Anticorps antigliadine et anticorps antiendomysium : détection et valeur diagnostique dans la maladie cœliaque

Anticorps antigliadine et anticorps antiendomysium : détection et valeur diagnostique dans la maladie cœliaque

Immuno-analyse et biologie spécialisée (2008) 23, 45—48 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com journal homepage: http://france.elsevier.com/di...

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Immuno-analyse et biologie spécialisée (2008) 23, 45—48 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

journal homepage: http://france.elsevier.com/direct/IMMBIO/

STRATÉGIE D’EXPLORATION FONCTIONNELLE ET DE SUIVI THÉRAPEUTIQUE

Anticorps antigliadine et anticorps antiendomysium : détection et valeur diagnostique dans la maladie cœliaque Antiendomysium and antigliadin antibodies: Detection and diagnostic value in coeliac disease H. Missoum a,∗, N. Arji a, N. Mouan b, R. El Aouad a a

Département immunologie et virologie, institut national d’hygiène, 27, avenue Ibn-Batouta, B.P. 769, Rabat 10 000, Maroc b Service de pédiatrie III, CHU d’Ibn-Sina-Agdal, hôpital d’enfant, 27, avenue Ibn-Batouta, B.P. 769, 10 000 Rabat, Maroc Rec ¸u le 29 aoˆ ut 2007 ; accepté le 30 septembre 2007 Disponible sur Internet le 7 mars 2008

MOTS CLÉS Anticorps antigliadine IgG/IgA ; Anticorps antiendomysium IgA ; Maladie cœliaque



Résumé Les anticorps circulants antiendomysium (AEM) et antigliadine classe IgA et IgG (AAG IgA/IgG) sont des marqueurs sérologiques intéressants dans la maladie cœliaque. En effet, cette maladie induite par le gluten est caractérisée par une auto-immunisation contre l’endomysium des cellules endothéliales. Dans ce travail nous avons recherché ces auto-anticorps par immunofluorescence indirecte chez 37 enfants atteints de la maladie cœliaque au cour de l’année 1999—2000. Chez les patients ayant une maladie cœliaque en phase active, la sensibilité des AAG/IgG, AAG/IgA et AEM était, respectivement, de 90, 65 et 95 %. Leurs spécificités respectives étaient de 100 %. Ces résultats sont en accord avec ceux de la littérature. Le dosage simultané des AEM et des AAG donne le meilleur résultat pour le dépistage de MC avec une sensibilité de 95 % et une spécificité de 100 %. Dans le groupe de malade cœliaque sous régime sans gluten, les AAG/IgG et les AEM étaient présents, dans respectivement, 10 et 20 % des cas. Chez les patients ayant une suspicion de maladie cœliaque, les AAG/IgG, AAG/IgA et les AEM étaient absents. L’intérêt de l’association des AAG et/ou AEM portent un argument important dans le diagnostic de maladie cœliaque. © 2008 Publi´ e par Elsevier Masson SAS.

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (H. Missoum).

0923-2532/$ — see front matter © 2008 Publi´ e par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.immbio.2007.09.010

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H. Missoum et al.

KEYWORDS Antigliadin antibodies; Antiendomysium antibodies; Coeliac disease

Summary The aim of this study was to search simultaneously for antiendomysium and antigliadin by indirect immunofluorescence in a group of coeliac children and a control. The significance in detection and supervision coeliac disease because there is a best correlation between development there titre and development clinical there disease. Thirty patient sex mixed age six to eight years were examined for coeliac disease. In active coeliac disease, the sensitivity of IgG antigliadin, IgA antigliadin and antiendomysium was 90, 65 and 95% respectively. Their specificity was 100%. They were never detected in case of characteristic patients. The association of AAG and/or AEM allow better result for coeliac disease depistage with of sensitivity 95% and specificity 100%. Under a strict gluten free diet, the prevalence AAG/IgG and AEM were 10 and 20% respectively. In suspect coeliac disease the AAG/IgG, AAG/IgA and AEM were absent. The significance association of AAG and/or AEM is important in coeliac disease. © 2008 Publi´ e par Elsevier Masson SAS.

Introduction

Groupe de contrôle

La maladie cœliaque est une malabsorption intestinale induite par l’une des fractions protéiques du gluten : la gliadine. Elle est caractérisée par une atrophie villositaire total ou quasi-total de la muqueuse intestinale qui guérit après exclusion du gluten de l’alimentation et réapparaît lorsqu’il y est réintroduit (épreuve de rechute). Le diagnostic est habituellement affirmé par l’histologie, montrant une atrophie villositaire subtotale [3,18]. Aujourd’hui des marqueurs sérologiques permettent le diagnostic et le suivi de la majorité des patients atteints de la maladie cœliaque (MC) [6,4,10]. Les moyens sérologiques de dépistage reposent sur la détection des anticorps antigliadine (AAG IgA/IgG), antiendomysium (AEM/IgA) et très récemment des antitransglutaminase tissulaire (tTG) [12,13]. Pour notre étude, nous nous sommes intéressés à la recherche de deux marqueurs sérologiques des antigliadine classe IgA et IgG et des antiendomysium IgA par immunofluorescence indirecte chez des enfants atteints ou suspects de maladie cœliaque, afin de déterminer l’intérêt de ces anticorps au cour de cette maladie. Jusqu’à présent la méthode de référence qui était nécessaire au diagnostic était l’analyse histologique des biopsies intestinales.

Il s’agit de 30 enfants témoins sains du même service âgés de huit mois à deux ans et un sex-ratio de 1,72. Ces cas n’ont aucun signe clinique ou biologique en faveur d’une pathologie digestive majeur.

Matériels et méthodes Patients Nous avons recherchés les AAG IgA/IgG et AEM IgA dans 37 sérums prélevés chez des enfants âgés de six mois à huit ans et un sex-ratio (féminin/masculin) étant 2,08, qui ont subi une biopsie intestinale pour l’atteinte ou suspicion de la maladie cœliaque et provenant de l’hôpital d’enfant de Rabat du service de pédiatrie III au cour de l’année 1999—2000. Ces enfants sont repartis selon la phase de la maladie en trois groupes : • groupe 1 : 20 malades atteints de la maladie cœliaque : les résultats de la biopsie intestinal a révélé une atrophie villositaire totale de grade 4 (AVT, GV) ; • groupe 2 : dix malades atteints de la maladie cœliaque et sous régime sans gluten (RSG) (régime un à 12 mois) ; • groupe 3 : sept malades suspects de MC.

Méthode Recherche des anticorps sériques antigliadine et antiendomysium Elle est effectuée par une technique standard d’immunofluorescence indirecte [9,12,18]. Après incubation du sérum à la dilution appropriée en présence du substrat, les anticorps fixés sont révélés par des anticorps anti-immunoglobulines (Ig) humaines marqués à la fluorescéine. Les lectures sont effectuées au microscope à fluorescence. Anticorps antigliadine IgA/IgG Les substrats antigéniques sont des coupes de rein de souris fixés sur des lames commerciales (Scimdex et Sanofi diagnostic Pasteur). La détection des anticorps est effectuée sur des sérums dilués au 1/20. Pour chaque sérum, une recherche d’anticorps IgA et IgG a été effectuées en utilisant un antisérum humaine marqué à la fluorescéine. La présence de ces anticorps est révélée par une fluorescence péritubulaire et périglomérulaire. Anticorps antiendomysium IgA Les substrats antigéniques sont des coupes d’œsophage de singe (Sanofi Diagnostic Pasteur). La détection des anticorps est effectuée sur des sérums dilués au 1/10. La révélation est révélée par un antisérum humain IgA marqué à la fluorescéine. La présence de ces anticorps est révélée par une fluorescence de la muscularis mucosae et fibrillaire ou en nid d’abeilles de la muscularis externa.

Résultats La fréquence de positivité des anticorps antigliadine IgA et IgG et des antiendomysium dans les sérums de patients

Anticorps antigliadine et anticorps antiendomysium Tableau 1 indirecte.

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Fréquence de positivité des anticorps antigliadine IgA/IgG et anticorps antiendomysium par immunofluorescence

Diagnostic

Groupe 1 : MC en phase active Groupe 2 : MC sous RSG Groupe 3 : suspicion de MC Témoins

Nombres de patients

20 10 7 30

AAG/IgG positif

AAG/IgA positif

AEM/IgA positif

AAG/IgG et/ou IgA et/ou AEM positif

Nb

%

Nb

%

Nb

%

Nb

%

18 1 0 0

90 10 0 0

13 0 0 0

65 0 0 0

19 2 0 0

95 20 0 0

19 2 0 0

95 20 0 0

NP : nombres de patients ; MC : maladie cœliaque ; % : pourcentage de positivité ; AEM : anticorps antiendomysium ; AAG : anticorps antigliadine ; RSG : régime sans gluten.

atteints ou suspect de maladie cœliaque et les groupes d’enfants témoins est reportée dans le Tableau 1.

Discussion Sensibilité et spécificité des antigliadine classe IgA et IgG et antiendomysium dans le groupe de patients atteints de maladie cœliaque en phase active (groupe 1) Au cour de cette étude, la sensibilité des AAG — IgA et IgG était respectivement de 90 et 65 % et la spécificité de 100 %. Ces résultat sont comparables à ceux de la littérature [2,4,5,14]. Dans notre travail, la spécificité des AAG/IgA est de 100 % pour le diagnostic de MC car notre groupe témoins ne comporte pas de pathologie inflammatoire chronique susceptible d’affecter cette spécificité, en revanche, leur sensibilité est nettement inférieure à celle des AAG/IgG. En faite les AAG/IgG, constituent le marqueur le plus sensible de MC. En effet, la sensibilité des AAG/IgG varie selon les études de 65 à 100 % et la spécificité entre 88 à 100 % [6,7], alors que les AAG/IgA ont une sensibilité de 41 à 99 % et une spécificité de 90 à 100 %. Ces deux marqueurs peuvent atteindre 91 à 100 % de sensibilité et 78 à 94 % de spécificité, si on associe leur dosage [2,4,7,13]. Pour ces auteurs les titres les plus élevés des AAG/IgG ont été trouvés chez les nourrissons et les jeunes enfants, avec une tendance à la décroissance avec l’âge. Ils en ont conclu que la détermination des AAG/IgG serait plus utile chez les enfants en bas âge [1,7,10]. La plupart des auteurs prêtent aux anticorps de classe IgA un intérêt particulier dans la corrélation avec les dommages morphologiques de la muqueuse intestinale et ce, à cause des différences significatives de l’évolution de leur taux par rapport à celui des IgG lors des trois biopsies préconisées par le suivi de MC [6,4,7]. La détection des AAG/IgA peut s’observer dans d’autres pathologies, en particulier dans la néphropathie primitive à IgA et le purpura rhumatoïde primitif [13,15,16]. Pour les AEM, nous avons trouvés une sensibilité de 95 % et une spécificité de 100 %. Ces résultats rejoignent ceux de la littérature [2,7,8,13]. Ces travaux ont rapporté que les AEM ont une sensibilité et une spécificité respectives de 88 et 100 % chez les patients atteints de MC. Dans notre étude, nous avons obtenu un gain de sensibilité de 95 % pour les AEM par rapport aux AAG de 90 %. Cette

différence n’est cependant pas significative. Il semble que les AEM soient les meilleurs marqueurs pour le dépistage de la maladie cœliaque. De plus, les AAG sont moins spécifiques que les AEM, car ils peuvent être présents au cours des maladies inflammatoires chroniques [1,3]. Ces auteurs ont trouvé que le dosage simultané des AAG (IgG et/ou IgA) et AEM donne de meilleurs résultats pour le dépistage de MC en phase active, avec une sensibilité de 90 % et une spécificité de 100 % [2,17]. Pour la corrélation de deux dosages des AAG et AEM, nous avons trouvé une sensibilité de 95 % et une spécificité de 100 %, ce qui est en accord avec la littérature [2,9]. Par ailleurs, il est actuellement admis que la séquence des trois biopsies peut être évitée, si la confirmation du diagnostic est portée à la première biopsie, puis une amélioration clinique sous régime sans gluten et des taux d’anticorps AAG et/ou des AEM, positifs au départ qui s’effondrent sous régime sans gluten [6,7,12,13,15].

Recherche des anticorps antigliadine IgA et IgG et antiendomysium dans le groupe de patients sous régime sans gluten (groupe 2) Dans notre étude, les AAG/IgA et IgG sont absents chez neuf patients sur dix suivant un régime sans gluten strict depuis un à 12 mois. Les AAG/IgG sont présents chez un malade qui a fait l’objet d’une rechute histologique après réintroduction du gluten et présente, lors d’un contrôle de biopsie, une atrophie villositaire totale. La persistance de ces anticorps doit faire suspecter une mauvaise observance du régime. Au cours du régime sans gluten, les niveaux des AAG/IgA s’abaissent de manière significative dès le deuxième mois, alors que la baisse des taux d’IgG nécessitent des délais plus long cinq à six mois, parfois plus [2,6,9,11]. Selon la plupart des auteurs, ces anticorps ne sont pas intéressant pour le suivi des malades [2,10]. Ils seraient plutôt la preuve de l’existence d’une mémoire immunologique dans la MC indépendante du système immunitaire local [4,9,10]. Par ailleurs, l’augmentation des AAG/IgA et AAG/IgG, après arrêt du régime sans gluten et réintroduction du gluten, peut atteindre des valeurs significatives. Cette réascension rapide des AAG précède la rechute histologique qui peut se produire tardivement [6,9,15]. Le patient dans notre série présente un test AAG/IgG positif et AAG/IgA négatif. Cela pourrait suggérer que les AAG/IgG seraient un indicateur plus précoce de la rechute de la MC, comparée aux

48 AAG/IgA. Cela est conforté par les données de la littérature qui stipulent que les AAG/IgA redeviennent significatif quatre mois après la réintroduction du gluten chez 94 % des sujets atteints [6,15]. La réascension des taux d’IgG devient significative, 15 jours seulement après la réintroduction du gluten chez 60 % des patients non compliants [6,9]. De ce fait, tous les auteurs s’accordent sur le fait que les AAG/IgG ont un intérêt dans le suivi et la détection précoce des rechutes [6,4]. Pour les AEM, nous avons trouvé deux cas positif parmi les dix patients testés sous RSG depuis un à 12 mois. Le premier cas, sous régime sans gluten depuis un mois, présente un test positif pour AEM et négatif pour AAG/IgA et IgG. Cette positivité serait en rapport avec la négativation plus tardive des AEM comparée à celle des AAG. En effet, elle commence à partir du sixième mois de RSG [2,9]. La cinétique d’évolution des AEM/IgA sous RSG reste mal connue [9,10]. La quasi totalité des travaux comportant un suivi sérologique en AEM des patients sous RSG depuis six mois ne montre pas de négativation des AEM [2,6,10,15,17]. Le deuxième cas, a fait l’objet d’une rechute histologique après réintroduction du gluten et présente un test positif pour les AEM, positif pour les AAG/IgG et négatif pour les AAG/IgA. Ce qui suggère une augmentation rapide des AEM et des AAG/IgG à la réintroduction du gluten. Cela est conforté par les données de Humbel [9] qui ont montré que, lors de la réintroduction du gluten 60 % des cas font une rechute dans le mois qui suit, cette dernière se traduisant par une positivité des AEM. Pour ce même auteur le maintien de la négativité des AEM sous traitement est un argument important en faveur d’une bonne évolution. Dans le groupe de patients suspects de MC (groupe 3), la recherche des anticorps antigliadine et antiendomysium s’est avérée négative. Ce qui a été conforté aux résultats de biopsies intestinales.

Conclusion Les AAG et AEM sont des marqueurs utiles pour le diagnostic de la maladie cœliaque et pour le suivi des patients sous régime sans gluten. Cette étude a démontré que le dépistage de la maladie cœliaque devrait se faire par le dosage des AEM, l’adhésion au régime sans gluten par celui des AAG/IgA et la détection de la rechute par des AAG/IgG couplé aux AEM. Conformément à ce qui est rapporté dans la littérature et au vu de ces résultats préliminaires, il serait souhaitable d’associer la recherche des AAG/IgG et les AEM pour sélectionner les patients qui doivent faire l’objet d’une biopsie intestinale ce qui évitent les biopsie de contrôle. Ce dosage confirme le diagnostic à partir de la première biopsie. Néanmoins, des études récentes ont montré que des anticorps antitransglutaminase tissulaire (tTG) sont présents dans la maladie cœliaque et que la tTG est l’antigène principale reconnu par les anticorps antiendomysium 12]. La recherche de ces anticorps antitransglutaminase IgA se prête tant au dépistage de la maladie cœliaque qu’au contrôle de l’évolution chez les malades cœliaques sous régime sans glu-

H. Missoum et al. ten [12]. Ces anticorps sont également inutilisable en cas de déficience en IgA [12,13].

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