M#decine et Maladies Infectieuses --1985 --~I Ibis - 687 & 688
Le granuiome inflammatoire. Sa signification. par C. NEZELOF** et F.VILDE**
Mots~l~s : Granulomes -
Macrophages -
(Inflammatory
Les I~sions granulomateuses observ~es en clinique et pathologie humaine regroupent, le plus souvent en un territoire limit~, des leucocytes, des lymphocytes de route origine et de tous types, des macrophages ainsi que des cellules m~senchymateuses accompagnantes : cellules endoth~liales, fibroblastes. Le polymorphisme naturel du granulome est en outre consid~rablement major~ par les transformations et surtout les activations que subissent ces cellules : activation lymphocytaire et macrophagique, ~laboration de m~diateurs (I L1 pour I'es macrophages, I L2 pour les lymphocytes), d~veloppement d'une activit~ phagocytaire et apparition fr~quente de cellules transform~es : cellules ~pith~lioi'des, cellules g~antes. Ces transformations morphologiques sont d'une extreme importance car elles d~noncent ~ la fois I'activation des cellules pr~sentes mais surtout I'existence d'~changes entre ces diff~rentes categories cellulaires pour un but ~vident, celui d'~iiminer t o u t ~l~ment ~tranger. De ce p o i n t de vue, le granulome inflammatoire a pu #tre d#fini ¢omme une association coop#rative de cellules visant ~ circonscrire et si possible #liminer route substance #trang#re ou t o u t #l#ment devenu #tranger. A i n s i le granulome inflammatoire rassemble, en un m~me scenario, t o u s l e s ressorts connus de la r~action inflammatoire et des r~ponses immunitaires. A I'instar de t o u t e r~action inflammatoire, le granuIome inflammatoire est suscit~ par un ~v~nement ext~rieur et ne persiste que dans la mesure o0 cette cause demeure. Par voie de consequence, la persistance de I~sions granulomateuses au sein d'un tissu ou d'un organe, persistance nominee souvent abusivement granulome chronique, d~nonce I'inefficacit~ de ces r~actions de d~fense et la persistance, au moins in situ, des antig~nes responsables.
D~ficits immunitaires.
granulomas ). Ce raisonnement conduit le pathologiste ~ rechercher avec opini~itret~, un agent responsable ou & accuser la d~faillance fonctionnelle d'une cat~gorie cellulaire ou d'une coe p~ration cellulaire. Les I~sions granulomateuses persistantes t~moignent, dans notre experience, des ~tiologies suivantes :
Le caract~re r6fractaire de I'agent responsable. Ce caract6re r~fractaire tient, dans la plupart des cas, sa situation intra-cellulaire, laquelle le protege au moins pendant une grande p~riode de son cycle de I'action des m~diateurs et d'un bon nombre d'antibiotiques: Le bacille de Koch, le bacille de Hansen, les leishmanies, les rickettsies, le Plasmodium, les pasteurelles, les brucelles, les list~ries, les Chlamydiae repr6sentent quelques uns de ces agents vjvant temps complet ou ~ temps partiel, au sein de ces cellules. Beaucoup plus que les polynucl~aires dont la vie est courte, les macrophages repr~sentent le sanctuaire de ces agents. Cependant, I'exp~rience montre que cette situation intracellulaire ne rend pas ces agents totalement invuln~rables dans la mesure oe les m~canismes de bact~ricidie intracytoplasmique demeurent normaux et op~rationnels. Cependant I'exp~rience montre ~galement que les traitements ~ opposer ~ ces agents doivent ~tre prolong~s et ~ventuellement r~p~t~s pour tarir les gftes de ces infections.
* Communication Present~e ~ la reunion des 6 et 7 d~cembre 1985 de la Societe de Pathologie [nfectieuse de Langue franc.aise,tenue & Paris (Universite Xavier Bichat)sur le theme des <{ Infections dues aux microorganismes & devetoppernent intracellulaire )). * * Service d'Anatomie patholegique, Facult~ de M~decine NeckerEnfants Malades, 149 rue de Sevres, F - 7501 5 Paris.
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Le renouvellement permanent des sources antig~niques.
cellules souches mais les effecteurs (m~me si ces d~ficits ne sont pas aujourd'hui clairement identifids) s'accompagnent souvent de Idsions granulomateuses persistantes. Les I~sions cutandes des candidoses muco-cutandes, les inflammations bronchiques, persistantes, escortant ou non des dilatations des bronches au cours des ataxies t~langiectasies reprdsentent de bons exemples de ce type de pathologie. Cependant les Idsions granulomateuses persistantes s'observent avant tout dans les maladies comportant un trouble du chimiotactisme, de I'opsonisation, de la phagocytose et de la bactdricidie endocellulaire. L'archdtype de ces maladies en est la maladie granulomatose chronique familiale : maladie ~ h~rdditd rdcessive lide au sexe, caractdrisde par un trouble de la respiration cellulaire, un ddfaut de production d'H202 et des infections rdp~tdes bactdries catalase+. A cStd de cette maladie, existent d'autres affections d'expression voisine, caractdrisdes par un granulome ombilical persistant, un retard de chute du cordon et un ddfaut de chimiotactisme leucocytaire. Plus exceptionnels sont les cas o~ un d~faut de bactdricidie intdressant exclusivement les macrophages, a pu ~tre ddmontrd. L'inventaire de ces conditions n'est pas clos. Leur ~tude est intdressante car elle permet d'aborder et de pressentir quelques uns des multiples m~canismes conduisant la mort intracytoplasmatique d'un agent dtranger. Le granulome est une r~action ~ la fois inflammatoire et immunitaire visant ~ prdserver I'homdostasie de I'organisme. C'est une rdaction normale. Seules son absence ou sa persistance doivent ~tre tenues pour pathologiques. •
Cette dtiologie ne concerne pratiquement que les maladies avec phdnom~nes d'auto-immunisation. I1'semble d'ailleurs que, dans beaucoup de cas, ces phdnom~nes soient provoquds par un agent infectieux, le plus souvent un virus, qui alt~re I'expression membranaire des groupes tissulaires d'une cat~gorie cellulaire et provoque ainsi I'apparition d'~pitopes nouveaux, lesquels provoquent et entretiennent la rdaction immunitaire. Ce m~canisme apparaTt beaucoup plus frdquent et plus vraisemblable que celui d'une r~action croisde entre un antigdne m icrobien et un antigdnecellulaire,
Les altdrations des r~ponses de I'h6te. Les grands ddfdcits immunitaires, en particulier les ddficits combinds sdv~res, ne s'accompagnent pas volontiers de 16sions granulomateuses. L'absence de reconnaissance antig~nique autorise une dissdmination microbienne et minimise au maximum la r~action inflammatoire. Les septic~mies ~ BCG, observdes chez ces malades, en constituent un bon exemple. Des milliards de mycobactdries occupent les macrophages et les tissus et ne suscitent qu'une congestion et I'afflux d'un nombre limitd de lymphocytes et de macrophages. Des ph~nom~nes de ndcrose peuvent survenir. Ces observations sont peu nombreuses mais captivantes car elles ddmontrent ~ contrario, le r61e d~cisif de I'immunit~ cellulaire et plus Particuli~rement de lymphocytes T dans I'efficacit~ de la bact~ricidie intra-macrophagique. En revanche, les ddficits immunitaires frappant non pas les
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