EPI-CLIN 2015 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 63S (2015) S61–S89 A. Mayet ∗ , C. Marimoutou , A. Dia , X. Deparis Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA), Marseille, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : aurelie
[email protected] (A. Mayet) Introduction Du fait de leurs contraintes opérationnelles et des missions internationales, les militaires franc¸ais sont soumis à un calendrier vaccinal réglementaire, comportant une dizaine de vaccinations administrées sur une période parfois courte. L’objectif est de rapporter les résultats de la surveillance épidémiologique des effets indésirables de vaccins (EIV) dans cette population entre 2002 et 2012. Méthode Les EIV courants, graves et inattendus survenant chez les militaires d’active sont surveillés par le centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA). Pour chaque cas déclaré sont recueillis les caractéristiques du sujet, les informations cliniques et les vaccins administrés. Le CESPA déclare l’ensemble des EIV au centre de pharmacovigilance. Le calcul du taux d’incidence a rapporté les EIV au nombre de doses de vaccins délivrées sur la période d’étude. Résultats Parmi les 794 cas déclarés, 155 concernaient le vaccin grippal pandémique et 639 les autres vaccins. Parmi ces 639 cas, en tenant compte des associations d’EIV observées chez 206 cas, les EIV locaux ou locorégionaux concernaient 498 cas (78 %) et les EIV systémiques 325 cas (51 %). Le taux global d’EIV bénins était de 15,4 EIV pour 100 000 vaccinations et celui des réactions graves de 0,6 EIV pour 100 000 vaccinations. Le taux des EIV attribués au vaccin grippal pandémique était de 315,4 pour 100 000 vaccinations entre 2009 et 2010. Le taux de déclaration des EIV, relativement stationnaire entre 2002 et 2008 (entre 7,9 et 13,7 p.100 000), a significativement augmenté à partir de 2009 (de 20,7 à 24,9 p.100 000 entre 2009 et 2012). En plus du pic observé pour le vaccin pandémique, quelques observations notables sont à rapporter : un pic d’EIV attribués au Bacille Calmette-Guérin (BCG) entre 2005 et 2008 ; un taux important (101,6 p.100 000 entre 2008 et 2012) des EIV attribués au vaccin coquelucheux acellulaire (dTap-IPV) et des EIV attribués au vaccin méningococcique tetravalent conjugué (MenACWY-CRM, 39,3 p.100 000 entre 2011 et 2012) dès le début de leur utilisation dans les armées. Conclusion Le taux d’incidence des EIV graves retrouvé dans cette étude est similaire à celui observé en population civile et chez les militaires américains. L’augmentation des EIV observée à partir de 2009 semble en partie due à une sensibilisation accrue des médecins suite à la pandémie grippale de 2009. Les taux importants observés pour le dTap-IPV et le MenACWY-CRM, qui sont connus pour avoir des profils de tolérance similaires à ceux respectivement observés pour le vaccin diphtérie-tétanos-poliomyélite et le vaccin méningococcique tétravalent non conjugué, pourraient traduire un effet « nouveauté » de ces vaccins récemment ajoutés au calendrier vaccinal des armées. Le pic du taux d’EIV attribués au BCG reflète enfin l’abandon en 2005 du vaccin par multipuncture, le vaccin de remplacement ayant été au début mal administré par des praticiens peu familiarisés avec l’injection intradermique par aiguille. En conclusion, le profil de tolérance des vaccins dans les armées franc¸aises apparaît acceptable. Mots clés Armées ; Effet indésirable ; Vaccination Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2015.03.095 P10.9
Les inhibiteurs de la DPP-4 et le risque de pneumonie communautaire chez les patients diabétiques de type 2 J.-L. Faillie a,∗ , K.B. Filion b , V. Patenaude b , P. Ernst b , L. Azoulay b Département de pharmacologie médicale et toxicologie, Montpellier, France b Centre for Clinical Epidemiology, Lady Davis Institute, Montréal, Canada ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (J.-L. Faillie)
a
Introduction Les inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 (DPP-4) pourraient modifier la réponse immunitaire et augmenter le risque infectieux, mais les preuves de cette association sont limitées. L’objectif de cette étude était de
S79
déterminer si l’utilisation des inhibiteurs de la DPP-4 est associée à un risque accru de pneumonie d’origine communautaire. Méthodes Les bases de données britanniques « Clinical Practice Research Datalink » (CPRD) et « Hospital Episodes Statistics » (HES) ont été utilisées pour réaliser une étude cas-témoins nichée dans une cohorte de nouveaux utilisateurs de médicaments du diabète de type 2 entre 2007 et 2012. Les cas incidents de pneumonies communautaires hospitalisées ont été appariés avec jusqu’à 20 témoins sur l’âge, la durée du diabète traité pharmacologiquement, l’année civile et la durée du suivi. Des modèles de régression logistique conditionnelle ont été utilisés pour estimer les odds ratios de pneumonie communautaire hospitalisées associés à l’utilisation actuelle d’inhibiteurs de la DPP-4 par rapport à l’utilisation actuelle d’au moins deux agents antihyperglycémiants oraux. Résultats La cohorte comprenait 49 653 patients, dont 562 ont été hospitalisés pour une pneumonie communautaire au cours du suivi (taux d’incidence : 5,2/1000 personnes-années). Par rapport à l’utilisation actuelle d’au moins deux agents antihyperglycémiants oraux, l’utilisation actuelle d’un inhibiteur de la DPP-4 n’a pas été associée à un risque accru de pneumonie communautaire hospitalisée, globalement (OR ajusté : 0,80 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,50–1,29) ou selon la durée d’utilisation (test de tendance p = 0,57). Conclusions L’utilisation des inhibiteurs de la DPP-4 n’était pas associée à un risque accru d’hospitalisation pour pneumonie communautaire. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour évaluer l’association entre ces médicaments et d’autres infections graves. Mots clés Diabète de type 2 ; Inhibiteurs de la DPP-4 ; Infection ; Pharmacovigilance ; Pneumonie Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2015.03.096
P11 - Recherche clinique translationnelle P11.1
Analyse mutationnelle des mutations germinales des gènes mlh1 et msh2 chez des patients atteints de cancer colorectal montrant une extinction des protéines MLH1 et MSH2 F.Z. Moufid a,b,∗ , L. Bouguenouch a , I. Elbouchikhi a,b , M.I. Houssaini b , K. Belhassan a , I. Samri a , A. Laamarti a , O. Karim a a Medical genetics laboratory, CHU Hassan II, Fès, Maroc b Microbial biotechnology laboratory of FST, Fès, Maroc ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : moufid
[email protected] (F.Z. Moufid) Introduction Le cancer colorectal héréditaire non polyposique est une maladie héréditaire qui survient suite à des mutations germinales touchant les gènes du système de réparation d’ADN (MMR). Objectif L’étude a pour but de caractériser le profil des mutations des gènes mlh1 et msh2 chez des patients marocains atteints de cancer colorectal. Il s’agit de la première étude au Maroc visant le screening des patients atteints de cancer colorectal en général afin d’identifier la prévalence de la maladie. Méthode Entre janvier 2010 et janvier 2012, 214 cas de tumeurs diagnostiquées comme cancer colorectal ont rec¸u l’immuno-histochimie des protéines MLH1 et MSH2. Les patients présentant une extinction des protéines MMR ont eu une consultation génétique, et un séquenc¸age des gènes MMR correspondant a été exécuté utilisant la méthode de Sanger. Résultats Une extinction des protéines MMR a été détecté chez 21 patients (9,8 %). Le service de génétique a pu contacter 19 cas (90,4 %), seulement 16 d’entre eux (76,1 %) ont pu participer à l’étude. Tous les patients étaient disponibles et ont subi une analyse mutationnelle des gènes de réparation du mésappariement de l’ADN : deux se sont révélés positifs à l’égard de mutations
S80
EPI-CLIN 2015 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 63S (2015) S61–S89
concordant avec le syndrome de Lynch et deux autres présentaient des altérations des gènes MLH1 et MSH2 de signification incertaine. Conclusion L’étude avait pour but de définir la fréquence du syndrome de Lynch chez la population Marocaine. Les résultats préliminaires ont montré que 0,9 % étaient porteurs des mutations germinales des gènes mlh1 et msh2. Mots clés mlh1 ; msh2 ; Colorectal cancer ; Germline mutations Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2015.03.097 P11.2
Aspects pathologiques et moléculaires des sarcomes des tissus mous : à propos de 80 cas. Expérience du CHU Hassan II de Fès, Maroc S. Louati a,∗ , L. Chban a , N. Senhaj a , J.K. Amran a , S. Bennis b a Faculté des sciences et techniques de Fès, Fès, Maroc b CHU Hassan II, Fès, Maroc ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Louati) Introduction Les sarcomes des parties molles sont des tumeurs rares dont les classifications morphologique et phénotypique sont peu reproductibles. La compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans la genèse de ces tumeurs a permis de les classer en cinq catégories. L’objectif de ce travail est d’étudier les aspects moléculaires en comparaison avec les aspects anatomopathologiques des sarcomes des tissus mous des patients colligés dans le service d’anapath du CHU Hassan II de Fès. Méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective étalée entre février 2008 et octobre 2014 portant sur 80 cas de sarcomes : 36 cas de tumeurs du groupe PNET/Ewing, 29 cas de synovilaosarcomes et 15 cas de liposarcomes diagnostiqués au sein du service d’anatomie pathologique. Le diagnostic repose sur une étude histologique standard, puis une confirmation immuno-histochimique a été réalisée par les anticorps anti-CD99, anti-cytokératine, anti-EMA, antiMDM2 et anti-CDk4. Le réarrangement chromosomique du gène EWSR1 et SS18 ainsi que l’amplification du gène MDM2 ont été réalisée par la technique d’hybridation in situ fluorescente (FISH). Aussi, l’amplification du gène MDM2 dans les liposarcomes a été recherchée par Real Time PCR (RT-PCR) permettant ainsi de faire une comparaison entre les deux techniques (FISH et RT-PCR). Résultats L’âge moyen des patients est de 35 ans avec des extrêmes de 11 et 78 ans et une prédominance masculine ; 78 % des cas sont de grade III selon la FNCLCC (Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer) avec une localisation fréquente au niveau des membres inférieurs. Les tumeurs du groupe PNET/Ewing sont composées d’une prolifération de petites cellules rondes, 85 % d’entre elles montrent une positivité intense, membranaire et diffuse de l’anticorps anti-CD99. Le réarrangement du gène EWSR1 a été noté dans 63 % des cas confirmant le diagnostic d’une tumeur du groupe PNET/Ewing. La plupart des synovialosarcomes sont caractérisés par un aspect fusiforme des cellules tumorales et plus de 60 % des cas présentent un marquage positif des anticorps anti- cytokératine et anti-EMA. Le réarrangement du gène SS18 est détecté dans plus de 50 % des cas. Huit cas de liposarcomes sont diagnostiqués bien différenciés et 7 autres cas de liposarcomes dédifférenciés. Ces tumeurs sont caractérisés par un aspect hétérogène de cellules malignes et une positivité des anticorps MDM2 et CDk4. La recherche de l’amplification des gènes MDM2 a été réalisée par deux techniques (FISH et RT-PCR) permettant d’obtenir les résultats suivant : 5 cas amplifiés par FISH contre 6 cas par RT-PCR chose qui montre plus de 80 % de concordance entre les deux techniques sachant que la sensibilité de la FISH est plus élevée que celle de la RT-PCR. Conclusion Vu les enjeux thérapeutiques et la non spécificité des anticorps, l’étude moléculaire (FISH et PCR) est devenue une nécessité dans le diagnostic des sarcomes.
Mots clés Sarcome ; Biologie moléculaire ; FISH ; RT-PCR ; Immuno-histochimie Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2015.03.098 P11.3
Biomarqueurs émergents des gliomes malins N. Senhaji a,∗ , S. Louati a , S. El Bardai b , K. Mikou a , A. Amarti b , S. Bennis c a Laboratoire des molécules bioactives : structure et fonctions, faculté des sciences et techniques de Fès, Fès, Maroc b Service d’anatomie pathologique et de pathologie moléculaire, CHU Hassan II de Fès, Fès, Maroc c Laboratoire de biologie cellulaire et moléculaire, faculté de médecine et de pharmacie de Fès, Fès, Maroc ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (N. Senhaji) Introduction L’incidence annuelle des gliomes est estimée à 5–6 cas pour 100 000. Le diagnostic repose principalement sur la classification de l’OMS 2007, qui souffre d’un manque de précision et de reproductibilité. Actuellement, la recherche d’altérations génétiques dans les gliomes montre un rôle potentiel dans le diagnostic, le pronostic et la réponse au traitement. Le but de cette étude est d’évaluer la présence et la fréquence de certains biomarqueurs génétiques dans les gliomes. Patients et méthodes Au total, 99 échantillons de tumeurs ont été utilisés pour cette étude. Ils ont été obtenus à partir de patients diagnostiqués avec un gliome au Centre hospitalier universitaire Hassan II de Fès entre janvier 2010 et décembre 2013. L’immuno-histochimie a été réalisée avec l’anticorps dirigé contre l’internexine alpha (INA) et qui est utilisé comme marqueur de substitution de la codélétion 1p/19q dans les oligodendrogliomes. L’ADN a été extrait pour analyse moléculaire. Une Q-PCR a été réalisée pour étudier l’amplification des gènes EGFR et MDM2 dans les glioblastomes. La détection des mutations des gènes IDH1 et IDH2 dans les gliomes diffus s’est basée sur les techniques classiques du séquenc¸age de Sanger. Résultats Notre population d’étude se compose de 99 patients (60 hommes et 39 femmes). L’âge moyen est de 38 ans avec des extrêmes de 3 à 90 ans. Un immunomarquage positif de l’INA a été retrouvé chez 11 des 15 patients présentant une tumeur oligodendrogliale. Nous avons identifié les mutations du gène IDH1 dans 43 cas tandis qu’une seule mutation du gène IDH2 a été détectée dans un oligodendrogliome anaplasique. L’identification de l’amplification des gènes EGFR et MDM2 par la technique de Q-PCR est toujours en cours de réalisation. Discussion De nombreuses études ont démontré que le sous-typage génétique d’un phénotype histologique donné avec des biomarqueurs robustes peut améliorer le diagnostic et le pronostic. Les marqueurs moléculaires typiques des glioblastomes primaires sont l’amplification des gènes EGFR et MDM2. Les altérations génétiques les plus courantes dans les glioblastomes secondaires et les autres gliomes diffus comprennent la mutation TP53, la codélétion 1p/19q et les mutations IDH. Notre étude portera essentiellement sur l’identification de ces marqueurs et leurs fréquences. Ces données doivent être comparées avec la littérature. Conclusion La nouvelle technologie moléculaire a permis une meilleure classification des gliomes basée sur l’altération de gènes spécifiques pour chaque sous-type de tumeur. Ces marqueurs moléculaires sont nécessaires pour une différenciation précise et objective et par conséquent pour une thérapie plus ciblée. Mots clés Gliomes ; INA ; IDH ; EGFR ; MDM2 Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2015.03.099