La fin de l’imagerie systématique dans les pyélonéphrites et prostatites ?

La fin de l’imagerie systématique dans les pyélonéphrites et prostatites ?

Médecine et maladies infectieuses 41 (2011) 349 Analyse de la littérature La fin de l’imagerie systématique dans les pyélonéphrites et prostatites ?...

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Médecine et maladies infectieuses 41 (2011) 349

Analyse de la littérature

La fin de l’imagerie systématique dans les pyélonéphrites et prostatites ? Do we still need imaging in case of pyelonephritis and prostatitis? Groupe bibliographique de la SPILF Disponible sur Internet le 23 avril 2011



van Nieuwkoop C, et al. Predicting the need for radiologic imaging in adults with febrile urinary tract infection. Clin Infect Dis 2010;51(11):1266–72.

Objectif Évaluer l’intérêt de l’imagerie réalisée à l’admission d’un patient présentant une infection urinaire fébrile. Population et méthodes • Étude prospective observationnelle multicentrique. • Huit services d’urgences dans sept hôpitaux néerlandais. Inclusion de tous les adultes présentant une probable infection urinaire fébrile de janvier 2004 à novembre 2008. • Identification des facteurs associés à une imagerie significative, définie par : ◦ les problèmes urgents, comme une pyonéphrose, un abcès rénal ou une lithiase obstructive ; ◦ les problèmes urologiques non urgents mais ayant un impact sur la prise en charge. • Mise au point d’une règle de prédiction d’une imagerie significative (cohorte de dérivation puis de validation). Principaux résultats Trois cent quarante-six patients ont été inclus ; 71 % d’entre eux ont eu une imagerie des voies urinaires (268 échographies et 81 scanners), significative dans 19 % des cas ; 75 % de ces examens ont été réalisés dans les 72 heures suivant l’admission. Les trois facteurs associés de manière indépendante en analyse multivariée à un résultat d’imagerie significatif (14 problèmes urgents et 32 non urgents) étaient : un antécédent de lithiase urinaire, un pH urinaire supérieur ou égal à 7,0 et une clairance de la créatinine MDRD inférieure ou égale à 40 mL par minute L’absence de ces trois facteurs avait une valeur prédictive négative de 99 % pour exclure un problème urgent, et de 93 % pour exclure une imagerie significative. L’application de cette règle de prédiction aurait permis de réduire de 40 % le nombre d’examens d’imagerie pour la cohorte étudiée. Commentaires Ce travail apporte des données intéressantes, car peu d’études ont évalué de manière prospective l’intérêt des résultats d’imagerie pour la prise en charge thérapeutique des patients présentant une infection urinaire fébrile ; ces études notaient une prévalence d’anomalies significatives inférieure à 20 % [1,2]. La mise au point d’une règle de 0399-077X/$ – see front matter doi:10.1016/j.medmal.2011.03.005

prédiction est utile, même s’il aurait été intéressant d’avoir plus que sept variables incluses dans l’analyse multivariée (la variable « sepsis sévère ou choc septique » n’a ainsi par exemple pas été étudiée). Une description détaillée des critères définissant une imagerie significative aurait également été utile. Une fièvre persistant de plus de 72 heures après antibiothérapie adaptée n’apparaît pas comme un facteur associé à une imagerie significative dans cette étude, contrairement à d’autres travaux [1,2], possiblement parce que la majorité des abcès ont ici été drainés précocement. Pour les prostatites, si l’imagerie peut être évitée en urgence dans certains cas d’après les résultats de cette étude, la fréquence des anomalies du bas appareil nécessitant une prise en charge urologique [3,4], surtout chez l’homme de plus de 45 ans [5], nécessite probablement de réaliser une imagerie de manière différée pour détecter une uropathie sous-jacente et mesurer le résidu postmictionnel. Pour la pratique Les recommandations Afssaps de 2008 pour la prise en charge des infections urinaires communautaires de l’adulte conseillent la réalisation d’une échographie des reins et des voies excrétrices dans les 24 heures. Les résultats de ce travail, s’ils sont confirmés par d’autres études, pourraient permettre de réduire notablement les indications d’imagerie en urgence dans les infections urinaires fébriles. Références [1] Kanel KT, et al. The intravenous pyelogram in acute pyelonephritis. Arch Intern Med 1988;148(10):2144–8. [2] Wang IK, et al. The use of ultrasonography in evaluating adults with febrile urinary tract infection. Ren Fail 2003;25(6):981–7. [3] Andrews SJ, et al. Ultrasonography and abdominal radiography versus intravenous urography in investigation of urinary tract infection in men: prospective incident cohort study. BMJ 2002;324(7335):454–6. [4] Ulleryd P, et al. Selective urological evaluation in men with febrile urinary tract infection. BJU Int 2001;88(1):15–20. [5] Abarbanel J, et al. Urinary tract infection in men younger than 45 years of age: is there a need for urologic investigation? Urology 2003;62(1):27–9. Céline Pulcini Service d’infectiologie, faculté de médecine de Nice, CHU de Nice„ université de Nice Sophia-Antipolis, BP 3079, 06202 Nice cedex 03, France Adresse e-mail : [email protected].