Le Plan AVC 2010–2014

Le Plan AVC 2010–2014

Pratique Neurologique – FMC 2011 ; 2 : 3-5 Éditorial Le Plan AVC 2010–2014 The French 2010–2014 National Stroke Survey A ttendu depuis la publicat...

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Pratique Neurologique – FMC 2011 ; 2 : 3-5

Éditorial

Le Plan AVC 2010–2014 The French 2010–2014 National Stroke Survey

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ttendu depuis la publication en octobre 2009  du rapport ministériel sur la prévention et la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC)1, le plan d’actions national «  Accidents Vasculaires Cérébraux 2010–2014 » a été officiellement annoncé le 21 avril 20102. Il fait suite à une série d’initiatives institutionnelles autour des AVC, telles que les circulaires DHOS du 3 novembre 2003 et du 22 mars 2007 relatives à la place des unités neurovasculaires (UNV) dans la prise en charge des AVC3, ou encore la création d’un volet AVC spécifique dans les schémas régionaux d’organisation sanitaire.

Un Plan hautement justifié L’importance et la légitimité d’un Plan AVC ne peut échapper à personne, tant il est vrai que le terme de « problème de santé publique », trop souvent galvaudé, 1 Synthèse du rapport à Madame la Ministre de la Santé et des Sports. La prévention et la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux en France : http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/ AVC_-_synthese_seule_rapport_final_-_vf.pdf. 2 Plan d’action national « Accidents Vasculaires Cérébraux 2010–2014 » : http://www.santesports.gouv.fr/IMG/pdf/plan_actions_AVC__17avr2010.pdf. 3 Circulaire DHOS/04/2007/108 du 22 mars 2007 relative à la place des unités neurovasculaires dans la prise en charge des patients présentant un accident vasculaire cérébral : http://www. circulaires.gouv.fr/pdf/2010/06/cir_31324.pdf.

© 2011 Publié par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.praneu.2010.12.005

correspond à la réalité en matière d’AVC. Aucune autre affection ne peut en effet revendiquer un tel impact sur la mortalité (première cause chez les femmes), sur le handicap physique (première cause chez l’adulte) et sur les fonctions cognitives (cause majeure de démence après la maladie d’Alzheimer). Environ 225 000 personnes sont classées en affection de longue durée (ALD) « AVC » par le régime général de l’assurance maladie, chiffre qui ne reflète qu’une partie du poids social de l’affection, car de nombreux autres demeurent inscrits en ALD au titre d’une maladie vasculaire antérieure (coronaropathie, diabète, etc.). Les AVC représentent par ailleurs un coût annuel estimé à plus de huit milliards d’euros, et les coûts en ALD-AVC dépassent d’un tiers ceux en ALD-Alzheimer. Enfin, la moitié environ des lits d’hospitalisation réservés à la neurologie est occupée par des patients victimes d’un AVC récent. Au-delà de ce constat de santé publique, la nécessité d’un Plan national sur les AVC tient aussi aux progrès considérables en matière de prise en charge, qu’il s’agisse de prévention, de traitements de phase aiguë ou de rééducation. Les progrès peinent cependant à bénéficier au plus grand nombre, car l’organisation de la filière de prise en charge est complexe du fait des nombreux acteurs.

Une concertation multidisciplinaire La multiplicité des compétences utiles a rendu nécessaire la participation de nombreux soignants à l’élaboration du Plan

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AVC : neurologues spécialisés dits « neurovasculaires » représentant la Société française neurovasculaire (SFNV), mais aussi neuroradiologues, urgentistes, cardiologues, médecins rééducateurs et professionnels paramédicaux impliqués dans la rééducation/réadaptation. Les principales institutions médicales et médicosociales ont également été mobilisées, en particulier la Haute Autorité de santé (HAS), l’Assurance maladie, et les Agences régionales de santé (ARS). Le rôle de ces dernières est particulièrement important pour la déclinaison régionale : l’AVC ayant été défini comme un axe prioritaire de travail par le ministère, les ARS sont tenues de prendre toutes les mesures nécessaires à l’application du Plan.

Un contenu large Le Plan AVC se décline comme un programme de 17 grandes actions, ellesmêmes regroupées en quatre axes.

Axe 1 : amélioration de la prévention et de l’information de la population Cet axe prévoit notamment des campagnes de sensibilisation du grand public, des supports d’information pour des publics aussi divers que les patients porteurs facteurs de risque vasculaires ou les collégiens, de manière à favoriser un recours immédiat au centre 15 en cas de suspicion d’AVC.

Axe 2 : amélioration des filières et mise en place de systèmes d’information adaptés L’objectif est ici de réduire les inégalités territoriales et de rendre plus fluide la filière. Les ARS jouent ici un rôle majeur pour l’ouverture d’UNV selon les besoins de la population régionale, ainsi que la mise en place d’un réseau par télémédecine permettant une prise en charge adéquate dans les hôpitaux ne disposant pas d’UNV, tout particulièrement en vue des décisions de thrombolyse. Pour permettre un maillage adéquat du territoire national, le Plan AVC prévoit un total de 140 UNV en 2014 (pour

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environ 90 ouvertes à ce jour). Les structures d’aval et en particulier médicosociales doivent être développées et coordonnées. Cet axe prévoit également la prise en charge particulière des AVC de l’enfant (environ 500 cas par an en France), selon une organisation superposable à celle des centres « maladies rares ». Enfin, cet axe du Plan jette les bases d’une consultation « bilan post-AVC » systématique, entre le deuxième et le sixième mois après l’accident, pour passer en revue l’ensemble des conséquences de l’AVC, et notamment celles difficiles à apprécier à la phase aiguë (troubles cognitifs, séquelles sensorielles, conséquences psychologiques chez le patient et les aidants). Les contours de cette consultation restent à préciser, mais on sait que les compétences multiples seront nécessaires à ce stade. Des expériences pilotes sont prévues dans un premier temps.

Axe 3 : amélioration de l’information et de la formation de professionnelles La SFNV a depuis longtemps réfléchi et mis en place des formations neurovasculaires spécifiques : un diplôme interuniversitaire (DIU) neurovasculaire médical (en deux ans) et un DIU neurovasculaire paramédical (en un an). Le Plan AVC est l’occasion de repenser les contenus de la formation médicale spécialisée, pour réfléchir aux besoins futurs, en particulier en matière de traitements novateurs (thrombolyse intra-artérielle). La SFNV s’est attachée à cette réflexion, en partenariat avec d’autres professionnels tels que les neuroradiologues. Cet axe de travail a aussi pour but, en partenariat avec la HAS, d’améliorer les pratiques tout au long de la filière de soins, avec l’aide d’indicateurs reproductibles et d’utilisation aisée.

Axe 4 : promotion de la recherche et équilibres démographiques des professionnels Le rapport précédant la publication du Plan AVC avait bien montré le découplage entre la problématique majeure que représente l’affection et la place qui

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lui est accordée en France, en matière de recherche : le soutien n’a pas été jusqu’à présent à la hauteur des enjeux. Un premier pas a été de créer, depuis 2010, une ligne spécifique « AVC » au sein du Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC). Le Plan AVC vise aussi à favoriser une collaboration plus étroite entre la recherche fondamentale et la clinique : un comité spécifique, sous la double égide du ministère de la Santé et du ministère de la Recherche doit être installé prochainement.

Un Plan à la hauteur des enjeux ? Pour les professionnels impliqués dans la prise en charge des AVC, l’impression laissée par le lancement du Plan AVC est mitigée. Il est d’emblée apparu que ce plan, ministériel et non présidentiel, ne

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bénéficierait pas des mêmes dotations que le Plan Cancer ou le Plan Alzheimer. Au total, une dotation de 134 millions d’euros a été annoncée, ce qui ne sera évidemment pas suffisant à mettre en place des filières de qualité sur tout le territoire. La mobilisation de toute la communauté neurologique devra se maintenir, sans arrière-pensée. Il est de notre responsabilité à tous que la pathologie neurologique aiguë grave la plus fréquente soit prise en charge de la meilleure des façons dans nos structures de soins.

M. Zuber Président de la Société française neurovasculaire Service de neurologie et neurovasculaire, groupe hospitalier Paris–Saint-Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75674 Paris cedex 14, France Correspondance [email protected]

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