Lettres à la rédaction
Ann Fr Anesth Réanim 2000 ; 19 : 436–7 © 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés S075076580000215X/COR
Glycopeptide en antibioprophylaxie. Intérêt d’une administration plus précoce ? S. Dareau Service d’anesthésie-réanimation, clinique mutualiste Beausoleil, 119, avenue de Lodève, 34000 Montpellier,France
L’actualisation 1999 des recommandations pour la pratique de l’antibioprophylaxie en chirurgie, comme la conférence de consensus de décembre 1992, préconise l’utilisation des glycopeptides (vancomycine) en cas d’allergie aux bêta-lactamines en chirurgie cardiothoracique, vasculaire, neurochirurgicale, orthopédique et pour la prévention de l’endocardite [1]. La période idéale d’administration de l’antibioprophylaxie est contemporaine de l’induction anesthésique, en raison de la facilité de réalisation (mise en place d’une voie veineuse) et des critères pharmacocinétiques de l’antibiotique utilisé permettant d’obtenir des concentrations tissulaires « efficaces » au site de l’incision chirurgicale [2]. Or les caractéristiques pharmacocinétiques de la vancomycine semblent peu compatibles avec une administration si tardive. En effet, d’une part, la posologie recommandée de 15 mg·kg–1 doit être injectée sur 60 minutes car des hypotensions sévères avec arrêt cardiaque ainsi que des réactions anaphylactoïdes ont été rapportées en cas d’administration trop rapide [3]. D’autre part, le pic plasmatique de vancomycine (Cmax = 20–25 mg·L–1) après une administration de 1 g a lieu deux heures après le début de l’injection… quand le malade est parfois déjà en salle de surveillance postinterventionnelle [3]. De plus, l’activité bactéricide de la vancomycine est lente et temps-dépendante [3]. Enfin, la diffusion osseuse de la vancomycine a été peu étudiée. Pour une dose de 15 mg·kg–1, les pourcentages de diffusion dans l’os compact et l’os spongieux sont respectivement de 7 et 13 %, classant la vancomycine dans les antibiotiques à diffusion osseuse moyenne [3, 4].
Il semble donc, qu’au vu de ses caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, l’administration préopératoire en tant qu’antibioprophylaxie devrait être plus précoce d’au moins deux à trois heures, comme lors de la prophylaxie de l’endocardite bactérienne, d’autant plus que sa demi-vie d’élimination est longue (5 à 11 heures) et couvrira largement la période opératoire en cas de chirurgie prolongée. RE´FE´RENCES 1 Recommandations pour la pratique de l’antibioprophylaxie en chirurgie. Actualisation 1999. Ann Fr Anesth Réanim 1999 ; 18 : 74-98. 2 Garrafo R, Pharm D. Critères pharmacocinétiques du choix d’un antibiotique pour l’antibioprophylaxie en chirurgie. Ann Fr Anesth Réanim 1994 ; 13 : S34-S44. 3 Bille J. Glycopeptides. In : Carbon C, Régnier B, Saimot G, Vildé JL, Yeni P, éd. Médicaments anti-infectieux. Paris: Flammarion ; 1994. p. 223-35. 4 Boselli E, Allaouchiche B. Diffusion osseuse des antibiotiques. Press Med 1999 ; 28 : 2265-76. Ann Fr Anesth Réanim 2000 ; 19 : 436.
À propos de la thermostabilité de la succinylcholine F. Adnet1, L. Lemoyec2, F. Lapostolle1 1
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Samu 93, hôpital Avicenne, URA CNRS 1430, UFR SMBH, 93000 Bobigny, France
La recommandation d’une induction en séquence rapide par les différentes conférences d’experts lors de l’intubation d’un patient à l’estomac plein ou en situation d’urgence, notamment en milieu préhospitalier, rend nécessaire la disponibilité rapide de la succinylcholine [1, 2]. Actuellement, aucun autre curare ne permet sa substitution lors de ce type d’induction. Le problème de la conservation de ce produit à température ambiante est important, d’autant que ce médicament doit être immédiatement disponible. Les fabricants conseillent une conservation entre 4° et 10 °C, ce produit doit donc être placé
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dans un endroit réfrigéré. Les unités médicales hospitalières (UMH) des Samu ou les chariots d’urgence des hôpitaux ne sont pas systématiquement équipés de réfrigérateurs. Il est par ailleurs difficilement concevable de réfrigérer une valise de médicaments d’urgence. L’examen de la littérature montre que ce produit en solution paraît relativement thermostable à température ambiante. Le sel de succinylcholine (iodure ou chlorure) est hydrolysé en deux radicaux cholines et une molécule d’acide succinique. Cette hydrolyse constitue le mode de dégradation. Schmutz et al. ont étudié la stabilité du chlorure de succinylcholine à différentes températures. Dix pour cent du produit actif est perdu lors d’un stockage à 20–26 °C pendant cinq mois et le même pourcentage est perdu lors d’un stockage à 35 °C pendant un mois [3]. La dégradation de cette molécule est diminuée lorsqu’elle est protégée de la lumière. Les auteurs concluent que la succinylcholine peut être stockée à température ambiante et à l’abri de la lumière jusqu’à cinq mois sans risque de dégradation majeure. Une autre étude montre une perte de 7 à 9 % après un stockage à 25 °C pendant quatre et six semaines respectivement. À 40 °C, la dégradation paraît plus rapide et serait de l’ordre de 3,2 % de principe actif par semaine à cette température [4]. La solution à 50 mg·mL–1 (actuellement disponible en France) est stable pendant six mois à température ambiante [5]. La conservation à température inférieure à 10 °C apparaît donc comme
une sécurité concernant la date de péremption de cette molécule. La conservation de ce produit à température ambiante doit être considéré comme tout à fait acceptable pendant six mois. Rappelons que la posologie recommandée de la succinylcholine est comprise entre 1,0 et 1,5 mg·kg–1, la quantité injectée peut donc atteindre la borne supérieure si l’on craint un stockage de longue durée. En conclusion, la succinylcholine peut être conservée sans risque à température ambiante pendant environ six mois, permettant son stockage dans les UMH ou chariots d’urgence. Cependant, un renouvellement semestriel des ampoules non utilisées est nécessaire, rendant indispensable une feuille de traçabilité de ce médicament dans les chariots ou valises d’urgence. RE´ FE´ RENCES 1 Société française d’anesthésie et de réanimation. Indications de la curarisation en anesthésie. Conférence de consensus. Recommandations du jury. Ann Fr Anesth Réanim 2000 ; 19 : fi 34-7. 2 Société française d’anesthésie et de réanimation. Conférences d’experts. texte court. Modalités de la sédation et/ou de l’analgésie en situation extrahospitalière. Ann Fr Anesth Réanim 2000 ; 19 : fi56-62. 3 Schmutz CW, Muhlebach SF. Stability of succinylcholine chloride injection. Am J Hosp Pharm 1991 ; 48 : 501-6. 4 Boehm JJ, Dutton DM, Poust RI. Shelf life of unrefrigerated succinylcholine chloride injection. Am J Hosp Pharm 1984 ; 41 : 300-2. 5 Ross MB. Additional stability guidelines for routinely refrigerated drug products. Am J Hosp Pharm 1988 ; 45 : 1498-9. Ann Fr Anesth Réanim 2000 ; 19 : 436-7