Faisabilité et résultats des bandelettes sous-urétrales après échec des injections trans-urétrales dans l’incontinence urinaire d’effort de la femme

Faisabilité et résultats des bandelettes sous-urétrales après échec des injections trans-urétrales dans l’incontinence urinaire d’effort de la femme

Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 710–713 TRIBUNE DES INTERNES Faisabilité et résultats des bandelettes sous-urétrales après échec des i...

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Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 710–713

TRIBUNE DES INTERNES

Faisabilité et résultats des bandelettes sous-urétrales après échec des injections trans-urétrales dans l’incontinence urinaire d’effort de la femme Feasibility and results of mid-urethral sling surgery after transurethral injections for stress urinary incontinence in women M. Cayrac a,*, K. Ben Naoum b, P. Costa b, P. Mares a, R. de Tayrac a a b

Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Carémeau, place du Professeur-Robert-Debré, 30029 Nîmes cedex 9, France Service d’urologie, hôpital Carémeau, place du Professeur-Robert-Debré, 30029 Nîmes cedex 9, France

Disponible sur Internet le 27 octobre 2010

Résumé Objectifs. – Évaluer la faisabilité et les résultats de la pose de bandelette sous-urétrale (BSU) dans l’incontinence urinaire d’effort (IUE) de la femme après échec des injections trans-urétrales. Patientes et méthode. – Étude rétrospective. Onze patientes ont bénéficié d’une pose de BSU après échec d’au moins une injection trans-urétrale, de janvier 2005 à février 2008. Résultats. – La durée moyenne opératoire était de 26 minutes (20–35). Il n’y a pas eu de complication per-opératoire, ni de difficulté particulière de dissection ou de pose. L’évaluation à court terme retrouve un taux de succès de 81 % (9/11). Le recul moyen par rapport à la chirurgie était de 8,5 mois (1–20). Discussion et conclusion. – Le traitement de l’IUE par BSU après échec d’injection trans-urétrale est faisable et non gêné par le matériel injecté. Les résultats à court et moyen terme sont identiques à ceux trouvés dans la littérature. ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Objective. – To assess feasibility and results of mid-urethral sling placement for stress urinary incontinence (SUI) in adult women after transurethral injection therapy failure. Patients and methods. – Eleven patients were operated on for a mid-urethral sling placement after at least one transurethral injection therapy, from January 2005 to February 2008. Injections were performed for moderate non-daily SUI, or according to patient willingness, or for SUI surgical history. Mean age at the time of surgery was 59.9 years (range: 33 to 84). Results. – Mean operative time, including control cystoscopy time during TVT placement, was 26 minutes (20–35). There were no peri-operative complications, nor problems for dissection or tape placement. At a mean follow-up of 9.9 months (5–20), 9/11 (81%) patients were dry with no lower urinary tract disorders. Discussion and conclusion. – SUI treatment by mid-urethral sling after transurethral injections failure is feasible not bothered by the injected material and effective at short-term. ß 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Mots clés : Incontinence urinaire d’effort ; Injection trans-urétrale ; Bandelette sous-urétrale ; TVT ; TOT Keywords: Stress urinary incontinence; Injection therapy; Sub-urethral sling; TVT; TOT

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Cayrac). 1297-9589/$ see front matter ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.gyobfe.2010.09.009

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Tableau 1 Caractéristiques physiques et urodynamiques des patientes avant la BSU. Patientes

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9

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Âge lors de la chirurgie Parité IMC Ménopause THM Antécédents chirurgicaux

66 1 23,5 Oui Oui Non

33 0 36 Non – Non

60 3 26,5 Oui Non HVB

44 2 25,5 Non – TOT

70 2 25,4 Oui Oui Non

48 2 26,9 Non – Non

84 0 NA Oui Non Non

61 3 22,8 Oui Non Non

67 2 24,6 Oui Non Non

Hypermobilité urétrale PCUM (cmH2O) Débit max (ml/s) Nombre d’injection Délai injection-chirurgie (mois)

Oui 36 40 1 4,3

Non 27 29 2 13,3

Oui 34 39 1 20

Oui NA 18 1 9,3

Oui 40 29 1 3

Oui 47 44 1 6,6

Oui 21 20 1 1,6

Oui 23 26 2 2,5

Non 28 34 1 12

54 3 32,8 Oui Non HVB + cure prolapsus Oui 74 22 2 4

11 72 5 22,2 Oui Oui HVH + burch Non 12 NA 2 2,3

Moyenne ou % 59,9 2,1 26,6 72,7 % (8/11) 37,5 % (3/8) 36,3 % (4/11) 72,7 % (8/11) 34,2 30,1 1,4 7,2

IMC : indice de masse corporelle ; THM : traitement hormonal de ménopause ; PCUM : pression de clôture urétrale maximale ; HVB : hystérectomie par voie vaginale ; TOT : trans-obturator tape ; HVH : hystérectomie par voie haute.

1. INTRODUCTION L’incontinence urinaire d’effort (IUE) de la femme est un problème fréquent dont il existerait un retentissement fonctionnel significatif chez près de 25 % des femmes [1]. La chirurgie de la bandelette sous-urétrale (BSU) a révolutionné la prise en charge de l’IUE, en tant que chirurgie mini-invasive, simple, sûre, reproductible. Le soutènement sous-urétral prothétique existe par voie rétro-pubienne, le tension-vaginaltape (TVT), ou par voie trans-obturatrice, le trans-obturator tape (TOT). Les injections trans-urétrales ou péri-urétrales sont une alternative à la chirurgie par BSU. Leur mécanisme d’action repose sur la fermeture du col vésical et l’urètre proximal, provoquant une augmentation de la résistance urétrale. La littérature retrouve un taux de guérison 45 % à court terme et 31 % à long terme [2] pour un délai moyen de trois ans (1,5–6 ans). Toutefois, en cas d’échec, un traitement chirurgical par BSU est indiqué. En 2003, deux auteurs ont rapporté trois cas de TVT après injection [3], ne retrouvant ainsi aucune difficulté à la pose. Le TVT avait été efficace dans tous les cas. Il paraît important d’évaluer la faisabilité et les résultats de la pose de BSU en cas d’échec des injections trans-urétrales. À notre connaissance, notre série est la première qui étudie la pose de BSU après échec d’injectable. Notre étude rapporte une série de 11 cas. 2. PATIENTES ET MÉTHODES Cette étude est rétrospective, réalisée au CHU de Nîmes, de janvier 2005 à février 2008. Onze patientes présentant une IUE avec ou non une composante d’insuffisance sphinctérienne ont été traitées par la pose d’une BSU après échec d’au moins une injection trans-urétrale. Toutes avaient reçu le même produit d’injection, le copolymère dextranomère/acide hyaluronique (ZuidexTM, QMed), selon la technique de l’abord trans-urétral grâce au dispositif ImplacerTM. Les indications étaient une volonté de

reprise rapide des activités professionnelles pour deux patientes, un âge extrême pour trois patientes et une volonté de traitement non chirurgical pour les six autres. Six patientes (54 %) avaient été améliorées transitoirement par cette technique pour une durée allant de 15 jours à cinq mois. Toutes ont ensuite récidivé la symptomatologie. Le bilan pré-opératoire comprenait un examen urogynécologique soigneux, un bilan urodynamique avec débimétrie, cystomanométrie, sphinctérométrie. Les caractéristiques physiques et urodynamiques des patientes sont rapportées dans le Tableau 1. Sur le plan fonctionnel, sept patientes avaient une IUE pure (63,6 %) et quatre une incontinence mixte (36,4 %). Cinq patientes présentaient une insuffisance sphinctérienne associée (45,5 %). Nous définissons l’insuffisance sphinctérienne selon une pression de clôture urétrale maximale (PCUM) < 30 cmH2O. Toutes les patientes avaient des manœuvres de soutènement positives. Le délai moyen entre la dernière injection et la chirurgie était de 7,2 mois (1,6–20). Le choix de la BSU était laissé à la discrétion de l’opérateur, à noter que le TVT est préféré au TOT en cas de PCUM basse [4]. Une seule patiente a bénéficié d’une cure de prolapsus associée, à savoir une rectopexie par cœlioscopie. La sonde vésicale était laissée en place pendant 24 heures avec une mesure du résidu post-mictionnel à l’ablation. La guérison était définie par une disparition des épisodes de fuite urinaire d’effort et une négativation du test à la toux, l’amélioration par une diminution significative des fuites urinaires d’effort et l’échec par l’absence d’amélioration. La satisfaction des patientes a été appréciée à deux reprises par un interrogatoire simple ciblé, lors de la consultation postopératoire à court terme et lors d’un appel téléphonique à moyen terme. 3. RÉSULTATS Les résultats sont colligés dans le Tableau 2. La durée d’hospitalisation a été de 24 heures pour neuf patientes. Les

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Tableau 2 Résultats de la chirurgie par BSU après échec des injections trans-urétrales. Résultats per-opératoires Durée opératoire moyenne (min) Complication per-opératoire Difficulté de dissection Difficulté de pose

26 (20–35) 0 0 0

Durée moyenne d’hospitalisation (jours)

1,54 (1–5)

Résultats post-opératoires immédiats Rétention Douleurs transitoires n (%)

0 3 (27,2 %)

Résultats à distance Succès sur l’IUE n (%) Amélioration n (%) Échec n (%) Urgenturies de novo n (%) Douleurs > 1 mois Dyspareunie Dysurie Érosion vaginale Infection sur bandelette

9 (81 %) 1 (9 %) 1 (9 %) 1 (9 %) 0 0/4 0 0 0

Recul moyen par rapport à la chirurgie (mois)

8,5 (1–20)

anesthésie locale, sans incision chirurgicale, avec une reprise rapide des activités professionnelles. Le coût du traitement par ZuidexTM serait similaire voire réduit par rapport à celui de la pose d’un TVT, à court et moyen terme [8]. Les injections trans-urétrales sont encore très peu utilisées, moins de 1 % de toutes les interventions de l’IUE [9], probablement par défaut d’indication et d’information, les chirurgiens préférant proposer un traitement plus efficace d’emblée aux patientes. Toutefois, même si le taux de réussite de la pose d’une BSU est très intéressant, jusqu’à 97 %, elle ne doit pas être banalisée et doit être bien informée. Outre les complications opératoires ou post-opératoires bien connues [10], elle comporte un taux non négligeable de troubles mictionnels induits, comme la dysurie de novo, jusqu’à 39 %, et urgenturie de novo, jusqu’à 21 %. Les patientes devraient toutes recevoir une information éclairée précise de toutes les techniques de traitement de l’IUE, avec leurs résultats et morbidité, afin de pouvoir participer à la prise de décision thérapeutique. 5. CONCLUSION

deux autres sont restées hospitalisées trois et cinq jours, pour cause de pathologie générale (diabète) et pour surveillance dans le cadre de la rectopexie associée. La durée moyenne d’hospitalisation était de 1,54 jours (1–5). L’évaluation à court terme retrouve un taux de succès de 81 %. Une patiente a été en échec. Nous remarquons qu’elle avait une IU mixte, avec un urètre non mobile, ce qui est un facteur d’échec de cette chirurgie, que la PCUM était à 27 cmH2O pour un âge de 33 ans. Une patiente a eu une amélioration transitoire de 15 jours. Les résultats à moyen terme révèlent le même taux de succès. Toutefois, les patientes avec urgenturies ont conservé cette symptomatologie. Une patiente a présenté des urgenturies de novo.

Les injections trans-urétrales, bien que moins efficaces que la pose d’une BSU, pourraient être proposées en première intention après échec d’une rééducation uro-gynécologique bien conduite chez les patientes désireuses d’un geste non chirurgical, à haut risque chirurgical ou anesthésique, en attente de grossesse, ou souffrant d’une IUE non sévère ou non quotidienne. Toutefois, en cas d’échec des injections, notre étude conclut que la pose de BSU reste possible. La dissection et le placement de la bandelette n’ont pas posé de problème particulier. Les résultats fonctionnels des BSU dans notre étude sont comparables à ceux de la littérature.

4. DISCUSSION

CONFLIT D’INTÉRÊT

La faisabilité et les résultats du traitement chirurgical de l’IUE de la femme par TVT ou TOT ne semblent pas être modifiés par l’antécédent d’injections trans-urétrales préalable. Les injections péri- ou trans-urétrales sont une alternative intéressante à la chirurgie de l’IUE. Elles ne corrigent pas l’hypermobilité cervico-urétrale, ce qui peut être un facteur d’échec pour certains [5]. L’efficacité des injectables paraît modeste, 45 % à court terme [2], impliquant une deuxième série d’injection dans 30 à 40 % des cas, mais la morbidité est minime [6]. On note des complications mineures transitoires comme rétentions urinaires (2 %), hématuries (2 %), infections urinaires basses (5 %) et douleurs. Des complications majeures plus rares, comme les abcès sous-urétraux, ont été retrouvées. La technique à l’aveugle, sans urétroscopie, du dispositif ImplacerTM serait mise en cause, expliquant récemment son retrait du marché [7]. L’intérêt des injections trans-urétrales repose dans un geste simple, reproductible, rapide, fait en chirurgie ambulatoire sous

Les auteurs ne déclarent pas de conflit d’intérêt. RÉFÉRENCES [1] Haab F, Madelenat P, Richard F. Épidémiologie de l’incontinence urinaire d’effort. Corresp Pelviperineol 2003;3:56–7. [2] Stenberg A, Larsson G, Johnson P. Urethral injection for stress urinary incontinence: long-term results with dextranomer/hyaluronic acid copolymer. Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct 2003;14:335–8 [discussion 8]. [3] Fianu-Jonasson A, Edwall L. Stress urinary incontinence: feasibility of surgery after urethral injection. Acta Obstet Gynecol Scand 2003;82:1060. [4] Miller J, Botros S, Akl M, Aschkenazi S, Beaumont J, Goldberg R, et al. Is transobturator tape as effective as tension-free vaginal tape in patients with borderline maximum urethral closure pressure? Am J Obstet Gynecol 2006;195:1799–804. [5] Barranger E, Fritel X, Kadoch O, Liou Y, Pigné A. Results of transurethral injection of silicone micro-implants for females with intrinsic sphincter deficiency. J Urol 2000;164:1619–22. [6] Stothers L, Goldenberg S, Leone E. Complications of periurethral collagen injection for stress urinary incontinence. J Urol 1998;159:806–7.

M. Cayrac et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 710–713 [7] Lightner D, Fox J, Klingele C. Cystoscopic injections of dextranomer hyaluronic acid into proximal urethra for urethral incompetence: efficacy and adverse outcomes. Urology 2010;75:1310–4. [8] Kobelt G, Fianu-Jonasson A. Treatment of stress urinary incontinence with non-animal stabilised hyaluronic acid/dextranomer (NASHA/Dx) gel: an analysis of utility and cost. Clin Drug Investig 2006;26: 583–91.

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