PRt~PARATION DES CONODONTES PAR MANIPULATION EN MILIEU LIQUIDE
par
BRUNO VRIELYNCK*
R6sum6
Abstract
La m6thode pr6conis6e pour la pr6paration des conodontes am61iore la pr6servation de ces microfossiles tr~s fragiles. Les manipulations des conodontes d6gag6s de leur gangue s6dimentaire s'effectuent, non plus ~ l'air libre off les frictions et les chutes sont ~t craindre, mais dans l'eau distill6e ce qui accroSt le nombre d'indfiddus totalement pr6serv6s.
Described processing for preparation of conodonts improves the well-preservation of very fragile specimens. In classical procedures freed conodonts are airy moved without any technical care of rubbing and falling. In the new exposed technique freed conodonts are moved under distiled water ; the previous inconveniences are avoided and the well-preserved conodonts number is increased.
MOTS-CLI~S : CONODONTES, D]~GAGEMENT, MANIPULATION. KEY-WORDS : CONODONTS, ATTACK, MANIPULATION.
Introduction
Si les m6thodes #n6ralement utilisges pour la preparation des conodontes (1, 2, 3 et 4) sont efficaces pour le d6gagement des 616ments de leur gangue s6dimentaire, au contraire les manipulations pr6conis6es pour le pr61~vement des particules non dissoutes et le tri nuisent ~ leur bonne pr6servation. Dans la m6thode classique, les op6rations d61icates s'effec-
tuent ~ l'air libre et les conodontes les plus fragiles, en particulier ceux qui poss6dent de longues apophyses, ne r6sistent pas aux frottements et aux chutes si minimes soient-ils. Les proc~d~s pr6sent6s ici permettent de manipuler les conodontes en milieu liquide ; les risques encourus sont r6duits et le nombre d'individus totalement pr~serv6s se trouve accru.
* Centre de Pa16ontologie stratigraphique et PaMo6cologie, LA 11 du CNRS, Universit6 Claude Bernard (Lyon I), 43 bd du 11 novembre, 69622 Villeurbanne Cedex (France).
G6obios, n ° 15, fasc. 1
p. 97-100, 3 fig.
Lyon, f~vrier 1982
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I -
S~paration
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des conodontes
Des conodontes peuvent ~tre trouv6s dans presque toutes les roches s6dimentaires. Deux op6rations successives permettent de s6parer les conodontes de leur gangue • le broyage des 6chantillons et le d6gagement des microfossiles. a) le broyage : l'6chantillon (250 g de roche au moins pour une 6tude stratigraphique de reconnaissance) est broy6 A la masse ou au broyeur ~t m~choires afin d ' o b t e n i r des gravillons dont la courbe granulom6trique ait un mode voisin de 10 mm. S'il s'agit de carbonates les gravillons sont ensuite lav6s sur un tamis 5 mm et le r6sidu s6ch6/~ l'6tuve.
du s~diment
l'acide est dilu6 entre 10 et 20 o70 ; ainsi pr6par6 un litre d'acide est actif durant 12 heures au moins pour 500 g de gravillons. Au terme de l'ol~ration une boue s'est d6pos6e au fond du becher ; d a n s le cas d'une attaque acide, on la pr61~ve en moyenne toutes les 12 heures sinon les conodontes d6gag6s seront eux aussi attaqu6s.
--becher
b) le d~gagement des eonodontes : quelle que soit leur nature lithologique les gravillons sont d6pos~s dans un <
> (fig. 1) plac~ dans un becher.
tube de plastique perfor~ toile plastique de maille lrnm
- les s6diments argileux ou p61itiques sont recouverts par du p6trole ou du calgon et subissent une d6sagr6gation sans friction ; les carbonates sont soumis /t une attaque acide : soit l'acide ac6tique ( C H 3 C O O H ) si la gangue est calcaire, soit l'acide formique ( H C O O H ) si la matrice est dolomitique. Quelle que soit sa formule
II
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Pr~l~vement
Fig. 1 -
Sch6madu <>. Schema of <>.
du r~sidu
~
La boue obtenue contient des conodontes pour lesquels le moindre choc peut ~tre n6faste. La m6thode suivante supprime le filtrage et le s6chage classiques sur papier filtre et utilise une boite <> contenant de l'eau distill6e qui amortit les frictions et les chutes 6ventuelles. Tout d ' a b o r d un 16ger va-et-vient, de bas en haut, du <> dans le becher (fig. 1) fait glisser la boue rest6e /~ la surface des gravillons. Le <> est ensuite retir6 et peut ~tre plac6 dans une nouvelle solution active. Tandis que la solution us6e et la boue sont filtrges sur un tamis 0,1 mm, la boue recueillie est lav6e sous un mince filet d'eau (eau distill6e si possible). Le reliquat est ensuite vers~ dans une boite <> /L l'aide d ' u n jet mod6r6 d'eau distill6e. Dans l'6ventualit6 o~ la boue est trop abondante une s6paration par liqueur dense (Bromoforme, d = 2,75) peut ~tre envisag6e. Dans ce cas, le reliquat du tamis 0,1 m m e s t vers6 dans la liqueur contenue dans un entonnoir muni ~ son extr6mit6 inf6rieure d ' u n
entonnoir _ _
~.~,
eau + boue romoforme conodontes
tube de caoutchouc pince de Mohr Fig. 2
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Dispositif pour ol~rer la sgparation par liqueur dense. Arrangment used for separation of conodonts in heary liquid.
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tube de caoutchouc ferm6 par une pince de Mohr (fig. 2) (ne pas utiliser d'ampoule de d6cantation, les conodontes se briseraient au passage du robinet). Apr~s d6cantation les conodontes, de densit6 2,8 h 3,1 se
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trouvent dans ta partie inf6rieure de !'appareil. Les microfossil~ sont alors recueillis dans une bo~te Cede P&ri>> dans laquelle, apr~s 6vaporation de la liqueur, on verse de l°eau distill~e.
Tri par micropipetage
Les conodontes pr~lev6s 6tant immerg6s, la m6thode classique de tri h l'aide d ' u n poil de pinceau est inefficace. L'utilisation d'une pipette qui puisse pr61ever 5 #1 et dont l'embout puisse ~tre usin6 s'impose : les micropipettes employ6es pour la manipulation des produits radioactifs et d o n t ! ' e m b o u t est interchangeable sont tout ~t fait adapt6es pour le tri des conodontes.
A
V
La bo~te Cede P6tri>> est dispos6e sur une feuille de carton quadrill6e (maille centim6trique) et color6e, en bleu de pr6f~rence au noir. L'ensemble est observ6 sous la loupe binoculaire au grossissement x 50. La micropipette 6tant r6gl6e entre 5 et 7#1, les conodontes rep6r6s sont pr61ev6s de la fa9on suivante (fig. 3) : plac6 pros du microfossile, l'embout de la pipette est inclin6 de 20 ° d a n s le plan d6fini par la verticale' et la longueur du conodonte (fig. 3A). Une fois 1'616ment aspir6 au sein d'une goutte d'eau, la pipette est relev6e ; le conodonte descend par gravit6 dans la goutte 16g~renaent refoul6e (fig. 3B) et est d6pos6 dans une cellule d'observation off il s6chera avant d'etre ~tudi~.
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/ Fig. 3 -
: Lors du s6chage le conodonte peut 6ventuellement se coller au fond de la cellule ; d a n s ce cas l'apport d'une gouttelette d'eau distill6e permet de le d6coller de la m~me mani~re que s'il 6tait fix6 par de la gomme arabique. Remarque
Micropipetage d'un conodonte. A : position de l'embout de la micropipette par rapport au conodonte. B : microgoutte l~g~rement refoul~e dans laqueUe le conodonte est descendu par gravitY. Pickong of conodont with micropipette. A : positions of micropipette opening and of conodont. B : microdrop slightly flowed back and in which the conodont is settled.
Conclusion
Cette m6thode de pr6paration des conodontes par manipulation en milieu liquide a l'avantage de pr6server les conodontes qui dans les 6tapes de filtrage et de tri classiques, se brisaient g6n6ralement lors des trans-
ferts entre le filtre et la cellule de tri d'une part, entre la ceUule de tri et celle d'observation d'autre part ou encore, apr~s s6chage, lors des essais de s6paration du conodonte des particules de boue agglutin6es.
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R~f~rences
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bibliographiques
(1) BRANSON E.B. & M E H L M.G. - Missouri Univ. Studies, Columbia, 8 (3), 1933, p. 171-259.
(3) COLLINSON C. - Illinois State geol. Surv., Urbana, 343, 1963, 16 p.
(2) HASS W.H. in Moore R.C_Geol. Soc. America and Univ. Kansas Press, Lawrence, W, 1962, p. W3-W69.
(4) F L A M E N T J.M. - D.E.A. Univ. Lille, 1972, 144 p. (in6dit).