ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
Actualité en pathologie dermatologique pratique Nicolas Ortonnea,*
RÉSUMÉ
SUMMARY
La dermatopathologie, spécialité de l’anatomie pathologique, s’est considérablement enrichie ces dernières années, du fait du développement des techniques moléculaires applicables sur coupes tissulaires. Après le « boom » de l’immuno-histochimie, qui a révolutionné notre spécialité dans les années 90, se sont développées dans les années 2000 des techniques permettant de marquer in situ les acides nucléiques (techniques d’hybridation in situ) ou d’analyser les transcrits et les gènes après extraction, y compris sur matériel fixé et inclus en paraffine. Ces techniques ont trouvé de nombreuses applications en dermatopathologie pratique, en constante évolution. Ainsi, si la démarche de qualité, le développement de nouveaux marqueurs immuno-histochimiques et la description de nouvelles entités par le biais de l’analyse tissulaire ont contribué à faire évoluer cette discipline, les progrès les plus marquants sont probablement ceux en rapport avec le développement d’outils moléculaires permettant de caractériser les cancers cutanés. Un des meilleurs exemples est celui du mélanome, qui a vu ces dernières années apparaître de nouveaux marqueurs moléculaires utiles pour le diagnostic et le traitement. L’analyse par FISH multicolore des gènes CCND1, MYB1, RREB1, et du centromère du chromosome 6 pourrait ainsi s’imposer dans les laboratoires de pathologie pour le diagnostic des tumeurs ambiguës, et bon nombre de laboratoire ont développé les techniques permettant de caractériser les mutations des oncogènes BRAF et KIT, présentes dans une proportion importante de mélanome et pour lesquelles ont été développées des thérapeutiques ciblées. Mais l’histoire montre qu’une technique d’analyse ne remplace jamais la démarche clinique, et il convient de rappeler que l’analyse des prélèvements cutanés commence par la morphologie et la confrontation anatomo-clinique, pierre angulaire de notre discipline. Dermatopathologie – cancers cutanés – immunohistochimie – hybridation in situ – FISH – biologie moléculaire – marqueurs moléculaires.
1. Introduction Comme dans bien d’autres domaines de la pathologie, la dermatopathologie a considérablement évolué ces dernières années en raison du développement des outils techniques, que ce soient ceux permettant l’identification in situ des Département de pathologie Groupe hospitalier Henri-Mondor – Albert-Chenevier (AP-HP) Faculté de médecine – Université Paris-Est Créteil 51, av. du Mal de Lattre-de-Tassigny 94010 Créteil cedex a
* Correspondance
[email protected] article reçu le 13 septembre, accepté le 10 octobre 2011 © 2012 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.
New trends in practical dermatopathology Dermatopathology, a sub-speciality of Pathology, dramatically evolved these last years, especially because of the development of molecular techniques suitable on tissue sections. Following the “boom” of immuno-histochemistry during the 90s, techniques allowing the in situ staining of nucleic acids have a lot progressed in the last ten years (in situ hybridization techniques), together with the molecular biology techniques applied to fresh, frozen and even formalin fixed and paraffin embedded tissues. These techniques allowed the development of numerous diagnostic tools in practical dermatopathology, which is today more than ever an evolving field. But more than the quality control procedures, the development of new immuno-histochemical markers and the description of new entities through skin biopsies analysis, that all contributed to the development of Dermatopathology, the most striking progresses are probably those that were made in the molecular characterization of skin cancers. For example, the management of cutaneous melanoma has evolved, with new useful molecular markers for the diagnosis and the treatment. The analysis by multicolor FISH of the CCND1, MYB1, RREB1 genes and of the chromosome 6 centromere is now accepted as a new diagnostic tool for the diagnosis of morphologically ambiguous tumors, and many laboratories have developed techniques allowing to characterize the activating mutations of the BRAF and KIT oncogenes, carried by a proportion of cutaneous melanomas, allowing the indication of newly developed targeted therapies. But the story shows that a new technique almost never replaces the previous ones. Especially, it is important to keep in mind that the dermatopathology begins with the morphology and the clinical-pathological confrontation, the cornerstones of our speciality. Dermatopathology – immunohistochemistry – in situ hybridization – FISH – molecular biology – molecular markers.
antigènes ou des acides nucléiques, ou plus récemment ceux issus de la biologie moléculaire. Ces avancées techniques, conjointement à l’activité toujours très productive des dermatologues, dermatopathologistes et chercheurs impliqués dans la biologie cutanée et des maladies de la peau, ont conduit à bousculer certains concepts et à faire REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2012 - N°438 //
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Figure 1 – Exemple de vasculopathie collagène se traduisant par des dilatations des capillaires du derme superficiel, dont la basale est épaisse, lamellaire et colorée par le PAS.
pathologique ni de perspective thérapeutique, plusieurs auteurs ont en effet décrit chez des malades ayant des télangiectasies acquises diffuses un aspect particulier des vaisseaux du derme superficiel, où l’on note un épaississement majeur de la basale, marquée par le PAS (figure 1), et constituée d’un matériel fibrillaire contenant du collagène de type IV [5].
2.1. Lymphomes cutanés et simulateurs
Coloration par l’acide périodique de Schiff, x 400.
émerger de nouvelles entités. Elles ont également permis le développement de nouvelles thérapeutiques dont les indications dépendent de l’analyse tissulaire, impliquant plus que jamais les dermatopathologistes dans la prise en charge des malades. Nous sommes certainement entrés dans une nouvelle ère, celle de la dermatopathologie moléculaire. Et si cette transition progressive a en réalité commencé à s’opérer depuis plus de 10 ans, la tragique disparition de A.B. Ackerman, indéniablement reconnu par la communauté des dermatopathologistes comme le chef d’orchestre de cette discipline pour le 20e siècle [1], marque de façon symbolique ce passage vers la dermatopathologie moderne. Par ailleurs, comme dans tous les domaines de la médecine, la démarche de qualité s’impose progressivement en dermatologie et dermatopathologie. Pour ce qui est de la pratique diagnostique, cela s’est traduit ces dernières années par l’établissement de recommandations pour la pratique clinique, dont certaines traitent des cancers cutanés et de leur prise en charge anatomo-pathologique. C’est en particulier le cas pour les carcinomes basocellulaires et les carcinomes épidermoïdes cutanés. Récemment, des recommandations pour la prise en charge des lymphomes cutanés primitifs ont également été publiées sous l’égide de la Société française de dermatologie [2-4].
2. Nouveaux concepts et nouvelles maladies dermatologiques De nouveaux concepts et de nouvelles maladies, ou formes anatomo-cliniques de maladies connues, émergent constamment, notamment en raison du développement d’outils de diagnostic moléculaire et de l’immunohistochimie. On peut citer à titre d’exemple la description récente d’une nouvelle maladie, la « vasculopathie collagène » qui représente en fait une entité anatomo-clinique manifestement particulière au sein du groupe des télangiectasies progressives acquises. Sans apporter de piste physio-
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C’est probablement dans le domaine des lymphomes cutanés que sont apparus dans les dernières années le plus de nouvelles entités, dont certaines restent encore considérées comme provisoire dans la classification OMS 2008 des tumeurs hématopoïétiques [6]. Il y a maintenant plus de 5 ans que l’on sait, grâce à de nouveaux marqueurs, que l’anciennement dénommé lymphome à cellules NK blastiques correspond en fait à une prolifération de cellules plasmacytoïdes dendritiques (CPD) blastiques néoplasiques. Ces cellules sont maintenant bien caractérisées sur le plan phénotypique et expriment certains marqueurs spécifiques comme CD123, BDCA2 ou TCL1. Cette découverte justifie maintenant l’appellation de néoplasie à cellules plasmacytoïdes dendritiques blastiques qui apparaît dans la nouvelle classification OMS. Des travaux récents nous incitent cependant à la prudence quant à la caractérisation de CPD dans les localisations cutanées d’hémopathies, puisque l’on peut en trouver dans d’autres hémopathies myéloïdes, notamment les localisations cutanées de LMMC [7]. Il existe une certaine confusion dans le classement des lymphomes T exprimant CD8. En effet, à côté des formes CD8+ de mycosis fongoïde, incluant la variante pagétoïde (maladie de Woringer-Kolopp), et de l’exceptionnel lymphome T CD8+ agressif décrit il y a maintenant plus de 10 ans par Berti et al. [6], il existe de multiples lymphomes qu’il était difficile de classer. Il est maintenant admis qu’il existe des formes CD8+ de papulose lymphomatoïde. L’entité a été récemment décrite par Cerroni et al., sous la forme de lésions typiques de papulose lymphomatoïde, cliniquement et histologiquement, à ceci près qu’elles expriment le CD8 et les protéines cytotoxiques TiA1 et/ou granzyme B. Les auteurs de ce travail ont même proposé de distinguer cette variante en introduisant le terme de papulose lymphomatoïde de type D [8], à côté des formes de type A (infiltrat riche en cellules histiocyoïdes), B (mycosis fongoïde-like) et C (riches en cellules anaplasiques). Dans le domaine des lymphomes T cutanés CD8+, il faut mentionner ici une nouvelle entité, décrite en 2009 par Petrella, et qui n’apparaît donc pas (encore ?) dans la classification OMS datant de 2008. Il s’agit de lymphoproliférations T CD8+ localisées presque exclusivement sur les oreilles, parfois bilatérales, et d’excellent pronostic. Les lésions, clonales, sont morphologiquement inquiétantes, constituées de cellules atypiques d’aspect blastique formant une nappe dense et monomorphe, pouvant évoquer un lymphome de haut grade [9]. L’utilisation de plus en plus fréquente des marqueurs des cellules T auxiliaires des follicules lymphoïdes (cellules TFH pour « follicular helper T-cells), utiles pour le diagnostic histologique des localisations cutanées de lymphomes angioimmunoblastiques, a permis la reconnaissance de
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Figure 2 – Lymphome T pléomorphe à petites et moyennes cellules, se présentant sous la forme (à gauche) d’un infiltrat dense de lymphocytes, occupant toute la hauteur du derme, constitué d’une prolifération clonale de lymphocytes T exprimant majoritairement CD4 et pour une proportion des marqueurs de cellules T folliculaires, ici le PD1 (à droite).
Image de gauche : coloration hématéine, éosine, safran, x 25 ; image de droite : immunomarquage révélé par la diaminobenzidine, x 200.
formes cutanées primitives de lymphome T NOS à différenciation TFH [10], proches parfois des lymphomes T NOS de type folliculaire maintenant décrits dans la classification OMS. Comme dans le cas des lymphomes systémiques, cela suggère qu’une partie des lymphomes T non classés, « NOS » de la peau, sont des formes particulières de lymphomes à différenciation TFH, proche sur le plan histogénétique des lymphomes T angioimmunoblastiques. Il reste que de nombreuses zones d’ombres persistent quant au spectre d’expression des marqueurs des cellules TFH dans les infiltrats lymphocytaires cutanés, qui, par exemple, selon une étude récente, sont également exprimés dans les cellules néoplasiques du lymphome T CD4+ primitif pléomorphe à petites et moyennes cellules [11] Cette entité, considérée encore comme provisoire dans la dernière classification OMS, représente également une nouvelle forme de lymphome T cutané primitif. Proches morphologiquement d’un infiltrat réactionnel de type « pseudo-lymphome », les lésions, le plus souvent uniques, sont constituées d’une prolifération lymphoïde majoritairement de phénotype T CD4+, avec des noyaux irréguliers pléomorphes (figure 2). Outre la reconnaissance d’atypies cyto-nucléaires, le diagnostic différentiel avec un simple infiltrat réactionnel pseudo-lymphomateux repose souvent en pratique sur la démonstration d’un clone T. La maladie sclérosante avec hyper-IgG4 (MSHIgG4, Hyper-IgG4 related sclerosing disease) est une entité de
description récente, associant des lésions fibrosantes avec atteinte uni ou multi-organique à des taux plasmatiques élevés d’IgG4. Initialement décrites chez des patients atteints de pancréatite auto-immune, d’autres localisations (sialadénite chronique, fibrose rétropéritonéale et lésions des voies biliaires) ont été par la suite décrites. L’aspect histologique est caractéristique, associant une fibrose, des lésions de vasculite plus ou moins oblitérantes ainsi qu’une infiltration de plasmocytes IgG4+. Dans la peau, les lésions prennent l’aspect d’infiltrats pseudo-lymphomateux riches en plasmocytes IgG4+ et associés à une fibrose (figure 3) [12]. Enfin, toujours dans le domaine des proliférations lymphoïdes réactionnelles posant un problème de diagnostic différentiel avec un lymphome, il faut certainement mentionner les ulcères cutanéo-muqueux EBV+ [13]. Ces lésions fréquemment localisées dans la muqueuse orale se développent chez des sujets immunodéprimés (non VIH et hors transplantation) et se caractérisent par un infiltrat atypique avec parfois des cellules de Reed-Sternberg, exprimant CD30 et associées à l’EBV. Ces tumeurs sont d’évolution indolentes et ne doivent pas être confondues avec un lymphome B associé à l’EBV du sujet âgé ou de l’immunodéprimé, qui peut aussi survenir dans la peau, ou une granulomatose lymphomatoïde. La reconnaissance de cette entité élargit encore le spectre des proliférations lymphoïdes associées au virus d’Epstein-Barr. REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2012 - N°438 //
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Figure 3 – Forme cutanée de maladie sclérosante avec hyper-IgG4, caractérisée histologiquement par un infiltrat réactionnel pseudo-lymphomateux, polyclonal, constitué de multiples follicules lymphoïdes d’allure réactionnelle, associés à une fibrose (images de gauche et en haut à droite), comportant un infiltrat plasmocytaire riche en cellules de phénotype IgG4 (image en bas à droite).
Image de gauche : coloration hématéine, éosine, safran, x 25 ; image en haut à droite : coloration hématéine, éosine, safran, x 200 ; image en bas à droite : immunomarquage révélé par la diaminobenzidine, x 200.
Paradoxalement, ce n’est pas dans les formes les plus fréquentes de lymphomes T cutanés (mycosis fongoïde et variante) que les progrès les plus importants ont été effectués. On est en effet toujours à la recherche de marqueurs de routine du mycosis fongoïde, dont les formes débutantes posent très fréquemment un problème de diagnostic différentiel avec des dermatoses inflammatoires chroniques. L’existence d’une phase leucémique dans le syndrome de Sézary, autre lymphome T cutané épidermotrope, proche en certains points du mycosis fongoïde, a permis la découverte d’un certain nombre de marqueurs moléculaires. En particulier, les cellules néoplasiques de ce lymphome expriment certains récepteurs normalement présents dans les cellules NK, notamment les récepteurs CD158k/KIR3DL2 et NKp46 [14, 15], pour lesquels il n’a pas encore été développé de technique de détection in situ applicable en routine.
2.2. Tumeurs cutanées mésenchymateuses Comme pour les lymphomes, il y a dans le domaine des tumeurs des « tissus mous » pléthore d’entités anatomocliniques. Récemment, s’est ajouté à la longue liste des tumeurs cutanées mésenchymateuse le fibrome dermique
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en plaque CD34+. Cette lésion représente un diagnostic différentiel du dermatofibrosarcome de Darier et Ferrand (DFSP). Elle se présente sous la forme de plaques légèrement pigmentées, indurées localisées sur le tronc ou les membres, histologiquement constituées d’une prolifération de cellules fibroblastiques formant une bande sous l’épiderme, épargnant les papilles dermiques, et exprimant de façon diffuse le CD34 [16]. S’il ne s’agit probablement pas d’une nouvelle entité à proprement parler, plusieurs articles ont récemment souligné l’existence de formes épithélioïdes d’angiosarcomes cutanés [17, 18], qui semblent toucher des sujets plus jeunes que les formes classiques de la tête et du cou, et qui posent un problème majeur de diagnostic différentiel avec une tumeur épithéliale, dans la mesure où la différenciation vasculaire n’est pas toujours évidente au premier coup d’œil, et que ces tumeurs peuvent exprimer des marqueurs épithéliaux. À côté de ces nouvelles entités ou variantes histologiques, il a été montré que certaines tumeurs mésenchymateuses classiquement de présentation extra-cutanée peuvent se localiser dans la peau. C’est le cas pour les mystérieuses tumeurs de cellules épithélioïdes périvasculaires,
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Figure 4 – PECome cutané, formant une tumeur dermique constituée de nappes de cellules claires.
Colorations hématéine, éosine, safran, x 100 à gauche et x 400 à droite.
ou PEComes (figure 4) [19], ainsi que pour les formes dermiques de fasciites nodulaires [20]. Si l’histogenèse des tumeurs fibro-histiocytaires, dont l’histiocytofibrome, tumeur cutanée mésenchymateuse la plus fréquente, est le chef de file, reste mystérieuse, la démonstration récente de l’expression de nestine par les cellules tumorales des DFSP [21] suggère qu’elles dériveraient de cellules souches mésenchymateuses présentes dans le derme. Ce résultat est intéressant sur le plan de la physiopathologie, mais d’un point de vue pragmatique, la véritable avancée effectuée dans le domaine des tumeurs cutanées fibro-histiocytaires reste la mise en évidence de la translocation spécifique des dermatofibrosarcomes. Celle-ci permet notamment de faire le diagnostic différentiel entre DFSP et simulateurs, comme par exemple le fibrome dermique en plaque CD34+ mentionné ci-dessus [16]. Il paraît clair que la localisation dans la peau de certains sarcomes leur confère un pronostic moins péjoratif que leurs homologues profonds. On peut imaginer que cette localisation permet un diagnostic plus précoce, mais il est possible que le microenvironnement dans lequel se développent les cancers, en l’occurrence le derme, joue également un rôle. On peut en tout cas se poser la question pour les leiomyosarcomes cutanés bien différenciés, que certains auteurs proposent actuellement de reconsidérer, du fait de leur excellent pronostic, qui les distingue des formes profondes, sous l’appellation de tumeurs musculaires lisses cutanées atypiques [22].
2.3. Tumeurs mélanocytaires Des avancées considérables ont été effectuées ces dernières années dans le domaine des tumeurs mélanocytaires. Malheureusement, il faut déplorer l’absence à ce jour de marqueur immunohistochimique des mélanomes, dont le diagnostic repose encore essentiellement sur des critères morphologiques. Un espoir a été apporté par la mise en évidence de la perte d’expression de l’IGFBP7 par les mélanocytes malins comportant la mutation classique V600E de BRAF [23]. Des résultats récents ont montré que les nævus comportant la même mutation oncogène de BRAF que certains mélanomes (mutation ponctuelle BRAFV600E) semblent protégés de la transformation cancéreuse par une inhibition de la voie de signalisation des MAP kinases induite par la production d’une chimiokine, qui est secrétée et agit de façon autocrine et paracrine sur les cellules mélanocytaires : l’insuline-like growth factor binding protein 7 (IGFBP7). Cette chimiokine entraîne une mise en sénescence des cellules, avec impossibilité de se multiplier, et son expression semble perdue dans les mélanomes. Ces données appuient l’hypothèse que la sénescence réplicative est le mécanisme par lequel l’organisme maintient à l’état de tumeurs bénignes (nævus) les proliférations mélanocytaires associées à la mutation d’oncogènes. Il s’avère malheureusement que le marquage in situ de l’IGFBP7 n’est pas assez discriminant pour faire le diagnostic de malignité [24]. Le mélanocytome épithélioïde pigmenté (MEP) est une nouvelle entité, proche morphologiquement de certaines REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2012 - N°438 //
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Figure 5 – Mélanocytome épithélioïde pigmenté, diagnostiqué chez un nourrisson de 3 mois, réalisant une tumeur dermique envahissant l’hypoderme (à gauche) et constituée de nappes de cellules mélanocytaires épithélioïdes atypiques fortement pigmentées (à droite).
La fillette est actuellement en bonne santé après simple exérèse chirurgicale et un suivi de 18 mois. Colorations hématéine, éosine, safran, x 25 à gauche et x 400 à droite.
variétés de mélanomes très pigmentés et épithélioïdes (mélanome de type équin) et du nævus bleu épithélioïde, que l’on peut voir chez les malades ayant un syndrome de Carney. Cette tumeur semble d’ailleurs partager avec le syndrome de Carney, une anomalie génétique, qui correspond à la perte sporadique (constitutionnelle pour les Carney) de l’expression de la sous-unité R1alpha de la protéine kinase A, effecteur de la voie de signalisation de l’AMPc. Ces tumeurs se voient volontiers chez l’enfant et le sujet jeune et se présentent histologiquement sous la forme de tumeurs parfois épaisses, constituées d’une prolifération de mélanocytes épithélioïdes atypiques, souvent fortement pigmentés (figure 5). Bien que pouvant métastaser aux ganglions locorégionaux, et malgré leur présentation inquiétante tant cliniquement qu’histologiquement, la plus grande série publiée à ce jour indique un pronostic plutôt favorable, avec un délai de suivi moyen de 67 mois [25]. Il semble donc que le MEP soit une tumeur d’évolution plutôt indolente, même s’il faut probablement considérer que son pronostic est incertain compte tenu du faible recul évolutif disponible dans la littérature [25]. Quel que soit son potentiel évolutif à plus long terme, il paraît d’ores et déjà certain que cette tumeur se démarque largement du mélanome en terme pronostique. Il y a par ailleurs fort à parier que cette entité fera beaucoup parler d’elle car les malades atteints de MEP risquent, si les médecins ne connaissent pas cette entité, d’être traités à tort comme des mélanomes évolués.
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2.4. Tumeurs épithéliales Peu d’avancées ont été effectuées dans le domaine des carcinomes cutanés, à l’exclusion de la découverte récente du virus oncogène MCV (Merkel-cell virus) dans les carcinomes de Merkel [26]. Il reste que cette avancée importante sur le plan de la connaissance de l’oncogenèse de ce cancer aura peu de répercussion dans la pratique diagnostique de routine, dans la mesure où la caractérisation des marqueurs classiques de cette tumeur (marquage en amas paranucléaires des cytokératines, avec un profil CK7-/CK20+, positivité du CD56 et des marqueurs neurondocrines synaptophysine et chromogranine) permet de faire le diagnostic dans la très grande majorité des cas. Cela est d’autant plus vrai que, selon une publication récente, l’utilisation d’anticorps dirigés contre une protéine spécifique de ce virus permet de caractériser les carcinomes de Merkel de façon spécifique, mais avec une sensibilité relativement faible, de moins de 20 % [27].
2.5. Nouvelles thérapies, nouvelles dermatoses La fibrose néphrogénique systémique (FNS, sclerosing nephrogenic dermopathy des Anglo-Saxons) est une entité dont la première description remonte à 2000, maintenant bien caractérisée et mentionnée dans les éditions les plus récentes des ouvrages de référence de dermatologie et dermatopathologie. Le diagnostic de cette maladie s’appuie fortement sur l’histopathologie, qui permet d’objectiver une
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Figure 6 – Localisation cutanée de lymphome angio-immunoblastique. La lésion se caractérise par un infiltrat lymphocytaire périvasculaire dense comportant des lymphocytes à noyaux discrètement irréguliers (à gauche), et dont une proportion exprime la chemokine CXCL13 (flèches, image de droite)
Image de gauche : coloration hématéine, éosine, safran, x 100 ; image de droite : immunomarquage révélé par la diaminobenzidine, x 100.
fibrose dermique associée à une prolifération de fibroblastes exprimant CD34, d’origine débattue. On sait maintenant, notamment grâce à des études en chromatographie, que les lésions ne sont pas dues directement à l’insuffisance rénale ou la dialyse, mais sont en fait associées au dépôt dermique de particules de Gadolinium, utilisé pour réaliser les examens d’imagerie IRM avec contraste. Le dépôt est manifestement favorisé par le processus de dialyse et l’insuffisance rénale, puisque la maladie a été presque exclusivement décrite dans ce contexte. L’agence européenne du médicament (EMEA) a pour cette raison émis dès 2009 de nouvelles recommandations sur l’utilisation des produits de contraste à base de sels de gadolinium, afin de minimiser le risque de survenue d’une FNS chez des patients atteints d’une insuffisance rénale. Ces recommandations ont été établies en fonction du risque de FNS associé à l’utilisation des produits de contraste à base de sels de gadolinium. Il serait difficile ici de citer toutes les complications dermatologiques associées aux nouvelles thérapeutiques dites « ciblées » qui ont émergé ces 10 dernières années, médicamenteuses ou à base d’anticorps monoclonaux humanisés. Certaines de ces thérapeutiques viennent s’ajouter à la liste de médicaments connus pour induire une toxidermie, avec des tableaux cliniques et histologiques bien connus. D’autres ont eu pour conséquence la capacité d’induire des réactions plus spécifiques, dont le diagnostic peut s’appuyer dans certains cas sur une
analyse dermatopathologique. C’est par exemple le cas des folliculites acnéiformes induites par les thérapeutiques inhibant le récepteur de l’EGF (EGFR) [28], ou encore des troubles pigmentaires induits par les inhibiteurs de tyrosine kinase comme l’imatinib [29].
3. Nouveaux marqueurs immunohistochimiques L’immunohistochimie est devenue une technique de routine en pathologie et a trouvé de nombreuses applications en dermatopathologie. Elle n’a cessé de s’enrichir de nombreux marqueurs, et certains nouveaux anticorps utiles en dermatopathologie ont vu le jour ces dernières années. L’immunohistochimie a transformé la démarche diagnostique de certains cancers cutanés. C’est notamment le cas du sarcome de Kaposi. Depuis la découverte en 1994 du virus HHV8, l’agent causal de la maladie de Kaposi, le diagnostic de cette affection s’est considérablement simplifié avec la mise au point d’anticorps dirigés contre ce virus. Pour le pathologiste, le diagnostic de maladie de Kaposi n’est pas toujours évident et parfois seuls des espaces vasculaires presque invisibles, bordés par de rares cellules endothéliales, sont observés aux stades débutants. À l’inverse, il peut être impossible de différencier un sarcome de Kaposi tumoral et un angiosarcome, ces deux REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2012 - N°438 //
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Figure 7 – Syphilis secondaire chez une jeune femme de 19 ans, atteinte du sida, provenant de république dominicaine. Le diagnostic histologique est mal aisé, avec un infiltrat lymphohistiocytaire dermique, associé à quelques polynucléaires, peu spécifiques (image de gauche), alors que l’analyse immunohistochimique spécifique de Treponema pallidum montre la présence de nombreux spirochètes dans l’épiderme et au pourtour des capillaires dermiques (image de droite, flèches).
Image de gauche : coloration hématéine, éosine, safran, x 200 ; image de droite : immunomarquage révélé par la diaminobenzidine, x 200.
affections ayant un pronostic et une prise en charge très différents. L’immunomarquage dirigé contre l’antigène de latence LNA1 permet de s’affranchir de ces difficultés, en montrant la présence du virus dans le noyau des cellules endothéliales. De nombreux autres marqueurs d’intérêt ont vu le jour en cancérologie cutanée, correspondant à des antigènes surexprimés, anormalement exprimés, perdus ou même spécifiques des cellules néoplasiques. Dans le domaine des lymphomes cutanés, l’étude de l’expression de la cytokine CXCL13 (figure 6) permet par exemple maintenant d’identifier les localisations cutanées spécifiques de lymphome T angioimmunoblastique [30]. Récemment, il a été montré que les sarcomes épithélioïdes, aussi bien dans leur variante proximale que distale, perdent l’expression d’INI1, une protéine impliquée dans le remodelage de la chromatine nucléaire codée par le gène SMARCB1 [31]. Ce marqueur est très utile car il s’agit d’un sarcome de mauvais pronostic, touchant volontiers des sujets jeunes et posant de réels problèmes de diagnostic différentiel histologique avec un granulome inflammatoire ou une autre tumeur épithélioïde. Toujours dans le domaine des tumeurs mésenchymateuses, l’utilité du marquage de mdm2 pour le diagnostic des liposarcomes bien différenciés / lipomes atypiques, dont le gène est amplifié dans cette pathologie, n’est plus à démontrer [32]. Il existe encore aujourd’hui peu de marqueurs commercialisés utiles pour la pathologie cutanée infectieuse, la
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plupart spécifiques de protéines virales (CMV, EBV, HSV, HHV8). De façon intéressante, des anticorps dirigés contre le spirochète Treponema pallidum ont été récemment développés [33] (figure 7). Le diagnostic de la syphilis demeure difficile, tant cliniquement qu’histologiquement et les dermatologues ont tous remarqué une recrudescence de cette maladie. Les signes histologiques sont souvent peu spécifiques, si bien qu’il faut savoir évoquer ce diagnostic devant toute dermatose lichénoïde associée à un infiltrat riche en plasmocytes. Jusqu’à la fin des années 90, le dermatopathologiste ne disposait que de colorations spéciales argentiques (Warthin-Starry par exemple) peu sensibles et difficiles à effectuer et à interpréter. La microscopie focale « flottante », (focus-floating microscopy) permettra peut-être, si elle se généralise, de faciliter la recherche d’agents bactériens sur coupes histologiques, améliorant la (faible) sensibilité diagnostique en dermatopathologie infectieuse. Cette technique repose sur l’analyse des coupes histologiques dans leur totale épaisseur, en analysant un même champ microscopique à plusieurs distances focales [34]. Récemment, cette technique a suggéré une origine infectieuse au xanthogranulome nécrobiotique, en montrant la présence de bactéries jusqu’alors jamais identifiées dans ces lésions. Les altérations géniques spécifiques de génodermatoses sont de mieux en mieux connues, et la mise au point d’anticorps spécifiques de leurs produits protéiques permet parfois de
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s’affranchir d’analyses moléculaires. C’est par exemple le cas pour le syndrome de Netherton, une génodermatose caractérisée par une érythrodermie ichtyosiforme néonatale, un tableau cutané de dermatite atopique et des anomalies des cheveux à type de trichorrhexis invaginata (ou cheveux en bambou). Cette affection est due à l’absence de la protéine LEKTI, normalement exprimée par les kératinocytes de la couche granuleuse [35]. La mise au point d’anticorps fonctionnant en immunohistochimie sur coupes en paraffine a révolutionné le diagnostic de cette maladie, particulièrement difficile, se caractérisant par une érythrodermie peu spécifique. L’absence d’expression de LEKTI dans la couche granuleuse, particulièrement au niveau des ostium folliculaires, permet de faire le diagnostic. Cet anticorps n’est malheureusement pas commercialisé pour le moment. La description de la technique de « tissue micro-array » (TMA) ou « puce à tissus » remonte à 1998 [36]. Cette technique illustre le développement d’outils d’analyse à haut débit, comme les « puces à ADN ». Le principe du « TMA » est de regrouper sur un seul bloc des centaines d’échantillons de tissus, permettant alors d’analyser l’expression de protéines d’intérêt par immunohistochimie dans un grand nombre d’échantillons simultanément. Elle trouve donc ses applications essentiellement dans le domaine de la recherche. Dans le cadre de la pathologie tumorale, cette technique se situe notamment en aval des puces à ADN et ARN, permettant de valider l’expression protéique des gènes et transcrits d’intérêts et d’établir une « signature moléculaire » des cancers. Cette technique a bien entendu trouvé de multiples applications en dermatopathologie [37].
4. Développement des techniques moléculaires utiles en dermatopathologie 4.1. Détection de séquences d’acides nucléiques sur coupe : hybridation in situ La technique d’hybridation in situ (HIS) est généralement utilisée pour détecter des séquences d’ARN ou d’ADN, notamment d’origine virale (transcrits Eber du virus d’Epstein-Barr par exemple). La technique de FISH (fluorescent in situ hybridization), en raison de sa sensibilité, est habituellement réservée à l’analyse du génome ou à la détection de virus à ADN. Autrefois pratiquée exclusivement sur des chromosomes métaphasiques et des suspensions de noyaux interphasiques, elle peut maintenant se réaliser sur coupes de tissus. Ces techniques s’effectuent en hybridant une sonde d’ADN marquée (appelée sonde d’hybridation) sur une coupe de tissu. À l’heure actuelle, on utilise des fluorochromes (FISH) ou des sondes complexées à la biotine ou à un autre composant chimique comme la digoxigénine ou le FITC (CISH, chromogenic in situ hybridization). Dans ce dernier cas, la révélation se fait à l’aide de systèmes enzymatiques couplés respectivement à la streptavidine ou à un anticorps secondaire dirigé contre la sonde, rappelant les techniques utilisées en immuno-histochimie. Grâce aux automates de troisième génération, il est maintenant possible d’automatiser certaines techniques d’hybrida-
tion in situ, comme cela se fait de façon courante depuis de nombreuses années pour l’immunohistochimie. La recherche de virus oncogènes, comme les papillomavirus ou le virus Epstein-Barr, nécessaire à la classification de certains lymphomes, se fait de manière courante par cette technique. Concernant les virus HPV, leur détection a peu de place dans la démarche diagnostique ou thérapeutique, mais elle reste un élément important en recherche ou pour des études épidémiologiques. Les avancées les plus récentes utilisant ces techniques ont été faites dans le domaine des cancers. En cancérologie, la technique de FISH peut être appliquée à la détection d’amplifications géniques et secondairement à la mise en évidence de réarrangements chromosomiques spécifiques de certaines tumeurs. Concernant l’amplification de gènes, la démonstration d’une amplification de MDM2 reste l’argument définitif pour le diagnostic de lipome atypique/liposarcome bien différencié. Plus récemment, il a été montré que l’oncogène MYC est amplifié dans une proportion importante d’angiosarcomes postradiques [38], qui posent souvent un problème de diagnostic différentiel avec les lésions vasculaires atypiques post-radiques, deux lésions qui se développent dans le revêtement cutané mammaire des femmes ayant eu un cancer traité par radiothérapies. En ce qui concerne la détection des translocations, on distingue classiquement les sondes permettant de caractériser le rapprochement de gènes d’intérêts, lorsqu’ils sont connus (« dual fusion FISH ») et celles montrant un point de cassure sur un des gènes impliqués à l’aide de sondes s’hybridant de part et d’autre du point de cassure d’un des deux gènes (« break apart FISH »). En dermatopathologie, la première anomalie diagnostique caractérisée concerne le dermatofibrosarcome de Darier et Ferrand (DFS). La découverte de la translocation t(17;22) a permis l’identification d’un transcrit chimérique issu de la fusion des gènes de PDGFB, situé sur le chromosome 22, et de celui de la chaîne alpha du pro-collagène de type 1 (COL1A1), situé sur le chromosome 17. Cette anomalie est spécifique du dermatofibrosarcome et constitue un argument diagnostic solide dans les cas difficiles. Grâce aux techniques de FISH, il a été montré qu’une proportion des lymphomes B centro-folliculaires cutanés primitifs sont associés à un réarrangement de BCL2 [39], même si cela reste controversé [40]. Toujours dans le domaine des lymphomes cutanés, il apparaît qu’une proportion des lymphomes anaplasiques cutanés primitifs sont associés à un réarrangement de IRF4/MUM1, dont l’intérêt diagnostique ou la signification pronostique restent à évaluer [41]. Plus récemment, la technique de FISH a fait son apparition dans le monde du mélanome. Cette technique, grâce à des sondes développées par le laboratoire Abbott et un algorithme diagnostique constitue une aide au diagnostic de mélanome, en étudiant plusieurs oncogènes qui sont fréquemment altérés dans ces tumeurs : CCND1, MYB1, RREB1 et le centromère du chromosome 6 (figure 8). Bien qu’il n’existe pas encore de recommandation en la matière, cette technique pourrait s’imposer dans les années à venir dans la démarche diagnostique des lésions mélanocytaires difficiles [42].
4.2. Biologie moléculaire REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2012 - N°438 //
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Figure 8 – Mise en évidence d’une amplification franche du gène de la cycline D1 (signal vert) dans une transformation maligne d’un nævus congénital géant chez une patiente de 22 ans. Cette découverte a conduit à l’exérèse complète de la lésion.
Hybridation in situ fluorescente multicolore, sondes et techniques du laboratoire Abbott.
sur extraits de tissus L’analyse de clonalité lymphocytaire est un des outils les plus importants dans la démarche diagnostique des lymphomes cutanés. De nombreuses techniques d’analyse de clonalité ont été développées ces 10 dernières années, reposant sur l’analyse des transcrits ou des gènes codant pour les différents fragments des chaînes du TCR et du BCR. Différentes techniques de détection et d’analyse des produits de PCR/RT-PCR peuvent être utilisées : utilisation d’amorces fluorescentes pour analyse précise de la taille des produits d’amplification (GeneScan®), analyse des hétéroduplex, analyse de polymorphisme simple brin (single strand conformation polymorphism, SSCP), électrophorèse sur gel avec gradient de dénaturation (denaturing gradient gel electrophoresis, DGGE), clonage et séquençage. Aujourd’hui en France et en Europe, le protocole Biomed-2, reposant sur l’analyse en GeneScan® ou hétéroduplex de familles de gènes du TCR et de chaînes d’immunoglobulines à l’aide d’amorces consensuelles, est la technique la plus couramment utilisée. Elle a même récemment été validée pour des prélèvements issus de coupes en paraffine [43-44]. Si la sensibilité et la spécificité de ces techniques ne sont pas absolues, il est certain que l’analyse de clonalité lymphocytaire constitue aujourd’hui un outil complémentaire très important pour l’analyse ad hoc des infiltrats lymphocytaires cutanés suspects de lymphome. Dans le domaine des cancers, la détection de translocations spécifiques dans les sarcomes cutanés et les lymphomes primitivement ou secondairement localisés à la peau peut se faire par technique de PCR, mais cette approche est fortement concurrencée par le développement de la FISH. Celle-ci offre l’immense avantage d’une analyse in situ couplée à la morphologie, permettant une analyse plus spécifique des cellules néoplasiques. Les progrès les plus récents et certainement les plus marquants dans la biologie moléculaire des cancers cutanés concernent les mutations d’oncogènes dans les mélanomes, pour lesquels existent
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des thérapeutiques ciblées. La littérature indique que des mutations activatrices de BRAF sont trouvées dans plus de la moitié des mélanomes, alors que celles de KIT sont impliquées des certains mélanomes acro-lentigineux et des muqueuses. Ces deux mutations restent les mieux documentées, mais ne sont pas les seules connues [45]. Ces dernières années, la recherche de mutations de BRAF, dont la plus classique est la mutation BRAFV600E et de KIT dans les mélanomes métastatiques se sont ainsi généralisées dans les laboratoires de pathologie et de biologie moléculaire. Ces résultats ont suscité un énorme espoir pour la prise en charge des patients [46], mais l’engouement des premières années est maintenant tempéré par l’apparition de résistances à ces thérapeutiques ciblées. Peu d’avancées concernent les cancers héréditaires, sous la dépendance d’anomalies géniques transmises de façon autosomique récessive. En dermatologie, les cancers cutanés héréditaires les mieux connus sont le mélanome familial, la naevomatose basocellulaire, au cours de laquelle se développent notamment de multiples carcinomes basocellulaires, le syndrome de Muir-Torre (tumeurs et carcinomes sébacés), la neurofibromatose (risque de développement de tumeurs malignes des gaines nerveuses), ainsi que le syndrome de Gardner, associé au développement de tumeurs desmoïdes. Dans tous les cas, le tableau clinique reste certainement l’élément le plus sensible pour le diagnostic. Il reste que dans certains cas, notamment en début d’évolution, ces malades ont peu de tumeurs, suggérant alors un ou des événements sporadiques. C’est particulièrement vrai pour le syndrome de Gardner et le syndrome de Muir-Torre. Il n’existe pas aujourd’hui de recommandations en la matière, mais il paraît probable qu’à l’avenir, la recherche d’une instabilité des microsatellites dans les tumeurs sébacées ou d’une mutation d’APC (Gardner) ou du gène de la béta-caténine (formes sporadiques) [47] en cas de tumeurs desmoïdes seront recommandées, afin de détecter aussi tôt que possible un syndrome de Muir-Torre [48] et de Gardner, respectivement, qui exposent tous deux au risque de cancer digestif. Dans le cas du syndrome de Muir-Torre, le rôle du pathologiste est encore plus important, puisque la détection d’une instabilité des microsatellites peut également s’appuyer sur l’analyse immunohistochimique, des anticorps étant disponibles pour les protéines MSH2, MSH6 et HML1. La place de l’immunohistochimie dans cette situation reste cependant à définir. Depuis quelques années, la caractérisation des génomes des microorganismes responsables de maladies cutanées infectieuses a permis la mise au point de réactions de PCR spécifiques de ces agents pathogènes. La recherche de Treponema pallidum par PCR s’effectue de nos jours en routine, y compris sur des prélèvements en paraffine, même si l’intérêt respectif de l’immunohistochimie et de la PCR dans cette indication reste à évaluer. Dans certains laboratoires européens, les techniques de PCR sont utilisées couramment pour le diagnostic des maladies infectieuses dermatologiques (leishmaniose, tuberculose, lèpre, etc.). De même, des gènes de résistance aux antibiotiques peuvent être déterminés pour des bactéries pathogènes comme le staphylocoque.
5. Le futur : analyse histologique
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sans microscope ni prélèvement ? Le microscope reste à l’heure actuelle au centre de la vie des pathologistes et dermatopathologistes. Le développement des techniques d’images numériques, avec maintenant possibilité d’établir de véritables lames virtuelles, conjointement à l’augmentation régulière des capacités de stockage de nos ordinateurs et de transfert de données par le réseau, modifieront probablement de manière majeure notre façon de travailler dans les années à venir. Nous ne sommes pas encore prêts à nous débarrasser de nos microscopes, mais de nombreuses études montrent qu’il y a bien des façons d’obtenir des images histologiques à partir des tissus humains, et en la matière, les dermatologues et dematopathologistes sont plutôt inventifs. Des études montrent en effet qu’il est possible d’obtenir des images numériques, à l’aide d’outils particuliers, reposant généralement sur une synthèse d’images numériques, dont l’acquisition se fait selon certaines propriétés physiques du tissu. Il a ainsi été montré qu’il est possible de délimiter les carcinomes basocellulaires en analysant
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le spectre d’émission auto-fluorescente [49] ou de générer des images histologiques à l’aide d’une caméra spectrale, sans utiliser de coloration ni technique de marquage [50]. Pour aller encore un peu plus loin, le futur nous dira quelle place prendra in fine la nouvelle technique de microscopie confocale in vivo, qui autorise l’analyse de la peau à l’échelle histologique directement sur le malade [51]. Si les images actuelles sont peu satisfaisantes du point de vue du pathologiste, à savoir en noir et blanc, parallèles à la surface épidermique, avec une profondeur qui se borne au derme papillaire, celles-ci préfigurent peut-être la pratique dermatopathologique du futur. Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Remerciements Je tiens à remercier le Dr Arnaud de La Fouchardière qui a aimablement fourni l’illustration de l’analyse par FISH multicolore du gène CCND1 d’un mélanome provenant de sa collection personnelle.
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