Audit de la salle de soin post-interventionnelle dans un établissement privé

Audit de la salle de soin post-interventionnelle dans un établissement privé

Le praticien en anesthésie-réanimation, 2004, 8, 5 398 VIE PROFESSIONNELLE Audit de la salle de soin post-interventionnelle dans un établissement p...

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Le praticien en anesthésie-réanimation, 2004, 8, 5

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VIE PROFESSIONNELLE

Audit de la salle de soin post-interventionnelle dans un établissement privé Laure Martin Ce travail a pour but de dresser un état des lieux fiable et objectif en regard des recommandations actuelles (textes de loi et référentiels) du fonctionnement de la salle de soin post-interventionnelle dans un établissement privé. Il a été réalisé dans l’une des quatre salles post-interventionnelles du Centre Hospitalier Saint-Grégoire du 1er janvier au 19 mars 2004. Le Centre Hospitalier Saint-Grégoire est un établissement privé médico-chirurgical de 300 lits. L’établissement comporte 21 salles d’opération et 4 blocs opératoires distincts : septique, aseptique, hyper-aseptique et obstétrical.

écran, ce qui minimise le problème mais ne le règle qu’en partie, car la surveillance infirmière en SSPI ne se résume pas seulement à la surveillance de ces paramètres. Dynamique de changement Afin d’optimiser la surveillance des patients, nous avons proposé de les répartir en deux zones : une zone de réveil après anesthésies générale et périmédullaire, et une zone où sont placés les patients ayant subi une anesthésie locorégionale périphérique. On comprend que l’attention se porte essentiellement sur les premiers en ce qui concerne les paramètres vitaux, tandis que les seconds bénéficient d’une surveillance spécifique portant essentiellement sur la zone opérée.

LES LOCAUX LES MOYENS HUMAINS Analyse de la situation Le seul texte de loi concernant la capacité des salles de réveil est une circulaire du 30 avril 1974 stipulant une capaAnalyse de situation cité maximale de 10 postes. Le décret relatif à la SSPI de Chaque patient doit avoir un référent médecin anesthésiste 1994 ne stipule rien quant à cette capacité. Malgré l’ambi(MAR) qui a pour obligation légale (décret 1994) d’assurer un guïté des textes de loi, les référentiels édités par les experts compte rendu écrit d’anesthésie et des prescriptions postomédicaux (SFAR 1990 réédité en 1994) stipulent que, raipératoires écrites. Seuls le MAR et/ou l’infirmière anesthésonnablement, une SSPI lorsqu’elle dépasse la capacité de siste (IADE) peuvent assurer le transfert du patient du bloc 10 postes doit être séparée en deux zones avec un poste de opératoire vers la SSPI. soins infirmiers situé au centre afin d’optimiser la surTrois IDE sont affectées en SSPI avec des renforts ponctuels. veillance visuelle. De plus ces référentiels recommandent Ces trois IDE travaillent en 12 heures de 8 h 30 à 20 h 30 (1 également 1,5 postes de réveil pour une salle d’opération IDE supplémentaire est présente pendant 8 h un jour par pour la chirurgie non ambulatoire (ce semaine et une autre pendant 6 h un qui correspond bien à notre situation autre jour). Il n’y a pas d’aide-soignante actuelle) et 3 postes de réveil pour une ni de brancardiers affectés spécifiqueLes référentiels recommandent salle d’opération dédiée à la chirurgie ment au réveil, le pool étant commun 1,5 postes de réveil pour ambulatoire. Il est également important avec le bloc opératoire. Le service de chaque salle d’opération, de noter qu’un enfant de moins de nettoiement est commun aux blocs opéce chiffre montant à 3 10 ans équivaut en charge de soins en ratoires ; les référentiels recommandent en chirurgie ambulatoire. postopératoire à 1,5 adultes. 2 h/jour de ménage pour une SSPI de 12 lits. Conséquences Soixante-quinze patients transitent par Dans notre établissement, la SSPI du secteur hyper-aseptique cette SSPI sur une période de 12 heures, ce qui correspond à comporte 14 postes non séparés, avec un poste de soins environ 13 964 patients/an. infirmiers placé à l’une des extrémités, ce qui sous-entend Le rapport patient/infirmière/heure est égal en moyenne à 2 ; que le personnel soignant, lorsque la salle est pleine, n’a pas en d’autres termes, chaque infirmière accueille 2 patients tous les postes-patients dans son champ de vision. En revantoutes les heures. La durée moyenne de séjour d’un patient che, l’informatisation de la surveillance les paramètres vitaux étant de 83 minutes, au bout de 1 h 20, chaque infirmière a de chaque patient permet de réunir les données sur un seul déjà 4 patients en charge. Le taux d’occupation des postes

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sortir de la SSPI pour obtenir une autorisation de sortie ou évolue selon une tendance avec un pic maximal entre des précisions sur les prescriptions postopératoires. 11 heures et 16 heures : pic au moment duquel une infirmière peut avoir en charge 6 patients au mieux et 14 au pire. Le décret de 1994 est très ambigu sur le sujet de la charge Dynamique de changement de soins par infirmière puisqu’il exige la présence de deux Les différents maillons de la chaîne de soins ont des réperpersonnes à partir de 6 patients, sans préciser le statut de cussions les uns sur les autres. Un dysfonctionnement des la seconde personne, sachant que la première doit être soit flux de patients en SSPI aboutit à un défaut de qualité des une IDE formée au réveil soit une IADE. Pour les experts soins et peut même, en « embouteillant » le site, retarder le (SFAR 1990) le ratio infirmier/patient doit être de 1/3 et la déroulement du programme opératoire. présence d’une aide soignante est La rigueur doit être absolue en ce qui recommandée à partir de 4 patients. concerne les prescriptions postopératoiEnfin les experts se sont clairement res et les autorisations de sortie. Une SSPI Le ratio infirmier/patient exprimés sur le fait que : « en tout état à forte activité doit pouvoir se voir affecdoit être de 1/3 de cause, le nombre de personnes effecter des moyens de brancardage régulés et la présence tivement présentes en SSPI ne doit en fonction de ses pics d’activité. La préd’un aide-soignant jamais être inférieur à 2 ». De plus, une sence d’aide-soignant est également est recommandée circulaire ministérielle du 27 juin 1985 indispensable pour permettre, ici comme à partir de 4 patients. insistait sur l’importance de la surailleurs, aux IDE de recentrer leur activité veillance humaine en indiquant que sur leurs tâches spécifiques (prise en l’objectif à atteindre était d’affecter un agent pour trois charge de la douleur…). La présence des IDE elles-mêmes malades anesthésiés. doit faire l’objet d’une régulation qui tient compte des pics d’activité, avec chevauchement des plages horaires des différents personnels. Conséquences Le rapport charge en soins/personnel est inadéquat au LE MATÉRIEL moment des pics d’activité. Ce problème est probablement celui de l’ensemble des SSPI fonctionnant actuellement. Outre la qualité de la surveillance, les pics d’activité posent Analyse de situation le problème de la prise en charge des symptômes tels que Le décret 1994 impose que chaque poste-patient de réveil la douleur ou les nausées et vomissements, qui se fait cersoit équipé d’une surveillance ECG, d’un saturomètre de tainement avec un retard supplémentaire, au détriment du pouls et d’un dispositif de prise de pression artérielle, ainsi confort du patient. Le travail à flux tendu comporte égaleque des moyens nécessaires pour le retour à un équilibre ment un risque de non-respect des règles d’hygiène (ex : thermique normal. Ce décret impose également la nécessité lavage des mains, propreté des postes). d’un respirateur pour la SSPI ainsi que d’un défibrillateur et Le délai entre autorisation médicale de sortie et la sortie d’un dispositif d’alerte. effective du patient est de 30 minutes en moyenne. Le Les recommandations attirent également l’attention sur la brancardage est donc un élément clé du fonctionnement nécessité d’avoir à disposition des paravents pour le respect de la SSPI, notamment aux heures de pic d’activité. Ce de l’intimité de certains patients, des attaches pour les délai aboutit à une augmentation de la durée moyenne de patients agités, un chariot spécifique pour la pédiatrie. séjour en SSPI, aggrave les problèmes évoqués plus haut et Pour l’ensemble des SSPI, y compris la nôtre, les normes engendre un surcoût de fonctionnement. L’organisation du concernant le matériel sont celles qui sont le plus faciletransport des patients est donc un élément clé du fonctionnement respectées. C’est donc bien sûr l’organisation que doit ment d’une SSPI, comme il l’est pour le fonctionnement du porter l’ensemble des efforts nécessaires pour optimiser le bloc en général. fonctionnement d’une SSPI. ■ L’absence encore fréquente de prescriptions claires (horaire des antalgiques sur les comptes rendus informatisés) ou l’absence de signature médicale autorisant la sortie du patient sont également à l’origine d’un retard de prise en Tirés à part : L. MARTIN, charge du patient et conduisent à une augmentation de la DAR Centre Hospitalier Privé Saint-Grégoire 35760 Saint-Grégoire durée de séjour : les IDE sont en effet souvent amenées à