76e congrès SNFMI, Paris, France, 6 au 8 décembre 2017 / La Revue de médecine interne 38S (2017) A28–A108
Introduction L’atteinte des gros vaisseaux dans l’artérite à cellules géantes (ACG) est fréquente et définit probablement un sous-groupe bien distinct de la maladie, avec un risque accru de dilatation aortique. Cette étude a pour objectif de mieux caractériser la présentation initiale et évolutive de ces patients avec une atteinte des gros vaisseaux. Patients et méthodes Nous avons mené une étude rétrospective, multicentrique dans 6 centres de médecine interne et avons inclus 248 patients avec une atteinte des gros vaisseaux, que nous avons comparés à 301 patients témoins avec une ACG sans atteinte des gros vaisseaux à l’imagerie. Les facteurs associés avec la survenue d’une dilatation aortique étaient identifiés dans un modèle multivarié. Résultats Parmi les 248 patients avec une atteinte des gros vaisseaux démontrée à l’imagerie (dont 215 sur une tomographie par émission de positons [TEP]), l’aorte thoracique, l’aorte abdominale et les artères sous-clavières étaient atteintes dans 89 %, 73 % et 67 % des cas, respectivement. Les patients avec une atteinte des gros vaisseaux étaient significativement plus jeunes (p < 0,0001), plus souvent des femmes (p = 0,01), avaient moins de signes crâniens (p < 0,0001) et moins de pseudopolyarthrite rhizomélique (p = 0,001). En revanche, ils avaient plus souvent des symptômes extracrâniens (p = 0,05) que les patients sans atteinte des gros vaisseaux. Les doses de glucocorticoïdes n’étaient pas différentes entre les deux groupes initialement, à m3, m6 et m12, mais le taux d’arrêt des glucocorticoïdes était plus faible chez les patients avec une atteinte des gros vaisseaux (p = 0,0003). Même si le taux de rechute n’était pas différent dans les deux groupes (p = 0,2), les patients avec une atteinte des gros vaisseaux recevaient plus souvent des immunosuppresseurs (p = 0,008). La mortalité était plus importante chez les patients sans atteinte des gros vaisseaux (p = 0,007), principalement liée à des infections ou des évènements cardiovasculaires. Une nouvelle imagerie de l’aorte était réalisée à 19 [5–162] et 17 [6–168] mois après le diagnostic chez 154 et 123 patients, respectivement avec et sans atteinte des gros vaisseaux. Une dilatation de l’aorte était découverte chez 21 % des patients avec une atteinte antérieure des gros vaisseaux, contre 7 % chez les autres (p = 0,0008). Chez les patients avec une atteinte antérieure des gros vaisseaux, l’aorte se dilatait sur un segment inflammatoire chez 94 % d’entre eux. En analyse multivariée, l’atteinte antérieure des gros vaisseaux était le facteur prédictif le plus robuste concernant le risque de dilatation aortique (hazard ratio à 3,16 [1,34–7,48], p = 0,009). Conclusion Notre étude confirme que l’atteinte des gros vaisseaux représente bien un sous-groupe distinct de la maladie avec un risque accru de dilatation aortique. Un contrôle régulier de la morphologie aortique est nécessaire durant le suivi. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.10.284 CO003
Caractéristiques initiales et pronostic de l’artérite à cellules géantes du sujet très âgé (85 ans et plus) : étude comparative au sein d’une cohorte bicentrique de 920 patients E. Liozon 1,∗ , H. De Boysson 2 , A. Aouba 3 , A. Dumont 4 , G. Gondran 1 , H. Bézanahary 5 , S. Palat 6 , A. Fauchais 6 , K.H. Ly 7 1 Médecine interne A, CHU de Limoges-Dupuytren, Limoges, France 2 Service de médecine interne, centre hospitalier Robert-Bisson, Lisieux, France 3 Médecine interne, CHU, Caen, France 4 Médecine interne, CHU de Caen, Caen, France 5 Médecine interne A, CHU de Limoges, Limoges, France 6 Médecine interne A, CHU Limoges, Limoges, France 7 Médecine interne, CHU Limoges, Limoges, France
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Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (E. Liozon) Introduction Nous avons analysé et comparé les caractéristiques initiales, l’évolution et le pronostic de l’artérite à cellules géantes (ACG) du sujet très âgé (STA, 85 ans et plus), par rapport aux patients plus jeunes. Patients et méthodes L’étude, rétrospective, a été menée dans deux centres hospitalo-universitaires, regroupant 920 ACG prises en charge au diagnostic, définies selon les critères de l’ACR (preuve histologique obtenue dans 68,5 % des cas). Dans un centre, le recueil des données (512 dossiers, de 1976 à 2017) est prospectif, à partir d’un cahier spécifique ; dans l’autre centre (408 dossiers, de 1999 à 2017), le recueil est rétrospectif. Résultats Sur les 920 patients, 95 (10,3 %) sont des STA(âge moyen 87,6 ans, 63 femmes, biopsie positive dans 76 % des cas). Par comparaison aux sujets plus jeunes, les STA ont davantage de comorbidités (p < 0,001) et de facteurs de risque cardiovasculaire (p < 0,01). Malgré un délai moyen de diagnostic plus court (p < 0,001), les STA font plus d’amauroses permanentes (p < 0,001), dont des atteintes bilatérales (p < 0,001), que les autres malades. L’analyse multivariée identifie un sur-risque d’amaurose permanente chez les STA (OR 5,19 ; IC : 1,47–17,48, p < 0,01) dans le sous-groupe des ACG de diagnostic tardif (délai >45 jours). Par ailleurs, l’ACG du STA, comparée à celle des sujets plus jeunes, comporte moins souvent une fièvre (p = 0,02), une pseudopolyarthrite rhizomélique (p < 0,01) et une aortite documentée (p = 0,001). Aucune différence n’est observée entre les deux groupes concernant les doses initiales de prednisone (dose/kg) et le pourcentage de cas traités par assauts de méthylprednisolone. Avec un recul moyen bien moindre (29 mois vs 65,3 mois, p < 0,0001), les STA font moins de rechutes et démontrent moins de cortisono-dépendance (p < 0,01), mais font plus de complications infectieuses (p < 0,01) que les sujets plus jeunes. Les décès en cours de corticothérapie sont beaucoup plus fréquents (p < 0,0001) chez le STA, avec des taux de survie à 1 an, 2 ans et 3 ans, de 76 %, 67 % et 63 %. Discussion Cette étude objective, sous réserve de limites liées à sa nature rétrospective, le dilemme majeur posé par l’ACG au très grand âge : d’un côté, sa gravité initiale, qui justifie pleinement le traitement intensif proposé ; de l’autre, une médiocre tolérance, notamment infectieuse, de la corticothérapie systémique et une probable surmortalité précoce. Conclusion Dans l’ACG, le retard diagnostique est encore plus préjudiciable, au plan visuel, chez le STA que chez le patient plus jeune. L’élaboration de protocoles thérapeutiques de l’ACG du STA, efficaces mais moins toxiques, est extrêmement souhaitable. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.10.285 CO004
Artérite à cellules géantes : comparaison entre la tomographie par émission de positons et l’angioscanner aortique dans la détection des atteintes des gros vaisseaux H. De Boysson 1,∗ , A. Dumont 1 , E. Liozon 2 , M. Lambert 3 , J. Boutemy 1 , G. Maigné 1 , N. Martin-Silva 1 , A. Sultan 1 , K.H. Ly 2 , N. Aide 4 , A. Manrique 4 , A. Aouba 1 1 Médecine interne, CHU de Caen, Caen, France 2 Médecine interne A, CHU de Limoges, Limoges, France 3 Service de médecine interne, hôpital Claude-Huriez, Lille, France 4 Médecine nucléaire, CHU de Caen, Caen, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. De Boysson) Introduction L’angioscanner aortique et la tomographie par émission de positons (TEP) ont tous deux démontré leur bonne
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sensibilité dans la détection des atteintes des gros vaisseaux liés à l’artérite à cellules géantes (ACG). L’objectif de notre étude est d’évaluer la concordance des deux examens dans la détection de ces atteintes au diagnostic. Patients et méthodes À partir d’une cohorte multicentrique de patients atteints d’ACG diagnostiqués entre 2010 et 2015, et suivis dans 3 services de médecine interne, nous avons sélectionné les patients qui ont bénéficié d’un angioscanner aortique et d’une TEP avant ou dans les 10 premiers jours suivant l’introduction de la corticothérapie. Huit territoires vasculaires étaient analysés sur les deux examens. La concordance entre les deux techniques d’imagerie était calculée par patients et par territoires vasculaires en utilisant l’indicex de concordance kappa de Cohen. Résultats Nous avons inclus 28 patients (21/7 femmes/hommes, âge médian : 67 [56–82] ans). Dix-neuf patients avaient une atteinte des gros vaisseaux à la TEP et 18 d’entre eux avaient également une telle atteinte sur l’angioscanner aortique. L’analyse par territoires vasculaires montrait une médiane de 5 (1–7) et 3 (1–6) segments vasculaires atteints sur les TEP et angioscanners positifs, respectivement (p = 0,03). L’analyse qualitative, c’est à dire positivité de l’imagerie suggérant une atteinte des gros vaisseaux, montrait que le taux de concordance entre les deux examens était de 0,85 (0,64–1). L’analyse quantitative, c’est-à-dire, une analyse par territoires vasculaires sur les deux examens, montrait un taux de concordance de 0,64 (0,54–0,75). En utilisant la TEP comme examen de référence, l’angioscanner aortique montrait une excellente sensibilité (95 %) et spécificité (100 %) dans une analyse par patients. Dans une analyse par territoires vasculaires, la sensibilité et spécificité de l’angioscanner étaient respectivement de 61 % et 98 %. L’angioscanner perdait en sensibilité par rapport à la TEP sur la détection de l’inflammation des branches aortiques. Conclusion L’angioscanner aortique et la TEP peuvent tous deux détecter l’atteinte des gros vaisseaux avec des résultats comparables dans une analyse par patients. En revanche, la TEP montrait des performances plus importantes dans une analyse par territoires vasculaires, principalement dans la détection de l’inflammation des branches aortiques. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
des 36 mois suivant le diagnostic de la maladie. L’étude portant sur les évènements cardiovasculaires a été précédemment publiés [1]. Matériels et méthodes Au total, 103 patients et 606 témoins appariés sur l’âge et le sexe ont été inclus dans APOGEE (âge médian : 77 ans ; extrêmes 51–91 ans). Tous les patients ont été suivis au moins 36 mois. Nous avons comparé le risque de survenue des principaux évènements indésirables non cardiovasculaires de la corticothérapie et le risque de cancer entre patients et témoins au moyen de différents modèles statistiques. Résultats Au moins une comorbidité était présente avant le diagnostic chez 35 % des patients ACG et 46,6 % des témoins (p = 0,03). Le hazard ratio (HR) ou l’incidence rate ratio (IRR, pour les évènements répétés) des principaux évènements sont rapportés au Tableau 1. Les infections étaient la première cause d’hospitalisation chez les patients ACG et les infections répétées étaient plus fréquentes (p < 0,001), avec un ratio du taux d’incidence stable tout au long du suivi. Le risque d’infection était plus élevé chez les patients présentant au moins une comorbidité (IRR = 1,187, p < 0,01). Le risque d’hospitalisation toutes causes confondues après le diagnostic était plus élevé chez les patients ACG (50,49 % vs 35,48 %, p < 0,001). Le seul prédicteur d’hospitalisation était la présence de comorbidités. Le risque d’évènements réputés associés aux corticoïdes était significativement élevé chez les patients ACG uniquement au cours des 24 mois suivant le diagnostic d’ACG. Les patients de la cohorte ACG avaient deux fois plus de risques de cancer. Discussion Les complications musculosquelettiques ont pu être sous-évaluées par la méthode. Le risque d’infection était modéré, bien que les infections aient pu être sérieuses (hospitalisation) ou répétées. Le risque de cancer accru est inattendu. Conclusion Ces données comparatives avec la population générale permettent une appréciation du bénéfice à attendre d’une épargne cortisonique puissante au cours des deux premières années de traitement d’une artérite à cellules géantes.
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.10.286
Cancer Diabète Glaucome Cataracte (après 1 an) Affections cutanées Troubles psychiatriques Affections musculosquelettiques
CO005
Artérite à cellules géantes : risques d’évènements indésirables non cardiovasculaires et de cancer dans la cohorte APOGEE au cours des 36 mois suivant le diagnostic Do 1 ,
Pugnet 2 ,
Moulis 3 ,
Guernec 4 ,
M.P. G. G. G. M. Lapeyre-Mestre 5 , L. Sailler 3,∗ 1 Service de médecine interne, pavillon URM, UMR Inserm 1027, université de Toulouse, Toulouse, France 2 Service de médecine interne, CHU Toulouse-Purpan, Toulouse, France 3 Service de médecine interne, CHU de Toulouse, Toulouse, France 4 Faculté de médecine, UMR Inserm 1027, université de Toulouse, Toulouse, France 5 Inserm UMR 1027, faculté de médecine, Toulouse, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (L. Sailler) Introduction Les effets indésirables de la corticothérapie chez les patients souffrant d’artérite à cellules géantes (ACG) ont rarement fait l’objet de comparaisons directes avec la population générale. La cohorte APOGEE, construite à partir des données médicoadministratives de l’Assurance maladie, a inclus des patients incidents atteints d’artérite à cellules géantes en Midi-Pyrénées et 6 témoins pour chaque patient. Nous rapportons ici l’étude des évènements non cardiovasculaires survenant dans la cohorte au cours
Tableau 1 Risque d’évènements indésirables des corticoïdes et de cancer chez les patients traités pour ACG au cours des trois premières années de traitement. p-value
HR, IC95 %
< 0,05 < 0,01 < 0,001 < 0,05 < 0,05 < 0,01 0,282
2,326 (1,035–5,224) 2,603 (1,348–5,026) 2,415 (1,449–4,025) 2,139 (1,081–4,233) 1,281 (1,008–1,627) 1,473 (1,110–1,955)
IRR, IC95 % Infections Hospitalisations
< 0,05 < 0,05
1,268 (1,073–1,5) 1,787 (1,263–2,528)
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Référence [1] Pugnet G, Sailler L, Fournier JP, Bourrel R, Montastruc JL, Lapeyre-Mestre M. Predictors of cardiovascular hospitalization in giant cell arteritis: effect of statin exposure. A French population-based study. J Rheumatol 2016;43:2162–70. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.10.287