Arthrite réactionnelle (syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter)

Arthrite réactionnelle (syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter)

Annales de dermatologie et de vénéréologie (2010) 137, 425—426 DOCUMENT ICONOGRAPHIQUE Arthrite réactionnelle (syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter)夽...

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Annales de dermatologie et de vénéréologie (2010) 137, 425—426

DOCUMENT ICONOGRAPHIQUE

Arthrite réactionnelle (syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter)夽 Reactive arthritis (Fiessinger-Leroy-Reiter syndrome) A.-C. Fougerousse a,∗, S. Bonnel a, L. Peron b, F. Pessey b, F. Carsuzaa a a b

Service de dermatologie, hôpital Sainte-Anne, BP 20545, 83041 Toulon cedex 9, France Service de médecine interne, hôpital Sainte-Anne, BP 20545, 83041 Toulon cedex 9, France

Rec ¸u le 14 octobre 2009 ; accepté le 18 f´ evrier 2010 Disponible sur Internet le 13 avril 2010

Observation Un homme de 28 ans, sans antécédent, consultait pour des arthralgies du poignet et de la cheville droits d’horaire inflammatoire survenues deux semaines après une urétrite séreuse. L’interrogatoire retrouvait un rapport sexuel non protégé un mois auparavant. L’examen des muqueuses révélait des érosions linguales et palatines polycycliques douloureuses (Fig. 1), ainsi qu’une balanite circinée et une méatite sans syndrome urétral (Fig. 2). Les conjonctives, les paumes et les plantes étaient respectées. Il n’y avait pas d’enthésopathie. La palpation des organes génitaux externes et le toucher rectal étaient normaux. Il existait un syndrome biologique inflammatoire (CRP : 38 mg/l) et une hyperleucocytose (14 G/l) à polynucléaires neutrophiles (9,3 G/l). Les sérologies VDRL-TPHA et VIH étaient négatives. La recherche de Chlamydia trachoma-



Depuis plusieurs années, nos collègues rhumatologues utilisent le terme d’arthrite réactionnelle et ont abandonné le triple éponymes franc ¸ais. Celui plus simple de Reiter syndrome utilisé par les Anglo-Saxons a été banni de la terminologie en raison du passé nazi de Reiter, aussi bien par les rhumatologues [1] que par les dermatologues [2]. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A.-C. Fougerousse).

tis sur le premier jet des urines par PCR était négative. L’étude du phénotype HLA permettait d’identifier l’allèle B27. L’évolution était favorable sous anti-inflammatoires non stéroïdiens (kétoprofène 300 mg par jour) et antibiothérapie (doxycycline 200 mg par jour pendant trois mois). Une dermocorticothérapie était proposée pour les lésions génitales.

Commentaires Le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter, aspect clinique le plus caractéristique des arthrites réactionnelles, est défini historiquement par la triade urétrite, polyarthrite aiguë ou subaiguë asymétrique, conjonctivite, succédant à une infection urétrale ou digestive [3]. Les agents infectieux incriminés sont Chlamydia trachomatis, Mycoplasma et Ureaplasma pour les arthrites postvénériennes, fréquentes dans les pays occidentaux ; Salmonella, Shigella, Yersinia et Campylobacter pour les formes à porte d’entrée digestive plus fréquentes dans les pays scandinaves. Les manifestations cutanéomuqueuses concernent 20 % des cas, en particulier dans les formes postvénériennes. Il s’agit principalement d’érosions buccales et de la balanite circinée non érosive. Les autres signes sont plus rares : kératodermie palmoplantaire en « clous de tapissier », placards des membres de type psoriasique,

0151-9638/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annder.2010.02.024

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A.-C. Fougerousse et al. hyperkératose sous-unguéale. Quelques cas sont décrits chez l’enfant [4] et chez la femme [5]. Le traitement est celui des spondylarthropathies : anti-inflammatoires non stéroïdiens, Salazopyrine® ou méthotrexate voire anti-TNF [6]. Dans les arthrites réactionnelles postchlamydiennes, un traitement par cyclines est indiqué pour le traitement de l’urétrite mais également pour prévenir le développement des arthrites et réduire leur sévérité [7].

Conflit d’intérêt Pas de conflit d’intérêt.

Références Figure 1. reuses.

Érosions linguales et palatines polycycliques doulou-

Figure 2.

Balanite circinée et méatite sans syndrome urétral.

[1] Panush RS, Wallace DJ, Dorff RE, Engleman E.P. Retraction of the suggestion to use the term ‘‘Reiter’s syndrome’’ sixty-five years later: the legacy of Reiter, a war criminal, should not be eponymic honor but rather condemnation. Arthritis Rheum 2007;56:693—4. [2] Lu DW, Katz K.A. Declining use of the eponym ‘‘Reiter’s syndrome’’ in the medical literature, 1998—2003. J Am Acad Dermatol 2005;53:720—3. [3] Siboulet A, Galistin P. Le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter. Bull Fr Dermatol Syphiligr 1962;69:693—702. [4] Zivony D, Nocton J, Wortmann D, Esterly N. Juvenile Reiter’s syndrome: A report of four cases. J Am Acad dermatol 1998;38:32—7. [5] Lotery HE, Galask RP, Stone MS, Sontheimer RD. Ulcerative vulvitis in atypical Reiter’s syndrome. J Am Acad Dermatol 2003;48:613—6. [6] Braun J, Sieper J. Ankylosing spondylitis. Lancet 2007;369:1379—90. [7] Laasila K, Laasonen L, Leirisalo-Repo M. Antibiotic treatment and long-term prognosis of reactive arthritis. Ann Rheum Dis 2003;62:655—8.