Le juge Bao est arrivé en France…

Le juge Bao est arrivé en France…

Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2011) 12, 207—208 BD ET DOULEUR Le juge Bao est arrivé en France. . . Judge Bao arrived in France Pat...

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Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2011) 12, 207—208

BD ET DOULEUR

Le juge Bao est arrivé en France. . . Judge Bao arrived in France Patrick Sichère Hôpital Delafontaine, 2, rue Pierre-Delafontaine, 93200 Saint-Denis, France Disponible sur Internet le 26 juillet 2011

Adresse e-mail : [email protected] 1624-5687/$ — see front matter doi:10.1016/j.douler.2011.03.004

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P. Sichère L’incorruptible et efficace juge chinois, qui a vécu sous la dynastie des Song du Nord entre 960 et 1126, se présente à nous grâce à un duo original : le scénariste franc ¸ais Patrick Marty et le dessinateur pékinois Chongrui Nie.

PS : Pouvez-vous d’abord nous faire une sorte d’état des lieux de la bande dessinée en Chine aujourd’hui ? Patrick Marty : Émerge une toute jeune génération laquelle s’ouvre d’abord à l’occident en raison de problèmes de diffusion en Chine. Dans le même temps, les Chinois redécouvrent la bande dessinée. Il y eut en effet une période florissante correspondant aux années 1970—80 pendant laquelle la BD servait de support à toutes sortes de messages d’ordre pédagogique. La BD mettait à la portée des gens des œuvres littéraires comme le Comte de Monte-Cristo ou Notre Dame de Paris comme les mathématiques ou la propagande. Puis, les mangas japonais ont envahi le marché faisant disparaître la BD chinoise dans les années 1990. Il faut dire que le dessin des mangas contrastait avec l’aspect quelque peu figé du dessin chinois d’alors. Chongrui Nie : Les chinois sont en effet de plus en plus attirés par la BD franco-belge. La BD européenne a pour moi une valeur esthétique, une certaine profondeur. Elle est le résultat d’une quête artistique différente de la BD américaine qui prône le simple divertissement, l’héroïsme. Je suis déjà venu en France cinq ou six fois et j’ai découvert que la BD européenne a plus de 100 ans alors que la BD chinoise ne se développe que depuis une dizaine d’années environ.

PS : Comment s’est construite votre collaboration ? PM : J’ai été contactée par l’éditrice Xu Ge Fei qui m’a proposé d’écrire des histoires pour la bande dessinée sachant que j’en réalisais pour le cinéma ou la télévision. Ensemble nous sommes allés en Chine à la fois pour chercher des dessinateurs et des idées. Après beaucoup de recherche je suis tombé sur ce personnage : le juge Bao.

PS : Qui est ce juge Bao ? PM : Je me revois dans un taxi à Pékin en train de demander à Xu Ge Fei s’il était connu en Chine, et elle d’éclater de rire en me répondant qu’il était en effet célèbre pour les 1 milliard 300 millions de chinois ! Il y a mille ans donc, l’empereur Ren Zong donne au juge Bao les pleins pouvoirs pour lutter contre la corruption qui gangrenait toutes les couches de la population et donc pour aider les opprimés. Accompagné d’une véritable équipe incorruptible comme lui, il est donc parti en croisades sur les routes de l’Empire. C’est cela que nous racontons.

PS : De quelle formation avez-vous bénéficié dans votre Chine natale ? CN : En fait je suis né à Calcutta et mes parents sont retournés en Chine en 1946, puis se sont installés à Pékin en 1953. J’ai toujours dessiné et aimé dessiner, mais en autodidacte, car je ne pouvais exercer ce métier. J’ai été mécanicienréparateur de voiture jusqu’en 1979, année durant laquelle j’ai pu entrer dans un studio d’animation. Ce n’est que de 1984 à 1986 que j’ai pu fréquenter l’université Normale de Pékin où l’on étudie les Beaux-arts, le dessin, la sculpture. À partir de là, j’ai pu illustrer des contes chinois, faire de la bande dessinée.

PS : Qu’aimez-vous dessiner ? CN : J’aime illustrer les histoires fantastiques, justement des histoires de fantômes, les ambiances « gothiques ». Ainsi avant Juge Bao, prévu en neuf volumes aux éditions Fei, j’ai fait paraître en franc ¸ais deux albums : La Belle du Temple Hanté et le Fils du Marchand aux éditions Xiao Pan.

PS : Quelle est votre technique de travail pour Juge Bao ? CN : La dédicace pour votre revue est faite à l’encre de chine mais pour Juge Bao je travaille autrement. Aux éditions Fei : Juge Bao, trois volumes parus : Le phœnix de Jade, Le Roi des enfants, La Belle empoisonnée.