Ann& BipZ. 39 (2000) 123-204 0 2000 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS. Tow droits reserves
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Biotechnologies. Conskquences socioLconomiques P. de Puytorac Biologie des Protistes, UMR CNRS 6023, 63177Aubihe
cedex, France
Recu le 11 aofit 1999 ; accept6 le ler juin 2000
R&urn6 - Les biotechnologies participent pour une part importante a l’actuelle revolution technologique. L’acquisition rapide des connaissances scientifiques en biologie et le couplage avec la robotique et l’informatique, la concentration des societes de la bio-industrie entrainent un bouleversement des conditions socio-Cconomiques mondiales. Sont ici developpees quelques remarques sur ces consequences dans les domaines de l’agriculture et de l’agroalimentaire, de la Sante et de l’environnement. L’agriculture est devenue dependante des industries en amont et dans la filiere agroalimentaire les transformateurs et les distributeurs exercent une pression croissante sur les producteurs. Dans cette situation arrivent sur le marche les OGM. Leurs avantages (accroissement de la production, extension des aires de repartition des especes, reduction de l’emploi de pesticides, synthbse de micronutriments et de produits pharmaceutiques, ma&au pour des xenogreffes) et leurs inconvenients (aggravation de la fracture N-S, stimulation de la depression agricole, risques pour l’environnement et pour la Sante) sont rappel&. Dam le domaine de la sand, les biotechnologies participent a la reponse a apporter au vieillissement des populations dans les pays developpes, a l’urbanisation croissante dans le Monde, a l’aggravation du cot% de la Sante publique, a la situation des retrain%. Des biotechnologies sont a l’origine de divers problemes sanitaires (listeriose, maladies dues a l’alimentation animale). Dans le domaine de l’environnement le defi a relever est celui de la penurie croissante en eau, des pollutions de toutes sortes et d’un Cventuel rechauffement de la Terre. A l’aube du XXF siecle les biotechnologies permettront-elles de conserver un avenir aux petites exploitations agricoles, avec une agriculture basee sur une science des aliments fonctionnels ? L’exploitation du texte genomique et le developpement de l’analyse proteomique permettrontils de predire et de prevenir les maladies genetiques et certains cancers ? De nouveaux vaccins permettront-ils l’eradication de maladies parasitaires comme la grippe, le SIDA, le paludisme et diverses nouvelles maladies virales ? En therapie gtnique des resultats probants seront-ils obtenus ? Tous ces resultats pourront-ils &tre acquis dans une maitrise des depenses de Sante, respectueuse des soins pour tous ? Les biotechnologies aideront-elles a diminuer les sources de pollution et a faciliter les decontaminations ? Leur developpement dans la branche Cnergie (biocarburants, biogaz) deviendra-t-i1 rentable ? Une reglementation des conditions du marche parviendra-t-elle 1 s’instituer ? L’octroi des brevets est un exemple des difficult& 5.surmonter. Le pouvoir d’oligarchies Cconomiques et financieres ne depassera-t-i1 pas celui des pouvoirs
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politiques ? En democratic, tous les citoyens ont a participer aux decisions qui les concernent. Le souhaitent-ils vraiment ? Peut-il y avoir un contrble democratique des effets controlables des biotechnologies ? Telles sont les questions sur lesquelles Porte I’article. 0 2000 editions scientifiques et medicales Elsevier SAS Biotechnologie
I socio-kconomie
I agriculture
I santC I environnement
Abstract - Biotechnologies. Socio-economical consequences. The actual technological revolution is largely sustained by developments in biotechnology. The rapid acquisition of knowledge in biological sciences, coupled with the advancement in robotics and computer sciences and with the multiplication of bio-industries, have caused a worldwide disruption of socio-economical conditions. Some remarks on these consequences are emphasized here, with respect to agribusiness, health and the environment. Agriculture now depends on upstream related industries and food producers are under increasing pressure from food transformers and distributors. In this situation, genetically modified organisms are introduced on the market. Both their advantages (e.g., extensive production, enlargement of the distribution areas of species, lowering the use of pesticides, synthesis of micronutrients and pharmaceutical essences, materials for interspecies transplant) and risks (e.g., deepening of the N-S rupture, settlement of farming, health and environment hazards) are stressed. In the health field biotechnologies are involved in the research for the improvement of fitness and lifetime primarily for those living in rich countries, in the increasmg cost of public health care, in the situation of senior citizens. Biotechnologies are also at the basis of health problems (listeriose, diseases due to animal feeding diet). In the environmental field, challenges are the increasing shortage of water resources, pollutions of different nature, and the global warming of the earth. At the entry of the XXI century, will biotechnologies allow the development of small farms, with the agricultural practice based on science of “functional food’? Does the knowledge of genome expressions and the development of proteomic analyses allow the prediction and the prevention of genetic diseases and certain forms of cancer‘? Does the discovery of new vaccines allow the eradication of parasitoses such as flu, AIDS, malaria and various incoming viral diseases? In the genome therapy will conclusive recovery be achieved? All these results could be obtained in the context of the need for an universal health right and an appropriate control of health cost? Will biotechnologies help discover the sources of pollutions and facilitate their eradication and decontamination? Will their applications in energetic industries (biofuels, biogases) become profitable? Will the necessary regulation of the conditions of the new markets meet success? The granting of patents is one of the difficulties to deal with. Will the oligarchic powers of the economical actors be able to keep in balance with the political powers? In democracy, all citizens have to participate in the decisions concerning their way of life. Are they interested? Is it possible to democratically regulate the controlable effects of biotechnologies? These are the questions which are to be dealt with in this paper. 0 2000 editions scientifiques et medicales Elsevier SAS Biotechnology
/ socio-economy
I agriculture
I health I environment
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
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1. LES BIOTECHNOLOGIES 1.1. Dbfinition Apres avoir design6 l’ensemble des technosciences qui assurent la transformation de substances naturelles par des Ctres vivants, des cellules ou des enzymes, ce terme s’applique, de fait, a toute technologie (science de l’ingenieur) prenant comme mat&e premiere le vivant et on appelle genie genetique [ 18, 731 les modifications du programme genetique d’un &tre vivant par introduction (independamment des limites de l’espbce) d’un programme ttranger qui s’y exprime sans modifier l’expression du reste du programme de cet Ctre ou en inhibant specifiquement des genes determines. Le genie genetique en agriculture [73] s’est developpe grace aux cultures d’organes, de tissus et de cellules mkist6matiques in vitro (permettant, par exemple, la production de plantes indemnes de viroses par regeneration), et a la micropropagation (plantes r6gCntr6es B partir de ftagments en culture ayant au moins un bourgeon axillaire). Le developpement d’une plantule est aussi possible Stpartir d’une cellule isolee par des methodes mecaniques ou enzymatiques (embryogenbse somatique). Les embryons somatiques cultivCs sur des milieux liquide a&es (cytocultures) peuvent Ctre encapsules dans une bille d’alginate (semences artificielles). La culture de
Figure 1. Mtthodes d’obtentionexperimentale de cloneschez lesvegetaux: a partir de cel-
lulesgametiques (1 : gametemale; 2 : oosphere)aprestraitementa la colchicinepourretablir le nombredipldidede chromosomes ; 3 : oosphbrepar developpementparthenogenetique (apomixie); 4 : a partir decellulesmeristematriques.
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protoplastes (cellules dont on a retire la paroi cellulaire par voie enzymatique) permet leur fusion (hybridation somatique donnant des cybrides) g&e au polykthykne glycol ou 2 des courants Clectriques de haute frkquence. L’hybridation somatique peut se faire entre cellules de genres ou de familles differents et m&me entre une cellule animale et une cellule vtgktale (tabac-Hela ; Xenope-carotte). Des microspores aprks la 2e division mkiotique, cultivkes in vitro sur milieux adkquats, ivoluent en sporophytes (au lieu de gamktophytes) (figure I), ce qui donne des plants hapldides stkriles (qu’on peut rendre dipldides par la colchicine). La voie femelle (gynogenbe) est aussi praticable. L’apomixie (dkveloppement de l’oosphkre en embryon sans fkondation) dans la graine est un clonage nature1 a beaucoup de gramintes tropitales, qui pourrait &tre transf&.rC B des graminkes cultivkes figure 1). La transgenkse peut Ctre rCalisCe (jigwe 2) par voie indirecte avec des vecteurs agrobactkiens (tel que Agrobacterium tumefaciens avec son plasmide Ti dans lequel on implante le gkne 2 transfkrer), ou directement (par introduction d’ADN par microinjection, Clectroporation, biolistique). La transgenkse peut k?tre aussi soustraction ou inhibition sptkifique de gknes dCterminCs. Avec la production du vaccin de la poliomyklite (1954) la biotechnologie des cellules animales [76] a commenck 5 jouer un r6le important dans la production d’une sCrie de substances utiles (vaccins, hormones, facteurs de croissance, anticorps monoclonaux, ...). Chez l’animal, les biotechnologies de la reproduction [48, 731 portent sur la mdtrise des cycles sexuels, I’insCmination artificielle, les transferts, congklation, sexage d’embryons, la fkondation in vitro, la transgenkse et le clonage
Figure 2. MCthodes de transgenkse vCgCtale.Transfert de I’ADN Ctranger (AT), A : par l’intermkdiaire du plasmide pTi de la bactCrie Agrohucterium tumefuciens ou du plasmidepRi de la bactkrieAgrobacteriumrhizogenesdansle noyau(NV) de la cellulevCgCtale(V) ou, B : par diversesmkthodesde transfectiontellesle bombardement de particulesenrobCes de I’ADN exogbne(biolistique).Lescellulestransfonnkes sontsClectionnCes enajoutantaugbne&ranger ung&e derksistance a un antibiotiqueou un herbicideet encultivant lescellulestraitkesSWun milieucontenantcettesubstance, puisenrkggtnkrant desplantesd partir decescellules.
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Figure 3. Methodesd’obtentionexptrimentalede clonesanimaux,A : par dkdoublement de l’embryon au stade2, 4, 8 blastomeres (Bl), B : par fusiond’une cellule differenciee(CD)
avecun ovocyteCnucleC (Ov), ES ; EG : cellulessouches embryonnaires.
(figure 3). La transgenbsepeut sefaire par voie directe : injection d’ADN dansl’ceuf ; infection d’embryons par des retrovirus recombinesou des transposons,ou recombinaison homologue ou par voie indirecte : cellules souchesembryonnaires (ES cells modifites) implanteesdans un embryon. Le clonage reproductif (dont la technique progresserapidement) associea la transgenesefigure 4) pourrait permettre le maintien de souchesgenttiquement modifiees avec un moindre co& et plus de facilite. <
>[73]. Les biotechnologiesclassiquessont a la basedespro&d& de fabrication du pain, de la b&e, du vin, desfromages, desantibiotiques. Une industrie sedeveloppe associant l’agroalimentaire et la chimie avec la fabrication par voie biologique et chimique de molecules. Dans la filibre agroalimentaire moderne, les biotechnologies optimisent l’utilisation des mat&es premieres (aliments plus fonctionnels et aussi naturels que possible) par la pratique des fermentations, d’enzymes et l’emploi
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Figure 4. MCthodes detransgenese chezlesanimaux: parinjectionde I’ADN exogknedansle
noyaude l’ovocyte (A) ou d’un pronucleus(B), par transfertde I’ADN avecun vecteurviral (C) ou un transposon(E) ou un spermatozoi’de depourvude sonflagelleet de samembrane plasmique,ou partransfection(ex. biolistique(D), ou par injectiondansle blastocystedecellulesESou EG transformees (F).
d’ingredients naturels. Par exemple dansI’affinage desfromages, le genie genetique permet l’obtention de souchesde batteries lactiquesresistantesaux phages,plus performantes que les souchessauvageset fournissant des fromagesd’aromesdifferents pour le consommateur[37]. Une observation semblablepeut Ctre faite pour l’obtention de pates boulangeres. Apres une recherche de criteres de productivite, la recherche de la qualite est devenue prioritaire (qualite hygienique et sanitaire ; qualite chimique ; qualite nutritionnelle ; qualite organoleptique ; qualite technologique). On sait aujourd’hui que le vivant disposede trois types d’information : celle in&se dans I’ordre de successiondes quatre basesde l’ADN, celle de la structure tridimensionnelledesprodines, dependantde l’ordre de successiondes acidesamineset celle like aux reseaux des systemesbiologiques complexes. Dechiffrer et manipuler ces types d’information representele defi technique desbiotechnologies(L. Hood in [7]). Outre les secteursde l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la sank, sont impliq&s par les biotechnologies les secteursde I’environnement, de l’energie, de la chimie, de l’industrie (textiles). Aussi P.J. Range1[65] propose-t-i1de definir les biotechnologies comme c>.Selon l’observatoire de l’emploi, de la formation et desmetiers (OFEM) les biotechnologiessont (( les techniques qui consistent a faire traiter la matibre, vivante ou non, par des agentsrecombinesou non, en vue de trouver ou de produire desbienset desservices, grace a desoutils technologiques,exploitant desproprietesdescellules vivantes dans la fabrication de substanceschimiques ou biologiques >).Ce sont des outils de la croissance.
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1.2. Exemples de crCation de sociCtC de biotechnologie Les grandes entreprises ne sont plus les seuls agents de l’innovation. La creation de nouveaux produits, comme de nouveaux procedes, introduit les PME dans les systbmes de production. Un reseau d’innovation est un ensemble de professionnels qui participent a la conception, a l’elaboration, a la production et a la diffusion de produits, biens, ou services [46, 691. La collaboration peut viser a resoudre un probleme bien identifie (accords strategiques de grandes entreprises) ou a esperer une finalite moins bien precisee (associations de laboratoires, d’entreprises et d’organismes financiers) avec une part d’incertitude a l’interface science-industrie. En bourse les nouveaux marches (Nasdaq, EuroNM, .. .) appuient les PME en phase de developpement qui ont besoin d’une augmentation de capital par mise d’actions sur le marche et qui disposent d’un minimum de fonds propres. Pour illustrer la diversite des conditions de creation de societes de biotechnologie quelques exemples sont donnes. 1. Nucleica. Suite a une recherche effect&e dans une unite INSERM de biochimie medicale de la Faculte de mtdecine de Clermont, 3 jeunes docteurs creent, avec une bourse des jeunes createurs d’entreprises (168 000 F) du Conseil regional, puis 2 millions de francs de prix au contours national de biotechnologies et un prix (200 000 F) de la Fondation RhSne-Poulenc, Nucleica, kit de diagnostic pour 5 maladies (thrombose, mucoviscidose, certains cancers). Un partenariat avec la societe allemande Attomol est envisage pour couvrir 5 % du marche europten (2 a 10 employ&). 2. Genome Pharmaceuticals Corp. CreCe a Munich en 1997 par 5 chercheurs de 1’Institut Max Planck et du Centre allemand de recherche sur le cancer, GPC, ayant obtenu des aides gouvernementales et d’investisseurs (8,4 millions d’euros) vient (1999) de s’allier a Evotec Biosystems pour developper de nouveaux antibiotiques, et a Gene Alliance (consortium de Quiagen, Agowa, Biomax Informatics, GAT c et MediGenomic), leader europeen de l’analyse et du sequencage du gtnome, pour disposer d’une technologie genomique Clargie. 3. Transgene. Transgbne a CtC crtee en 1979 comme laboratoire de recherches sous contrat LVMH, Paribas, AGF, Elf Aquitaine actionnaires pour la thtrapie gtnique. Puis Biomerieux Alliance, associe a la CGIP d’Emest-Antoine Seillere et a la Financihe de Marcel Dassault nouveaux actionnaires, ont apporte 240 millions de francs et une usine pilote a CtC crCCe a Illkirch-Graffenstaden (20 salaries) pour la production de vecteurs. L’Association francaise contre les myopatbies apporte aussi un financement. Transgene est entree en bourse en 1998 sur le Nasdaq americain et le Nouveau March6 de Paris (ou les critbres d’introduction sont : fonds propres d’au moins 8 millions ; diffusion d’au moins 100 000 titres). L’entreprise emploie 200 personnes. 4. DAS. Aucune societe de biotechnologie n’ayant aborde le problbme de la toxicomanie, Ph. Pouletty fonde Drug Abuse Science (DAS) a Paris et en Californie avec deux produits : Naltrel (nouvelle formulation injectable chaque mois de naltrexone) qui ameliore l’efficacite et le traitement de l’alcoolisme et de la dependance a l’herome, et COC-AB (a base d’un anticorps bloquant la drogue dans le sang) pour la therapie d’urgence des overdoses de coca’ine (140 000 cocainomanes trait& en urgence chaque annee aux USA ; en France il y aurait de 150 000 a 300 000 cocamomanes). Les essais cliniques de Naltrel ont commence aux USA et la production
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L’ Annte biologique
industrielle de COC-AB a CtC sous-traitee a Pasteur MCrieux Connaught (mise sur le marche en 2002). DAS a requ 2,5 millions de francs de I’ANVAR, un agrement de subvention de 16 millions sur 30 mois du Fonds de la Recherche et de la Technologie du Minis&e de la Recherche, et 3 investisseurs (CDC-Innovation, Partech International, Financiere de Brienne) detiennent 72 % du capital. Six millions de dollars ont CtC leves depuis la fondation et une augmentation de capital de 21 millions d’euros vient d’ttre realisee. 5. Monsanto. Monsanto Chemical Company est creee en 1901 a Saint-Louis (Missouri) par le chimiste John Francis Queeny qui introduit aux USA une technologie allemande de fabrication de saccharine. En 1929 Monsanto achete la Swann Chemical Company qui a mis au point les polychlorobiphenyls (PCB) utilises dans les transformateurs comme refrigerants ininflammables. Dans les an&es 1940, Monsanto centre ses activites sur les mat&es plastiques et synthetiques (sty&e, polystyrene) puis dans les annees 60 sur les lubrifiants, le defoliant ou agent orange utilise au Vietnam par l’armee americaine (melange de 2,4,5 T et de 2,4-D), les herbicides au glyphosate (Roundup). En 1977 Monsanto achete Searle, producteur d’aspartame (Cdulcorant de synthese). Monsanto passe a la transgenese avec l’hormone de croissance bovine recombinante (HCBr) destinee a augmenter la production de lait des vaches (commercialisation agreee par la FDA en 1994) et les plantes transgeniques (soja resistant au Roundup, coton resistant a certains insectes). Puis Monsanto acquiert de grosses compagnies de semences : Holdens Foundation Seeds, fournisseur des mdis cultives dans 25 a 35 % des plantations aux USA ; Asgrow Agronomics, producteur et distributeur de soja ; De Kalb Genetics, neuvieme producteur de semence dans le monde ; Delta et Pine Land, premier producteur de semence de coton aux USA ; Sementes Agroceres, numero 1 des semences de ma’is au Bresil. Selon un Porte-parole de la societe, Monsanto a 4 a 5 millions d’ha de soja transgenique dans le monde, le seul facteur limitatif &ant la quantite de semences disponible. Avec un chiffre d’affaires de 9 milliards de dollars, Monsanto emploie 32 000 salaries, 2 000 chercheurs dont 50 pour les biotechnologies. En bref, tout chercheur ayant mis au point une <> peut monter une entreprise, mais pour se maintenir il doit trouver des financements a la Bourse ou en &ant absorb6 par de plus grands groupes (par exemple, de <>).Dans le passe, le trot assurait l’echange de marchandises, puis la monnaie a permis de manipuler des biens, aujourd’hui les investisseurs misent sur des idees dont les applications pourraient Ctre rentables. En cela on peut parler d’une dissociation finances-Cconomie. 11 y a un risque ClevC dans le secteur des biotechnologies, tenant au caractere aleatoire des travaux de recherche et developpement. D’oti la perte en mars 2000 de 60 points de l’indice Nasdaq Biotecha, tenant a l’annonce de l’echec des tests cliniques du traitement de Chiron pour le cceur, aux declarations de Bill Clinton et Tony Blair sur le genome humain, a la revocation par I’Office europeen des brevets de la licence accordee a Protein Design Labs (in : La Tribune, avril 2000). 1.3. PrCpondCrance
des ambricains
Depuis 1980 la France accuse un retard en biotechnologie tenant au retard a comprendre l’importance du developpement de l’enseignement et de la recherche en
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biologie moleculaire (chercheurset managers),au fossepersistantentre milieux universitaire et industriel, et au fait qu’en mat&e de capital-risque et de creation d’entreprises,la France n’offre aucun des avantagestrouves en Angleterre, Suisseou Allemagne. Des tentatives sont lanceespour rtduire ce retard (assisesde l’innovation de 1998 renforcant l’aide a differents projets et appelsd’offres ; loi sur l’innovation de 1999 permettant aux enseignantset enseignantsschercheurs fonctionnaires de participer a la creation d’entreprises,d’y detenir du capital, d’etre conseiller). Mais tout un comportement de la part desemploy& de 1’Etat est a changer. D’ou en 1999 un rapport du Conseil Economique et Social r&clamant <><>. De m&me, 1’Europe est en retard par rapport aux USA (en 1998, 1 200 societes europeennes(dont 37 cotees)avec 46 000 emplois, 3,7 milliards de chiffre d’affaires pour 153 000 entreprisesaux USA et 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Des initiatives dansle 5bmeProgramme cadre de recherche developpement et technologie sont prises pour creer un environnement plus favorable a la creation d’entreprises.En France, on compte 200 entreprisesde biotechnologie (2 000 emplois) sans y inclure lesentreprisesutilisatrices de biotechnologies. En France [41], les entreprisessont installeesavec une certaine specialisationpar region (genetique et pharmacie en Ile-de-France, agroalimentaire en Auvergne, .,.). Par exemple, en Alsace sont presents8 des 12 premiersgroupespharmaceutiquesen competition pour les biotechnologies, dont Novartis et Hoechst (avec P. Chambon, directeur de I’IGBMC et conseiller scientifique). A c&e de son usinepharmaceutique (400 salarits), Biotech a en vue un projet, a Huningue (Haut-Rhin) de 550 millions de francs, avec embauchede 100 salariCs,pour produire un medicament(Xolair) contre l’asthme et le rhume des foins, a partir de cellules d’ovaires de Hamster, modifiees par genie genetique. A Strasbourg, on recense250 laboratoires et 4 400 chercheurs dont 40 % en sciencesde la vie. Pour autant, cette biovallee ne permettra pasla creation d’un nombre important d’emplois dansles quinze prochaines annees,en raison de la concurrence efficace de la Suisse et de 1’Allemagne. L’actuel directeur de Transgene (B. Gilly) ne declare-t-i1 pas : c> (La Tribune). Dans le domaine de la therapie genique par exemple, 710 brevets ont Cte deposesen 19961997 aux USA, 53 en France (71 au Royaume-Uni, 61 en Allemagne). Le tableau I donne desindications sur le marchedesbiotechnologies,les capitalisationsboursiereset les principaux groupesfran@s et &rangers. 1.4. Exemples de concentration desso&t& en vue de la crbation de monopoles exclusifs Toute technique nouvelle modifie les modes de production, les conditions d’emploi et les formes d’organisation du travail. Or, devant les difficult& des problemesde la recherche scientifique et des applications, de l’importance des investissementspour des profits a long terme (ex., en 1998 les transgbnesMonsanto repre-
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Tableau I. Quelques donnees sur le marche des biotechnologies de La Tribune, 1999).
aux USA et en Europe (tire
March6 des biotechnologies
Socie’tb cot&es Socie’tf!s non cottfes Chiffre d’affaires Dkpenses recherche et dtkeloppement SalariLs Capitalisations
boursi&res
Europe
327 1 000 188 milliards dollars 9-9 153 000
70 330
23 %I
39 000
826 538 378 079 CAPITAL (mio. euros)
Groupes amkicains AMGEN GENENTECH BIOGEN CHIRON GENZYME
USA
(en milliards de dollars au 13.3.2000)
CELERA GENOMICS HUMAN GENOME SC. INCYTE PHARMS GENSET
Groupes franqais GENSET TRANSGENE CHEMUNEX QUANTUM Appligene Cerep
en 1998
84 30 3,5 3.4
Chiffre d’affaires (mio. euros) 15
Effectif
53
420 214 87 56
3.1
7,4
111
16 193 7 459 4 163 2 807 2 149
2 093 862 368 986 502
5 308 3 242 797 6 482 3 500
63 4,75
sentent 2 milliards de francs de taxes technologiques, immediatement rC-investis dans la recherche), de la course aux brevets, de la subordination aux detenteurs de capitaux fluides (fonds de pension), enfin pour regagner la confiance des investisseurs,il y a (comme dansles autressecteursindustriels ; selon le Bureau d’informations et de previsions Cconomiquesles concentrations concernant les entreprises europeennessont pas&esen 1994de 1 180 milliards de francs (de 1998) a 5 310 milliards en 1998) necessite de formation de megagroupespour traiter une question depuis le stadede la recherchejusqu’a la distribution d’un produit sptcifique, en vue de la creation de fait d’un monopole pour ce produit. En outre, les produits pharmaceutiques ont une duke de vie limitee et sont menacespar le developpement des generiques.De plus, les produits sont soumisaux avis d’autorisation de mise sur le marche. Ainsi la FDA a donneun avis defavorable sur 1’Eloxatine utilise dansle traitement du cancer colorectal, bien qu’il soit deja commercialise dans une cinquantaine de pays dont la France, ce qui a fait baisserle tours de l’action Synthelabo de
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12 %. Par contre, SmithKline Beecham a obtenu de 1’Agence europeenne du medicament l’accord pour Avandia, antidiabetique oral (chiffre d’affaires en 1999 : 963 millions de francs). Suite a l’affrontement entre Celera genomics (prive, c&C en 1998 par Craig Venter) et Human Genome Project (public), l’annonce de Clinton et Blair de mettre le sequencage du genome en tant que tel non brevetable a fait chuter de 20 % la valeur de Genset, de 13 % l’action Celera Genomics, de 7,45 % Transgene. Enfin les <>(J.R. Fourton, PDG de RhGne-Poulenc in : La Tribune) et le potentiel Cconomique d’une sociCtC depend de plus en plus de sa capacite a manier et a controler l’information. Les don&es suivantes sont tirees du quotidien financier <>. 1.4.1. Budgets de recherche Les restructurations par fusion permettent de degager des budgets de recherche de l’ordre de 500 millions a 1 mill&d de dollars. La plus grande sociCtC de semences Pioneer Hi-Bred en 96 avait un budget de recherche de 136 millions de dollars pour des ventes de 1,7 milliard. Le budget de recherche de Du Pont de Nemours est de l’ordre de 400 millions de dollars. Schering, specialiste allemand du medicament, consacre 20 % de son chiffre d’affaires a la recherche (le chiffre d’affaires de sa specialite : le B&f&on, medicament pour la sclerose en plaque, devrait depasser le milliard d’euros en 2003). La fusion projetee des societes britanniques Celltech et Chirosciences formera une Cquipe de 400 chercheurs avec un budget de recherche de 78 millions d’euros, avec 12 molecules en developpement. Une societe pharmaceutique va devoir Ctre capable de disposer de 800 a 900 millions de dollars par an en recherche et developpement, sans Ctre sure de decouvrir un mCdicament a grand succbs alors que l’industrie pharmaceutique va &tre de plus en plus exposee a l’implication politique via les conditions de remboursement et que la periode necessaire a l’autorisation de mise sur le marche aurait tendance a s’allonger. En outre, toute entreprise pharmaceutique doit Ctre presente sur le marche americain qui represente 40 % de la demande mondiale. Aux USA 35 % des medicaments en developpement en 1998 sont issus des biotechnologies et en Europe sur 73 produits autorises par 1’Agence europeenne du medicament en 1997-1998,24 sont aussi issus des biotechnologies. 1.4.2. &dijication
de socitWs gkantes bio-industrielles
Des socittes gtantes bio-industrielles s’edifient (Novartis, Monsanto, Du Pont de Nemours, ...) pour controler la plus grande partie du marche mondial des biotechnologies. On a vu comment Monsanto a absorb6 des societes de biotechnologies et des semenciers. Pioneer Hi-Bred International (40 % du marche americain des hybrides de mdis) en devenant filiale (achetee 2 milliards de dollars) de Du Pont de Nemours, confirme sa position face a Monsanto et Novartis. De meme l’agrochimiste AgrEvo (Berlin) a achete (pour 730 millions de dollars) la societe belge de technologie PGS (Plant Genetic System) et vient d’acquerir les societes bresiliennes de semences Ribeiral et Fartura et la societt de recherche sur le mais Mitla. Zeneca Agrochemicals a acquis en 1977 Mogen International specialisee dans la recherche sur les resis-
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L’AnnCe biologique
Tableau II. Classement mondial des entreprises dam l’agrochimie (d’apres La Tribune, 1999).
et dans le secteur Sante
Classement mondial dans I’agrochimie Chiffre d’affaires 1998 en milliards de dollars SYNGENTA (Novartis + Zeneca) Herbicides 3,51 Fongicides 1,70 Semences 18 Insecticides I,15 Traitement semences 057 AVENTIS (France-Allemagne) MONSANTO (USA) DUPONT NEMOURS (USA) BAYER (Allemagne) AHP (USA) DOW (USA) BASF (USA)
7.9
476 4,03
23 x3
dam le secteur pharmacie 1998 en milliards de dollars AMERICAN WARNER (USA) AVENTIS (France-Allemagne) ASTRA ZENECA (RU-Suisse) NOVARTIS (Suisse) MERCK (USA) GLAXO WELLCOME (RU) PFIZER (USA) BRISTOL MYERS SQUIBB JOHNSON et JOHNSON (USA) ROCHE (Suisse)
13,8 10.8 IO,6 10,6 IO,6 IO,5 9,9
9.8 9 7,63
22 &I I,9
tances aux Nematodes et aux maladies fungiques et Ex Seed Genetics, societe de technologie des semences.Novartis et Zeneca ont annonce leur fusion dans le secteur de l’agrochimie. L’emergence de ce nouveau groupe, Syngenta, futur numero 1 mondial de l’agrochimie (chiffre d’affaires de 700 millions de dollars ; 3 000 suppressions d’emploi en 3 ans, sur les 23 500 salaries) disposera d’un budget de recherche de 700 millions de dollars pour la biotechnologie (semencesgenetiquement modifiees, protection descultures), pariant sur une croissancede 40 a 50 % par an des biotechnologies v&g&ales. L’allemand BASF achete l’agrochimie d’American Home Products 3,8 milliards de dollars, ce qui le met au Y- rang, derriere Monsanto, avec le lancementavant 2004, de 8 nouveaux produits fongicides et herbicides (tableau
ZZ).
Dix groupescontrolaient 82 % du marche mondial de l’agrochimie (30 milliards de dollars). Les 5 premiers mondiaux de l’agrochimie etaient Agro/Evo/RhGnePoulenc (France-Allemangne ; 4,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 1997 ; Novartis (Suisse,4,2) ; Monsanto (USA, 3) ; Zeneca (Royaume-Uni, 2,7) ; Du Pont (USA, 2,6). Le classement1998est donne dansle tableau II. Pour autant, du fait de la crise asiatique,des difficult& financieres de l’ex-URSS et de la reduction des surfacescultivees, l’agrochimie mondiale est en crise. Novartis, treede la fusion de Ciba et Sandoz, a Ctabliun plan de rationalisationqui setraduit par la suppressionde 1 100 postes(sur 18 000). Du Pont a annonceun programmed’economies (200 millions de dollars) qui va toucher 800 personnes(sur 5 500). Astra Zeneca pourrait sedesengagerdu secteurpour serecentrer sur la pharmacie.En effet, la tendanceg&r&ale des groupesdessciencesde la vie est un choix entre pharmacie et agrochimie, en raisonde la degradationde l’environnement agricole.
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
135
Semblablement du c&C Secteur Sante, 10 principales socittes pharmaceutiques controlaient 47 % du marche mondial de 300 milliards de dollars (200 en 1990). Le francais Rhone-Poulenc et l’allemand Hoechst vont reunir leurs filiales de pharmacie et d’agronomie dans Aventis (3 milliards de dollars de recherche et developpement ; plus de 60 projets en phase de tests cliniques ; 82 000 salaries ; 7 000 a 10 000 suppressions d’emploi prevues dont 3 000 en France) qui deviendra le numero 1 mondial de la pharmacie, ex-aequo avec l’americain Merck et le numero 1 mondial de l’agronomie et des soins veterinaires (110 millions de dollars de chiffre d’affaires). L’union de Sanofi et de Synthelabo (33 000 employ& ; 35 milliards de francs de chiffre d’affaires) les mettra au 19e rang mondial dans le secteur avec le premier produit : le somnifere Stilnox (422 millions d’euros de ventes en 1998 soit 40 % du marthe mondial des hypnotiques) et le lancement de l’antihistaminique Mizolastine. L’alliance avec Genset permettra de lancer un produit par an d’ici 2005 (50 molecules en developpement dont 27 en phase d’essais cliniques). Selon D. Cohen, (directeur scientifique) Genset disposant de brevet pour des genes dans le domaine du cancer de la prostate, aura de Sanofi 70 millions de dollars si ce mtdicament arrive sur le marche. Troisieme groupe mondial de l’agrochimie (tableau ZZ) le groupe Astra Zeneca (fusion anglo-suedoise) est aussi le numero 1 sur le marcht des maladies gastro-intestinales et sur celui de l’anesthesie. 11mise sur un antiulcereux (Perprazole) pour remplacer le Losec, mtdicament le plus vendu dans le monde, mais qui tombe en 2001 dans le domaine public aux USA, devenant medicament generique. American Home Products (AHP), un des premiers producteurs mondiaux de vaccins et des produits clts dans l’osttoporose, l’arthrite rhumatdide et la depression (et qui vient de lancer le somnifere Sonata, concurrent direct du Stilnox), veut fusionner avec Warner Lambert, producteur du Lipitor (anticholesterol qui a realise plus d’un milliard de dollars de vente des la premiere an&e de sa sortie et qui pourrait atteindre 10 milliards de dollars de vente par an) et qui realise dans la confiserie 1,67 milliards d’euros en 1998, avec les marques de chewing-gums Chiclets et Dentyne, les cachous Lajoinie et les pastilles Vichy. Le groupe avec 13,l milliards d’euros de chiffre d’affaires detronerait alors le tandem Astra Zeneca (lo,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires), mais le fabricant du Viagra, Pfizer (qui est en accord de vente avec Warner Lambert pour le Lipitor) dont 4 produits (l’antimigraineux Relpax, l’antiarthritique Valdecobix, le Zelox pour le traitement de la schizophrenic, et l’insuline sous forme s&he a inhaler) sont susceptibles de dtpasser chacun 1 milliard de chiffre d’affaires, a bouscule ces projets et surencherit, ce qui creerait un groupe de 24,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Finalement, c’est Pfizer qui conquiert Warner Lambert pour plus de 90 milliards de dollars, ce qui hisse Pfizer au 2e rang mondial de la pharmacie (tableau ZZfl, derriere Glaxo-SmithKline. L’allemand GPC acquiert la socitte privee am&Caine Mitotix pour Clargir sa plateforme technologique dans la decouverte de medicaments (maladies infectieuses, oncologic). Le laboratoire pharmaceutique Johnson et Johnson achete Centocor, un des champions amtricains des biotechnologies qui lui apporte des produits de premier plan en cardiologie et dans les maladies gastro-intestinales (avec le Remicade actif dans la maladie de Crohn). Centocor a fait fortune avec un anticoagulant : ReoPro (350 millions de dollars de ventes en 1998). Le but des monopoles est de detenir le marche d’un <>c’est-a-dire d’un produit dont la vente represente plus d’un milliard de dollars de chiffre
L’Annte biologique
136
HI. Pourcentagedesparts de march6mondial pour les principalesentreprises (d’aprksLa Tribune, 1999).
Tableau
Parts de march6 mondial GLAXO WELLCOME BEECHAM
SMITHKLINE
(Chiffre d’affaires1998: 15milliardsdelivres sterling 107000 salariCs - Produitsen millions de livres sterling SEROXATlPAXIL AUGMENTIN ZANTAC IMIGRAM FLIXOTIDE SEREVENT ZINNAT ZORIVAX PFIZER/WARNER
en %
LAMBERT
774 1060 964 157 698 498 498 47 1 403
antid@resseur antihiotique antzulce’reux antimigraineux untiasthmatique maladies respiratoires antihiotique antiherpr’tique
6
(Chiffred’affaires1999desproduitsenmillionsdedollars) 3,7 anticholeste’rol LIPITOR 3,3 antihypertenseur NORVASC 2,03 antidkpresseur ZOLOFr 1,5 antiarthritique CELEBREX I,3 antiinfectieux ZITHROMAX I,03 dysfonctionnrment VIAGRA AVENTIS 435 (Chiffre d’affaires1998: 21,I milliardsd’euros) 98000salariCs dent25 000en France- Produitspharesenmillionsd’euro 338 antiallergique ALLEGRAmELFAST 324 antithrombique LOVENOXKLEXANE 18 1 anticankreux TAXOTERE ASTRAZENECA MERCK and Co
Crectile
494 493
d’affaires. L’anticancCreux Taxotkre et l’antithrombotique Lovenox de RhAne-Poulent sont dans ce cas. La sociCtCcanadienne de biotechnologie Immunocom a eu l’accord du Bureau des Brevets amCricainspour la mise au point d’un vaccin contraceptif masculin (efficace 1 an), neutralisantla capacit6 fkcondante du sperme,dont le march6 est &al& B 850 milliards de dollars. Glaxo Wellcome qui a eu l’accord des autoritt% sanitairesamericaineset europkennesavait envisagCla commercialisation d’un mCdicamentcontre la grippe, Relenza (Zanamivir) en Europe, en octobre 1999. La restructuration de ce groupe britannique pr&oit la suppressionde 3 400 emplois dansla production (sur 54 000 salaries),alors que le rapprochementGlaxo et Wellcome avait d6j& entrain6 7 000 suppressionsde poste. Le groupe vient d’annoncer la dkcouverte de gknesimpliqu6s dansla migraine, le diabbteet le psoriasis(maladiede peau). La sociCt&amCricaineMillenium PharmaceuticalsInc. (produits dansle traitement de I’obCsitt, du cancer, desmaladiesinflammatoires) B rachet6 Leukosite dont un mCdicamentcontre la IeucCmiedoit &tre approuvCpar les autorites sanitairesam& ricaines.
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-economiques
137
En France, depuis 1950 le nombre de laboratoires independants est passe de 2 000 a 200, et en 20 ans leur part de marche est passe de 54 a 39 %. Les 4 plus importants sont : Servier (15 milliards d’euros de chiffre d’affaires), Pierre Fabre (1 ,l milliards), Foumier et Beaufour (625 millions), Boiron (183 millions). P. Fabre projette une fusion avec BioMCrieux Alliance, misant sur les nouvelles mtthodes de diagnostic et la personnalisation des medicaments. Leur societe commune interviendra en diagnostic clinique, pharmacie (en integrant les produits homeopatbiques des laboratoires Dolisos rachetes par P. Fabre en 1998), immunotherapie et dermo-cosmttique. Du c&e du marche des enzymes industrielles (15 milliards de dollars ; 600 millions de dollars de chiffre d’affaires en 1995), Prodigene, premiere entreprise a avoir commercialise des proteines (avidine et beta-glucuronidase) produites du mais transgenique, s’associe avec Genencor International (deuxibme producteur mondial des enzymes industrielles). Seize enzymes correspondent a peu p&s a 90 % du marche. Genset, en partenariat avec Abbott (depuis 1997) sur la pharmacogenomique, annonce une nouvelle collaboration sur les genes de susceptibilite au diabbte de type II (lie a l’obesite et au vieillissement) et a la psychose maniacodepressive. Astra Zeneca, Bayer, Bristol-Myers-Squibb, Hoffmann La Roche, Glaxo Wellcome, Hoechst Marion Roussel, Novartis, PBzer, Searle et SmithKline Beecham ont forme un consortium pour creer une base publique de donntes, avec identification de 300 000 snips (marqueurs genetiques humains) d’ici 2001 et tenter de barrer la route des brevets aux firmes comme Celera Genomics presidee par Craig Venter. En attaquant le decryptage du genome du riz prevu en 6 semaines, avec creation d’une base de donnees accessible aux autres, ce dernier ne vient-il pas de destabiliser les chercheurs impliques dans le projet international du Minis&e Japonais de 1’Agriculture, visant a sequencer 40 % du genome d’ici 2003 ? Bref, l’avenir des groupes de biotechnologies passe par la fusion et le recentrage sur certains secteurs de domination economique. Ainsi Aventis se dtsengagerait du secteur de la nutrition animale, bien qu’il y ait le 3e rang mondial. 1.4.3. Association
des secteursprivt%
etpublics
Le soutien du secteur public aux biotechnologies est important en Europe ou les marches financiers specialis& ont en 1998 contribue pour moins de 10 % au financement du secteur bio en raison de la difficult6 des jeunes societes creees pour entrer en Bourse. Le projet Genoplant associe recherche publique, Rhone-Poulenc Agro, Limagrain pour investir 1 milliard de francs en 5 ans. Pour parvenir a un genotypage des patients afin de leur foumir des medicaments adaptes a leur profil, le Gotha de l’industrie pharmaceutique s’est associe a cinq laboratoires publics genomiques pour financer une carte de marqueurs de polymorphisme : les SNP (single nucleotide polymorphism), sites du genome ou les variations portent sur un seul nucleotide (environ 1 SNP pour 1 000 bases). Le but est, avec un investissement de 45 millions de dollars, de constituer une banque de 30 000 SNP. En France, sous la direction de D. Cohen, la societe Genset consacre, depuis 1997, 120 millions de francs a l’etablissement de sa propre carte de 60 000 SNP. A partir de l’an 2000, la France depensera 200 millions par an pendant 5 ans (qui s’ajouteront aux 500 annuels consacres au
138
L’AnnCe biologique
genome humain) pour financer un reseau Gen-Homme oti le gouvemement compte aussi sur 100 millions annuels d’apports prives. Le Taxotere fabrique a partir d’aiguilles d’If (dont le chiffre d’affaires est de 3,2 milliards de francs en 1999), anticancbeux autorist dans plus de 87 pays pour le traitement du cancer du sein et dans 46 pays pour le cancer du poumon, est le fruit d’une collaboration entre Rhone-Poulent et le CNRS. Le groupement d’interet scientifique Agrice rassemble I’INRA, le CNRS, I’Institut francais du p&role, 1’Agence de la maitrise de l’energie, I’Organisation interprofessionnelle des oleagineux, la Confederation des betteraviers, Rhone-Poulenc, Limagrain, etc. pour Ctudier l’exploitation de polymeres naturels a des fins non alimentaires. Avec les biotechnologies s’efface la distinction entre recherche fondamentale, recherche appliqute, et la ligne de partage entre recherche publique et recherche privee. Cependant, on peut continuer a considerer que le financement de la recherche publique devrait permettre l’acquisition des connaissances fondamentales pour accompagner les evolutions technologiques a long terme, la disponibilite des competences complementaires indispensables (par exemple dans la recherche de la fixation de l’azote par les plantes), d’assurer la coherence de l’ensemble des recherches (par exemple dans les recherches de I’INRA sur les mais hybrides), de contriiler les dangers du developpement technologique. Le reseau de recherches en genetique fonctionnelle humaine Gen-Homme r&nit laboratoires publics (apport 1 milliard de francs en 5 ans) et Rhone-Poulenc Rorer, Pasteur Merieux Connaught, Sanofi-Synthelabo, Genome Express, Genset, Hybrigenics, Imstar, Valigen (1 milliard de francs). En outre, une concertation sur le plan mondial est necessaire pour l’efficacite de la recherche. Ainsi I’Europe participe pour plus de 40 % au financement de centres intemationaux de recherche agronomique et, en 1995, a CtC tree I’IERAD (Initiative europeenne de recherche agronomique pour le developpement). Avant 1985 la CE subventionnait chaque laboratoire de recherche isolement. Des laboratoires sans murs (LESM) de collaborations transdisciplinaires ont CtC trees en 1986. Depuis 1990 la participation des industriels est un critere de selection des projets. Dans le domaine de la fermentation, la participation des industriels a des projets communautaires est pas&e de 40 a 100 %. En France 97 % des entreprises du secteur agroalimentaire (dont 3 % emploient plus de 500 salaries) sont des PME realisant 63 % du chiffre d’affaires du secteur. Sur des marches tres concurrentiels, il faut sans cesse innover. Or 95 % des PME n’ont pas de service de recherche. Une possibilite est d’utiliser en partenariats des organismes de recherche (INRA, INSERM, ...). Devant les concentrations, l’industrie pharmaceutique francaise decline sur le plan international. En moins de 20 ans la France est pass&e du 2e au 7e rang parmi les pays qui decouvrent de nouveaux medicaments. Sur 258 molecules livrees au tours des 5 demieres annees, 10 seulement ont CtC Cmises en Europe. Sur les 10 000 tonnes d’antibiotiques utilisees chaque annee en Europe, la medecine humaine represente 52 %, la medecine veterinaire 33 %, les additifs alimentaires 15 %, Au nom du principe de precaution, la Commission Europeenne preconise l’interdiction d’utiliser les antibiotiques dans l’alimentation du betail.
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques 1.4.4. Actionnariut
139
salarit?
La possibilite pour des salaries d’acheter ou de detenir des actions dans leur entreprise (diffusion de l’actionnariat) bouleverse les relations sociales, certains salaries ayant inter& a se mobiliser plus pour une disposition fiscale que pour une transformation du Code du travail. L’actionnariat salarie devient un instrument de remuneration complementaire. En 7 ans, le CaC 40 a ttC multiplie par 25 alors que les hausses moyennes de salaires I’ont Ctt entre 1 et 2 %. Une nouvelle vision du droit pour regler les relations entre salaries et employ& est a envisager. En outre, le concept de classe selon Marx, comme patrons exploiteurs contre salaries exploit& n’est plus. Par contre, la question se pose de savoir si par leurs moyens d’investissement, les salaries modestes, detenteurs d’actions et les ex-salaries titulaires de fonds de pension creent plus d’emplois en soutenant de nouvelles societes qu’ils n’en suppriment en exigeant une rentabilitt sans cesse accrue. En 1999 existaient en France 400 PME plus ou moins impliquees dans les biotechnologies avec 15 000 salaries et 13 milliards de francs de chiffre d’affaires, ce qui est peu compare aux 4 200 entreprises dans l’agroalimentaire (372 300 saIariCs ; 656,2 milliards de chiffie d’affaires) 1371. 1.5. Une dvolution
technologique
A l’aube du XT@ siecle deux techniques [46] ont emerge avec les biotechnologies : les telecommunications (transmettant instantantment l’information a distance) et l’informatique (se proposant de modifier l’information pour en extraire des contenus non perceptibles dans les donnees initiales). La revolution biotechnologique dotee de la bio-informatique est <>; <<. .. les caracttristiques du sibcle biotechnologique sont les suivantes : un nouveau reservoir de ressources, un nouveau systbme technologique, de nouvelles filibres de protection industrielle destintes a stimuler le commerce, une mondialisation des Cchanges, . .. un nouvel eugenisme, une nouvelle sociologic pour l’appuyer, un nouvel outil de communication pour en organiser et gerer l’activitt Cconomique et une nouvelle cosmogonie pour l’accompagner au long du voyage >>[66]. Dans quelle mesure les biotechnologies peuvent-elles repondre aux problemes socio-Cconomiques actuels et n’en soulevent-elles pas d’autres ? Quelle peut Ctre leur part de participation a la realisation de ce developpement durable dont le concept est nC en 1987 ? La technoscience, de pair avec le liberalisme, aide-t-elle a l’epanouissement de l’individu dans une societt plus stable ou aggrave-t-elle, avec la soumission des consommateurs, les idgalites, ce qui aboutirait au pouvoir d’oligarchies ? [20, 271. <( Un monde de specialistes toujours plus sptcialises invente une complexitt toujours plus collectivement insaisissable pour repondre aux exigences d’une productivite sans cesse croisSante, dont chacun semble devoir etre acteur de bon ou de mauvais gre, dans tous les cas, sans veritablement Ctre stir qu’une majorite puisse sortir gagnante de ce jeu >) [69]. Aux performances de la mondialisation (le PIB mondial a augment6 en moyenne de 35 % par an durant les 20 dernieres annees) s’oppose l’accroissement des inegalites de revenus et la constitution de poches de pauvrete [45]. La democratic est-elle compatible, avec, entre autres technologies, le developpement des biotechno-
140
L’AnnCe biologique
logies qui touchent directement au vivant et a l’humain ? Un certain concept de nation a emerge comme construction, avec la revolution industrielle au XV@- sibcle. Ce concept tel quel reste-t-i1encore adapt6a la mondialisationdesbiotechnologies ? Laissant volontairement de c&e tous les problbmes Cthiques [62] souleves par l’usage desbiotechnologies, nous allons developper ici quelquesremarquessur des consequencessocio-economiquesdes biotechnologies dans les domainesde l’agriculture et de l’agroalimentaire, de la Santeet de l’environnement. Ce sujet a fait l’objet de la Conference de Carthagbne (fevrier 1999) qui n’a donne lieu a aucun accord en raison de flagrantes divergences d’interet de tous ordres entre les participants. 2. AGRICULTURE
ET AGROALIMENTAIRE
2.1. Quelques donnkes gCnCralessur I’Ctat actuel de la situation 2.1.1. D6pendanceaccrue de l’agriculture envers des industries en amont En 50 ansla production v&g&ale a triple en raison de l’accroissementdesrendements,et celle desproducteursde lait, de viande bovine et porcine a plus que double, celle de la volaille quintuple. Dans le m&metempsle nombre des exploitations agricoles a baisseet la surface agricole utile a augment& Par exemple, de 1970a 1997 le nombre d’exploitations agricoles en Bretagneest passede 150 291 a 57 058 et la surface utile de 10ha par exploitation a 3 1,2. L’agriculture doit : - repondre aux besoinsnutritionnels et aux aspirationsSanteavec la foumiture de produits sainset d’un coQtabordable, - satisfaire aux exigencessocialeset economiquesdesagriculteurs, - reconnaitre la valeur desressources(eau, sol, ressourcesgenetiques...)pour les conserver. De 5,48 milliards en 1992 la population mondiale (6 milliards en 1999 selon le Fonds des Nations Unies pour la population) sera de l’ordre de 8,47 milliards en 2025 (fisure 5). Dans les pays developpesla reduction de surfacedesterres agricoles a atteint 14 % entre 1972 et 1992, pendant que l’utilisation mondiale d’engrais passait de 73,8 milliards de tonnesa 132,7 milliards. En France d’ici le milieu du XXI~ siecle on s’attend : (1) a un declin demographique de l’ordre de 10 %, avec pour consequenceune diminution de la demandeen produits alimentaires, (2) a une modification de la structure demographique (en 2040,26 % de plus de 65 ans, 15 % de plus de 75 ans), d’oti une demandede nourriture specialiseelike au vieillissement. Mais d’un autre c&Z, par augmentation de la population mondiale (croissancedemographiqueayant lieu pour 95 % dansles PED) il y aura croissancedesbesoinsalimentaires.En 1999 1’Europen’abrite que 13 % de la population mondiale (contre 23 % en 1914) et, selonla FAO, 790 millions de personnessouffrent de malnutrition. I1 y a done evidence d’une nouvelle donne Cconomique, internationale dans un contexte marque par :
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
141 Monde
Afrique
Asie OcCanie
809
Figure 5. Bvolution de la
repartitionmondialede la populationpar continents, en millions d’habitants (in : Le CourrierInternational, 1999).
Amtrique
-
729
1900
Europe
1950
- la dependanceaccrue de I’agriculture aux connaissancesscientifiques et techniques, - la presencede ressourcesgenetiquesdansles pays a faible revenu, le developpementdestechnologiesdansles pays industrialists, - l’inegalitt de la croissancedemographiqueentre pays par rapport a leur production alimentaire (ex., le cascatastrophiquede 1’Afrique et de 1’Asie du Sud), - l’intervention croissantede l’ktat et desktats (ex., OMC, FAO, ...). - l’instauration de nouveaux droits de propriete industrielle (brevets, ...). En consequence,Hayami et Ruttan [29], cherchant a identifier (1998) les conditions necessairesa la croissanceagricole et analysant le dtveloppement agricole aux USA et au Japon, montrent que <
sitcle l’agriculture a CtCcaracteriseepar :
- la mecanisation (surtout aux USA compte tenu des grandes surfaces disponibles et de la pCnuriede main-d’ceuvre), - la miseen place d’une selectionet l’utilisation d’engraisorganiqueset mineraux,
142 - l’officialisation agricole.
L’Annke biologique de la responsabilite
publique dans la recherche technique et
En France, le secteur agroalimentaire est ainsi controle par les Ministeres de la Sante, de 1’Agriculture et des Finances, par le biais de la Direction de la consommation, de la concurrence et de la repression des fraudes. Dans 1’UE la legislation se pratique aux niveaux regional, national et communautaire. Dans ce cadre la legislation doit respecter les regles intemationales des accords de 1’Uruguay Round : accord sur les obstacles techniques au commerce (TBT) et accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPSD). L’agriculture moderne CCse retrouve aujourd’hui solidaire et dependante des industries en amont - phytosanitaires, produits veterinaires, aliments pour animaux, engrais, energie, machinisme - et des industries de transformation, alimentaires ou non [37]. 2.1.2. Importance
des transformateurs
La filiere agroalimentaire comprend les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les consommateurs. A partir des produits agricoles, une industrie de premiere transformation met sur le marche des ingredients de produits alimentaires intermkdiaires (PAI) aux qualites nutritionnelles et fonctionnelles bien definies. 11s sont utilises dans les industries de seconde transformation qui, a partir des fractions, font des melanges Cquilibres (par exemple, preparation de mat&es grassesCmulsifiables pour la biscuiterie). A la diversite de composition des mat&es premieres (bles, par exemple) l’industrie de transformation apporte des elementscorrecteurs (enzymes, produits chimiques, ...) pour livrer desalimentsde memescaracteristiques pendant toute l’annee (farines dansla boulangerie, pour suivre l’exemple precedent). Les produits vegetaux les plus performants n’ont que 50 % de produits nobles (glutides, lipides ou proteines selon qu’il s’agissedes cerealesou des oleagineux). Des dechetspeuvent &tre valorises et orient& vers les secteurspharmaceutiquesou industriels. Les progres de la dietetique, du genie industriel alimentaire permettent d’obtenir une alimentation Cquilibree avec des aliments alleges, d’apport calorique reduit, ayant des teneurs en ingredients ajusteesen fonction d’un objectif nutritionnel, tout en donnant, grace au maintien de proprietes sensorielles(choix d’aromes, d’edulcorants, d’epices...) toute satisfaction aux divers types de consommateurs.L’emploi de conservateursstabiliseles alimentspreparesou reconstitues. Par exemple, l’amidon est une source de glucides capable de donner par traitement thermique, chimique ou enzymatique, toute une gammede PAI utilises dansla quasi-totalid desfilibres de l’agroalimentaire, sariscompter les valorisations non alimentaires(papier, cartons, ...). Actuellement il provient a 60 % du mai’s,25 % du ble, 15 % de la pomme de terre. Dans IUnion la production d’amidon est de 6,2 millions de tonneset representeun chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’ecus. Les produits sont classesen amidonsnatifs (l/3), amidonsmodifies et hydrolysats d’amidon. Les amidons natifs obtenusapresbroyage desgrains, criblage et centrifugation, ont une fraction glucidique de 98-99 % constitueed’alpha-D-glucopyranoseen chainesiineaires avec desliaisons alpha 1-4 dansl’amylose, et en chainesramifiees avec des liaisons alpha l-6 sur les chaines alpha l-4 dans l’amylopectine. En presence d’un excbs
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
143
d’eau le grain d’amidon est gonfle (sorption), gtlatinise (empesage), solubilise (dispersion). L’amylose favorise la gelification au refroidissement et l’amylopectine donne des liquides Cpais qui ne se gelifient pas au refroidissement. Des techniques permettent de fabriquer des amidons modifies, adapt& aux besoins de l’industrie. La reticulation (par des agents de pontage tels que le formol, l’oxychlorure de phosphore, etc.) realise une restructuration des chaines moleculaires, ce qui conduit a une modification de la capacite de retention d’eau, tout en conferant une grande resistance aux traitements mtcaniques et thermiques. Ces amidons sont utilises comme Cpaississants (sauce, potage), liants (plats cuisines, aliments pour enfants). La substitution des groupements hydroxyles (OH) de la molecule par des groupements a&y1 (CH,COO) ou phosphate donne des prop&es nouvelles : diminution de la viscositt au refroidissement, diminution de l’opacid des gels, hydrophobicite, etc. Les amidons anioniques (carboxymethylamidons) sont interessants pour les colles, les amidons cationiques pour la papeterie, etc. L’hydrolyse des amidons par des glucosylhydrolases specifiques des liaisons l-4, l-6 donne des maltodextrines (pour les gommes, reglisses, surge&, . ..) des sirops, des cyclodextrines (en pharmacie). Si on connait les differentes Ctapes de la biosynthbse de l’amidon, on peut esperer produire des varietes genetiquement mutantes pour differentes enzymes de cette synthese, c’est-a-dire fabriquer naturellement des amidons aux qualites cherchees. En outre, le rapport amyloselamylopectine est sous dependance genetique. Par genie genetique on peut aussi modifier l’expression de genes codant pour des proteines associees aux amyloplastes et modifiant les proprietts de l’amidon. La biotechnologie permet aux transformateurs de choisir les organismes les mieux adapt& pour la fabrication de stabilisants, Cpaississants, aromes et autres ingredients. La France est le premier exportateur mondial des produits alimentaires transform& (en 1995,735 milliards de francs de chiffre d’affaires ; 397 000 salaries dans 4 200 entreprises). 2.1.3. Diversite’ des mod&les d’alimentation Les directions des recherches sont dtterminees par les considerations du marche (guerre economique) et par les preferences des consommateurs [37]. Malgre une convergence globale des facteurs socio-economiques, il n’y a pas une convergence totale des modbles de consommation entre pays, en raison m&me de leurs differences culturelles. La globalisation de la consommation alimentaire reste limitee. Dans les pays developpes l’evolution de la consommation des aliments passe par une croissance quantitative de tous les aliments, puis par une evolution de la structure nutritionnelle de la ration alimentaire (ration calorique) et, enfin, par une differentiation des produits. Dans la p&ode actuelle de faible augmentation de la demande globale d’aliments (en 2025 la part du budget familial consacree a l’alimentation sera passee de 21,7 a 16 % ; le temps pris pour l’achat et la preparation des repas est passe en 60 ans de 2 h 30 a 15 minutes par jour), tout accroissement de consommation d’un produit va se faire aux depens de la consommation d’un autre, d’oti la creation de marches dont les produits ont des caracteristiques distinctes de plus en plus marquees. D’un autre c&C, selon le demier rapport du Programme des Nations Unies pour le developpement (Pnud), l’tcart de revenu entre le 5e pays le plus riche et le 5e le plus pauvre dans le monde est passe de 30 a 1 en 1960 a 74 a 1 en 1997. Plus de
L’AnnCe biologique
144
80 pays ont un revenu infkrieur B celui qu’ils avaient il y a 10 ans. <<.. . dans la dCfinition des programmes de recherches, l’argent parle plus fort que les besoins : les cosmktiques et les tomates 2 mtksement lent figurent ainsi plus haut sur la liste qu’un vaccin contre le paludisme ou des cultures rksistantes B la skcheresse destinkes aux terres peu productives >>(Pnud). A ces >des pays industrialist% (ch6meurs, marginaux, etc.) 2.2. Organismes
gth&iquement
modi&
Un organisme gCnCtiquement modifit est dCfini comme un organisme dont on a modifiC le gCnome par des modes de reproduction ou de recombinaison diffkrents des modes naturels. Chez les plantes la multiplication in vitro figure I) et la mutagen&se sont considCrCes comme techniques traditionnelles, ce qui exclut de la dkfinition d’OGM les plantes obtenues par ces pro&d& [68].
Tableau IV. Cultures transginiques dans le monde. PI : pays industrlalisCs, PPD : pays en dkveloppement ; Caf : chiffre d’affaires ; DRD : budget recherche dCveloppement ; Sal : nombre de salariks (d’aprks La Tribune, 1999). OGM dans le monde
Cultured’OGM en millionsd’ha 29,4h
en 1998
32,8a
en 1999
4,4b
en 1998
7,l"
en 1999
March6enmilliardsde dollars
PI <
y
PPD‘r
Ha enmillions(1998) Soja
Ma’is Coton Colza Tabac LCgumes aEurope. b USA.
USA Argentine USA Europe Argentine USA Australie USA Canada Chine USA
13,o
En %
28
54
011 2':
28
9 64
20 18 65
9
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
14.5
En 1998 les OGM sont cultives sur 35 millions d’ha dont 25 aux USA, en 1999, 39,9 millions d’ha ; 25 % du ma& 30 % du soja, 50 % du coton produits aux USA sont genetiquement modifies. En l’an 2000 la superficie cultivte en OGM atteindra 6 % de la surface agricole, avec aux USA 82 % des surfaces plantees actuelles. En France on reconnait officiellement 100 ha de mdis transgenique. A ce jour une vingtaine de plantes transgeniques sont sur le marche (tableau IV). La production d’OGM dans les pays en dtveloppement a bondi de 61 % entre 1998 et 1999 ou elle s’etablit a 7,l millions d’ha. Les ventes d’OGM (2,3 milliards de dollars, en 1999) ont progresse de 35 % par an depuis 5 ans. La premiere vague de production des OGM a CtC orientee vers : - la creation de plantes resistantes aux ravageurs et aux pathogbnes pour diminuer les traitements chimiques (ex., soja resistant a l’herbicide Roundup : 15 millions d’ha en culture ; mais resistant aux insectes : 8 millions d’ha ; coton resistant aux insectes : 2 millions d’ha, pomme de terre resistante aux insectes ; etc.), au stress pour permettre une acclimatation dans des milieux drastiques, - l’obtention de sttrilites males facilitant la production d’hybrides, - l’amelioration de parametres agricoles (fertilite, precocite, . ..). l’amelioration des possibilites de stockage et de conservation, la production de substances non &g&ales (proteines animales). Les travaux ont jusqu’alors permis d’identifier et de sequencer quatre classes de genes conferant naturellement une resistance a des pathotypes particuliers : clusse Z : gene Cf de resistance de la tomate a Cladosporiumjklvum, responsable de la moisissure des feuilles, codant pour des prottines transmembranaires ; clusse 2 : gene Xa21 de resistance du riz a la bacterie Xanthomonas campestris ; classe 3 : genes RPS2, RPM1 de resistance d’Arabidopsis B Pseudomonas syringae ; N de resistance au virus de la mosdique du tabac ; L6 de resistance a la rouille du lin ; classe 4 : gene de resistance de la tomate a la moucheture bacterienne. Les mecanismes de resistance contre les virus passent par la proteine virale elle-meme (bloquant le cycle de reproduction du virus) ou par 1’ARNm du transgbne (entrainant la degradation de I’ARN viral). La deuxieme vague de production d’OGM Porte sur la creation de plantes a caracteres qualitatifs recherches (controle de la maturation des fruits ; profils en certains acides gras, en certaines proteines ; production de fleurs a phenotypes nouveaux et a molecules odorantes nouvelles) et d’animaux producteurs de prottines particulieres ou permettant des xenogreffes. En 1999 le chiffre d’affaires des produits transgeniques destines a l’agriculture a l’alimentation depassera 4 milliards de dollars.
et
2.2.1. Avantages 2.2.1.1. Accroissement de la productivitk. Extension des aires de r&partition de espEces De m&me que la revolution verte dans les quarante dernieres annees, grace a l’irrigation, l’emploi d’engrais, de pesticides, l’amenagement des cultures, a permis d’accroitre la production, les organismes genetiquement modifies peuvent augmenter
146
L’AnnCe biologique
la productivite et permettre des plantations sur des terres degradees, par l’introduction de plantes resistantes aux maladies, a la secheresse, au froid, etc. [8]. Le riz est l’aliment de base de plus de 2 milliards d’individus. Ainsi, pour suivre le rythme de l’explosion dtmographique en Asie, la production de riz devrait progresser de 40 a 60 % a I’horizon de l’an 2020. La population chinoise de 1,248 milliards comportera d’ici la 200 millions de bouches supplementaires a nourrir. En outre, la productivite doit etre accrue alors qu’il y aura un accroissement de la p&urie d’eau (il faut 10 tonnes d’eau par ha de riz) et une diminution des surfaces mises en rizieres (urbanisation des regions deltdiques). Le Consultative Group on International Agriculture Research (CGIAR) qui coordonne la recherche sur le riz dans le monde, a en vue la culture d’un riz genetiquement modifie sur lequel l’Intemationa1 Rice Research Institut effectue des essais aux Philippines. I1 produirait 13 tonnes de grains a l’ha, au lieu de 10 pour les meilleures varietes actuelles, et rtsisterait aux insectes ravageurs. Les projets Agricultural Biotechnology for Sustainable Productivity (ABSB) coordonnes depuis 1991 par I’UniversitC de Michigan et reunissant plusieurs universites americaines, des firmes americaines et I’ORSTOM (devenu Institut de recherche scientifique pour le developpement en cooperation ou IRDEC) associe ?II’Egypte, Costa Rica, l’Indonesie, le Kenya, le Maroc a pour objectif la mise au point de plantes transgeniques (patate deuce, pomme de terre, tomate, ...) resistantes aux pathogenes et aux ravageurs et le developpement de la micropropagation pour cloner differentes varietes (banane, ananas, cafe, ...). Le Service Intemational pour l’acquisition des applications agrotechniques (ISAAA) met en place des projets multilateraux et participe aux recherches sur tous les continents. La transgenese peut renforcer les reactions de defense (n&rose locale) des plantes, declenchees par des stimulateurs (Cliciteurs) Cmis par les agents pathogenes. Ainsi, en ins&ant le gene d’un eliciteur (la cryptogenine) du champignon Phytophthora cryptogena dans des plants de tabac, I’INRA a obtenu des plantes transgeniques exprimant la cryptogenine qui stimule l’expression de gene de defense, lors de l’infection par Phythopthora parasitica var. nicotianae (provoquant chez les plantes sauvages la maladie du tabac). Les biotechnologies devraient permettre aussi une revolution dans l’amelioration [36] des productions animales (ex., animaux producteurs de proteines specifiques, telles les caseines du lait ou a pourcentage de muscles plus Cleve dans les carcasses). En biotechnologie marine la transgenese vise a l’obtention d’animaux a croissance plus rapide ou a spectre Ccologique plus large (par exemple, truites vivant a tres basses temperatures). 2.2.1.2. Rkduction de l’emploi de pesticides L’obtention de plantes resistantes aux herbicides pourrait diminuer l’emploi total de ces demiers (le coton Bollgard resistant aux insectes reduit par exemple, de 20 a 50 % I’emploi d’insecticides chimiques, d’oti un benefice accru des planteurs) et permettre d’utiliser des herbicides moins toxiques. Selon Monsanto, le glyphosate contenu dans leur Roundup a un faible degre de toxicite (class6 en categoric E par 1’EPA et considere comme non cancerigbne ni mutagene par I’OMS selon son critere Ccotoxicologique 159) et c car il est degrade par les microorganismes du sol, il est fixe dans le sol avec peu de passage
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
147
dans l’eau, il n’est pas bioaccumulable dans l’environnement. Si l’on en croit Monsanto, aux USA, le soja tolerant au Roundup encourage <>.La population des vers de terre est multipliee par 2 ou 3, les densitts d’oiseaux sont plus ClevCes et l’habitat des canards une fois et demi plus important. Le desherbage augmente la production. Le colza tolerant au Roundup a une production accrue de 7 %, ce qui se traduit par 23 dollars de plus de revenu net a l’ha. 2.2.1.3. Synthtse de micronutriments
et de produits pharmaceutiques
La transgenese permet d’accroitre (mieux que la selection) les teneurs endogenes de certains vegetaux en micronutriments fonctionnels [37]. L’action concertee NEODIET (Nutritional Enhancement of Plant-derived Foods in Europe) a Cte lancee en 1997 pour rechercher les moyens d’augmenter les teneurs en vitamines C, E, folate, carotenoldes, composes phenoliques, glucosinolates, phytosterols chez des vegetaux, et controler les &apes associees aux pro&d& industriels de transformation pour aboutir aux formes actives de ces molecules. Si on con&t les voies de biosynthese des metabolites et si on clone les genes correspondant a differentes &apes, on peut modifier les profils biochimiques des plantes. On enrichit ainsi des graines en acides amines ou l’on modifie les profils en acides gras d’huiles vegetales. Le stearate, composant majeur des margarines, est obtenu par hydrogenation d’huiles de palme ou de tournesol, mais ce procede produit aussi des acides gras soupconnes d’etre impliques dans les maladies coronariennes. En modifiant la sequence du gene d’une thioesterase (Garm Fat Al) du colza on obtient des graines beaucoup plus riches en s&rate (20 % contre 2-3 % pour la variett non transforrnee). Le transfert dam le colza d’un gene de thioesterase du laker de Californie conduit a la production d’acide laurique et d’un gene de bourrache codant pour la delta-6-desaturase a la production d’acide gamma-linoleique, couteux a obtenir a partir d’espbces sauvages et t&s utilise en cosmetologie. On cherche a produire du riz riche en fer et synthetisant du beta-carotene (provitamine A) alors que le riz ne contient pas de vitamine A, en utilisant le fait qu’il synthetise un precurseur des carotenoi’des : le g&any1 g&any1 diphosphate. Selon 1’OMS 230 millions d’enfants sont menaces de carence en vitamine A. On peut faire produire a du tabac du resveratrol (phenol de la famille des phytoalexines, anti-oxydant, antitumoral par inhibition de la transcription du gene du cytochrome P450 1Al via son action sur la liaison des ligands du recepteur AhR, et anticoagulant par son action sur les plaquettes, ce qui limite les accidents vasculaires et coronariens) par introduction d’un gene de vigne codant l’enzyme de synthese : la stilbbne synthase. On savait deja les bienfaits d’une consommation moderee de vin ! On peut decupler la teneur en alpha tocopherol dans les graines d’Arabidopsis. On tree du riz pour personnes allergiques a certaines proteines du riz, de mCme pour le blk. On cherche a obtenir des Cpinards a teneur reduite en nitrates en agissant sur les enzymes impliquees dans ce metabolisme, des batteries intestinales favorisant les fonctions digestives (concept prebiotique). Chez le peuplier, par reduction d’expression (via une strategic antisens) de l’enzyme COMT on ameliore la qualite des lignines pour la fabrication de pate a papier.
148
L’AnnCe biologique
L’existence de sttrilites males facilitant la production de semences hybrides, la transgenese par expression d’une sequence codante d’une ribonuclease sow controle dun promoteur specifique du tapis de I’anthere permet d’obtenir la sterilite chez les plantes transformees, par destruction de ce tissu nourricier [73]. On tree des plantes synthetisant des proteines telles que des proteines vaccinales (production d’anticorps chez des souris nourries avec des plants de tabac synthetisant la sous-unite beta de l’entbrotoxine d’E. coli ; recherche sur une banane produisant des vaccins comestibles, une tomate syntetisant la glycoproteine du virus de la rage ; creation d’un tabac producteur d’hemoglobine humaine). On est parvenu a faire secreter par des plants de tabac, dans le milieu nutritif, les proteines recherchees, en fusionnant le gene des dites prottines avec une sequence codant pour un peptide signal dirigt vers le reticulum endoplasmique. Des animaux transgeniques fournissent aussi des mtdicaments : chevres produisant des anticorps monoclonaux, l’antithrombine III, l’alpha 1 antitrypsine, etc. ; ports producteurs dans le lait de la proteine C humaine active dans la coagulation du sang ; vaches synthetisant dam leur lait, I’alpha lactalbumine humaine ; lapins producteurs d’erythropoletine humaine. Des Cquipes francaises (INRA, INSERM, CNRS) ont obtenu des souris exprimant dans leurs glandes mammaires la lactase normalement presente dans l’intestin grele et degradant le lactose en glucose et galactose. L’activite lactasique presente dans le lait provoque une diminution specifique de la teneur en lactose de 50 a 8.5 %, sans alterer sa composition en proteines et en graisses ni sa viscosite. Si la transgenese Ctait realisee chez les bovins, ce lait <( prCdigCrC )) serait le bienvenu pour les adultes dont 70 % ne conservent de l’enfance qu’une faible activite lactasique. Des fermes (comme la ferme laboratoire Genzyme p&s de Boston) d’animaux transgeniques sont financees par l’industrie pharmaceutique. On va obtenir des ports humanises, a osides depourvus de motifs galactose alpha 3, galactose beta 4, N-acetylgalactosamine immunogenes, ce qui diminuera le rejet de greffe. La greffe d’9lots de Langerhans porcins chez des diabetiques est Ctudiee, comme celle de cellules souches htmatopoi’etiques allogeniques dans le traitement de maladies du sang et de maladies auto-immunes. En 2010 le chiffre d’affaires du march6 des organes pour greffes exogenes pourrait atteindre 6 milliards de dollars. En outre, la transgenese permet l’obtention de souches d’animaux modeles de maladies humaines et sur lesquels l’experimentation est possible. On dispose ainsi de modbles chez les souris transgeniques (hypertension, diabete insulino-dependant, hypercholesterolemie, hemophilie, ...). les lapins (atheroscltrose), les ports. 2.2.2. Znconvhients
2.2.2.1. Aggravation de la fracture N-S Si pour certains les biotechnologiesvont permettre de cultiver de nouvelles terres et d’augmenter la production, d’autres se demandent si elles ne vont pas aussi accroitre le desequilibreN-S, aggraver la fracture entre pays pauvres et pays riches [59], d’autant que, contrairement a ce que prevoyait 1’Agenda 21 de la conference de Rio, la part du produit national brut despays developpesconsacreea l’assistanceau developpement a diminue de plus de 20 % (0,34 en 1992, 0,27 apres). Le transfert international de technologie passepar 3 phases:
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149
- transfert de materiel (importation de semences, plantes, animaux ou machines, avec adaptation aux conditions locales) ; - transfer? du savoir-faire (transfert de materiel de conception et d’experimentation pour la recherche de nouvelles semences, races, etc.) ; - transfert de technologie (transfert de connaissances destinees a produire une technologie adaptee aux conditions locales). Pour faciliter les transferts de technologie furent cr&s la FAO, I’Institut Intemational de I’Agriculture tropicale (ITA) dQ aux fondations Ford et Rockefeller, le Groupe Consultatif sur la Recherche Intemationale Agricole (197 l), le Centre International pour I’AmClioration du mai’s et du ble, I’Institut International de la recherche sur le riz, etc. L’introduction d’OGM ne rendra-t-elle pas les pays pauvres dtpendant des intrants produits par les multinationales ? N’entrainera-t-elle pas une perte de la diversite genetique ? L’efficacite d’une nouvelle technologie peut souvent dependre de modification correspondante de l’environnement. Pourra-t-i1 y avoir interaction entre technologie et infrastructures foncibres existantes ? Ne va-t-on pas accroitre la concurrence pour les matieres premieres que deja vendent ma1 les PED ? Par exemple, en creant des plantes concurrencant le vanillier ou le palmier a huile. La production par des levures du precurseur du pyrethre (insecticide tire d’un chrysanthbme sauvage d’Afrique de I’Est), selon un projet du National Institut of Standards and Technology (NIST), privera d’une source de revenus des milliers de cultivateurs (40 000 au Kenya). L’INRA a c&C des varietes de toumesol adaptees au climat de la France, ce qui a dCtr&rC l’huile d’arachide comme huile de preference des francais. Les Philippines importent du mdis americain meilleur marchC que son equivalent local, ce qui risque de faire perdre l’activitt de 500 000 cultivateurs philippins. En outre, la subvention accordee a chaque agriculteur americain (29 000 dollars par an) est 100 fois plus elevee que le revenu moyen du cultivateur philippin. Ne va-t-on pas, en plus, pirater les ressources des pays en developpement qui devraient recevoir des royalties pour des decouvertes faites a partir de germoplasmes provenant de leurs vegetaux ? Ainsi le neem (A~adiruchtu in&a), arbuste tropical dont les indiens utilisent les graines pour leur pouvoir pesticide est a l’origine de plus de 50 brevets europeens ou am&icains, pour des substances insecticides (azatine, azadirachtine, . ..) revendues en Inde. Ajoutons que par utilisation de microorganismes transform&, la biotechnologie permet la fabrication de substances qui concurrencent les produits naturels (par exemple, le sirop de mais produit par technique enzymatique remplace peu a peu le sucre dont les importations sont passees aux USA de 4,6 millions de tonnes en 1978 a 35 millions en 1985, ce qui a fait passer les revenus de l’exportation du sucre des Philippines de 624 millions de dollars a 250 millions). 2.2.2.2. Stimulation de la dkpression agricole En Europe, les biotechnologies vont activer la depression de l’agriculture, due au gain de productivite et au demantelement des barrieres douanieres par le GATT. La regression agricole est marquee par une reduction des surfaces agricoles (jachbres), un declin du prix du fancier et un agrandissement des exploitations survivantes, des fluctuations brutales des prix.
1.50
L’AnnCe biologique
Le producteur devient totalement dkpendant du secteur industriel. Ainsi Monsanto demande sur contrat de longue durke, g l’agriculteur de s’engager & acheter les semences Monsanto et les produits qui vont avec, avec interdiction de replanter ou d’kchanger les semences. D’oti I’idCe de Terminator (semence suicide ainsi nommCe par la Rural Advancement Foundation International), brevet&e par le Ministkre de 1’Agriculture amkricain (USDA) et la sociCtk semencikre Delta et Pine. On introduit dans la plante 3 gbnes associCs chacun a un promoteur : un g&ne codant pour une toxine (RIP : prottine inhibitrice de ribosomes), un gtine codant pour une recombinase qui excise un Ccarteur situ6 entre le gkne de la toxine et son promoteur (ce qui emp&che l’activation du gkne), un gene qui inactive le gkne de la recombinase tant que la plante n’est pas soumise ?I un stimulus sptcifique (tktracycline, choc osmotique, etc.). Quand, avant la vente, le stimulus est appliquk le g&e de la recombinase devient done fonctionnel au dernier stade de la maturation et la toxine est produite, stkrilisant la graine. Terminator a CtC test6 sur le coton et le tabac et le but est aussi de l’appliquer au riz et au blk. D’autres agrochimistes dkposent des brevets portant sur un processus de contr6le d’expression d’un transgkne par un agent chimique extkrieur qu’ils fabriquent. Quinze B 20 % de l’alimentation planktaire sont assurks par des agriculteurs qui skment leurs propres grains et nourrissent 1,4 milliards d’humains. Terminator met en p&i1 cette sCcuritC alimentaire et peut mgme devenir une arme de guerre biokconomique. On peut envisager d’introduire dans des semences des virus qui ne se manifesteraient que tardivement et ne pourraient &tre jugulks que par l’achat de traitements spkcifiques. Nouvel aspect de la guerre Cconomique ! 2.2.2.3. Risques pour l’environnement Les conskquences de la disskmination des OGM sur i’environnement peuvent tenir B la plante elle-m&me, au transfert du gkne impliqut dans d’autres organismes, au fait que la plante transgtnique peut envahir d’autres cultures, a une rkduction de la biodiversite, (selon la FAO, 95 % de la diversitk gCnCtique agricole aurait Ct6 perdue dans le monde en un sikcle), B de mauvaises pratiques de culture. L’Cvaluation du risque like B la disdmination d’un OGM reste problkmatique et depend de chaque cas. Le ma@,, par exemple, qui n’a pas d’espkces sauvages parentes proches en Europe ne peut pas &tre considCrC comme le colza qui peut s’hybrider avec diverses espkes sauvages. L’avantage sklectif du gkne en cause dtpend aussi des conditions du milieu. Des expkriences sont en tours pour analyser les flux de gbnes entre plantes sauvages et plantes transgkniques (par exemple, pour suivre l’evolution des caractkres de rksistance et les conditions de l’apparition de rksistance h la rksistance, par exemple, par inhibition de la cosuppression dans le cas de certaines maladies virales), pour observer les impacts Cventuels sur les insectes pollinisateurs et ravageurs, pour vkrifier si la rksistance aux antibiotiques des bactkries pathogenes peut &tre aggravke par transfert aux microorganismes du sol de g&es de rtsistance des plantes B ces antibiotiques [6]. En I’attente de rCsultats probants la sagesse serait d’ktablir le moratoire demand6 par diverses organisations. Le Fond Mondial pour la Nature (WWF) demande un moratoire sur la commercialisation des arbres g&&iquement modifiks. L’agence de l’environnement amkricaine (EPA), attaquCe par diverses associations pour avoir accord6 trop lkgkrement des autorisations de dissC-
P. de Puytorac - Biotechnologies. ConsCquences socio-bconomiques
151
mination de plantes contenant le g&ne Bt, s’inquii?te du risque d’apparition d’insectes rCsistants aux toxines de B. thuringiensis et conseille (1999) aux agriculteurs de conserver des zones refuges de mdis non rksistant B la pyrale, par insertion d’un gbne codant pour une telle toxine (stratCgie dite haute dose/refuge dont on Cvalue ma1 encore la pertinence et l’efficacit6). En outre, 1’EPA autorise de plus en plus difficilement l’emploi des toxines de B. thuringiensis et exige un suivi des plantes quant au developpement Cventuel de rksistance. Mais dans la compCtition acharnCe sur la mercantilisation du vivant, il faut &tre le premier sur le march& quitte g envisager les cons6quences aprbs coup et B y remCdier alors. Ainsi les chercheurs de Monsanto essaient d’obtenir de la somatotropine humaine en intCgrant le g&ne correspondant dans 1’ADN chloroplastique, ce qui augmenterait le rendement, empecherait la glycosylation et la fuite du transgbne par pollinisation (le gambte msle &ant dtpourvu de chloroplastes). La culture d’une seule <>d’une esp&ce est aussi une menace pour la biodiversit6. De mCme qu’en 1840 une famine a frappC l’Irlande, suite & la destruction par le mildiou de toutes les cultures de pommes de terre, parce qu’elles appartenaient ?I la mCme variCtC, de mCme en Inde, une maladie a dCvastC ces dernii?res annCes toutes les cultures de coton transgkniques. 2.2.2.4. Risques pour la sank Les risques d’une consommation rkgulibre d’OGM sur la santC 2 long terme sont totalement inconnus, d’autant plus qu’on ne sait pas oti les chercher. La protCine codCe par un transgbne, sans &tre toxique ni allergbne en elle-m&me, peut interferer de man&e inattendue avec d’autres produits cellulaires, modifier des voies mttaboliques. Les mCthodes d’6valuation (essais toxicologiques, effets cancCrigttnes, comparaisons d’analyses, ...) ne peuvent actuellement rkpondre aux questions de la sfiret6 des aliments issus des biotechnologies. Si l’analyse d’un nouvel aliment ne r&Ye aucune diffkrence avec un homologue classique stir, il est consid& lui aussi comme tel. Selon le Food, Drugs and Cosmetics Act amCricain de 1938, amend6 en 1955 pour les additifs alimentaires, c’est au producteur de s’assurer de l’innocuitt de son produit. Pour la FDA, un produit alimentaire est consid& comme contenant un additif s’il comporte une ou des substances non cornparables B ce qui est d6j-japr6sent dans l’alimentation. Ainsi la tomate Flvr Scr Porte un g&ne de rCsistance ?I la kanamycine codant pour une aminoglycoside-3’-phosphotranf6rase II. Puisque d’autres enzymes phosphorylantes existent dans la nourriture, la tomate est tenue pour sans additif. Pour les EuropCens (Rbglements CE 258/97, recommandations du Conseil supCrieur de l’alimentation humaine, remplacC en 1997 par le ComitC Scientifique sur les aliments) I’esprit est tout diffkrent : il doit y avoir une procCdure d’tvaluation (etudes toxicologiques, bien que souvent inadaptkes aux OGM, essais B long terme, etc.) des produits d’expression du transgbne et recherche d’effets inattendus sur des animaux d’blevage. Selon le prksident du Conseil suptrieur de l’hygi&ne publique de France (CSHPF), <<.. . les OGM ne sont pas substantiellement Cquivalents aux aliments classiques et il est nCcessaire de dCmontrer leur innocuitt >>.D’oti l’appel du Minis&e de la recherche (juillet 1999) pour des recherches de mCthodes d’Cvaluation du risque alimentaire, donnant une connaissance de toutes les molCcules pr& sentes dans un aliment et sur une comparaison des pr&vements de fluides et de tis-
152
L’AnnCe biologique
sus d’animaux temoins et d’animaux nourris aux OGM. D’oti aussi le projet de recherche GMOCARE, finance par la Commission europkenne, impliquant 11 laboratoires publics pour mettre au point des methodes d’analyse moleculaire dans une &valuation des risques pour la Sante de la consommation d’OGM.
3.
3.1. Remarques
SANTk
sur P&at des <P
Nous rappelons seulement l’usage croissant des techniques de procreation meditale assistee qui, avec les pro&d& de contraception et la legalisation de l’avortement dans des conditions definies, modifient totalement la vie de la femme, du couple et une certaine organisation sociale. L’implant sous la peau d’un bkonnet contraceptif lib&ant pendant 3 ans de faibles quantites de progesterone, utilise dans certains pays europeens (pas en France) pourrait ouvrir une nouvelle phase de la contraception. 3.1.1. Le vieillissement des populations En 2000 I’Europe est caractcride par une esperance de vie en progression et un recul des descendances (baisse du taux de fecondite), d’ou un vieillissement des populations avec une progression des infirmites et des maladies en resultant. Les troubles mentaux lies au vieillissement affectent 5 % des plus de 6.5 ans et 20 % des plus de 80 ans (en France, 300 000 a 500 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer due a l’accumulation de proteine beta-amyloi’de dans les neurones). Le nombre de personnes agees susceptibles de developper des pathologies mentales serait multiplie par 6 dans les 50 prochaines annees. L’incidence de l’osteoporose va croissant (en France 160 000 femmes sur 400 000 atteignant l’age de la menopause developpent une reduction de la masse et de la densite osseuse). D’ou le defi d’un probleme de Sante publique dont le cout est impossible a Cvaluer. Les principales causes de decks sont les maladies de l’appareil circulatoire (l/3 des de&s), Ies tumeurs (1 dC&s sur 4) et les morts violentes, ce qui represente au total 70 % de la mortalitt. En 15 ans ce sont les maladiesde l’appareil circulatoire qui ont le plus diminue (moins de 40 %), les maladies tumorales restant stables TableauV. Nombre de de&s de cancers en France en 1999 (in : L’express, 1999). DC&s de cancersenFranceen 1995
Poumon Colon, rectum Sein Prostate Pancreas Foie Estomac
22 773 15 882 10 546 9 010 6 247 6 224 5 389
(Esophage Leuctmie Vessie Ovaire Rein Cerveau uterus
4 534 4 263 4012 3 173 3 060 2 887 2 829
Larynx Melanome Thyroi’de Testicule Hodgkins
2371 1010 500 257 96
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
153
VI. Evolution du nombrede cotisantspar retraite,selonlescategories(in : La Tribune, 2000). Tableau
Nombre de cotisants par retraitt!
Professions lib&ales Collectiviteslocales Fonctionnaires d’&at RCgimegeneral SNCF Exploitantsagricoles
1998
2005
2020
3,3 2S 1,6 1x5 079 0,3
175 1,4 l,l 172 1 033
3,6 333 1,9 177 O,9 074
(tableau V). Si les cancers de l’estomac, de l’uterus, cola-rectal, sont en regression, les melanomeset lymphomesautresque celui d’Hodgkin, sont en expansion. Le cancer du poumon rtsiste peu aux avanceesthtrapeutiques, moins bien que les cancers du sein et de la prostate. Aux USA, 35 % descancersdu poumon, dont 90 % dus au tabagisme,sont responsablesaussid’un quart desmaladiesdu cceur,et en France de 37 % des de&s chez les hommes. En France, le taux annuel des cancers de la thyrdide a Ctt multiplie par 2 chez la femme et par 4 chez l’homme au tours des20 dern&es annees[ 11.La part (l/4) de la population qui consommele plus de fruits et de legumesa 2 fois moins de cancersque le quart de la population qui en consommele moins (peut-&n-een raison des antioxydants, vitamines et autres nutriments). D’un autre c&t la France est au 12erang despays de I’OCDE en mat&e de mortalite perinatale. L’etude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) commenceeen 1990 et portant sur 400 000 europeensdans22 centres de 9 pays, va faire connaitre sesresultats sur les relations entre modesalimentaireset pathologies can&reuses. Le projet Chronos lance au Centre d’Etude du Polymorphisme humain en 1991, ayant pour but de rechercher desgenesde IongCvitC sur 800 prelevements sanguinsde personnesBgCesde 90 ansou plus, et pour lequel 20 millions de francs auraientCtCinvestis, serait abandonnepar cet organisme.Le vieillissement souleveles problbmesde cout de santt et de cotit des retraites et de leurs modesde financement qui engagent toute l’organisation sociale (tableau VZ). Or, le troisibme age aura la majorite et exercera un poids considerablesur l’economie. 3.1.2. Urbanisation croissante Outre le vieillissement,l’urbanisation croissanteseraaussiun deli a affronter avec les problemes de Sante(allergies par exemple, 2 000 franCaismeurent de l’asthme chaque annee; reactionsinflammatoires desvoies pulmonaires,etc.) et d’environnement en resultant. Plus de 80 % de la population de I’Europe, des USA, de l’Am& rique latine et du Japon vivront dansdesvilles, en 2025. Quatre citadins sur 5 vivront dans un pays du tiers monde et 34 metropoles de plus de 5 millions d’habitants (sur 45) seront dans les PED. Bombay, Lagos, Karachi depasseront 20 millions d’habitants. L’investissement consacre par l’industrie en France a la protection de l’environnement a represente en 1997, 6 milliards de francs (augmentation de 9 % depuis 1995) mais ne representeque 3,3 % desinvestissementsde l’industrie (4,5 % en Allemagne).
154
L’ AnnCe biologique
Tableau VII. Lits d’hospitalisation, vel Cconomiste, 1999).
depenses hospital&es,
Lits d’hospitalisation Pourcentage :
20 65 15
en 1998 : 300 milliards
- dans le public - dans le prive commercial - dans le prive a but non lucratif
de francs 82,7 15
- dans le public - dans le prive commercial - dans le prive a but non lucratif Patients hospitalis&
Pourcentage :
en 1998 : 504 550
- dans le prive commercial - dans le public - dans le prive a but non lucratif DCpenses hospitalikres
Pourcentage :
patients hospitalises (in : Le Nou-
23 : 23,2 millions 59 1.5 14
3.1.3. Aggravation du cotit de la santkppublique Alors que les depensesde santerepresentent8,6 % desdepensesdes americains, elles sont de 15,4 % pour les franGais(tableau VU). De nombreux medicaments[50] sont obtenuspar genie genetique,remplaCantles produits naturels(par exemple, insuline commercialiseedepuis 1982, dont le premier producteur mondial en volume est le danois Novo Nordisk qui poursuit les recherchessur les diabetesde type I et II non insulinodependant,ce demier touchant dans le Monde selonI’OMS, 35 millions de personnes); somatostatinecommercialiseedepuis 1985 ; hormone de croissance, tPA, interferon, etc.) et leur nombre ira croissant. Pres de 200 substancesissuesdesbiotechnologies seront en phasefinale d’essaiscliniques en 2005. Les ventes au detail des medicaments de prescription ont enregistre entre juin 1998 et mai 1999 une croissanceglobale de 8 % sur les 12 principaux marchesmondiaux (12 % aux USA). Les depensesd’assurancesmaladiesdu regime general sont en haussecontinuelle, d’ou un deficit permanent de la SCcuritCSociale dOessentiellement a la consommationde medicaments@gure 6). D’apres l’etude desrecherches et documentation en Cconomiede la Sante(Credes) 5 % des personnessont a l’origine de pres de la moitie des depensesmedicales.Les grands malades(cancers, ...) representent 10 % de la population et comptent 70 % des remboursements de l’assurance maladie. D’oii la proposition (1999) en France, de la Caissenationale d’assurancemaladie, d’un plan de 60 milliards d’economiesdont 32 pour le secteur hospitalier. D’oh la nomination par le Gouvernement d’une Commission dite de transparence chargee de tester l’efficacite des medicaments. Sur 1 100 specialit& examinees(28,5 milliards de chiffre d’affaires) 25 % (dont des veinotoniques, vasodilatateurs, produits homeopathiques)ne feraient pasla preuve d’un service medical rendu.
P. de Puytorac - Biotechnologies.
Consequences socio-Cconomiques
10,4
155
I
SBcuritk
m
M&ages
sociale
WMutuelles T7G2
L9
32
1
60,4
Consultations 91,8
Soins dentaires 43,2
Optique 19,8
Figure 6. Structures de financement des depenses de Sante (en milliards de francs) en France. Pourcentage des depenses par la s&mitt sociale, par les menages, par les mutuelles, par les assurances et par 1’Institut de prtvoyance, pour les consultations (918 milliards), pour les soins dentaires (43,2), en optique (198) (in : Valeurs actuelles, 1999).
160
000
12oooo
Figure 7. Involution du nombre des medecins en France metropolitaine de 1972 a 1999. L’effectif global a CtC multipliC par 2,5 mais I’bge moyen des mtdecins a augment6 et leur repartition est inegale sur le territoire. Plus de la moitie sont des specialistes (inspire de La Tribune, 1999).
80 000
40 000
1972
1990
1999
156
L’AnnCe biologique
Neanmoins, pour les banques, le secteur Sante est porteur a long terme, avec estimation d’une croissance qui sera superieure a celle de l’economie mondiale. Par exemple, la division pharmacie du groupe allemand Merck a eu en 1999 une progression de ventes de 14 % Cjigure 7). De nombreux Ctablissements proposent des fonds specialis& sur la Sante. En outre, Sante et environnement peuvent Ctre complementaires. D’ou la necessite d’une <
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques
157
VIII. Nombrede casde SIDA dansle monde,enfin 1999(adulteset enfants),(selon I’OMS in : La Tribune,1999). Tableau
Nombre
de cas de sida dans le monde (1999) : 33,6 millions
Afrique subsaharienne Asie du Sudet Sud-Est Ameriquelatine Ameriquedu Nord Asie de1’Estet du Pacifique
23 300000 6 000000 1 300000 920000 530000
Europeoccidentale Caraibes Europeorientaleet Asiecentrale Afrique du Nordet MoyenOrient Australie
520000 360000 360000 220000 12000
donntes disponibles,et I’OMS tente une coordination mondiale de cette etude. Des programmesde surveillance sont en place pour la resistancedesSalmonelles(projet ENTERNET), de Staphylococcus aureus et Streptococcus pneumoniae (projet EARSS), de gonocoques (reseau RENAGO). L’Union Europeenne (reunion de Copenhaguede 1998) veut mettre en place une strattgie rationnelle de l’usage des antibiotiques. En outre, il faut rechercher de nouveaux antibiotiques (10 % du marchC national), ce qui passepar la recherche de molecules inhibitrices de molecules cibles identifiees d’apres connaissancede leurs geneset par la recherche de moleculesinhibitrices de virulence. Certaines maladiesqu’on esperait voir disparaitre reprennent de l’importance et de nouvelles Cpidemiesse de&rent ou se developpent. Ainsi la tuberculose est responsablede 2 millions de de&s par an et l/3 de l’humanite htberge le bacille Mycobacterium tuberculosis a l’etat latent (2 millions de personnesasymptomatiquesavec desmycobacteriesdam leurs macrophages).La tuberculosepourrait tuer 80 millions de personnesdansles trente prochainesannees[3]. La malnutrition et la co-infection avec le VIH, dans le tiers monde, aggrave la situation, tandis qu’emergent des souchesresitantesa toute medication et que le BCG serait d’efficacite reduite en raisonde deletions survenuesdansle genomede la soucheattt5nde originelle. Paludisme,SIDA (tubZeauVIII), herpes,hepatite C resistenta l’immunisation. Le paludismetouche 270 millions de personneset en tue en Afrique 1 million par an. 11 est en recrudescenceen raison de la resistancedes larves de moustiquesaux pesticides et de celle des plasmodiumsaux antimalariqueshabituels. Cinquante millions de personnescontractent chaque anneela denguetransmisepar le moustiqueAedes aegypti. Toutes les 5 secondes,il y a dans le monde une contamination par le VIH (6 millions par an ; 2,6 millions de morts en 1999) alors que recule l’efficacid des multitherapies (antiproteases+analogues nucleosidiques).Cent-soixante-dix millions de personnessont touch&espar le virus de l’hepatite C (transmissionpar le sang) et l’infection chronique peut aboutir a une cirrhose (lo-20 % des cas d’hepatite chronique) ou un carcinome hepatocellulaire(l-5 %). I1 y a une propensioncroissante,en outre, de certains agentspathogbnesd’origine animale(filovirus, paramyxovirus) a infecter l’homme [71]. Des modifications ecologiquesnaturelles (climatiques) ou induites par 1’Homme (conditions d’elevage desanimaux domestiques,deplacementsde populations, deforestation, ...). les facilites de communicationsintercontinentales permettent l’appari-
158
L’AnnCe biologique
tion, ou la &apparition, ou l’extension de maladies infectieuses. Ainsi la surpopulation dans les Clevages de poulet favorise la multiplication de la bacterie Campylobacter qui provoque aux USA 2 a 8 millions d’intoxications alimentaires par an. Les rongeurs sont le reservoir d’agents pathogbnes (bacille de Yersin ; hantavirus et arenovirus, virus a ARN responsables de fievres hemorragiques) [71]. L’Homme est le plus souvent infect6 par inhalation de virus presents dans les excrements de rongeurs infect& [71]. L’infection se transmet ensuite entre humains par contact. Par exemple, la mecanisation de l’agriculture en Argentine a favorise le developpement de la prairie et ainsi la multiplication des rongeurs, ce qui a permis l’emergence de la fievre hemorragique due au virus Junin. En Russie, le stockage des grains dans les logements est cause d’une epidtmie de fievre hemorragique a syndrome renal (FHSR) en Bashkirie (1997). En Sierra Leone, le stockage des aides alimentaires pour les populations deplacees dans les villes par la guerre a attire les rongeurs et la fievre de Lassa qui restait endemique s’est developpee de facon epidemique. Avec la lutte contre les rongeurs la vaccination serait une strattgie a appliquer, mais elle se heurte a la diversite des virus. Bien que 20 % en moyenne de la population soit vaccinee contre la grippe (64 % chez les plus de 75 ans), en 1998 la grippe a cause 465 593 arrets de travail de 5 jours en moyenne, soit 2,37 millions de joumees de travail. 3.1.4. Probk?me des retraites Le desequilibre entre le nombre des actifs et celui des inactifs dO a l’evolution demographique tree un problbme sur les modalites de traitement des retraites (age de la retraite fixt par la loi ou librement choisi, mode d’indexation, regime par rtpartition ou par capitalisation). Les projections a court terme et a long terme sur les Cvolutions possibles donnent des scenarios differents selon les hypotheses envisagees sur les variables (part des depenses vieillesse dans le PIB, evolution de la population active, immigration, etc.). En 2000 1’Etat francais versera aux retraites 206 milliards de francs. De 1997 a 2010 le nombre de depart en retraite passera de 56 000 a 95 000 personnes par an. Le rapport Charpin estime entre 255 et 280 milliards de francs le besoin de financement des retraites en 2040. 3.1.5. Trafics et drogues Par ailleurs les PED (Afrique noire, Asie du SE, Amerique latine) sont le siege d’organisations qui y Ccoulent des contrefacons de produits pharmaceutiques parfois mortelles ou de medicaments de mauvaise qualite. On estime ce commerce a 60 milliards de francs. Devant ces trafics le ReMed, avec le soutien de l’OMS, tente des efforts de cooperation entre les gouvemements, Interpol et les industriels du medicament. En Europe, le risque vient de la possibilite d’acheter des medicaments sur Internet. Les sites de vente sans ordonnance proliferent (Soma.com, Planetrx.com, Drugstore.com, ...) fournissant Viagra, anxiolytiques, anti-age, coupe-faim, ... Les sites francais et europeens du cybertrafic sont soumis a la reglementation sur le monopole des medicaments. La Direction g&&ale de la Sante verifie le contenu des sites, 1’Agence francaise de securite sanitaire des produits de sand controle les publicites des laboratoires, la brigade centrale de repression de la criminalite informatique
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Consequences socio-Cconomiques
159
detecte les infractions. Mais aucune action n’est possible sur les sites heberg& a l’etranger. L’utilisation de droguesdiverses et de melange de droguesa desagesde plus en plus jeunes reste un probleme pour le prochain millenaire, en raison de sa banalisation marqueepar I’explosion des droguesde synthese(ectasy, ...). la baissedesprix, les profits qui en resultent (chiffre d’affaires de 1’hCroineen Europe : 60 milliards de francs ; de la cocdine aux USA 600 milliards) et qui contribuent a la croissancede l’economie. Les 2 principales zones de culture du pavot sont le Croissantd’Or (dont 1’Afganistan avec 4 000 tonnes d’opium en 1999, servant a fabriquer plus de 300 tonnes d’herome) et le Triangle d’Or (dont la Birmanie). Chaqueanneeles toxicomanes francais (180 000 environ) consacrent 30 milliards de francs a l’achat d’htroi’ne. Selon le rapport Koff, le co& social des drogues(y compris l’alcool et le tabac) serait pour la collectivitt francaise de 218 milliards de francs, soit 2,68 % du PIB. Le tabagismeest la premierecausede mortal& &table en France (60 000 de&) d’oti la flambee des ventes de substituts antitabac (timbre Nicotine1 de Novartis, patch Niquitiin de SmithKline Beecham, ...). En France, les psychotropes figure 8) representent 8 % des prescriptions medicales, a peine moins que les analgesiques (9,3 %). Parmi les medicamentsles plus vendus au monde on trouve trois antidepresseurs: le Prozac (en 3e position, 16,5 milliards de francs de recettes en 1998, soit 30 % du chiffre d’affaires d’E. Lilly), le Zoloft (8e rang ; 10,8 milliards de ventes, E
34 30 26 22 18 14 10 6
30
Figure 8. Evolution
40
50
60
to :1
80
du pourcentage de consommateurs reguliers (au moins une fois par semaine et depuis au moins 6 mois) de psychotropes en France, en fonction de l’age. En trait gras : courbes des hommes (H), en trait fin : courbe des femmes. E : ensemble des psychotropes ; T : tranquillisants ; AT : antidepresseurs ; Hy : hypnotiques (inspire de La Tribune, 2000).
160
L’AnnCe biologique
soit 135 % du chiffre de Pfizer), le Deroxat (9e rang ; 105 milliards 125 % du chiffre de SmithKline Beecham). 3.1.6. Technicisation
et dkshumanisation
de recettes ;
de la mkdecine
Le dtveloppement croissant des techniques medicales et l’efficacitb grandissante de certains medicaments, le manque de temps des soignants modifient completement la relation malade-medecin qui devient maladie-societe. Le medecin a tendance a ne plus considerer le malade comme une personne mais comme un ensemble d’organes auquel il convient d’appliquer une recette. <X[63]. Le consentement volontaire et eclair? du malade reste un presuppose theorique plutot qu’une realite pratique. La legalisation de l’euthanasie va se poser (en France 500 lits dans les unites de soins palliatifs pour 550 000 decks par an dont 150 000 dus aux cancers). Selon un sondage SOFRES pour 1’Association pour le droit de mourir dans la dignite, 84 % des francais sont pour une aide Cventuelle a mieux mourir et un controle personnel de leur vie. Aux Pays-Bas l’euthanasie est decriminalisee depuis 1994 si (f la souffiance est insupportable et sans perspective d’amelioration >>. 3.1.7. Le marche’ v&t+inaire Alors que le marche des aliments pour animaux est particulierement dynamique (25 milliards de dollars dans le monde, avec une progression des ventes de 5,6 % par an en moyenne), le marche de la Sante animale est aussi florissant. Ainsi le chimiste hollandais Akzo Nobel (peintures) vient-il d’acheter (4 362 millions de francs) Hoechst Roussel Vet (anti-parasitaires, anti-infectieux, vaccins), formant un ensemble d’implantation mondiale (800 millions d’euros de chiffre d’affaires) avec 50 % des ventes realisees en Europe-Afrique, 45 % en Amerique, 5 % en Asie. Le groupe agroalimentaire Sanders (5 millions de tonnes d’equivalents alimentaires pour b&ail, par an) jouant sur la qualitb, assure le controle de ses filieres avec ses propres veterinaires et un laboratoire de 45 personnes. Sur les 10 000 tonnes d’antibiotiques utilisees chaque annee en Europe, la medetine humaine represente 52 %, la medecine veterinaire 33 %, les additifs alimentaires 15 %. Au nom du principe de precaution les experts de la Commission Europeenne preconisent l’interdiction d’utilisation d’antibiotiques dans l’alimentation du betail. 3.2. Pathologie et biotecbnologies Les modifications de preparation des aliments, l’augmentation de la consommation de plats surgeles ou p&s a consommer, le developpement de la restauration a domicile, le bouleversement des methodes de conservation et de stockage de denrees alimentaires, l’elargissement des circuits de production et de distribution augmentent les risques d’intoxications alimentaires. D’un autre c&C, les regles d’hygiene tres
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des cas d&larks de listCriose en France de Figure 9. l?volution 1987 21 1998 (d’aprks La Tribune).
500 ,n/\_
ConsCquences socio-kconomiques
161
loo%
1987
1998
strictes a tous les stades,de la production a la consommation,la pratique de la sterilisation a outrance empechent le jeu nature1des antagonismesmicrobiens et toute faille dansle systeme(par exemple dans la chaine du froid) devient une Porte largement ouverte au developpementd’un contaminant (Salmonelles,etc.) [51]. En 1995 sur 531 618 decks, 737 peuvent Ctre attributs a des aliments toxiques ou contamines (soit 0,l % de la mortalite gCnCrale).En 1996 il y a eu 414 foyers de toxi-infections alimentaires(7 858 malades)dont 70 % dus a des salmonellesprincipalement dans des ceufs[5 I]. Les techniquesde biologie moleculaire sont des outils essentielsdans la detection, l’identification et la quantification des microbes responsablesd’une alteration de la qualite marchandeou d’une perte de rendementet de microbespathogenesdansles aliments [ 141. 3.2.1. IA listbiose On recenseen 1997 @gure 9), 225 cas de listeriosessporadiques(contre 661 en 1987)et une tpidemie (14 cas) like aux fromagesa pate molle. Cette m&meanneeles autorites sanitaires suissesinterdisent la vente de fromages de type vacherin Mont d’or, en raison d’une Cpidemie (120 cas dont 3 1 decks) dans le canton de Vaud. Pourtant le sujet est bien connu du public. La directive sur les normes sanitaires a respecter dans la vente des produits laitiers a contribue au developpement du commerce intracommunautaire des fromages, franqais notamment, au lait cru. Cette appellation n’est accordeequ’a du fromage fabrique avec du lait de vache, de chevre ou de brebis, n’ayant pas subi de traitement thermique au dela de 40 “C. Sont produites en France 200 000 tonnes, soit 20 % de la production fran$aisede fromages. Differentes especesde Listeria sont presentes dans les aliments et chez de nombreusesespbcesanimales sansprovoquer de maladies. La listeria monocytogene pathogbnetransite dans I’intestin des bovins, ovins, caprins, est presentedans le sol et l’eau et elle s’accommodede bassestemperatures(-3 “C). La conservation sous vide n’empeche pas sa multiplication. Elle peut sepropager de cellule a cellule, ce
162
L’AnnCe biologique
qui la met a l’abri des anticorps et des antibiotiques, d’ou un danger pour les populations a risque : femmes enceintes, personnes immunodeprimees, personnes BgCes. La maladie se traduit par de la fievre, des douleurs musculaires, des convulsions. 11y a contradiction entre l’exception francaise (tolerance de 100 germes de listeria par gramme de fromage au stade de la vente du fromage) et la legislation communautaire (norme microbiologique zero listeria a la sortie de l’atelier de production). Une bataille de l’avenir de la production fromagere est engagee a l’echelon international [42]. Des listeria sont rtgulierement detect&es dans divers fromages (Epoisses, maroilles, ...). Suite a des controles, par exemple, les ventes Lepetit (qui ont le label AOC) ont chute de 70 %, contraignant l’entreprise au chomage technique de ses 120 employ&. L’CpidCmie de novembre 1999 a fevrier 2000 (7 morts) pourrait &tre due a de la langue de port en gelee (4 500 tonnes par an de production). Les nouvelles regles d’hygiene (date limite de consommation ramenee de 35-45 jours a 29 ; absence totale de listeria au sortir de l’usine) ne permettront pas, pour autant, l’absence de risque. ConGu par la firme Du Pont, un automate (Riboprinter), a partir de 1’ARN du ribosome des bacthies, compare leur profil genetique avec d’autres stock& dans la banque de donnees de l’appareil. Cette technique (ribotypage) permet de detecter rapidement (quelques heures) la presence de batteries dangereuses. 3.2.2. Les conditions de l’alimentation animale dklenchent une s&ie de crises en Europe L’alimentation des bovins par des farines issues du traitement de carcasses d’animaux atteints d’encephalite spongiforme (ESB) a declenche a partir de 1’Angleterre, l’extension de la maladie dite de la <( vache folle )>, due vraisemblablement a des prions resistants au nouveau pro&de de traitement de ces carcasses. (Pour certains chercheurs britanniques ce serait I’utilisation anarchique d’hormones hypophysaires qui serait a l’origine de la maladie). La possibilite de transmission de la maladie a l’Homme, (79 cas, en aout 2000, d’une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob, en Angleterre) Cvoquee d&s 1990 dans le journal The Lancet, reprise en 1996 par le ministre anglais de la Sante (Dorrell) a CtC a l’origine d’une crise de la filiere bovine saris precedent, dans laquelle les interets Cconomiques et les jeux de la poiitique &rang&e, ont CtC plus pris en compte que la Sante publique. En 1996, apres la France, la CEE interdit l’importation de viande bovine de Grande Bretagne en Europe et la Direction g&&ale de l’alimentation exclut de la consommation humaine certains tissus de bovins nes avant juillet 1994. L’impact psychique sur les consommateurs a CtC considerable. En France, le marche de la viande (figure 10) a chute de 20 a 30 % (40 % en Allemagne) ; 22 000 emplois ont ttt touches. Les Cleveurs francais (700 000) accusent une perte de 15 a 2 milliards de francs. Des compensations leur sont accordees par I’UE. L’ESB a come a la Grande-Bretagne 40 milliards de francs. Depuis aoQt 1999, la Commission Europeenne a mis fin a l’embargo pour des viandes desossees d’animaux ages de 6 a 30 mois provenant d’exploitations exemptes d’ESB depuis une p&ode prolongee, ce que la France ne voulait pas accepter au nom du principe de precaution. Enfin, le variant de la maladie de Creutzfeldt-Jacob serait transmissible par transfusion. Aujourd’hui les farines animales, dont ni la composition ni l’origine ne sont toujours pas mention&es, nourrissent encore les ports, les volailles, les poissons et le
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Figure 10. fivolutic In des cas d&lart% d’encephalite spongiforme bovine au Royaume-Uni (courbe A), oti ont et6.abattues 3,5 millions de b&es de plus de 30 mois), en France (courbe B), et variation de l’indice des prix a la production des bovins, en France (courbe C, en pointillt), (inspire de La Tribune, 1999).
Consequences socio-Cconomiques
1988
1991
1993 1995 1997
163
1999
risque de contamination par ces voies reste inconnu. De nouveau cas de b&es atteintes, entrainant la destruction de tout le troupeau correspondant, sont regulibrement signal& en France, mais la possibilite de transmissiondesprions de la mere au veau restepas&e soussilence.Heureusementsont mis au point des testsde diagnostic de la maladie (par Enfer Technology Ltd, Irlande ; Prionics, Suisse ; E.G. et G. Wallace, Grande-Bretagne ; le CEA, France). Le test propose par le CEA (commercialise par l’americain Biorad) est celui qui detecte la plus faible concentration de la forme anormalede la promine prion et fournit le resultat en moinsde 24 heures. 11est produit par PasteurSanofi Diagnostics. Un depistagesystematiquedes viandes propres a la consommationest en vue. Cinquante-septmille tests seront effect&s en France sur desanimaux abattusou livres a 1’Cquarrissage. 11faut done s’attendre a la mise en evidence d’un nombre de contamines plus grand qu’il ttait prevu, ce qui risque de destabilisera nouveau la filiere bovine. L’affaire de la vache folle aurait dfi mettre en garde contre une utilisation incontr616ede farines animalespour l’alimentation desanimaux d’elevage, et d’une facon plus gCnCrale,contre les conditions de tout Clevageindustriel dont le seul but est de baisserles cotits en recyclant desdcchets. La crise du <>montre qu’il n’en est rien. Une usine belge (Verkest) a 1ivrC 80 000 tonnes de graissecontaminee avec des pyralbnes par des polychlorobiphdnyles, a 10 entreprises fabriquant des aliments pour une centaine d’elevages divers. Dans despoulets et desmufs de tels tlevages desdosesde dioxine
L’Annte biologique
164
dCpassant 200 B 800 fois la norme autoris6e ont CtC dCcelCes. En mangeant 150 grammes de poulet contamint un homme de 70 kg dCpasse la dose journal&e de plus d’un facteur 10. L’alerte n’a CtC donnte que tardivement (1 mois aprks), les organismes responsables, tant du c&C belge que fran$ais et europeens se renvoyant la balle. Des Clevages frangais qui ont pu utiliser la graisse contaminte (246 de bovins, 139 de volailles, 3 de ports, 4 d’ovins) ont Ctk consign&. Mille quatre-vingtquinze tonnes de volailles et de produits d&iv& ont CtC retirks du march& ainsi que 92,s tonnes de produits B base d’aeufs ; 217 860 ceufs ont CtC jet&. Alors que les autoritCs belges estiment qu’au dessous d’un taux de 20 % de graisse anormale, les denrCes sont sans danger pour le consommateur, les experts de la CE r&lament l’extension des contrhles des denrCes contenant plus de 2 %. 11y en a des milliers ! La dioxine a provoquC la chute du gouvemement belge de J.-L. Dehaene et son successeur a proc6dC & la fermeture de 300 Clevages de ports (s’ajoutant aux 795 pr&Cdents) et g la destruction de 68 000 B 80 000 tonnes de viande. Due, filiale du groupe Bourgoin, a accust au 1er semestre 1999 un recul de 40,4 % de son b&&ice net. Mais dej5 une nouvelle affaire apparait en France suite g une &mission publique B la t&vision allemande et g une rCvClation du Canard Enchain6 (ruin 1999) selon laquelle des boues d’kpuration auraient CtC utilisCes dans la fabrication d’aliments pour animaux, en infraction avec une dCcision de septembre 1991 de la CE. La Direction des fraudes confirme que <>,la DGCCRF faisant Cvidemment savoir que <
4. ENVIRONNEMENT 4.1. Quelques-uns
des probl&mes pour I’Homme
La concentration des populations (mCgapoles) amplifie la vulnGabilitC Ccologique (exposition aux catastrophes naturelles), sanitaire (maladies virales, bactCriologiques et parasitaires) et sociale (dkgradation des cellules de base et de la solidaritC
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Consequences socio-Cconomiques
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Tableau IX. Sources d’emission de gaz (CO,, CH,, N,O, HFC, SF,) a effet de serredirect, en pourcentage (in : La Tribune, 1999). Liste des principaux pays Cmetteurs de dioxyde de carbone (in : L’express, l/2000). Plus de 50 % des emissions de polluants comme les oxydes d’azote et le CO, proviennent des transports routiers. Un sur deux europeens possbde une voiture et parmi ces derniers un sur deux l’utilise pour des trajets inferieurs a 3 km. Sources d’Cmission des gaz ?I effet de serre direct (en pourcentage) Transports Combustion par residentiel tertiaire, agriculture Combustion par industrie manufacturibre, construction Utilisation biomasse forestiere
21,3 16,8 12,7 11,5
Combustion et transformation d’energie Sols agricoles Fermentation enterique du b&ail ProcCdCs industriels chimiques Mise en decharges Autres sources
9,3 7,9 4,4 493
13 10,l
Pays Cmetteurs de CO, en millions de tonnes USA Chine Japon Allemagne
4 881 2 103 1 093 878
349 132 470 136
Inde Ukraine Royaume-Uni Canada
Indice de production Indice de base :
manufacturi&re
100 en 1990 150,2 en 1999 2,15 millions d’immatriculation
679 611 556 409
440 342 246 862
de l’industrie
Italie France
407 701 362 076
automobile
en 1999
[15, 771. La question va se poser surtout dans les pays PED qui auront a gerer des megapolesoti lesconditions de vie serontde plus en plus durespour lesplus demunis. Les problemes majeurs a court terme tiennent aux pollutions (organiques, chimiques, thermiques) des milieux (eaux, air, sol) et a plus long terme a une penurie d’eau et a un possiblerechauffement de la Terre (tabEeauIX). Actuellement 40 % de la population mondiale (80 pays) souffrent d’une penurie d’eau a certains moments de l’annee, et 28 pays (335 millions d’habitants) sont prives d’eau de faGon chronique. L’eutrophisation deseaux due aux rejets des activites humainessegedralise. Le tonnage de bouesdesstationsd’epuration (850 000 tonnespar an en France) augmente constamment.Elles sont misesen decharge(25 % du total), incinerees(15 %) ou Cpanduesen terres agricoles (60 %), ce qui posela question de l’innocuite sanitaire de cespratiques.De plus, sur les 2,5 millions de tonnesde pesticidesappliquees chaque an&e aux cultures, 0,3 % seulement atteignent les organismescibles [79]. Selon une etude de l’INSERM, sur 75 communesde Gironde et de Dordogne, entre 1988 et 1998, les communesdtlivrant une eau contenant un taux d’aluminium Cgal ou superieur a 100 pg/L ont en moyenne 2 fois plus de cas de demencesdCgCnCratives (et la norme franGaiseest de 200 pgZL !) [ 11. Les ocCans (oti selon le Fonds mondial pour la nature, sont deverseeschaque annCe 60 000 tonnes de p&role) vont devenir aussi vulnCrables que les autresmilieux
166
L’Annee biologique
sow les effets conjuguts de l’elevation de temperature, des pollutions et de l’activitb humaine. Le chauffage domestique, les nuisances industrielles, le trafic des transports al&rent la qualitt de l’air (tableau IX). D’aprbs une etude de I’IFEN (Institut franqais de 1’Environnement) portant sur 43 villes de plus de 100 000 habitants et a partir de 35 000 releves quotidiens sur une ptriode allant de 1992 a 1998, les habitants des grandes villes respirent un air pollue 57 jours par an, soit 1 jour par semaine. Les temperatures estivales provoquent des pollutions photochimiques avec transformation de CO, en ozone. En outre, la variete des produits diffuses est de plus en plus grande. Selon 1’OMS (reunion de Londres, 1999), la pollution automobile (tableau IX) aurait entraine en 1998, la mort prematuree de 21 000 personnes en France, 17 629 en Suisse et en Autriche, par maladies respiratoires ou cardiaques (soit deux fois plus que le nombre de tues sur les routes). De faGon subtile sont diffuses dans l’environnement des disrupteurs moleculaires, molecules (pesticides, methoxychlore, bisphenoles, alkylphenoles, dibenzofurannes) soupGonnees d’effets oestrogeniques et interf&ant avec la synthese, la secretion, l’action ou l’elimination d’hormones. 4.2. LCgislation contre la crise environnementale Un arsenal considerable de reglements (directives, lois, decrets, plans de maitrise comme le PMPOA ou plan de maitrise des pollutions organiques agricoles), aux niveaux international, europeen, national ou regional, en faveur de la conservation de la nature, pour la conservation des ressources naturelles, contre les pollutions, contre les risques naturels, pour le controle de l’introduction d’especes &rang&es, est en place et il s’accroit regulierement de nouvelles mesures. Faudrait-il encore veiller a leur application ! En outre <>[61].
5. PERSPECTIVES
A L’AUBE
DU XXIE SIkCLE
5.1. Agriculture 51.1. Avenir despetites exploitations ? L’agriculture, tout en &ant productive (pour alimenter la population mondiale) et competitive (pour la liberte des marches)devra [55] : - foumir desproduits diversifies et de qualiteslabellides, - maintenir et ameliorer la qualite dessols,deseaux et de l’atmosphere, - preserver desemplois et maintenir l’agriculture de certaineszones rurales (par exemple, production et vente d’un produit), - developper des usagesnon alimentaires de services (par exemple, production de tibres vegetalespour descomposites,melangesd’une r&sineet de lin, sisal,paille, chanvre, etc., performants sur les plans de l’isolation acoustique et de l’absorption des chocs). Les fibres naturelles sont surtout exploitees en Europe par les construc-
P. de Puytorac - Biotechnologies. Constquences socio-Cconomiques
167
teurs automobiles (Mercedes, BMW, ..,) mais en France l’emergence de ces produits reste discrete, - participer a la satisfaction de besoins Cnergetiques (biocarburants, biogaz). D’ou une <), systbme de production mettant en ceuvre un ensemble de techniques culturales satisfaisant a la fois les exigences ecologiques, economiques et toxicologiques en vue d’obtenir une recolte qualitativement optimale [37]. Elle necessite une connaissance precise du terroir, une formation adaptee des exploitants et une observation reguliere de l’evolution des cultures. Elle est defendue par des associations de 6 pays unis en Europe en une Initiative for Integrate Farming. L’agronomie de demain est dans le continuum sol-plante-atmosphere. L’azote est avec l’eau et le carbone un element dont le cycle nature1 est perturb6 par les activites humaines. La pollution azotte qui a commence dans les anntes 1950 continue a s’elever. La gestion de l’eau demande une analyse de la demande, de l’offre, le choix d’options pour compenser le deficit d’eau, la mise en place de programmes techniques d’economie d’eau, de systbmes de controle de qualite de l’eau, une revision du regime tconomique et financier de l’eau (public ou prid). En 1930 aux USA il y avait 7 millions d’exploitations, 2,7 en 1970, 577 000 en 1978 et en 2000 les 2/3 des livraisons seront realistes par les 50 000 plus grandes exploitations et 80 % par les 100 000 plus importantes. Qui possedera ces 100 000 entreprises agro-industrielles ? En Europe la surproduction de fruits et de legumes, la creation d’un marche unique qui accroit la concurrence intra-communautaire, l’absence d’un mecanisme de soutien des prix, alors que la reforme de la politique agricole commune de 1992 a incite certains exploitants a se reconvertir, le faible in&et du consommateur pour des produits frais sans saveur (il y a 10 ans, 2/3 des francais mangeaient quotidiennement des fruits, pour la moitie aujourd’hui) conduisent a une crise des producteurs avec prise a parti par ces derniers des distributeurs (qui assurent 72,4 % des ventes au detail) et des importations. En France, peut-il y avoir encore de petites exploitations, d’autant plus que la robotisation poursuit son developpement (ex., traite automatique) ? Exploitations de subsistance, lieux de retraite, source d’emploi a temps partiel (pluriactivitts) ? La loi d’orientation agricole (Le Pensec) de juin 99 assigne a l’agriculture des fonctions Cconomiques, sociales et environnementales, mais le Minis&e, sur 100 milliards de francs annuels d’aide a l’agriculture, en consacre 70 a l’agriculture industrielle et seulement 2 aux contrats territoriaux d’exploitation (CTE) qui encouragent le developpement durable. A la suite du mouvement Ccologique les petites exploitations peuvent se toumer vers une agriculture biologique. Introduite en France apres la derniere guerre par des consommateurs et des mtdecins, l’agriculture biologique a repris essor dans les annees 1980 ou la France ttait alors numero 1 pour les surfaces cultivees bio. Ces surfaces y ont CtC multiplites par 2 en 1995 (81 000 ha) mais elles l’ont Cte par 8 en Allemagne (279 000 ha), par 23 en Italie (140 500 ha). Bien que la consommation bio ne represente que 2,5 % de la consommation alimentaire en Allemagne et 3 % au Danemark, ces pays ont mis en place une politique de soutien a l’agriculture biologique que ne pratique pas la France, aujourd’hui au 14e rang en raison aussi d’un deficit de la recherche en ce domaine, de la rigueur du cahier des charges et des cotits financiers des controles, des prix plus ClevCs que pour les produits de l’agriculture conventionnelle. Des Cleveurs ont pourtant choisi, dans leur
168
L’AnnCe biologique
production laitiere, l’abandon de l’ensilage, l’application de l’interdiction de l’hormone de croissance, la limitation des concentres et l’intensification de l’utilisation des surfaces fourrageres [39]. Une prime a l’herbe a Cte instituee pour compenser la prime aux surfaces en mai’s destinee a l’ensilage, qui avait Cte crCCe pour permettre a la Bretagne de resister a la concurrence de l’elevage hollandais 1391. Certains consommateurs preferent les produits bio et la balance commerciale fran$aise est deficitaire en ces produits. Les distributeurs sont, outre les producteurs par vente directe, la boulangerie, les magasins specialis& et les hypermarches. L’Auvergne est a la ge place des regions bio en France avec 232 producteurs sur les 4 130. Une association Auvergne biologique a CtC creee en 1993 mais l’entente y est insuffisante et les initiatives a la reconversion font defaut. L’agriculture durable [22] doit &tre viable a la fois aux plans Cconomique et environnemental. I1 est difficile d’en Cvaluer les impacts Cconomiques, sociaux regionaux et nationaux, car ils ne peuvent se compter en seuls termes monetaires. Comme au Quebec 1221 cette agriculture ne peut se faire qu’avec un partenariat des associations de producteurs et des gouvemements. Le marche de l’alimentation naturelle et biologique est CvaluC a 20 milliards de dollars et il va en croissant. Le groupe americain Hain est un des premiers dans ce secteur. Rappelons aussi que l’insemination artificielle a revolutionnt l’elevage en accel&ant les progres genetiques. On estime a 100 millions le nombre d’inseminations artificielles effectuees dans le monde en une annee pour les especes bovines, soit un marche de 65 milliards de dollars de chiffre d’affaires [73]. La congelation et le transfert d’embryons, la fecondation et le developpement embryonnaire in vitro, le sexage associe au clonage ouvrent aussi des perspectives dans le domaine de la selection. 5.1.2. Alintents fonctionnels.
Alicaments
D’oti aussi l’introduction d’une agriculture basee sur une science des aliments fonctionnels [55, 561, selon un terme introduit au Japon en 1984. Est ainsi nomme un aliment < [37]. Une allegation fonctionnelle [56] repose sur la demonstration d’un effet precis sur une fonction bien definie (genomique, biochimique, cellulaire, physiologique), par exemple, stimulation selective de la proliferation des bifidobacdries intestinales par les fructo oligo-saccharides ; modulation du transit intestinal par des polysaccharides non digestibles. Une allegation de Sante est la demonstration que la consommation reguliere d’un aliment prtvient une pathologie precise (osteoporose, maladie cardio-vasculaire, ...). D’ou la necessite de mettre en place des procedures d’autorisation d’alltgation avec notion de doses efficaces et des limites (aliments hypermineralises ou hypervitamines, . ..). Le Codex alimentarius a propose (1997) de reconnaitre 4 types d’allegations : relatives a la teneur en elements nutritifs, comparatives, fonctionnelles ou relatives aux guides dietetiques. Les 4 centres de recherche en nutrition humaine (CLRNH d’Auvergne, de Lyon, de Mediterranee, de Nantes) ont a
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169
mettre au point des methodologies et a rechercher les mecanismes relationnels entre alimentation et Sante. Un aliment fonctionnel peut Ctre produit : - en Climinant un composant susceptible d’exercer un effet indesirable (ex. un allergene), - en augmentant la concentration d’un composant qui atteindra une teneur donnant un effet recherche, - en ajoutant un composant (par exemple des fructo-oligo-saccharides), - en remplacant un composant (par exemple, un lipide par un autre). La demonstration des effets benefiques d’un aliment dit fonctionnel necessite une demarche scientifique rigoureuse. D’oti le projet europeen Functional food science (FUFOSE, avril 1995) dont les participants ont propose 3 types de marqueurs [56] permettant d’associer un constituant alimentaire a un effet physiologique : (1) marqueurs d’exposition, seriques, fecaux, urinaires ou tissulaires (ex., le taux de folate dartsles globulesrougespour mesurerl’absorption intestinale de vitamine B9), (2) marqueurs en relation avec une fonction cible (par exemple, le taux d’homocysteine plasmatique varie en reponseaux folates alimentaires),(3) marqueursen rapport direct avec l’etat de Sante(ex., &endue du retrecissementde l’artere carotide) [56]. Des domainesprometteurs s’ouvrent a cette nouvelle discipline : fonctions gastro-intestinales (avec flore f&ale) ; systbmes oxydo-reducteurs (antioxydants) ; modulation du metabolisme des macronutriments ; influence de l’alimentation maternelle sur le developpement embryonnaire et effets de l’alimentation sur le jeune nourrisson ; relation entre alimentation et comportement psychologique (performances cognitives) ; modulation de l’activite des enzymes du metabolisme des xenobiotiques. Le marche mondial des aliments nutraceutiques (complements alimentairesen capsules,poudres ou gelules) est CvaluCa 35 milliards de dollars pour l’an 2000. 11sedeveloppe aux USA et en Europe d’autant que la commercialisation et la mise au point de ces produits beneficient d’un cadrejuridique moins strict que celui desingredientspour l’agroalimentaire. La front&e entre l’industrie alimentaire et l’industrie pharmaceutique devient floue, alors que dans 1’UE la rtglementation distingue nettement les aliments des medicaments,contrairement au Japon qui reconnait la categoric d’aliments a usage medical specific, et aux USA ou la loi de 1990 (NLEA) autorise l’allegation d’un lien entre un ingredient et une maladiechronique. Toute une validation de l’information scientifique sur les vertus ou les dangersde tel ou tel aliment est a mettre en place et une nouvelle strategic de diffusion de l’information est a dhelopper. 11ne s’agit plus de satisfaire un besoin mais d’en creer de nouveaux. Ainsi, Danone Belgique a mis au point (1994) une mixture de ferments lactiquesen petites bouteilles de 62,5 g pour 12 francs les 6, qui seveut non pas un substitut de yaourt mais <>pour renforcer les defensesnaturelles de l’organisme (ce qui reste a prouver) ; 100 millions de bouteilles ont CtCvenduesen un an. Ainsi la distribution et la politique de marketing vont-elles avoir un role grandissant. Four autant la mefiance grandissante des clients doit Ctre detourtree et les attentes desconsommateurssont a prendre en compte. Elles portent sur l’attrait sen-
170
L’AnnCe biologique
soriel (emballage, arome, gotit, ...). sur la secttrite, sur la sand, la disponibilite pour seprocurer le produit, les interdits religieux, Cthiques. 5.1.3. Labelisation Une entreprise doit pouvoir reproduire la mCmechose de fagon constante avec une qualite permanente. La metrologie (science desmesures)devient un outil pour maitriser la qualite de conception et de realisation des produits. Ainsi le groupe McCain qui realise 1,3 milliards de francs de chiffre d’affaires en France va imposer a ses54 usinesde fabrication de frites, les m&mescriteres de fabrication en les dotant d’un logiciel (Opsio) qui garantira le calibrage, la texture et la couleur de la frite. Ce concept est Cvidemmenttotalement opposea celui de la diversification desterroirs. D’oti l’importance deslabels et la guerre achameeentre eux. Ainsi I’ecocertification consistea accorder un label aux for&s dont la gestion est conduite de man&e a maintenir la diversite biologique, la productivite, la capacite de regeneration, la vitalitt, et la capacite a satisfaire, actuellement et dans le futur, les fonctions Ccologiques, Cconomiqueset socialespertinentes aux niveaux local, national, mondial (Conference d’Helsinki, 1993). D’oti la creation du Forest Stewardship Council (FSC) basea Mexico, animt par plusieursgroupesdont le World Wide Fund (WWF) et l’industrie du bois. Dam chaquepays, un groupe de travail (proprietaires fanciers, Ccologistes,exploitants forestiers) ser&nit pour determiner les conditions d’adaptations locales aux principes de basedu FSC. Quand le standardnational est approuve par le FSC, tout proprietaire peut faire appel a un organismede certification accredit& pour obtenir le label (plus de 15 millions d’ha de forets aujourd’hui souslabel FSC). Mais le systeme FSC, s’il peut s’appliquer aux grandes forets tropicales ou aux grands domainesamericains,canadiens,suedois(les for&s de la SCA couvrent 1,8 millions d’ha) n’est pas valable en Europe ou la surface moyenne des proprietes est de 4 a 20 ha. Aussi, en 1998 les professionnelsde la Finlande, de l’Autriche, de la Suede, de la France, et de la Nordge decident-ils de creer leur propre label : le Pan EuropeanForest Certification System ou PEFC. La certification se fait de faGoncollective (regroupant desproprietaires regionaux) et elle est subventiontree.Le FSC a magi en offrant un dispositif de certification de groupe qui repond au morcellement de la propriete. Bien que les produits certifies ne semblent pas repondre a une demande a long terme des consommateurs(l’ecocertification augmente le coQt de production), les tenants du PEFC accusent le FSC de faire pressionsur les grandes centrales d’achat et les distributeurs. Exemple d’une autre nature : l’emmental est une appelation d’origine protegee (AOP) dont les caracteristiquessont dtfinies par un d&ret (30/10/1998). Entremont en fabrique 40 % de la production mondiale. 11 poursuit le groupe Lactalis (ex-Besnier-President)qui omet la phased’affinage assurant la formation de la croute caracteristique,pour usurpationdu titre. 5.2. Sante X2.1. Exploitation du texte gthomique. Dheloppement de l’analyse prott!omique [2] La genetique moleculaire et l’informatique permettent de dresserla sequence genomique complete d’organismes uni- et pluricellulaires (comme le nematode
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Cuenorhabditis elegans ; 97 millions de paires de bases, 19 000 gbnes dont 7 000 de fonction inconnue). La bio-informatique (ensemble de concepts et de techniques nCcessaires B l’interpretation de l’information gCnCtique (skquences) et structurale (repliement 3-D) en l’absence d’expkrimentation [13], ou biomCtrie biologique ou biologie computationnelle, est la discipline qui organise et analyse par ordinateurs les don&es biologiques, celles essentiellement se rapportant au gCnome ou au protCome. Elle part de bases de donntes accessibles sur intemet et qui sont de 5 cattgories : (1) chromosomiques (la plus connue est la GDB, Genome data base, bibliothbque de cartes chromosomiques gCrCe par 1’UniversitC Johns Hopkins (USA) ; (2) sCquentielles (la plus ancienne d’ADN est la Genbank du National Institut of Health, Bethesda, avec 3,5 millions de sCquences ; la plus importante de sequences prott?iques est la Swiss-Prot (g&e par l’universitt de Genbve et 1’Institut EuropCen de bio-informatique) ; (3) structurales ; (4) d’expression et (5) fonctionnelles. Certains organismes (tel que la levure de bi&re) font l’objet de plusieurs bases de donnCes. Existent aussi des rCseaux d’accbs interactifs entre banques tels que I’EMB, European Molecular Biology network. L’Ctape suivante est l’exploitation de ces don&es (transcription des sequences d’ADN, ARN en sCquences d’acides amines) puis comparaison des s&quences avec des sCquences de fonction connue chez diffkrents organismes. Cette &ape nCcessite de s&rieuses compCtences en algorithmique et analyse combinatoire et de lourds calculs [2]. On peut s’aider de programmes informatiques pour la recherche d’alignements de nuclCotides et d’acides amin&, conduisant g la mise en Cvidence d’homologies. Le logiciel Lassap de l’entreprise franqaise de bio-informatique de J.J. Codani (cr&Ce en 1998) permet de manipuler un grand volume de donnCes. En France, Infobiogen (GIS depuis 1995) devient Centre de ressources attach6 au gCnopole d’Evry et & l’universitk d’Evry Val d’Essonne pour sustiter la crCation d’un r&eau technologique articul& autour du gCnopole, avec mission d’assistance aux chercheurs en cartographic du gCnome et analyse de sCquences. En raison de la capacitC des nouveaux lecteurs (avec les derniers sCquenceurs de PE Biosystems : 3 h pour decoder 96 Cchantillons), la stquence complbte des chromosomes humains, selon Human Genome Organization, serait publike en 2003, et, selon le departement de 1’Cnergie et le National Human Genome Research Institute (NHGRI), en 2000 une Cbauche de sequences complktes serait disponible. Le catalogue complet des protkines humaines (80 000) serait obtenu vers l’an 2005. La sCquence complbte de I’ADN va &tre publiCe.
du chromosome humain 22 (l’un des plus petits)
Quant on a proposC des fonctions pour des gbnes identifits, on modifie les gknes in situ et on compare par Clectropho&e bidimensionnelle les protdines dans le fonctionnement cellulaire des g&nes de l’organisme sauvage et celles du mutant. L’analyse protComique est I’ttude de l’ensemble des produits fonctionnels exprimCs par un gCnome, comme moyen de codage des mCcanismes contr8lant cette expression. L’analyse du texte gCnomique fait connaitre la fonction des g&nes mais elle apprend aussi comment ces gbnes sont relics a l’organisation des cellules [ 161. Pour un gbne la frCquence d’utilisation possible d’un codon par rapport B un ou deux autres pour un m&me acide aminC varie selon le gbne (code gCnCtique biaid) et on peut Ctablir des corrClations entre le biais d’usage des codons et les fonctions de ces gknes selon les tissus ou selon leur position sur le chromosome. Au-dell de la gCno-
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L’ AnnCe
biologique
mique structurale, apres le sCquenGage, la genomique fonctionnelle a pour but le decodage de la signification fonctionnelle des sequences identifiees [33]. Quelles sont les actions d’un gene dans les differents tissus, selon le moment du developpement, dans quelles voies metaboliques ? Pour repondre a de telles questions, il faut operer en parallele sur des milliers de sequences d’ADN ou de prottines avec des outils statistiques et informatiques. Par les ARNm on identifie les sequences d’ADN actives dans un tissu don& Par exemple, en analysant (par la methode SAGE permettant l’analyse de la frequence d’un ARNm parmi des milliers d’autres a un moment don&, ou par hybridation sur des puces a ADN) I’expression de 10 000 genes dans des tissus sains et dans des tissus d’un organisme malade et on identifie statistiquement ceux associes a la maladie. Tous ces moyens d’accroitre nos connaissances, allies a l’automatisation des technologies biomoleculaires, a la micromanipulation de molecules individuelles, a la miniaturisation des appareillages d’analyse (puces a ADN et Lab puces), a la mise au point de biopuces (puces de silicium recouvertes de cellules vivantes) et qui mobilisent des centaines d’industries en competition dans la conquete de marches, permettent d’envisager de facon routiniere la prediction et la prevention de maladies. Ainsi, la societe americaine de biotechnologie Millennium (1 300 salaries dont 300 chercheurs) dispose d’une gamme de technologies qui la met parmi les premieres pour identifier un gene et pour exploiter les bases de donnees genetiques. Ayant absorb6 la societe chimique ChemGenics Pharmaceuticals, elle peut concevoir des medicaments directement actifs sur les cibles biologiques qu’elle decouvre, et ayant rachete Leukosite, elle dispose d’une Cquipe de recherche clinique experimentale (essais cliniques de molecules sur la leucemie, le cancer du colon, etc.). Les genes des maladies monogeniques les plus frequentes sont maintenant identifies, ce qui permet le diagnostic genotypique, l’etude des genes de predisposition (par exemple, des cancers), mais aussi la mise au point de tests de criblage pour selectionner des molecules agissant sur l’expression d’un gene ou sur son produit, l’utilisation du produit du gene ou d’une modification de ce produit (proteine mutee pour ameliorer son activite ; par exemple, Ixsys Inc. a ainsi crCC un antitumoral : Vitaxine, 2 000 fois plus efficace que le compose d’origine) comme medicament, l’utilisation du gene lui-meme comme medicament (therapie genique). D’ici 10 ans 2 medicaments sur 3 seront issus du genie genetique. Le developpement des micropuces a semi-conducteurs ouvre I’avenir a la detection rapide et simultanee des sites de polymorphismes de nucldotides simples (SNPs, au nombre de 10 millions dans le genome humain) d’un grand inter&t pour la recherche aux predispositions genetiques de certaines maladies et la mise au point de medicaments adapt& aux particularites genetiques de chacun (pharmacogenomique). La societe californienne Affymetrix propose deja une puce B snips qui permet de reperer 18 variantes du gene qui code pour le cytochrome P4SO (enzyme hepatique qui degrade l/4 des medicaments couramment prescrits). Genset est sur la mise au point d’un kit de diagnostic permettant d’exclure les malades chez lesquels l’antiasthmatique Zyflo de la firme Abbott provoque une toxicite hepatique. La genomique (avec la bio-informatique), &ape-c16 des medicaments du futur, va permettre de quadrupler en quelques annees le nombre de medicament adapt& mis sur le marche. Un tiers des medicaments approuves actuellement par l’administration americaine provient des biotechnologies. Deux mille deux cents sont en developpement, 300 sont en derniere phase d’essais cliniques dont 70 % seront commercialises d’ici 2 ans.
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5.2.2. Prkdiction Le nombre de maladies supposees monogeniques serait de 7 000 (repertoire McKusick) et le nombre de genes humains dont des mutations pathogenes ont CtC d&rites est de l’ordre de 800, mais les maladies polygeniques (cardiovasculaires, auto-immunes, degtntratives) sont les plus nombreuses et beaucoup de pathologies suppostes non hereditaires apparaissent dues aussi a des mutations. Des tests prenataux sont mis au point pour detecter des genes impliques dans des maladies chromosomiques ou genetiques, ce qui permet un eugenisme medicalise, mais qui peut aussi &tre ttendu au de12 de toute raison mtdicale (par exemple, pour un choix du sexe). L’utilisation de sondes geniques permet aussi de deceler chez des porteurs sains des genes de maladies se manifestant tardivement. Par exemple, des entreprises americaines proposent des services de depistage des genes BR-CA (risques de cancers du sein ; 35 000 nouveaux cas chaque an&e en France) ou APC (lies a la polypose colique familiale), ce qui incite a l’ablation d’organes (seins, ovaires, colon, . ..) de candidats cancereux, avant manifestation de la maladie. 11 ne faut pas meconnaitre pour autant l’importance du contexte genomique individuel qui fait que les consequences d’une mutation don&e sur un gene peuvent varier d’un individu a l’autre (ancien concept de terrain), auquel il faut ajouter les facteurs CpigCnetiques de toutes natures [4]. 11y aurait 700 tests disponibles aux USA, de depistage de predispositions genttiques (hypertension, a&me, insuffisance coronarienne, ...). Ces depistages devront-ils &tre gCnCralisCs (par exemple, ceux de la mucoviscidose, de l’hematochromatose , . ..). imposes comme le sont certaines vaccinations ? L’expression de certains genes peut servir de marqueur pour diagnostiquer des cancers. Par exemple, le gene humain H19, codant pour un ARN, est un excellent marqueur du cancer de la vessie. 52.3. Prt+ention <>(P. Brandys, PDG de Genset), mais il peut y avoir des derives par des demandes injustifiees de tests, a validite discutable, sous la pression de l’industrie ou les scoops des medias. D’oti la creation d’un ComitC consultatif sur les tests genttiques. 5.2.3.1. Contre le vieillissement La mesure de l’age biologique peut &tre Cvalute a partir de scores Ctablis sur differents tests (capacite vitale, tension arterielle, acuite visuelle, vitesse de reaction, etc.). Les techniques de lutte contre le vieillissement [3 l] sont non hormonales (restriction calorique, exercice physique) ou hormonales (DHEA ou dihydropreandrosterone, pregnenolone, melatonine, hormone de croissance). SU.VI.MAX est une etude Cpidemiologique coordonnee par I’ISTNA (Institut Scientifique et Technique de la Nutrition et de 1’Alimentation) et par 4 coordinateurs regionaux (Paris, Nancy, Grenoble, Tours), portant sur 13 735 adultes suivis pendant 8 ans, et elle a pour but de preciser les liens existant entre l’alimentation et la Sante, et de mesurer l’impact d’un
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L’AnnCebiologique
apport tquilibre de vitamines, mineraux et autres antioxydants sur l’incidence des pathologiescardio-vasculaireset des cancers.Sont comparesdeux groupesde sujets, de faGon continue, l’un recevant une associationde selenium-zinc et de vitamines C, E, beta-carotene, l’autre un placebo. Les premieres basesde donneessur les variations d’expression des proteines des fluides biologiques dans differentes affections (par exemple protein diseasedatabasecorrelant les variations d’expression des proteines de I’inflammation aigue dans le plasma et le liquide cephalorachidien avec diverses affections neurologiques)ouvrent un nouveau champ dansle domaine biomedical [32]. Le recours a l’osttodensitometrie permettrait d’ameliorer la gestion, mais aussila prevention, de i’osteoporosedont le coQt se situe entre 4 et 7 milliards de francs par an. Un bisphosphonateproduit par Hoechst-Marion-Roussel-Procter reduit de 68 % le risque de nouvelles fractures chez les femmesmenopauseesa haut risque (march6 prevu de 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires par an). Avec les nouvelles technologies la pratique des tests de depistagesansmedecin va se developper, comme les traitements personnalises.Les nouveaux lecteurs de glycemie sont d’un emploi courant pour les diabetiques. Un test de mesuredans le sangde deux anticorps (GAD et IA2) marqueursd’une destruction des cellules pancreatiques, couple a un test ADN de predisposition genetique, permettra de prevoir avec 50 % de fiabilite la survenue d’un diabeteinsulinodependant.Dans l’avenir, des detecteurs permettront a chacun de surveiller sa sank. Par exemple, une Cquipedu Centre de Rochestertravaille a la realisation d’un <qui, applique sur une blessure,detectera la presenceCventuelled’agents infectieux et signalera la medication a utiliser. Des sitesSantesur le Net permettront une certaine automedication et desdiagnosticsde medecinspar courtier Clectronique,d’oh les inquietudes exprimeespar le Conseil de 1’Ordre desMedecins. En vue d’une prevention de maladiescouteusespour la societe, on peut envisager que les gouvemementsutilisent comme moyen disponible la connaissancesystematique du patrimoine genetique des citoyens, comme cela est applique desormaisen justice penale(empreintesgenetiques). 5.2.3.2. Contre les maladiesparasitaires Des recherchessont developpeesdanstoutes les voies possiblesde la prevention de maladies parasitaires. Par exemple, de gros efforts portent sur les vaccins [57]. Les nouveaux vaccins sont moleculaires(l’antigene vaccinal produit par genie genetique est conjugue a une molecule porteuse ou associea un adjuvant), recombines (l’antigene est foumi par un agent infectieux tel que le virus de la vaccine ou Salmonella, porteur du gene de I’antigene), ou a ADN (sequenced’acide nucleique ins&e dansun plasmide). Ainsi, en 1998 le genomede M. tuberculosis (4 000 genes)a CtC sequenceet le genome de la souchevirulente CDC 1551 est disponible sur internet, mais l’analyse fonctionnelle des genes s’avere complexe. L’Institut Pasteur a construit une banquede 8 000 mutants(dont un gene est inactive) pour tester la virulence, ce qui a permis aprescriblage de 2 000 genes,de decouvrir un gene de virulence codant pour une proteine repetitive de la surface du bacille. De nouveaux vactins dont ceux a ADN [33] sont Ctudies,car les vaccins a partir de pathogenestueset a partir d’antigenes isolesn’activent pas les lymphocytes T cytotoxiques (seulevoie active pour le Mycobacterium). Les vaccins genetiques (= vaccins a ADN) sont
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constimes de plasmides dans lesquels on a ins&C un ou des genes codant pour des proteines synthetisees par l’agent consider& 11s sont administres par injection generalement intramusculaire. 11s activent les voies humorale et cellulaire de l’immunisation. Le premier test clinique remonte a 1995 avec l’injection de genes du VIH a des patients pour verifier l’innocuite du vaccin, puis en 1996 sur des personnes saines. Ces vaccins ont un peu stimult des reponses immunitaires, les ADN paraissant chez 1’Homme peu immunogenes (contrairement a ce qu’ils sont chez l’animal). On peut associer aux genes codant pour des antigenes ceux d’interleukines, c’est-a-dire des genes codant pour des cytokines qui activent les lymphocytes T cytotoxiques, ou de chemokines qui attirent les cellules presentatrices d’antigbnes et les lymphocytes T vers les tissus infect&. D’oti la creation de banques de genes d’agents pathogbnes composes de plasmides porteurs d’un gene, en prevision de tests. Des vaccins a ADN sont testes en prevention de I’hepatite B, de l’herpes, de la grippe, du paludisme et pour la therapie du SIDA, des adenocarcinomes du sein et de I’intestin, des lymphomes de lymphocytes B, des lymphomes cutants des lymphocytes T, du cancer de la prostate. SB Biologicals, filiale de vaccins du groupe SmithKline Beecham, mise sur les vaccins contre l’hepatite B ( ler vaccin de synthese produit en 1986), et compte lancer un vaccin hexavalent : diphterie, tetanos, coqueluche, poliomyelite, hepatite B, meningite B. Sont en projet des vaccins pour prevenir des infections respiratoires et intestinales, des maladies sexuellement transmissibles, des maladies alimentaires. Mais restent inconnus les effets indesirables (insertion accidentelle de 1’ADN dans les cellules germinales ; activation d’oncogenes, etc.). Si bien qu’avant qu’un <> [34]. Sont a l’etude des vaccins lies a un adjuvant pour administration par voie orale. L’ingestion de plantes transgeniques synthetisant des proteines vaccinales peut conduire a une immunite par l’intermediaire des muqueuses qui disposent des IGA et des lymphocytes T. Des souris nourries avec des plants de tabac synthCtisant la sousunite beta de l’enterotoxine d’E. cob, produisent des anticorps correspondants. La consommation de tabac exprimant l’antigbne de surface du virus de l’hepatite B stimule la reponse immunitaire chez la souris. On espbre commercialiser des maIs exprimant un antigene d’un virus de la gastroenterite porcine, contre les Cpidemies dans les elevages. La banane pourrait produire des vaccins comestibles, la tomate la glycoproteine du virus de la rage, le mdis des anticorps specifiques. On peut aussi agir sur les animaux vecteurs d’agents pathogenes. En infectant le moustique Aedes aegypti par un virus porteur d’un gene qui empeche la replication du virus de la dengue dans les glandes salivaires du moustique, on rend inoffensive la piqure de ce demier. Les Rhodnius porteurs de batteries modifiees par genie genetique detruisent les trypanosomes qu’ils vehiculent et qui sont responsables de la maladie de Chagas (18 millions de sud-americains atteints). On espere creer des insectes transgeniques steriles pour Cradiquer des populations d’insectes ravageurs. 5.2.3.3. La the’rapie gknique C’est un systbme de production in vivo de produits geniques pour traiter des maladies associees a un dysfonctionnement ou a l’absence d’un gene, dont elle a pour but de remplacer, d’inhiber ou d’exalter I’expression, sans modifier la regula-
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L’Annte biologique
tion de l’expression des autres genes. La therapie peut se faire par transfert dans un individu de cellules prealablement modifiees in vitro (autogreffe) ou par transfert d’ADN dans l’organisme avec des vecteurs viraux ou avec de 1’ADN nu. Actuellement 80 % des protocoles de therapie genique en tours ou planifies sont relatifs au traitement de cancers. Aux USA, en 1998, sur 270 essais 168 se rapportaient a des protocoles anticancereux. Au niveau de la tumeur le principe du gene suicide est d’integrer dans les cellules tumorales un gene (par exemple, le gene thymidinekinase de l’herpb virus simplex) qui rend les cellules sensibles a un produit de traitement (par exemple, le gancyclovir dans l’exemple precedent) qui les tue. On peut aussi transferer des antioncogbnes (comme TP 53) ou supprimer l’expression d’oncogenes. Au niveau de l’hote on fait produire des interleukines a des fibroblastes ou de lymphocytes qui infiltrent normalement la tumeur. Les essais therapeutiques (370 en tout dans le monde actuellement, portant sur 2 800 patients) sur des maladies hereditaires (enzymatiques) restent limit& (deficit en adenosinedesaminase dans l’ADA, en glucocerebrosidase dans la maladie de Gaucher, en recepteurs LDL dans l’hypercholesteroltmie familiale, en CFTR dans la mucoviscidose, en dystrophine dans la myopathie de Duchenne) a 15 % des essais cliniques. En France, 1’Agence du medicament accorde les autorisations d’essais cliniques, soumises a une reglementation sur la securite des produits de therapie genique (tolerance et innocuitt) et sur les conditions de leurs manipulations. A ce jour aucun essai therapeutique n’a fourni de resultat probant et on est toujours a la recherche du vecteur le plus efficace, le mieux tolere, le mieux cible. Cependant, 1 an apres traitement par therapie genique (autogreffe de cellules de moelle osseuse transformees par I’intermediaire d’un virus) 2 bebes-bulle (sur 5 trait&) ont retrouve un systbme immunitaire fonctionnel et normal. Le marche reste Cvalue a 1,2 milliards de dollars bien que <
pour le traitement
X3.1. Culture de cellules embryonnaires
humaines
La culture de cellules embryonnaires humaines (ES) (obtenues a partir d’embryons clones ou de cellules germinales (EG) prtlevees chez des embryons humains a un stade precoce) et susceptibles de se differencier en tous les types cellulaires figure 4), done de produire toutes sortes de tissus, permet d’envisager par ce procede, le remplacement de tissus malades. La culture de cellules souches humaines met en jeu des interets biomedicaux et industriels dans les domaines de la reproduction, de la recherche pharmaceutique, cosmetique, (pour tester des produits), agrocbimique et de la transplantation (ex., cellules des ilots de Langerhans pour traiter le diabbte insulinodependant ; fibroblastes et keratinocytes de la peau pour le traitement des btilures ; chondrocytes pour l’arthrite, etc.). Des bio-ingenieurs envisagent de pouvoir remplacer un organe aussi complexe que le foie ou le rein en utilisant des cellules du patient se developpant sur une structure de base faite de polymbres artifi-
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ciels, qui se resorbera au fur et a mesure que les tissus prolifereront. Des vesicules biliaires ainsi fabriquees ex vivo ont CtC greffees avec succes sur des chiens. 5.3.2. Diversification
des voies de recherche a’ans tous les domaines
Quelques exemples : une autorisation de commercialisation en septembre 1999 en Europe d’un medicament (Syngis ou Palivizumad) produit par Abbott et destine a prevenir, par injection intramusculaire, chez le nourrisson, les infections respiratoires d’origine virale comme la bronchiolite (2 millions de morts dans le monde chaque an&e dont la moitie due au virus respiratoire syncitial, virus a ARN pour lequel un vaccin est en tours d’essai clinique). Le Relenza (Z.anamivir), inhibiteur de la neuraminidase des virus A et B de la grippe, produit par GlaxoWellcome, reduit de 20-30 % la duree de la maladie et raccourcit les arrets de travail (chaque annee 3 millions de grippes en France). 11 est concurrence par I’Oseltamivir (Taniflu) d’Hoffmann-La Roche. Dans la recherche curative, beaucoup de recherches portent sur des voies differentes dans la connaissance des cancers (etude experimentale sur des modeles de cellules aviaires, murines et humaines par transgenbse multiple ; angiogentse ; processus d’invasion tumorale) et dans leur traitement (immunite antitumorale ; reduction de l’apport des polyamines, ribonucleases cytotoxiques, fusion de cellules tumorales du patient et de cellules dendritiques qui stimulent alors les lymphocytes, etc.). Par exemple, la proteine ~53, suppresseur de tumeurs, est un facteur de transcription qui agit sur la synthese de plusieurs proteines dont la WAF 1 qui induit l’arret du cycle cellulaire et BAX qui est implique dans l’apoptose. P53 est rtgulee elle-m&me par MDM2 dont elle stimule la synthese et qui se lie au domaine de transcription de ~53. Les mutations de ~53 sont communes dans les cancers. Certaines mutations rendent les cellules de la forme mutee plus resistantes a des anticancereux (cisplatin, doxorubicine). Dans la therapie genique, on introduit le gene normal de p53 ou des composes (peptides prepares par Hoffmann-La Roche) qui reactivent les formes mutantes de p53 pour causer la mort des cellules. Novartis cherche a obtenir des inhibiteurs de l’interaction entre p53 et HDM2 (forme humaine de la MDM2 murine), ce qui laisse p53 libre de dttruire les cellules. Transgbne mise (essais cliniques en phase 1) sur son cqvaccin Muc 1 >>contre les cancers du colon et du sein. Une difticulte reste dans l’inadequation frequente des modeles experimentaux a la pathologie humaine. 53.3. Choix de socitW dans la maitrise des de’penses de Sante’ Dans le regime general de la S&mite Sociale pour 1999, le deficit de la branche maladie serait de 12 milliards de francs et le deficit total (maladies+vieillesse+ famille+accidents du travail) representerait 0,3 % des depenses. Selon le Programme de Medicalisation du Systbme dInformation (Direction des Hopitaux du Ministere des Affaires sociales) le coat moyen pond&e d’une prise en charge a l’hopital est de l’ordre de 10 504 francs (un accouchement sans complication : 12 620 francs ; une transplantation pulmonaire 256 029 francs). En 2000 le taux d’augmentation pour les depenses hospitalieres serait de 2,5 % (2,4 % en 1999). 24 000 lits d’hopitaux sur 275 000 seront fern& ou reconvertis en 5 ans. Les prior&s de la politique hospitalike seraient l’amelioration de la qualite des soins et la reduction d’inegalites dans
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l’accbs des soins a tous. A la fin du siecle demier 90 % des depenses de Sante Ctaient affectees a des fins curatives. Si une volonte politique [32] veut inverser cette situation avec generalisation des nouvelles techniques de prediction et de prevention des maladies, il faut maitriser les dtpenses de Sante publique (developpement de generiques dont la vente a triple de juin a octobre 1999 ; 1 boite sur 10 est un generique en France, 1 sur 3 en Allemagne, 1 sur 2 aux USA ; reevaluation des specialites ; justification des indemnites joumalieres, homogeneisation des prix en serie de classes therapeutiques, politique conventionnelle avec les laboratoires, conditions de remboursement des materiels medicaux, etc.) tout en ameliorant les soins pour tous et en maintenant les principes liberaux du systeme francais : libre choix du medecin, libre prescription du medecin, paiement direct des honoraires par le malade, secret professionnel. 11ressort d’une enquete sur 10 000 femmes entre 40 et 60 ans suivies dans le cadre du depistage du cancer du sein, par mammographie, que 300 ont eu un resultat faussement positif, 4 ont bCnCficiC d’un diagnostic precoce et leur risque de mortalite a CtC diminut de 30 %. Faut-il generaliser pour les femmes menopausees un traitement hormonal substitutif oestro-progestatif (touchant actuellement 16 % des femmes menopausees) dont l’effet demontre est, pour 5 a 10 ans de traitement, un ralentissement de la dCmin6ralisation et une prevention d’atrophie cutaneo-muqueuse ? Toute une mentalite des acteurs est a changer et leur participation active comme responsables est indispensable, car une competition entre plusieurs systbmes de gestion de Sante est inevitable si l’on prend en compte le cotit imprevisible des applications d’une medecine moleculaire qui, de plus, va rendre delicate la distinction entre des medicaments dits de confort des autres. Ainsi, l’antigrippal Relenza ne sera pas rembourst par la SCcuritC sociale, mais il le sera par les assureurs Axa et Groupama. D’oti le developpement de reseaux de Sante par les compagnies d’assurances complementaires, concurrencant la Stcurite sociale. Un mot sur l’aggravation des pathologies professionnelles et des accidents du travail (650 000 en 1997,691 000 en 1998). Le cotit du stress au travail (violence, penibilite, harcelement, nuisances, . ..) a CtC estime aux USA a 200 milliards de dollars par an, generant la moitie des 500 millions de jours d’art& de travail.
6. ENVIRONNEMENT 6.1. Contrale des pollutions.
D&contamination
de l’environnement
Nous ne reviendrons pas sur les consequences imprevisibles de l’introduction, la reproduction et la dissemination des OGM dans la Nature, surtout en ce qui conceme la biodiversitt et les Cquilibres Ccologiques dans les Ccosystemes. <>[78]. Par exemple, apres les efforts apportes dans les techniques de collecte (tout-a-l’egotit) et de traitement des dechets (Cpuration des eaux, incineration, ...). sur les mesures prises pour minimiser la production des dechets, il s’agit d’integrer les consequences environnementales en un systeme ou <
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Cent pays, 400 experts, 70 organisations non gouvemementales se sont rCunis (septembre 1999) B Gentive, sous 1’Cgide de l’ONU, pour tenter de contr6ler les Cmissions de 12 polluants organiques persistants (POP), tous d&iv& du chlore et difficilement biodkgradables. En outre, la bioaccumulation est commune B tous les insecticides chlorCs tel le DDT [79]. Un sommet de biostcuritC a Vienne (1999) a propost un protocole de rbgles strictes en mat&e d’export-import et la notification pr&lable a l’importation d’OGM et il a tent& de freiner la course au nuclCaire. Pour les USA seuls les semences et les animaux constituent un risque pour la biodiversite, pas les plantes ! Seraient ainsi exclues des contr6les toutes les matihes premikres issues d’OGM. De cet enjeu r&&era la cr6ation ou non de filikres distinctes non OGM. En fait le souci premier est de ne rien faire qui freine la croissance Cconomique fut-ce au prix de pollutions accrues. Des biotechnologies permettront-elles moins de pollutions et m6me une dkcontamination de l’environnement ? Par exemple, par utilisation de microorganismes, en permettant la fabrication de produits biodkgradables, en rkduisant le taux de certaines Cmissions responsables de I’effet de serre, en recyclant des polluants nocifs ou des dCchets toxiques ? En fait, l’indgration des biotechnologies dans les procCdCs industriels (comme la dCsulfurisation chimique) reste difficile et la part de march6 des produits issus des biotechnologies dans ces secteurs demeure faible (moins de 10 % dans l’industrie du bois et du papier, par exemple). Cependant, des bact&ies g&&iquement modifites sont utilisCes comme machines B synthetiser des substances chimiques et des composts pharmaceutiques. Ainsi la levure (Saccharomyces cerevisiae) peut produire toutes les enzymes intervenant dans la synthkse des hormones st6roYdiennes humaines, ce qui est moins coQteux que par voie chimique. L’ingCnierie mttabolique a pour objet d’amtliorer les voies de synthbse des composCs industriels en combinant gCnie gCnCtique et simulation informatique. Ainsi a-t-on reconstituC chez E. coli la voie complbte de synthbse de l’astaxanthine, pigment aux propriCtCs antioxydantes. Des sociCtCs de biotechnologie creent des banques de don&es recensant les enzymes des organismes vivant en milieux extrgmes en vue d’un usage industriel. La 1Cgislation franGaise n’autorise la dCtoxication des pesticides par incinkration que dans des installations soumises B d&ret d’autorisation, car le procCdC aboutit B 1’Cmission de fumCes toxiques, d’oti les recherches sur l’utilisation de microorganismes modifiCs, <>de ces produits. Ainsi, les souches de Pseudomonas diminuta et Flavobacterium ATCC 2755 138 ont un plasmide porteur d’une organophosphate hydrolase qui hydrolyse les organophosphor&. En plaGant le gbne de I’OPH sous contr6le du promoteur lac d’E. coli (qui active l’expression du gkne) on obtient, en fermenteurs, des souches denses d’E. coli qui assurent une dCtoxication B grande Cchelle ou qui produisent I’OPH en quantitC convenable. En ancrant les molCcules de 1’OPH sur une mol&ule qui fusionne avec la membrane d’E. coli on obtient des bactCries qui dCgradent le Parathion et le Paraoxon 7 fois plus vite que si les OPH sont exprimCes dans la cellule et les enzymes gardent leurs propriCt& quand les bact&ies sont concentrkes ?I37 “C. La souche sauvage de Rhodococcus TEl Porte un g&e (atrA) codant pour l’enzyme qui dCsalkyle l’atrazine en donnant de la dCisopropylatrazine et de la diCthylatrazine. En transformant chez Rhodococcus TEl le g&e trz A32 de Rhodococ-
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cus corallinus (qui code pour une s-triazine hydrolase assurant la dichloration et la desamination de la diisopropylatrazine et de la diethylatrazine) on obtient une souche degradant completement l’atrazine. En transferant des genes de Flavobacterium ATCC 39123 et de Rhodococcus chlorophenolicus PCPl dans E. coli, on obtient des souches detruisant le pentachlorophenol. A 1’UniversitC de Cambridge ont CtC obtenus des plants de tabac exprimant la pentaerythritol tetranitrate reductase leur permettant de se dtvelopper sur milieux contenant de fortes quantites de trinitroglycerine et de trinitrotoldne qu’ils degradent. En introduisant dans Arabidopsis les genes mer A et mer B, qui cadent pour des enzymes convertissant les organomercuriels en mercure moins toxique et volatil, on obtient des plantes capables d’extraire du sol les organomercuriels avec une efficacite 50 fois superieure a celle des arabettes sauvages. Des microorganismes produisant des surfactants biodegradables (surfactant de B. subtilis, rhamnolipides de Pseudomonas aeruginosa) sont actifs dans l’extraction des hydrocarbures. Des recherches sont aussi entreprises pour utiliser des microorganismes dans l’extraction et la purification des mineraux. Mais il est actuellement difficile d’evaluer l’impact d’un produit ou d’un procede sur l’environnement. La methode de reference est le LCA (life-cycle assessement), ensemble de protocoles de mesures ou d’inventaires (consommation d’energie, types d’emission) pour Cvaluer un impact environnemental. L’assainissement des eaux u&es 1191 par des algues ou des plantes hydroponiques (en culture hors sol) et l’epuvalisation (c’est-a-dire Cpuration et valorisation) sont possibles (pour un traitement des effluents) a petite tchelle. La stimulation (ou bioremediation), par exemple, par apport de fertilisants azotes, de microorganismes marins pour la degradation du p&role dans les makes noires, peut Ctre &endue a d’autres polluants tels que metaux lourds, phosphates, nitrates, composes halogerks. Le genie genetique pourrait permettre la fabrication de microorganismes adapt& a chaque situation de pollution (par exemple, des microorganismes produisant des cytochromes P450, enzymes membranaires specifiques des detoxications). Ainsi le CYPl Al mttabolise les contaminants liposolubles (hydrocarbures aromatiques polycycliques, dioxines, polychlorobiphenyles). Le genie genetique peut rendre plus performant le traitement de sols pollues, par les plantes en ameliorant leurs capacites d’extraction. En France, une taxe sur les activites polluantes a ttC crCCe dans le cadre du budget 1999. Elle sera &endue en 2000 aux pollutions de l’eau (lessives) et d’origine agricole (engrais, herbicides, pesticides) et en 2001 aux consommations d’energie. Quatre cibles fiscales ont CtC designees : les usines presentant un dommage pour l’environnement (60 000 industries classees, rapportant 150 milliards de francs) ; l’utilisation des granulats tires des rivieres (200 millions de rapport) ; la vente des lessives (500 millions) ; les produits phytosanitaires (300 millions). Les Verts s’opposent a l’affectation du produit des pollutaxes a des actions de lutte pour l’environnement, en invoquant la theorie du <>: l’ecotaxe incite a moins de pollution (1,’ dividende), on peut financer les baisses de charges sociales et accroitre I’emploi (2e dividende). Le produit de la taxe g&kale sur les activites polmantes (3,2 milliards de francs en 2000) servira au financement des alltgements de charge dans le cadre de la reduction du temps de travail. Une nouvelle ttape en
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mat&e de fiscalitt sur les activitts polluantes est annoncee, qui touchera les societes (dont, par ailleurs, l’impot va passer de 36,6 a 33,3 %). Mais d’un autre c&e, selon LCveque et ~011. [43], les subventions a la pollution dans les secteurs de l’tnergie, des transports et de I’agriculture s’elevent en France a 50 milliards de francs par an ! Le Centre d’observation Cconomique (COE) a calcule qu’une reduction des charges de 1 point du PIB conduirait a une augmentation de 0,6 % d’emploi au bout de 4 ans ! Dans la meme optique de creation d’emplois, la mission des parts naturels regionaux (37 en France, 3 200 communes, 11 % du territoire national, 25 millions d’habitants) n’est plus seulement de proteger l’environnement mais aussi de susciter la creation d’entreprises dans le cadre de I’amCnagement du territoire. 6.2. DkbouchCs
non alimentaires
de la biomasse
Les debouches industriels non alimentaires de la biomasse utilisent des mat&es premieres en l’etat ou peu modifites (textiles, bois , . ..). des produits oh les structures moleculaires sont modifiees ou des produits issus de transformations chimiques ou biotechnologiques (alcool, carburants). L’utilisation de la biomasse sous differentes formes (combustion, fermentation, production de gaz) est un moyen de diversifier la source d’energie. Pour faciliter la delignification non chimique des bois, necessaire a leur transformation en pate a papier, la transgenbse peut permettre de modifier la structure des lignines. Ainsi, on a vu precedemment qu’avec des ARN antisens on a supprime l’activite d’enzymes (COMT et CAD) impliquees dans la synthbse des lignines. L’utilisation de biopolymbres [54] vegttaux (polysaccharides tels que amidon, cellulose, lignines, polyesters) en remplacement (comme emballages, adhtsifs, plastiques, filets de protection, films proteiques, . ..) d e materiaux d’origine petrochimique a l’avantage d’employer des materiaux biodegradables (c’est-a-dire decomposes par des microorganismes en H,O, CO,, CH, ou en une biomasse non toxique pour l’environnement). Le CEMAGREF a en vue la mise au point de methodes de mesure de la biodegradabilite pour une labelisation. Actuellement, un manque de coordination entre acteurs et une reglementation incertaine freine plutot le developpement des agromaterieux (PLM Niedda). Aussi pour le depot des brevets en ce domaine, la France est-elle bien loin derriere les USA, le Japon, 1’Allemagne. De plus en plus d’entreprises envisagent de concevoir un produit en fonction de son avenir en fin de vie (ecoconception) et publient en parallele avec le rapport financier annuel classique, un rapport sur l’impact humain et environnemental de leur activite [21]. La norme IS0 14001, Crete en 1996, est un ensemble d’exigences (identification et preservation des risques) permettant a une entreprise d’integrer l’environnement dans sa politique et ses objectifs. En France 360 entreprises sont certifiees IS0 (12 000 en Allemagne) par 1’Afaq (Association francaise pour l’assurance qualite). Suivant un concept d’investissement Cthique nC dans les annees 60 aux USA a la demande de congregations religieuses refusant d’investir dans des valeurs du p&he, des socittes de gestion proposent des <
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developper en France, d’autant plus qu’ils affichent de bonnes performances. Ainsi, l’indice social amtricain Domini 400 a enregistre en 1999, un rendement de 20,3 %. Au Royaume-Uni tous les fonds de pension doivent preciser s’ils ont Clabore une politique a objectif Cthique, Ccologique ou social. Les biocarburants pourraient $tre une solution aux problbmes agricoles, diminuer la pollution et donner une independance Cnergetique. Deux filieres sont possibles : l’ethanol (et la l’utilisation du bois avec des arbres moins ligneux permettrait une production importante) et un derive de l’ethanol : I’ETBE (Cthyltertiobutyltther) produit en France essentiellement a partir du ble et de la betterave, et I’ester methylique (dit diester) de l’huile de colza, qui peut remplacer le gazole. La substitution de 5 % des consommations d’essence par l’ethanol et ses derives permettrait la mise en culture d’un million d’ha, alors que precisement 1,3 millions d’ha sont touches par la jachbe. Mais <
7. MONDIALISATION
DES RtiGLEMENTATIONS
7.1. NCcessitC d’un contriile des Cchanges commerciaux autres que sanitaires et phytosanitaires Commencee dans les annees 1980, une dereglementation (due a l’tchec du keynesianisme ?) associee a la mondialisation plus recente, avec l’expansion galopante des techniques, fait envisager une societe ou les regles et les references changent constamment, ce qui necessite la mise en place de nouvelles reglementations de surveillance du droit a la concurrence dans la transparence et la previsibilite, avec interdiction des abus de position dominante, deconnectee de l’interet general Cconomique. Par exemple, 5 firmes pharmaceutiques viennent d’etre condamnees (1999) a 88,4 millions de dollars canadiens pour entente illicite sur le marche des vitamines au Canada. L’histoire commence en 1989 quand les dirigeants de Roche (Suisse) et de BASF (Allemagne), confront& a une concurrence avec perspective de chute des prix, s’accordent en une entente illicite pour se partager le marche des vitamines. 11s
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entrainent dans cette coalition RhBne-Poulenc (France) et Takeda (Japon), puis Esai et Ddichi (Japon), Lonza (Suisse), Chirook (Canada), Ducoa (USA) pour relever progressivement les prix et escroquer les grandes entreprises agroalimentaires (Kellog, Coca-Cola , . ..). laboratoires pharmaceutiques et cosmetiques. Le cartel, controlait l’essentiel de la production mondiale des vitamines (A, C, E, B, . ..) representant 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel. Mais en 1996 un cadre de Archer Daniels Midland (entreprise compromise dans une entente illicite sur les prix des additifs alimentaires et partenaire de Roche) denonce le complot sur les vitamines, et Rhone-Poulenc passe aux aveux pour obtenir l’impunite. Roche aura 500 millions de dollars d’amende (soit une an&e du produit des ventes de vitamines aux USA), BASF 225, les japonais 137. Le Sherman Act antitrust americain (1990) et le trait6 de Rome dans la prohibition de l’abus de position dominante, <>.<<.. . il s’agit dans les deux cas d’un droit d’essence jurisprudentielle dans lequel les grands principes sont degages par reference a un modble Cconomique dominant placant le processus concurrentiel et l’efficacitt Cconomique au cceur des decisions >>[75]. Mais la politique de la concurrence communautaire poursuit, outre les objectifs politique (maintien unifie du March6 Commun) et tconomique (et pas simplement concurrentiel), un objectif de nature morale et sociale (prise en compte des interets des travailleurs, usagers et consommateurs). Zinoviev declare (dans une interview au Figaro Magazine) : <>.Suprasociett planetaire constituee d’entreprises commerciales et d’organismes non commerciaux dont les zones d’influence depassent les nations. Les pays occidentaux sont soumis, comme les autres, au controle de ces structures supranationales )>. <( Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques >>[20]. 11est certain que le controle de la Commission de Bruxelles ne cesse de s’etendre en mat&e de controle de la concurrence (entente ; collusions couvertes par des guerres de prix apparentes et qui affectent les Cchanges intracommunautaires ; concentrations ; aides accordees par les Stats aux entreprises) aux depens des droits nationaux. Selon C. Babusiaux, ancien directeur du DCCRF, il faut aller plus loin et <>. 7.2. D&accord
1 I’OMC
Depuis 1947, en 8 cycles de negotiations, 1’Accord General sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) avait obtenu l’ouverture des marches. Le cycle de 1’Uruguay Round (1993) acheve en 1994 la mise en place de I’OMC, nouvelle organisation chargte de la surveillance, de la mise en place des nouvelles regles, du respect et de l’adoption des normes de la Commission du Codex alimentarius, g&e par la FDA et I’OMS, avec le pouvoir de trancher les differents commerciaux entre Etats et de fixer les sanctions [75].
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Pour les 134 membres de I’OMC le Millenium Round (qui est organise par une Cquipe presidee par Bill Gates, le PDG de Microsoft et Ph. Condit, le PDG de Boeing, et qui s’est term a Seattle du 30 novembre au 3 decembre 1999) a pour but, en 3 ans, d’aboutir a une liberalisation accrue du commerce international (reduction des tarifs douaniers, elimination des subventions aux exportations, necessite de fonder les decisions concernant les biotechnologies sur des critbres scientifiques et une liaison du commerce a la protection de l’environnement). Sous couvert de l’americanisation des institutions internationales (FMI, OCDE, ...) (intelligence americaine, forme subtile de guerre Cconomique) les 2/3 de la population mondiale subissent d’une man&e ou d’une autre des sanctions Cconomiques de la part des USA. Par exemple, 1’OMC juge discriminatoire le regime europeen dans la mesure ou 1’Union importe de la zone dollars 2,5 millions de tonnes de bananes avec un tarif douanier de 75 euros la tonne, alors qu’aux pays ACP (Afrique, Carai’bes, Pacifique) elle accorde un quota d’importation de 857 000 tonnes en franchise douaniere. Le groupe de Cairns (15 pays exportateurs de produits agricoles, dont 1’Argentine, le Bresil, le Canada, la Nouvelle-Zelande, 1’Afrique du Sud, l’IndonCsie, les Philippines) est oppose aux subventions. La doctrine de 1’OMC est l’option triple zero : zero subvention, zero aide a la production, zero quota d’importation. Cette perspective est ruineuse pour la plupart des exploitations agricoles francaises (surtout dans le Massif Central pour les bovins, au sud de la Loire pour les cerealiers, etc.). Sans subvention ne resteraient en France que 100 000 a 200 000 exploitants sur 700 000. Sans barriere douaniere impossible de rivaliser avec le bceuf argentin (7 a 8 francs au lieu de 18 francs par kgicarcasse) ou avec le lait neo-zelandais (9 centimes contre 2 francs), les cereales, etc., les differences des prix tenant surtout aux differences de taille des exploitations (facilement 10 000 ha aux USA). L’Europe consacre encore la moitie de son budget a I’agricuiture (290 milliards de francs) mais dam 1’Agenda 2000, Bruxelles envisage de baisser les prix de 30 % pour la viande bovine, 20 % pour les c&ales, 15 % pour le lait. L’agriculture americaine est aussi largement subventionnee (22 milliards de dollars en 1999, en raison du bond des subventions au titre d’actions d’urgence). Le dossier environnement risque d’opposer N et S, et le dossier sanitaire americains et europeens. Le cas du boeuf aux hormones en est un exemple. Depuis 1989 Washington veut sanctionner la Communaute qui ferme ses front&es aux importations du beuf hormone americain. Les hormones permettent d’accroitre la masse musculaire, ce qui autorise un prix de revient inferieur d’une fois et demi B celui du bmuf francais. A la suite des accords de Marrakech (1994) qui fondent le droit (OMC) avec des regles definies, acceptees par tous, les americains ont soumis la question a un groupe d’arbitrage qui a conclu qu’aucune don&e scientifique ne permet d’envisager la nocivite du bceuf aux hormones. S’appuyant sur le principe de precaution, 1’UE fait appel (1997) mais la decision de l’organe de reglement (ORD) de 1’OMC est confirmee. Les quinze doivent se mettre en conformite avant mai 1999. A titre de compensation I’ORD autorise Washington a relever les droits de douane sur certains produits (foie gras, roquefort, ...) jusqu’a 118,8 millions de dollars. L’UE ne cede pas pour autant, en partie motivee par la volonte de proteger les eleveurs europeens, en partie par crainte du public en mat&e sanitaire. La coordina-
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tion pour le contr6le citoyen de I’OMC, regroupant 1 millier d’associations telles que Greenpeace ou Attac, demande un moratoire sur la rkunion de Seattle du cycle du Millenium. Les I&a& sont en d&accord sur les effets indtsirables des OGM, sur les &apes menant 5 leur commercialisation, sur leur Ctiquetage et celui des produits qui en sont issus. Bien que la Direction europCenne d’avril 1990 r6glemente la dissemination et la mise sur le march6 des OGM, de fait, la dkfinition des risques et des mkthodes d’evaluation est 1aissCe B la disc&ion des l?tats membres. Depuis 1998 en Europe, tout produit alimentaire contenant des OGM ou des extraits d’OGM sera CtiquetC comme tel, ce qui repose sur la capacitC des mkthodes de dktection [ 131, mais les mkthodes tests immunologiques pour les protkines, PCR pour l’ADN, ne sont pas uniformiskes et elles ne s’appliquent qu’g des aliments peu transform&s. Dans de nombreux cas, la dktection est illusoire et la traqabilitt impossible. L’UE impose un moratoire sur les cultures dkveloppkes a partir de semences transgkniques produites aux USA. Elle bloque l’introduction de nouvelles semences jusqu’en 2002.700 associations de 73 pays ont sign6 une dkclaration <>qui a <>(Independent Sunday). A Seattle se sont done affront& les fitats-Unis (qui cherchent a imposer la loi du libre Cchange), 1’Europe (qui veut une regulation autoritaire de la mondialisation), les PED (qui dtfendent leur droit a l’existence et surtout les rentes de situations de leurs dirigeants). ParalliYement, 1 200 ONG, dont la puissante Trade Watch amkricaine (soucieuse avant tout des in&&s amkricains) ont tenu un <>.L’Cchec prCvisible de la &union de Seattle montre la difficult6 de s’accorder sur le fait que tout ne peut pas &tre marchand et d’ktablir une rkgulation du commerce socialement et Ccologiquement acceptable par tous, car la mondialisation devient l’affaire de tous, et 12 est le succks de Seattle. L’accord de Montrial (2000) dit <>,autorise les lkats B limiter les importations d’OGM s’ils peuvent foumir des rksultats scientifiques ?Il’appui de leur inquidtude, (ce qui ne facilitera pas l’application de l’accord !). 11pr&oit un Ctiquetage pour les produits contenant plus de 1 % d’OGM dans chaque ingkdient concern6 7.3. Brevets Le brevet est un titre de prop&t industrielle qui confere a son titulaire un monopole d’exploitation de l’invention pour 20 ans dans la plupart des pays, avec le droit d’interdire ?I quiconque la reproduction, l’utilisation, la commercialisation de l’invention. Sont interdites, B dCfaut du consentement du propriktaire du brevet : la fabrication, I’offre, la mise dans le commerce, l’utilisation ou bien l’importation ou la dktention aux fins prCcitCes du produit objet du brevet (loi franqaise de juillet 1992). Une invention est la dkcouverte d’une propriCk ou d’un pro&d6 qui peuvent Ctre exploit& de faGon pratique ou industrielle. Le brevet est aussi un moyen de stimulation et de financement de la recherche. Pour Ctre brevetkes les inventions doivent
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avoir un caractbre de nouveaute, impliquer une activite inventive et un caractere industriel. Le monopole est concede a l’inventeur suivant des formalites impostes par la legislation qui varie suivant les Stats. La cession d’un brevet ne Porte que sur le droit materiel. Pour l’acquisition d’un brevet, il faut payer les frais relatifs a l’instruction de la demande et pour maintenir la protection il faut regler des annuites. Par exemple, 1’UniversitC de Californie en San Francisco (UCSF) est en conflit avec Genentecb (filiale du groupe Roche) accusee d’avoir utilise la technique d’UCSF pour la fabrication de son hormone de croissance (Protropin) et elle r&lame 400 millions de dollars de droits non verses. La licence est un contrat par lequel le proprietaire d’un brevet permet a un tiers d’exploiter l’invention brevetee. Ainsi les juristes anglais ont brevet6 la technique de transfert de noyaux utilisee par les chercheurs du Roslin Institut pour creer Dolly, mais les droits d’exploitation ont CtC concedes pour 17 ans a la compagnie Geron Biomed. SmithKline Beecham a signe un accord de licence avec Asakii Chemical, decouvreur du AZ40140 actif contre l’obesite, pour exclusivite de la commercialisation (sauf en Chine, Come, Japon). Le brevet europeen permet d’obtenir une protection dans les 19 Stats membres de l’organisation Europeenne des brevets, a partir d’une seule demande deposee dans une langue officielle de 1’OEB et suivant une procedure de delivrance devant 1’OEB. Dans chaque Etat membre design& le brevet europeen a le m&me effet juridique qu’un brevet national. Un brevet communautaire est en projet depuis 1975. Fondle en 1978 1’OEB (4 000 employ& dont 16 % de francais et 1 8.50 au siege a Munich) offre aux particuliers et aux entreprises la possibilite de protection de leur invention dans les 18 Stats contractants pour une duree de 3 ans. Aux ailleurs, un delai premiere
USA le droit au brevet revient au premier inventeur et non pas, comme au premier deposant. La loi accorde a l’inventeur pour deposer son brevet de 1 an apres une premiere divulgation, alors que dans les autres pays une divulgation fait perdre le droit au brevet.
Quand les americains deposent 5 demandes de brevet, les allemands en deposent 3, les anglais 2, les fran$ais une. Aux USA, entre 1986 et 1996, le nombre de brevets accord&s par le Bureau americain des brevets est passe de 1 500 a 4 800 par an. En France, 2 % des societes sont a la source de 60 % des brevets Ctendus a l’etranger. Les USA et le Japon comptent pour la moitie des demandes de brevets europeens deposes en Europe, alors que les 19 Stats membres de I’OEB ne representent que 4 % des demandes au Japon et 16 % aux USA. Les Stats-Unis qui ont augment6 en 6 ans de 20 % leur part mondiale de brevets europeens dominent les secteurs de la pharmatie (43 % des brevets europeens) et de l’electronique (39,8 %). Durant les dix dern&es annees, les brevets pouvaient &tre une monnaie d’echange, mais actuellement ils servent aussi a gagner de l’argent. Les frais pay&s augmentent les prix de production des concurrents. Le brevet devient un facteur de marketing et une arme de developpement. Aussi la competition est-elle Bpre et les contestations sont-elles s&&es. Par exemple, dans le cadre des recherches sur l’obtention de plantes transgeniques dont on veut bloquer la production de pollen (pour eviter l’autofecondation), il y a procedure d’opposition de la societe americaine Paladin Hybrids (qui a obtenu un brevet en fevrier 1988) contre la societe belge Plant Genetics System qui a depose un
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brevet de sterilite male artificielle en avril 1988. Astra Zeneca mbne un combat juridique, a la Cour Europeenne,contre le fabricant allemandde gentriques Ratiopharm qui a voulu mettre sur le marche un produit moins cher que l’antiulcereux Losec. Selon Astra Zeneca la molecule est protegee par des extensions du brevet, apres l’expiration du brevet original en 1999. En 1961 la Convention de Paris tree 1’Union pour la Protection des obtentions vegetales (UPOV) et instaure un certificat d’obtention vegetale (COV) pour les varietes (cultivar, clone, souche,lignee, hybride) creees,nouvelles, distinctes, homogenes et stables. En 1963 la Convention Internationale de Strasbourg declare non brevetables les varittes v&g&ales et les races animales, <>(art. 53b), suivie en cela par la Convention de Munich de 1973. Selon I’OPV une variCt6 est <
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Mais peut-on revendiquer une propriete sur tout un organisme vivant sous pretexte qu’on y a modifie un seul gene ? En France, il manque un systeme juridique commun pour harmoniser les litiges (contrefacons, . ..) alors qu’aux USA la jurisprudence est unifiee (Cour d’appel unique au niveau federal). I1 n’y a pas d’accord au plan international pour harmoniser les brevets. En outre, il y a interference entre la protection par brevet et le COV. Aux USA, ou le regime de double protection domine, il y a croissance du nombre de demandes pour une troisieme forme de protection : l’utility patent qui confere une protection a une variete specifique, a des parties de plantes, des semences, des genes. L’UE (directive 98/44) exclut les brevets sur les sequences en tant que telles. Mais une sequence, mCme partielle, peut faire l’objet d’un brevet si sont remplis les criteres : nouveautb, activite inventive, application industrielle. La directive prevoit dans la demande de dire quelle proteine est codee et quelle est sa fonction. Le bureau americain des brevets et des marques (US Patent and Trademark Office) insiste sur l’utilite, la nouveaute, la capacite de remplir une fonction. Avec le developpement de la genomique, la recherche des genes impliques dans des maladies, la decouverte de nouvelles cibles therapeutiques, on en vient a breveter au maximum les donnees genetiques, m&me si elles ne sont pas pertinentes lors de leur decouverte. Le developpement de la technique des EST (expressed sequence tags, courts segments d’ADN) et leur sCquen$age peut permettre, par comparaison avec des sequences de genes en banques, de determiner la fonction du gene correspondant. En 199 1 le bureau americain des brevets a rejete la demande de Craig Venter de brevets de 1 300 EST car leur utilite commerciale n’etait pas demontree. Mais en 1998 il a accord6 a Incyte Pharmaceuticals un brevet pour 44 EST identifiant 44 kinases. Les EST de genes dont on connait la fonction et qui permettraient la cartographic de chromosomes ou qui seraient des sondes nucleiques seraient brevetables. Le chercheur qui decouvrirait la sequence complete et la fonction du gene correspondant a I’EST aurait-il un refus de brevet en raison de l’anteriorite de la sequence partielle ? On a vu que les SNP (single nucleotide polymorphism) sont des marqueurs chromosomiques dus a des mutations d’un a quelques nucleotides (une mutation pour 1 000 bases). Cinq mille SNP (sur les 3 millions du genome) sont en banque. Sont-ils brevetables, ce que demande Genset d’Evry, du fait qu’ils sont des outils de localisation d’un gene donne ? Mieux ! L’entreprise americaine Biocyte, ayant reussi a isoler des cellules sanguines du cordon ombilical, dispose d’un brevet l’autorisant a refuser l’utilisation de cellules sanguines a tout groupe, ce qui la rend proprietaire de cette partie du corps humain. Selon M. Morgan, directeur du Wellcome Trust, un brevet ne devrait proteger qu’un gene bien defini, accompagne de preuves exptrimentales de sa fonction et de la description d’une application. Le Conseil des Communautes europeennes a adopt6 en 1992 un certificat complementaire de protection (CCP) autorisant une prolongation de la duree des brevets de produits pharmaceutiques soumis a une autorisation de mise sur le march6 (AMM). Ainsi le vaccin contre l’hepatite B de Biogen dont le brevet vient a Ccheance en decembre 1999 dispose en France d’une prolongation jusqu’en 2005 et en Italie jusqu’en 2008 grace a des CCP regis par des lois nationales, mais aucun CCP n’a et6 accord6 par I’Allemagne.
P. de Puytorac - Biotechnologies. Consequences socio-Cconomiques 8. LA DkMOCRATIE
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FACE AUX BIOTECHNOLOGIES 8.1. DCmocratie
La democratic est a la fois une technique d’organisation sociale et une valeur car elle est caracterisee par le respect de la personne, de la liberte et de la liberation de la personne, 1’CgalitC devant la loi, la justice pour tous. C’est un gouvernement d’hommes libres dans une nation libre. La Republique est <>(art. 4 de la Constitution). Qu’entend-t-on par le peuple ? Si la democratic directe est irrealisable, la democratic semi-directe (veto, referendum) est aussi relativement rare (sauf en Suisse). En France, la democratie s’est d’abord exprimee par l’intermediaire de notables, seuls N capables - selon Montesquieu, L’esprit des lois - de discuter des affaires. Le peuple n’y est pas du tout propre >>.Mais aprbs plusieurs tentatives (revolution de 1848, Commune de 1871) <(G. Burdeau in : Encyclopedia Universalis 5 (1984) 1086). De gouvernes par ceux qui sont supposesles meilleurs, la democratic devient gouvernante par les plus nombreux, au travers des partis. L’essentielest le problbme de la representationau plus p&s du peuple. Mais la sock% technicienne [68] <> (Burdeau, 1085). La mission illuministe de la science, sa conception dogmatique conduisenttout naturellement, non au pouvoir dtmocratique avec son insecuritt permanente, mais a la tranquillite du despotismeCclairC>>[44]. Le developpement des biotechnologiesconfirme-t-i1 cette idee commer&litC ? 8.2. Quelques exemples d’une participation attendue descitoyens dans la rCvolution biotechnologique Devant les trois pouvoirs en place : les scientifiques, les politiques, les medias, s’estimant legitimts respectivement par le savoir, l’election ou l’opinion, quelle est, de fait, l’action descitoyens sur desquestionsde leur vie quotidienne ? Dans la revolution biotechnologique qui commence a changer l’tconomie mondiale, a modifier notre rapport avec l’environnement et a nous donner une conception nouvelle du vivant [9, 12, 20, 23, 38,45,46, 70, 741 quelle est la reelle participation descitoyens concern& [80] ? 8.2.1. Introduction desOGM dans l’environnement On a vu qu’au tours du prochain sibcle les multinationales bio-industrielles se proposent d’introduire dans l’environnement des milliers d’OGM <>,aux depensd’autres voies de recherche [8]. En 1999, ont obtenu l’autorisation de mise sur le marche en Europe 8 plantes genetiquement modifiees ; tabac
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rksistant au bromoxyl, de Seita-RhBne-Poulenc ; soja resistant B un herbicide, de Monsanto ; maik rksistant 2 un herbicide et a la pyrale de Novartis ; colza rksistant B un herbicide et stkrile mgle de PGS ; mdis rksistant B la pyrale de Monsanto ; mdis rksistant Bun herbicide d’Agro Evo, colza msle stkrile, endive mGlestkile. Or 1’Ctudedesrapports cotWbCnCfices et une Cvaluation desrisques?Ilong terme n’ont pas pu encore &tre effectukes skieusement, car dans la compktition acharnke sur la mercantilisation du vivant, il faut Ctrele premier sur le march6 Et arrive maintenant la transgenksemultiple : une CquipeamCricainede La Jolla (Californie) vient de kussir ?Iintkgrer 13 transgknesdansune variCtCde riz et ils sont stables,setransmettant au moins jusqu’8 la troisikme gCnCrationdans la descendance.Dans cette affaire le gouvemement franqais reste ambigu. I1 maintient les autorisationsde culture dkja accordkes,comme celle du mai’stransgknique(par le Mini&e de l’Environnement qui est une Ccologiste!), mais demande,sarisveritable dossierscientifique, un arr& de la commercialisation de nouvelles variCtCstransgkniques.Consulte-t-on les citoyens ? Comment ? 8.2.2. Cartographie du g&tome humain <>1701. La possibilid de dkpistage de gknes de maladiesrkcessives(cancer du sein, cancer du cblon, maladie de Huntington, syndrome de 1’X fragile, maladie de Gaucher, an& mie falciforme, etc.) sur des adultes sains pose de graves problkmes kthiques, sociaux et lkgaux, et sur des embryons (dkpistage prkimplantatire ) ou des foetus (diagnostic p&natal) elle est une voie ouverte B l’eugknisme. En fait, est posCela question de la definition d’une norme de l’humain du futur. Quelle a CtCla part de participation des citoyens dans ces dkcisions ? L’AssemblCe g&kale des Nations Unies vient d’adopter une rksolution insistant sur <>[ 171.Qui s’en occupe ? Ne sait-on pas que tout ce qui peut &tre fait le seraet deviendra un droit [27] ? D’un autre point de vue, dans la course au skquenqagedu ginome humain, pour la prise de brevets, alors que les laboratoires anglais et amkricainsaugmententleurs budgets pour anticiper les dClaisqu’ils s’ktaient fix& (au moins 90 % du gCnome sCquencCen 2001), le gouvemementfranqais serait pr& &accroitre le financement du GCnoscoped’Evry de 30 milliards de francs, pour que soient dCcrypt&esles 93 millions de basesdu chromosme 14, avant l’an 2000. Que sait le contribuable de cette dkcision politique et de sajustification (se maintenir dansla course) ? 8.2.3. De’veloppementdesmbthodesde reproduction de l’humain De m&me,les rkflexions sur les dkrives possiblesd’application desmkthodesde procrkation medicale assistkeont-elles CtCsuffisantes pour que ces dkrives soient
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Cvitees,leurs implications ont-elles tte suffisammentexplicitees pour que la distance que d&once Testard entre les discoursofficiels sur l’ethique et la pratique medicale soit bien comprisede la plupart ? On vient de proceder (5 experiences) a des fecondations d’ovocytes humains avec des spermatozo:desdifferencies in vitro en 2 jours (spermatogenbsenormale : 72 jours) a partir de biopsies de cellules germinales premeiotiques, sarissavoir les effets a long terme sur I’ADN ou la maturation cellulaire. Peut-on accepter desexperiences ainsi conduites sansune information desrisquesencourus? Les premieres naissancesde filles concues a l’aide d’un spermatozo’idetrit par cytometric de flux (le chromosomeX est plus lourd de 2,8 % d’ADN que le chromosome Y) viennent d’etre rapportees (1998). Cet essais’est adressea des familles concerneespar de graves maladieslikes a 1’X. Mais, des familles ayant un dedquilibre de repartition des garconset desfilles demandenta profiter de cette possibilite de choix du sexe. En raison desconsequencessocialesqui pourraient en resulter la questionne merite-t-elle pasdtbat ? Le clonage d’embryons humainsqui a d’abord souleve l’indignation et que vient ausside condamnerla Declaration Universelle de 1’UNESCO sur le genomehumain, adoptee (1998) a l’ONU, (<>,art. 11) commence a &tre envisage. Aprbs la ctlebre Dolly obtenue par l’bquipe de 1’Institut Roslin (Edimbourg), l’equipe de Yanagimachi de 1’Universitt d’Hawdi a obtenu des souris clorites a partir de noyaux de cellules differenciees (de la corona radiata, du cumulus oophorus) prelevees sur des adultes et transfereesdans des ovocytes CnuclCCs.Les souris obtenuesont, a leur tour, fourni desnoyaux de clones. D’oti la demonstration d’une possibilite de clonage en serie, ce qui est un progres considerable sur les methodesclassiquesde selection.L’equipe de Y. Kato et Y. Tsunodade 1’UniversitC KINK (Japon) a obtenu, avec un bon rendement, des veaux par clonage a partir de cellules du cumulus oophorus ou de cellules de l’tpithelium de l’oviducte d’une vache adulte, fusiontreesavec desovocytes CnuclCCs. Genzyme Transgenicsa obtenu 3 chbvres par une methode proche de celle pratiquee pour Dolly, mais une seule a produit dansson lait la proteine recherchee: l’antithrombine III. Par contre, les canadiens de Nexra Biotechnologies ont eu 3 chbvres dont le lait contient la proteine des fils de soie d’araignee. La firme califomienne Geron a rachete BioMed Roslin et les services du pbre de Dolly (I. Wilmut) pour exploiter commercialementla technique de clonage. Tandis que les cellules de l’appareil reproducteur femelle (glande mammaire, granulosa, oviducte) s’etaient jusqu’alors rCvC16esaptes au clonage d’un adulte, une CquipeamCricainea clone une souris male par transfert nucleaire de cellules prelevees sur des queuesde males adultes (276 embryons implant& 1 clone survivant). Applique a 1’Homme [5] le clonage bouleverserala condition humaine (dislocation de la patemite, refus generationnel, instrumentalisation de la personne,volonte de sursoir a la mort, ...). Si pour l’l?glise catholique le refus du clonage reproductif et du clonage therapeutique est categorique car il est desacralisationd’autrui et perversion de l’origine de 1’Hommequi est la volonte de Dieu, si 1’Islam est reticent sur le clonage reproductif en raison du respect de la loi d’accouplement et du respectde la Nature, pour le juddisme le clone n’est pasobligatoirement deshumanisantet meme
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le clonage doit &tre applique s’il est necessaire a la survie du peuple protestants le clonage est justifie s’il y a une benefice individuel reste a demontrer car si les clones obtenus ne meurent pas apres auraient un vieillissement premature. Le gouvernement britannique la creation d’embryons humains en vue d’un clonage thbrapeutique.
d’Isrd1. Pour les ou social, ce qui la naissance, ils vient d’autoriser
Mais les Cvenements se precipitent. Quasi simultanement J. Thomson de l’Universitt du Wisconsin et J. Gearhart de i’Universit6 John Hopkins annoncent avoir mis au point un milieu de culture a long terme de cellules souches embryonnaires humaines, respectivement a partir de cellules issues de la masse cellulaire interne de cinq blastocytes issus de fecondation in vitro et a partir de cellules primordiales germinales de foetus avortes. Ces cellules semblent posseder des proprietes similaires a celles de cellules souches embryonnaires de souris. Or, ces dernieres, dans certaines conditions de milieu, sont susceptibles de se differencier en divers types cellulaires, y compris gametique. Les cellules souches humaines pourraient alors Ctre utilisees pour remplacer des cellules mortes dans des maladies dues aux degenerescences cellulaires, pour etre transplantees apres modification genetique, pour Ctudier les cibles de medicaments, pour analyser le developpement embryonnaire, pour modifier genetiquement la lignte germinale. Les retombees financieres et industrielles paraissent incalculables ! Tout cela ne mbrite-t-i1 pas une reflexion Cthique approfondie et un debat sur les problemes souleves parl’exploitation de ces resultats ? F. Anderson (qui a deja trait6 par therapie genique une deficience en adenosine desaminase d’une enfant) propose d’appliquer cette methode chez des foetus porteurs de cette deficience et chez des alpha thalassemiques. Cette therapie in utero pourrait toucher la lignee germinale, ce qui, pour le moment, est contraire aux avis des comites d’ethique. Les NIH entament un debat public sur ce sujet. En France est prevue en 1999 une revision de la loi de 1994 interdisant (( toute experimentation sur I’embryon D. Actuellement aux USA aucune recherche impliquant l’embryon humain ne peut Ctre financee par des fonds publics, et ce sont des compagnies privees qui menent de tels travaux, mais cela va changer. En Angleterre I’Administration pour la fecondation humaine et I’embryologie (HFEA) preconise la delivrance d’autorisations sur des embryons humains (surplus de fecondation in vitro et ne depassant pas 14 jours de developpement), dans le cadre de recherche sur les greffes des tissus (un noyau d’une cellule adulte introduit dans un ovocyte CnuclCC pourrait &tre a l’origine d’une lignee cellulaire susceptible de remplacer un tissu endommage) et sur les affections mitochondriales (le noyau d’un ovocyte d’une mere atteinte pourrait &tre introduit dans un ovocyte &nucl& d’une mere donneuse). Aux USA la National Advisory Bioethics Commission recommande desonnais au gouvemement de financer les recherches sur les embryons humains issus de fecondation in vitro. La Belgique (ou a CtC mise au point en 1990 la technique de fecondation par microinjection intracytoplasmique) s’apprete a autoriser la production d’embryons humains a des fins de recherche scientifique <>.I1 ne s’agit plus d’utiliser des embryons congeles (ce qu’autorisent actuellement plusieurs pays europeens) mais de creer des embryons humains comme materiel d’etude. La fin justifie les moyens ! Aussi en France est-il question de modifier la loi interdisant l’utilisation d’embryons humains a des fins de recherche. Qui
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sera consult6 ? Que dire alors du projet de crkation de cellules hybrides d’espkces ? La socittC Advanced Cell Technology n’aurait-elle pas rCussi pour un temps la fusion d’un noyau de cellule humaine adulte avec un ovocyte de vache CnuclCC ? Qui fixera des limites ? Qui en sera prgalablement averti ? 8.2.4. Possibilite’ d’un rkhauffement
global de la Terre
La prkservation de l’environnement va $tre un dCfi majeur du XXF sibcle. La raretC de l’eau commence g crCer des tensions politiques. En 2015, neuf des dix villes les plus peupltes (mtgapoles de plus de IO millions d’habitants avec le cortkge de misbre, de chhmage,de criminalitk) se situeront dansles pays en voie de dkveloppement. Or, une grande incertitude scientifique rkgne sur un Cventuelchangementde climat qui serait alors un rkhauffement. S’il se produit, il en rCsultera de grands bouleversementstconomiques et sociaux avec une aggravation de la fracture entre les pays sous-dkveloppts et les pays dkveloppks, en faveur de ces demiers. L’Organisation desNations Unies pour I’Alimentation et I’Agriculture s’en prkoccupe. En 1993une &union d’experts &Rome a tent6 de prkiser les effets d’un changementdu climat sur la production agricole avec les condquences en rCsultant sur l’approvisionnementalimentaire. Que le changementde climat ait lieu ou non, qu’il soit graduel ou brutal, il faudrait se p&parer b y faire face par une nouvelle technologie d’adaptation dans la gestion des cultures et du b&ail. Cela implique deschoix et des dtcisions sur les recherches?Ieffectuer, les orientations Bdkfinir, les applications B en tirer. Comment les biotechnologies permettront-elles d’amCliorer la sCcuritCalimentaire sansperte des ressourcesnaturelles et de la biodiversite ? Comment les citoyens sont-ils inform& de cette questionet comment sont-ils invitks By r8lCchir ? 8.3. Les scientifiques Les scientifiques ont un r6le premier dans les progrhs des biotechnologies et la production des connaissances.En raison d’une part, des contraintes matkielles que nkcessite aujourd’hui une recherche efficace (ce qui diffkrencie les chercheurs de l’artiste) et d’autre part, pour &tre pris en considkration, les chercheurs, tant dans le public que le privt, ne peuvent travailler que sur des sujetsdont sont attenduesdes retombkes financibes dans le complexe tconomico-industriel de la compCtition intemationale. Si M. Claessenspense[ 121encore que les chercheursont une libertk acadtmique <>, pour I. Niang-Dop <>[53]. De fait, dansnotre Cconomiede march& les thbmesde recherche en biologie et les modalit& d’experimentation ne sont plus librement choisis [24, 251. La loi Chevknement de 1982 et le projet actuel de rkforme du CNRS danslequel la rechercheserait pilotke par des experts nornmkspar le Ministre (concentration du pouvoir) en sont bien confirmation. La recherche ne peut plus viser &la connaissanceque dansla mesureob est attenduede cette demikre un pouvoir. Dans cette logique, la technoscience,g laquelle les enfants seront bduquCs[II], est devenue une affaire d’I?tat. Mais alors elle est aussien dkmocratie
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affaire des citoyens. Etant donne la technicite des questionsscientifiques, I’extrCme sptcialisation des experts [67], comment les scientifiques participent-t-ils au dtbat necessairea une vraie pratique democratique? c)[IO] Comme il y a actuellement t&s peu d’exemples de mouvements de masse,susceptibles d’adresserdes questionsaux scientifiques, il appartient a ces demiers tqd’etre attentifs a tous ces problemes qui n’accedent pas a la formulation B. Pour A. Prochiantz [60] les scientifiques doivent Cclairer le public, <>.<>. Faut-il aussique les Cditeursqui decident aujourd’hui de leur programmed’edition sansavis desauteurs,soient ouverts aux propositions de ces demierssi elles sontjustifiees par les inter&s des lecteurs et que tous les autresmoyens d’information soient librement disponibles. Pour certains scientifiques la recherche est neutre et les consequencesdesresultats obtenus ne les concement pas en tant que chercheursmais seulementni plus ni moins qu’un autre citoyen. Pour d’autres, comme J. Testard, le chercheur a une part de responsabilitedansles retombeesd’ordres divers de sesresultatset il doit s’interroger sur elles. Rappelons, par exemple, que ce sont les scientifiques qui ont alert6 l’opinion sur le rechauffement de l’atmosphereet que ce sont leschercheursfrancais qui, d&s 1991, ont alert6 (sansaucun resultat) le Minis&e de 1’Environnement sur les dommagespour la biodiversite de l’invasion de la Meditetranee par la Cmlerpa depuis 1984. Quand un specialisteaccepte d’etre expert sur une question complexe, il accepte de transgresserles limites de son savoir (puisquela sciencene donne pasde reponse) et de faire intervenir son intuition, son sentiment, sa subjectivite [67]. 11fonctionne alors <>[67] et, de ce fait, il engagesaresponsabilitt personnelle. Max Weber (Le savant et le politique, 1919) a distingue une ethique de conviction (Cthiquedure de la conscienceintime du savant, irreprochable dans le respect des principes) et une ethique de responsabilitt (Cthiquedu politique mesurant pratiquement l’action qui peut &tre faite, compte tenu des conditions du moment). Le scientifique devrait pouvoir articuler les deux. Agissant en tant qu’experts (et non commemilitants ou juge et partie !), c’est-adire devant donner la totalite de la connaissancedisponible, necessaireaux decideurs (responsablesde leur decision et supposestenir compte d’abord desexpertisesplutot que de les utiliser comme arguments d’une decision deja prise), les specialistesne peuvent plus fonctionner qu’en groupe pluridisciplinaire oti se confrontent les savoirs et les interrogations d’experts de disciplines differentes, &ant donne la complexite, danstous les domaines,desinterrelations desfacteurs en cause.Par exemple, quand un gouvemement se rejouit publiquement des benefices de l’agroalimentaire aux exportations, a-t-i1 comptabilise les co&s des subventions et des pollutions ? Comment despraticiens siegeanta la Commissiondes stupefiantset de psychotropes
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peuvent-ils Ctre lies financibrement a desindustries de fabrication de psychotropes ? Aprbs la reunion d’Asilomar, dansles anntes 1975-1980, ce sont les biologistesqui ont Cte a la fois les producteurs des techniques de genie genetique, les decideursen matibre de politique scientifique et les experts de l’tvaluation des risques de leurs travaux [7]. 8.4. Les politiques (
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journalistes scientifiques, a engage une reflexion entre journalistes et chercheurs. Financte depuis 1991 par plusieurs organisations europeennes, 1’European Initiative for Communicators of Science (EICOS) a pour but de faire connaitre par les chercheurs eux-m&mes leurs travaux aux journalistes. Selon Kourilsky [38] le genie mediatique (ou ingenierie de l’information) est, comme le genie genetique, <>).<>,ce qui fait exister un indiscutable risque informationnel. On l’a bien vu dans le prods du sang contamine ! Selon Kourilsky, contrairement aux scientifiques, Ies journalistes ne s’obligent pas a separer les faits de l’interpretation, fournissent rarement leurs sources, ne sont pas soumis a un controle de qualite independant. Pour Molis N .. . loin de reduire l’alitnation de l’homme par rapport a la science, la vulgarisation scientifique contribue au contraire a l’accroitre, en donnant I’illusion dangereuse, d’avoir G compris le principe >>,sans entrer dans ce qui est l’essence meme de l’activite de la science contemporaine : sa complexitt, sa coherence et son effort >>(Les sciences de l’imprecis, Seuil, 1995). D’une enquete de la CE [ 121 il ressort que les chercheurs ne font pas de vulgarisation scientifique, notamment, selon eux, parce qu’elle n’est pas rentable pour leur carriere et parce que le developpement technoscientifique est trop complexe pour interesser le grand public ou pour Ctre compris par ceux qui s’y interesseraient. Pour un non professionnel la vulgarisation scientifique par la presse, la radio ou la t&vision n’est pas facile car il faut savoir se faire comprendre, expliquer ce qui est essentie1 sans rompre l’interet, faire la part du doute sans deconcerter, ne pas caricaturer sans compliquer. Mais n’est-ce pas la les qualites que devraient avoir tout enseignant ? Reconnaissons aussi que ce sont parfois les journalistes qui rev&lent d’inquietants silences de la part des experts ou des politiques (par exemple, les retombees de Tchernobyl), mais aussi que le pouvoir des medias peut conduire a soutenir des erreurs tragiques : on l’a vu, par exemple, avec l’affaire du sang contamine oti l’application du principe de precaution (sur la selection des donneurs et le chauffage de produits sanguins) n’a pas Cte soutenu (au contraire meme !) par la grande presse [64]. 8.6. Les citoyens Faut-il aussi que les recepteurs (les citoyens) de l’information (diffusee sous toutes les formes possibles) veuillent et puissent se l’approprier dans une situation d’independance, plutot que se resigner a cultiver l’inculture. Faut-il que les individus fassent l’effort d’etre des citoyens (interet collectif passant avant les interets particuliers) et que les citoyens forment un peuple. En effet, en raison des satisfactions obtenues par le developpement des biotechnologies et de la possible realisation de ce qui Ctait consider? comme un reve insense, les citoyens souhaitent-ils faire l’effort de leur responsabilisation dans l’evolution politico-socio-Cconomique et m&me aspirent-& a s’interroger sur d’autres voies de rechange ? c( On s’explique que la grande masse des gouvernes en arrive a preferer l’assurance d’une stcurite, meme mediocre, a l’aventure ou I’engagerait l’usage d’une libertt responsable j) (Burdeau). Le citoyen, au sens de la Constitution francaise et de la Declaration des droits de I’Homme veut-il &tre autre chose qu’un consommateur satisfait, un manipule inconscient, un sujet d’experience docile, une source de profit assuree ? <
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democratic ait un sens, il faut que le dtbat public, que les choix publics s’ordonnent autour de quelques objectifs bien definis >>[26]. Mais il y a des inegalites dans l’accbs a la production d’opinions personnelles >>.11y a des gens, dans le monde social qui (< sont park >>,pour qui l’on parle parce qu’ils ne parlent pas... Et l’on va mCme aujourd’hui, dans le grand jeu de la mystification democratique, jusqu’a leur donner l’occasion de repondre a des problbmes qu’ils ne seraient pas capables de produire >>[lo]. Inspiree par la lutte de Ralph Nader contre les grandes firmes de l’automobile, l’activite des associations diverses (de defense, de consommateurs, . ..). des syndicats, des comites de toutes sortes, montre que tous les citoyens ne sont pas passifs et que des consommateurs veulent &tre des acteurs influenCant le choix technicotconomique [9, 351. Ainsi en 1976,l’Union fed&ale des consommateurs a contraint les industriels a l’affichage des composants alimentaires, colorants en particulier. Bien que l’opinion americaine soit indifferente a l’expansion des cultures d’OGM aux USA (moins de 3 % des americains ont quelque connaissance sur les OGM qu’ils consomment, depuis les tortilla chips aux burgers vegetariens des fast-foods), des organisations de defense des consommateurs et de protection de l’environnement commencent a se constituer. L’Alliance for Biointegrity d’Iowa City a porte plainte contre la FDA autorisant les OGM. C&e dans les annees 1970 par Rifkin (auteur du livre <>,1998) [66], Federation on Economic Trends dont le but est <>menace de pro&s antitrust, dans une trenmine de pays, les cinq gtants mondiaux dans les biotechnologies, qui controlent pratiquement l’integralitt du marche des OGM, car <>. Dans une enquete (1997) Eurobarometre de la CE, 18 % seulement des Francais sont d’accord pour accepter des risques des biotechnologies si cela augmente la competitivitt Cconomique en Europe, et d’un sondage command6 par 1’Union des industries de la production des plantes (1998), il ressort que sur 1003 personnes interrogees, 69 % sont opposees a la culture de plantes transgeniques pour l’agroalimentaire. Moins d’un europeen sur 4 fait confiance a la legislation pour proteger des risques des biotechnologies, alors que 3 an-kricains sur 4 font confiance aux biotechnologies, car les amtricains optent pour les opportunites avant de gerer le risque alors que les europeens considbrent d’abord le risque, en laissant passer les opportunit&. Ce sont les consommateurs qui, en Europe, ont pousse les grands distributeurs (Carrefour, Leclerc, ...) a ne plus commercialiser les OGM dans les produits vendus sous leur marque. Les transformateurs de mai’s americain mettent en place une filibre sans OGM a destination de l’Europe, sans qu’on sache s’il en resultera une surtaxe des produits sans OGM ? L’exemple est suivi par certains grands de l’agroalimentaire (Nestle, Danone, ...). A partir de septembre 1999 Novartis retire les composants gtnetiquement modifies entrant dans la fabrication des preparations alimentaires pour bebes, vendus sous la marque Gerber. Le groupe Archers-Daniels-Midland vient de mettre les c&&hers americains en demeure de &parer les OGM des cultures classiques. Plus de 30 organisations agricoles (National Farmers, American Corn Growers association , ...) mettent en garde les agriculteurs americains contre les
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risques de continuer a produire du mai’s transgenique. La separation des filibres entraine un cotit supplementaire a mettre en balance avec un coat d’information sur les bienfaits des OGM. Glon Sanders, numero 1 francais de l’alimentation animale, a choisi, en mettant en place une filiere de soja exempte d’OGM et <( trace v de la production a la consommation. Le groupe Eridania-Seghin-Say dit s’ttre donne les moyens de fournir aux clients qui le demandent des produits exempts d’OGM, avec un trace depuis la production jusqu’a la consommation. L’Association de planteurs de ma& americain (ACGA) encourage ses membres a se limiter aux cultures conventionnelles pour ne pas perdre le marche europeen. La Confederation paysanne (c&e en 1987 de la fusion de plusieurs mouvements a tendance politique 2 gauche) se mobilise contre la mondialisation ultraliberale de I’OMC, s’attaquant au symbole americain MC Donald (qui fait vivre 45 000 tleveurs francais de bovins). Elle est en d&accord avec la FNSEA (fondee en 1946, de tendance politique a droite) qui a soutenu longtemps une politique productiviste, avec, il y a 15 ans, le projet de ramener le monde agricole a un petit nombre d’agromanagers hyperequipes produisant en masse et a bas prix, et qui pense maintenant qu’il faut deux modes d’agriculture : l’une productiviste pour l’alimentation de toutes les populations du Monde, l’autre plus specifique d’un developpement durable, reservee a certaines populations. L’etiquetage avec la mention OGM, en principe, a Cte rendu obligatoire en Europe pour les ingredients entrant dans la composition d’un produit alimentaire. 11 doit s’appuyer sur la traqabilite des produits, tenir compte d’un seuil de contamination fortuite (1 a 3 % de teneur en OGM par rapport a I’ADN de l’espece vegetale). Faut-il encore que des methodes fiables de detection des OGM soient developpees a l’echelon international. Elles reposent aujourd’hui sur la recherche de sequences specifiques d’ADN ou de proteines caracteristiques valables pour des produits peu ou pas transform&.. Ce sont les collectifs d’association humanitaires qui ont conduit le Parlement europeen a adopter une resolution soutenant la creation d’un label social europeen pour lutter contre les droits des travailleurs dans les pays en developpement. Rappelons que ce sont des consommateurs et des medecins qui ont introduit en France apres la derniere guerre les principes de l’agriculture biologique, revenue d’actualite a partir des annees 1980. Dans un autre ordre d’idee remarquons que depuis les annees 1991 les malades du SIDA et du cancer ont r&lame comme un droit l’acces au traitement exphimental, chaque malade voulant choisir l’essai qui lui convient le mieux. A l’imitation de groupes de malades aux USA, certains ont exige le raccourcissement des delais entre le premier test d’une molecule et sa mise sur le marche, l’abandon de la pratique de randomisation (selection d’un groupe temoin, un groupe trait& en double aveugle). Toute experimentation clinique peut Ctre modifiee par une participation active de malades sur des protocoles qui ne sont plus decides par la seule Cquipe medicale. 8.6.1. N&es&b
d’une mise en place de consultations
populaires
Comment a ceux qui le souhaiteraient (l/3 des europeens pensent que dans leur vie quotidienne la science ne set-t 5 rien, selon une enquete de la CE de 1993 !) per-
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mettre le developpement d’une information qui motive les citoyens, favorise leur exercice critique et donne une justification aux resultats de sondages 1321 ? L’initiative prise en 1976 par la ville de Cambridge (Massachussetts) d’ouvrir un large debat public sur l’opportunite d’amenager un laboratoire de genie gtnetique, est un exemple a suivre. L’idCe de <>Ian&e par les NIH sur des sujets de societe a CtC suivie au Danemark (ateliers de scenarios, 1987), aux PaysBas (dtbats de propositions) et en Grande-Bretagne (1994). Le principe en est que des experts (une quinzaine) choisis par un Comitt d’organisation, dialoguent avec des citoyens selectionnes apres un appel de candidature par voie de presse. Apres une serieuse analyse du dossier (plusieurs semaines) il est presente pendant quelques jours en confrontation publique. En France, sur ce modele a CtC mis en place en juin 1998 une s conference des citoyens >>sur la question des OGM, pour s offrir a l’opinion une contre partie de mise en culture du maIs Bt de Novartis >>[7]. Est-ce suffisant ? Les risques globaux d’une agriculture industrialisee ne sont pas assez pris en compte (Levidow). 8.6.2. Ntkessit6
d’un enseignement adapte’
N’est-il pas symptomatique qu’aucun des grands problbmes que posent les biotechnologies ne soit trait& sous aucune forme, dans les enseignements du secondaire et qu’aucun tours ou TD sur les consequences socio-tconomiques et sur les grandes questions Cthiques soulevees par les biotechnologies ne soit generalement dispense dans les universites oii sont enseignees des techniques biologiques, sans commentaire sur les consequences d’ordre divers de leurs applications ? Le cursus d’un tleve de biologie s’acheve sur l’apprentissage d’un savoir-faire et l’acquisition de connaissances, mais sans que jamais un tel sujet ait ttC aborde. Dans de telles conditions peut-il y avoir un controle democratique des effets controlables des biotechnologies ? Peut-il mCme y avoir chez les Ctudiants l’idee d’un questionnement sur la pertinence des savoirs enseignes [24], sur l’ouverture qu’ils leur donnent, sur la necessite d’un Cquilibre des enjeux et des pouvoirs, d’une remise en question Cventuelle de la science faite en privilegiant, par exemple, uniquement la seule priorite Cconomique. Les ttudiants ne sont-ils pas prepares de la sorte a accepter d’etre des citoyens gouvernes par les seules formes exterieures de la democratic ? <) [9]. Ne nous dit-on pas pourtant que l’ecole de la Republique doit former aussi des citoyens ? Ne faut-il pas alors r&rover la conception de l’enseignement des sciences [ 1I] et faire comprendre que la technoscience est aussi une culture. <>.c>[68]. Les Ctudiants en biologie ne devraient plus &tre cantonnes dans la seule extreme parcellisation de la connaissance biologique. Les chercheurs eux-memes devraient Ctendre une part de leur inter&t au-de18 de leur Ctroite specialit& Pour Marcuse [47], in Habernas [28] en la technique <
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materielle toujours plus forte des techniques likes a la science et le poids culture1 toujours plus faible des conceptions du monde qu’elle propose >>[45]. <( Faut-il accepter un fonctionnement relativement fermt du systbme politique saris autre participation populaire que des elections regulibres mais espactes qui n’influent pas sur le contenu de la politique me&e N [52]. 11est important d’expliquer au public comment la technoscience est vecue, pratiquee pour permettre a celle-ci d’etre plus largement rCflCchic, discutee et - pourquoi pas - critiqute >>[ 121. Ces changements adaptatifs ne se feront pas en une generation. >.En deciderons-nous nous-memes ou laisserons-nous quelques individus en decider pour tous ? En democratic, tous les acteurs ont a participer a la recherche de solutions raisonnees et raisonnables. Ainsi en France il y a, actuellement 300 000 a 500 000 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Dans les 50 ans a venir le nombre des personnes agees susceptibles de developper des pathologies mentales sera multiplie par 6. Voila un sujet qui concerne les hommes et femmes politiques, les collectivites locales, les caisses de securite sociale, les familles. La maladie suppose une gestion commune pour le diagnostic et la vie d’accompagnement. Que fait-on ? Ce n’est pas le savoir qu’il faut reduire ou diaboliser, c’est sur l’exploitation du savoir qu’il faut s’interroger. Pourquoi et a quel prix doit-on toujours se demander ? La science seule ne peut donner la reponse. <>[77]. G Mais aussi parce qu’elle n’est jamais pleinement acquise la democratic est toujours menacee. Par ses adversaires saris aucun doute. Mais bien plus encore par la negligence ou l’inertie des citoyens >). Eux seuls peuvent la favoriser, en la portant jour apres jour, dans une action incessante de solidarite >>[49]. <>[23].
CONCLUSION Bien que l’impact Cconomique des biotechnologies reste actuellement limit& leur developpement croissant et rapide va modifier profondement les conditions socioCconomiques et l’organisation sociale. Les biotechnologies ont un impact d’autant plus marquant qu’elles ont pour materiel le vivant dont l’humain. La nouvelle Cconomie a laquelle participent les biotechnologies inaugure une phase de developpement instable qui necessite une adaptation difficile en raison des bouleversements de tous ordres qui en sont les consequences. <( Force est de constater qu’un revers des nouvelles technologies est actuellement de la pr&u-itC, du chomage, de l’exclusion >>. Les emplois perdus dans les concentrations d’entreprises pour reduire les cotits et
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recentrer les programmes seront-ils compends, par ailleurs, dans les PME avec de nouvelles qualifications ? En effet, il y a carence de candidats avec profils adequats (biostatisticien, bio-informaticien, developpeurs de projet, double competence biomarketing, biojuridique, ...). manque de formation dans ce sens, surtout darts les universites, bien qu’il y ait eu 2 000 docteurs es sciences de la vie en 1990. La croissance ira-t-elle de pair avec des mtcanismes de redistribution des revenus et de repartition des surplus, alors que les reseaux Cconomiques influent de plus en plus sur les pouvoirs politiques ? La fracture sociale dans les pays developpes et la marginalisation des pays du tiers-monde resteront-elles supportables ? Qui peut aujourd’hui donner des reponses a ces questions ? Par contre, on sait que les progres de la connaissance scientifique vont donner aux jeunes generations un pouvoir dont on ne peut encore apprtcier justement l’ampleur mais qu’il faudrait deja leur apprendre a maitriser, avec une legislation adaptee.
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