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Anarthrie croisée et latéralisation dissociée du langage
© MASSON
Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 8-9, 829-831
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Brève communication Anarthrie croisée et latéralisation dissociée du langage J.-L. Renard1, E. Baudelle1, C. Nioche2, D. Felten3, F. Chedru4, D. Béquet1, F. Flocard1 1
Service de Neurologie, Val-de-Grâce, Paris. Service d’Imagerie Médicale, HIA Val-de-Grâce, Paris. 3 Service de Neurologie, HIA Desgenettes, Lyon. 4 Service de Neurologie, CH de Meaux, Meaux. Reçu le : 24/10/2004 ; Accepté le : 13/12/2004. 2
RÉSUMÉ Introduction. Les observations d’anarthrie croisée sont rares et plutôt anciennes. Observation. Nous rapportons un cas d’anarthrie pure croisée, secondaire à une hémorragie cortico-sous-corticale de la région pré-motrice droite intéressant le pied de F1 et de F2 et la partie haute du quadrilatère de Pierre Marie, chez un patient âgé de 55 ans, droitier exclusif. Conclusion. L’étude de différentes tâches langagières (articulation, fluences verbales, génération d’un mot complément d’objet d’un verbe) est en faveur d’une latéralisation dissociée du langage. À l’hémisphère gauche, incombent les tâches lexico-sémantiques et grammaticales. À l’hémisphère droit, incombe la programmation de l’articulation.
Mots-clés : Anarthrie croisée • Latéralisation dissociée du langage
SUMMARY Crossed anarthria and a dissociated lateralisation of language. J.-L. Renard, E. Baudelle, C. Nioche, D. Felten, F. Chedru, D. Béquet, F. Flocard. Rev Neurol (Paris) 2005; 161: 8-9, 829-831
Introduction. Crossed anarthria cases are uncommon and rather old. Observation. We report the case of a right-handed 55-year-old man who presented crossed pure anarthria due to a hemorrhage in the premotor cortex (feet of F1 and F2) and in the high part of Pierre-Marie’s quadrangle. Conclusion. The study of different tasks (articulation, verbal fluency, direct object word-generation from a verb) showed a dissociated lateralisation of his language. Lexico-semantic and grammatical tasks are processed in the left hemisphere. Articulation programming occurs in the right hemisphere.
Keywords: Crossed anarthria • Dissociated lateralisation of language
Les observations d’anarthrie croisée sont rares et plutôt anciennes (Demeurisse et al., 1984 ; Tanaka et al., 1986). Nous rapportons un cas d’anarthrie pure croisée secondaire à une hémorragie cortico-sous-corticale de la région prémotrice droite chez un patient, droitier exclusif, présentant une latéralisation dissociée du langage.
OBSERVATION Cas n° 4522941. — Un homme, âgé de 55 ans, hypertendu traité, droitier exclusif dont le frère et le fils sont gauchers, présenta brutalement une paralysie faciale centrale gauche, une apraxie bucco-faciale, une anarthrie, une apraxie mélocinétique de la main gauche, une négligence visuelle gauche intentionnelle, un trouble de la réalisation des séries gestuelles poing-paume-tranche et des frises de Luria. L’anarthrie était manifeste dans l’expression orale spontanée, initialement réduite à quelques sons, et dans la
répétition qui étaient caractérisées par des déviations phonétiques ou distorsions acoustiques, par un syndrome de désintégration phonétique avec élisions, assimilations, substitutions diverses (zèbre → bzèbre ; cube → pub) aboutissant à des non-mots et par une dissociation automatico-volontaire. L’anarthrie était pure car la dénomination, la syntaxe, l’expression écrite, la compréhension du langage oral ou écrit et les autres transpositions étaient normales hormis les troubles anarthriques. L’étude du langage de ce patient montrait une dissociation entre les tâches arthriques déficitaires et les tâches lexico-sémantiques préservées (fluences verbales phonétique et lexicale, génération d’un nom complément d’objet à partir d’un verbe). L’IRM anatomique révélait une hémorragie cortico-souscorticale de la région pré-motrice droite intéressant le pied de F1 et de F2 et la partie haute du quadrilatère de Pierre Marie (Fig. 1). Elle épargnait en arrière la circonvolution frontale ascendante, en bas et en avant le pied et le cap de F3, constitutifs de l’aire de Broca (aires 44 et 45 de Brodmann). L’évolution de l’anarthrie à six mois a été quasi régressive.
Tirés à part : J-L. RENARD, Service de Neurologie, HIA Val-de-Grâce, 74, boulevard de Port-Royal, 75005 Paris. E-mail : [email protected]
J.-L. RENARD et coll.
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Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 8-9, 829-831
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Fig. 1. – IRM cérébrale en séquence pondérée T1 : hémorragie de la région pré-motrice droite intéressant le pied de F1 et de F2 et la partie haute du quadrilatère de Pierre Marie (a : coupe sagittale ; b : coupe axiale). T1-weighted brain MRI: haemorrhage in the premotor cortex (feet of F1 and F2) and in the high part of Pierre Marie’s quadrangle (a: sagittal slice ; b: axial slice).
DISCUSSION L’anarthrie était pure en l’absence de transformations aphasiques, de troubles de la dénomination, de la syntaxe, de l’expression écrite, de la compréhension du langage oral ou écrit, des transpositions en dehors de la répétition. Elle résultait d’une lésion de la région pré-motrice droite chez un droitier exclusif, définissant une anarthrie croisée par lésion cérébrale ipsi-latérale à la main prévalente. Chez le droitier, un réseau cortico-sous-cortical de l’hémisphère gauche préside à l’articulation. Il est constitué au niveau cortical du pied de F2 et de F3, de la partie inférieure de la circonvolution frontale ascendante (FA) et au niveau du quadrilatère de Pierre Marie de la substance blanche souscorticale, du noyau lenticulaire et de leurs voies d’association. Toute lésion en un point quelconque de ce réseau retentit sur l’élément terminal du réseau ou FA et aboutit à une anarthrie pure, sauf lors d’une atteinte du pied de F3 qui adjoint des troubles aphasiques (Cambier et Verstichel, 1998). Dejerine (1906), puis Roch Lecours et Lhermitte (1979) ont insisté sur la fréquente lésion des fibres en U qui unissent l’aire de Broca (F3) à la partie inférieure de FA. Déjà Marie (1906 a et b) évoquait la possibilité d’une lésion dans l’un ou l’autre des hémisphères : « Un fait doit être noté, c’est que l’anarthrie n’appartient pas exclusivement à l’hémisphère gauche et peut se voir aussi lorsque la lésion siège dans l’hémisphère droit au niveau de la zone du noyau lenticulaire ». L’anarthrie croisée est un fait clinique rare. Dans le cas rapporté par Demeurisse et al. (1984), l’anarthrie était associée à une hémiplégie gauche, des paraphasies phonémiques, des paragraphies et résultait d’un infarctus cortico-souscortical droit étendu intéressant les deux tiers inférieurs de FA, les pieds de F2 et F3 avec débord au niveau de la première temporale. L’étude des débits sanguins cérébraux régionaux en dénomination montrait au 22e jour une activation bilatérale dans les aires frontales hautes et hémisphérique gauche (pariétale, temporales postérieure et inférieure),
puis au 88e jour une activation des deux pôles frontaux, bilatérale en région fronto-temporale ainsi qu’au niveau rolandique gauche. Dans le cas rapporté par Tanaka et al. (1986), l’anarthrie était pure, associée à un infarctus cortico-souscortical droit limité au pied de F2 et à la partie inférieure de FA. L’auteur concluait en une prédominance hémisphérique dissociée, gauche pour le langage et droite pour l’articulation. Cette latéralisation dissociée du langage a été retrouvée chez ce patient. L’anarthrie corrélée à une lésion de la région pré-motrice droite est en faveur d’une latéralisation droite de la programmation de l’articulation. La génération d’un nom complément d’objet à partir d’un verbe est une tâche d’accès lexical à double contrainte sémantique et grammaticale. Elle s’effectue en trois temps : sélection sémantique et grammaticale du mot dans le lexique phonologique de sortie impliquant l’aire de Wernicke, le thalamus, le noyau caudé et la convexité frontale ; encodage phonologique du mot et son maintien dans la mémoire de travail impliquant les gyri temporal supérieur et angulaire ; programmation de l’articulation impliquant l’aire de Broca, le pied de FA, l’insula, le noyau lenticulaire et leurs voies d’association. Cette épreuve est très discriminante comme celle des fluences verbales dans l’étude de la latéralisation de la dominance hémisphérique pour le langage en l’occurrence gauche chez le sujet droitier (Lamargue-Hamel et al., 2004). La préservation de cette tâche et des fluences verbales suggère une latéralisation gauche des tâches lexicosémantiques et grammaticales chez ce patient.
CONCLUSION En conclusion, ce patient droitier exclusif, anarthrique par lésion pré-motrice droite, présente une latéralisation dissociée du langage. À l’hémisphère gauche, incombent les tâches lexico-sémantiques et grammaticales. À l’hémisphère droit, incombe la programmation de l’articulation.
J.-L. RENARD et coll.
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Brève communication • Anarthrie croisée et latéralisation dissociée du langage
RÉFÉRENCES CAMBIER J, VERSTICHEL P. (1998). Le langage oral. In : Le cerveau réconcilié, pp. 169-217. Masson, Paris. DEJERINE J. (1906a). À propos de la localisation de l’aphasie motrice. Presse Med, 56: 742. DEJERINE J. (1906b). L’aphasie motrice ; sa localisation et sa physiologie pathologique. Presse Med, 57: 453. DEMEURISSE G, COEKAERTS MJ, HUBLET C. (1984). Agraphie, anarthrie corticale et troubles de la programmation par lésion hémisphérique droite chez un droitier manuel. Acta Neurol Belg, 84: 119-130. LAMARGUE-HAMEL D, BELIN C, MORONI C et al. (2004). F-MRI language studies: which tests to determine hemispheric domi-
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nance? (Poster). 1er Congrès des Sociétés de Neuropsychologie Européennes, 18-20 avril 2004, Modène, Italie. MARIE P. (1906). Révision de la question de l’aphasie : la troisième circonvolution frontale gauche ne joue aucun rôle spécial dans la fonction du langage. Sem Med, 26: 241. ROCH LECOURS A, LHERMITTE F. (1979). Biologie de la parole et du langage. Physiopathologie et localisation des lésions cérébrales responsables de l’aphasie. In : L’aphasie, pp. 266-276. Flammarion Médecine-Sciences (Paris), Les Presses de l’Université de Montréal (Montréal). TANAKA M, SENOH Y, OKAMOTO K. (1986). Pure anarthria in a drextral due to a small infarction in the right hemisphere. Clin Neurol, 26: 149-155.
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Brève communication Anarthrie croisée et latéralisation dissociée du langage J.-L. Renard1, E. Baudelle1, C. Nioche2, D. Felten3, F. Chedru4, D. Béquet1, F. Flocard1 1
Service de Neurologie, Val-de-Grâce, Paris. Service d’Imagerie Médicale, HIA Val-de-Grâce, Paris. 3 Service de Neurologie, HIA Desgenettes, Lyon. 4 Service de Neurologie, CH de Meaux, Meaux. Reçu le : 24/10/2004 ; Accepté le : 13/12/2004. 2
RÉSUMÉ Introduction. Les observations d’anarthrie croisée sont rares et plutôt anciennes. Observation. Nous rapportons un cas d’anarthrie pure croisée, secondaire à une hémorragie cortico-sous-corticale de la région pré-motrice droite intéressant le pied de F1 et de F2 et la partie haute du quadrilatère de Pierre Marie, chez un patient âgé de 55 ans, droitier exclusif. Conclusion. L’étude de différentes tâches langagières (articulation, fluences verbales, génération d’un mot complément d’objet d’un verbe) est en faveur d’une latéralisation dissociée du langage. À l’hémisphère gauche, incombent les tâches lexico-sémantiques et grammaticales. À l’hémisphère droit, incombe la programmation de l’articulation.
Mots-clés : Anarthrie croisée • Latéralisation dissociée du langage
SUMMARY Crossed anarthria and a dissociated lateralisation of language. J.-L. Renard, E. Baudelle, C. Nioche, D. Felten, F. Chedru, D. Béquet, F. Flocard. Rev Neurol (Paris) 2005; 161: 8-9, 829-831
Introduction. Crossed anarthria cases are uncommon and rather old. Observation. We report the case of a right-handed 55-year-old man who presented crossed pure anarthria due to a hemorrhage in the premotor cortex (feet of F1 and F2) and in the high part of Pierre-Marie’s quadrangle. Conclusion. The study of different tasks (articulation, verbal fluency, direct object word-generation from a verb) showed a dissociated lateralisation of his language. Lexico-semantic and grammatical tasks are processed in the left hemisphere. Articulation programming occurs in the right hemisphere.
Keywords: Crossed anarthria • Dissociated lateralisation of language
Les observations d’anarthrie croisée sont rares et plutôt anciennes (Demeurisse et al., 1984 ; Tanaka et al., 1986). Nous rapportons un cas d’anarthrie pure croisée secondaire à une hémorragie cortico-sous-corticale de la région prémotrice droite chez un patient, droitier exclusif, présentant une latéralisation dissociée du langage.
OBSERVATION Cas n° 4522941. — Un homme, âgé de 55 ans, hypertendu traité, droitier exclusif dont le frère et le fils sont gauchers, présenta brutalement une paralysie faciale centrale gauche, une apraxie bucco-faciale, une anarthrie, une apraxie mélocinétique de la main gauche, une négligence visuelle gauche intentionnelle, un trouble de la réalisation des séries gestuelles poing-paume-tranche et des frises de Luria. L’anarthrie était manifeste dans l’expression orale spontanée, initialement réduite à quelques sons, et dans la
répétition qui étaient caractérisées par des déviations phonétiques ou distorsions acoustiques, par un syndrome de désintégration phonétique avec élisions, assimilations, substitutions diverses (zèbre → bzèbre ; cube → pub) aboutissant à des non-mots et par une dissociation automatico-volontaire. L’anarthrie était pure car la dénomination, la syntaxe, l’expression écrite, la compréhension du langage oral ou écrit et les autres transpositions étaient normales hormis les troubles anarthriques. L’étude du langage de ce patient montrait une dissociation entre les tâches arthriques déficitaires et les tâches lexico-sémantiques préservées (fluences verbales phonétique et lexicale, génération d’un nom complément d’objet à partir d’un verbe). L’IRM anatomique révélait une hémorragie cortico-souscorticale de la région pré-motrice droite intéressant le pied de F1 et de F2 et la partie haute du quadrilatère de Pierre Marie (Fig. 1). Elle épargnait en arrière la circonvolution frontale ascendante, en bas et en avant le pied et le cap de F3, constitutifs de l’aire de Broca (aires 44 et 45 de Brodmann). L’évolution de l’anarthrie à six mois a été quasi régressive.
Tirés à part : J-L. RENARD, Service de Neurologie, HIA Val-de-Grâce, 74, boulevard de Port-Royal, 75005 Paris. E-mail : [email protected]
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Fig. 1. – IRM cérébrale en séquence pondérée T1 : hémorragie de la région pré-motrice droite intéressant le pied de F1 et de F2 et la partie haute du quadrilatère de Pierre Marie (a : coupe sagittale ; b : coupe axiale). T1-weighted brain MRI: haemorrhage in the premotor cortex (feet of F1 and F2) and in the high part of Pierre Marie’s quadrangle (a: sagittal slice ; b: axial slice).
DISCUSSION L’anarthrie était pure en l’absence de transformations aphasiques, de troubles de la dénomination, de la syntaxe, de l’expression écrite, de la compréhension du langage oral ou écrit, des transpositions en dehors de la répétition. Elle résultait d’une lésion de la région pré-motrice droite chez un droitier exclusif, définissant une anarthrie croisée par lésion cérébrale ipsi-latérale à la main prévalente. Chez le droitier, un réseau cortico-sous-cortical de l’hémisphère gauche préside à l’articulation. Il est constitué au niveau cortical du pied de F2 et de F3, de la partie inférieure de la circonvolution frontale ascendante (FA) et au niveau du quadrilatère de Pierre Marie de la substance blanche souscorticale, du noyau lenticulaire et de leurs voies d’association. Toute lésion en un point quelconque de ce réseau retentit sur l’élément terminal du réseau ou FA et aboutit à une anarthrie pure, sauf lors d’une atteinte du pied de F3 qui adjoint des troubles aphasiques (Cambier et Verstichel, 1998). Dejerine (1906), puis Roch Lecours et Lhermitte (1979) ont insisté sur la fréquente lésion des fibres en U qui unissent l’aire de Broca (F3) à la partie inférieure de FA. Déjà Marie (1906 a et b) évoquait la possibilité d’une lésion dans l’un ou l’autre des hémisphères : « Un fait doit être noté, c’est que l’anarthrie n’appartient pas exclusivement à l’hémisphère gauche et peut se voir aussi lorsque la lésion siège dans l’hémisphère droit au niveau de la zone du noyau lenticulaire ». L’anarthrie croisée est un fait clinique rare. Dans le cas rapporté par Demeurisse et al. (1984), l’anarthrie était associée à une hémiplégie gauche, des paraphasies phonémiques, des paragraphies et résultait d’un infarctus cortico-souscortical droit étendu intéressant les deux tiers inférieurs de FA, les pieds de F2 et F3 avec débord au niveau de la première temporale. L’étude des débits sanguins cérébraux régionaux en dénomination montrait au 22e jour une activation bilatérale dans les aires frontales hautes et hémisphérique gauche (pariétale, temporales postérieure et inférieure),
puis au 88e jour une activation des deux pôles frontaux, bilatérale en région fronto-temporale ainsi qu’au niveau rolandique gauche. Dans le cas rapporté par Tanaka et al. (1986), l’anarthrie était pure, associée à un infarctus cortico-souscortical droit limité au pied de F2 et à la partie inférieure de FA. L’auteur concluait en une prédominance hémisphérique dissociée, gauche pour le langage et droite pour l’articulation. Cette latéralisation dissociée du langage a été retrouvée chez ce patient. L’anarthrie corrélée à une lésion de la région pré-motrice droite est en faveur d’une latéralisation droite de la programmation de l’articulation. La génération d’un nom complément d’objet à partir d’un verbe est une tâche d’accès lexical à double contrainte sémantique et grammaticale. Elle s’effectue en trois temps : sélection sémantique et grammaticale du mot dans le lexique phonologique de sortie impliquant l’aire de Wernicke, le thalamus, le noyau caudé et la convexité frontale ; encodage phonologique du mot et son maintien dans la mémoire de travail impliquant les gyri temporal supérieur et angulaire ; programmation de l’articulation impliquant l’aire de Broca, le pied de FA, l’insula, le noyau lenticulaire et leurs voies d’association. Cette épreuve est très discriminante comme celle des fluences verbales dans l’étude de la latéralisation de la dominance hémisphérique pour le langage en l’occurrence gauche chez le sujet droitier (Lamargue-Hamel et al., 2004). La préservation de cette tâche et des fluences verbales suggère une latéralisation gauche des tâches lexicosémantiques et grammaticales chez ce patient.
CONCLUSION En conclusion, ce patient droitier exclusif, anarthrique par lésion pré-motrice droite, présente une latéralisation dissociée du langage. À l’hémisphère gauche, incombent les tâches lexico-sémantiques et grammaticales. À l’hémisphère droit, incombe la programmation de l’articulation.
J.-L. RENARD et coll.
© MASSON
Brève communication • Anarthrie croisée et latéralisation dissociée du langage
RÉFÉRENCES CAMBIER J, VERSTICHEL P. (1998). Le langage oral. In : Le cerveau réconcilié, pp. 169-217. Masson, Paris. DEJERINE J. (1906a). À propos de la localisation de l’aphasie motrice. Presse Med, 56: 742. DEJERINE J. (1906b). L’aphasie motrice ; sa localisation et sa physiologie pathologique. Presse Med, 57: 453. DEMEURISSE G, COEKAERTS MJ, HUBLET C. (1984). Agraphie, anarthrie corticale et troubles de la programmation par lésion hémisphérique droite chez un droitier manuel. Acta Neurol Belg, 84: 119-130. LAMARGUE-HAMEL D, BELIN C, MORONI C et al. (2004). F-MRI language studies: which tests to determine hemispheric domi-
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nance? (Poster). 1er Congrès des Sociétés de Neuropsychologie Européennes, 18-20 avril 2004, Modène, Italie. MARIE P. (1906). Révision de la question de l’aphasie : la troisième circonvolution frontale gauche ne joue aucun rôle spécial dans la fonction du langage. Sem Med, 26: 241. ROCH LECOURS A, LHERMITTE F. (1979). Biologie de la parole et du langage. Physiopathologie et localisation des lésions cérébrales responsables de l’aphasie. In : L’aphasie, pp. 266-276. Flammarion Médecine-Sciences (Paris), Les Presses de l’Université de Montréal (Montréal). TANAKA M, SENOH Y, OKAMOTO K. (1986). Pure anarthria in a drextral due to a small infarction in the right hemisphere. Clin Neurol, 26: 149-155.
J.-L. RENARD et coll.