Effet du renforcement musculaire sur la performance de jeunes footballeurs tunisiens

Effet du renforcement musculaire sur la performance de jeunes footballeurs tunisiens

Science & Sports (2012) 27, 233—236 NOTE BRÈVE Effet du renforcement musculaire sur la performance de jeunes footballeurs tunisiens Effect of streng...

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Science & Sports (2012) 27, 233—236

NOTE BRÈVE

Effet du renforcement musculaire sur la performance de jeunes footballeurs tunisiens Effect of strength training on performance of young Tunisian footballers S. Zouita a, A. Zouita Ben Moussa a,∗, R. Ben Abderrahman a, H. Zouhal b a b

Institut supérieur du sport et de l’éducation physique Ksar-Said, 2010 Manouba, Tunisie Laboratoire mouvement-sport-santé (M2S), UFR-APS, université Rennes 2, 35044 Rennes cedex, France

Rec ¸u le 30 aoˆ ut 2010 ; accepté le 7 juillet 2011 Disponible sur Internet le 19 aoˆ ut 2011

MOTS CLÉS Renforcement postural ; Jeunes ; Football



Résumé Introduction. — L’entraînement à la force a des effets positifs et bénéfiques pour les jeunes sportifs en général et pour les footballeurs en particulier. Objectif. — Notre objectif est de déceler des éventuels effets de la tonification sur la performance physiques des jeunes footballeurs. Méthodes. — Cent footballeurs répartis en deux groupes équilibrés, qui s’entraînent régulièrement au sein des centres sectoriels. Le groupe expérimental composé de sujets qui s’entraînent et suivent un programme de huit semaines de renforcement musculaire postural et de tonification dont la durée est de 10 à 15 minutes au cours de l’échauffement à raison de trois fois par semaine. Le groupe témoin sert comme groupe de contrôle qui pratique leurs séances d’entraînement régulièrement. Nous avons utilisé les tests suivant : pompe, abdominaux, détente verticale, five-jump test, 30 m vitesse, squat sur une seule jambe et stabilisation sur saut comme moyen d’évaluation pré- et postentraînement de la force. Résultats. — Nous avons obtenu une amélioration statistiquement significative entre les tests T1 et T2 chez le groupe expérimental et en comparaison par rapport au groupe témoin pour le test pompe, abdominaux et test stabilisation sur saut à p < 0,05. Conclusion. — Même si nos résultats ne sont pas significatifs sur l’ensemble des tests, nous avons atteint un autre objectif, peut-être plus important ; celui d’attirer l’attention des entraîneurs sur l’importance de ce travail de posture et de correction de l’attitude par la tonification et le gainage musculaire. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Auteur correspondant. Adresse e-mail : amira [email protected] (A. Zouita Ben Moussa).

0765-1597/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.scispo.2011.07.005

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KEYWORDS Strengthening postural; Youth; Football

S. Zouita et al. Summary Introduction. — The strength training has positive effects and benefits for young athletes in general and for footballers in particular. Objective. — Our objective is to detect possible effects of toning physical performance of young footballers. Methods. — One hundred players divided into two groups who exercise regularly field in sectoral centers. The experimental group comprised of subjects who exercise and follow a program of 8 weeks of postural muscle strengthening and toning with a duration of 10—15 min during the heating at a rate of three times a week. Control group practice their workouts regularly. It was used to test the following: pump, abdominal, vertical jump, Five-jump test, 30 m speed, squat on one leg and jump stabilization as a means of assessing pre- and poststrength training. Results. — We obtained a statistically significant improvement between tests T1 and T2 in the experimental group and compared with the control group: test pump test abdominal stabilization jump at P < 0.05. Conclusion. — Although our results are not significant on all the tests, we have achieved another goal, perhaps more important, of attracting the attention of coaches on the importance of this work and posture correction of attitude by muscle toning. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction Le renforcement musculaire joue un rôle non négligeable dans la formation générale du jeune footballeur pubère. De nombreux jeunes n’atteignent pas leur potentiel de performance parce qu’il leur a manqué, pendant la formation, les stimulations nécessaires au développement harmonieux de leur musculature. Le concept de renforcement musculaire est large ; il englobe la tonification et la musculation ; c’est un ensemble de méthodes d’entraînement physique qui ont en commun la recherche d’une intervention sur les propriétés du système musculaire, à des fins de transformations différentes : entretenir ou développer la musculature dans un objectif de santé ou de performance. Il est possible d’acquérir ces compétences sans appareil de musculation (sauf petits matériels) et par l’utilisation presque exclusive du poids du corps. Les conclusions relatives aux effets bénéfiques de l’entraînement à la force chez les adolescents, tout en tenant compte des particularités de l’organisme en croissance, sont constamment positives. La prise de position de diverses associations [1] et des articles de synthèse [2] sont unanimes : l’entraînement à la force en général et de tonification chez les jeunes pubères améliore la force de base et l’endurance musculaires, s’il est surveillé par une personne qualifiée, utilise la bonne technique, progresse graduellement et comporte des périodes appropriées de réchauffement et de refroidissement. Au lieu de contribuer à des blessures, ce type d’entraînement peut réduire l’incidence et la gravité des traumatismes sportifs [2], enfin, il peut avoir un effet positif sur d’autres paramètres de la santé et du conditionnement physique et réduire le risque de blessure pendant la phase suivante du travail ultérieur d’initiation à la musculation avec charge qui débute vers 15—16 ans [3]. L’objectif est également de répondre aux besoins de la pratique du football, par un renforcement adapté de l’ensemble des muscles participant aux mouvements, la contention des articulations sollicitées et le maintien d’un équilibre intersegmentaire et le développement musculaire équilibré pour résister aux agressions liées essentiellement

à la grande répétitivité des actions courantes de cette activité sportive ainsi qu’aux différents chocs. L’intégration d’un renforcement musculaire postural et de stabilisation du corps basés sur des exercices qui exigent de l’équilibre est essentielle pour optimiser la performance physique ; cette capacité de garder ou de contrôler une position du corps et permet d’améliorer la force produite, la puissance et la coordination. La musculation complémentaire est un élément de prévention parmi d’autres [3]. La seule pratique du football ne peut prétendre générer sa propre préparation physique, générale et spécifique, et se suffire à elle-même. Compte tenu des contraintes physiques et traumatiques, le renforcement musculaire fait partie intégrante de la formation. Notre proposition s’inscrit dans le cadre du suivi des jeunes footballeurs de niveau régional, âgés de 14—15 ans, faisant partie des centres de formation sectoriels, sélectionnés et intégrés vers l’âge de 13—14 ans pour une formation qui durera trois à quatre ans. Ils suivent un entraînement physique souvent basé essentiellement sur le développement de l’endurance et de la vitesse, à raison de cinq séances par semaines et avec une compétition en fin de semaine. L’objectif de cette étude est de déceler les effets de huit semaines de travail de tonification et de gainage sur la performance de jeunes footballeurs tunisiens.

2. Matériels et méthodes Notre programme d’entraînement de la force et de tonification de huit semaines est appliqué au tronc et aux membres, pour une durée de 15—20 minutes en phase d’échauffement. Les participants sont en nombre de 100 répartis équitablement en deux groupes : groupe expérimental et groupe témoin. Ils sont l’objet d’un bilan initial, dont les mesures anthropométriques (Tableau 1 : taille debout, assis, longueur des membres inférieurs, poids, indice de masse corporelle (IMC) et pourcentage de masse grasse) ; les contre-indications (problèmes articulaires, tendino-musculaires ou douleurs) vérifiées. Le suivi comporte une évaluation initiale et des bilans d’étape, permettant d’attester des progrès [3]. Les tests

Effet du renforcement musculaire sur la performance de jeunes footballeurs tunisiens Tableau 1

G TEM G EXP

235

Les valeurs moyennes de caractéristiques anthropométriques du groupe témoin (G TEM) et expérimental (G EXP). Âge (ans)

Taille

MC (kg)

LMI

IMC

% MG

14,60 ± 0,51 14,21 ± 0,71

167,34 ± 8,7 170,56 ± 4,3

60,80 ± 5,24 60,36 ± 6,42

89,60 ± 3,62 91,50 ± 4,15

18,71 ± 1,32 19,71 ± 0,45

18 ± 0,02 17 ± 0,07

LMI : longueur membre inférieur ; IMC : indice de masse corporelle ; %MG : pourcentage de matière grasse.

3. Résultats Nous avons obtenu une amélioration statistiquement significative entre les tests T1 et T2 chez le groupe expérimental et en comparaison par rapport au groupe témoin pour le test pompe (Fig. 1), abdominaux (Fig. 2) et test stabilisation sur saut (Fig. 3) à p < 0,05.

25 20

EXP

15

TEM

10 5 0 T1

T2

Figure 2 Représentation graphique du test (T1) et retest (T2) du nombre d’abdominaux pour le groupe expérimental et témoin (*p < 0,05).

4. Discussion Ce programme de formation physique des jeunes doit comprendre l’apprentissage, le perfectionnement et la répétition adaptée d’un ensemble d’exercices de tonification, ce qui permet un gain de temps considérable pour leur entraînement physique ultérieur [5]. La phase pubertaire, 14—15 ans, catégorie minime, présente une période optimale pour ce travail. L’élaboration du programme, en conformité avec la littérature, a respecté les principes : nombre illimité des exercices appropriés à la grosseur du corps du jeune pubère, à son niveau de conditionnement et à son expérience des techniques d’exercices [3]. Les jeunes qui commencent à s’entraîner à la force doivent choisir des exercices qui correspondent à leurs capacités. C’est pourquoi il est raisonnable de commencer par des exercices simples et progresser graduellement vers des exercices plus complexes. L’intensité et le volume de l’entraînement ont un effet direct sur les adaptations et dépendent d’autres facteurs comme l’ordre des exercices, la vitesse des répétitions et la durée de la période de repos [5]. Dans les

28 24

10

20 EXP

16

TEM

12 8

EXP

6

TEM

4 2

4 0

8

secondes

Nombre de pompes

32

30

nombre d'abdominaux

de terrain sont réalisés après huit semaines de renforcement postural et de stabilisation ; ils comprennent un test des abdominaux (ABDO), un test pompes (POM), l’indice de détente verticale (IDV), cinq jump test, un test de vitesse sur 30 m, des épreuves de balancement et de stabilisation (squat sur une jambe, affaissement de l’accroupi, stabilisation sur saut). Ces tests sont largement détaillés dans la littérature et ne nécessitent que très peu de matériel. Ce programme d’entraînement est réalisé pendant la période : compétitive (mars à avril), dure huit semaines à raison de trois séances/semaines. Chaque séance dure 15 à 20 minutes au cours de l’échauffement [4]. Concernant le choix des exercices, il est raisonnable de commencer par des exercices simples et de progresser graduellement vers des exercices plus complexes à mesure que la compétence et la confiance s’améliorent [3]. L’ensemble des articulations doit être sollicités. On pratiquera des exercices de stabilité globale du tronc, mettant en jeu les chaînes antérieures et postérieures, les ceintures scapulaires et les membres inférieurs (décubitus ventral, costal et dorsal). Il faut être particulièrement vigilant sur la correction des postures et du placement segmentaire.

T1

T2

Figure 1 Représentation graphique du test (T1) et retest (T2) du nombre de pompes pour le groupe expérimental et témoin (*p < 0,05).

0

T1

T2

Figure 3 Représentation graphique du test et retest des performances en secondes du test saut genou fléchi pour le groupe expérimental et témoin (*p < 0,05).

236 publications courantes, on reconnaît en général qu’il faut s’entraîner à la force avec une intensité variant de faible à modérée, deux ou trois fois par semaine en sautant des jours, en effectuant d’une à quatre séries de six à 20 répétitions de six à 12 exercices et en exécutant en général des mouvements d’une amplitude complète. Ainsi, si les associations sportives et médicales reconnaissent maintenant que l’entraînement à la force est efficace et bénéfique pour les adolescents [3]. À la suite de notre programme de renforcement de tonification et de gainage, nous avons obtenu des améliorations significatives sur certains tests physiques, principalement : nombre de pompe et de redressement du tronc et test de stabilisation sur saut. Les deux premiers tests reflètent une amélioration au niveau de la ceinture scapulaire et tronc et le troisième test du stabilisation sur saut exprime peutêtre les gains obtenus suite aux programme de renforcement suivi par nos jeunes dans la littérature. En effet dans la littérature, on préconise que les améliorations attribuables à l’entraînement étaient plus évidentes dans certains cas et plus importantes au bas du corps qu’au haut du corps et chez les sujets qui s’entraînaient deux jours par semaine. Pour les tests de stabilisation, qui constituent d’ après la littérature, la meilleure fac ¸on de démarrer avec la pliométrie l’intégration d’un programme d’exercices qui exigent de l’équilibre permet d’incorpore la pliométrie dans un programme d’entraînement, la principale inquiétude quant à prévenir la blessure est la force suffisante dans les muscles stabilisateurs. Ces derniers sont essentiels pour optimiser la performance et prévenir les blessures sportives [6].

5. Conclusion Nous avons essayé de faire admettre l’importance du travail de renforcement, de tonification et de stabilisation sur la performance physique des jeunes footballeurs âgés de 14—15 ans. Ce type de travail semble avoir un effet sur certains groupes musculaires tel que le tronc et la ceinture scapulaire à condition qu’il soit scientifiquement et

S. Zouita et al. pédagogiquement programmé en fonction, d’une part, des capacités et potentiel physique du jeune footballeur pubère et, d’autre part, en corrélation directe avec la pratique de la discipline, les objectifs visés et la catégorie d’âge. En conclusion, même si nos résultats ne sont pas significatives sur l’ensemble des tests, nous avons atteint un autre objectif, peut être plus important ; celui d’attirer l’attention des entraîneurs sur l’importance de ce travail de posture et de correction de l’attitude par la tonification et le gainage musculaire. Ce travail ne peut qu’être qu’efficace sur tous les plans pour ceux qui vont être les seniors de demain.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références [1] Gomez J, Johnson MD, Martin TJ, Rowland TW, Small E. Strength training by children and adolescents. Am Acad Pediatr 2001;107:1470—2. [2] Malina RM. Weight training in youth - growth, maturation and safety: an evidence-based review. Clin J Sport Med 2006;16:478—87. [3] Behm DG, Faigenbaum AD, Falk B, Klentrou P. Prise de position de la Société canadienne de physiologie de l’exercice : l’entraînement à la force chez les enfants et les adolescents. Physiol Appl Nutr Metab 2008;33:1—2. [4] Soligard T, Myklebust G, Steffen K, Holme I, Silvers H, Bizzini M, et al. Comprehensive warm-up programme to prevent injuries in young female footballers: cluster randomised controlled trial. BMJ 2008;337:24—69. [5] Faigenbaum A. Resistance training for children and adolescents: Are there health outcomes? American Journal of Lifestyle Medicine 2007;1:190—200. [6] Pikosky M, Faigenbaum A, Westcott W, Rodriguez N. Effects of resistance training on protein utilization in healthy children. Med Sci Sports Exerc 2002;34:820—7.