Actualités sur l’immunothérapie en pathologie des voies aérodigestives supérieures

Actualités sur l’immunothérapie en pathologie des voies aérodigestives supérieures

Annales de pathologie (2017) 37, 79—89 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com MISE AU POINT Actualités sur l’immunothérapie e...

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Annales de pathologie (2017) 37, 79—89

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

MISE AU POINT

Actualités sur l’immunothérapie en pathologie des voies aérodigestives supérieures Current events in immunotherapy for upper aerodigestive tract cancer Sophie Outh-Gauer a, Christophe Le Tourneau b,c, Chloé Broudin a, Florian Scotte d, Hélène Roussel a,e, Stéphane Hans f, Marion Mandavit e, Eric Tartour e,g, Cécile Badoual a,∗,e a

Service d’anatomie pathologique, hôpital européen Georges-Pompidou, AP—HP, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France b Département d’oncologie médicale, institut Curie, 75005 Paris, France c Unité Inserm U900, 75005 Paris, France d Unité fonctionnelle de soins oncologiques de support, pôle cancérologie spécialités, hôpital européen Georges-Pompidou, AP—HP, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France e Inserm U 970, équipe 10, PARCC, faculté Paris Descartes, 75015 Paris, France f Service ORL et chirurgie cervico-faciale, hôpital européen Georges-Pompidou, AP—HP, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France g Service d’immunologie biologique, hôpital européen Georges-Pompidou, AP—HP, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France ecembre 2016 Accepté pour publication le 7 d´ Disponible sur Internet le 19 janvier 2017

MOTS CLÉS PD-L1 ; PD-1 ; Cancers des voies aérodigestives supérieures ; Immunothérapie ; HPV



Résumé L’immunothérapie pourrait révolutionner la prise en charge des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), principalement représentés par les carcinomes épidermoïdes (CE), qui sont le plus souvent traités de fac ¸on insatisfaisante. Les modifications du microenvironnement, multifactorielles, peuvent être corrélées au pronostic et à la réponse clinique aux immunothérapies. Cet article collige les données récentes de la littérature concernant les CEVADS, les carcinomes nasopharyngés indifférenciés non kératinisants (CNP) et les tumeurs malignes des glandes salivaires, principales potentielles cibles de ces immunothérapies. Les essais cliniques actuels semblent montrer une meilleure réponse clinique à un traitement par anti-PD-1 chez les patients dont le CE exprime fortement PD-L1. Cependant, certains de ces traitements ont été approuvés par la Food and Drug Administration sans présélection sur l’expression de PD-L1. L’identification de marqueurs est nécessaire, ainsi PD-L2, l’interféron-␥,

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Badoual).

http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2016.12.013 0242-6498/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

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S. Outh-Gauer et al. les cytokines inflammatoires, le phénotype de transition épithéliale-myoépithéliale et le taux de mutations pourraient aider à anticiper la réponse au traitement. Les CNP induits par l’EpsteinBarr virus (EBV) expriment davantage PD-L1 que les carcinomes EBV-. Un taux de réponse de 22 % a été retrouvé avec un anti-PD-1 chez des patients PD-L1+. Peu d’études concernent les modifications du microenvironnement des carcinomes des glandes salivaires. Un taux de réponse de 11 % a été retrouvé avec un anti-PD-1 chez des patients PD-L1+, cette expression pouvant être hétérogène. La compréhension fine des mécanismes régulant les changements au sein du microenvironnement et des checkpoints immunitaires des carcinomes des VADS est nécessaire afin que les patients puissent bénéficier, au mieux, des nouvelles immunothérapies. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

KEYWORDS PD-L1; PD-1; Head and neck cancer; Immunotherapy; HPV

Summary Head and neck (HN) carcinomas (mostly represented by squamous cell carcinomas [SCC]) still have a poor prognosis, which could be dramatically improved with immunotherapy. Tumor’s microenvironment changes, caused by many endogenous or exogenous events, can correlate with prognosis and therapeutic response. Here, we review recent data regarding HNSCC, nasopharyngeal carcinomas (NPC) and salivary gland malignant tumors, all three being potential target of immunotherapies. About half of HNSCC exhibit PD-L1 expression, this expression being upregulated in HPV-positive tumors. In recent clinical trials, a better therapeutic response to anti-PD-1 has been obtained in patients with higher PD-L1 expression. Food and Drug Administration (FDA) approved the use of these therapeutics without the screening of patients regarding PD-L1 status. Activation status, density and localisation of TIL as well as PD-L2, ␥-interferon, inflammatory cytokines, epithelial-mesenchymal transition phenotype and mutational burden may all be potential therapeutic response markers. In Epstein-Barr Virus (EBV)-induced nasopharyngeal non-keratinizing cancer, PD-L1 is over-expressed compared to EBV negative-tumors. A 22 % response rate has been observed under anti-PD-1 treatment, among PD-L1-positive HNSCC patients. There is little data regarding microenvironment of salivary gland cancer. PD-L1 shows great heterogeneity in localisation, when expressed. A 11 % response rate has been obtained under anti-PD-1 treatment among PD-L1-positive NPC patients. A better understanding of immune checkpoint regulation processes needs to be achieved to allow patients with HN carcinomas to benefit from these promising immunotherapies. © 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction Il est maintenant reconnu que le système immunitaire, de par sa spécificité et sa capacité à s’adapter, est un élément majeur de la défense anti-tumorale. Chez les patients ayant un cancer, l’action du microenvironnement immunitaire peut être contournée par des mécanismes d’échappement de plus en plus finement identifiés. L’amplitude et la qualité de la réponse immunitaire sont régulées par un équilibre entre les signaux activateurs et inhibiteurs du système immunitaire. Les checkpoints immunitaires, ou immunocheckpoints, comme cela a été présenté dans les chapitres précédents de cette revue, modulent ces signaux et peuvent soit renforcer (molécules de co-stimulation activatrices CD27, CD28, CD137, CD40, et OX-40. . .), soit limiter (molécules de co-stimulation inhibitrices PD-1, CTLA-4, LAG-3. . .) la réponse lymphocytaire T. L’immunothérapie est une approche thérapeutique révolutionnaire dans le panel thérapeutique des cancers solides et des lymphomes de Hodgkin. Cependant cette thérapeutique qui vise à stimuler le système immunitaire spécifiquement contre les cellules tumorales, a des indications de plus en plus étendues. Les différentes approches par immunothérapie actuellement étudiées en pathologie des voies aérodigestives supérieures

(VADS) sont les anticorps visant les molécules impliquées dans les checkpoints immunitaires (anti-CTLA-4, anti-PD1, anti-PD-L1. . .), les thérapies cellulaires basées sur les lymphocytes T (T CAR) et les vaccins thérapeutiques anti-tumoraux. Ces traitements entraînent une immunomodulation mais peuvent aussi interférer avec les protéines de la voie NOTCH, avec celles de la voie PI3K/AKT/mTOR qui interagissent avec le métabolisme énergétique des cellules [1], les récepteurs membranaires aux facteurs de croissance et aux signaux angiogéniques. Après la validation par la Food and Drug Administration américaine (FDA) et l’autorisation de la mise sur le marché (AMM) de molécules d’immunothérapie pour les patients atteints de mélanome et de cancer pulmonaire non à petites ¸u leur AMM aux Étatscellules, les cancers des VADS ont rec Unis en 2016. De plus, de fac ¸on intéressante, une partie de ces cancers des VADS a la particularité d’être induits par des virus, ce qui influence les voies d’oncogenèse et le microenvironnement tumoral. Les autres types histologiques de la sphère ORL qui pourraient être principalement concernés par ces nouvelles thérapeutiques sont le carcinome indifférencié non kératinisant nasopharyngé induit par l’infection à Epstein-Barr virus (EBV) et les tumeurs malignes des glandes salivaires.

Actualités sur l’immunothérapie en pathologie des voies aérodigestives supérieures

Les carcinomes épidermoïdes Les carcinomes épidermoïdes (CE), les cancers les plus fréquents des VADS, ont comme principaux facteurs de risque la consommation d’alcool, de tabac et l’infection par HPV, principalement dans l’oropharynx. Les voies oncogéniques des CE sont différentes ; de plus, les CE possèdent fréquemment un taux relativement élevé de mutations, en moyenne 181 mutations somatiques par mégabase [2,3]. Le microenvironnement est lui aussi variable en termes d’intensité et de constitution, en fonction des carcinogènes impliqués dans la genèse du cancer. Ainsi, on retrouve le plus souvent un infiltrat lymphocytaire dense CD4+ dont l’intensité apparaît positivement corrélée au pronostic. Pour ce qui concerne l’infiltrat CD8+, les données sont plus controversées, mais la tendance est à une association avec un bon pronostic [4]. Cependant, ces données doivent être interprétées en fonction de la localisation (région oropharyngée, lymphoépithéliale, versus les autres localisations), du stade, de la voie de carcinogenèse de la tumeur [5—8]. Ainsi, les CE peuvent être immunogènes de par l’expression par les cellules tumorales d’antigènes tumoraux, de néo-antigènes dérivés de protéines mutées ou d’antigènes viro-induits par une infection par HPV. Les immunothérapies présentent un intérêt réel en pathologie carcinomateuse des VADS. Cependant, comme dans toutes les localisations, le choix des patients à traiter, le choix des tests complémentaires, leur interprétation, les cut-off de positivité restent encore à définir et à ajuster, puisque tous les patients ne répondent pas de fac ¸on homogène à ces thérapeutiques. D’autre part, l’évaluation du risque d’effets secondaires ou d’échappement précoce au traitement devient une vraie gageure pour les cliniciens et les pathologistes. Il apparaît donc nécessaire d’identifier les sous-groupes de patients susceptibles de répondre positivement aux immunothérapies de fac ¸on durable, avec une survie prolongée.

Actualités cliniques en immunothérapie pour les carcinomes épidermoïdes Environ 50 % des patients atteints de CE des VADS rechutent, le plus souvent au niveau locorégional et plus rarement sous forme de métastases à distance. Le pronostic de ces patients est très réservé avec une médiane de survie inférieure à 1 an. Le traitement de référence dans ces cas-là est l’association d’une chimiothérapie à base d’une association d’un sel de platine et de 5 fluoro-uracile avec le cetuximab ERBITUX© (Merck KGaA), un anticorps ciblant l’EGFR. Il n’existe pas de réel standard de traitement au-delà de la première ligne, même si les taxanes sont couramment utilisés (hors AMM). Les anticorps ciblant PD-1 ont déjà montré leur efficacité en 2e ligne de récidive, comme en témoignent les AMM récentes aux États-Unis du Nivolumab OPDIVO© (BristolMyers Squibb BMS) et du Pembrolizumab KEYTRUDA© (Merck Sharp & Dohme MSD). L’essai de phase III Check Mate 141 [9] a retrouvé un gain en survie globale pour le Nivolumab versus traitement au choix de l’investigateur (7,5 mois versus 5,1 mois). Le Nivolumab était donné quel que soit le statut PD-L1 sous forme intraveineuse tous les 15 jours. Les analyses en sous-groupe suggéraient une efficacité plus importante du Nivolumab dans les CE des VADS liés à l’HPV, ainsi que dans ceux qui exprimaient PD-L1. Cependant, la

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nature rétrospective de ces analyses ne permet de conclure de fac ¸on définitive. Le Pembrolizumab a obtenu l’AMM aux États-Unis fin août 2016 sur la base des résultats de l’expansion de cohorte de phase I KEYNOTE 012 sans comparateur [10,11]. Une partie des patients dans cet essai a été sélectionnée sur la base de l’expression de PD-L1, tandis que les autres non. Le taux de réponse était de 25 % chez les patients ayant un CE des VADS lié à l’HPV versus 14 % chez ceux non liés à l’HPV. Il est intéressant de noter dans ces études, que 10 à 15 % des patients répondent de fac ¸on prolongée au traitement, ce qui est très inhabituel dans cette population de patients. Il n’en reste pas moins que la majorité des patients atteints de CE des VADS ne répond pas à ces traitements. La recherche de biomarqueurs prédictifs valides est donc essentielle afin de pouvoir identifier les patients pour lesquels une monothérapie sera suffisante, des autres qui nécessiteront probablement une association d’immunothérapies. Les essais cliniques d’association sont en cours.

Expression de PD-L1 et de PD-1 au sein des carcinomes épidermoïdes L’étude in situ des checkpoints immunitaires PD-1 et PDL-1 a rec ¸u beaucoup d’attention ces dernières années. Dans une revue de la littérature, Zandberg et Strome [12] présentent les différents résultats des marquages de PD-L1, et en particulier au niveau des cancers oropharyngés et montrent, malgré une hétérogénéité de techniques (différents anticorps et différents types d’interprétation), qu’environ 50 % des carcinomes épidermoïdes étudiés sont marqués par un anticorps anti-PD-L1, cette répartition des marquages allant de 46 à 87 % [12] (cf. Tableau 1). Il est aussi important de souligner que ces études font une évaluation globale de l’expression de PD-L1 (Fig. 1) sans toutefois différencier s’il s’agit de marquages uniquement sur les cellules tumorales ou si l’expression par les cellules immunitaires dans le stroma est comptabilisée. Peu de données sont disponibles concernant la signification et l’impact du marquage par les anticorps anti-PD-L1 dans les autres localisations [13]. Cependant, comme nous l’avons précédemment signalé, l’interprétation du rôle des éléments immunitaires doit être faite avec précaution et replacée dans le contexte de la tumorigenèse : les différentes voies oncogéniques peuvent influencer le microenvironnement. Ainsi, pour les carcinomes épidermoïdes HPV+ viro-induits, l’infiltration tumorale par les lymphocytes T CD4+ et CD8+ exprimant PD-1 en immunohistochimie est corrélée à un meilleur pronostic [5]. Ces résultats sont contraires à ce qui est observé dans d’autres types histologiques de carcinomes et dans d’autres localisations (rein, sein), pour lesquelles l’expression de PD-1 est habituellement associée à un mauvais pronostic [14,15]. En revanche, le marquage de PD-L1 en immunohistochimie sur les cellules tumorales des VADS, toutes localisations confondues, semble n’avoir aucun lien avec le statut HPV ni aucun impact pronostique [6,16]. Enfin, l’expression de PDL1 ne semble pas être liée à l’envahissement ganglionnaire, au stade TNM ni à la survie dans une cohorte de patients atteints de carcinomes épidermoïdes oropharyngés traités par chirurgie et radiothérapie et/ou chimiothérapie adjuvante [17].

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S. Outh-Gauer et al.

Tableau 1 Proportion de patients porteurs de CEVADS sur-exprimant PD-L1 en immunohistochimie, en fonction du statut HPV. D’après Zandberg et Strome (modifié) [11]. PD-L1 overexpression rate measured by immunohistochemistry, among HPV- or non-HPV-related HNSCC patients. From Zandberg and Strome (modified) [11].

Site

CB, CB, OP OP OP CB, CB, CB OP

HP, L, PNS HP, OP

OP, HP HP, L, PNS

Nombre de patients

% de tumeurs exprimant PD-L1

24 64 181 27 45 64 50 21 133

66 51 46,4 59 87 51,5 64 71 68

% de tumeurs HPV+ exprimant PD-L1

% de tumeurs HPV— exprimant PD-L1

62 49,2 70

41 34,1 29

62,5

40

71

61

Référence

Strome et al., 2012 [3] Badoual et al., 2013 [6] Kim et al., 2016 [16] Chen et al., 2012 [34] Festino et al., 2016 [22] Gooden et al., 2011 [5] Partlová et al., 2015 [37] Hsu et al., 2015 [56] Li et al., 2016 [15]

CB : cavité buccale ; CEVADS : carcinome épidermoïde des voies aérodigestives supérieures ; HP : hypopharynx ; HPV : papillomavirus humain ; L : larynx ; OP : oropharynx ; PNS : sinus paranasal.

Expression de PD-L1 et réponse clinique Les données actuellement disponibles sont issues des essais cliniques réalisés par les industriels pharmaceutiques. Par manque de disponibilité d’échantillons analysables, peu de travaux académiques sont disponibles. Comme évoqué précédemment, dans l’essai de phase III Check Mate 141, un meilleur taux de réponse clinique à un traitement par anti-PD-1 (Nivolumab OPDIVO © BMS) en monothérapie (3 mg/kg toutes les 2 semaines) en seconde ligne de traitement chez des patients atteints de CEVADS en progression locale ou à distance après chimiothérapie par sel de platine, a été obtenu chez les patients exprimant davantage PD-L1 (seuil de positivité 1 %, clone 28-8 Dako© ou Abcam© ) [9,18—20]. Dans l’essai KEYNOTE 012, portant sur une cohorte de 132 patients avec une récurrence ou des métastases de CEVADS traités par un autre anti-PD-1 (Pembrolizumab KEYTRUDA© , MSD, Kenilworth, NJ), à la dose de 200 mg toutes les trois semaines, une plus grande amélioration de la survie a été observée chez les patients qui exprimaient PD-L1 au niveau tumoral et/ou du microenvironnement (22 % vs 4 %, p = 0,021) (clone 22C3, Dako© ) [11].

Il existe toutefois une certaine hétérogénéité des résultats des essais cliniques menés indépendamment du statut PD-L1, et leur interprétation suscite des interrogations : une réponse clinique a été observée chez des patients avec des tumeurs PD-L1— tandis que certains patients PD-L1+ n’ont pas répondu au traitement, ce qui renforce la discussion autour du choix de l’anticorps et des seuils de positivité. Le marquage par PD-L1 n’est pas suffisamment prédictif de la réponse clinique et d’autres marqueurs sont nécessaires. Des analyses multiparamétriques qualitatives ou semi-quantitatives pourront se révéler utiles. La multiplicité des anticorps anti-PD-L1 sur le marché et le manque de standardisation dans la quantification (absence de seuil pour définir la positivité) constituent une autre limite [21]. De plus, il apparaît nécessaire de préciser quelles populations cellulaires exprimant PD-L1, entre les cellules tumorales et les cellules immunitaires infiltrant les tumeurs, sont prédictives d’une réponse clinique [22]. PD-L1 en plus d’être exprimé par les macrophages et les cellules tumorales a été décrit à la surface des fibroblastes associés aux tumeurs [23] et des lymphocytes T activés [24]. D’autre part, il faut aussi caractériser l’état d’activation des lymphocytes

Figure 1. Expression de PD-L1 dans les carcinomes épidermoïdes des VADS en immunohistochimie. A. Marquage positif de PD-L1 au niveau ® membranaire dans plus de 50 % des cellules carcinomateuses (anticorps anti-PD-L1 Cell Signaling) (E1L3N ). B. Marquage positif de PDL1 au niveau membranaire dans moins de 50 % des cellules carcinomateuses. Marquage de cellules immunitaires au sein du stroma tumoral ® (anticorps anti-PD-L1 Cell Signaling) (E1L3N ). Immunohistochemical PD-L1 expression in head and neck squamous cell carcinoma. A. Positive membrane staining in more than 50 % of ® ® cancer cells (anti-PD-L1 antibody Cell Signaling ) (E1L3N ). B. Less than 50 % of stained cancer cells on the membrane. Note the positive ® ® staining of immune cells in the stroma (anti-PD-L1 antibody Cell Signaling ) (E1L3N ).

Actualités sur l’immunothérapie en pathologie des voies aérodigestives supérieures T exprimant PD-1, le récepteur de PD-L1, ceux-ci pouvant être activés ou épuisés [6]. PD-1 peut interagir aussi bien avec PD-L1 que PD-L2. Enfin, dans une cohorte de patients atteints de carcinome épidermoïde des voies aérodigestives supérieures (VADS) et traités par un anti-PD-1 (Pembrolizumab, MSD), l’expression simultanée de PD-L1 et de PD-L2 pourrait être plus corrélée à la survie sans progression que l’expression de chacun de ces marqueurs seul [25].

Modifications du microenvironnement des CE en fonction de l’activation des voies oncogéniques Le taux élevé de mutations somatiques dans les carcinomes épidermoïdes est à l’origine de l’expression membranaire de néo-antigènes qui sont autant de marqueurs et qui sont reconnus avec une grande spécificité par les lymphocytes T. Dans les carcinomes pulmonaires non à petites cellules, plus le taux de mutations est élevé, meilleure est la réponse clinique aux immunothérapies anti-PD-L1 [26]. Dans les CE des VADS, l’EGFR (epidermal growth factor receptor) apparaît comme la protéine la plus surexprimée (90 %) [27] avec un taux de mutations élevé (14 %) [28]. PIK3CA (phosphatidylinositol 3-kinase), est le gène le plus souvent amplifié et TP53, le gène le plus souvent muté (41 %) [27]. Les mutations de TP53 affectent plus souvent les CE HPV— par rapport aux CE HPV+ : ceci peut être expliqué par la voie d’oncogenèse liée à HPV, qui fait intervenir deux oncogènes viraux, E6 et E7, dont l’expression inactive p53, ce qui perturbe le cycle cellulaire [28]. Les mutations de PIK3CA et la perte de PTEN (phosphatase and tensin homolog) sont des évènements fréquents et ce, quel que soit le statut HPV [27]. D’autres gènes impliqués dans la régulation du cycle cellulaire (CCND1 [27 %], CDK6 [21 %]) et dans l’angiogenèse (PGF [30 %], VEGFA [14 %]) sont également amplifiés, ainsi que des gènes codants pour des récepteurs tyrosine kinase (MET [18 %], EGFR [14 %]). L’expression de PIK3CA est d’ailleurs un facteur pronostique indépendant associé à une survie sans récidive plus courte [29]. Les techniques de biologie cellulaire telles que le whole exome sequencing pourront permettre de prédire grâce à des algorithmes la présence de certains néoantigènes, de décrypter le spectre des récepteurs des lymphocytes B et T et d’identifier de potentiels marqueurs dans les échantillons de tumeur et dans le sang périphérique [30]. De fac ¸on intéressante, la plupart des néo-antigènes présents dans les carcinomes pulmonaires non à petites cellules sont liés à des mutations induites par le tabac [26] ; une analyse similaire dans les CEVADS pourrait apporter des éléments supplémentaires, notamment en ce qui concerne les patients HPV— [31]. Dans les CEVADS, l’expression de PD-L1, le ligand de PD1, à la surface des cellules tumorales peut être le reflet de deux mécanismes distincts : PD-L1 peut être induit à la surface de la cellule tumorale suite à différents évènements oncogéniques intrinsèques à la tumeur ou il peut aussi être le reflet d’une immunité adaptative. Dans le premier cas, différents mécanismes oncogéniques ont été reliés à l’expression de PD-L1 : mutation ou délétion du gène suppresseur de tumeur PTEN (phosphatase and tensin homolog), activation de voies de signalisation protumorales impliquant la PI3-kinase (phosphoinositide 3-kinase), la voie AKT/mTOR, NF-kB et les MAPK (mitogen-activated protein kinase [MEK/ERK]) [32]. Dans de nombreuses tumeurs où

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un lien entre des anomalies intrinsèques à la tumeur et l’expression de PD-L1 a été établi, la surexpression de PDL1 a été associée à un mauvais pronostic [33]. Le gène PD-L1 est muté dans 28 % des carcinomes épidermoïdes des VADS [29]. Quand l’expression de PD-L1 est secondaire à l’activation de différentes voies oncogéniques et non dépendante de l’infiltration par les lymphocytes T (LT), elle est associée à un mauvais pronostic, ceci souligne la complexité de l’étude du microenvironnement et la nécessité de la stratification des patients en fonction des voies d’oncogenèse. L’expression de PD-L1 à la surface des cellules carcinomateuses épidermoïdes des VADS peut aussi être induite suivant une voie de signalisation dépendante de PKD2 [34] et de JAK2/STAT1 mise en jeu par l’interféron-␥, produit par les LT activés infiltrant la tumeur, et qui expriment PD-1, reflet de leur activation. Le blocage spécifique de JAK2 empêche ainsi la surexpression de PD-L1 à la surface des cellules tumorales et augmente leur immunogénicité. PDL-1 et PD-1, dans ce contexte, sont souvent corrélés à un bon pronostic clinique [35]. Le groupe de Pardoll a montré, dans les mélanomes et plus récemment dans les cancers des VADS, que l’expression de PD-L1 par les cellules tumorales était préférentiellement localisée dans des régions où il existe un contact direct avec les LT produisant de l’IFN␥ [33,36]. Quand l’expression de PD-L1 à la surface des cellules tumorales est secondaire à des signaux extrinsèques, l’infiltration de la tumeur par des lymphocytes T CD8 est plus importante [32]. Dans ce contexte, il a été proposé que l’induction de PD-L1 par l’IFN␥ (produit par les LT infiltrant la tumeur) constitue un mécanisme de résistance à une immunité adaptative. Tous ces travaux montrent, comme nous l’avons souligné, que l’expression d’une même molécule, qu’il s’agisse de PD1 ou de PD-L1, peut avoir des significations distinctes et être associée à un pronostic différent suivant le contexte tumoral et les mécanismes responsables de leur régulation.

Modulation du microenvironnement par une infection par HPV La spécificité des CEVADS est la multiplicité des voies de carcinogénèse. Les toxiques tels que ceux inhérents au tabagisme, ne vont pas entraîner les mêmes réactions locales que celles induites par une infection virale. C’est cette « signature » et cette complexité qu’il reste à définir pour mieux cibler les thérapeutiques et sélectionner les patients qui seront répondeurs. L’infection par HPV influence le microenvironnement tumoral de plusieurs fac ¸ons. De profondes différences dans les populations de cellules immunitaires péri-tumorales ont été décrites entre les patients HPV+ et HPV— : dans les tumeurs induites par HPV, on trouve de plus nombreux lymphocytes T CD8+ IFN␥+ CD8+ IL17+, des cellules dendritiques myéloïdes et des cytokines pro-inflammatoires. D’autre part, l’expression de l’ARNm Cox-2 est diminuée mais celle de l’ARNm PD-1 est augmentée [37]. L’augmentation de l’expression de PD-1 par les LT infiltrant les tumeurs de l’oropharynx associées à l’HPV par comparaison aux autres tumeurs de l’oropharynx, a été également démontrée, in situ [6]. Par ailleurs, dans cette étude, plus de 50 % des cellules tumorales exprimaient PD-L1, l’un des ligands de PD-1, avec une forte interaction entre les LT exprimant PD-1 et les cellules tumorales positives PDL-1+. Cependant, il n’a pas été retrouvé de différence d’expression significative de PD-L1 entre les patients HPV+ ou HPV—. De fac ¸on intéressante, dans une autre étude sur les carcinomes oropharyngés, il a été

84 montré que pour les CE HPV+, les cellules exprimant PD-L1 en immunohistochimie, qu’il s’agisse de cellules tumorales ou de macrophages CD68+ associés aux tumeurs, sont plutôt localisées électivement au niveau des fronts d’invasion alors que PD-1 est principalement exprimé par des lymphocytes intra-tumoraux T CD8+ [36].

Impact de la transition épithéliale-mésenchymateuse Une sous-population de cellules carcinomateuses en transition épithéliale-mésenchymateuse (EMT) a été décrite dans les carcinomes épidermoïdes des VADS. Cette population est caractérisée, entre autres, par une expression plus faible de E-cadhérine et une expression plus importante de la vimentine et par une radio- et chimio-résistance plus importantes. Les cellules CD44+ (un récepteur de surface à l’acide hyaluronique qui joue un rôle dans la migration cellulaire et dans la transduction de signaux), qui ont été isolées en cytométrie en flux parmi des cultures cellulaires de CEVADS, présentent un phénotype EMT et des caractéristiques de cellules souches [38]. En co-culture cellulaire avec des lymphocytes T CD8+, les cellules EMT CD44+ sont moins immunogéniques que les cellules CD44-. Dans deux études menées sur les cellules EMT et sur les cellules CD44+ issues de CEVADS, on retrouve une expression augmentée de PDL1 à la fois par immunohistochimie, en cytométrie de flux et en rtPCR [39,40]. L’expression de PD-L1 est associée à une phosphorylation constitutive de STAT3 détectée par Western Blot dans cette population de cellules CD44+ [40]. Un traitement par IFN␥ appliqué à ces cultures cellulaires de cellules CD44+ augmente encore davantage l’expression de PD-L1 et est associé à une plus grande expression de son récepteur ainsi qu’à une phosphorylation de STAT1[40]. Du point de vue clinique, la présence de caractéristiques EMT est associée, parmi les patients PD-L1+, à une survie plus courte [39].

Implication de cytokines et de l’infiltrat lymphocytaire dans le microenvironnement des CEVADS Ce sous-chapitre est une approche certes non exhaustive mais permettant de souligner la multiplicité des mécanismes qui régulent le microenvironnement et d’ébaucher des pistes permettant d’affiner une meilleure compréhension du microenvironnement. Les cellules tumorales des CEVADS ont la particularité de modifier leur microenvironnement en dérégulant le profil de sécrétion des cytokines, mais aussi en compromettant la fonction des cellules immunitaires effectrices ou en exprimant des antigènes associés aux tumeurs anormaux [41—43]. Il a été montré que des cytokines de la famille de l’IL-2, comme l’IL-15, augmentent l’expression de PD-1 à la surface des lymphocytes intratumoraux in vitro [44]. De plus, l’IL-15 et la forme soluble de la chaîne alpha de son récepteur sont fortement exprimées dans les tumeurs des VADS où elles peuvent participer à la régulation de l’activité PD-1 [45]. Les lymphocytes T CD4+ et CD8+ qui expriment PD-1 expriment également davantage HLA-DR et CD38 ; la proportion de lymphocytes T exprimant TIM-3, un marqueur d’épuisement, est la même quel que soit le statut HPV et correspond environ à la moitié de la population lymphocytaire péri-tumorale [6]. Les lymphocytes T régulateurs intra-tumoraux semblent posséder une activité immunosuppressive plus grande que les lymphocytes T

S. Outh-Gauer et al. régulateurs circulants : ils expriment en effet davantage les récepteurs aux checkpoints immunitaires PD-1, CTLA-4 et TIM-3 et les molécules immunosuppressives effectrices LAP et ectonucléotidase CD39 [46]. La présence de lymphocytes T CD8+ infiltrant les tumeurs (TIL) et de cellules exprimant PD-L1 au niveau du front d’invasion de la tumeur est associée à une meilleure réponse clinique aux immunothérapies anti-PD-1 [47,48]. Une étude a montré une association entre l’expression au niveau tumoral de PD-L1 et une plus faible densité en lymphocytes intra-tumoraux T CD8+ [23]. D’autres cellules peuvent être impliquées : ainsi les cellules NK semblent être régulées négativement en périphérie de la tumeur, par une augmentation des niveaux de TGF␤ et d’IL-10 et par une diminution des cytokines activatrices des cellules NK (Il-2, IL-12b, IL15, IL-18, IL-21 et IFN␥) et des récepteurs des cellules NK (NKp46 et KIRs). Il existe également une régulation négative des cellules NK dans le sang périphérique [49]. Il apparaît donc que les cellules T CD8+ ou CD4+, les marqueurs de cellules dendritiques et de macrophages pourraient représenter des marqueurs de réponse pertinents à explorer. Dans un modèle de souris transgéniques, un traitement par anticorps anti-CTLA-4 ou par anticorps antiPD-1 diminue le nombre de cellules suppressives dérivées de la moelle et de macrophages M2 et provoque une activation des lymphocytes T dans le microenvironnement tumoral [50,51]. Enfin, dans une cohorte de 29 patients atteints de CEVADS, la population de lymphocytes intra-tumoraux T régulateurs, définis comme CD4+ CD25+ FoxP3+, exprime significativement plus la protéine co-stimulatrice OX-40 que les TIL CD4+ ou CD8+ conventionnels de fac ¸on indépendante du statut HPV [52].

Les carcinomes nasopharyngés indifférenciés non kératinisants Les carcinomes nasopharyngés indifférenciés non kératinisants (CNP) (autrefois identifiés sous l’acronyme UCNT) sont des carcinomes peu différenciés principalement localisés dans le cavum. Le principal facteur de risque est aussi un virus, l’Epstein-Barr virus (EBV). Ce carcinome est particulièrement observé dans les zones d’endémie telles que le Maghreb ou la Chine. Histologiquement, il est caractérisé par des amas de cellules épithéliales syncitiales, de taille petite à moyenne comportant un dense infiltrat inflammatoire intratumoral et péri-tumoral. Le pronostic est intermédiaire, avec une survie à 5 ans estimée à 65—95 % au stade I après traitement.

Le microenvironnement tumoral La littérature est de plus en plus abondante sur le rôle du microenvironnement dans la genèse de ce cancer viroinduit. Cependant les modes exploratoires sont variés et les résultats restent encore soumis à controverse. Ainsi, dans les CNP, la proportion de lymphocytes T régulateurs CD4+ Foxp3+ isolés par cytométrie de flux est significativement plus importante parmi les cellules inflammatoires péritumorales par rapport au sang périphérique. De plus, les lymphocytes T régulateurs dérivés de carcinomes nasopharyngés sécrètent davantage d’IFN␥ et d’IL-2, mais possèdent de plus faibles capacités immunosuppressives que les T régulateurs circulants [53]. Néanmoins, le marqueur Foxp3 chez l’homme peut aussi marquer les lymphocytes T activés [54].

Actualités sur l’immunothérapie en pathologie des voies aérodigestives supérieures

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Tableau 2 Taux d’expression des marqueurs PD-L1, PD-1 et CTLA-4 en immunohistochimie dans les carcinomes nasopharyngés. PD-L1, PD-1 and CTLA-4 expression among nasopharyngeal carcinoma.

Taille de l’échantillon 59 25 104

% de tumeurs exprimant PD-L1

% de tumeurs exprimant CTLA-4

67,8 100 75

% de tumeurs exprimant PD-1 37,4 28,4

97,4

Rôle du virus EBV, oncogenèse et modifications viro-induites Les lignées cellulaires de CNP EBV+ expriment PD-L1 de fac ¸on significativement plus importante que les lignées EBV—. La protéine LMP1 (latent membrane protein 1) est induite à la surface des cellules tumorales par l’infection par EBV. LMP1 agit ensuite via les voies STAT3, AP-1 et NF-KB pour réguler à la hausse PD-L1. L’interféron-␥ agit de fac ¸on indépendante mais synergique avec LMP1 dans l’expression de PD-L1 [55].

Actualités cliniques en immunothérapie pour les CNP Les résultats de l’immunothérapie dans les CNP sont peu documentés dans la littérature. Dans une expansion de cohorte de l’essai de phase I KEYNOTE 028, le Pembrolizumab a été évalué chez 27 patients en récidive exprimant PD-L1 (seuil à 1 %) [56]. De fac ¸on intéressante, une grande majorité (93 %) des CNP exprimaient PD-L1. Le taux de réponse au Pembrolizumab était de 22 %, avec environ 10 % des patients ayant des réponses prolongées.

Expression de PD-L1 et réponse clinique Peu de données sont disponibles sur l’expression de PD-L1 et de PD-1 dans les CNP, de fac ¸on indépendante des traitements par immunothérapie (cf. Tableau 2). Pour certains auteurs, la surexpression de PD-1 par les lymphocytes T CD8+ intra-tumoraux observée par double marquage en immunofluorescence in situ est associée à un mauvais pronostic et à de plus fréquentes récurrences loco-régionales [57]. D’autre part, dans un article récent, la plus forte expression de PD-L1 observée in situ (anticorps anti-PD-L1 Clone E1L3NTM , Cell Signaling Technology, Danvers, MA) apparaît comme un facteur de mauvais pronostic, associé à une moins bonne survie sans récidive sur une cohorte de 139 patients [55]. Enfin, dans une autre étude, la co-expression de PD-1 sur les TILs et de PD-L1 sur les cellules tumorales est en faveur d’une survie sans récidive plus courte [58]. Ces trois travaux sont en faveur d’une association de l’expression de PD-L1 et/ou de PD-1 avec un mauvais pronostic. Cependant, dans une cohorte de 104 patients non métastatiques atteints de carcinomes nasopharyngés et traités par radiothérapie IMRT, l’expression de PD-L1 au niveau tumoral visualisée par immunohistochimie, (clone E1L3N, Cell Signa® ling Technology , Danvers, MA, États-Unis) est corrélée avec une meilleure survie sans récidive loco-régionale, et sans progression tumorale : PD-L1 pourrait être, dans ce modèle tumoral, un marqueur de radiosensibilité [59].

Références Fang et al., 2014 [55] Pere et al., 2012 [54] Hsu et al., 2015 [56] Hsu et al., 2010 [57]

Ces différents résultats soulignent la nécessité de continuer à explorer le microenvironnement et surtout à identifier, par des approches multiparamétriques l’implication de ces différentes molécules. Enfin, la surexpression de CTLA-4 dans les CNP semble être également corrélée à un mauvais pronostic clinique [60].

Tumeurs malignes des glandes salivaires Microenvironnement des tumeurs malignes des glandes salivaires Les tumeurs malignes des glandes salivaires (TMGS) correspondent à des lésions qui peuvent avoir des comportements très différents en fonction du type histologique. Nous n’aborderons que les données concernant les proliférations épithéliales et/ou myoépithéliales. De très nombreux soustypes ont été dénombrés dans la classification OMS 2005 [61], et de nouveaux sont en cours d’identification tel que les carcinomes sécrétoires [62]. Ces tumeurs, rares et touchant l’adulte jeune, peuvent avoir une évolution délétère et de nouvelles thérapeutiques pourraient être une alternative indispensable à la chirurgie et/ou la radiothérapie, puisque la chimiothérapie est rarement efficace. Peu de travaux ont porté sur l’influence du microenvironnement dans ces pathologies. De rares données sont accessibles sur le rôle des immunocheckpoints en pathologie des glandes salivaires, et aucune chez l’enfant. Une étude a porté sur le profil de 20 carcinomes adénoïdes kystiques de patients adultes et a montré une faible infiltration par des cellules immunitaires [63]. Les cellules tumorales n’exprimaient pas PD-L1 mais exprimaient PD-L2 dans 61 % des cas. Une seule étude portant sur l’expression de PD-L1 a été menée sur des TMA de différentes TMGS. Ceci a permis de souligner une grande hétérogénéité dans la répartition de l’expression de PDL1 par les cellules tumorales [64] et une association entre PD-L1 et un mauvais pronostic. Enfin, une étude, elle aussi publiée en 2016, s’intéresse à l’expression de PD-1, dans les TMGS, à la surface des lymphocytes et ne trouve pas de corrélation avec l’expression d’EGFR, HER2 ou de ERCC1 [65]. Comme cela été précédemment souligné concernant les CEVADS, les carcinomes ayant un grand nombre de mutations sont plus susceptibles de répondre aux immunothérapies. Aussi, une étude plus ciblée sur certains sous-types histologiques, pour lesquels on retrouve des mutations spécifiques telles que la translocation t(11;19)(q14-21;p12-13) résultant de la fusion du gène mucoepidermoid carcinoma translocated 1 (MECT1) et du gène mastermind-like gene family 2 (MAML2) dans les carcinomes mucoépidermoïdes ou la translocation ETV6-NTRK3 dans les MASC, permettrait de mieux évaluer la pertinence d’une immunothérapie [66].

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Actualités cliniques en immunothérapie pour les tumeurs malignes des glandes salivaires Peu de données existent également avec l’immunothérapie dans les tumeurs des glandes salivaires. Dans l’expansion de cohorte de l’essai de phase I KEYNOTE 028, 26 patients atteints de tumeurs des glandes salivaires exprimant PD-L1 (seuil à 1 %) ont été traités avec le Pembrolizumab [67]. Le taux de réponse était de 11,5 % avec des réponses souvent prolongées. L’essai de phase II KEYNOTE 158 est en cours dans cette population de patients.

Conclusion Cette revue rassemble les données de la littérature de ces dernières années concernant les avancées réalisées dans le développement d’immunothérapies qui visent à moduler les moyens d’échappement pour restaurer une défense immunitaire anti-tumorale efficace. La cellule tumorale peut se soustraire à l’attaque du système immunitaire en modifiant son phénotype (perte d’expression de molécules impliquées dans la présentation de l’antigène [HLA] ou de l’antigène reconnu par les LT, etc.), en influenc ¸ant le microenvironnement tumoral en recrutant des cellules suppressives (LT régulateurs, cellules myéloïdes suppressives, macrophages de type M2) ou en produisant ou favorisant la sécrétion des molécules immunosuppressives (IFN␥) [68]. Elle peut enfin « neutraliser » le pouvoir cytotoxique des LT en les rendant anergiques exhausted (selon la terminologie anglo-saxonne pour « épuisés ») ou non fonctionnels grâce à la mise en jeu des molécules de co-stimulation inhibitrices. Aux vues des données des différents chapitres précédents, l’interferon␥, les molécules du CMH de classe I et II, la densité en lymphocytes T CD8+ avant traitement et la colocalisation de PD-L1 et des LT CD8+ au niveau du front d’invasion, pourraient être autant de bons marqueurs de la réponse thérapeutique au blocage de l’axe PD-1/PD-L1 [48,69,70]. La notion d’immunosurveillance d’abord émise par Ehrlich [71] puis Burnet [72] et Thomas [73] a été conceptualisée plus récemment par Schreiber [74] avec la théorie des 3 E qui modélise l’interaction entre le système immunitaire et la tumeur en 3 étapes : • une première phase d’élimination, pré-clinique, pendant laquelle le système immunitaire repère et élimine toute cellule transformée à un stade très précoce ; • une phase d’équilibre où le système immunitaire contrôle les cellules tumorales sans les éliminer. On peut donc durant cette phase détecter la présence de cellules tumorales, mais la tumeur n’a pas encore de retentissement clinique. Cette phase d’équilibre peut expliquer la récurrence de certains cancers (cancers du sein, mélanomes, cancers du rein) après de longues périodes de latence ; • 3e phase est la phase d’échappement ou de résistance de la cellule tumorale au système immunitaire. La tumeur se développe et le système immunitaire ne semble plus jouer de rôle dans le contrôle de sa croissance. Le microenvironnement tumoral est donc dynamique au cours du temps et doit être appréhendé dans le contexte du stade tumoral et des thérapeutiques concomitantes : chimiothérapie, radiothérapie et immunothérapie peuvent influencer l’expression des marqueurs tumoraux. Cela a été montré dans les cancers des VADS. Il apparaît donc, encore une fois, indispensable de développer de nouveaux outils pronostiques. Le développement d’analyses

S. Outh-Gauer et al. multiparamétriques in situ, associé à des évaluations cliniques, biologiques ou radiologiques pourront jouer un rôle majeur dans cette optique de trouver des « signatures » permettant la juste prescription, en excluant les patients non répondeurs et en anticipant la survenue d’effets secondaires potentiels. D’autres pistes thérapeutiques impliquant les défenses immunitaires anti-tumorales n’ont pas été abordées dans cette revue. Il s’agit de la vaccination anti-tumorale thérapeutique qui pourrait offrir des perspectives thérapeutiques intéressantes, notamment dans les stades précoces des cancers, et de la thérapie adoptive par transfert de lymphocytes T. La vaccination prophylactique contre HPV, qui est pour l’instant indiquée en France chez les jeunes filles dans l’optique de prévention primaire des cancers du col de l’utérus, peine à se généraliser [75]. Elle pourrait avoir des applications dans la prévention des autres cancers induits par l’HPV dont certains CEVADS. Des vaccins thérapeutiques sont actuellement étudiés dans des essais cliniques pour les néoplasies intraépithéliales de haut grade cervicales (CIN 2/3), vaginales (VaIN 3) et vulvaires (VuVIN 3) : ils sont formulés à partir de longs peptides de synthèse E6 et E7 de l’HPV16, d’ADN vaccinal, de protéines de fusion recombinantes E6/E7 [76]. Les résultats sont encourageants et montrent une régression histologique partielle ou complète dans plus de la moitié des cas [77]. Les réponses muqueuses anti-tumorales pourraient être favorisées par une immunisation par voie muqueuse (intranasale, orale), comme cela est suggéré par des données pré-cliniques [78,79]. Les thérapies adoptives par transfert de lymphocytes T sont une thérapie cellulaire où les LT sont traduits avec un ADNc codant pour la partie variable d’un anticorps anti-tumoral, qui permet une reconnaissance spécifique de la tumeur de fac ¸on non dépendante des molécules HLA. Les récepteurs antigéniques chimériques (chimeric antigen receptor [CAR]) permettent d’augmenter la prolifération et la persistance des LT injectés : les parties variables des anticorps ont été fusionnées avec des domaines de signalisation des molécules de co-stimulation positive CD28 et/ou 4-1BB. Cette approche thérapeutique a entraîné des réponses cliniques dans des cancers hématopoïétiques [80,81]. Dans l’avenir, on pourrait envisager une amélioration des lymphocytes T CAR transférés pour les rendre moins sensibles aux signaux immunosuppresseurs du microenvironnement tumoral [82]. À l’heure actuelle aucun essai clinique n’est mené en pathologie des VADS.

Déclaration de liens d’intérêts Cécile Badoual : Merck Sharp & Dohme, Roche. Hélène Roussel, Merck Sharpe & Dohme. Christophe Le Tourneau : Merck Serono, Novartis, Bristol-Myers Squibb, Merck Sharp & Dohme, Debiopharm, GamaMabs. Eric Tartour : Bristol-Myers Squibb, Janssen, Roche. Florian Scotte : Merck Sharp & Dohme, Roche. Les autres auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.

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