Boost et réirradiation stéréotaxiques des cancers des voies aérodigestives supérieures

Boost et réirradiation stéréotaxiques des cancers des voies aérodigestives supérieures

Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Revue générale Boost et réirradiation stéréotax...

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Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Revue générale

Boost et réirradiation stéréotaxiques des cancers des voies aérodigestives supérieures Stereotactic irradiation in head and neck cancers C. Benhaïm a,b , M. Lapeyre b , J. Thariat a,∗ a Département de radiothérapie, centre Antoine-Lacassagne, institut universitaire de la face et du cou, université de Nice Sophia-Antipolis, 33, avenue Valombrose, 06189 Nice, France b Département radiothérapie, centre Jean-Perrin, 58, rue Montalembert, BP 392, 63011 Clermont-Ferrand cedex 1, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : ´ Rec¸u le 18 fevrier 2014 Accepté le 18 mars 2014 Mots clés : Radiothérapie Stéréotaxie ORL Réirradiation Carcinomes épidermoïdes Nasopharynx Glandes salivaires Tumeurs sinonasales

r é s u m é La radiothérapie stéréotaxique est de plus en plus utilisée dans les cancers des voies aérodigestives supérieures, soit comme un complément de dose (boost), soit pour réaliser une escalade de dose, soit en cas de reliquat en fin d’irradiation à pleine dose, ou encore dans le cadre d’une réirradiation. Nous avons cherché à évaluer le niveau de preuve dans ces situations cliniques et des différents schémas d’irradiation utilisés. Une recherche de la littérature franc¸aise et anglaise a été réalisée sur PubMed jusqu’en décembre 2013. Une réirradiation stéréotaxique peut être réalisée en cas de carcinome épidermoïde localement récidivant, avec des survies globales d’environ 12 mois, une bonne qualité de vie à court terme, et une toxicité acceptable, sur la base de plusieurs études de phase 2 et d’études rétrospectives. Les cancers du nasopharynx peuvent être irradiés ainsi avec un taux de contrôle local acceptable. Les taux de toxicité tardive sévère de grades 3 à 5 au-delà d’un an atteignent cependant 20 à 30 %. Les critères de sélection (volume tumoral limité) et les contraintes de dose aux carotides (dose cumulée d’au plus 110 Gy, pour éviter un risque de rupture carotidienne souvent létale) doivent être exigeants. Des schémas utilisant au moins cinq fractions doivent être préférés (30 Gy en cinq fractions ou 36 Gy en six fractions). Les méthodes de radiothérapie stéréotaxique dérivées de l’irradiation conformationnelle avec modulation d’intensité peuvent être utilisées avec un fractionnement classique pour les larges tumeurs. La radiothérapie stéréotaxique peut être associée au cétuximab ; les données d’association avec une chimiothérapie ou d’autres traitements ciblés font encore défaut. Une irradiation stéréotaxique est également utilisée en complément de dose (de l’ordre de 15 Gy en trois fractions) après 46 Gy dans plusieurs établissements ou en rattrapage en cas de reliquat tumoral précoce dans des carcinomes épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures, nasopharynx compris. Le standard actuel étant plus une technique de boost intégré à une radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité, la radiothérapie stéréotaxique semble plutôt à réserver à des situations de reliquat tumoral après à la délivrance d’une dose complète. Ces indications doivent être évaluées de manière prospective dans les essais cliniques. Les données dans les tumeurs des glandes salivaires et du nasopharynx sont insuffisantes. En conclusion, la radiothérapie stéréotaxique a un potentiel d’augmentation du taux de contrôle local dans le cadre de réirradiation ou en tant que complément de dose systématique ou en rattrapage dans les cancers des voies aérodigestives supérieures. L’hypofractionnement doit être prudent et les taux rapportés de rupture carotidienne imposent de limiter la dose cumulée aux gros vaisseaux. Des études prospectives doivent être encouragées. © 2014 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

a b s t r a c t Keywords: Irradiation Stereotactic Nasopharyngeal

Stereotactic radiotherapy is increasingly used in head and neck tumours, either as a boost for dose escalation/early salvage, or in the reirradiation setting. We aimed to assess the level of evidence for each clinical setting and to discuss the different dose and frationation regimens. A search of the French and English literature was performed on PubMed until December 2013. Stereotactic reirradiation of locally

∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Thariat). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2014.03.013 1278-3218/© 2014 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Salivary gland cancer Sinus Paranasal Boost Reirradiation

recurrent squamous cell carcinomas can be performed with overall survival rates of about 12 months with good quality of life, and acceptable toxicity, based on several phase 2 trials and retrospective studies. Nasopharyngeal carcinomas may be irradiated with even better control rates. Late severe toxicities yield up to 20–30%. Patient and tumour selection criteria (limited volume) and dose constraints to the carotids (cumulative dose 110 Gy or less, to avoid the risk of potentially lethal carotid blowout) must be carefully chosen. Fractionated regimens (at least five fractions) should be preferred (30 Gy in five fractions to 36 Gy in six fractions). Methods derived from stereotactic, intensity-modulated radiotherapy (IMRT) may be used with conventional fractionation for larger tumours. Stereotactic irradiation may be associated with cetuximab; data with chemotherapy or other targeted therapies are still lacking. Stereotactic irradiation is also used as a boost after 46 Gy IMRT in several institutions or for early salvage (8 to 10 weeks following full dose irradiation with evidence of residual tumour) in squamous or nasopharyngeal carcinomas. Such indications should be evaluated prospectively in clinical trials. Data in salivary gland and sinonasal neoplasms are still scarce. In conclusion, stereotactic body radiation therapy has the potential as a boost or in the reirradiation setting to improve local control in head and neck tumours. Careful hypofractionation with planning caring for the dose to the main vessels is highly recommended. Prospective studies with prolonged follow-up (at least 2 years) should be encouraged. © 2014 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction

des appareils dédiés (par exemple Novalis® ou CyberKnife® ) ou des équipements polyvalents permettant de réaliser une modalité de radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI, arcthérapie, tomothérapie® ) [12]. Dans le premier cas, elle est volontiers hypofractionnée alors qu’elle est souvent réalisée en fractionnement classique délivrant de l’ordre de 2 Gy par fraction dans le deuxième cas. Les indications émergentes de la radiothérapie stéréotaxique en ORL sont les situations d’escalade de dose avec un complément de dose focalisé dans le volume tumoral macroscopique (ou boost) après une irradiation conformationnelle de fac¸on planifiée a priori dans un reliquat tumoral en fin d’irradiation, ou les situations de réirradiation. Une autre indication émergente, qui ne sera pas détaillée ici, est la radiothérapie stéréotaxique en situation oligométastatique. Toutes ces indications concernent les carcinomes épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures, mais aussi les cancers du nasopharynx (historiquement les premiers concernés) et potentiellement d’autres cancers plus rares de la sphère ORL (glandes salivaires, cavités paranasales, etc.). L’objectif de cette revue de la littérature est d’évaluer le niveau de preuve actuel de la radiothérapie stéréotaxique dans les situations de boost et réirradiation de la tumeur locale et d’en tirer des implications pour la pratique. Une recherche de la littérature franc¸aise et anglaise sur PubMed jusqu’à décembre 2013 a été réalisée avec les mots clés suivants : irradiation, stereotactic, nasopharyngeal, salivary gland cancer, sinus, paranasal, boost, reirradiation. Les techniques de stéréotaxie ont été étudiées qu’elles soient réalisées avec équipement dédié ou en utilisant des équipements de radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité adaptés à la stéréotaxie (RCMI statique ou dynamique, arcthérapie volumique modulée, tomothérapie).

Les taux de contrôle local à deux ans des cancers des voies aérodigestives supérieures justifiant d’une irradiation sont de l’ordre de 40 % et la probabilité de survie à cinq ans ne dépasse pas 50 % [1]. Les récidives locorégionales surviennent majoritairement dans les deux premières années [2] et sont la principale cause de décès. La radiothérapie a une place centrale dans le traitement de ces cancers. Les volumes irradiés incluent le plus souvent la tumeur primitive et les aires de drainage. En ORL, la radiothérapie stéréotaxique est d’utilisation croissante dans des situations cliniques qui ne relèvent pas d’une irradiation prophylactique et qui requièrent de forts gradients de dose et une excellente conformation au volume cible en raison de la proximité d’organes à risque et de la nécessité de doses élevées pour assurer le contrôle tumoral local. La radiothérapie stéréotaxique (parfois désignée comme radiochirurgie si elle délivrée en une seule séance) désigne l’ensemble des techniques qui permettent de réaliser une irradiation à « dose élevée » dans un « volume réduit », bien circonscrit sur l’imagerie, notions qui sont subjectives et évolutives avec les progrès technologiques [3]. La radiothérapie stéréotaxique est associée à un système de relocalisation tridimensionnel et nécessite d’être guidée par l’image (IGRT) de fac¸on d’autant plus exigeante que les doses par fraction sont élevées et les gradients de dose abrupts. Les recommandations de délinéation sont généralement de limiter le volume à irradier au volume tumoral macroscopique, associé ou non à des marges millimétriques (généralement au plus 5 mm) [4]. L’utilisation d’une imagerie multimodalité incluant des modalités d’imagerie fonctionnelle venant compléter les données anatomiques fines peut être recommandée [5,6]. La conformation obtenue en radiothérapie stéréotaxique autorise théoriquement la réalisation d’un nombre réduit de fractions à forte dose et une accélération de la radiothérapie est souvent réalisée en pratique. Une amélioration du taux de contrôle local est possible par cette technique [7–9] sous réserve de ne pas irradier de « trop larges volumes », et ce, surtout si un hypofractionnement (défini par des séances de 2,5 Gy ou plus, mais volontiers de 5 Gy ou plus, voire de 15 à 20 Gy) est utilisé. La radiothérapie stéréotaxique est généralement utilisée pour des volumes de moins de 6 cm de grand diamètre, voire de moins de 3 cm. Moins invasive que la curiethérapie, et permettant des gradients de dose plus abrupts que la radiothérapie conformationnelle, la radiothérapie stéréotaxique épargne théoriquement mieux les tissus sains proches que celle-ci. Une attention particulière doit, cependant, être apportée aux isodoses concentriques sur les tissus sains [10,11]. La radiothérapie stéréotaxique est réalisée, en ORL, avec

2. Réirradiation La durée médiane de survie des patients en situation de récidive non résécable ou métastatique (populations souvent groupées dans les essais thérapeutiques de traitements systémiques) faisant l’objet d’un traitement par soins de support seuls n’excède pas quatre mois. Elle est de l’ordre de 10 mois avec des schémas de référence par cisplatine, 5-fluoro-uracile, cétuximab, pour des patients en bon état général [13]. Elle atteint 12 mois en cas de réirradiation pour récidive non opérable et peut excéder 12 mois en cas de traitement trimodal (chirurgie suivie de chimioradiothérapie) [9]. La survie des patients est difficilement comparable entre ces différents traitements en raison d’une sélection variable des

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patients, notamment en termes de volume tumoral. Un essai du groupe d’oncologie radiothérapie des cancers de la tête et du cou (Gortec) a testé le méthotrexate contre une réirradiation hypofractionnée bidimensionnelle ou tridimensionnelle. Ce dernier essai a été fermé prématurément pour faute d’inclusions [14]. Le méthotrexate était au mieux prescrit en deuxième ligne, voire plutôt en troisième ou quatrième, et la population concernée par cette étude était traitée à visée palliative. L’amélioration des traitements systémiques et des modalités d’irradiation fait envisager des traitements plus optimisés mais ne garantissant qu’un contrôle tumoral transitoire. Une réirradiation permet un contrôle local plus durable chez des patients sélectionnés. En termes de réirradiation avec chimiothérapie, le schéma de réirradiation actuellement « standard » est celui dit de Vokes [15]. Ce schéma à dose efficace (au moins 50, voire 60 Gy) mais en split course avec du 5-fluoro-uracile et de l’hydroxyurée augmente la durée de survie sans progression mais au prix d’un excès de toxicité sévère à 2 ans, avec un taux de 10 % à 39 % chez les survivants [16]. D’autres schémas de chimiothérapie (paclitaxel, platine) ont été associés dans les essais successifs du Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) avec la radiothérapie conformationnelle. Le traitement en split course (assurant théoriquement une meilleure tolérance aiguë permettant de compléter le traitement mais exposant à un risque accru de repopulation tumorale et associé à une morbidité à moyen, long termes) tend à être supplanté par des schémas normofractionnés ou bifractionnés de radiothérapie conformationnelle sans interruption volontaire de traitement, avec platine ou avec cétuximab (essais du Gortec 2008-01 et JANORL2 [17]). De plus, les doses déjà délivrées aux organes à risque lors du traitement antérieur limitent les possibilités de dose ultérieure, compromettant ainsi potentiellement le contrôle tumoral local lors de la récidive [18–20]. Compte tenu de l’espérance de vie faible des patients en situation de réirradiation, celle-ci doit prendre en compte le confort de vie et limiter la toxicité. Dans ce contexte, une réirradiation optimisée, stéréotaxique, est une alternative thérapeutique dont le rapport bénéfice/risque est favorable, sous réserve de précautions de volume, fractionnement, doses aux organes à risque et, potentiellement, aux tissus non spécifiés. La sélection des patients est un point clé. Des taux de réponse complète de 9 % à 79 % ont été rapportés dans les séries de réirradiation stéréotaxique fractionnée, incluant des réirradiations de récidive ganglionnaire, de pronostic plus défavorable [21–29]. Avec un suivi médian rarement supérieur à 10–12 mois, les taux de survie correspondants à deux ans sont de 14 % à 41 %. Cette hétérogénéité est due à une sélection différente des patients en termes de stade, volumes, traitements antérieurs et sites anatomiques (les cancers nasopharyngés étant de pronostic plus favorable). 2.1. Réirradiation stéréotaxique exclusive Compte tenu de l’espérance de vie de ces patients, le bénéfice d’une chirurgie, souvent mutilante, nécessitant une reconstruction difficile et exposant à des complications majeures en territoire irradié, doit être rigoureusement et collégialement évalué [30]. Les récidives locales et/ou régionales de tumeurs préalablement irradiées ne sont opérables et extirpables que dans moins de 25 % des cas [30]. L’irradiation stéréotaxique a une place croissante dans ces situations. Du fait de sa capacité à conformer la dose et à réaliser des gradients de dose abrupts, elle peut être réalisée dans un objectif d’épargne optimale des tissus sains déjà irradiés. En ORL, elle est généralement réalisée selon des schémas hypofractionnés délivrant une à six séances de 5 à 8 Gy (dose totale médiane de 30 Gy) sur une à deux semaines, la prescription se faisant sur l’isodose 80 %, le volume cible prévisionnel devant recevoir 95 % de la dose prescrite. Cependant, des techniques dites stéréotaxiques, adaptées de la RCMI, sont parfois réalisées en fractionnement classique (1,8–2 Gy/fraction). Le Tableau 1 rapporte les études de

radiothérapie stéréotaxique sur tumeur en place pour récidive non opérable. Certains facteurs pronostiques comme un court intervalle libre depuis le premier événement, une dose préalablement rec¸ue élevée, l’association à une chimiothérapie, un volume tumoral large lors de la récidive et la présence d’une récidive de localisation ganglionnaire obèrent la survie. Le taux de contrôle local à un an est de l’ordre de 60 à 70 %. Il est corrélé avec le volume irradié, qui nécessite des doses plus élevées (jusqu’à 50 Gy) en cas de volumes plus larges (15–25 mL ou plus), au prix d’un taux accru de toxicité sévère. En dessous de ces volumes, la tolérance immédiate et à court terme (avec une qualité de vie conservée) est jugée satisfaisante par la plupart des auteurs. Le taux de toxicité tardive de grade 3–5 audelà d’un an atteignent, cependant, 20 à 30 %. Cela comprend une radionécrose des lobes temporaux soit uniquement radiologique soit symptomatique. Le taux de toxicité létale (le plus souvent par hémorragie sur rupture carotidienne) peut atteindre 15 %. Malgré la résistance généralement alléguée des parois vasculaires, cette complication létale avec des doses cumulées en situation de réirradiation de l’ordre de 110 Gy nécessite d’éviter des points chauds sur les parois vasculaires lors de la réirradiation [8,42]. Ces taux semblent plus élevés que dans les études publiées de réirradiation conformationnelle, avec ou sans modulation d’intensité, en fractionnement classique. Les premières schémas de boost stéréotaxique, en 1994, utilisaient un fractionnement de la dose pour limiter le risque de toxicité tardive [43]. Ainsi, il est peut être utile de fractionner la dose, voire d’utiliser une irradiation normofractionnée par une technique dérivée de la RCMI, lorsque les carotides sont englobées dans le volume cible, en particulier si le patient est diabétique, âgé et/ou a des antécédents vasculaires [44]. Les chimiothérapies sont plus volontiers séquentielles que concomitantes en cas d’irradiation stéréotaxique hypofractionnée mais des associations classiques (avec platine) sont fréquentes en cas de « stéréo-RCMI » ou « stéréotomothérapie » en fractionnement classique de 1,8 à 2 Gy par fraction. Certains des protocoles de phase II sont réalisés avec cétuximab concomitant à une irradiation stéréotaxique hypofractionnée [9,34,45] (Tableau 1), venant corroborer des études rétrospectives [23]. Des cas de toxicité cutanée, habituelle avec les protocoles de thérapies ciblées, ont été notés, sans excès de toxicité aiguë [9]. L’association à d’autres protocoles a été peu décrite en hypofractionnement. 2.2. Réirradiation stéréotaxique adjuvante La chirurgie de la récidive en terrain irradié, même lorsque jugée potentiellement carcinologique avant l’opération, s’avère exceptionnellement radicale (avec marges saines macroscopiquement et microscopiquement). Dans ces cas, la réalisation d’une réirradiation adjuvante selon un schéma de Vokes adjuvant est encore considérée comme le standard, augmentant la probabilité de survie sans progression au prix d’un excès de cas de toxicité sévère à 2 ans de 10 % à 39 % chez les survivants [16]. La réirradiation stéréotaxique adjuvante a encore une place limitée. Il existe peu de données comparativement à la réirradiation stéréotaxique sur tumeur en place et la réirradiation classique adjuvante [16]. Parmi les rares études réalisées en situation adjuvante, Vargo et al. ont utilisé la radiothérapie stéréotaxique avec cétuximab selon un schéma similaire à celui réalisé à titre exclusif dans une série rétrospective [46]. Les taux de contrôle local étaient de 51 % à un an et celui de toxicité tardive de 8 %. 3. Boost ou complément de dose stéréotaxique La technique dite de boost délivre un complément de dose focalisé dans une région à haut risque au sein d’un volume irradié à dose intermédiaire ou prophylactique. Ces compléments de dose ont été historiquement délivrés par irradiation conformationnelle

Tableau 1 Irradiation stéréotaxique des cancers épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures. n (période d’inclusion)

Antériorité

Reliquat ou récidive

Technique, dose, nombre de fractions

Caractéristiques des patients, T

Contrôle local, survie

Toxicité

Lartigau et al., 2013 [9] phase II multicentrique (phase I Comet et al., 2012 [31])

60 (2007–2010)

Récidive

36 Gy en 6 fractions cétuximab

PS < 3 60 ans

Suivi 11 mois. À 3 mois ORR 58 % Survie sans récidive 92 % 1 an : survie globale 48 %

Cutanée aiguë modérée : 41 Grade 5/hémorragie : 1

Shikama et al., 2013 [32]

28 (2007–2011)

RS 38 mois 100 % radiothérapie 85 % chirurgie, 48 % chimiothérapie (3 non traités et 1 cétuximab seul) Radiothérapie 60 Gy

Récidive

22 patients : 30 Gy en 1–7 fractions 6 patients : 45 Gy en 10–30 fractions

Survie globale à 2 ans : 22 % Selon groupe pronostique : défavorable : 5 % Favorable 45 %

Lee et al., 2012 [33]

26 (2004–2007) T3-4

Inopérable ou R2 proches d’organes à risque Radiothérapie ≥ 50 Gy

Reliquat

21 Gy en 5 fractions

Cancer du nasopharynx réponse partielle : 14 Oreille : 4 Nez : 3 Autre : 7 Cancer du nasopharynx et de la base du crane : 39 % Sinonasal : 31 % Périorbitaire : 14 % Langue : 12 % Mur oropharyngée : 4 %

Vargo et al., 2012 [34]

150 (2004–2011) 14 (2006–2007)

Radiothérapie > 40 Gy

Récidive

Cancer primitif

Récidive exclusive

40–50 Gy en 5 fractions ± cétuximab 35–42 Gy en 3 ou 5 fractions

Kodani et al., 2011 [36]

34 (2005–2008)

?

CyberKnife® 30 Gy en 3–8 fractions

Vargo et al., 2012 [37]

34

Orbite : 7 Nez : 6 Cancer du nasopharynx : 5 Oropharynx : 4 Autres : 12 Antécédent de radiothérapie : 21 Radiothérapie

Récidive

40 Gy en 5 fractions

Rwigema et al., 2011 [38]

96

Radiothérapie 68 Gy

Récidivent

GTV 24 cm3

Heron et al., 2011 étude rétrospective cas-témoins [39] Cengiz et al., 2011 [40]

70

Radiothérapie

Récidive

CyberKnife® et trilogie – radiothérapie stéréotaxique avec modulation d’intensité Dose (15–28 Gy), (30–36 Gy), (40 Gy), (44–50 Gy) ± cétuximab

46 (2007–2009)

Radiothérapie non résécable

Récidive

CyberKnife® 30 Gy en 5 fractions

53 ans Cancer du nasopharynx : 33 %

Kawaguchi et al., 2012 [35]

73 ans T2-T4 N0-N1

Suivi 56 mois Réponse complète : 81 %

Déclin de la qualité de vie au 1er mois puis amélioration de la déglutition, parole, salive Suivi 36 mois 5 Réponse complète : 9 % Contrôle local : 71 % Survie globale : 79 % Suivi 16 mois. Réponse complète : 32 % Réponse partielle : 39 % Survie à 1 an : 71 % Survie à 2 ans : 58 %

Grade ≥ 3, tardives : 35 %

Toxicité tardives : 6 G5/hémorragie : 2

Contrôle local 6 mois : 7 % 1 an : 59 % Survie globale 6 mois : 76 % 1 an : 59 % Suivi 14 mois GTV ≤ 25 cm3 (n = 50), réponse complète 28 %/30 %/46 %/46 % contre GTV > 25 cm3 (n = 46) réponse complète 20 %/25 %/43 %/50 %. LRC 1/2/3 ans pour 40–50 Gy 69 %/58 %/41 % contre 15–36 Gy, 52 %/32 %/16 %. 1/2 ans survie globale 59 % 28 %

Aiguë/tardive de grade 3 : 15/6 %

Suivi des survivants 21 mois Le cétuximab améliore la survie globale (25 mois contre 15 mois) Réponse complète : 27 % Réponse partielle : 30 % Survie globale à 1 an 46 % Survie sans récidive 11 mois (médiane)

Sans excès de grades 3–4

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Études

Grade 4/5 : 0

Grade ≥ 2 tardives : 13 % Grade 5/hémorragie : 15 %

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Tableau 1 (Suite) n (période d’inclusion)

Antériorité

Reliquat ou récidive

Technique, dose, nombre de fractions

Caractéristiques des patients, T

Contrôle local, survie

Kawaguchi et al., 2010 [29]

22 (14 patients N+ et 8 patients N0) (2006–2007)

Récidives non résécables

Récidive

20–42 Gy en 2–5 fractions puis chimiothérapie orale (S-1) séquentielle pendant 1 an

67 ans rT2 : 3 rT3 : 8 rT4 : 9 n: 8

Unger et al., 2010 [41]

65 (2002–2008)

38 radiothérapies 67 Gy R0 : 9 patients Chimioradiothérapie : 33 patients

Récidive

30 Gy (21–35 Gy) en 2–5 fractions

Heron et al., 2009 [22]

25 (2009)

Radiothérapie > 60 Gy

Récidive

Siddiqui et al., 2009 [26]

44 (2002–2006) 55 tumeurs

Roh et al. 2009 [28]

38 (2004–2006) 44 lésions

Primitifs : 10 Récidives : 21 (radiothérapie 64 Gy) Métastases : 13 Radiothérapie 70 Gy

25–44 Gy en 5 fractions en 2 semaines Étude d’escalade de dose 13–18 Gy en 1 fraction 36–48 Gy en 5 à 8 fractions

Suivi survivants 16 mois oropharynx : 13 Hypopharynx : 8 Cancer du nasopharynx : 7 Sinonasal : 7 Nez : 7 Autres : 23 Âge 63 ans

Suivi 24 mois N0 : Réponse complète : 64 % PG : 21 % N+ : Réponse complète : 13 % PG : 87 % Survie à 2 ans 79 % contre 13 % Réponse complète : 54 % Réponse partielle : 27 % Survie globale 12 mois. À 2 ans : Survie globale : 41 % Contrôle local : 30 %

Récidive

CyberKnife® 18–40 Gy en 3 à 5 fractions

Voynov et al., 2006 [27]

22 (2001–2004)

Radiothérapie

Récidive

CyberKnife® 24 Gy en 1 à 8 fractions

Toxicité

Grade ≥ 3 : 11 %, dont 1 G5

Survie sans récidive 4 mois Survie globale médiane : 6 mois

Grades 1–2 : 4

Âge 74 ans pour primitifs 62 pour récidive

Réponses complètes et partielles : 77 % Survie globale : médiane 29 mois et 7 mois pour les primitifs en récidives

Mycose de grades 1–2

Nasopharynx : 8 Sinus maxillaire : 8 Ganglions : 11 Base du crâne : 7 Nez : 4 Orbite : 2 Autres : 4

Réponse complète : 43 % Réponse partielle : 37 %

Grade 3 : 36 % Toxicité tardive : 3 nécroses

Survie globale médiane : 12 mois Survie globale : 22 % à 2 ans

Mycose de grade 3 : 1 Grades 4–5 : 0 % Toxicité tardive : 0 %

PS : indice de performance selon l’OMS ; GTV : volume cible macroscopique ; CTV : volume cible anatomoclinique ; r : récidivant.

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Études

C. Benhaïm et al. / Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

(technique du concomitant boost) et actuellement très largement utilisés comme boost intégré, plus ou moins accéléré, dans le cadre d’une RCMI. Un boost ou complément de dose dans un volume réduit correspondant généralement à une tumeur visible à l’examen clinique et/ou en imagerie (anatomique et/ou fonctionnelle). Il peut être utilisé après une irradiation plus large incluant des volumes cibles prophylactiques [21]. La radiothérapie stéréotaxique étant d’implémentation plus récente, c’est surtout la curiethérapie, avant les techniques du boost intégré en irradiation externe conformationnelle, qui a été utilisée pour optimiser le contrôle local dans des cas sélectionnés de cancers ORL [47]. Ainsi, certaines institutions se sont attachées à définir la méthode optimale d’escalade de dose dans le volume tumoral pour améliorer le taux de contrôle local. La curiethérapie est une des modalités possibles mais elle est limitée par deux facteurs : l’accessibilité et le volume tumoral. Nijdam et al. ont montré des résultats équivalents ou légèrement supérieurs pour la curiethérapie pour des récidives de petite taille mais une supériorité de la radiothérapie stéréotaxique fractionnée en cas de tumeur oropharyngée plus volumineuse après radiothérapie externe [48,49]. L’analyse des séries groupées de Vienne, Rotterdam, et Amsterdam (411 patients) suggère également un bénéfice de taux de contrôle local du boost de curiethérapie en cas de tumeur classée T1,2 et atteignant les ganglions (taux d’échec local de 0 % contre 14 %) (p = 0,023), ce gain étant non significatif pour les tumeurs localement évoluées (échec local de tumeurs classées T3,4 atteignant les ganglions) (10 % contre 15 %). Dans un but de préservation de qualité de vie (dimension liée à la dysphagie), Teguh et al. ont implémenté depuis 2000 une technique de RCMI de 46 Gy suivie d’un boost de RCMI jusqu’à 70 Gy, de 11 Gy de curiethérapie ou radiothérapie stéréotaxique par CyberKnife® dans des cancers de l’oropharynx et du nasopharynx [50]. La même équipe, en 2012 a évalué prospectivement, entre 2005 et 2011, les résultats d’un boost de radiothérapie stéreotaxique en trois fractions de 5,5 Gy, sur l’isodose 80 %, après RCMI de 46 Gy pour 51 tumeurs oropharyngées de stade I–IV non accessibles à un boost de curiethérapie [48]. Avec un suivi de 18 mois, les taux de contrôle local, de survie sans récidive et de survie globale à 3 ans étaient de 70 %, 66 %, et 54 %, avec une incidence cumulée à 2 ans de toxicité de grade 2 ou plus de 28 %, sans toxicité de grade 4. L’objectif de ces protocoles était plus de réduire la toxicité tardive comme la xérostomie et la dysphagie (survenant chez 20 à 40 % des patients [50]), que d’augmenter le taux de contrôle local (de 80 % à 5 ans après RCMI). Après 46 Gy, un boost de radiothérapie stéréotaxique ou de curiethérapie permettait de réduire le taux de dysphagie dans les cancers de l’oropharynx par rapport à un boost de RCMI [50]. Dans les tumeurs de petit stade, le traitement de référence pour réaliser un boost planifié est actuellement plus une technique de boost intégré de RCMI qu’une curiethérapie ou une radiothérapie stéréotaxique. La place de ces deux dernières indications est plutôt à réserver à des situations de reliquat tumoral après un traitement complet. L’évaluation de la réponse ne doit pas être réalisée trop précocement. La moindre disponibilité de la curiethérapie (dépendante de l’expertise de l’opérateur) et la rapide expansion du parc technique stéréotaxique sont plutôt en faveur d’un boost stéréotaxique fractionné dans ces situations, et ce, d’autant plus que le reliquat est assez volumineux et peu accessible. La radiothérapie stéréotaxique offre, en situation de boost, par rapport à des techniques d’irradiation externe en fractionnement classique, l’avantage de permettre un traitement court, ambulatoire, permettant d’accélérer le traitement. 4. Cancers du nasopharynx Les indications de la radiothérapie stéréotaxique sont similaires à celles du carcinome épidermoïde des voies aérodigestive supérieures. Les cancers du nasopharynx sont d’avantage radiosensibles

285

et de pronostic plus favorable, y compris en situation de récidive, avec une probabilité de survie à trois ans dépassant 40 % dans la plupart des études. Le niveau de preuve pour la radiothérapie stéréotaxique repose essentiellement sur de parfois larges séries de patients issus de pays où les cancers du cavum sont endémiques. Il n’existe pas ou peu d’essais randomisés à notre connaissance (Tableau 2). Nous avons sélectionné les études rétrospectives comprenant plus de 30 patients et quelques études pilotes et études prospectives, comportant exclusivement des cancers du nasopharynx (exclusion faites des séries comportant aussi d’autres sites anatomiques de la tête et du cou, présentées dans le Tableau 1). 4.1. Boost et reliquat Un reliquat tumoral est rapporté dans 7–13 % des séries de cancers nasopharyngés, en particulier en cas de stade initial T3–4. Sur la base d’une biopsie de confirmation du reliquat à 10 semaines en cas de suspicion clinique ou radiologique, un complément peut être proposé. Chua et al. ont rapporté en 2007 un taux de contrôle local de 79 % avec un boost de curiethérapie (grains d’or) contre 72 % avec un boost stéréotaxique pour un volume cible macroscopique n’excédant pas 5 cm3 [63]. Yau et al. ont rapporté en 2004 un taux de contrôle local à 3 ans de 82 % contre 86 % pour la curiethérapie et la radiothérapie stéréotaxique fractionnée [67]. Pour les récidives de petit volume (rT1-2), la radiothérapie stéréotaxique est une des options possibles, en alternative à une chirurgie ou une curiethérapie [48]. Les recommandations sont de délivrer une irradiation externe de 60 à 70 Gy suivie d’un boost de 11 à 18 Gy de curiethérapie pour des tumeurs de stade T1-2 et une chimiothérapie neoadjuvante suivie d’une RCMI puis d’un boost stéréotaxique pour une dose cumulée d’au moins 81 Gy pour celles de stade T3/4 [71]. Compte tenu de leur faible accessibilité et de leur bonne radiosensibilité, les carcinomes nasopharyngés sont une indication préférentielle de réirradiation focalisée en cas de récidive localisée (Tableau 2). Pour des reliquats ou récidives plus étendues, la radiothérapie stéréotaxique est aussi un traitement de choix. La réalisation d’une chimiothérapie et/ou un traitement dirigé contre le virus d’Epstein-Barr (EBV) sont réservés aux situations dans lesquelles un traitement local n’est plus envisageable du fait de l’étendue de la maladie. Compte tenu de l’hétérogénéité des tissus dans cette région anatomique (air des sinus, os base du crane, tissus mous) et de la proximité d’organes à risque critiques (nerfs crâniens, bulbe), la balistique et l’utilisation d’algorithmes de calcul de la dose doivent être optimisées. 4.2. Réirradiation Dans les cancers du nasopharynx avec reliquat ou en récidive locale, selon l’étude de Chua et al. (patients appariés sur de type d’échec [reliquat ou récidive], le stade [rT1-2 ou rT3-4], le volume tumoral macroscopique [≤ 5 cm3 , > 5–10, > 10]), une radiothérapie stéréotaxique fractionnée de 34 Gy en deux à six fractions paraissait plus efficace qu’une séance unique de 12,5 Gy avec, à 3 ans, un taux de contrôle local de 51 % contre 83 % et une probabilité de survie similaire de 66 % contre 61 % [58]. Un schéma fractionné semblait préférable, en particulier, pour le contrôle local des récidives classées rT2-4 et pour les complications tardives (33 % contre 21 %, dont des nécroses cérébrales [16 % contre 12 %] et des hémorragies [5 % contre 2 %]). Chua et al. et Shikama et al. ont défini des classes pronostiques (en fonction du stade tumoral, du temps depuis le premier traitement, de la taille tumorale de plus de 4 cm, du caractère isolé ou non de la récidive, de la présence de maladies associées ou non) et nomogrammes en situation de réirradiation de carcinome nasopharyngé, faisant passer la probabilité de survie à 2 ans de 11 % à 46 % en fonction du pronostic favorable ou défavorable (p = 0,05) [32,73]. Ils ont montré que la probabilité de survie à 3 ans était

286

Tableau 2 Irradiation stéréotaxique dans les cancers du nasopharynx. Auteur année

n (période d’inclusion)

Traitement préalable

Boost planifié B, reliquat, récidive

Technique et protocole

Caractéristiques des patients et des tumeurs

Contrôle local, survie

Toxicité

Facteurs pronostiques

Liu et al., 2013 [51]

136 (2000–2009)

70 Gy

Reliquat

20 Gy à 2–10 Gy/fraction Intervalle libre entre maladie initiale et récidive : 25 j

T1 : 77/136 13 cm3

Survie (à 5 ans) sans échec local : 93 % Survie sans métastase : 77 % Survie globale : 76 % Survie sans maladie : 74 %

Grade ≥ 3 tardive : 19

Stade pour la survie globale et la survie sans maladie Âge pour la survie globale Optimiser le fractionnement

Shikama et al., 2013 [32]

28 (2007–2011)

Radiothérapie externe 60 Gy

Récidive (RERT)

30 Gy en 1–7 fractions Radiothérapie externe 45 Gy en 10–30 fractions : 6

Survie à 2 ans : 22 %

Ozyigit et al., 2011 [52]

51 Radiothérapie stéréotaxique : 24 CRT ± curiethérapie : 27

Radiothérapie stéréotaxique et radiothérapie tridimensionnelle

Récidive

CRT : 6-MV accélérateur linéaire, 57 Gy à 2 Gy/j Radiothérapie stéréotaxique : CyberKnife® 30 Gy/5 j

Rétropharyngé : 14 Oreille : 4 Adénopathie : 3 Autres : 7 Échec local : 29 % Échec ganglionnaire : 18 %

Liu et al., 2012 [53]

36 (2006–2010)

Radiothérapie tridimensionnelle : 9 RCMI : 27 Chimioradiothérapie : 20/36 Antécédents de radiothérapie 73 Gy

Reliquat

41 ans 25 IIa 2, IIb 5, III 18, IVa 7, IVb 4

Kung et al., 2011 [12]

32

Gradient de dose abrupt et précision géométrique

Récidive

Roeder et al., 2011 [54]

17

RCMI : 14 avec 66 Gy, N/56 Gy Radiothérapie stéréotaxique : 3

Récidive

Radiothérapie et radiothérapie stéréotaxique : 15 Gy en 5 fractions intervalle libre entre maladie initiale et récidive : 40 j Radiothérapie stéréotaxique + protection vasculaire Radiothérapie stéréotaxique avec modulation d’intensité contre arc circulaire (CARC) Static conformal beam (SmMLC) Dynamic conformal arc (mARC) 50 Gy, cumulée 112 Gy Intervalle libre entre maladie initiale et récidive : 52 mois

Cengiz et al., 2011 [40]

46 (2007–2009)

Non résécable

Récidive

CyberKnife® 30 Gy en 5 fractions PTV = GTV/MRI-CT

Cancer du nasopharynx : 33 % SCC 53 ans

Suivi 24 mois Contrôle local : Radiothérapie stéréotaxique : 82 % CRT : 80 % DSS Radiothérapie stéréotaxique : 64 % CRT : 47 % Suivi 34 mois Contrôle local : 100 % Survie globale : 94 % Survie sans maladie : 78 % à 3 ans

Grade ≥ 3 en SABR : 21 % CRT : 48 % (p = 0,04) Grade 5 : 3 patients radiothérapie stéréotaxique : 13 % CRT : 15 %

T

Neuropathie crânienne : 1 Nécroses temporales : 2 Hémorragie de grade 5: 1

CTV 15 cm3

La radiothérapie stéréotaxique avec modulation d’intensité épargne les organes à risque : tronc, lobes temporaux, chiasma, nerfs optiques

Conformation et homogénéité au PTV (CI < 1,47, HI < 0,53), sauf CARC Radiothérapie stéréotaxique avec modulation d’intensité moindre CI et HI Grade ≥ 3 tardive : 29 %, audition, odorat goût, neuropathie crânienne, trismus et xérostomie

Complications ? Radiothérapie stéréotaxique avec modulation d’intensité

Suivi 20 mois (31 pour survivants) Survie sans récidive à 2 ans 59 % et 52 % Métastase à distance : 6 Survie 23 mois : 44 % Survie à 3 ans : 37 % Réponse complète : 27 % Réponse partielle : 30 % SD : 27 % Contrôle local ultime : 84 % Survie globale à 1 an : 46 % Survie sans progression à 11 mois : 41 %

Grade 4 : 17 % rupture carotidienne dont grade 5 15 %

rT : 1 Réirradiation > 50 Gy Chimiothérapie concomitante Réponse complète favorables

C. Benhaïm et al. / Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

53 ans Structures intracrâniennes+ : 12 Chimiothérapie : 8

Nomogramme de Tanvetyanon prédit la survie globale

Tableau 2 (Suite) Auteur année

n (période d’inclusion)

Traitement préalable

Boost planifié B, reliquat, récidive

Technique et protocole

Caractéristiques des patients et des tumeurs

Contrôle local, survie

Smee et al., 2010 [55]

39 (registre sur 30 ans)

Chirurgie 10

Récidive

15 Gy en 1 fraction

Contrôle local : 16 ORR : 41 % Survie globale à 5 ans : 33 %

Uno et al., 2010 [56]

10 (2008–2009)

Radiothérapie externe 40–60 Gy

Reliquat

CyberKnife® en boost 9–16 Gy en 3–4 fractions

50 ans Radiothérapie : 36 Radiothérapie stéréotaxique : 4 Curiethérapie : 5 Autres radiothérapie externe Oreille : 2 Cancer du nasopharynx : 1 Oropharynx : 3 Cavité nasale : 1 Sinus maxillaire : 2 N 1 + voies optiques : 4

Seo et al., 2009 [57]

35 (2002–2008)

Récidive

GTV 8 mL (3–64 mL) CyberKnife® 33 Gy en 3–5 fractions

Chua et al., 2009 [58]

125 matchés : radiothérapie stéréotaxique : 86 Radiothérapie stéréotaxique fractionnée : 86

Reliquat/Récidive

Radiothérapie stéréotaxique : 12,5 Gy en 1 fraction contre 34 Gy en 2–6 fractions

T (rT1-2 or rT3-4), et volume ≤ 5 cm3 , > 5–10 cm3 , ou > 10 cm3

Leung et al., 2009 [59]

30 (1998–2002)

Récidive

48 Gy en 18 fractions

rT1-14, rT2-7, rT3-3, rT4-6

Toxicité

Facteurs pronostiques Volume et intervalle libre entre maladie initiale et récidive ≥ 18 mois

Maximum à la mandibule 20 Gy, tronc 15 Gy et ≤ 40 % max

Grades 4–5 tardives : 5

T pour survie globale et survie sans progression

Grade ≥ 3 : Non fractionnée : 33 % Fractionnée : 21 % Dont nécrose cérébrale : Non fractionnée : 16 % Fractionnée : 12 % Hémorragie : non fractionnée : 5 % Non fractionnée : 2 %

rT2-4 : fractionner

Tardive acceptable pour rT1-2

Contrôle local ≥ 55 Gy

C. Benhaïm et al. / Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

Survie globale : 60 % Survie sans échec local : 79 % Survie sans progression à 5 ans : 74 % Réponse complète : 23 Contrôle local à 1 et 3 ans : Non fractionnée : 70 % et 51 % Fractionnée : 91 % et 83 % (p = 0,003) Survie globale à 1 et 3 ans : Non fractionnée : 98 % et 66 % Fractionnée : 78 % et 61 % À 5 ans Survie globale : 40 % DSS : 41 % Survie sans maladie : 57 % Survie sans maladie à 3 ans : rT1-2 : 65 % rT3-4 : 67 % 7/9 < 55 Gy échec local 4/21 Survie sans maladie à 5 ans 22 % et 76 % (p = 0,005)

287

288

Tableau 2 (Suite) n (période d’inclusion)

Traitement préalable

Boost planifié B, reliquat, récidive

Roh et al., 2009 [28]

36 (2004–2006)

Radiothérapie externe 70 Gy

Hara et al., 2008 [60]

82 (1992–2006)

Boost de radiothérapie stéréotaxique après radiothérapie externe

Boost planifié

Dhanachai et al., 2007 [61]

32

GTV 44

Reliquat/Récidive

Wu et al., 2007 [62]

90 (1999–2005)

90 Reliquat : 34 (intervalle libre entre maladie initiale et récidive < 6 mois) Récidive : 56 (intervalle libre entre maladie initiale et récidive ≥ 6 mois)

Technique et protocole

Caractéristiques des patients et des tumeurs

Contrôle local, survie

Toxicité

CyberKnife® 30 Gy en 3–5 factions en 3–5 j

Cancer du nasopharynx : 8 Sinus maxillaire : 8 Nez : 8 Base du crâne : 7 Sinonasal : 4 RP : 3 Orbite : 2 Autres : 4 GTV : 23 cm3 T1 : 9 T2 : 30 T3 : 12 T4 : 31 II : 16 III : 19 IV : 47 15 mois Échec local : 2 pour 2d et 1 pour 3e 13 patients (41 %) + chimiothérapie + radiothérapie stéréotaxique

Suivi 17 mois Réponse complète : 43 % Réponse partielle : 37 % SD : 9 % PD : 11 %

Grade 3 aiguës : 13 Tardives : 3 (1 nécrose osseuse, 2 tissu mou)

Suivi 41 mois Échec local T4 : 1 Survie sans échec local à 5 ans : 98 % Survie sans métastase à distance : 68 % Survie globale : 69 % Suivi 26 mois Survie sans progression locale après radiothérapie stéréotaxique fractionnée 1 an : 68 % 3 ans : 38 % Survie globale 1 et 3 ans : 90 % et 71 % Survie globale à 3 ans 38 % Suivi 20 mois Réponse complète : 65 % Survie sans échec local, DSS, survie sans progression locale à 3 ans 89 %, 81 %, 72 % intervalle libre entre maladie initiale et récidive < 6 mois 1 et 75 %, 46 %, 43 % intervalle libre entre maladie initiale et récidive ≥ 6 mois

Tardive rétinopathie : 3 Anévrysme carotidien : 1 Nécrose : 10, dont 2 symptomatiques T4 : 9

66 Gy radiothérapie externe + 1 boost de radiothérapie stéréotaxique 7–15 Gy, 2–6 semaines après 70 + cisplatine concomitant + adjuvant Radiothérapie stéréotaxique (linac) 35 Gy en 6 fractions et 3 semaines

Radiothérapie stéréotaxique : 18 Gy en 3 fractions (intervalle libre entre maladie initiale et récidive < 6 mois) Ou 48 Gy en 6 fractions (intervalle libre entre maladie initiale et récidive ≥ 6 mois) Multiples arcs non coplanaires de 8-MV en photons

Facteurs pronostiques

Complications : 25 %, grades 2–4 (1 grade 4 guéri)

GTV 100 cm3 (p = 0,04) sans chimiothérapie (p = 0,0005) MVA chimiothérapie

17 tardives : 2 grade 5 hémorragie

Récidive et large volume

C. Benhaïm et al. / Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

Auteur année

Tableau 2 (Suite) n (période d’inclusion)

Traitement préalable

Boost planifié B, reliquat, récidive

Technique et protocole

Chua et al., 2007 [63]

74 matchés

Curiethérapie (grains d’or) et radiothérapie stéréotaxique

Reliquat/Récidive

Radiothérapie stéréotaxique 12,5 Gy : 37 Curiethérapie (grains d’or) 60 Gy : 37

Low et al., 2006 [64]

36 (1995–2003)

Après radiothérapie externe : 5 (14 %) 86 % intervalle libre entre maladie initiale et récidive > 4 mois

Reliquat/R

Accélérateur linéaire et radiothérapie intracavitaire GTV 36 cm3 radiothérapie stéréotaxique 18 Gy sur isodose 90 % Radiothérapie intracavitaire 6 Gy à 0,5 cm de la surface du ballon : 2

48 ans 19 patients rT1 17 rT2

Chen et al., 2006 [65]

64 (2002–2004)

Radiothérapie externe 65 Gy

Reliquat/récidive

Boost radiothérapie stéréotaxique 12–15 Gy

72 % stades III–IV. + cisplatine (38) ou néoadjuvant (14)

Chua et al., 2006 [66]

48 (1996–2005)

Récidive

Accélérateur linéaire 13 Gy

Caractéristiques des patients et des tumeurs

Contrôle local, survie

Toxicité

Facteurs pronostiques

Suivi 42 mois contrôle local à 3 ans : Curiethérapie (grains d’or) : 78 % Radiothérapie stéréotaxique : 68 % GTV ≤ 5 cm3 , contrôle local : Curiethérapie (grains d’or) : 79 % Radiothérapie stéréotaxique : 72 % Suivi à 4 ans : Vivants : 61 % Décès : 39 % (5 métastase à distance, 6 échec local, 2 échec local + métastase à distance, 11 autres) Suivi à 5 ans : Survie sans maladie : 57 % (rT1 78 %, rT2 39 %) Survie globale : 62 % (rT1 80 %, rT2 48 %) Contrôle local : 65 % (rT1 82 %, rT2 49 %) Suivi 31 mois 15 récidives : Cancer du nasopharynx : 3 Nez : 4 Métastase à distance : 5 Cancer du nasopharynx + nez : 1 Nez + métastase à distance : 2 Contrôle local à 3 ans : 93 % Réponse complète : 91 % Survie sans métastase à distance : 90 % Survie globale : 85 % Suivi 54 mois Contrôle local : 47 % Survie globale : 47 %

Radiothérapie stéréotaxique : + fréquentes Curiethérapie (grains d’or) : céphalée et fistule +

LC meilleur/GGI (petit volume)

44 % tardives : fibrose 17 %, trismus 20 %, neuropathie crânienne 20 %, nécrose temporale 8 %, ORN BDC 17 % survie sans complication à 2 et 5 ans 70 %, 31 %

Toxicités tardives. Fractionner

Neuroendocrine complications 27 %

Intervalle libre entre maladie initiale et récidive, rT, volume. LC à 5 ans : favorable, intermédiaire et défavorable survie globale 100 %, 51 % et 0 %

C. Benhaïm et al. / Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

Auteur année

289

290

Tableau 2 (Suite) n (période d’inclusion)

Traitement préalable

Boost planifié B, reliquat, récidive

Technique et protocole

Yau et al., 2004 [67]

52/755 patients (7 %) + reliquat, dont 7 inéligibles pour boost (1994–2001) 45

Curiethérapie contre radiothérapie stéréotaxique fractionnée Radiothérapie externe 66 Gy Gy/fraction, 36 cisplatine

Reliquat

Boost planifié

Curiethérapie 20 Gy : 24 Radiothérapie stéréotaxique15 Gy en 1 fraction : 21 Boost de radiothérapie stéréotaxique 4–6 semaines après radiothérapie externe 7–15 Gy en 1 fraction

Reliquat/Récidive Reliquat ≤ 4 mois Récidive > 4 mois

Accélérateur linéaire/multiples arcs non coplanaires 12,5 Gy

Le et al., 2003 [68]

Chua et al., 2003 [69]

18 (1998–2001) Reliquat ou récidive non accessible à la chirurgie/curiethérapie

Pai et al., 2002 [70]

36 (1994–1999)

Radiothérapie externe 20–60 Gy

Reliquat/Récidive

8–20 Gy

Levendag et al., 2002 [71]

91 (1991–2000)

Radiothérapie externe 60–70 Gy

Boost planifié

11–18 Gy en curiethérapie contre radiothérapie bidimensionnelle contre RCMI contre radiothérapie stéréotaxique

Xiao et al., 2001 [72]

50 (1995–1998)

Radiothérapie externe 70–80 Gy et radiothérapie stéréotaxique ou 50 Gy réirradiation

Reliquat/Récidive

Radiothérapie stéréotaxique accélérateur linéaire 24 Gy en 6–8, 12, ou 15 Gy/fraction en 4–6 j

Caractéristiques des patients et des tumeurs

T1 : 7 T2 : 16 T3 : 4 T4 : 18 II : 10 III : 8 IV : 27 Suivi 26 mois Réponse complète : 89 % Contrôle local : 72 % Survie globale : 86 % Base du crâne +GTV 4–25 cm3

T1,2a, rT2b : reliquat limité ≥ rT2b : reliquat extensif

Contrôle local, survie

Contrôle sans échec local à 3 ans < pts en CR (71 % vs 86 %, p < 0,01) dont SRT 82 % (> curie) Suivi 31 mois Contrôle local à 3 ans : 100 % Survie sans métastase à distance : 69 % Survie sans progression : 71 % Survie globale : 75 % 46 ans, GTV 5 cm3

Suivi 22 mois Contrôle local à 3 ans : 56 % Survie globale à 5 ans : 49 % Contrôle local à 2 ans : 96 % Survie globale : 80 % Survie globale avec chimiothérapie : 67 %, contre 20 % et 12 % sans

Réponse complète : 76 % Réponse partielle : 18 % Non applicable : 6 % Survie globale : À 1 an : 84 % À 2 ans : 65 % À 3 ans : 60 %

Toxicité

Facteurs pronostiques

Tardive neuropathie : 4 Rétinopathie : 1 Nécrose temporale asymptomatique : 3 (extension intracrânienne initiale)

N, OMS 3, âge, pour la survie globale

Aiguë : 0 Tardive : 1 radionécrose temporale radiologique

Reliquat (100 % ; 7 of 7) ≥ récidives (46 %) rT1 77 % ≥ rT2 40 %

11 % nécrose cancer du nasopharynx

Reliquat plus défavorable que récidive

C. Benhaïm et al. / Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

Auteur année

Curiethérapie : T1,2a et rT2b, reliquat limité RCMI ± radiothérapie stéréotaxique : T2b – reliquat extensif T3,4 néoadjuvant + (81 Gy) DFS reliquat 90 % à 1 an, 74 % à 2, 74 % 3 vs 47 % à 1 et 2 ans si récidive

OMS : état général selon statut OMS ; GTV : volume cible macroscopique ; SD : stabilité tumorale ; PD : progression tumorale ; r : récidivant ; RCMI : radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité ; DSS : disease specific survival ; SABR : stereotactic ablative radiotherapy.

C. Benhaïm et al. / Cancer/Radiothérapie 18 (2014) 280–296

291

Fig. 1. Représentation des situations cliniques faisant discuter une irradiation stéréotaxique, le niveau de preuve correspondant étant indiqué par la largeur des flèches. RCMI : radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité.

correctement prédite (67 % et 0 % dans les classes intermédiaire et défavorable). Roeder et al. ont étudié le rôle d’une réirradiation steréotaxique avec modulation d’intensité ou d’une irradiation stéréotaxique avec appareil dédié chez 14 et trois patients [54]. La dose cumulée était de 112 Gy et l’intervalle libre médian de 52 mois. Avec un suivi 20 mois (31 mois pour les survivants), les taux de contrôle local à 2 ans étaient respectivement de 59 % et 52 %, la durée médiane de survie de 23 mois, et les probabilités de survie à 2 et 3 ans de 44 % et 37 %. Le stade rT, une dose de plus de 50 Gy et un traitement systémique concomitant ainsi qu’une réponse complète en situation de réirradiation étaient associés à une meilleure probabilité de survie. Une toxicité tardive sévère a été rapportée dans 29 % des cas (hypoacousie, dysgueusie, perte d’odorat, neuropathie, trismus et xerostomie de grade 3). Au final, la survenue d’une toxicité tardive sévère dans plus de 15 % des cas, essentiellement à type de radionécrose cérébrale ou d’hémorragie, parfois létale, dans plus de 5 % dans certaines études, pour des cancers de pronostic relativement favorable, même en situation de récidive locale, doit, a fortiori, faire limiter la dose par fraction et optimiser la balistique pour limiter la dose aux carotides. En effet, pour une tumeur envahissant la fossette de Rosenmueller et en profondeur le foramen lacerum, qui contient la portion cervicale de la carotide interne, la situation est particulièrement à risque d’hémorragie. 5. Cancers des glandes salivaires et autres tumeurs rares La radiothérapie steréotaxique est aussi utilisée en boost planifié ou en situation de récidive pour des carcinomes adénoides kystiques de la sphère ORL et d’autres tumeurs rares de la sphère ORL (Tableau 3) [25]. Des schémas de l’ordre de 30 à 35 Gy en cinq fractions sont utilisés avec des résultats prometteurs mais un recul court, ce qui, au vu des toxicités tardives rapportées, nécessite une poursuite des investigations. 6. Discussion À fractionnement équivalent, et malgré une terminologie commune de « stéréotaxie », il existe d’importantes différences

en termes de prescription, moyens balistiques et distribution de dose entre les techniques dérivées de la RCMI (nombre de faisceaux, prescription de dose relativement homogène, temps de séance, gradient de 3 Gy/mm) et celles utilisant un appareil de stéréotaxie dédié (plusieurs dizaines de mini-faisceaux, normalisation sur la dose maximale avec points chauds à 120 % de la dose prescrite dans le volume tumoral macroscopique par exemple, gradient de 10 Gy/mm). La comparaison et les extrapolations entre ces techniques dites de stéréotaxie est par ailleurs compliquée par les divergences de fractionnement et distribution de dose. Dans les situations décrites et notamment en situation de réirradiation, la radiothérapie stéréotaxique est prometteuse (Fig. 1). Néanmoins, la toxicité tardive doit être réduite. Les artères principales comme les carotides bien que considérées comme résistantes à de fortes doses d’irradiation se révèlent le facteur limitant d’une réirradiation hypofractionnée. Elles doivent, en conséquence, être épargnées en situation de réirradiation en limitant la dose à moins de 110 à 120 Gy cumulés, en limitant les zones de points chauds, comme il est techniquement possible de le faire en stéréotaxie sans trop dégrader la couverture du volume tumoral cible. Lorsque la dose ne peut être limitée, il est probablement préférable de conserver un fractionnement classique. L’association d’une réirradiation stéréotaxique hypofractionnée à un traitement par cétuximab ne semble pas augmenter les risques et permettre une augmentation du contrôle local. Le bénéfice d’une association à d’autres traitements systémiques reste à démontrer. La place de la radiothérapie stéréotaxique hypofractionnée en situation de reliquat après traitement optimal est probablement à développer, voire à anticiper par une évaluation de la réponse à une dose intermédiaire. Cela rejoint les approches de dose painting et de boost biologique. L’apport des méthodes d’imagerie et les pièges et risques d’une rebiopsie sont également à évaluer et font l’objet de plusieurs protocoles au niveau international. L’épargne des structures impliquées dans la déglutition par un boost planifié après RCMI à 46 Gy notamment dans des tumeurs de l’oropharynx, serait intéressante à tester contre des schémas de boost intégré à une RCMI en fractionnement classique.

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Tableau 3 Irradiation stéréotaxique des cancers des glandes salivaires et autres tumeurs rares (mélanomes muqueux, tumeurs sinonasales). n (période d’inclusion)

Contexte

Boost planifié ou récidive

Technique

Caractéristiques des patients et des tumeurs

Contrôle local, survie (5 ans %)

Toxicité sévère (grade 3 et plus)

Ozyigit et al., 2013 [74]

27 (2007–2008), sinonasal

Irradiation

Récidive (RERT) : 6 (22 %)

CyberKnife® 31 Gy en 5 fractions

53 ans Sinus maxillaire : 55 % SCC : 44 %

Suivi 21 mois (3–59) Contrôle local : 76 % Métastase à distance : 3 Survie à 2 ans : 77 %

Karam et al., 2012 [75]

18 (2003–2011), SGT

Réirradiation

Récidive (RERT) 18 patients

7 chimiothérapie, peu de chirurgie en situation R1 30 Gy en 5 fractions. Dose cumulée 91 Gy

68 ans

Lee et al., 2012 [33]

26 (2002–2007), R2 proches des organes à risque

Radiothérapie externe 50 Gy

Boost

21 Gy en 5 fractions

Iwata et al., 2012 [76]

Nasal/paranasal (2005–2010)

Radiothérapie externe 60 Gy

Récidive (RERT)

CyberKnife® 35 Gy in 1–5 fractions

Cancer du nasopharynx et base du crâne : 10 (39 %) Sinonasal : 31 % Orbite : 15 % Langue : 12 % Oropharynx : 4 % GTV 34 mL

Données à 2 ans Survie globale : 39 % Survie sans progression : 24 % Réponse complète locale : 53 % Suivi 56 mois Réponse complète : 81 %

Nécrose cérébrale : 2 Vision : 2 Nécrose osseuse : 2 Trismus : 1 Tardive : 4 nécroses des tissus mous corrélée à la dose cumulée

Unger et al., 2010 [41]

65 (2002–2008)

9 R0-1 + Boost Radiothérapie externe 67 Gy

Récidive

30 Gy en 2–5 fractions Chimioradiothérapie : 38

Douglas et al., 2008 [77]

34 SGT R2 base du crâne (2001-5)

Boost Neutron 19 nGy. Dose temporale 12 nGy

Boost pour R2

Gammaknife 12 Gy GTV 12 cm3

Oropharynx : 13 Hypopharynx : 8 Cancer du nasopharynx : 7 Sinonasal : 7 Nez : 7 Autres : 23 Palliatif : 27 54 ans ACC : 29 ADK : 3 Acineux : 1 Mucoépidermoïde : 1 cancer du nasopharynx : 6 sinonasal : 14 parotide : 4 cavité buccale : 8 glande lacrymale : 1 oreille : 1

Suivi 21 mois Survie et contrôle local 15 et 10 mois : 67 % Contrôle local à 1 an : 62 % Suivi 16 mois Réponse complète : 54 % Réponse partielle : 27 % SD : 20 % Survie globale à 2 ans : 41 % Réponse complète locale : 30 % Suivi : 21 mois Contrôle local à 4 ans 82 % contre 39 % + Gamma knife contre contrôles historiques

Facteurs pronostiques

R2, intervalle libre entre maladie initiale et récidive, GTV

Tardive : 9 (35 %) corrélée à GTV

Efficacité mais toxicité. Fractionnement et sélection des indications

Grade 3+ : 23 %. Grade 4 dermatite : 2 Nécrose des tissus mous : 1 11 %, 1 Grade 5

Fractionation ± combiner

Dose, chirurgie, nonSCC meilleure survie. chimiothérapie

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Auteur année

Tableau 3 (Suite) Caractéristiques des patients et des tumeurs

Contrôle local, survie (5 ans %)

Récidive

RCMI stéréotaxique (sRCMI) : 9 Novalis avec boost, 3 patients RCMI 94 cm3 doses 67, 77, 64 Gy/sRCMI, sRCMI +3D pour cancer du nasopharynx + nez 59 Gy Radiothérapie stéréotaxique fractionnée 1,8 Gy/fractions. Contraintes sur organes à risque, sauf vaisseaux. plan radiothérapie stéréotaxique conditionnée par le respect des contraintes aux organes à risque, avec RCMI de secours 10 Gy (14–21) + corticoïdes Boost 4 semaines après neutrons

Isodose 95 % PTV couverture chez 87 % Doses à 50 % du chiasma, nerf optique 16, 17 Gy

Suivi 11 mois Contrôle local : 11/12

Escalade de dose

Radiothérapie stéréotaxique PTV 23 cm3 : 31 PTV 39 cm3 : 25 PTV 85 cm3 : 11/25 doses aux vaisseaux (106–110 %, N = 7, PTV 121 cm3 )

Doses aux artères à calculer en RCMI si gradient > 13 % dans le PTV (large ou incluant des cavités aériennes)

Ernst-Stecken et al., 2006 [78]

12 (2003–2004) Base du crâne

Nieder et al., 2006 [79]

56 proches des artères

Douglas et al., 2004 [80]

Base du crâne

Neutron radiothérapie + B Gamma Knife

Fitzek et al., 2002 [81] prospective

19 neuroblastomes olfactifs/carcinomes neuroendocrines (1992–1998) 8, histologies variées

Boost Proton-photon RT+ cisplatine–étoposide

Boost proton-photon 69 CGE à 1,8 CGE/fractions 2×/j concomitant boost

Sinonasal base du crâne+

Gamma knife 4 semaines postopératoire

Boost

Boost

Toxicité sévère (grade 3 et plus)

59 ans Sinonasal : 3 Cancer du nasopharynx : 3 Palais : 1 Fosse ptérygopalatine : 1 44 ans Kadish stade B : 4 Kadish C : 15

Suivi 22 mois Survie sans maladie à 2 ans : 80 %

Aiguë minimale

Chirurgie pour les non-répondeurs

0

52 ans 1 T1 3 T2 3 T3 1 T4, N0, M0

36 mois Vivant sans maladie : 6 Décédé de maladie (cancer index) : 1 Décédé d’autre cause : 1

0

Facteurs pronostiques

Efficace mais toxicités à long terme

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Technique

n (période d’inclusion)

Habermann et al., 2002 [82]

Contexte

Boost planifié ou récidive

Auteur année

OMS : état général selon statut OMS ; GTV : volume cible macroscopique ; CGE : cobalt-Gray équivalents ; RCMI : radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité ; PTV : volume cible prévisionnel.

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Tableau 4 Essais non publiés de radiothérapie stéréotaxique dans les cancers ORL selon le site du NCI www.clinicaltrials.gov. Identifiant www.clinicaltrials.gov

Centre d’étude

Recrutement

Tumeur, traitement

Technique

Objectif

NCT01104922 (phase II)

University of Pittsburgh

En cours

Cinq fractions de 8 Gy (total : 40 Gy)

Survie sans progression à 1 an (épidermoïdes réirradiés)

NCT00891904

Roswell Park Cancer Institute

Terminé

Réirradiation fractionnée avec radiochirurgie stéréotaxique avec cétuximab pour récidive de cancer épidermoïde de la tête et du cou Stéréotaxie et cétuximab dans le traitement de pour récidive de la tête et du cou

NCT01586182

Dana-Farber Cancer Institute

Clos en raison d’un faible recrutement

Stéréotaxie de surimpression pour carcinome oropharyngé

Recherche de la dose la plus forte dose de stéréotaxie de surimpression délivrable de manière sécurisée. Augmenter la dose à la tumeur primaire sans augmenter de manière significative les effets secondaires afin d’améliorer la probabilité de réussite du traitement de la tumeur

NCT01344356 (phase IV)

Cancer Center at Saint-John’s Mercy

En cours

Évaluer les taux de contrôle local ainsi que les taux de toxicité aiguë

NCT00851253 (phase I)

Boston Medical Center

En cours

Radiothérapie stéréotaxique pour les tumeurs de la tête et du cou Radiochirurgie stéréotaxique par technique CyberKnife® dans le traitement de tumeur de la tête et du cou localement avancé ou récidivant

7. Conclusion La radiothérapie stéréotaxique est une technique en expansion pour les tumeurs des voies aérodigestives supérieures. Il est important de définir les limites de cette technique lors des intercomparaisons entre techniques dérivées de la RCMI et techniques sur appareil de stéréotaxie dédié et de prendre en compte les variations en distribution de dose. Si cette technique permet de forts gradients de dose, il est essentiel de ne pas omettre les risques de l’hypofractionnement. Un schéma de 30 Gy en cinq fractions, voire 36 Gy en six fractions semble pouvoir être retenu en cas de réirradiation. Les techniques de boost systématique sont actuellement réalisées en RCMI avec boost intégré. Dans les cas où un rattrapage précoce est nécessaire pour reliquat lors de la première évaluation après irradiation à dose pleine, les doses sont très variables et ne permettent pas de conclure. Cependant, la toxicité observée rend probablement préférable un fractionnement. Des études prospectives et randomisées doivent être entreprises pour valider cette technique dans les indications présentées. Plusieurs études récentes utilisant la radiothérapie stéréotaxique sont rapportées dans le Tableau 4. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Bourhis J, Sire C, Graff P, Grégoire V, Maingon P, Calais G, et al. Concomitant chemoradiotherapy versus acceleration of radiotherapy with or without concomitant chemotherapy in locally advanced head and neck carcinoma (GORTEC 99-02): an open-label phase 3 randomised trial. Lancet Oncol 2012;13:145–53.

Évaluation de la toxicité du la stéréotaxie fractionnée associé au cétuximab chez les patients présentant une récidive de carcinome épidermoïde ORL

Groupe 1 : boost quatre à huit semaines après traitement standard, deux ou cinq fractions Groupe 2 : « sauvetage » trois fractions par semaine, deux ou cinq fractions

CyberKnife® en boost et sauvetage (pour les tumeurs récidivantes)

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