LETTRE A LA Rg'DACTION
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Intoxication par Amanita Proxima & propos de trois cas
Observation Au cours du mois d'octobre 1992, trois membres d'une m~me famille (la grand-m~re, la m~re et la lille), ~g6s respectivement de 80, 50 et 20 ans, consomment chacun un plat de champignons blancs identifies comme champignons des pins ou Amanites Ovoides comestibles. En fair, ces champignons s'av~rent etre des Amanita Proxima, vari6tfis toxiques de l'Amanite Ovo~de. Environ neuf heures apr~s l'ingestion, apparaissent des troubles digestifs ~ type de vomissements incoercibles associ6s ~ de violentes douleurs abdominales sans diarrh~e qui nficessitent l'hospitalisation en urgence de ces trois patientes. A l'admission, leur ~tat hfimodynamique est stable et le reste de l'examen clinique est sans particularitfi. Par contre le bilan biologique est fortement perturb6 sur le plan h~patique et r6nal (Tabl. I). On note une cytolyse h6patique avec prfidominance des TGP, dont le pic se situe la 30 ~ heure apr~s l'ingestion, une hyperazotfimie avec hypercr~atin6mie pr~coce ainsi qu'une hyperleucocytose neutrophile relativement filev~e. Une d6contamination digestive par Charbon Activfi (50 g toutes les 4 heures) est d~but~e. Darts la journfie suivant la prise de champignons s'installe un tableau d'insuffisance r6nale avec oligo-anurie puis anurie complete chez la m~re et la grand-m~re, malgrfi une diur~se osmotique et l'administration de furos~mide. L'~chec des diff6rentes tentatives de relance de la diur~se implique le transfert de ces trois patientes en milieu sp~cialis6. Une fipuration extrar~nale est n~cessaire chez les deux patientes plus fig~es, la reprise de la diur~se s'effectuant entre le 4 ~ et le 8 ~ jour. La patiente la plus jeune r6cup~re une diur~se efficace sous furosfimide. L'fitude histologique de la biopsie rfinale montre une tubulopathie interstitielle aigufi. Le bilan h~patique se normalise spontan~ment en trois jours et l'ensemble des autres crit~res biologiques reviennent fi leurs valeurs normales au bout d'un mois. Les suites sont simples pour ces trois patientes.
Re(~u en mars 1994, accept6 en mai 1994.
Tableau I
ROsum6 d'observation
Age Sexe Antdc~dents Incubation S. digestifs H6patolyse D6but le I'IRA Polynucl~ose Cr~at.#mol H +24 TGP UI/I LDH Ul/I Echo. abdo. Diur~se ml/j Traitement Reprise Diur~se
J.A.
S.A.
M.R.
51 F 0 9h --I- + + 30 e h 12 e h 17 500
28 F 0 9h ++ 30 e h 12 e h 16 100
80 F DNID 9h 0 30 e h 12 e h 14 100
560 456 2 365 Nle 0 hd j+4
1 444 347 1 600 Nle 300 laxilix*
813 100 1 085 Nle 0 dpi j+8
hd : h6modialyse dpi: dialyse pdritondale intermittente DNID : diab~te non insulino-d~pendant
Discussion Si les Amanites sont r~put~es, ~ juste titre, ~tre des champignons dangereux, l'Amanite Ovoide reste un champignon comestible et largement consomm6 dans nos r6gions du Sud et du Sud-Ouest. Cependant, l'Amanite Proxima individualis6e de l'Amanite Ovoide depuis quelques ann6es est encore peu connue des cueilleurs de champignons qui l'assimilent aux vari~t~s de champignons blancs comestibles. Ce n'est que par certains caract~res botaniques pr6cis (Tabl. I1) et par l'analyse des spores en microscopie dectronique que l'on peut diff6rencier l'Amanita Proxima de l'Amanite Ovo[de. La toxine, actuellement non isol6e, provoque une atteinte r6nale identique ~ l'Orellanine des Cortinaires [1]. Thermostable, elle aurait une structure chimique proche des toxines des Amanites mortelles [2]. Le d6lai d'apparition des premiers sympt6mes (sup~rienr six heures) laisse presager, fi juste raison, de la gravit6 de l'intoxication, et justifie l'indication d'une hospitalisation en milieu sp~cialis6. I1 semble que contrairement ~ l'atteinte r~nale, l'atteinte digestive et plus particuliSrement h6patique ne soit pas ROan. Urg., 1995, 4 (2), 185-186
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Lettre 9 la r6daction Tableau
II
En conclusion, le risque 6vident de confusion m e m e pour les personnes averties entre une A m a n i t e Ovo'fde comestible et une Amanite Proxima toxique tend ~ conseiller d'6viter impdrativement la consommation d'Amanites blanches.
Description comparative entre Amanita Ovo'(de et Amanita Proxima [3] OvNde Terrain G~ographie Couleur Taille Lamelles Spores Anneaux Volve Odeur
Proxima
calcaire calcaire S. S.W. S. S.W. blanche blanche OvNde plus gral 1de que Proxima blanches blanches blanches blanches farineux membraneux jaun&tre orangee de mar6e plus fade
REFERENCES [1] DELPECHN. -- Neph., 1991, 12, 63-66. [ 2 ] ANDARYC. -- Les intoxications par les champignons. Ed. Arceaux, 1991, 49, 121. [3]MERLO EG. -- I nostri funghi - le Amanite. ed. Sagep, 1983, 72-73. C. CASSAN, C. ROYANEZ,M. BISSET, C. QUINTIN, J.-M. BERTHEZENE, J.-L. TONELLOT
considfir6e c o m m e un facteur aggravant du pronostic. L'utilisation de t r a i t e m e n t antitoxiques ou oxydor6ducteurs n ' o n t pas d~montr6 leur efficacit~ dans ce g e n r e d'intoxication.
Service des Urgences (Dr J.L. Tonellot), C.H.U. de Montpellier HOpital Lapeyronie 321, Av. Doyen Gaston-Giraud 34295 Montpellier cedex 5.
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R6an. Urg., 1995, 4 (2), 185-186