Une nouvelle avancée dans la greffe d’îlots pancréatiques La thérapie cellulaire utilisant des greffes d’îlots de Langerhans émerge comme une approche d’avenir dans le traitement du diabète de type 1. Après les réussites récentes des transplantations intra-portales ou intra-hépatiques des précieuses cellules sécrétant l’insuline chez des patients atteints de formes sévères, un travail collaboratif franco-allemand améliore le concept en facilitant les modalités et le suivi fonctionnel de la greffe. Le cas rapporté est celui d’une patiente devenue diabétique après l’ablation de la quasi-totalité de son pancréas pour une cause tumorale (insulinome). L’équipe lil-
loise ayant pris en charge cette patiente a réimplanté les cellules pancréatiques saines provenant de la pièce opératoire dans le muscle de l’avant-bras. Un an après cette procédure audacieuse, cette équipe confirme la reprise de la fonction insulinosécrétrice des cellules greffées, vérifiée lors d’une épreuve d’hyperglycémie provoquée (HGPO), démontrant ainsi une sécrétion d’insuline efficace. Cette même équipe a également utilisé une procédure élégante pour visualiser in vivo les cellules greffées, en utilisant l’expression élevée dans les cellules bêta du pancréas du récepteur au glucagon-like
peptide 1 (GLP-1). Un scanner, couplé à une scintigraphie utilisant un analogue marqué du GLP-1, a ainsi rendu possible la localisation les cellules implantées au niveau du site d’injection et de vérifier leur fonctionnalité après une épreuve à l’arginine. L’association de cette modalité simplifiée d’implantation des cellules de Langerhans et de suivi non invasif au moyen d’un biomarqueur spécifique devrait faciliter l’extension de la thérapie cellulaire appliquée au diabète de type 1.
Pattou F, Kerr-Conte J, Wild D. N Engl J Med 2010;363:1289-90.
ACM anti-CTLA4 : espoir dans le mélanome métastatique Le pronostic des mélanomes malins (MM) métastatiques est catastrophique, avec une médiane de survie inférieure à 1 an en cas de métastases. À ce jour, aucun traitement évalué dans un essai contrôlé de phase 3 randomisé ne s’est montré capable d’améliorer cette médiane. Une avancée pourrait provenir d’une meilleure compréhension de l’échappement immunitaire des cellules cancéreuses, qui a récemment ciblé l’importance de l’antigène CTLA4 dans l’inhibition de la réponse anti-tumorale. Ces données physiopathologiques ont suggéré l’intérêt potentiel d’un anticorps monoclonal antiCTLA4 dans le traitement du mélanome métastatique. Cet anticorps, l’ipilimumab, a donc été évalué en monothérapie ou en association avec le vaccin antimélanosome gp100. Rappelons que ce vaccin, dérivé de protéines de mélanosomes, s’est montré capable d’activer la réponse immunitaire chez les sujets HLA-A*0201, sans toutefois montrer d’efficacité anti-tumorale en monothérapie. L’essai multicentrique international, dont les résultats sont rapportés dans le New England Journal of Medicine, a
inclus entre 2004 et 2008, 676 patients HLA-A*0201 de plus de 18 ans présentant un MM métastatique (stade III ou IV), en progression malgré différents traitements. Les patients ont été randomisés en 3 groupes, devant recevoir l’ipilimumab associé au vaccin gp100 (n = 403), l’ipilimumab seul (n = 137) ou le vaccin
Un gain de survie avec une stratégie vaccin et/ou ipilimumab. gp100 seul (n = 136). L’anticorps était administré toutes les 3 semaines à la dose de 3 mg/kg, avec un maximum de 4 injections en phase d’induction. La médiane de survie globale des patients traités par le vaccin gp100 seul a été de 6,4 mois, contre 10 mois pour les sujets ayant reçu l’ipilimumab associé au vaccin gp100 (HR de décès : 0,68, p < 0,001) et 10,1 mois dans le groupe sous ipilimumab seul (HR : 0,66 ; p = 0,003).
L’ACM améliore légèrement, mais significativement, la survie, sans qu’il y ait de différence amenée par l’adjonction ou non du vaccin. Des effets secondaires de grade 3 ou 4 ont été notés chez 10 à 15 % des sujets sous ipilimumab contre 3 % de ceux recevant le seul vaccin. Quatorze décès ont été imputés aux traitements testés, dont la moitié liés à des effets secondaires de type immunitaire. Si le gain de survie sous ipilimumab semble modeste et s’accompagne d’une toxicité non négligeable, il faut souligner le cas très encourageant de survies prolongées puisque certains des patients inclus le plus précocement sont encore en vie après 6 ans. Cette option thérapeutique utilisant l’anticorps doit donc être approfondie dans d’autres essais au cours du MM métastatique, d’autant qu’il n’existe à ce jour quasiment aucune autre possibilité de prise en charge efficace de cette terrible pathologie.
Hodi FS, et al: N Engl J Med 2010;363: 711-23.
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2011 - N°428 //
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