Information et perception des patients au sujet des biosimilaires en rhumatologie

Information et perception des patients au sujet des biosimilaires en rhumatologie

Journal Pre-proof Information et perception des patients au sujet des biosimilaires en rhumatologie ´ Frantzen Jean-David Cohen Sonia Trope´ Morgane B...

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Journal Pre-proof Information et perception des patients au sujet des biosimilaires en rhumatologie ´ Frantzen Jean-David Cohen Sonia Trope´ Morgane Beck Audrey Lea Munos Mariannick Sittler Rita Diebolt Isabelle Metzler Laurent Arnaud Jacques-Eric Gottenberg Christelle Sordet

PII:

S1169-8330(19)30183-8

DOI:

https://doi.org/doi:10.1016/j.rhum.2019.09.008

Reference:

REVRHU 5100

To appear in:

Revue du rhumatisme

Accepted Date:

31 January 2019

Please cite this article as: Frantzen L, Cohen J-David, Trope´ S, Beck M, Munos A, Sittler M, Diebolt R, Metzler I, Arnaud L, Gottenberg J-Eric, Sordet C, Information et perception des patients au sujet des biosimilaires en rhumatologie, Revue du rhumatisme (2019), doi: https://doi.org/10.1016/j.rhum.2019.09.008

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1

Information et perception des patients au sujet des biosimilaires en rhumatologie Léa Frantzen1, Jean-David Cohen2, Sonia Tropé3, Morgane Beck4, Audrey Munos5, Mariannick Sittler6, Rita Diebolt7, Isabelle Metzler7, Laurent Arnaud6, Jacques-Eric Gottenberg6, Christelle Sordet6

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Service de Rhumatologie, Hôpital Emile Muller, GHR Mulhouse Sud Alsace, 20 rue du Dr René Laennec 68 051 Mulhouse, France 2

Service de Rhumatologie, Hôpital Lapeyronie, Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, 371 avenue du doyen Gaston Giraud 34 295 Montpellier, France 3

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Association Nationale de Défense contre l’Arthrite Rhumatoïde, 160 avenue de Fes 34 080 Montpellier, France 4

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re

OMEDIT Agence Régionale de Santé Grand Est, 14 rue du Maréchal Juin 67 000 Strasbourg, France Institut des Métiers et des Technologies, 38 avenue Marcel Dassault 37 206 Tours, France

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Association France Spondylarthrite, Section Alsace, Hôpital de Hautepierre, 1 avenue

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Rheumatology department, Hôpital de Hautepierre, Hôpitaux Universitaire de Strasbourg, 1 avenue Molière, 67 098 Strasbourg, France

Molière, 67 098 Strasbourg, France

Correspondant:

Dr Léa FRANTZEN, service de Rhumatologie, Hôpital Emile Muller, GHRMSA, 20 rue René Laennec, 68 051 MULHOUSE, FRANCE Tel 03 89 64 73 23 or 06 73 23 66 31; Fax 03 89 64 83 22 E-mail : [email protected] or [email protected] Résumé Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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Objectifs : Évaluer l’information des patients au sujet des médicaments biosimilaires et identifier les freins et les leviers à l’adhésion des patients aux biosimilaires. Méthodes : Étude transversale recueillant l’information et la perception des patients suivis en France pour un rhumatisme inflammatoire chronique, qu’ils soient ou non traités par biothérapie. Les données étaient recueillies par un questionnaire disponible en ligne entre Mars et juillet 2017. Résultats : Parmi les 629 patients sondés, 43 % savaient ce qu’était un

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biosimilaire. Les principales sources d’information des patients étaient : les rhumatologues et les associations de patients. Parmi les patients traités par biosimilaire, 44 % n’avaient pas été informés qu’ils allaient recevoir un biosimilaire. Les inquiétudes des patients portaient

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sur la structure moléculaire non strictement identique (46 %), l’efficacité (60 %) et la

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tolérance (57 %) des biosimilaires comparativement au bioréférent. 15 % des participants refuseraient de switcher leur biothérapie pour l’équivalent biosimilaire. Plus de 50 % des

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participants accepteraient une substitution avec des réserves et admettaient qu’ils

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interrompraient le traitement biosimilaire au moindre doute. Une information jugée suffisante au sujet des médicaments biosimilaires et une bonne compréhension de la définition du médicament biosimilaire étaient deux facteurs associés à une meilleure adhésion du patient à la prescription d’un biosimilaire. Le rhumatologue était la source d’information la plus influente et la plus fiable concernant la décision de substitution d’une biothérapie vers son équivalent biosimilaire. Les patients étaient peu favorables à la substitution par le pharmacien (2 %). La problématique médico-économique était à la fois un levier et un frein à l’adhésion des patients à la substitution. Conclusion : Les médicaments biosimilaires sont encore largement méconnus des patients. L’information du patient par le rhumatologue semble jouer un rôle primordial dans l’adhésion des patients au traitement et Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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pourrait permettre de préserver l’alliance thérapeutique en évitant l’écueil d’un éventuel effet nocebo.

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Mots-Clés : bDMARD ; biosimilaires ; information ; perceptions des patients ; traitement

Introduction:

Les biomédicaments ont révolutionné le pronostic des patients atteints de rhumatisme

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inflammatoire chronique. L’utilisation aujourd’hui courante de ces thérapeutiques a

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nettement augmenté le coût de prise en charge des rhumatismes inflammatoires (1,2). En

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s’affranchissant des coûts de recherche, les médicaments biosimilaires ont un profil d’efficacité similaire à celui de leur médicament bioréférent, pour un coût final moindre.

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Toutefois, la structure moléculaire du biosimilaire, non strictement identique au bioréférent, a initialement suscité des inquiétudes, autant chez les médecins que chez les patients. Ces inquiétudes portent notamment sur l’efficacité et la tolérance des biosimilaires comparativement aux bioréférents. Des données cliniques émanant de cohortes de patients « switchés » ont permis de rassurer les rhumatologues (3–5). Les autorités de santé ont mené de larges campagnes d’information pour accompagner les prescripteurs lors de leurs premières prescriptions de biosimilaires (6), menant parfois à de larges politiques de substitution. Toutefois, une étude récente révélait que les rhumatologues semblaient réticents à informer leurs patients, de peur que cette information induise ou majore les

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craintes des patients vis-à-vis des biosimilaires (7). À ce jour, peu d’études se sont intéressées aux connaissances et la perception des patients au sujet des biosimilaires. Ainsi, le groupe français CERBER (Comité d’Etudes et de Réflexion sur les Biosimilaires en Rhumatologie) a mené une étude descriptive transversale afin d’évaluer l’information

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prodiguée aux patients et leurs perceptions de ces thérapeutiques.

Méthodes Critères d’inclusion :

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L’ensemble des patients majeurs suivis en France pour un rhumatisme inflammatoire chronique (Polyarthrite Rhumatoïde ou Spondylarthrite), qu’ils soient ou non traités par

Le questionnaire :

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biothérapie, pouvaient participer à l’étude.

Un questionnaire-patient était conçu par un groupe multidisciplinaire émanant du groupe CERBER et constitué de trois rhumatologues, un pharmacien, un biologiste, trois patients dont deux représentants de l’association AFS (Association France Spondylarthrite) et une patiente experte, ainsi que la directrice de l’association de patient ANDAR (Association Nationale de Défense contre l’Arthrite Rhumatoïde). Le questionnaire est décrit dans la Figure 1. Il évaluait en premier lieu le niveau de connaissances des patients au sujet des biosimilaires et les questionnait sur leurs sources d’information. En second lieu, une section informative permettait de rappeler à l’ensemble des patients les définitions d’un biomédicament et d’un biosimilaire. Cette information avait été conçue par le groupe Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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CERBER spécifiquement à l’attention des patients. On recueillait ensuite les perceptions des patients au sujet des biosimilaires. La dernière partie du questionnaire avait pour objectif d’identifier les sources d’information influentes, les freins et les leviers à l’adhésion des patients à l’initiation d’un traitement biosimilaire et au « switch » d’un biomédicament vers

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son équivalent biosimilaire.

Le questionnaire-patient était disponible en ligne de Mars à juillet 2017. Plusieurs services hospitaliers, rhumatologues libéraux et associations de médecins et de patients ont participé

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à la diffusion du lien web permettant d’accéder au questionnaire en ligne. Des documents

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d’information ont été distribués aux services hospitaliers et aux rhumatologues libéraux. Des liens web étaient publiés sur le site des associations de patients et diffusés par courriel. Les

Ethique et consentement :

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inclusions étaient faites sur la base du volontariat.

Les patients répondant au questionnaire étaient informés des objectifs de l’étude. Leur réponse au questionnaire avait valeur de consentement. Ce travail a reçu un avis favorable du comité consultatif d’éthique. 

Analyse statistique :

Les résultats de l’étude ont été décrits par les variables statistiques usuelles. Afin d’identifier les principaux freins et leviers à l’adhésion des patients au « switch » d’une biothérapie à son équivalent biosimilaire, des analyses statistiques univariées et multivariées ont été menées

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avec un risque α de 5 %, et un risque 1-β de 10 %. Au vu des comparaisons multiples, le risque a été ajusté par la méthode de correction de Bonferroni.

Résultats : 1. Caractéristiques de la population

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Du fait de la large diffusion du lien web permettant d’accéder au questionnairepatient, le taux de réponse n’a pas pu être évalué. À la fin de la période de recueil,

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629 participants avaient répondu au questionnaire-patient. L’âge médian était de 57 ans, et le sex ratio de 3 femmes pour 1 homme. Parmi les 629 participants, 65 %

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souffraient de Polyarthrite Rhumatoïde (PR), et 35 % de Spondylarthrite (SA). La

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plupart des participants (68 %) avaient déjà été traités par un biomédicament mais seulement 7 % avaient déjà reçu un médicament biosimilaire. Les caractéristiques de

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la population sont détaillées dans le Tableau 1. Le diagramme de flux est détaillé dans la Figure 2. Parmi les 629 patients sondés, 273 savaient ce qu’était un biosimilaire. Seuls 44 d’entre eux étaient traités par un biosimilaire. La plupart des 229 patients naïfs de biosimilaires, mais connaissant leur existence, appartenaient à une association de patients (187/229).

2. Niveau de connaissances et sources d’information. Il existait de grandes disparités parmi les niveaux de connaissance des patients au sujet des médicaments biosimilaires. Parmi les 629 patients, 176 (28 %) n’avaient jamais entendu parler des biosimilaires (dont 89 patients traités par biothérapie), 180 (29 %) Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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étaient conscients de leur existence sans savoir ce dont il s’agissait, 211 (34 %) savaient ce à quoi le terme « biosimilaire » faisait référence, et seulement 62 (9 %) se sentaient familier avec la notion de médicament biosimilaire (dont 14 patients actuellement traités par biosimilaire). Un suivi hospitalier, le fait d’être traité par biothérapie, et d’appartenir à une association de patient était des facteurs significativement associés à de meilleures connaissances au sujet des médicaments biosimilaires (p<0.05 ; Tableau 2).

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Parmi les 273 patients conscients de l’existence des médicaments biosimilaires, 65 % se sentaient insuffisamment informés à leur sujet. Parmi les 44 patients traités par

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biosimilaire, 29 (66 %) se sentaient insuffisamment informés. Les principales sources d’information au sujet des biosimilaires étaient les associations de patients (50 %), les

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rhumatologues (39 %), les magazines spécialisés (30 %) et la source internet (20 %)

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(Figure 3).

Les deux sources d’information associées à un sentiment d’information suffisante étaient : le rhumatologue traitant (OR 2,31 ; IC97,5 % [1,35 ;4,00] ; p<0.05) et l’information donnée en séance d’Education Thérapeutique (ETP) (OR 3,67 ; IC 97.5 % [1,61-8,69] ; p<0,05).

3. Information au patient avant le “switch” d’une biothérapie vers son biosimilaire Parmi les 44 patients traités par biosimilaire, seuls 33 % se sentaient suffisamment informés au sujet des biosimilaires. Parmi les 21 patients qui avaient été « switchés » du Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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biomédicament référent vers son équivalent biosimilaire, 4 patients n’avaient pas été informés qu’ils allaient être traités par un médicament biosimilaire. Parmi les 17 patients informés, 4 patients n’avaient pas donné leur consentement. L’information prodiguée aux patients avant prescription du biosimilaire est détaillée dans le Tableau 3. Aucun des 21 patients “switchés” n’avait été informé que la structure moléculaire d’un biosimilaire n’était pas strictement identique à celle du bioréférent. Seulement 35 %

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d’entre eux avaient connaissance de l’existence d’études cliniques démontrant un profil d’efficacité, de tolérance et d’immunogénicité similaires à ceux du bioréférent. De manière

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surprenante, l’argument “il s’agit du même traitement” avait été davantage utilisé dans le cas d’une initiation d’un biomédicament biosimilaire (51 %) que dans le cas d’un switch

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(11 %).

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De l’avis des 629 patients sondés, informer le patient était nécessaire (97 %), utile à l’acceptation du traitement (91 %) et pouvait améliorer l’observance (88 %). 15 % estimaient

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qu’une information donnée pouvait induite ou majorer les craintes du patient. 4. Perspectives des patients au sujet des biosimilaires. Le questionnaire évaluait les perspectives théoriques des patients au sujet du « switch » d’un médicament bioréférent vers son équivalent biosimilaire. Près de 25 % des patients n’avaient aucune crainte à être traité par un biosimilaire. La plupart des patients sondés s’inquiétaient d’une potentielle moindre efficacité (60 %), tolérance (57 %) ou qualité (53 %) comparativement au médicament bioréférent. 88 % contestaient le principe d’extrapolation de l’indication et 49 % préfèreraient disposer de données cliniques d’efficacité et de

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tolérance dans l’ensemble des indications. Le “switch” d’une biothérapie à son équivalent biosimilaire faisait sens pour 35 % des 629 patients sondés. 5. Le rôle clé du rhumatologue La majorité des patients sondés estimaient que le “switch” devait relever d’une prescription médicale (57 %), après discussion entre le rhumatologue et son patient (69 %). Seuls 2 % des

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sondés étaient favorables à la substitution par le pharmacien. Les rhumatologues étaient également considérés comme la source d’information la plus influente au sujet des médicaments biosimilaires (78 %), avant les associations de patients (64 %) et les autorités

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de santés (40 %). 57 % des sondés faisaient confiance à leur rhumatologue concernant la

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décision de “switch” vers un biosimilaire. 11 % craignaient que leur refus d’un biosimilaire fût susceptible d’altérer leur relation avec leur rhumatologue.

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6. L’ambivalence des patients face à la problématique médico-économique.

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L’ensemble des patients sondés (99 %) se disait sensible aux coûts des médicaments. La moitié d’entre eux (47 %) approuvaient le principe de politique de réduction des coûts de santé, mais seuls 21 % n’avaient aucune hésitation concernant les biosimilaires face aux potentielles économies pour le système de santé. En effet, pour 30 % des patients un traitement moins cher serait moins efficace. 7. Perspectives concernant l’adhésion des patients au “switch” d’une biothérapie à son équivalent biosimilaire Les patients étaient invités à imaginer leur réaction si on leur proposait de switcher leur biothérapie pour son équivalent biosimilaire. Parmi les 629 patients sondés, 15 % Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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refuseraient le switch d’emblée. La plupart (55 %) accepteraient le changement avec des réserves portant sur la qualité (52 %), l’efficacité (37 %) et la tolérance (42 %) du traitement comparativement au bioréférent. Certains craignaient une recrudescence d’activité de leur rhumatisme au moment du changement (37 %). Alors que 36 % des patients déclaraient n’avoir aucune crainte vis-à-vis du traitement biosimilaire, ils seraient seulement 15 % à n’avoir aucune crainte dans une situation de « switch ». De plus, 42 % des patients sondés

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admettaient qu’ils se tiendraient vigilants quant à tout changement d’efficacité ou de tolérance, et 23 % d’entre eux interrompraient le traitement au moindre doute.

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8. Facteurs associés aux craintes des patients au sujet des biosimilaires

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Une mauvaise compréhension de la notion de biosimilarité était significativement associée aux craintes d’être traité par un médicament biosimilaire, en analyse univariée (OR 2.10

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[1.15-3.82] 𝑝_𝑢𝑛𝑖𝑣𝑎𝑟𝑖ate =0.0006; 𝑝_𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑣𝑎𝑟𝑖ate= 0.055).

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Les patients qui déclaraient avoir une forte relation de confiance avec le rhumatologue traitant et qui considéraient avoir reçu une information suffisante au sujet des biosimilaires avaient statistiquement moins de craintes de recevoir un traitement biosimilaire (respectivement OR 0,56 [0,34-0,93] 𝑝_𝑢𝑛𝑖𝑣𝑎𝑟𝑖ate=0,018; 𝑝_𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑣𝑎𝑟𝑖ate =0,14 ; et OR 0,53 [0,29-0,95] 𝑝_𝑢𝑛𝑖𝑣𝑎𝑟𝑖ate =0,02 ; 𝑝_𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑣𝑎𝑟𝑖ate = 0,01). En analyse multivariée, avoir reçu une information suffisance était le seul facteur indépendant associé à un plus faible taux de crainte de recevoir un biosimilaire. 9. Freins et leviers à l’adhésion des patients au traitement par médicaments biosimilaires.

Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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Certaines sources d’information et certains arguments étaient considérés par les patients comme plus influents concernant leur adhésion à la notion de « switch ». Les arguments “scientifiques” étaient considérés comme les plus influents, en particulier l’existence de données d’efficacité et de tolérance (47 %), ainsi que la notion de biosimilarité (33 %). Les perspectives en termes d’économies pour le système de santé étaient une autre motivation majeure (20 %). Les sources d’information les plus influentes étaient le rhumatologue

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traitant (considéré comme influent par 78 % des patients), les associations de patients (64 %), et les autorités de santé (40 %).

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Selon les patients sondés, la crainte d’une moindre efficacité (61 %) ou tolérance (71 %) comparativement au bioréférent, ainsi qu’un manque de confiance en l’industrie

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Discussion

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pharmaceutique (40 %) étaient des freins à l’adhésion des patients au switch.

Nous présentons les résultats de la première étude nationale Française recueillant l’information et les perceptions des patients au sujet des médicaments biosimilaires en rhumatologie.

Compte tenu de la diffusion du questionnaire via les associations de patients et de l’inclusion basée sur le volontariat, nous sommes conscients que l’échantillon de patients interrogés n’est probablement pas représentatif de l’ensemble des patients suivis en rhumatologie. En effet, 60 % des patients étaient membres d’associations de patients, première source d’information au sujet des biosimilaires dans cette étude. Le degré de connaissance des Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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patients au sujet des médicaments biosimilaires était, de ce fait, probablement largement surestimé. Les biosimilaires semblent à ce jour encore largement méconnus des patients. Bien que la proportion de patients conscients de l’existence des biosimilaires était plus importante que dans les études précédemment réalisées dans d’autres populations (8–12), seuls 43 % des participants savaient ce dont il s’agissait, et la plupart d’entre eux considéraient que l’information qu’ils avaient reçue était insuffisante. Ce résultat suggère un

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net retard à l’information prodiguée par les communautés médicales et paramédicales. Or, ces sources d’information sont considérées comme les plus fiables selon les patients.

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Si l’EULAR a récemment publié des recommandations en termes d’information des patients au sujet des médicaments biosimilaires, et en termes de recueil de consentement avant

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d’envisager la substitution (13), des études ont révélé que les rhumatologues étaient

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réticents à informer leurs patients (7,9), craignant d’induire des craintes ou encore de dévier l’attention des patients du message principal (par exemple les précautions vis-à-vis du risque

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infectieux). Ainsi, les rhumatologues semblent sélectionner l’information prodiguée. Par exemple, les patients ayant switché leur biothérapie pour un biosimilaire n’étaient pas informés du caractère non strictement identique entre deux thérapeutiques biosimilaires ; ils n’avaient pas non plus connaissance de l’existence de données cliniques d’efficacité et de tolérance au sujet des biosimilaires.

Par ailleurs, cette étude suggère qu’une information donnée pourrait rassurer les patients, renforcer leur adhésion au principe de la substitution, et leur observance aux biosimilaires. Ces résultats pourraient encourager les rhumatologues à davantage informer leurs patients au sujet des biosimilaires lorsqu’ils envisagent la substitution (14-16). En effet, il semble Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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important que ces informations soient médiées par les sources d’information fiables dans une optique de préservation de la relation de confiance entre patient, biomédicament et rhumatologue au sein de l’alliance thérapeutique. Selon certaines études, les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde sont réticents aux changements thérapeutiques, y compris lorsque l’activité de leur rhumatisme le requiert (17), en grande partie car ils craignent une perte d’efficacité ou la survenue d’effets

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secondaires. Dans le cas de la substitution d’une biothérapie vers un équivalent biosimilaire, cette prise de risque peut leur paraître moins acceptable. En effet dans le cas de la

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substitution, ce n’est pas la situation clinique du patient qui motive le changement, mais bien des arguments médico-économiques. Les patients en rémission n’ont donc aucun

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bénéfice direct à espérer dans ce changement, et craignent d’induire une recrudescence

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inflammatoire de leur rhumatisme. On peut également imaginer que le patient ait des difficultés à changer de traitement, se l’étant « approprié » ce qui est un objectif souhaitable

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comme c’est le cas dans l’ensemble des maladies chroniques. Cette étude met également l’accent sur un autre frein à la substitution : par analogie au cas des médicaments génériques, certains patients considèrent les biosimilaires comme des « contrefaçons », des « sous-médicaments ». En effet, la majorité des patients ne différencient pas le coût de production d’un médicament et son coût final (qui comprend les coûts de recherche), et les patients craignent une moindre qualité d’un médicament « bon marché » (18). Certains patients déclaraient qu’ils seraient plus attentifs à tout changement d’efficacité ou événement indésirable. On imagine alors aisément qu’un effet nocebo puisse être induit par un manque de confiance. Le patient pourrait involontairement mal Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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interpréter certains symptômes et attribuer au biosimilaire des effets secondaires indésirables. Certaines études ont déjà suggéré que cet effet nocebo pourrait amener à abandonner un biomédicament pour inefficacité ou intolérance (4,19–21). Il est intéressant de relever l’ambivalence des patients face à la problématique médicoéconomique : l’ensemble des patients se disent sensibles au coût des médicaments, mais ils restent réticents à participer aux politiques d’économies de santé. Cette ambivalence

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découle probablement de la prise de conscience progressive de la menace pesant sur le système de santé Français.

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En conclusion, cette étude souligne le manque d’information des patients au sujet des

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médicaments biosimilaires. Selon les recommandations EULAR, la décision de passer d’une biothérapie à son biosimilaire doit faire l’objet d’une discussion entre le patient et son

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rhumatologue. Le rhumatologue semble jouer un rôle majeur dans l’information au patient, voire dans la sélection des patients susceptibles d’être des bons candidats à la substitution

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comme le suggère la prise de position de la Société Française de Rhumatologie et du Club des Rhumatismes Inflammatoires (22). Nul doute que les données d’efficacité et de tolérance, ainsi que les considérations médico-économiques seront des leviers à l’adhésion des patients au traitement par biosimilaires. Ces éléments devraient permettre d’utiliser les médicaments biosimilaires tout en préservant la relation de confiance entre le patient, son traitement et son rhumatologue.

Perception des patients au sujet des biosimilaires en Rhumatologie

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Figure 2 : Diagramme de flux

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Figure 1 : Description du questionnaire

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Figure 3 : Principales sources d’information des patients au sujet des médicaments

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biosimilaires

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Tableau 1 : Caractéristiques de la population

Sexe Age

Rhumatisme Ancienneté du diagnostic Traitement

Caractéristiques Femme Homme Moins de 30 30 -65 Plus de 65 Polyarthrite rhumatoïde Spondyloarthrite Moins de 5 ans Plus de 5 ans Patients ayant déjà été traités par un biomédicament (bioréférent ou

Niveau d’études

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Métier

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Statut professionnel

-p

Associations Statut marital

Patients ayant déjà été traités par un biosimilaire Exclusivement non-hospitalier Mixte hospitalier non-hospitalier Exclusivement hospitalier Membre d’une association patient Célibataire En couple/Marié Niveau college ou inférieur CAP ou BEP Niveau terminale avec ou sans baccalauréat Niveau Bac + 2 Supérieur à Bac +2 Actif Inactif/Retraité Artisans/Commerçants/Chefs d’entreprise Cadres et profesions intellectuelles Professions intermédiaires Salariés Ouvriers Inactifs/Retraités

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Suivi médical

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biosimilaire)

N = 629 486 143 20 457 152 408 221 145 484 393

% 77,3% 22,7% 3,2% 72,7% 24,1% 64,9% 35,1% 23,0% 77,0% 62,9%

44 172 191 266 376 173 456 20 135 134 145 195 303 326 42 191 233 68 72 23

7,0% 27,3% 30,4% 42,3% 59,8% 27,5% 72,5% 3,2% 21,5% 21,3% 23,0% 31,0% 48,2% 51,8% 6,7% 30,4% 37,0% 10,8% 11,3% 3,6%

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Tableau 2 : Facteurs associés à un niveau de connaissances plus élevé au sujet des médicaments biosimilaires

OR 1,44 0,93 1,83 3,89 1,92 2,01

IC 0,98-2,13 0,63-1,37 1,29-2,60 1,45-13,12 1,36-2,71 1,37-2,97

p-value 0,06 0,69 <0,05 <0,05 <0,05 <0,05

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-p

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Caractéristiques Niveau d’études (+/-) Ancienneté du diagnostic (>5a/<5a) Patient traité par bDMARD (o/n) Patient traité par biosimilaire (o/n) Membre d’une association de patients (o/n) Suivi hospitalier (o/n)

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Tableau 3 : Information donnée au patient avant prescription d’un médicament biosimilaire Information prodiguée

Patients traités par biosimilaire (initiation ou switch)

Patients passant du bioréférent vers son équivalent biosimilaire (switch)

72,0% 51,1% 17,9% 32,1%

70,6% 11,0% 0% 35,3%

44,4% 55,6%

47,1% 52,9%

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-p

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Le mot « biosimilaire » a été prononcé Il s’agit du même traitement La structure moléculaire n’est pas strictement la même Les études montrent des profils d’efficacité et de tolérance similaires entre bioréférent et biosimilaire C’est un traitement générique Le mot « générique » n’a pas été prononcé

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