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Médecine et maladies infectieuses 38 (2008) S140–S141
Médecine tropicale – Infections vectorisées C-01
Pertinence de l’ictère dans le paludisme grave d’importation de l’adulte
C. Rapp, D. Andriamanantena, C. Ficko, PS. Ba, C. Pelletier, R. Barruet, P. Imbert, et al. HIA Bégin, SMIT, Saint-Mandé, France.
Objectifs – Décrire les aspects cliniques du paludisme grave d’importation de l’adulte et évaluer la fréquence et le poids relatif du critère OMS « ictère isolé ». Méthode – Étude prospective des adultes hospitalisés pour un paludisme grave à Plasmodium falciparum (au moins un critère OMS 2000) du 1er janvier 2000 au 31 janvier 2008. Comparaison des patients présentant un ictère isolé (groupe 1) aux autres formes cliniques de paludisme grave (groupe 2) pour la gravité, évaluée par les décès, l’indice de gravité simplifié (IGS II), pour le recours a des actes thérapeutiques majeurs (ATM) et pour la durée d’hospitalisation. Résultats – 85 patients (71 hommes, 14 femmes) ont été inclus soit 22 % des cas de paludisme à P. falciparum admis durant la période. Parmi eux, 25 ont été pris en charge en réanimation et deux sont décédés (létalité 2,3 %). L’âge médian était de 39 ans. 79 % provenait d’Afrique et étaient non-immuns. La chimioprophylaxie était absente ou inadaptée dans 81 % des cas. Les délais d’apparition des symptômes et de diagnostic par rapport au retour (médiane) étaient respectivement de 6 et 3 jours. À l’admission, l’ictère (87 %), les troubles de la conscience (28 %), l’hyperparasitémie (28 %) et la détresse respiratoire (14 %) étaient les critères les plus fréquents. Aucun des 42 patients du groupe ictère isolé ne s’est secondairement aggravé. Par rapport à eux, les patients du groupe 2 étaient associés plus fréquemment à un séjour en réanimation (58 vs 0 %) et à des ATM. Dans ce groupe, le score IGS II était significativement plus élevé (28 vs 13, p < 0,05) et la durée de séjour plus longue (10 vs 4 jours) que dans le groupe ictère isolé. Conclusions – La prévalence de l’ictère dans le paludisme grave d’importation de l’adulte est élevée, sa pertinence apparaît faible.
C-02
Paludisme et drépanocytose homozygote
A. Perignon, F. Botterel, C. Farrugia, F. Foulet, D. Bachir, F. Galacteros, S. Bretagne CHU Henri Mondor, Service de Parasito-Mycologie, Créteil, France.
Introduction – Les relations entre drépanocytose et paludisme restent obscures et la croyance selon laquelle les sujets drépanocytaires seraient protégés reste répandue. But de l’étude – Colliger les cas de paludisme chez des patients drépanocytaires et en dégager les particularités épidémiologiques, cliniques et biologiques. Matériel et méthodes – Une étude rétrospective descriptive a été réalisée au CHU Henri Mondor à Créteil sur une période de 7 ans (2000-2007). Elle concernait les cas de paludisme d’importation chez les patients drépanocytaires homozygotes. Résultats – 17 patients ont été inclus (18 accès palustres). Seuls 14 dossiers étaient exploitables. L’âge moyen était de 33 ans (17-55 ans). Tous les patients avaient été infectés en Afrique centrale ou de l’Ouest. 7 accès (50 %) étaient liés à Plasmodium falciparum, 5 à P. ovale et 2 à P. malariae. Le taux d’hémoglobine était de 6 g/dl en moyenne (2,5-9). À l’exception d’un cas, la thrombopénie était absente. Les patients ont tous été hospitalisés, dont 4 en réanimation, pour une durée moyenne de 8 jours (1-30). Les traitements utilisés étaient la quinine (P. falciparum) ou la chloroquine (autres espèces). Les accès étaient compliqués dans tous les cas sauf un (hémolyse aiguë, n = 9, crise vaso-occlusive, n = 7, complication neurologique avec insuffisance rénale, n = 1, et défaillance multiviscérale avec décès du patient, n = 1). Conclusion – Contrairement aux données de la littérature, notre étude montre que les patients porteurs de l’hémoglobinose SS font des accès palustres, fréquemment compliqués, quelle que soit l’espèce en cause. Comparée aux cas de paludisme recensés dans le service, la proportion de Plasmodium autre que falciparum est élevée (p < 0,05). Une étude sur un plus grand nombre de patients pourrait être réalisée afin de conforter nos résultats.
C-03
Émergence du paludisme d’importation en Tunisie et conséquences sur le risque de réintroduction de la maladie
D. Tchibkere, K. Aoun, E. Siala, R. Benabdallah, N. Zallagua, A. Bouratbine Institut Pasteur de Tunis, Laboratoire de Recherche, Tunis, Tunisie.
Les derniers cas de paludisme autochtone remontent en Tunisie à 1979. Depuis, seuls des cas d’importation et quelques cas post-transfusionnels sont répertoriés. L’intensifi-
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cation récente des échanges avec l’Afrique subsaharienne (lignes aériennes directes, immigration) s’est accompagnée d’une augmentation de l’incidence annuelle des cas. Cet élargissement du réservoir potentiel de parasite associé à la persistance de l’anophélisme pose le problème de la reprise de la transmission de la maladie. Quatre-vingt dix-huit cas de paludisme, tous importés, ont été répertoriés à l’Institut Pasteur de Tunis entre janvier 1999 et décembre 2006. Ils représentent environ 30 % des cas nationaux. 96,5 % des contaminations ont eu lieu dans des pays d’Afrique subsaharienne. Les tunisiens ont représenté 24,5 % des cas contre 75,5 % d’étrangers principalement des Ivoiriens (23 cas) et des Maliens (8 cas). 34,7 % des cas étaient asymptomatiques confirmant l’intérêt du dépistage systématique instauré chez les populations à risque dans le cadre du programme national de contrôle du paludisme. Parmi les 64 sujets symptomatiques, la fièvre (67,2 %) et les troubles digestifs (29,7 %) ont été les signes les plus relevés. Comme attendu, Plasmodium falciparum a été l’espèce la plus identifiée (71,4 %). Deux données témoignent plus particulièrement du risque représenté par ces cas d’importation : le portage de gamétocytes par 9,2 % d’entre eux et la concentration de 54 % des cas entre mai et octobre, soit la saison chaude d’activité des anophèles dans le pays. L’augmentation de l’incidence des cas de paludisme d’importation et leur concentration pendant la saison d’activité des anophèles incitent au renforcement de la vigilance vis-à-vis de la maladie, particulièrement dans la perspective du réchauffement climatique favorable au cycle des plasmodiums.
C-04
Caractéristiques des formes secondaires (FS) de fièvre dengue (FD) au cours de l’épidémie martiniquaise de 2005
A. Cabie, L. Thomas, S. Carmes, S. Abel, T. Cardoso, R. Cesaire SMIT, CIC-EC Antilles-Guyane, CHU, Fort-de-France
Objectif – L’infection par l’un des 4 sérotypes du virus de la dengue n’entraîne une immunité durable que pour le sérotype infectant. La FD hémorragique (FDH) s’observe plus souvent en cas de réinfection par un autre sérotype (FS). L’épidémie martiniquaise de FD de 2005 a touché 15 000 personnes, et provoqué 4 décès. L’objectif de cette étude était d’analyser les caractéristiques cliniques et biologiques des cas de FS. Méthodes – Les données des adultes suspects de FD adressés au service des Urgences ont été collectées prospectivement à l’aide d’un dossier médical informatisé spécifique. Les cas prouvés de FD (RT-PCR et/ou sérologie) ont été inclus. Les données ont été recueillies à la première visite. L’infection était classée comme primaire (FP) en l’absence de détection d’IgG spécifiques au cours de la première semaine de fièvre. Les cas ont été classés selon les critères de gravité de l’OMS. Résultats – 78 huit cas de FP et 39 cas de FS ont été étudiés. La présence de signes digestifs, d’une anorexie, d’une toux, d’une thrombopénie, d’une cytolyse hépatique et d’un hématocrite élevé était significativement associés aux FS ; il en était de même pour la proportion d’hospitalisation (FS : 66,7 % vs FP : 37,2 %), et de FDH (FS : 41,1 % vs FP : 5,1 %). Les quatre cas de décès étaient des FS. En analyse multivariée, les FS étaient associées à la toux (OR [IC 95 %] = 11,7 [2,5-55]), des plaquettes < 100 × 109/l (OR [IC 95 %] = 11,7 [1,7-83,3]), des ASAT > 45UI/l (OR [IC 95 %] = 12,2 [2,952,6]), et à la FDH (OR [IC 95 %] = 10,7 [1,7-67,5]). Conclusion – Cette étude confirme l’association entre DH et FS, et plus largement entre FS et gravité. La valeur péjorative de la toux est à confirmer par d’autres études.
C-05
L’émergence de la maladie de Chagas se confirme en France au moment de l’initiative OMS 2007 des pays en zone non endémique
FX. Lescure, S. Jauréguiberry, D. Jeannel, M. Develoux, F. Gay, L. Brutus, G. Pialoux. Hôpital Tenon, Service des Maladies infectieuses, Paris, France.
Contexte – Prévalence et incidence de la maladie de Chagas ont considérablement diminuées en Amérique latine et centrale depuis les différentes initiatives inter-pays OMS (1991-2004). La Bolivie est actuellement l’un des pays endémique les plus en retard. Pour la zone non endémique, 3 régions sont concernées ; États-Unis/Canada, Europe, Japon/Australie. Nous proposons ici de donner un reflet de la situation française au moment du lancement de l’initiative OMS.