en action pour répondre à ce challenge de santé publique. Dans les pays développés il s’agit d’offrir une solution aux situations d’impasse transfusionnelle (allo-immunisation ou sangs rares). Dans les pays en voie de développement, il s’agit de leur permettre d’accéder à l’autosuffisance quantitative et qualitative. Nous ferons le point sur les développements internationaux de cette approche. Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2015.06.209 S05-3
Nouvelles approches de la conservation des cellules souches et progénitrices hématopoïétiques en hypothermie sévère (+4 ◦ C) Z. Ivanovic Université de Bordeaux, Bordeaux, France Adresse e-mail :
[email protected] L’intérêt d’éviter la congélation est évident dans plusieurs situations, en particulier si le greffon hématopoïétique doit être injecté dans un délai inférieur à deux semaines après le prélèvement. En l’état actuel, les greffons hématopoïétiques sont maintenus au maximum 72 heures à +4 ◦ C. Si la durée de conservation supérieure à ce délai est nécessaire, les greffons sont congelés. Ce problème devient particulièrement prononcé pour les greffons expandus ex vivo, car les cellules souches et progénitrices hématopoïétiques (CSPH), après amplification ex vivo, sont très fragiles. Ceci nous a incité à revisiter le problème de conservation des CSHP à +4 ◦ C. Notre première stratégie est basée sur l’environnement permettant de meilleures conditions biochimiques et la prévention de l’effet néfaste des ROS (Reactive Oxygen Species). Nous avons donc utilisé un milieu de culture qui contient une batterie d’antioxydants, ce qui nous a permis d’améliorer de fac¸on très significative la conservation fonctionnelle des CSPH à +4 ◦ C dans le sang placentaire après leur prélèvement (Chevaleyre et al., Stem Cells Dev 2014) et avant leur congélation ainsi que les CSPH du sang placentaire après leur expansion ex vivo (Duchez et al., Cell Transplant 2013). L’autre approche exploite l’exemple de la nature révélé lors de phénomènes d’hibernation. La base de ce phénomène concerne une association d’hypoxie et d’hypercapnie qui finit par le mécanisme peu connu de maintenir les organismes et les tissus pendant longtemps à basse température. De plus, les cellules souches gardent assez longtemps leur fonctionnalité dans les tissus in situ après la mort de l’organisme qui se traduit par le développement de l’hypoxie et de l’hypercapnie suivi d’une baisse de température. Nous avons testé ce principe en exposant les suspensions des cellules CD34+ à l’hypoxie et l’hypercapnie à +4 ◦ C dans un milieu de conservation standard. Cette approche a donné des résultats spectaculaires pour les cellules CD34 mobilisées dans le sang périphérique (Jean et al., Transfusion 2009 ; Ivanovic et al., Transfusion 2010) et pour celles du sang placentaire permettant une conservation correcte des progéniteurs engagés (révélée par leur capacité à former des colonies en méthylcellulose) et des cellules souches (révélée par leur capacité de greffe in vivo – modèle de souris NSG) pendant 10 jours (Vlaski et al., J Cell Physiol 2014). Nous sommes en train d’explorer les mécanismes de ce phénomène afin de concevoir