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Approche homéopathique de la dégénérescence maculaire liée à l’âge Odette Duflo-Boujard Ophtalmologiste Paris (75)
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Résumé Mots-clés Caroténoïdes Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) Formes sèches (DMLA) Formes exsudatives (DMLA) Laser Stress oxydatif Lutéine Scotome VEGF : facteur de croissance
Sujet d’actualité, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de cécité légale dans les pays industrialisés. L’apparition d’anti-VEGF (facteur de croissance de l’endothélium vasculaire) a modifié le pronostic visuel, en particulier dans les formes néovasculaires. L’homéopathie paraît avoir sa place en tant que thérapeutique associée par une action sur les complications liées au rôle délétère des néovaisseaux et sur le vieillissement tissulaire, cause profonde de la DMLA.
de l’endothélium vasculaire
Homeopathic approach to age related macular degeneration Abstract A highly topical subject, age related macular degeneration (ARMD) is the main cause of legal blindness within the industrialised countries. The appearance of anti-VEGF (vascular endothelial growth factor) has modified the visual prognosis, especially for the neovascular forms of the disease. Homeopathy appears to have a place as an associate therapy due to its action against the complications associated with the deleterious role of the neovessels and against tissue aging, a major cause of ARMD.
Vitamines antioxydantes Zeaxanthine Key-words Carotinoids Age related macular degeneration (ARMD) Dry ARMD Wet ARMD Laser Oxidative stress Lutein Scotoma VEGF: vascular endothelial growth factor Anti-oxidant vitamins Zeaxanthin
Conflit d’intérêts L’auteur n’a pas déclaré de conflit d’intérêts.
L
a dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)1 est une maladie dégénérative de la rétine, évolutive et invalidante ; elle atteint de manière sélective la macula (encadré 1), partie centrale de la rétine où la densité des cellules visuelles appelées cônes permet l’acuité visuelle maximale et en particulier la lecture, alors que les autres cellules appelées bâtonnets assurent la vision périphérique. La DMLA est responsable de l’atteinte de la vision centrale chez environ 10 % des sujets entre 50 et 60 ans, chez 50 % après 80 ans. Elle est donc au centre de la recherche et de l’expérimentation en ophtalmologie. Sa gravité et son évolution dépendent du type de la dégénérescence. On distingue schématiquement deux formes : les sèches et les humides ou exsudatives. t -FT GPSNFT TÒDIFT se présentent sous des aspects qui reflètent le degré d’évolution : – une forme précoce caractérisée par la présence de drusen (druses) bien identifiés à l’examen du fond de l’œil, sous forme de taches jaunâtres, arrondies, de taille et de nombre variables autour de la macula ; souvent héréditaire, elle représenterait 20 à 30 % des cas.
© Elsevier Masson SAS, Paris 2010
– une forme atrophique, caractérisée par des modifications de l’épithélium pigmentaire, couche qui sépare la couche vasculaire, dite choriocapillaire, de la couche des cellules rétiniennes. L’épithélium pigmentaire joue un rôle de filtre et sert de dépôt du matériel de dégradation des cellules visuelles usées ; cette forme représenterait 50 à 60 % des cas. Elles évoluent vers l’atrophie progressive de la rétine. tMFTGPSNFTFYTVEBUJWFTou humides sont caractérisées par le développement de vaisseaux sanguins anormaux, les néovaisseaux. Leur paroi beaucoup plus fine que celle des capillaires normaux laisse filtrer le sérum et le sang à l’origine d’œdème, d’hémorragies qui désorganisent la structure de la rétine maculaire et entraînent une altération de la vision ; elle représenterait 10 à 30 % des cas. Ce sont ces formes qui ont bénéficié des progrès thérapeutiques. La localisation de ces néovaisseaux (NV) est variable et leur traitement diffère en fonction de cette localisation. Les protocoles des traitements par photocoagulation ont été radicalement modifiés par l’apparition d’anti-
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Signes évocateurs de l’atteinte de la macula t-BEÏGPSNBUJPOEFTMJHOFTESPJUFTRVJEFWJFOOFOU ondulées.
À un stade plus évolué, une tache ou scotome masque la vision de près. L’apparition brutale de ce scotome doit faire craindre une complication : un décollement de l’épithélium pigmentaire ou une hémorragie. Le diagnostic sera posé par : tMBSFDIFSDIFTVSVOFTPSUFEFHSJMMFEFMBEÏGPSNBUJPOEFTMJHOFTESPJUFTPVEF[POFTEFiOPOWVw (test d’Amsler) ; t MFYBNFO EV GPOE EJM BQSÒT EJMBUBUJPO EF MB pupille ; tMBOHJPHSBQIJFGMVPSFTDÏJOJRVF RVJWBQFSNFUUSF par l’injection intraveineuse d’un colorant fluorescent et la prise de clichés répétés de la rétine de suivre sa progression dans les vaisseaux afin de détecter toute anomalie des vaisseaux et la présence de néo-vaisseaux.
VEGF (facteur de croissance de l’endothélium vasculaire).
Les traitements tLa photo-coagulation au laser qui a pour but d’occlure les néovaisseaux par une élévation thermique tissulaire. La photocoagulation s’adresse aux néovaisseaux visibles à condition que : – leur siège soit extra-fovéolaire ; – le protocole soit rigoureux. tLe traitement par Visudine® ou vertéportine2 utilise la propriété photosensibilisante de cette molécule, dont l’activation par un rayonnement lumineux de faible amplitude déclenche une réaction photochimique puis une occlusion des néovaisseaux sans léser les tissus voisins. Ce traitement est indiqué exclusivement dans les néovaisseaux rétro-maculaires visibles. tLa thermothérapie transpupillaire (TTT) s’adresse aux néovaisseaux occultes rétro-fovéolaires et consiste en un tir de laser faiblement dosé. Ces différents traitements restent utilisés, associés aux antiangiogéniques dans certaines formes qui s’avèrent résistantes aux anti-VEGF.
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© BSIP/Jacopin
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Figure 1. Après injection intravitréenne de la molécule d’anti-VEGF, on peut constater l’inactivation des néo-vaisseaux et la résorption de l’extravasation sanguine.
tLes antiangiogéniques ont, en effet, ouvert de nouveaux espoirs pour les patients atteints de DMLA et modifié le pronostic visuel. Ils consistent à tenter de bloquer le facteur de croissance responsable de la prolifération des néovaisseaux (figure 1). Trois produits sont commercialisés : Macugen® (pegaptanib), Avastin® (bevacizumab) et Lucentis® (ranibizumab)3, ce dernier étant le plus souvent utilisé. Les injections intravitréennes de Lucentis® nécessitent un local spécifique (petit bloc) et un personnel adapté (aide pour le patient, aide-infirmière et un ophtalmologiste). Le programme s’est beaucoup modifié et tend à pratiquer trois injections consécutives suivies d’un bilan simplifié, 4 à 6 semaines après. Les réinjections non systématiques sont décidées en fonction des critères fonctionnels : mesure de l’acuité visuelle par une échelle spécifique ETDRS (Early Treatment Diabetic Retinopathy Study), OCT (Optical Coherence Tomography : tomographie par cohérence optique)4 qui permet d’obtenir des coupes sagittales de la rétine.
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Place de l’homéopathie tFormes sèches, atrophiques et colloïdes L’homéopathie est indiquée dans les formes sèches, atrophiques et colloïdes qui touchent la majorité des patients atteints de DMLA et qui ne relèvent pas des traitements antiangiogéniques Elle fait appel à des médicaments de vieillissement et de dégénérescence tissulaire5 : Causticum, Calcarea fluorica, Plumbum, Phosphorus, Baryta carbonica, parmi les principaux. Ils seront choisis en fonction des autres symptômes généraux de vieillissement et seront utiles pour traiter parallèlement les facteurs de risque : hypertension, artériosclérose, problèmes circulatoires... Ces médicaments appartiennent la plupart à la diathèse luétique6, mode réactionnel spécifique qui atteint plus particulièrement le système vasculaire, le biothérapique de cette diathèse, Luesinum, viendra compléter le traitement. Signalons l’intérêt des compléments alimentaires particulièrement de la lutéine et de la zeaxanthine7 qui appartiennent à la classe des caroténoïdes xanthophylles, les caroténoïdes jaunes. Composants du pigment maculaire, ils sont concentrés dans les 1 000 μm centraux de la rétine et un de leur rôle est d’atténuer le stress oxydatif toxique contre la macula ; leur concentration est également maximale au centre de la macula, appelée pour cela macula lutea. Ces deux caroténoïdes se trouvent dans l’alimentation : œufs, épinards, brocolis, maïs : un apport quotidien de 10 mg de lutéine durant quatre semaines augmente la densité du pigment de l’épithélium pigmentaire de 5 %. C’est la concentration utilisée dans la plupart des compléments alimentaires associés aux autres éléments, dont le rôle a été mis en évidence dans l’étude américaine de l’Areds8 portant sur 3 640 sujets et concluant à l’intérêt d’une supplémentation en zinc et antioxydants : – réduction significative de la dégradation du score de l’acuité visuelle (de l’ordre de 27 %) ; – réduction du risque de progression des formes déjà avancées de DMLA. Rappelons la composition et doses administrées dans cette étude : zinc, 80 mg ; vitamine C, 500 mg ; vitamine E, 400 UI ; bêta-carotène, 15 mg. Ce qui représente une posologie très importante, difficilement compatible avec les recommandations en vigueur en France.
t Formes humides, séreuses et exsudatives Parmi les médicaments indiqués5 pour les formes humides, séreuses et exsudatives, certains s’adresseront à la fragilité capillaire comme Arnica. D’autres essayeront de limiter la fuite, à travers la paroi trop perméable des néovaisseaux, de leur contenu : – soit du sérum, à l’origine d’œdème de la macula, bonne indication de Gelsemium, – soit du sang, à l’origine d’hémorragies dont les principaux médicaments sont Lachesis, Phosphorus, Bothrops, Hamamelis. Quant à la néovascularisation elle-même, elle indiquera Aurum metallicum, Thuya, Sulfur. Dans la plupart des cas, le choix du médicament se confond avec la recherche du médicament de fond, correspondant à notre deuxième niveau d’abord, et du médicament du mode réactionnel ou diathèse9, correspondant à notre troisième niveau d’abord, qui conduira aux biothérapiques spécifiques du terrain. Enfin, dans tous les cas, il est conseillé d’ajouter un extrait organothérapique de Rétine dilué à la 7e CH à la dose de 3 granules par jour. L’articulation des médicaments homéopathiques s’avère intéressante dans le suivi des injections intravitréennes d’antiangiogénique. Suivant le protocole que nous préconisons : tdès le diagnostic de néo-vaisseaux posé, on prescrira, 1 fois par jour, – Aurum 5 CH, – et Arnica 5 CH5 après chaque injection, pendant 8 jours ; ten cas d’association ou d’apparition, au cours des contrôles, – d’œdème rétinien : Apis 5 CH et Gelsemium 5 CH5 ; – d’hémorragies : Arnica 5 CH et Phosphorus 5 CH5 ; – avec toujours l’organothérapique Rétine 7 CH associée. tLachesis, Luesinum, Thuya5 et autres biothérapiques spécifiques seront prescris en tant que remèdes de fond en haute dilution ; tFOUBOURVFESBJOFVST Hamamelis et Bothrops5. La supplémentation alimentaire est également associée.
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Conclusion Les anti-VEGF ont apporté une véritable révolution thérapeutique. La conclusion des différentes études est que les patients atteints de DMLA néovasculaire peuvent à présent espérer non seulement conserver leur vision, mais améliorer leur acuité visuelle dans plus d’un tiers des cas au prix, certes, d’un suivi lourd et de traitements répétés. De nouvelles molécules ayant une durée d’action plus prolongée sont en cours d’évaluation, dont, entre autres, des molécules à effet immunosuppresseur et inhibiteur de la production et de l’activité du VEGF. Mais les anti-VEGF n’agissent que dans les formes néovasculaires et non dans les formes
Références 1. Duflo-Boujard O. L’Homéopathie pratique en ophtalmologie pour les soins de l’œil. Collection HoméoDoc. Testez éditions; 2006. 2. Coscas G, Coscas F, Zourdani A. Atlas d’angiographie au vert d’indocyanine : confrontation AF-ICG-OCT. Rapport annuel de la Société d’ophtalmologie de Paris. Marseille: DGDL - Lamy éditeurs; 2004. 3. Regillo CD, Brown DM and Abraham P, et al. Randomized, double-masked, sham-controlled trial of ranibizumab for neovascular age-related macular degeneration: PIER Study year 1. Am J Ophtalmol. 2008; 145: 239-48. 4. Hee MR, Baumal CR, Puliafito CA, et al. Optical coherence tomography of age-related macular degeneration and choroidal neovascularisation. Ophtalmology. 1996; 103: 1260-70. 5. Duflo–Boujard O. Traité d’ophtalmologie homéopathique. Lyon: Boiron; 1988
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atrophiques les plus fréquentes (50 à 60 % des cas). L’homéopathie peut être associée dans les deux formes en sélectionnant les médicaments des complications liées aux néovaisseaux et ceux s’adressant plus particulièrement au vieillissement et à l’atrophie tissulaire, sans oublier l’intérêt de l’organothérapie. Cette association a essentiellement pour but d’espacer les injections d’anti-VEGF et d’agir sur la cause profonde de la dégénérescence maculaire : le vieillissement tissulaire. Quant aux compléments alimentaires, ils apportent un espoir supplémentaire, surtout à titre préventif et sur la limitation des aggravations des formes débutantes.
et /ou Vannier L, Poirier J. Précis de matière médicale homéopathique. Lyon: Boiron; 1990. 6. Conan-Mériadec M. Le luétisme. In Encyclopédie médico chirurgicale, 6-1982; 38150A40. 7. Delcourt C, Carrière I, Delage M, et al. Plasma lutein and zeaxanthin and other carotenoids as modifiable risk factors for age-related maculopathy and cataract: The Pola Study. Invest Ophtalmol Vis Sci. 2006; 47: 2329-35. 8. A randomized, placebo-controlled, clinical trial of high-dose supplementation with vitamins C and E, beta carotene, and zinc for aged-related macular degeneration and vision loss: AREDS report no. 8. Arch Ophtalmol. 2001 Oct; 119(10): 1417-36. 9. Conan-Mériadec M. Diathèses homéopathiques. In Encyclopédie médico chirurgicale, 12-1981; 38140A10.