Congre`s national des Observatoires re´gionaux de la sante´ / Revue d’E´pide´miologie et de Sante´ Publique 56S (2008) S356–S375 Discussion et conclusion.– Dans ce « territoire frontière » de la république, la population étrangère est nombreuse et installée depuis dix ans en moyenne. Les motifs de migration sont principalement économiques et familiaux. Les étrangers relatent des obstacles dans l’accès aux soins liés à la précarité de leurs conditions de vie et à l’absence de titre de séjour. doi: 10.1016/j.respe.2008.07.012
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Absence de suivi gynécologique régulier en région parisienne : un cumul d’inégalités individuelles et territoriales ? F. Grillo a,b, E. Cadot a,c, I. Parizot a,d, P. Chauvin a,b,e a Équipe de recherche sur les déterminants sociaux de la santé et du recours aux soins, Inserm UMR S707, Paris, France b UMR S707, université Pierre-et-Marie-Curie–Paris 6, Paris, France c Atelier parisien de santé publique, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre, France d Centre Maurice-Halbwachs, groupe de recherche sur les inégalités sociales (CNRS-EHESS-ENS), Paris, France e Hôpital Saint-Antoine, AP–HP, Paris, France Introduction.– Un suivi gynécologique régulier est un élément important pour la santé des femmes, mais ses inégalités sociales restent mal connues en France. Notre objectif était de décrire les facteurs sociaux et territoriaux en lien avec l’absence d’un tel suivi dans l’agglomération parisienne. Mate´riel et me´thodes.– Cette étude est basée sur une analyse des données de la première vague de la cohorte santé, inégalités et ruptures sociales (SIRS) conduite en 2005 auprès de 3000 adultes représentatifs de la population de l’agglomération parisienne. Des modèles de régression logistique ont étudié les facteurs associés à l’absence de suivi gynécologique parmi les suivants : âge, origine migratoire, niveau d’éducation, couverture maladie, situation maritale. Un modèle de régression logistique multiniveau a étudié l’effet du type de quartier de résidence sur l’absence de suivi gynécologique, après ajustement sur les caractéristiques individuelles précédentes. Re´sultats.– La grande majorité (77 %) des femmes déclare être suivie régulièrement pour les questions de gynécologie. Ce pourcentage diminue sensiblement avec l’âge : seulement 57 % des femmes de plus de 60 ans sont suivies. Il diminue aussi avec le niveau d’éducation et est plus faible chez les femmes sans assurance complémentaire. Les femmes étrangères, mais aussi les Franc¸aises issues de l’immigration, ont un risque significativement plus élevé de ne pas être suivies que les Franc¸aises nées de parents franc¸ais. Après ajustement sur ces caractéristiques, les habitantes des quartiers classés en zone urbaine sensible (ZUS) ont un risque près de deux fois plus élevé de ne pas être suivies que celles habitant dans des quartiers de type « moyen » ou « supérieur ». Ce suivi est très majoritairement réalisé par des gynécologues libéraux dans tous les quartiers, même si les suivis hospitaliers ou en dispensaires et centres de soins sont près de deux fois plus fréquents dans les ZUS et les quartiers de type « ouvrier ». Discussion et conclusion.– D’un point de vue de santé publique, de tels résultats identifient des groupes à risque de non suivi gynécologique régulier et des territoires en situation particulièrement péjorative. Cette identification pourrait permettre de cibler des programmes et des actions dans les domaines suivants : information sur la contraception, prévention des grossesses non désirées, prévention et dépistage des infections sexuellement transmissibles, dépistage des cancers féminins. doi: 10.1016/j.respe.2008.07.013
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Les enjeux sanitaires de la prise en compte de l’habitat mobile pour les gens du voyage G. Loiseau a,b a Département de sciences sociales, université René-Descartes-Paris–5, France b Césam migrations santé, Montpellier, France Mots cle´s : Gens du voyage ; Habitat mobile ; Conditions de vie ; Discriminations Keywords: Travelers; Mobile habitat; Living conditions; discriminations
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Introduction.– L’habitat mobile, lorsqu’il est utilisé comme résidence permanente, est entaché de deux représentations récurrentes. Tout d’abord, considéré d’un point de vue juridique comme étant « l’habitat traditionnel » des gens du voyage, il est largement culturalisé dans sa prise en compte. Par ailleurs, en tant qu’habitat non bâti, il demeure perc¸u comme un habitat précaire et n’est pas considéré comme un logement. Au-delà d’une reconnaissance du mode de vie itinérant, la question du droit à l’habitat mobile mérite une attention particulière de la part des pouvoirs publics, d’autant plus qu’il représente un héritage culturel pour une partie de la population franc¸aise. Mate´riel et me´thodes.– À partir des observations recueillies dans le cadre d’une étude nationale – commanditée par la Direction générale de l’action sociale – sur l’accès aux droits sociaux des populations tsiganes en France, nous nous attacherons à montrer l’impact sanitaire de l’absence ou de la faible prise en compte de l’habitat mobile des gens du voyage. Nous compléterons ces données nationales par des éléments de terrain recueillis par l’association Césam migrations santé, assurant la médiation entre les collectivités locales et les gens du voyage dans l’Hérault. Re´sultats.– Les résultats de l’étude nationale font apparaître des difficultés récurrentes d’inscription de l’habitat mobile à l’échelon local, que cela soit dans le cadre d’une accession à la propriété par les gens du voyage ou d’un stationnement temporaire. S’ajoutent à cela des phénomènes de relégation qui se traduisent par une faible qualité environnementale (pollution sonore ou olfactive, toxicité du sol. . .) des sites d’installation des résidences mobiles. Qu’ils soient installés sur leurs propres terrains ou en itinérance, les gens du voyage rencontrent des difficultés permanentes à satisfaire leurs besoins vitaux, notamment l’accès à l’eau et à l’électricité. Ces difficultés génèrent des conditions de vie dégradées qui ont un impact sur la santé des personnes concernées (stress, maladies cardiovasculaires, difficultés d’accès aux soins. . .). Discussion et conclusion.– Les gens du voyage sont conscients de vivre des « situations à risque » qui découlent majoritairement de l’inapplication des lois relatives à leur mode de vie. L’organisation et les comportements qu’ils adoptent eut égard à leur habitat caravane permet d’affirmer que celui-ci n’est pas en tant que tel générateur d’inégalités de santé, mais que celles-ci sont bien plus à attribuer au traitement accordé, par les pouvoirs locaux, à cet habitat mobile et à la population qui y est associée. doi: 10.1016/j.respe.2008.07.014
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L’aide formelle et informelle rec¸ue par les personnes âgées à domicile B. Davin a,b, A. Paraponaris a,b,c, P. Verger a,b,c a UMR 912, Inserm-IRD, Marseille, France b ORS Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille, France c UFR sciences économiques et de gestion, université de la Méditerranée, Marseille, France Mots cle´s : Personnes âgées ; Activités de la vie quotidienne ; Probit multinomial ; Inégalités sociales ; Aidants informels Keywords: Elderly; Activities of daily living; Multinomial probit; Social inequalities; Informal caregivers Introduction.– Les évolutions démographiques et sociales liées au vieillissement de la population posent la question de l’organisation de l’aide et des soins de longue durée à apporter aux personnes âgées. Reposant traditionnellement sur les proches, la prise en charge s’appuie aujourd’hui sur une plus grande mixité entre aidants informels et professionnels. Néanmoins, le recours à certains types d’aide et de soins reflète parfois des différences sociales. Dans ce contexte, il est important de s’intéresser aux configurations d’aide rec¸ue et de repérer les facteurs médicaux, mais aussi socioéconomiques qui y sont associés. Mate´riel et me´thodes.– L’analyse utilise les données de l’enquête nationale handicaps incapacités dépendance (HID), menée en ménages ordinaires en 1999. Elle porte sur un échantillon de 2277 personnes âgées de 60 ans et plus, ayant déclaré recevoir de l’aide, en raison de problèmes de santé, pour les activités courantes de la vie quotidienne (se laver, s’habiller, préparer les repas, faire les tâches ménagères, etc.). L’étude cherche à identifier, à l’aide d’un modèle probit multinomial, les facteurs médicaux, socioéconomiques et